Quartier Saint-Germain-des-Prés
Quartier Saint-Germain-des-Prés | |
![]() Abbaye de Saint-Germain-des-Prés qui donne son nom au quartier. | |
Administration | |
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Pays | ![]() |
Région | Île-de-France |
Ville | Paris |
Arrondissement municipal | 6e |
Démographie | |
Population | 5 154 hab. (1999) |
Densité | 18 277 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 48° 51′ 16″ nord, 2° 19′ 59″ est |
Superficie | 28,2 ha = 0,282 km2 |
Transport | |
Métro | ![]() ![]() |
Localisation | |
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Le quartier Saint-Germain-des-Prés est le 24e quartier administratif de Paris situé dans le 6e arrondissement, au bout de la rue de Rennes et autour de l'abbaye du même nom. Ses habitants sont les « Germanopratins ».
Ce site est desservi par la ligne
à la station Saint-Sulpice, par les lignes
à la station Odéon, par la ligne
à la station Saint-Germain-des-Prés et par la ligne
à la station Mabillon.
Sommaire
Histoire[modifier | modifier le code]

Époque médiévale[modifier | modifier le code]
Une petite agglomération s'est formée peu à peu autour de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, consacrée vers 558 par l'évêque de Paris, Germain[1] ; celle-ci est située comme son nom l'indique à l'extérieur de l'agglomération au Moyen Âge. Le bourg Saint-Germain s'est constitué au XIIe siècle et comptait alors environ 600 habitants. Il restera en dehors de l'enceinte de Philippe-Auguste. Il a ses limites particulières.
Son domaine s'étend en rive gauche de la Seine, sur le territoire des actuels 6e et 7e arrondissements. Jusqu'au XIIe siècle, la paroisse de ce bourg est l'église Saint-Pierre, à l'emplacement de l'actuelle cathédrale Saint-Vladimir-le-Grand. Son église est consacrée en 558. Les bâtiments en pierre ont été construits vers l’an 1000, au temps de la splendeur et du rayonnement intellectuel intense de l’abbaye qui s’agrandit sans cesse. Le nom de la rue du Four (6e arrondissement) correspond à l’ancien four de l’abbaye. Vers 1180, c'est la première église Saint-Sulpice qui devient l'église paroissiale du bourg.
De l'âge classique à la Révolution[modifier | modifier le code]
Ce quartier a acquis son âme grâce au pouvoir d'attraction qu’il a exercé sur les intellectuels depuis le XVIIe siècle. Ces derniers, dès lors qu’ils passaient à Saint-Germain, y ont laissé l’empreinte de leur talent, marquant toujours plus en profondeur les rues d’un sceau littéraire. Les Encyclopédistes se réunissaient au Café Landelle[2], rue de Buci ou au Procope qui existe toujours, de même les futurs révolutionnaires Marat, Danton, Guillotin qui habitaient le quartier. Les bâtiments du monastère ont été détruits sous la Révolution, période où ils servaient de réserve de poudre[3].
Milieu du XXe siècle : le centre du monde littéraire[modifier | modifier le code]
De 1921 à la fin des années 1950 sera présente la librairie Le Divan, du même nom que la revue littéraire qu'elle éditait, et qui était tenue par Henri Martineau, prince des stendhaliens. Elle se trouvait dans le quartier, à l'angle de la rue Bonaparte et de la rue de l'Abbaye. À cette époque, Saint-Germain-des-Prés était un village.
Après la Seconde Guerre mondiale, le quartier de Saint-Germain-des-Prés est devenu un haut lieu de la vie intellectuelle et culturelle parisienne avec notamment la présence de Marguerite Duras (et le Groupe de la rue Saint-Benoit), de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir, de la chanson dite « rive gauche » dont l'un des emblèmes est Juliette Gréco (mais on pourrait aussi citer Léo Ferré...) ou des cinéastes tels que Jean-Luc Godard et François Truffaut, mais aussi des poètes comme Jacques Prévert et des artistes comme Alberto Giacometti et Bernard Quentin. Cependant les artistes y flânent toujours, appréciant l'ambiance du café Les Deux Magots ou du Café de Flore. À la brasserie Lipp se réunissent les journalistes, les acteurs en vue et les hommes politiques[4].
Les grandes maisons d'éditions (Gallimard, Le Seuil, Grasset) ont leur siège dans le quartier. Philosophes, auteurs, acteurs et musiciens se sont mélangés dans les boîtes de nuit (où la France découvrait le bebop) et les brasseries, où la philosophie existentialiste a coexisté avec le jazz américain, dans les caves de la rue de Rennes, que fréquentaient notamment Boris Vian, Jano Merry et les zazous.
Fin du XXe - Début XXIe siècle : tourisme international et boutiques de luxe[modifier | modifier le code]
La réputation de Saint-Germain-des-Près a attiré dès le début des années 1970 un tourisme international qui a progressivement transformé le quartier en favorisant l'implantation de boutiques de luxe et majorant considérablement le prix de l'immobilier. Beaucoup de librairies ont fermé, le siège des grandes maisons d'édition a déménagé dans d'autres quartiers de la capitale[5], les universités parisiennes ont ouvert d'autres campus et le prestige intellectuel du Quartier latin a perdu de son lustre. Les bâtiments du XVIIe siècle ont survécu, mais les signes du changement sont évidents. Les magasins de mode, souvent luxueux, remplacent les petites boutiques et les librairies. L'hôtel de luxe Le Montana, côtoyant le Flore, est ouvert en 2015 après des travaux supervisés par Jean-Yves Le Fur et une décoration signée de Vincent Darré[6].
Œuvres littéraires liées au quartier[modifier | modifier le code]
- Robert Lepage, Les Aiguilles et l'Opium, pièce de théâtre dont l'histoire a lieu dans une chambre d'hôtel du quartier, 1991 et 2013 (2e adaptation).
Cinéma[modifier | modifier le code]
- 1949 : Rendez-vous de juillet de Jacques Becker.
- 1950 : Pigalle-Saint-Germain-des-Prés d'André Berthomieu.
- 1951 : La Rose rouge de Marcello Pagliero.
- 1958 : Les Tricheurs de Marcel Carné.
- 1960 : À bout de souffle de Jean-Luc Godard.
- 1973 : La Maman et la Putain de Jean Eustache.
- 1986 : Autour de minuit de Bertrand Tavernier.
Œuvres musicales et chansons[modifier | modifier le code]
- En 1950, Léo Ferré enregistre À Saint-Germain-des-Prés, diffusé en 78 tours. Il en enregistre une nouvelle version en 1953 (Chansons de Léo Ferré) et en 1969 (Les Douze Premières Chansons de Léo Ferré). Cette chanson a été interprétée par Henri Salvador (1950), Hélène Martin, Cora Vaucaire, Anne Sofie von Otter (2013)...
- En 1961, Guy Béart compose Il n'y a plus d'après… (à Saint-Germain-des-Prés)[7]. Cette chanson fut également interprétée par Juliette Gréco, l'égérie du quartier.
- En 1967, dans la chanson Quartier Latin (parue sur l'album La Marseillaise), Léo Ferré constate non sans tristesse les transformations de ce quartier par rapport à ce qu'il a connu durant ses années étudiantes, dans les années 1930. Cette chanson a été reprise par Annick Cisaruk en 2016.
- En 1979, Michel Sardou enregistre La Main aux fesses (album Verdun), où il nomme le quartier « Saint-Germain-des-Clébards ».
- En 1986, Léo Ferré enregistre Gaby (album On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans), où il s'adresse au tenancier décédé du cabaret L'Arlequin, métro Mabillon, où il a chanté régulièrement en 1953. Il évoque l'ambiance de la vie nocturne de cette époque.
- Cette ambiance a disparu selon le chanteur Alain Souchon qui a écrit une chanson nostalgique à ce sujet, Rive gauche, en 1999.
- En 1991, Dany Brillant a composé une chanson Viens à Saint-Germain sur le style du swing au début de sa carrière, apparaissant dans son premier album C'est ça qui est bon.
Notes et références[modifier | modifier le code]
- « Accueil et histoire de l'église Saint-Germain-des-Prés », www.eglise-saintgermaindespres.fr.
- « Diderot le Parisien », www.terresdecrivains.com.
- François Ribadeau-Dumas, Histoire de Saint-Germain-des Près, abbaye royale., Paris, P. Amiot, .
- « Le lieux : la Brasserie Lipp », sur www.brasserielipp.fr (consulté le 31 mai 2016).
- « Les maisons d’édition quittent Saint-Germain-des-Prés », sur www.enviedecrire.com (consulté le 11 juin 2016).
- Marion Dupuis, « Le Montana rive gauche pur luxe », Madame Figaro, no supplément au Figaro n° 22123 et 22124, 25 et 26 septembre 2015, p. 222 à 227 (ISSN 0246-5205)
- Chanson Il n'y a plus d'après, paroles et musique de Guy Béart, www.musikiwi.com.
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Gérard Bonal, Saint-Germain-des-Prés, Seuil, , 321 p. (lire en ligne).
- Jean-Paul Caracalla, Saint-Germain-des-Prés, préface de Michel Déon, Éditions de la Table Ronde, coll. « La Petite Vermillon », 2007, 176 p. (ISBN 9782710329985).
- Nicolas Grenier, Quant à Saint-Germain-des-Prés, trente et un tanka sur la main d'après, préface de Jean Orizet, Éditions du Tanka francophone, 2011.
- Gabriel Matzneff, Boulevard Saint-Germain, 1998.
- Anne-Bénédicte Mérel-Brandenburg et Alain Erlande-Brandenburg, Saint-Germain-des-Prés, Éditions Jean-Paul Gisserot, , 32 p. (lire en ligne).
- Gérard Mulot, Pâtissier à Saint-Germain-des-Prés, Éditions de la Martinière, 2007, 194 p. (ISBN 978-2830707809).
- Boris Vian, Manuel de Saint-Germain-des-Prés.