Raymond Marcellin

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Raymond Marcellin
Illustration.
Raymond Marcellin en 1950.
Fonctions
Député français

(8 ans, 9 mois et 29 jours)
Élection 5 juin 1988
Réélection 28 mars 1993
Circonscription 1re du Morbihan
Législature IXe, Xe et XIe (Cinquième République)
Groupe politique UDF (1988-1993)
UDFC (1993-1997)
Prédécesseur Proportionnelle par département
Successeur François Goulard

(2 ans, 1 mois et 12 jours)
Élection 16 mars 1986
Circonscription Morbihan
Législature VIIIe (Cinquième République)
Groupe politique UDF

(4 ans, 8 mois et 30 jours)
Élection 21 juin 1981
Circonscription 1re du Morbihan
Législature VIIe (Cinquième République)
Groupe politique UDF
Prédécesseur Paul Chapel
Successeur Proportionnelle par département

(1 mois et 1 jour)
Élection 25 novembre 1962
Circonscription 1re du Morbihan
Législature IIe (Cinquième République)
Groupe politique RI
Prédécesseur Léonce Franco
Successeur Jean Grimaud

(3 ans, 7 mois et 8 jours)
Élection 30 novembre 1958
Circonscription 1re du Morbihan
Législature Ire (Cinquième République)
Groupe politique RI
Prédécesseur Aucun (circonscription créée)
Successeur Léonce Franco

(12 ans et 7 jours)
Élection 10 novembre 1946
Réélection 17 juin 1951
2 janvier 1956
Circonscription Morbihan
Législature Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique IPAS
Président du conseil régional de Bretagne

(7 ans, 6 mois et 2 jours)
Prédécesseur André Colin
Successeur Yvon Bourges
Sénateur français

(6 ans, 8 mois et 29 jours)
Élection
Circonscription Morbihan
Ministre de l'Agriculture et du Développement rural

(2 mois et 26 jours)
Président Georges Pompidou
Alain Poher (intérim)
Premier ministre Pierre Messmer
Gouvernement Messmer III
Prédécesseur Jacques Chirac
Successeur Christian Bonnet
Ministre de l'Intérieur

(5 ans, 8 mois et 27 jours)
Président Charles de Gaulle
Alain Poher (intérim)
Georges Pompidou
Premier ministre Georges Pompidou
Maurice Couve de Murville
Jacques Chaban-Delmas
Pierre Messmer
Gouvernement Pompidou IV
Couve de Murville
Chaban-Delmas
Messmer I et II
Prédécesseur Christian Fouchet
Successeur Jacques Chirac
Ministre de l'Industrie

(1 an, 2 mois et 24 jours)
Président Charles de Gaulle
Premier ministre Georges Pompidou
Gouvernement Pompidou III
Prédécesseur Michel Maurice-Bokanowski
Successeur Olivier Guichard
Maire de Vannes

(12 ans et 2 jours)
Prédécesseur Francis Decker
Successeur Paul Chapel
Président du conseil général du Morbihan

(34 ans)
Prédécesseur Paul Ihuel
Successeur Jean-Charles Cavaillé
Ministre de la Santé publique et de la Population

(3 ans, 7 mois et 23 jours)
Président Charles de Gaulle
Premier ministre Georges Pompidou
Gouvernement Pompidou I et II
Prédécesseur Joseph Fontanet
Successeur Jean-Marcel Jeanneney (Affaires sociales)
Conseiller général du Morbihan

(45 ans)
Circonscription Canton de Sarzeau
Prédécesseur M. de Maluquer
Successeur Henri Bénéat
Biographie
Nom de naissance Raymond Jean Gustave Antoine Marcellin
Date de naissance
Lieu de naissance Sézanne (Marne, France)
Date de décès (à 90 ans)
Lieu de décès Paris 8e (France)
Sépulture Cimetière du Montparnasse
Nationalité Française
Parti politique CNIP (1951-1962)
FNRI (1962-1977)
PR (1977-1997)
UDF (1978-1998)
Diplômé de Université de Strasbourg
Profession Avocat

Signature de Raymond Marcellin

Raymond Marcellin, né le à Sézanne (Marne) et mort le à Paris 8e, est un homme politique français.

Ministre de l'intérieur de 1968 à 1974, il est l'incarnation du retour à l'ordre musclé après les événements de mai 1968.

Parlementaire de 1946 à 1997, il est aussi maire de Vannes et président du conseil général du Morbihan et du conseil régional de Bretagne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Raymond Marcellin effectue ses études secondaires au collège de Meaux. Il suit ensuite des études à la faculté de droit de l'université de Paris et de l'université de Strasbourg[1].

Il obtient un doctorat en droit pour une thèse soutenue à l'université de Strasbourg en 1941[1].

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

Mobilisé en , il est fait prisonnier lors de la déroute de l'armée française de 1940. Il s'évade et occupe des fonctions au sein du régime de Vichy.

Il est lié à Maurice Bouvier-Ajam, directeur de l'Institut d'études corporatives et sociales, chargé de « diffuser les idées sociales de la Révolution nationale par l'illustration de la doctrine corporative du Maréchal dans les milieux professionnels et les organisations de jeunesse ». Marcellin dirige alors le bureau d'orientation et de formation professionnelle, puis est nommé secrétaire général de l'Institut ; c’est à ce titre qu’il est décoré de l’ordre de la Francisque.

Il s’engage par ailleurs dans la Résistance, via le sous-réseau Druides, affilié au réseau de renseignement Alliance de Marie-Madeleine Fourcade[2]. Ce parcours complexe, de « vichysto-résistant » selon l'expression forgée par Jean-Pierre Azéma, lui valut donc d’être décoré par Vichy, puis de voir reconnaître son action résistante.

Il devient avocat à la cour d’appel de Paris en 1945. Implanté en Bretagne, il assume les fonctions de maire de Vannes, président du conseil général du Morbihan, président de la région de Bretagne, sénateur et député du Morbihan.

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Revendiquant un « anticommunisme absolu », il se lance en politique en 1945. En , il rejoint l'Union gaulliste fondée par René Capitant. Il est chargé d'implanter le mouvement dans le Morbihan, qu'il ne connaît alors que par quelques courts séjours touristiques. Il y dispose du soutien du quotidien gaulliste Bretagne-Sud et du résistant Louis-Alexandre Audibert, délégué régional de l'Union gaulliste pour la Bretagne.

Lors du référendum du 13 octobre 1946, il prend position contre le projet constitutionnel. Candidat aux élections législatives qui suivent, il obtient d'abord le soutien du Parti paysan puis de l'Union gaulliste, après le retrait en sa faveur du général Audibert. Son programme appelle alors à la défense de l'agriculture, du commerce et de l'industrie, au soutien à l'enseignement privé, à l'exclusion des ministres communistes du Gouvernement et au « sauvetage du franc ».

Sa liste ayant obtenue 11,18% des suffrages (contre 45,5% pour le MRP, 17,52% pour le PCF et 12,8% pour la SFIO), il est élu député à la place du MRP sortant Marie Texier-Lahoulle. A l'Assemblée nationale, il s'apparente au groupe du Parti républicain de la Liberté qu'il quitte dès . Il siège ensuite au sein du groupe « Action républicaine et sociale » puis, à partir de , il préside le groupe « Union démocratique des indépendants » rassemblant des députés proches du RPF du général de Gaulle n'ayant toutefois pas adhéré au mouvement[3]

Ministre de seize gouvernements entre 1948 et 1974, il est plusieurs fois sous-secrétaire d'État, secrétaire d'État sous la IVe République. Il adhère en 1951 au Centre national des indépendants et paysans, dont il devient le secrétaire général[4].

Sous la Cinquième République[modifier | modifier le code]

Plusieurs fois ministre sous la Cinquième République, il soutient le gouvernement de Georges Pompidou et provoque, aux côtés de Valéry Giscard d'Estaing, une scission au sein du CNIP aboutissant à la création des républicains indépendants. Proche de Georges Pompidou, il incarne un courant des Républicains indépendants plus proches du pompidolisme que du giscardisme libéral, ce qui explique que son parcours ministériel s'arrête avec l'élection de Giscard à la présidence. Il continue alors son engagement électoral breton.

Au ministère de l'Intérieur, qu'il assume sous trois Premiers ministres, il reçoit de Georges Pompidou la mission de remettre de l'ordre après les troubles créés par les événements de Mai 1968 et dissout aussi bien des groupes d'extrême droite que d'extrême gauche. Il est à l'origine d'une loi très controversée, la loi dite « anti-casseur » du qui punit de 1 à 5 ans de prison toute personne participant à une manifestation où des dégradations sont commises[5]. Raymond Marcellin obtient par ailleurs des crédits supplémentaires pour renforcer les effectifs des forces de l'ordre, qui passent de 140 000 à 180 000 hommes[6].

En 1971, le ministre prépare un projet de loi visant à instaurer un contrôle administratif a priori sur la déclaration des associations. Le projet est retoqué par le Conseil constitutionnel.

Ministre de l’Intérieur[modifier | modifier le code]

Marcellin se fait remarquer de Pompidou et du général de Gaulle durant les évènements de Mai 68, durant lesquels il les abreuve de notes très précises sur les agitations et où il leur fait part de son idée selon laquelle ces évènements sont issus d'une volonté de mettre à genoux la république[7]. Il est nommé Ministre de l'Intérieur le , poste qu'il conserve jusqu'au . Il succède à Christian Fouchet à ce poste à la suite des événements de Mai 68. Le président de la République, Charles de Gaulle, salua son arrivée par la phrase « Enfin Fouché, le vrai », en référence au très autoritaire ministre de la police de Napoléon Bonaparte[8].

Marcellin est plusieurs fois croqué par les caricaturistes sous les traits d'un CRS, en raison de ses démêlés avec les mouvements gauchistes, consécutifs aux événements de mai 68. Il y gagne aussi le surnom de « Raymond la matraque ».

Le , il obtient par décret présidentiel la dissolution de 11 mouvements d'extrême gauche. Le , il fait prononcer par le conseil des ministres la dissolution d'Occident, mouvement d'extrême droite, puis, le , la dissolution simultanée de la Ligue communiste (extrême gauche) et du mouvement Ordre nouveau (extrême droite).

En 1970, il fait saisir toutes les semaines le journal La Cause du Peuple et met finalement en détention ses deux directeurs de publication[9].

En 1971, il poursuit en diffamation l'éditeur (Éditions du Seuil) et l'auteur (Denis Langlois) du livre "Les Dossiers noirs de la police française"[10].

En 1972, il cosigne des circulaires qui subordonnaient la délivrance d’une carte de séjour à l'obtention d'un contrat de travail et d’un logement décent. Ces circulaires mettent fin aux régularisations automatiques. Marquant une étape dans le durcissement de la politique d'immigration française, elles font aussi l'objet des premières manifestations d'étrangers en situation irrégulière et sont par la suite assouplies.

Il est au centre de l'affaire des émeutes du 21 juin 1973 à Paris, car soupçonné d'avoir sous-équipé les policiers qui ont été chargés d'empêcher l'extrême-gauche de perturber un meeting du mouvement Ordre nouveau (extrême droite), afin d'obtenir la dissolution de la Ligue communiste, après une menace de grève des syndicats de policiers, choqués par les neuf blessés graves ans leurs rangs lors de ces émeutes du 21 juin 1973 à Paris[11]. L'ampleur de la manifestation a été sous-évaluée et les tirs de grenades lacrymogènes inexistants.

Au cours de la même année, il est à l'origine de l'affaire des plombiers : le , des agents de la Direction de la surveillance du territoire (DST), déguisés en plombiers, sont surpris en train d'installer un micro espion dans les bureaux de l'hebdomadaire Le Canard enchaîné[12], ce qui est la cause de son exfiltration vers le ministère de l'Agriculture, quelques mois plus tard.

En , victime du « gang des saucissonneurs » dans son appartement parisien, Raymond Marcellin est retrouvé bâillonné et ligoté[13].

Sépulture de Raymond Marcellin au cimetière du Montparnasse.

Il meurt le dans le 8e arrondissement de Paris[14].

Détail des mandats et fonctions[modifier | modifier le code]

Au gouvernement[modifier | modifier le code]

Au Parlement[modifier | modifier le code]

Au niveau local[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Raymond Marcellin a reçu les décorations suivantes[15] :

  • Grand officier des ordres nationaux d’Italie, d’Espagne, de Grèce, des Pays-Bas, de Suède.

Publications[modifier | modifier le code]

  • L'Ordre public et les groupes révolutionnaires, éditions Plon, Paris, 1968
  • L'Importune Vérité : dix ans après mai 68, un ministre de l'Intérieur parle, éditions Plon, Paris, 1978
  • La Guerre politique, éditions Plon, Paris, 1985
  • L'Expérience du pouvoir, éditions La Table ronde, Paris, 1990

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Éric Alary, « Raymond Marcellin : l’exemple d’une implantation politique locale et le début d’une carrière nationale », dans La recomposition des droites : en France à la Libération, 1944-1948, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-2523-8, lire en ligne), p. 313–323
  2. Fourcade, tome 2, p. 56 (cité dans Guérin 2010, p. 1444).
  3. Alary 2004, p. 313-323.
  4. Gilles Richard, « La renaissance de la droite modérée à la libération. La fondation du CNIP », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 65, no 1,‎ , p. 59–69 (DOI 10.3406/xxs.2000.2872, lire en ligne, consulté le )
  5. http://unicaen.free.fr/documents/1970-1971.pdf#page=4&zoom=auto,-274,392
  6. « Projet de loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure », sur www.senat.fr (consulté le )
  7. Beau, Nicolas., Dans l'oeil des RG, Paris, Robert Laffont, 245 p. (ISBN 978-2-221-22081-8 et 2-221-22081-1, OCLC 1125270238, lire en ligne)
  8. « Raymond Marcellin, le Fouché breton », sur cairn.info, (consulté le )
  9. « Quand Léo Ferré soutenait La Cause du Peuple en chanson », sur Acrimed,
  10. « Procès de violences policières », sur L'Obs,
  11. "21 juin 1973 : quand l’extrême gauche écrasait le fascisme dans l’œuf" par Mathieu Dejean le 15 janvier 2023 dans Médiapart [1]
  12. Voir lecourrier.ch.
  13. « R. Marcellin “saucissonné” dans sa lingerie », Le Nouvel Observateur, 16 mai 2000.
  14. Insee, « Acte de décès de Raymond Jean Gustave Antoine Marcellin », sur MatchID
  15. Biographie du Who's Who.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]