Ida Grinspan
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nom de naissance |
Ida Fensterszab |
Nationalité | |
Activité |
Lieu de détention |
Auschwitz (- |
---|---|
Distinction |
Ida Grinspan, née Fensterszab le à Paris et décédé le à Paris, est une française déportée à Auschwitz, survivante de la Shoah.
Biographie
[modifier | modifier le code]Ida Fensterszab est née à Paris le dans une famille juive d'origine polonaise[1]. Son père, Jankiel Fensterszab[2] est né le à Koprzywnica. Sa mère, Chaja Fensterszab, née Nyssenbaum, est née le à Ostrow[3]. Ida a un frère, né en 1924.
Les parents d'Ida arrivent en France en 1924, après avoir quitté la Pologne à cause de l'antisémitisme[4]. Ils sont nationalisés français par déclaration volontaire[1].
Jankiel Fensterszab est un artisan tailleur. La famille habite au 22, rue Clavel dans le 19e arrondissement de Paris.
Dans les Deux-Sèvres
[modifier | modifier le code]À partir de [4], Ida Grinspan se réfugie chez une famille de fermiers, Alice et Paul Marché, dans le hameau de Lié à Sompt (Deux-Sèvres), et fréquente l'école communale auprès de l'institutrice Mme Picard. Elle y passe son certificat d’étude primaire[5].
En , c'est la dernière rencontre avec sa mère[réf. nécessaire]. Elle apprend par une lettre de son père, que sa mère est arrêtée le , lors de la rafle du Vélodrome d'Hiver et déportée par le convoi no 11 vers le camp d'Auschwitz. Son père et son frère réussissent quant à eux à fuir[4].
Déportation
[modifier | modifier le code]Ida Grinspan est arrêtée vers minuit quinze dans la nuit du 30 au à Sompt par trois gendarmes français[5],[6]. Elle est envoyée vers Nancy, puis transite par le camp de Drancy, avant d'être déportée dans un wagon à bestiaux par le convoi no 68, le , puis arrive, après trois jours et trois nuits, le à Auschwitz. À son arrivée, elle échappe par miracle à une sélection vers la mort, en raison de sa coiffure, voulue par sa mère, qui lui donne plus que ses 14 ans et demi. Sur 1 500 civils de son convoi, seul 210 hommes et 61 femmes entrent dans le camp. Sur place, elle est l'obligée de se déshabiller entièrement devant des soldats, se fait frapper à coups de bâton par des femmes kapos, elle relate « nous sommes entièrement rasées, cheveux, aisselles, pubis avant d'être tatouée d'un numéro. On perd notre identité »[4].
Son père est déporté par le dernier convoi, le convoi no 77, le , vers Auschwitz, où il est assassiné[réf. nécessaire].
Ida est sauvée grâce à une infirmière polonaise, Wanda Ossowska (pl).
Le , Ida Grinspan est rapatriée en France. Elle bénéficie ensuite de séjours de convalescence mis sur pied par l'Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR) en Suisse romande, où elle passe plus d'un an, dès le , dans trois des lieux d'accueil, à Crassier, Montana et au Le Mont-sur-Lausanne. C'est là, à la pension Hortensia, qu'elle rencontre Charlotte Delbo, dont elle deviendra une très grande amie[7].
Témoignage
[modifier | modifier le code]Ida Grinspan est l'auteur, avec Bertrand Poirot-Delpech, d'un livre intitulé : J'ai pas pleuré, publié en 2002 chez Robert Laffont[8].
Distinctions
[modifier | modifier le code]Hommages
[modifier | modifier le code]- Ida Grinspan a donné son nom à l'école primaire de Sompt en 2007.
- Elle donne aussi son nom au collège Claude Chappe - Ida Grinspan (9 rue des Alouettes, Paris 19e) en 2020[10].
- Une esplanade porte le nom d'Ida Grinspan au lycée Pierre Caraminot à Égletons en Corrèze, ainsi qu'une salle polyvalente au Lycée Alexandre-Ribot de Saint-Omer (Pas-de-Calais). Une salle polyvalente au collège de L'Europe à Ardres porte également son nom.
- En , la ville de Paris appose une plaque commémorative en hommage à Ida Grinspan au 7 rue Marcel-Dubois[11].
Décorations
[modifier | modifier le code]Officier de la Légion d'honneur le . Elle a été faite chevalier le [12].
Commandeur de l'ordre des Palmes académiques par décret du 25 avril 2017[13].
Ouvrage
[modifier | modifier le code]- (en) Ida Grinspan, Bertrand Poirot-Delpech, You got to tell them, Louisiana State University Press, 2018, (ISBN 978 0807 169803)
Filmographie
[modifier | modifier le code]- Les Survivants, 2005
- Il faudra raconter, documentaire de Daniel Cling et Pascal Cling, 2005[14]
- Avoir 15 ans à Auschwitz, DVD (films, conférences, témoignages) de Michel Chaumet et Patrice Desenne, Production Canopé, 2013.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Laure Adler, « Ida Grinspan : "Je ne savais même pas ce que le mot ‘déportée’ voulait dire" : épisode 5/5 du podcast Camps de concentration : paroles d'anciens déportés »
, sur France Culture, (consulté le )
- ↑ « En quête d'histoire. Sur les traces de Jankiel Fensterszab, déporté », www.convoi77.org, février 2017.
- ↑ Klarsfeld, 2012.
- Dominique Le Lay, « Ida Grinspan, rescapée d'Auschwitz, témoigne »
, sur Ouest-France, (consulté le )
- « Shoah : le message censuré d'Ida Grinspan »
, sur Le Nouvel Obs, (consulté le )
- ↑ (en) « French Jewish grandmother banned from telling school gendarmes handed her over to Nazis »
, sur The Telegraph, (consulté le )
- ↑ Eric Monnier et Brigitte Exchaquet-Monnier, Retour à la vie : l'accueil en Suisse romande d'anciennes déportées de la Résistance française, 1945-1947, Neuchâtel, Alphil, , 411 p. (ISBN 978-2-940489-50-3)
- ↑ « Ida Grinspan : J'ai pas pleuré, Le Monde, 25 juillet 2005.
- ↑ « L'ancienne déportée d'Auschwitz, Ida Grinspan, est décédée à 89 ans », sur Ouest-France, (consulté le ).
- ↑ Collège Claude Chappe - Ida Grinspan, sur le site de l'Académie de Paris.
- ↑ 2023 DAC 336 Apposition d’une plaque commémorative en hommage à Ida Grinspan au 7 rue Marcel-Dubois à Paris 12e.
- ↑ Marc Champenois, « Ordre de la Légion d'honneur - Nominations et promotions du 15-04-2016 », sur france-phaleristique.com (consulté le ).
- ↑ « Bulletin officiel des décorations, médailles et récompenses n°04 du 15 mai 2017 » [PDF], sur Légifrance (consulté le ).
- ↑ « Il faudra raconter »
, sur film-documentaire.fr (consulté le ).
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la déportation des Juifs de France, Beate et Serge Klarsfeld, Paris, 1978, nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms des FFDJF (Fils et Filles des Déportés Juifs de France), 2012.
- (pl) Aleksandra Ziółkowska-Boehm, Dwór w Kraśnicy i Hubalowy Demon, Varsovie, PIW, 2009. (ISBN 978-83-06-03221-5).
- (en) Aleksandra Ziolkowska-Boehm, The Polish Experience through World War II A Better Day has not Come, Lexington Books, USA, 2013. (ISBN 978-0-7391-7819-5), 2015. (ISBN 978-1-4985-1083-7).
- Biographie de Jankiel FENSTERSZAB, son père, sur le site Convoi 77
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Témoignage : « Ida Grinspan, j'ai pas pleuré », sur www.youtube.com [vidéo]
- Survivant de la Shoah en Pologne
- Survivant de la Shoah en France
- Survivant français de la Shoah
- Survivant d'Auschwitz
- Passeur de mémoire
- Personnalité liée au camp de Drancy
- Officier de la Légion d'honneur promu en 2016
- Commandeur des Palmes académiques
- Naissance en novembre 1929
- Naissance dans le 12e arrondissement de Paris
- Décès en septembre 2018
- Décès dans le 5e arrondissement de Paris
- Décès à 88 ans