Louise Alcan

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Louise Alcan, née le dans le 17e arrondissement de Paris et morte le dans le 13e arrondissement de Paris, est une résistante et écrivaine française d'origine juive.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Louise Françoise Alcan est née le dans le 17e arrondissement de Paris[1],[2]. Elle est issue d'une vieille famille juive française[3]. Après des études de lettres, d'art et d'archéologie, elle entre au centre d'ethnologie française comme chargée de mission sans traitement. Elle prépare une thèse qu'elle n'achèvera jamais sur le costume féminin en Maurienne.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

L'occupation allemande la pousse à s'engager dans la résistance dans le Réseau du musée de l'Homme. Elle est en contact avec les maquis. Elle tombe dans une souricière et est arrêtée le à Marseille. Internée aux Baumettes, elle y reste six semaines. Puis, le , la Gestapo la reconnaît comme juive. Elle part le de la gare de triage de Marseille, dans des wagons de 3e classe. Elle arrive gare de Lyon à Paris le à quatre heures du matin. Elle est transférée à Drancy par autobus. Elle est inscrite comme infirmière sur la liste du wagon sanitaire dans lequel elle est avec son amie médecin, Stéphane Schrameck[4]. Elle est déportée de Drancy[5] le , par le convoi 67 du 24 janvier 1944, à Auschwitz[6]. Elle reste dans le camp de Birkenau jusqu'en date à laquelle elle est affectée au Kommando horticole de Rajsko[7] grâce à une autre déportée de son convoi parti de Drancy, la doctoresse Stéphane Schrameck. Louise Alcan, qui veut survivre pour pouvoir témoigner, profite de la relative « liberté » des déportées de Rajsko pour rédiger un journal clandestin. Elle se lie avec d'autres Françaises, accentuant les liens de solidarité sur des critères de nationalité.

Le , elle est évacuée à pied d'Auschwitz. Elle est ensuite transférée en train à Gross-Rosen, puis à Ravensbrück. Le , elle est transférée à Machlow, puis à Leipzig et ensuite à pied à Olchatz[8]. Elle s'évade avec deux camarades[9] en avril. Elle rejoint le les Américains.

Retour de déportation[modifier | modifier le code]

Dès son retour de camp (le retour à Paris, au Lutetia), Louise Alcan couche sur papier ses souvenirs qu'elle publie en 1947 sous le titre de Sans armes et sans bagages [10] où elle évoque longuement son amitié avec la doctoresse Stéphane Schrameck. Elle explique alors qu'à son arrestation la Gestapo l'a soupçonnée d'être juive mais ne s'étend pas sur le sujet. Elle reprend ses activités, responsable du service du Costume au Musée national des Arts et Traditions populaires à Paris[11]. Elle est secrétaire générale de l'Amicale d'Auschwitz de 1951 à 1987[10] et publie régulièrement des articles dans la revue de la FNDIRP, Le Patriote Résistant.

En 1980, son témoignage, augmenté de commentaires sur l'actualité du moment, est réédité sous le titre du Le temps écartelé[10]. Il lui semble important de s'exprimer au moment où Louis Darquier de Pellepoix et Robert Faurisson nient la réalité du génocide juif et où la France est confrontée à l'attentat antisémite de la rue Copernic. « Le chemin de la rue Copernic à Auschwitz paraît soudain très court »[12], écrit-elle. C'est alors qu'elle fait la lumière sur une partie de son identité qu'elle avait toujours laissé dans l'ombre, à savoir ses origines juives, comme beaucoup à l'époque[12].

Mort[modifier | modifier le code]

Louise Alcan meurt le dans le 13e arrondissement de Paris[2].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Sans armes et sans bagages, Limoges, Les imprimés d'art, 1947.
  • Le Temps écartelé, éditeur Louise Alcan, Imprimerie centrale commerciale, 1980
  • avec Margerie Michele, Costume, Éditions de la Réunion des Musées nationaux, 1983

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Louise Alcan », sur ressources.memorialdelashoah.org (consulté le ).
  2. a et b « Fiche Insee de Louise Françoise Alcan », sur deces.matchid.io (consulté le ).
  3. Annette Wieviorka, Déportation et génocide. Entre la mémoire et l’oubli, Plon, 1992, p. 468.
  4. Le temps écartelé
  5. Voir Mémorial de la Shoah
  6. voir le récit de son arrivée dans Les déportés d’Avon. Enquête autour du film de Louis Malle "Au revoir les enfants", de Maryvonne BRAUNSCHWEIG et de Bernard GIDEL, 1988, p. 46
  7. Déportation et génocide p. 246 et p. 468
  8. Annette Wieviorka, p 468
  9. son témoignage paru dans Après Auschwitz, bulletin 135, avril 1968, p. 1
  10. a b et c « Alcan Louise », sur memoiresdesdeportations.org.
  11. Sylvie Legrand, « Louise Alcan (1910-1987) [note biographique] », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, nos 1/2,‎ , p. 95-99 (lire en ligne, consulté le ).
  12. a et b Louise Alcan, Le Temps écartelé, Paris, L. Alcan, , 87 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]