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Marcel Déat

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Marcel Déat
Illustration.
Marcel Déat en 1932.
Fonctions
Ministre du Travail et de la Solidarité nationale
(Vichy)

(5 mois et 3 jours)
Chef de l'État Philippe Pétain
Premier ministre Pierre Laval
Gouvernement Laval (6)
Prédécesseur Jean Bichelonne
Successeur Adrien Tixier
Ministre de l'Air

(4 mois et 11 jours)
Président Albert Lebrun
Premier ministre Albert Sarraut
Gouvernement Sarraut (2)
Prédécesseur Victor Denain
Successeur Pierre Cot
Député français

(3 ans, 1 mois et 22 jours)
Élection 9 avril 1939
Circonscription Charente
Législature XVIe (Troisième République)
Groupe politique USR
Prédécesseur René Gounin
Successeur Circonscription supprimée

(3 ans, 11 mois et 30 jours)
Élection 8 mai 1932
Circonscription Seine
Législature XIVe et XVe (Troisième République)
Groupe politique SOC
Prédécesseur Jacques Duclos
Successeur Adrien Langumier

(2 ans, 3 mois et 5 jours)
Élection
Circonscription Marne
Législature XIIIe (Troisième République)
Groupe politique SOC
Prédécesseur Ernest Haudos
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Guérigny, Nièvre, France
Date de décès (à 60 ans)
Lieu de décès Turin, Piémont, Italie
Parti politique SFIO (1914-1933)
PSdF (1933-1935)
USR (1935-1940)
RNP (1941-1944)
Conjoint Hélène Delaveau (1903-1995)
Diplômé de ENS
Profession Professeur de philosophie
Religion catholicisme vers la fin de sa vie
Résidence Marne
puis Seine
puis Charente

Marcel Déat, né à Guérigny (Nièvre) le et mort à Turin (Italie) le , est un homme politique français, socialiste, puis néo-socialiste et enfin fasciste, figure de la collaboration sous l'Occupation.

Normalien, agrégé de philosophie, journaliste et intellectuel, il est député SFIO de à et de à . En , il est exclu du parti pour ses doctrines de plus en plus autoritaristes et son soutien au cabinet Daladier. Il participe la même année à la création du Parti socialiste de France, et devient le chef de file des néo-socialistes, de plus en plus séduits par les modèles fascistes. Il est ministre de l'Air début , dans le cabinet Sarraut, et député « Rassemblement anticommuniste » en .

Il fonde en le Rassemblement national populaire, parti qui se dit « socialiste et européen », en fait favorable à l'occupant nazi. Il termine sa carrière politique en comme ministre du Travail et de la Solidarité nationale dans le gouvernement de Vichy, et s'enfuit à Sigmaringen avec le dernier carré des ultra-collaborationnistes, avant de se réfugier en Italie où, converti au catholicisme, il termine sa vie dans la clandestinité.

Origines familiales et formation secondaire

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Marcel Déat est issu d’un milieu modeste, républicain et patriote. Il est le fils de Joseph Déat (né en à Jenzat), commis administratif de la Marine, et d'Amélie Ernestine Le Roux (née en à Brest)[1].

En 1909, élève au lycée Blaise-Pascal à Clermont-Ferrand, il est dans la classe d'Armand Nény, qui se suicide en classe[2].

Il fait des études secondaires brillantes, étant admis en à l’École normale supérieure de la rue d'Ulm après avoir été en classes préparatoires l’élève d'Alain, professeur actif au Parti radical[3].

La même année, il adhère à la SFIO, plus par « idéalisme philosophique que par matérialisme ».

Première Guerre mondiale et formation universitaire

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Lors de l'entrée en guerre de la France au début d'août 1914, il est mobilisé et va passer les quatre années de guerre sous les drapeaux. Il est démobilisé début 1919 avec le grade de capitaine.

Sous le pseudonyme de Taëd (nom inversé de Déat), il publie Cadavres et maximes, philosophie d’un revenant, où il raconte son expérience de soldat[4] et exprime son horreur de la guerre, des tranchées, ce qui explique un pacifisme viscéral déterminant pour ses choix au cours de sa carrière. Il est aussi fasciné par la discipline collective et par la camaraderie du front.

Il reprend ses études en [5] et sort deuxième du classement spécial de l’agrégation de philosophie de [6]. Il s'oriente alors vers la sociologie, sous la direction de Célestin Bouglé, sociologue radical et ami d’Alain. Bouglé place Déat au secrétariat du Centre de documentation sociale de l'École normale supérieure.

Militant de la SFIO (1920-1933)

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Lors de la scission qui survient à Tours en 1920 avec les partisans de Lénine et de la révolution bolchévique (qui forment la SFIC), il se situe à droite de la SFIO, dans le groupe de la Vie socialiste, aux côtés de Pierre Renaudel.

Nommé professeur de philosophie au lycée mixte de Reims, il commence ses premiers cours en octobre 1922[7]. Il y a notamment pour élèves les jeunes Roger Vailland (1907-1965), Roger Gilbert-Lecomte (1907-1943) et René Daumal (1908-1944)[8].

En mai , il est élu conseiller municipal de Reims, ville qu'il quitte pendant l'été 1925 pour retourner vivre à Paris et travailler à sa thèse. Il devient alors bibliothécaire adjoint de l'École normale supérieure, où il loge avec sa femme, aux côtés de Lucien Herr qui songe à lui pour lui succéder[9].

Le 26 février 1926, lors d’une élection partielle dans la circonscription de Reims, il est élu à la Chambre des députés[10]. En 1928, il se représente dans la circonscription voisine d'Épernay mais est battu par Pierre Forgeot[11]. Il est nommé professeur de philosophie au lycée de Gap, où il exerce une seule année scolaire[12]. À cette époque, Léon Blum cherche à favoriser quelques jeunes car la montée dans la hiérarchie du parti est difficile ; il nomme alors Déat, qui retourne vivre à Sceaux, secrétaire du groupe parlementaire de la SFIO, lequel créé notamment un bulletin hebdomadaire d'informations et d'arguments de propagande pour les parlementaires de son parti[13].

En , il participe au troisième cours universitaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands.

En , Déat publie Perspectives socialistes[14], un ouvrage théorique de réflexion sur la doctrine socialiste. Il pense qu’il faut s’adapter à l’évolution de la société capitaliste qui ne paraît pas s’autodétruire, contrairement aux prédictions marxistes. L’État doit avoir un rôle privilégié dans la gestion de la propriété, qui doit être individuelle. Déat est contre la collectivisation et contre la révolution, car le chaos est selon lui le credo des fascistes. En ces points, il s’oppose farouchement aux marxistes, mais se rapproche des planistes. Déat pense qu’il faut passer par un régime intermédiaire, et non pas attendre le vide politique pour que le socialisme s'installe. Ce livre est « mal accueilli dans le Parti »[15] et entraîne une rupture intellectuelle et morale avec Léon Blum, qui ne partage pas ses vues politiques, tandis que Marcel Déat estime que ce dernier mène une « politique d'ajournement et d'immobilisme savant »[16].

En , il est élu député du 20e arrondissement de Paris, battant Jacques Duclos, qui avait lui-même battu Léon Blum en . Il prend alors en location un appartement rue Villiers-de-L'Isle-Adam, dans l'arrondissement où il vient d'être élu[17].

Le Parti socialiste de France-Union Jean Jaurès (1933-1935)

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En 1933, Déat adhère au Parti socialiste de France-Union Jean Jaurès (PSdF) né en 1933 d'une scission des franges réformiste, planiste et néo-socialiste de la SFIO exclues par le congrès du . Influents dans le groupe parlementaire, ces futurs exclus étaient très minoritaires au sein du parti, en butte à l'hostilité de l'aile gauche (pivertistes et Bataille socialiste) et des centristes (blumistes). Ce mouvement qui veut « renforcer l’État contre la crise économique » s’ouvre aux classes moyennes et participe aux gouvernements non socialistes.

L'Union socialiste républicaine (1935-1940)

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Marcel Déat, ministre de l'Air (1936).

En 1935, Déat et ses proches, Renaudel, Marquet et Montagon fusionnent le PSdF avec deux autres groupes de gauche modérée (le Parti républicain-socialiste et le Parti socialiste français) pour former l’Union socialiste républicaine[18].

Il est brièvement ministre de l’Air début 1936, dans le cabinet Sarraut.

Se représentant dans la même circonscription où il avait été élu en 1932, il est battu le 2 mai 1936 par le candidat communiste Adrien Langumier aux élections législatives[19]. L’Union socialiste et républicaine se rallie au gouvernement Blum après la victoire du Front populaire.

Après cette défaite, Marcel Déat publie de nombreux articles dans plusieurs journaux tels que L'Œuvre, La République, Le Quotidien, Le Petit Méridional et Le Petit Provençal, ainsi que dans diverses revues[20]. Pour le compte de La Tribune des nations, où il avait publié une étude sur Les jeunesses d'Europe, il rencontre et interviewe plusieurs chefs de gouvernement ou chefs d'État européens : Mussolini, Giuseppe Motta, Nicolae Titulescu et Paul Van Zeeland[21]. Il devait interviewer Adolf Hitler en octobre 1936, mais sa nomination comme professeur de philosophie au lycée Fénelon de Paris, où il enseigna deux années de suite, lui fait renoncer à ce projet[22].

Il rencontre Charles de Gaulle à plusieurs reprises grâce à un proche de ce dernier, l'avocat Jean Auburtin ; les deux hommes s'apprécient et restent en contact jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale[23]. De Gaulle écrit à Auburtin en [24] : « Déat a sans aucun doute un grand talent et une haute valeur. C'est de quoi on lui en veut. Mais patience, je crois qu'on le verra remonter et aller très haut ».

Marcel Déat qui a été orateur en 1933 à un rassemblement de protestation contre l'antisémitisme hitlérien[25], pourfend tout au long des années 1930 le racisme et l'antisémitisme. Il est membre du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA). Il prend la parole à des diverses réunions antinazies de la LICA[26]. Il participe en à une réunion de protestation contre les lois de Nuremberg et affirme : « Nous sommes un peuple de métis ». Invoquant Hegel, Fichte, Schelling, Kant, Goethe et Schiller, il souhaite que l'Allemagne renoue avec l'humanisme et retrouve son véritable visage. Prosioniste, il est au comité France-Palestine, au Comité de défense des droits des israélites en Europe centrale et orientale[27],[28]. Le Droit de vivre, journal de la LICA, dans son numéro du , appelle à voter Déat et publie sa photo. Associé à la LICA autant qu'à d’autres structures projuives, Déat est l'un des hommes politiques français qui protestent le plus contre l'antisémitisme et le racisme dans les années 1930[29].

En 1939, il est élu député à Angoulême, pour le « Rassemblement anticommuniste »[30], après avoir perdu son mandat à Paris en 1936.

Marcel Déat se déclare pacifiste car il estime que les Français n'ont plus la vitalité pour faire une nouvelle guerre et son expérience de ministre de l'Air en 1936 lui a permis de découvrir les déficiences de la France en matière militaire[31]. Il publie le 4 mai 1939 dans L'Œuvre un article retentissant dénonçant les garanties données par la Grande-Bretagne à la Pologne et s'insurge contre l'idée que les ouvriers et paysans français aient à verser leur sang pour une cause aussi lointaine[32]. Il sourit de la forfanterie des Polonais qui s'estiment en mesure d'affronter victorieusement l'Armée allemande et ses divisions blindées[32],[29],[33] : « Combattre aux côtés de nos amis polonais pour la défense commune de nos territoires, de nos biens, de nos libertés, c’est une perspective qu’on peut courageusement envisager, si elle doit contribuer au maintien de la paix. Mais mourir pour Dantzig, non ! »[32].

Il accuse les dirigeants de la Troisième République de bellicisme et d'être manipulés par une Angleterre capitaliste cherchant à défendre son empire économique en se servant de la France.

En 1940, il appuie l'armistice du 22 juin 1940 demandé par Pétain et la nomination de Pierre Laval comme vice-président du Conseil.

À la suite de la démission forcée et du renvoi de Laval le 13 décembre, il est arrêté le 14 décembre 1940 au petit matin à son domicile sur ordre du général de La Laurencie et emmené à préfecture de police de Paris. Il est relâché quelques heures plus tard après qu'Otto Abetz ait eu un entretien avec le général de La Laurencie[34].

Le Rassemblement national-populaire (1941-1944)

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Les chefs des principaux partis collaborationnistes en 1941. De gauche à droite : Costantini (Ligue française), Déat (RNP), Deloncle (MSR) et Doriot (PPF),
extrait de la une du Matin du .

Allié politique de Laval et des Allemands, mais détesté par Philippe Pétain, Déat part pour Paris et tente d'unifier les mouvements collaborateurs de la zone Nord en vue de créer un parti unique, qui serait le fer de lance d'une révolution nationale-socialiste ayant pour modèle ses voisins allemand et italien. Il propose à Pétain de former sous son patronage un comité pour la constitution du parti unique, dont-lui-même serait le président. Pétain, qui ne souhaite pas donner suite, écoute le conseil de Henry du Moulin de Labarthète en demandant la rédaction de divers rapports afin de dévier cette offensive. En dehors de Xavier Vallat, la plupart des membres, Charles Spinasse, Paul Rives, René Château viennent du Parti socialiste et du Parti radical, ce qui donne à l'ensemble une nette tonalité de gauche[35][réf. à confirmer]. Pétain, influencé par son entourage conservateur, ne donnant pas suite à ce projet totalitaire, Déat s'éloigne alors peu à peu de Vichy et de sa politique qu'il juge trop frileuse et réactionnaire et se rapproche des Allemands. Durant quatre ans, il affirme quotidiennement dans L'Œuvre, dont il est le directeur politique depuis 1940, son désaccord avec la politique de Vichy, tout en se gardant d'attaquer Pétain ou Laval, qui pourraient lui obtenir un poste au gouvernement.

À la suite de l'échec de sa tentative pour former un parti unique, il entreprend, aidé de parlementaires de gauche et de droite, la constitution d’un parti unique destiné à promouvoir les valeurs du nouveau régime mais se heurte à l’hostilité de l’entourage de Pétain, trop conservateur pour être tenté par l’aventure totalitaire. Il fonde le RNP et après le départ des éléments droitiers, Déat réorganise sur une base idéologique homogène son parti en réservant les postes à d'anciens militants socialistes et syndicalistes[36]. Dans ses écrits, Déat se réclame de la tradition républicaine et révolutionnaire et affirme la parenté entre le jacobinisme et le totalitarisme : « L’État révolutionnaire de 1793 est singulièrement proche de l’État totalitaire ; ce n'est pas du tout l'État capitaliste et libéral (…). Disons en raccourci que la Révolution française a tendu vers un national-démocratisme, et que nous tendons maintenant à un national-socialisme. Mais le premier mouvement était aussi révolutionnaire que le second, il avait le même sens, il allait dans la même direction. Il est absolument faux de vouloir les opposer l'un à l'autre »[37]. La tonalité spécifique du déatisme, faite de surenchère collaborationniste et de défense d'une ligne de gauche républicaine, se traduit par des protestations contre la révocation des maires de gauche, contre les campagnes visant les francs-maçons et les instituteurs et dans le même temps la célébration d'un Hitler imaginaire, qu'il décrit comme désireux d'effacer les frontières au profit d'échanges économiques, édifiant une Europe pacifiée, unie et socialiste[38]. Le RNP est favorable à un régime fasciste et totalitaire dans une Europe unifiée et socialiste. Il ne renie cependant pas tout son héritage républicain, laïc et pacifiste, ce qui le différencie radicalement de son grand rival, le PPF de Doriot. Ainsi, le RNP défend le principe du suffrage universel, l’école publique, une ligne anti-cléricale, la forme républicaine de l'État ou encore le maintien des bustes de Marianne dans les mairies[39]. Ces idées entraînent une opposition constante entre le RNP et les éléments réactionnaires du début du régime de Vichy.

Marcel Déat verse dans un antisémitisme moins violent que le Parti populaire français, ses adversaires collaborationnistes d'extrême droite lui reprochant même son abstention de tout antisémitisme militant[40]. Il écrit dans ses mémoires qu'il a, avec ses amis, aidé des Israélites persécutés[41], qu'il a personnellement intercédé auprès d'Otto Abetz en faveur de certains Juifs[42] et qu'il n'avait pas été informé par les Allemands de la Solution finale[43]. Mais il fait une distinction entre « les juifs peu désirables qui avaient reflués ces dernières années vers l'Occident » et « les vieux Juifs français, depuis longtemps assimilés ». Il fait acclamer par le congrès du Rassemblement national populaire les noms de Brunschvicg et Bergson[44]. Il indique avoir été nourri de la pensée philosophique de grands penseurs juifs tels qu'Émile Durkheim, Lucien Lévy-Bruhl, Léon Brunschvicg et Marcel Mauss et que ce n'est pas à lui « qu'on pouvait raconter des histoires sur la malfaisance de l'intelligence juive »[45], mais pense que des Juifs ont poussé à la guerre contre l'Allemagne « par solidarité de race »[46].

Le Rassemblement national populaire souffre cependant de la concurrence des autres partis de la zone Nord, et notamment du PPF de Doriot. Au fil des mois, Déat s'engage dans une fuite en avant, motivée par l'attraction du pouvoir et s'interdit de renier ses engagements de l'été 1940.

Le , il est blessé dans l'attentat de Paul Collette contre Laval à Versailles, lors de l'inauguration de l'installation des premières unités de la LVF. Une balle ayant traversé son estomac et ses intestins, il est opéré d'urgence et reste en convalescence cinq semaines à l'hôpital[47].

Le , lors d'une conférence au théâtre de Tours, un engin explosif artisanal est lancé des troisièmes galeries, mais la mèche se détache en heurtant le pupitre. Les auteurs de l'attentat, Georges Bernard et Maxime Bourdon, responsables du Front national, ainsi que Louis André et Maurice Beaufils, sont retrouvés et fusillés en compagnie de quatre autres jeunes communistes, selon un témoin de l'attentat.

Marcel Déat échappe à un nouvel attentat le , alors qu'il séjourne avec sa femme dans sa villa d'Arbourse (Nièvre)[48],[49].

Sous la pression des Allemands, Déat entre le dans le gouvernement de Pierre Laval comme ministre du Travail et de la Solidarité nationale et appuie une politique de collaboration totale avec l'Allemagne. Le conflit qui l'oppose à Laval bloque cependant toute initiative de sa part. Il essaye néanmoins d'imprimer sa marque et confie à Ludovic Zoretti le projet de création d'une université ouvrière[50].

L'exil (1944-1955)

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Lors de la libération de la France à l'été 1944, il fuit vers l'Allemagne le 17 août, rejoignant Sigmaringen où il conserve son titre de ministre du Travail au sein de la Commission gouvernementale, le gouvernement vichyste en exil. Le , avec sa femme Hélène, il passe en Italie[51] : le couple se réfugie pendant trois semaines dans un chalet près de Naturno, mais la menace d'une arrestation imminente l'oblige à s'enfuir à travers la montagne jusqu'à Merano. Aidés par des prêtres, Marcel et Hélène Déat partent pour Bolzano puis Milan[52].

Après un séjour à Gênes, le couple s'installe en 1947 à Turin[53], dans l'Institut Jeanne-d'Arc, un pensionnat pour filles géré par des religieuses[54]. Déat prend le nom de jeune fille de sa femme (Delaveau)[55]. Il avait été condamné à mort par contumace en , mais ne sera jamais arrêté.

Il finit ses jours à l'hôpital San Vito de Turin, converti au catholicisme[56]. D'après un article du Monde daté du , il est enterré au cimetière de Turin, sa tombe portant le numéro 5 du bloc 23 dans la section C. Ses restes ont été transférés le au cimetière de Rozet-Saint-Albin (Aisne), dans la concession de ses beaux-parents[57].

Publications

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  • Max Bonnafous, Marcel Déat, Adrien Marquet et Barthélemy Montagnon, Néo-socialisme ? Ordre, autorité, nation, Paris, Grasset, 140 pages, 1933. Discours prononcés au Congrès socialiste de .
  • Le Plan français : doctrine et plan d'action (préface), Comité du Plan, Paris, Fasquelle, 199 pages, 1936.
  • De la fausse collaboration à la vraie révolution, -, Paris, Rassemblement national populaire, 47 pages, 1942. Recueil d'articles extraits de L'Œuvre ( - ) et d'un exposé prononcé à Radio-Paris ().
  • Le Parti unique, Paris, Aux Armes de France, 183 pages, 1943. Articles parus dans L'Œuvre (-).
  • « Il faut les chasser », article dans Dominique Sordet (éd.), Le Coup du , Paris, impr. de Guillemot et de Lamothe, 47 pages, 1943.
  • Mémoires politiques, Paris, Denoël, 990 pages, 1989. Introduction et notes de Laurent Theis, épilogue par Hélène Déat, présentation en ligne.
  • Discours, articles et témoignages, Coulommiers, Éd. Déterna, « Documents pour l'histoire », 149 pages, 1999.

Notes et références

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  1. Les Parlementaires de la Seine sous la Troisième République : études, Publications de la Sorbonne, , 278 p. (ISBN 978-2-85944-432-7, lire en ligne)
  2. Raymond Guillaneuf, « Il y a un siècle : le mal-être de la jeunesse au lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand », anciens.blaisepascal.fr, 16 mars 2006.
  3. Cofondateur, dans les années 1930, du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA) que Déat rejoindra.
  4. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 129 : « C'est aux vacances de Pâques que j'écrivis mon premier livre, une mince brochure, où j'essayai de concentrer quelque chose de mon expérience du temps de guerre, mais en me plaçant sur un plan strictement philosophique ».
  5. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 113 : « À Mayence, je prends le train pour Paris. Et voici la rue d'Ulm, inchangée, hors du temps. Je franchis le portail, en ce jour de mars 1919, avec cinq ans de retard, et après quelles vacances... ».
  6. André Chervel, « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur rhe.ish-lyon.cnrs.fr, Ressources numériques en histoire de l'éducation, (consulté le ).
  7. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 149 : « À la fin d'octobre 1922 je m'en vais faire mes débuts au lycée de garçons de Reims... inaugurant mon cours de psychologie devant une classe mixte, garçons et filles, organisée par une récente et révolutionnaire décision du très conservateur Léon Bérard ».
  8. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 153 : « Les fournées d'élèves que je vais former compteront toutes de bonnes cervelles. Parmi les garçons émergeront des littérateurs-nés, comme Roger Vailland, Lecomte, puis le jeune Daumal ».
  9. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 179.
  10. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 186 : « Le 26 février 1926, avec Paul Marchandeau, je suis élu député de la Marne ».
  11. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 211.
  12. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 214 : « Tout de même, on ne me soigne pas spécialement en m'offrant Digne, capitale des Basses-Alpes, un des plus petits lycées de France et sans doute le plus difficile d'accès, le plus éloigné de Paris, et que l'on considère comme le "pénitencier" de l'université ».
  13. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, pp. 217 : « Bientôt j'imagine de faire ronéoter chaque semaine un bulletin d'informations qui est un véritable mémento du propagandiste, avec des arguments à jour sur tous les problèmes d'actualité ».
  14. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 234 : « J'écrivis un livre où je rassemblai en bon ordre mes idées sous le titre Perspectives socialistes ».
  15. Notice DÉAT Marcel, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, par Alain Bergounioux, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 2 juillet 2020.
  16. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, pp. 236-237, au sujet de son livre : « Jamais ni Auriol ni Léon Blum ne m'en dirent un mot, fût-ce pour m'en accuser réception. Blum avait parfaitement compris que je flanquais par terre toutes ses artificieux décors, que j'avais inventé la machine à désankyloser les cervelles, et que si ces thèses subversives se répandaient, c'en serait fini de la grand politique d'ajournement et de son immobilisme savant. [...] En réalité, c'est de ce livre que date ma rupture intellectuelle et morale avec Léon Blum : il acheva alors de comprendre que je n'étais pas d'humeur à me comporter à son égard comme un disciple docile et que je tarderai pas à devenir gênant ».
  17. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 259.
  18. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 316 : « Ce n'est que dans les derniers mois de l'année que fut officiellement constituée l'Union socialiste et républicaine, dans laquelle disparurent le Parti socialiste de France, le Parti républicain-socialiste et le Parti socialiste français ».
  19. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 365 : « Au second tour de scrutin, le 2 mai, je fus battu. Honorablement, je puis le dire, puisque gagnant au moins 4 000 voix sur 1932, malgré la scission, j'additionnais 12 000 suffrages. À quelques centaines de voix, l'inconnu Langumier me surclassait ».
  20. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 369 : « Ma situation personnelle fut assez vite réglée ; je reprenais ma collaboration à divers journaux, dont le nombre allait progressivement s'accroître, en 1937-1938, quinze à vingt articles par mois. (...) J'envoyais des papiers à L'Oeuvre, à La République, au Quotidien, à d'autres feuilles parisiennes encore, et, en province, au Petit Méridional, puis au Petit Provençal, etc., sans compter une certain nombre de revues ».
  21. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, pp. 369-382.
  22. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 382 : « Rendez-vous était pris en principe à Berlin pour une rencontre avec Hitler, en octobre, mais je dus renoncer au voyage, étant alors redevenu professeur de philosophie. J'étais nommé au lycée Louis-le-Grand »[pas clair].
  23. Philippe Burrin, La Dérive fasciste : Doriot, Déat, Bergery (1933-1945), Éditions du Seuil, coll. « L'Univers historique », (1re éd. 1986), 540 p. (ISBN 978-2-02-116475-6, lire en ligne)
  24. Charles de Gaulle, Lettres, Notes et Carnets, 1919-juin 1940, Paris, éd. Plon, 1980, p. 458.
  25. L'annonce du meeting : « Les protestations contre l'antisémitisme nazi », L'Intransigeant, 14 avril 1933.
  26. Le droit de vivre, mai 1933, septembre-octobre 1933 (rubrique : « La vie de la Ligue »).
  27. Simon Epstein, Un paradoxe français : antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, éd. Albin Michel, 2008, p. 198.
  28. « Nos échos », L'univers israélite, 7 février 1936, p. 306.
  29. a et b Simon Epstein, Un paradoxe français : antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, éd. Albin Michel, 2008, p. 199.
  30. « Marcel Déat (Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)) », sur assemblee-nationale.fr.
  31. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p. 438 : « J'avais mesuré mieux que beaucoup d'autres les conséquences de la saignée subie par la France au cours des quatre années de guerre, et qui avait atteint le pays aux sources même de sa vitalité (...) Moralement le pays était sans ressort, sans énergie durable, capable seulement d'éclats de colère ou de mauvaise humeur. (...) À cela s'ajoutait de ma part une connaissance malheureusement assez précise de nos déficiences militaires. (...) J'avais appris beaucoup pendant mon passage au ministère de l'Air. (...) J'avais l'intime conviction que si demain nous nous engagions follement dans une guerre, nous risquions la défaite ».
  32. a b et c André Brissaud (préf. Robert Aron), La Dernière année de Vichy (1943-1944), Paris, Librairie Académique Perrin, , 587 p. (ASIN B0014YAW8Q), p. 93-94.
  33. Marcel Déat, « Mourir pour Dantzig ? », L'Œuvre,‎ (lire en ligne).
  34. Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, pp. 583-584.
  35. Dominique Venner, Histoire de la Collaboration, éd. Pygmalion, Gérard Watelet, 2007, p. 127.
  36. Simon Epstein, Un paradoxe français : antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, éd. Albin Michel, 2008, p. 200.
  37. Marcel Déat, Pensée allemande et pensée française, éd. Aux Armes de France, juin 1944, p. 38-39.
  38. Dominique Venner, Histoire de la Collaboration, éd. Pygmalion, Gérard Watelet, 2004, p. 578.
  39. Pascal Ory, Les collaborateurs.
  40. Marcel Déat, Mémoires politiques, éd. Denoël, p. 609 : « J'étais en butte à des attaques de plus en plus furibondes, venant des collaborationnistes d'extrême droite, les critiques ne manquaient pas non plus contre L'Œuvre et mes articles à l'intérieur du Rassemblement. J'étais le symbole du parlementarisme survivant, j'affichais une tendresse persistante pour le régime républicain, je m'abstenais de tout antisémitisme militant et je protégeais les francs-maçons ».
  41. Marcel Déat, Mémoires politiques, éd. Denoël, p. 619 : « Chaque fois que je l'ai pu, avec mes amis, j'ai aidé les israélites persécutés ».
  42. Marcel Déat, Mémoires politiques, éd. Denoël, p. 618 : « Encore que ni Abetz ni ses collaborateurs n'aient jamais manifesté le moindre fanatisme et se soient au contraire montrés compréhensifs et secourables chaque fois que je leur ai signalé un cas douteux ou pénible, par exemple celui d'une femme juive mariée à un aryen ».
  43. Marcel Déat, Mémoires politiques, éd. Denoël, p. 619 : « Je n'ai d'ailleurs jamais entendu, de la part d'Allemands qualifiés, soutenir contre Israël des théories exterminatrices. Plus tard, en 1943, je crois, j'eus l'occasion de parler plusieurs fois avec un délégué de je ne sais quel institut antisémite officiel d'outre-Rhin : sa grande idée était que, après la guerre, tous les Juifs d'Europe fussent contraints d'aller s'installer sur un territoire à eux concédé, qui aurait pu d'ailleurs être la Palestine... ».
  44. Marcel Déat, Mémoires politiques, éd. Denoël, p. 609 : "Je me payai malignement le luxe, ayant distingué entre les juifs peu désirables qui avaient reflué ces dernières années vers l'Occident, et les vieux juifs français, depuis longtemps assimilés, de faire acclamer par le congrès, cagoulards compris, les noms de Brunschvicg et de Bergson. Il est vrai que la censure, horrifiée, les fit disparaître du compte rendu, mais enfin ils n'en avaient pas moins été prononcés."
  45. Marcel Déat, Mémoires politiques, éd. Denoël, p. 618 : « Pour le reste, ce n'était pas à moi, nourri dans la pensée philosophique de maîtres comme Durkheim, Lévy-Bruhl, Brunschvicg, Marcel Mauss et dix autres, qu'on pouvait raconter des histoires sur la malfaisance de l'intelligence juive ».
  46. Marcel Déat, Mémoires politiques, éd. Denoël, p. 618 : « Le grand reproche qu'on pouvait faire aux juifs, sauf d'honorables exceptions comme Emmanuel Berl, c'était d'avoir, par solidarité de race, de plus en plus passionnément voulu, souhaité la guerre contre l'Allemagne, d'avoir tout fait, à Londres en particulier, pour nous jeter dans l'aventure. Que la situation des juifs fût pénible en Allemagne, je n'en discutais pas, mais cette querelle ne valait pas que les paysans français eussent à sécher au soleil sur les champs de carnage. Telle était et telle demeure là-dessus ma conviction très ferme ».
  47. Marcel Déat, Mémoires politiques, éd. Denoël, p. 627.
  48. « L’Action française 12 mars 1943 », sur Retronews - Le site de presse de la BnF (consulté le )
  49. « L’Action française 29 avril 1943 », sur Retronews - Le site de presse de la BnF (consulté le ).
  50. Simon Epstein, Un paradoxe français : antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, éd. Albin Michel, 2008, p. 217.
  51. « Mme Marcerl Déat fait le recit de la vie qu'elle a menée en Italie avec son mari depuis le 3 mai 1945 », sur Le Monde, (consulté le ).
  52. Brissaud 1968, p. 162-169.
  53. (it) Roberto Festorazzi, « Marcel Déat, collaborazionista. Da Vichy, si nasconde in Italia, protetto dalla Chiesa », sur informazionecorretta.com, (consulté le ).
  54. Cointet 1998, p. 361 ; 377.
  55. Jean-Paul Cointet, Sigmaringen, edi8, , 372 p. (ISBN 978-2-262-05013-9, lire en ligne), p. 304.
  56. « La police italienne confirme la mort de Marcel Déat », Le Monde, .
  57. voir https://www.tombes-sepultures.com/crbst_2253.html.

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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