Edmond Michelet

Edmond Charles Octave Michelet est un homme politique français, né à Paris 19e le , et mort à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) le [1],[2]. Il est le père de l'écrivain Claude Michelet.
Sommaire
Biographie[modifier | modifier le code]
Jeunesse et premiers engagements[modifier | modifier le code]
Edmond Octave Michelet est le fils de Florentin Octave Michelet et Victoire Jehanne[1]. Titulaire du certificat d'études en 1912, il s'engage en 1918 dans l'infanterie mais ne monte pas au front. Établi à Brive après la guerre, il exerce, comme son père, le métier de représentant de commerce.
Il préside la Jeunesse Catholique du Béarn, milite à l'Action française jusqu'en 1928 puis pour le catholicisme social. En 1930, il est président de la Jeunesse catholique de la Corrèze.
Résistance et captivité[modifier | modifier le code]
Le 17 juin 1940, il distribue des tracts dans les boîtes aux lettres de Brive qui dénoncent l'esprit de capitulation[3] et appellent ainsi à la Résistance à travers une œuvre de Charles Péguy, L'Argent, suite.
Chef du mouvement de Résistance Combat en Limousin (région R5) sous le nom de Duval, il est arrêté le 25 février 1943 à Brive-la-Gaillarde par la Gestapo. Transféré à Fresnes où il est mis au secret, il est déporté en septembre 1943 à Dachau[4] où il est impressionné par la personnalité de Georges Lapierre[5]. Avant d'être assassiné, le général Charles Delestraint emprisonné avec l’évêque de Clermont-Ferrand Gabriel Piguet et le curé Lavigne à qui il donne un morceau de papier hygiénique faisant office de lettre qui donna l'ordre de « se regrouper autour de Michelet ».
De retour en France, Edmond Michelet préside le Comité patriotique français de Dachau (organisation de retour des déportés français et espagnols). Il est rapatrié du camp parmi les derniers en juin 1945. À partir de juillet 1945 il est délégué à l'Assemblée consultative provisoire au titre des prisonniers et déportés.
Après la parution en 1950 du Mensonge d'Ulysse qui décrit les conditions de détention à Dachau, il introduit contre Paul Rassinier une action en dommages et intérêts dont il se désiste la même année en offrant le remboursement des frais occasionnés à la partie adverse[6].
La cousine par alliance d'Edmond Michelet, Madame Granet, est aussi active dans la Résistance.
Après guerre, Edmond Michelet se portera plusieurs fois témoin de moralité pour Jo Attia, un truand du Gang des Tractions Avant qu'il a rencontré en camp de concentration, le rendant proprement intouchable[7],[8].
Carrière politique[modifier | modifier le code]
Élu député de la Corrèze sou l'étiquette MRP en 1945, Edmond Michelet devient Ministre des Armées du général de Gaulle le , poste qu'il occupera jusqu'au 16 décembre 1946. Réélu député en 1946 (Deuxième Assemblée nationale constituante et Assemblée nationale), il siège au Palais-Bourbon mais est battu en 1951.
Il adhère par la suite au RPF dont il devient l'un des principaux dirigeants. En 1947, il participe à la fondation du Mouvement des Républicains Populaires Indépendants, qui regroupe les exclus ou démissionnaires du MRP pour double-appartenance avec le RPF.
Il est sénateur de la Seine entre 1952 et 1959 (vice-président du Conseil de la République en 1958).
Guerre d'Algérie et rétablissement de la peine de mort pour motif politique[modifier | modifier le code]
Le , il revient au gouvernement comme ministre des Anciens combattants (ministère de Gaulle), puis comme ministre de la Justice du au , date à laquelle Michel Debré, mécontent de son opposition à la très dure répression menée par Maurice Papon contre le FLN et les Algériens de Paris, obtient son remplacement. Le Premier Ministre juge en effet l'action du garde des Sceaux, qui est partisan de la négociation vis-à-vis du FLN, comme beaucoup trop laxiste[9].
En tant que ministre de la Justice, Edmond Michelet signe, le 4 juin 1960 une ordonnance[10] qui modifie profondément le code pénal et le code de procédure pénale et qui rétablit la peine de mort pour raison politique qui était abolie depuis 1848. Passée relativement inaperçue, cette ordonnance fut condamnée par des juristes éminents[11]. Lors du procès des généraux Maurice Challe et André Zeller, coauteurs du putsch du 22 avril 1961, Michelet écrit le 30 mai 1961 une lettre personnelle au procureur Besson lui enjoignant de réclamer à l'audience la peine de mort : « il est clair que pour l'un et l'autre le châtiment suprême doit normalement être réclamé. » Besson refuse ses injonctions et requiert une peine de détention criminelle à perpétuité ; le tribunal considère qu'il y a des circonstances atténuantes et la limite à quinze années. Peu de temps après, Edmond Michelet l'oblige à quitter son poste[11].
Siégeant au Conseil constitutionnel, de 1962 à 1967, Michelet est par ailleurs président international du Centre européen de documentation et d'information (CEDI) de 1962 à 1964.
En 1963, à la demande du général de Gaulle, il fonde l'Association France-Algérie[12]. Edmond Michelet devient Ministre d'État, chargé de la Fonction publique, du au (gouvernement Georges Pompidou IV), puis succède à André Malraux comme ministre des Affaires culturelles, du à son décès (gouvernement Jacques Chaban-Delmas).
Fin connaisseur de Charles Péguy, il se lia d'amitié avec les De Gaulle, ou encore Marc Chagall. André Malraux a dit de lui qu'il fut « l'aumônier de la France »[réf. nécessaire].
Mort et hommages publics[modifier | modifier le code]
Il s'éteint le dans sa propriété de Marcillac, à Brive, victime d'une hémorragie cérébrale. Son épouse née Marie Vialle est décédée en 1989 à 89 ans.
Il est le grand-père de quarante-quatre petits enfants, dont Xavier Patier, haut fonctionnaire et écrivain, de Bertrand Rivière, mari de Marianne Rivière et de Mgr Benoît Rivière, évêque d'Autun.
Étant donné son rôle dans la vie politique française et son titre de Juste, on a donné son nom à plusieurs établissements scolaires dont le lycée Edmond Michelet d'Arpajon en Essonne ou le Groupe Scolaire Edmond Michelet à Brive. La place Edmond-Michelet de Paris lui rend aussi hommage.
La cause de béatification d'Edmond Michelet a été introduite à Rome en avril 2015.
Distinctions[modifier | modifier le code]
- Commandeur de la Légion d'Honneur
- Croix de guerre 1939-1945
- Médaille de la Résistance avec rosette
- Croix du Combattant Volontaire
- Médaille pénitentiaire
- Juste parmi les nations (dossier 6805, en 1995)
Publications[modifier | modifier le code]
- Sur la fidélité en politique. Lettre à Monsieur l'Abbé G., La jeune Parque, 1949
- Rue de la Liberté, Éditions du Seuil, 1955
- Contre la guerre civile, Librairie Plon, 1957
- Le Gaullisme, passionnante aventure, Librairie Arthème Fayard, 1962
- La querelle de la fidélité. Peut-on être gaulliste aujourd'hui? Entretiens avec Alain Duhamel, Fayard, 1971
Béatification[modifier | modifier le code]
Son procès en béatification a été initié en 1976, par Mgr Jean-Baptiste Brunon, alors évêque de Tulle, pour son action à Brive-la-Gaillarde en faveur des Juifs allemands persécutés par le nazisme[13] « Il n’y a jamais eu chez lui ni confusion ni séparation entre l’amour de Dieu et l’amour du frère » chez cet « homme de réconciliation » que l’on surnommait « le ministre qui prie »[14], a souligné l'évêque d'Autun Mgr Benoît Rivière, son petit-fils.
La phase diocésaine du procès en béatification a été close mi février 2015 et le dossier transmis à Rome. Son rôle comme garde des Sceaux fait néanmoins encore polémique aujourd’hui, notamment le fait d'avoir envoyé une lettre au procureur Antonin Besson demandant la peine de mort pour les généraux putschistes[15].
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Son fils Claude lui a consacré un ouvrage sous le titre Mon père, Edmond Michelet, Robert Laffont, 1981.
- Pierre Panen, Edmond Michelet, Desclée de Brouwer, 1991.
- Louis Terrenoire, Edmond Michelet mon ami, Nouvelle Cité, 1992.
- Jean Charbonnel, Edmond Michelet, éd. Beauchesne, 1987.
- Edmond Michelet, homme d'État : colloques du centenaire de la naissance d'Edmond Michelet, 1899-1999, Paris-Palais du Luxembourg, 15 et 16 octobre 1999, [24e Colloque d'Aubazine-Brive] / (publié par les Compagnons de la fraternité Edmond Michelet et le Centre national d'études de la résistance et de la déportation Edmond-Michelet). Brive-la-Gaillarde : les Compagnons de la fraternité Edmond Michelet : Centre national d'études de la résistance et de la déportation Edmond Michelet, 2000. 271 p., (ISBN 2-9501533-2-1).
- Benoît Rivière (petit-fils d'Edmond Michelet), Prier 15 jours avec Edmond et Marie Michelet, éd. Nouvelle Cité, coll. « Prier 15 jours » no 35, Bruyères-le-Châtel (Essonne).
- Edmond Michelet, Nous avons cru à l'amour, Agnès Brot (petite-fille d'Edmond Michelet), Coll. « Paroles de Vie », éditions de Livre ouvert
- Bernard Zeller (préf. Michel Déon), L'autre visage d'Edmond Michelet : 1899-1970, Versailles, Via Romana, , 294 p. (ISBN 979-1-090-02925-5)
- Pascal Bousseyroux, « Edmond Michelet et la Gauche », in Encyclo. Revue de l'école doctorale ED 382, no 1, 2012, p. 99-121, [lire en ligne].
- Gilbert Beaubatie / Françoise Germane, La Maison d'Edmond Michelet. Haut lieu de la Résistance à Brive et en France, Tulle, Mille Sources, 2017 (ISBN 2-909744-40-X).
- Olivier Herbinet, Edmond Michelet, un démocrate chrétien à l'épreuve du gaullisme intégral, Mémoire de Master 2, Rennes 2, UHB, 2009.
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 19/2735/1899, avec mention marginale du décès (consulté le 5 juillet 2012).
- Site de l'Assemblée nationale.
- l'armistice est signée le 22 juin
- Voir son livre Rue de la Liberté.
- Secrétaire général du SNI reconstitué dans la clandestinité et membre du réseau Libération-Nord
- La Nouvelle République du centre-ouest, 14 décembre 1950
- « Les barbouzes de la Ve République : les élus de droite comme de gauche pactisent avec le milieu du crime depuis plus d'un demi-siècle », sur atlantico.fr,
- Thomas Rabino, « Les gangsters et la République : mariage et déraison », sur marianne.net,
- Patrick Rotman et Hervé Hamon, Les porteurs de valises. La Résistance française à la guerre d’Algérie, éd. Albin Michel, 1979
- 60-529 du 4 juin 1960, publiée le 8 juin 1960 est au Journal Officiel et prise en vertu des pouvoirs spéciaux votés au début de février de la même année au gouvernement Debré, Edmond Michelet rétablit la peine de mort en matière politique, edmond-michelet.blogspot.cz, 30 janvier 2011
- Antonin Besson, Le Mythe de la Justice, Plon, 1973
- Association France-Algérie
- La cause de béatification d’Edmond Michelet a été ouverte en 1976
- Journal Missa
- http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Actualite/France/La-phase-diocesaine-du-proces-en-beatification-d-Edmond-Michelet-cloturee-2015-02-27-1285538
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
- Place Edmond-Michelet
- Antoinette Feuerwerker
- David Feuerwerker
- Rose Warfman
- Ministère français de la Culture
- Liste des ministres français de la Culture
- Un paradoxe français
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Gaulliste
- Député de la Corrèze
- Député du Finistère
- Sénateur de la Cinquième République française
- Sénateur de la Seine
- Ministre de la Quatrième République
- Ministre de la Cinquième République
- Ministre français de la Justice
- Ministre français de la Fonction publique
- Ministre français de la Culture
- Ministre français des Anciens combattants
- Membre du Conseil constitutionnel français
- Personnalité du Mouvement républicain populaire
- Personnalité du Rassemblement du peuple français
- Personnalité des Républicains sociaux
- Personnalité de l'Union pour la nouvelle République
- Personnalité de l'Union des démocrates pour la République
- Personnalité de la guerre d'Algérie
- Action française
- Déporté résistant
- Résistant corrézien
- Titulaire de la médaille de la Résistance
- Titulaire de la croix de guerre 1939-1945
- Survivant de camp de concentration nazi
- Commandeur de la Légion d'honneur
- Juste parmi les nations français
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- Écrivain catholique français
- Membre de l'Assemblée consultative provisoire
- Membre de l'Assemblée constituante de 1945
- Membre de l'Assemblée constituante de 1946
- Député de la première législature de la Quatrième République
- Député de la IIIe législature de la Ve République
- Député de la IVe législature de la Ve République
- Ministre français d'État
- Naissance en octobre 1899
- Naissance dans le 19e arrondissement de Paris
- Décès en octobre 1970
- Décès à 71 ans
- Mort d'une hémorragie cérébrale
- Décès à Brive-la-Gaillarde
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