Francis Lemarque
Nom de naissance | Nathan Korb |
---|---|
Naissance |
Paris |
Décès |
(à 84 ans) La Varenne-Saint-Hilaire |
Activité principale | auteur-compositeur-interprète |
Genre musical | chanson française |
Instruments | guitare |
Années actives | 1934–2001 |
Nathan Korb, dit Francis Lemarque, est un auteur-compositeur-interprète et poète français, né le à Paris et mort le à La Varenne-Saint-Hilaire.
Au cours d'une carrière longue et discrète, couronnée par plusieurs Grand Prix du disque de l'académie Charles-Cros, il a écrit et composé près de 400 chansons, dont À Paris, devenue un standard international repris par des dizaines d'interprètes à travers le monde entier, et Quand un soldat, interprétée avec succès par Yves Montand, et dont les paroles engagées lui ont valu les foudres de la censure en 1953.
Biographie[modifier | modifier le code]

Francis Lemarque naît, sous le nom de Nathan Korb, dans un petit deux-pièces au second étage du 51 de la rue de Lappe à Paris au-dessus du bal des Trois colonnes. Sa mère, Rosa (Rose) Eidelman, est née le à Solok[1], en Lituanie, tandis que son père, Joseph Korb, tailleur pour dames, a été enrôlé de force dans l'armée du tsar qu'il déserte avant de rejoindre Paris. L'enfant grandit avec son frère Maurice et sa sœur cadette Rachel, dans le quartier de la Bastille, bercé par les bals-musettes de la rue de Lappe. Avec son frère, il connaît une enfance délurée et joyeuse avant de quitter l'école dès l'âge de 11 ans pour travailler en usine. Il va garder tout au long de sa vie un véritable amour pour ce quartier et y fêtera ses 75 ans au Balajo.
En 1933, son père meurt de la tuberculose. Fascinés par les bals-musettes depuis leur enfance, Nathan et son frère Maurice intègrent en 1934, après une rencontre avec Sylvain Itkine[2], le groupe Mars que ce dernier a créé dans l'esprit du groupe Octobre, affilié à la fédération des Théâtres ouvriers de France. Il a alors 17 ans. Sur les conseils de Louis Aragon, les deux frères créent un duo, Les frères Marc. Vieux Marc (Maurice) et Jeune Marc (Nathan) profitent des événements du Front populaire pour se produire dans les usines et se faire connaître. Ils rencontrent Jacques Prévert et Joseph Kosma, qui est un temps leur pianiste. Léo Noël chante en duo avec Nathan dans les années 1938-1939 pour remplacer Maurice, appelé sous les drapeaux[3]. Ce duo se retrouvera ainsi en tournée avec Pierre Dac, Paul Meurisse, Joseph Kosma…
En 1940, il est mobilisé et affecté comme « lieutenant-guitariste » aux activités musico-théâtrales de l'armée. En 1940, il passe en zone libre et s'installe à Marseille. C'est là qu'il rencontre Jacques Canetti, qui deviendra par la suite son agent artistique. Il fait quelques tournées en Afrique du Nord dont une semaine de récitals avec le guitariste manouche Django Reinhardt.
Sa mère est arrêtée à Marseille et déportée par le Convoi No. 55, en date du , du Camp de Drancy vers Auschwitz[1], où elle meurt assassinée. Fidèle à son idéal communiste, il rejoint le maquis puis s'engage dans le douzième régiment de dragons renaissant.
Après la guerre, Lemarque chante dans des cabarets de Saint-Germain-des-Prés. L'année 1946 sera décisive, deux événements marquent sa vie : il rencontre Ginny Richès qui deviendra son épouse, et il voit pour la première fois Yves Montand sur une scène parisienne. Son style unique bouleverse le jeune Francis qui se met à écrire en pensant à lui. Il fait sa connaissance par l'intermédiaire de Jacques Prévert. Montand, séduit par ses compositions, choisit immédiatement des titres : À Paris, Je vais à pied, Ma douce vallée, Bal petit bal… Leur collaboration durera de longues années pendant lesquelles Francis Lemarque écrira pour lui près de trente chansons. Il compose la musique du film Playtime de Jacques Tati, sorti en 1967.

En 1969, il participe à la création de l'Association d'amitié franco-coréenne, qui entretient des liens avec la Corée du Nord[4].
Il écrira de nombreuses chansons avec des coauteurs dont Michel Legrand et Georges Coulonges avec qui il a écrit Paris Populi[5], un spectacle musical qui célèbre la capitale et son histoire de 1789 à 1944, mettant en scène les combats de Paris pour la liberté. Parmi ses plus grands succès, on relève Marjolaine (1957) dont les mélancoliques paroles sont écrites sur un vieil air du folklore allemand, Der treue Husar, popularisé cette même année par l'épilogue du film de Stanley Kubrick Les Sentiers de la gloire où il est chanté par Susanne Christian[6].
Francis Lemarque donne sa dernière représentation à Viarmes, dans le Val-d'Oise, le , à l'âge de quatre-vingt-trois ans.
Avec Charles Trenet, Henri Salvador et Charles Aznavour notamment, Francis Lemarque a vécu l'une des plus longues et des plus riches carrières de la chanson française et nombre de ses titres appartiennent à la mémoire collective et à la culture française. Lemarque a été censuré en 1953 pour sa chanson pacifiste Quand un soldat publiée aux éditions Métropolitaine.
Le thème de Paris et son éternel accordéon reviennent souvent dans les chansons de Lemarque sur des descriptions des quartiers populaires, non sans rappeler Aristide Bruant. Sa carrière sera celle d'un auteur et d'un chanteur profondément attaché au Paris populaire et à la chanson française.
Il est emporté par un cancer en 2002, dans sa quatre-vingt-cinquième année, dans sa maison de La Varenne-Saint-Hilaire. Il repose au cimetière du Père-Lachaise (44e division, ligne 2), à Paris, non loin d'Yves Montand. Michel Legrand est tout près de lui (44e division, ligne 1) depuis 2019.
Francis Lemarque a joué dans le film de Serge Leroy, Légitime violence, en 1982.
Prix et distinctions[modifier | modifier le code]
Prix[modifier | modifier le code]
- 1951 : Grand Prix de l'Académie Charles-Cros
- 1965 : Prix de la Rose d'or d'Antibes pour son disque Francis Lemarque rencontre Francis Carco
- 1973 : Grand Prix de l'Académie Charles-Cros pour son album Paris Populi
- 1982 : Grand Prix de la chanson française de l'Académie Charles-Cros remis par Jack Lang
- 1986 : Prix de la Sacem
- 1989 : Grand Prix de l'Académie Charles-Cros
Distinctions[modifier | modifier le code]
- : chevalier de la Légion d'honneur[7]
Œuvres[modifier | modifier le code]
Discographie[modifier | modifier le code]
- 1949 : À Paris
- 1949 : Le tueur affamé
- 1949 : Cornet de frites
- 1949 : Bal, petit bal
- 1950 : Le cocher du fiacre
- 1950 : John Black
- 1950 : Bal musette
- 1950 : J'ai mis mes cliques
- 1951 : Bois de Boulogne (Patins à roulettes)
- 1951 : D'amour et d'eau fraîche
- 1951 : Clown
- 1951 : Figaro
- 1951 : Le Petit Cordonnier
- 1953 : Toi, tu n'ressembles à personne
- 1953 : Quand un soldat
- 1955 : La grenouille
- 1955 : Un air de cristal
- 1955 : Mon copain d'Pékin
- 1955 : Julot poil-dans-la-main
- 1956 : Seul un homme peut faire ça
- 1956 : Bientôt le soleil
- 1956 : Matilda
- 1956 : Les routiers
- 1956 : Le chemin des oliviers
- 1957 : Marjolaine
- 1957 : L'air de Paris
- 1957 : Général Fend La Bise
- 1957 : Chagrins d'Amour
- 1958 : L'Assassin du dimanche
- 1958 : Les Fleurs et l'amour
- 1959 : Le Temps du muguet
- 1960 : Une rose rouge
- 1960 : Le monde est grand
- 1962 : Miséricorde
- 1962 : La guerre des boutons
- 1962 : Écoutez la ballade
- 1962 : Vieux Salomon
- 1962 : Ma romance
- 1962 : Terrain vague
- 1963 : C'est loin
- 1963 : C'est la faute à l'accordéon
- 1963 : C'était un homme libre
- 1963 : Allez donc
- 1964 : La faim de vivre
- 1964 : Le dernier printemps
- 1965 : La rose et la guerre
- 1965 : Rocambole
- 1965 : Au son de l'accordéon
- 1965 : Le bar du dernier verre
- 1965 : Le cœur de cerise
- 1965 : Un jour on s'en va
- 1968 : L'opéra des jours heureux
- 1968 : Tu tutoies les muses
- 1968 : La terre, le ciel et l'eau
- 1968 : À Paris autrefois
Théâtre il joue au Théâtre de Poche, directeur André Cellier, "L'heure de vérité", avec Michel Piccoli, année ? juste après la guerre. Cité dans son autobiographie "J'ai la mémoire qui chante", de 1992
Filmographie en tant que compositeur[modifier | modifier le code]
Cinéma[modifier | modifier le code]
Longs métrages[modifier | modifier le code]
- 1958 : Mimi Pinson de Robert Darène - avec Michel Emer
- 1960 : Les Vieux de la vieille de Gilles Grangier - avec Paul Durand
- 1960 : Terrain vague de Marcel Carné - avec Michel Legrand
- 1961 : Cause toujours, mon lapin de Guy Lefranc - avec Michel Legrand
- 1962 : Le Cave se rebiffe de Gilles Grangier - avec Michel Legrand
- 1962 : Le Gentleman d'Epsom de Gilles Grangier - avec Michel Legrand
- 1962 : La Guerre des boutons de Yves Robert - avec José Berghmans
- 1963 : Maigret voit rouge de Gilles Grangier - avec Michel Legrand
- 1967 : Playtime de Jacques Tati
- 1968 : L'Homme à la Buick de Gilles Grangier - avec Michel Legrand
Courts métrages[modifier | modifier le code]
- 1950 : Bistro de Marco de Gastyne
- 1954 : Bonnes vacances (documentaire) de Jacques Nahum et Pierre Neurrisse
- 1964 : La guerre des capsules de Pierre Simon
- 1992 : Vague à l'âme de Michel Such
Télévision[modifier | modifier le code]
Téléfilms[modifier | modifier le code]
- 1965 : Le mystère de la chambre jaune de Jean Kerchbron
- 1969 : Les Eaux mêlées de Jean Kerchbron
- 1972 : La Sainte Farce de Jean Pignol
- 1973 : L'équipe ou Le roman des fortifs de Jean Kerchbron
- 1973 : Un homme, une ville
- 1979 : La Main coupée de Jean Kerchbron
- 1984 : Le château de Jean Kerchbron
- 1985 : Les copains de la Marne de Christiane Spiero
Séries télévisées[modifier | modifier le code]
- 1970 : Maurin des Maures
- 1975 : Les peupliers de la Prétentaine (mini-série) (2 épisodes)
- 1976 : Cinéma 16 - épisode Journal d'un prêtre ouvrier
- 1977 : Chéri-Bibi (4 épisodes)
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Beate Klarsfeld et Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la déportation des Juifs de France, FFDJF, Nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms.
- Cf. biographie sur le site officiel de Francis Lemarque, consultation du 26 mai 2010.
- Cf. francislemarque.fr, consultation du 26 mai 2010.
- Association d'amitié franco-coréenne, « Histoire de l'Association », sur Association d'amitié franco-coréenne (consulté le 14 février 2021)
- Cf. Paris Populi, consultation du 26 mai 2010.
- Future femme de Stanley Kubrick
- Il est décoré le jour de son 75e anniversaire, le 25 novembre, au Balajo, rue de Lappe, par le ministre de la Culture, Jack Lang.
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Notices d'autorité :
- Fichier d’autorité international virtuel
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- Bibliothèque nationale de France (données)
- Système universitaire de documentation
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- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Allociné
- (en) AllMovie
- (en) Internet Movie Database
- Ressources relatives à la musique :
- Discogs
- (en) MusicBrainz
- (en) Muziekweb
- (fr) Photos actualités et histoire de Paris Populi, une fresque sur Paris de 1789 à 1944. Francis Lemarque a coécrit le spectacle Paris Populi.
Sites sur l'artiste[modifier | modifier le code]
- (fr) Site officiel de et sur Francis Lemarque
- (fr) Les amis de Francis Lemarque, site de l'association gérée par sa fille
- Naissance en novembre 1917
- Naissance dans le 11e arrondissement de Paris
- Auteur-compositeur-interprète francophone
- Chanteur français du XXe siècle
- Nom de scène
- Lauréat de l'Académie Charles-Cros
- Chevalier de la Légion d'honneur
- Chanteur des années 1970
- Chanteur des années 1960
- Chanteur des années 1950
- Survivant de la Shoah
- Shoah en France
- Résistant français
- Décès en avril 2002
- Décès à Saint-Maur-des-Fossés
- Décès à 84 ans
- Mort d'un cancer en France
- Personnalité inhumée au cimetière du Père-Lachaise (division 44)