Daniel Mayer

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Daniel Mayer
Illustration.
Daniel Mayer vers 1939.
Fonctions
Président du Conseil constitutionnel français

(3 ans)
Prédécesseur Roger Frey
Successeur Robert Badinter
Membre du Conseil constitutionnel

(9 ans)
Président Lui-même
Robert Badinter
Prédécesseur Roger Frey
Successeur Georges Abadie
Député français

(13 ans et 29 jours)
Élection 21 octobre 1945
Réélection 2 juin 1946
10 novembre 1946
17 juin 1951
2 janvier 1956
Circonscription Seine (1945-1946)
2e de la Seine (1946-1958)
Législature Ire Constituante
IIe Constituante
Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique SOC
Ministre du Travail et de la Sécurité sociale
Portefeuille des Anciens combattants d'octobre à novembre 1947

(2 ans, 5 mois et 19 jours)
Président du Conseil Paul Ramadier
Robert Schuman
André Marie
Robert Schuman
Henri Queuille
Gouvernement Ramadier I et II
Schuman I
Marie
Schuman II
Queuille I
Prédécesseur Robert Lacoste (intérim)
François Mitterrand (Anciens combattants)
Successeur Pierre Ségelle
François Mitterrand (anciens combattants)
Secrétaire général de la SFIO

(3 ans)
Prédécesseur Paul Faure
Successeur Guy Mollet
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Paris, Seine
Date de décès (à 87 ans)
Lieu de décès Orsay, Essonne
Nationalité Française
Parti politique SFIO (1927-1958)
PSA (1958-1960)
PSU (1960-1967)
PS (1970-1996)
Profession Journaliste

Daniel Mayer
Président du Conseil Constitutionnel

Daniel Mayer, né le à Paris (12e arrondissement) et mort le à Orsay, est un homme politique socialiste et résistant français, président du Conseil constitutionnel entre 1983 et 1986.

Biographie[modifier | modifier le code]

Militant socialiste d'avant-guerre[modifier | modifier le code]

Juifs alsaciens originaires de Ribeauvillé, les grands-parents maternels de Daniel Mayer s'établissent comme maroquiniers à Paris après l'annexion de l'Alsace-Lorraine en 1871[1]. Née en 1876, leur fille cadette Lucie Weil, très tôt orpheline, est élevée par ses frères et sœurs avant d'être recueillie par l'orphelinat Rothschild, rue Lamblardie dans le 12e arrondissement. Devenue institutrice, Lucie épouse en 1902, à l'âge de vingt-six ans, Émile Mayer, Parisien de souche et revendeur de bijoux à crédit, âgé de vingt-sept ans[2].

Enfant unique d'Émile Mayer et de Lucie Weil, Daniel Raphaël Mayer naît le 29 avril 1909 à Paris, au n° 16 de la rue Sidi-Brahim dans le 12e arrondissement[3].

Il perd sa mère dès 1921, à douze ans, ce qui précipite son départ de l'école. Ainsi contraint de travailler dès la sortie de la communale, il entre en politique à l'âge de dix-huit ans, révolté par l'exécution de Sacco et de Vanzetti. « Dynamique autodidacte, il poursuit son apprentissage intellectuel en adhérant à la Ligue des droits de l'homme et aux Jeunesses socialistes », selon l'historien Max Lagarrigue[4].

Secrétaire de la 20e section des Jeunesses Socialistes, il y rencontre en 1929 Cletta Livian, une Juive roumaine[5], qu'il épouse le 19 mai 1931, après avoir accompli son service militaire[6]. Militant de la SFIO, il rejoint le courant Bataille socialiste en 1932. Il devient journaliste au Populaire (le quotidien socialiste fondé en 1916 par Jean Longuet) de 1933 à 1939 où il se rapproche de Léon Blum.

Résistance[modifier | modifier le code]

Il entre dans la Résistance en juillet 1940. Convaincu par Blum, il reste en France. À Daniel Mayer et à son épouse Cletta qui lui faisait part de leur intention de partir pour Londres, Blum dit : « Vous serez là-bas deux bouches de plus à nourrir et sans compétences militaires. Ici, il y aura du travail à faire. il faut poursuivre la guerre, reconstruire le Parti, l'orienter dans la lutte contre l'occupant et contre Vichy. Vous serez plus utiles ici[7]. »

Il fonde dès mars 1941 le Comité d'action socialiste avec Suzanne Buisson et anime les réseaux de résistants socialistes. Il fait reparaître clandestinement Le Populaire en mai 1942 ; il en est rédacteur en chef de 1942 à 1944.

Il rencontre Léon Blum, alors détenu par Vichy, et l'informe d'activités socialistes, assurant ainsi un lien entre Blum, la SFIO et la Résistance de Londres. C'est lui qui transmet un document de Blum reconnaissant de Gaulle comme chef de la France libre. Mayer s'installe à Marseille où son épouse l'aide dans son activité de Résistance ; elle-même organise des évasions.

Il est également secrétaire général du Parti socialiste SFIO de 1943 à 1946. Il représente la SFIO au Conseil national de la Résistance. Il participe à la libération de Paris en août 1944.

Parlementaire et ministre sous la IVe République[modifier | modifier le code]

Membre de l'Assemblée consultative provisoire (délégué par le Conseil national de la Résistance), puis élu aux deux Assemblées constituantes, il est député socialiste de la Seine de 1946 à avril 1958. Proche de Léon Blum, il est battu en 1946 par Guy Mollet pour la fonction de secrétaire général de la SFIO, lors du 38e congrès national du parti. Il a des relations difficiles avec son successeur[réf. nécessaire].

Il est ministre du Travail et de la Sécurité sociale de 1947 à 1949. Il défend la jeune Sécurité sociale, et provoque une crise politique en demandant une revalorisation des salaires. Le 14 novembre 1951, il dépose une proposition de résolution « tendant à inviter le Gouvernement à faire rechercher si l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain ne poursuit pas un objet illicite contraire aux lois et à la justice ce qui justifierait sa dissolution ». Il préside le groupe des députés résistants, fondé en 1950, et le Comité d'action de la Résistance, de 1954 à 1957.

Il est président de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale de 1953 à 1957. Daniel Mayer est très attaché à l'État d'Israël. Opposant à la Communauté européenne de défense, il est exclu du comité directeur de la SFIO en 1954.

Socialiste anti-SFIO[modifier | modifier le code]

Il est sanctionné par son parti en 1957 pour son hostilité à la guerre d'Algérie et son refus de voter les pouvoirs spéciaux aux gouvernements Bourgès-Maunoury et Gaillard.

Il appartient à la minorité socialiste qui désapprouve le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958. Il participe à la fondation de l'Union des forces démocratiques puis du Parti socialiste autonome (PSA) devenu le Parti socialiste unifié (PSU) en 1960. Durant l'élection présidentielle de 1965, il plaide pour un représentant unique à gauche, ce qui alimenta des spéculations sur sa candidature[8],[9]. Il quitte le PSU en 1967 et revient au PS en 1970 à la section Jean-Baptiste Clément dans le 18e arrondissement puis à Orsay.

Ligue des droits de l'homme[modifier | modifier le code]

Il démissionne de sa fonction de député en 1958 pour présider la Ligue des droits de l'homme (dont il est membre depuis ses 18 ans) jusqu'en 1975, puis la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme de 1977 à 1983.

Conseil constitutionnel[modifier | modifier le code]

Nommé par François Mitterrand, il est le 4e président du Conseil constitutionnel français du au , date à laquelle il est remplacé par Robert Badinter. Il reste membre de ce conseil jusqu'au . Il écrit que la « loi n'exprime la volonté générale que dans le respect de la Constitution ».

Décédé le , il fait « don de son corps à la science », comme l'avait fait son épouse décédée en 1976. Alors premier secrétaire du Parti socialiste, Lionel Jospin salue Daniel Mayer comme une « figure marquante du socialisme français et un homme d'une rare qualité[10]. »

Fonctions gouvernementales[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Sur les ondes, éd de la Liberté, 1945
  • Les conditions de l'unité, éd de la Liberté, 1946
  • Étapes yougoslaves, éd de Minuit, 1962
  • Les socialistes dans la Résistance, P.U.F., 1968
  • Pour une histoire de la gauche, éd Plon, 1969
  • Socialisme : le droit de l'homme au bonheur, éd. Flammarion, 1976

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pradoux 2002, p. 14.
  2. Pradoux 2002, p. 14-16.
  3. Pradoux 2002, p. 15.
  4. Max Lagarrigue, 99 questions… La France durant l'Occupation, CNDP, 2007.
  5. Pradoux 2002, p. 32-33.
  6. Pradoux 2002, p. 42.
  7. Daniel Mayer, Les Socialistes dans la Résistance, souvenirs et documents., Paris, Presses universitaires de France, coll. « Esprit de la Résistance », , 247 p. (OCLC 271753), p. 12
  8. Agrikoliansky Eric, « Daniel Mayer: de la politique aux droits de l'Homme. Logiques d'un engagement pluriel », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52,‎ , p. 52-62 (lire en ligne)
  9. Bernard Ravenel, Quand la gauche se réinventait. Le PSU, histoire d'un parti visionnaire, 1960-1989,
  10. « Hommages à Daniel Mayer », sur Libération,

Annexes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Les papiers personnels de Danier Mayer et de son épouse Rose-Claire (Cletta) Leibovici-Livian sont conservés à Sciences Po.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Éric Agrikoliansky, « Daniel Mayer : de la politique aux droits de l'Homme. Logiques d'un engagement pluriel », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 52-62 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Jean-Jacques Becker, « La campagne de Daniel Mayer contre la CED », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 46-51 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Véronique Blum, « Daniel Mayer et la BDIC : impressions et souvenirs », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 76-78 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Gérard Bossuat, « Daniel Mayer et les communistes (1945-1947) », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 33-45 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Henry Bulawko, « Daniel Mayer, symbole de la fidélité », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 17-20 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Michel Couteau et Gilbert Gaston, Daniel Mayer : des combats, une parole : nos entretiens, 33 témoins, ses écrits, Paris, L'Harmattan, , 285 p. (ISBN 2-7384-7791-7, lire en ligne).
  • Geneviève Dreyfus-Armand, « Mémoires et témoignages : un journaliste nommé Daniel Mayer », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 7-8 « L'année 1936 dans le monde »,‎ , p. 51-58 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Geneviève Dreyfus-Armand, « Daniel Mayer et les républicains espagnols », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 70-73 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Odile Gaultier-Voituriez, « Le fonds Cletta et Daniel Mayer aux Archives d'histoire contemporaine, Centre d'histoire de l'Europe du vingtième siècle, Fondation nationale des sciences politiques », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 74-75 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Claude Juin (préf. Henri Leclerc), Daniel Mayer (1909-1996) : l'homme qui aurait pu tout changer, Paris, Romillat, coll. « Biographie », , 383 p. (ISBN 978-2-87894-051-0, OCLC 48557380).
  • François Lafon, « Structures idéologiques et nécessités pratiques au congrès de la S.F.I.O. en 1946 », Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. XXXVI,‎ , p. 672-694 (lire en ligne).
  • Max Lagarrigue, La France sous l'Occupation, Montpellier, SCÉRÉN-CRDP Académie de Montpellier, coll. « 99 questions sur... » (no 46), , 223 p. (ISBN 978-2-86626-280-8, ISSN 1630-0408, OCLC 470894629, BNF 41136217, présentation en ligne).
  • Ursula Langkau-Alex, « Daniel Mayer et le problème allemand : projet pour l'Europe d'après-guerre », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 21-23 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Martine Lemaître, « Daniel Mayer. « L'humour en politique » », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 83-88 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Wilfried Loth, « Les projets de politique extérieure de la Résistance socialiste en France », Revue d'histoire moderne et contemporaine, t. XXIV,‎ , p. 544-569 (lire en ligne).
  • Emmanuel Naquet et Martine Pradoux, « Entretien avec Robert Verdier : Daniel Mayer, secrétaire du Parti socialiste clandestin, à travers le regard d'un autre résistant », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 9-16 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Emmanuel Naquet, « Entretien avec Michel Blum : Daniel Mayer et la FIDH », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 63-65 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Emmanuel Naquet, « Quelques repères sur Daniel Mayer », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 81-82 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Martine Pradoux, « Daniel Mayer, une jeunesse socialiste dans les années 30 », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 3-8 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Martine Pradoux et Gilles Morin, « Daniel Mayer et la SFIO, 1944-1958 », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 24-32 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).
  • Martine Pradoux, Daniel Mayer, un socialiste dans la Résistance, Paris, Éditions ouvrières, , 271 p. (ISBN 978-2-7082-3630-1, OCLC 54790126, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Martine Pradoux, Notice « MAYER Daniel, Raphaël », Le Maitron en ligne.
  • Jacques Robert, « Daniel Mayer au Conseil constitutionnel », Matériaux pour l'histoire de notre temps, nos 51-52 « Daniel Mayer : l'idéal et le réel en politique »,‎ , p. 66-69 (ISSN 0769-3206, lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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