Odette Spingarn

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Odette Spingarn
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Odette Spingarn, née le au Vésinet (Seine-et-Oise) et morte le dans le 17e arrondissement de Paris, est une assistante sociale juive française, survivante de la Shoah, témoin et auteur de l'ouvrage J'ai sauté du train.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Odette Spingarn[1],[2] naît le au Vésinet dans le département de Seine-et-Oise. Elle est la fille d'Henry Spingarn, antiquaire, né le à Osijek, en Croatie[3], marié le dans le 1er arrondissement de Paris avec Germaine Créange, née le dans le 1er arrondissement de Paris[4],[3]. Ses parents se marient religieusement le à la synagogue Buffault, dans le 9e arrondissement de Paris. Elle a une sœur aînée, Alice, née le et morte le . Son père, Henry Spingarn, est naturalisé français en 1920.

Paris[modifier | modifier le code]

La famille Spingarn s'installe dans le 8e arrondissement de Paris, au 20, bis Rue La Boétie en 1927.

Henry Spingarn ouvre un magasin d'antiquités, sous le nom Ye olde Curiosity Shop (nom choisi d'après le titre d'un roman de Charles Dickens), situé au 350 rue Saint-Honoré. La clientèle internationale comprend des Américains. Les affaires sont prospères ce qui permet d'ouvrir trois succursales : à Nice, à Aix-les-Bains et à Deauville.

Avec le Krach de 1929, la situation change, il devient nécessaire de fermer les succursales, la clientèle américaine cessant de venir en Europe. Henry Spingarn maintient son affaire principale.

Odette Spingarn étudie au Cours Hattemer, un établissement d'enseignement privé laïc, mais pour des raisons de santé, elle suit des cours à domicile.

En 1936, Odette entre en 6e au cours La Bruyère.

Le , sa sœur Alice Spingarn (1915-2018) se marie avec Gérard Lehmann (1900-2005)[5], un ingénieur, diplômé de l'École centrale. Ils ont trois enfants, Roger Lehmann (né le ), Jean-Claude Lehmann (né le ) et Monique Lehmann (née le ).

Brive-la-Gaillarde[modifier | modifier le code]

La famille Spingarn se réfugie en Dordogne au printemps-été 1940. Ils s'installent à Brive-la-Gaillarde et y demeurent jusqu'au début 1943[6].

Jusqu'en , ils sont dans le manoir d'Eyrignac à Salignac-Eyvigues en Dordogne, puis reviennent à Brive. Monique Lehmann naît à Brive le . La famille Lehmann va à Caluire-et-Cuire (Rhône).

Odette Spingarn devient membre des éclaireurs israélites de France (EIF). Elle commence sa classe de seconde au Lycée de filles de Brive-la-Gaillarde.

Larche[modifier | modifier le code]

Ne se sentant pas en sécurité à Brive, à cause des rafles, la famille Spingarn quitte Brive et s'installe, au début 1943, dans un village proche, à Larche en Corrèze[6].

Arrestations[modifier | modifier le code]

Le , la famille Spingarn est arrêtée par les soldats allemands de la division Brehmer à Larche en Corrèze.

Fusillade du père[modifier | modifier le code]

Henry Spingarn (65 ans), séparé de sa famille, est fusillé par les Allemands de la division Brehmer, le à Saint-Pantaléon-de-Larche (Corrèze)[7],[3].

Déportations[modifier | modifier le code]

Germaine Spingarn (55 ans) et Odette Spingarn (19 ans) ne reverront plus Henry Spingarn. Elles sont amenées à Périgueux. Elles passent trois jours dans les écuries d'une caserne réquisitionnée par les Allemands. Elles sont transférées à Paris le . Elles arrivent au camp de Drancy le . Elles sont déportées par le convoi no 71, en date du , de Drancy vers Auschwitz[3].

Malade de dysenterie, Germaine Spingarn meurt au revier (infirmerie) d'Auschwitz le .

En , Odette Spingarn commence à travailler dans une annexe du canada.

En , elle est transférée vers Zschopau en Saxe pour travailler dans une usine Audi.

Le , entassée avec ses camarades de travail (800 femmes) dans un train qui les mène certainement vers la mort, elle saute du train avec treize camarades et se dirige vers Zschopau. Elle est cachée par un prisonnier français, André Marquand, dans leur hôtel réquisitionné. Elle y retrouve deux camarades qui avaient sauté du train, et sont cachés, Odette chez une Allemande et les deux autres dans une cabane en forêt. Cette Allemande s'appelle Elly (Élisabeth) Fullmann, et après la guerre, Odette Spingarn fait les démarches afin qu'elle obtienne la médaille des Justes, médaille qui lui est remise à Paris par l'ambassadeur d'Israël.

Après la Guerre[modifier | modifier le code]

Odette Spingarn retrouve sa sœur Alice mais pas sa mère qui a été déportée et assassinée à Auschwitz.

Elle obtient le diplôme d'assistante sociale et travaille à l'Œuvre de secours aux enfants (OSE).

Elle devient une témoin de la Shoah et fait le récit de son histoire à de nombreuses occasions notamment dans des écoles (par exemple à Brive-la-Gaillarde[8]).

A la demande de l'entreprise Audi, elle accepte de donner un dernier témoignage sur ses conditions de travail forcé à Zschopau pendant la guerre, lors d'une interview[9] au quotidien Süddeutsche Zeitung (article publié le ).

Famille[modifier | modifier le code]

Odette Spingarn épouse Jean Baranez, ils ont deux filles, Claudine et Danièle.

Claudine fera sa carrière d'assistance sociale d'abord à l'Œuvre de secours aux enfants (OSE), puis au Casip-Cojasor.

Danièle sera avocate aux États-Unis.

Mort[modifier | modifier le code]

Odette Spingarn meurt le dans le 17e arrondissement de Paris à l'âge de 95 ans[10]. Elle est inhumée au cimetière du Montparnasse le . Elle demande que sur sa tombe soit inscrit : « Déportée à Auschwitz Birkenau, matricule 78769 ».

Publication[modifier | modifier le code]

  • Odette Spingarn. J'ai sauté du train. Éditions Le Manuscrit / Fondation pour la mémoire de la Shoah - 2011 [Traduction en anglais : My lip to freedom. Fragments. Translation from the French: Glenn Naumovitz. Éditions Le Manuscrit / Fondation pour la mémoire de la Shoah - 2013[11]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Décès d’Odette Spingarn, survivante de la Shoah, The Times of Israel.
  2. Hommage - Décès de Odette Spingarn, survivante de la shoah, crif.org, .
  3. a b c et d Voir, Klarsfeld, 2012.
  4. « acte de mariage Spingarn - Créange no 552 », sur archives.paris.fr (consulté le ), p. 2.
  5. Alice Spingarn, gw.geneanet.org.
  6. a et b Union des déportés d'Auschwitz, Les Tèmoins. Odette Spingarn, Mémoires des déportations.
  7. Dominique Tantin, Spingarn Henri. fusilles-40-44, Pour un Maitron des Fusillés et Exécutés.
  8. Témoignage d'Odette Spingarn à Brive, France 3 Pays de Corrèze, .
  9. (de) Nadia Pantel, « Holocaust: Odette Spingarn und Audi », sur Süddeutsche.de, Süddeutsche Zeitung, (consulté le ).
  10. « Fichier INSEE des décès - Odette Spingarn », sur deces.matchid.io (consulté le ).
  11. (en) Odette Spingarn. My lip to freedom. Fragments, 2011.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]