Jean-Henri Azéma

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Jean-Henri Azéma
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Académie de l'île de La Réunion (d) (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Jean-Henri Azéma, dit Jean Azéma, est un poète français né à Saint-Denis (île de la Réunion) le et mort à Buenos Aires (Argentine) le . Il fut collaborationniste pendant la Seconde Guerre mondiale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et famille[modifier | modifier le code]

Fils d'Henri Azéma, Jean Azéma étudie d'abord au lycée Leconte-de-Lisle de sa ville natale et y fait la rencontre d'un surveillant qui l'amène à s'intéresser au maurrassisme. Il quitte ensuite La Réunion en 1933 pour Paris : il est élève au lycée Louis-le-Grand, puis entreprend des études de droit. Dans la capitale, il fréquente notamment Robert Brasillach et Pierre Drieu La Rochelle et milite à l'Action française.

Il a alors trois fils d'un premier mariage : Jean-Pierre[1], qui deviendra un éminent historien de la Seconde Guerre mondiale[2], Jean-Jacques et Jean-Loup.

La Collaboration[modifier | modifier le code]

Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, Jean Azéma se bat d'abord dans les troupes coloniales et est décoré de la Croix de guerre pour actes d'héroïsme. Revenu à Paris et rattrapé par ses premières sympathies, il choisit de ne pas partir pour Londres comme ses camarades[3]. Il devient bientôt la voix du gouvernement de Vichy sur Radio-Paris. À ce poste, il n'ignore pas les rafles. Il publie des nouvelles dans Je suis partout[4].

Adhérent du Parti populaire français (PPF, fasciste) de Jacques Doriot, il est interné trois mois pour un article hostile à Pierre Laval paru dans le journal collaborationniste Au Pilori[réf. nécessaire].

En 1944, à l'approche des Alliés, il quitte la capitale avec les Allemands et s'engage dans la Waffen-SS. Plus précisément, comme il admire Léon Degrelle, le fondateur du rexisme, il intègre la 28e SS-Freiwilligen-Grenadier-Division Wallonie () et fréquente, en compagnie d'aspirants officiers wallons, l'académie militaire de Kienschlag-Neweklau avant d'en être expulsé pour désaccord avec le professeur de philosophie.

En Allemagne, il participe avec André Algarron à la création de Radio-Patrie, radio siégeant à Bad Mergentheim et contrôlée par le PPF. Il en est néanmoins exclu par Jacques Doriot pour avoir attaqué Pierre Laval. Il assiste sous l'uniforme nazi au bombardement de la Ruhr et à l'écrasement du Troisième Reich.

Péripéties en Amérique latine[modifier | modifier le code]

Après la chute de Berlin, Jean-Henri Azéma passe en Suisse et parvient en Argentine[5], où commence une longue période d'exil. La France libérée le condamne par contumace à la prison à perpétuité. Ses biens ayant été confisqués en Europe, il survit de petits métiers en devenant docker ou garçon de café. Il finit par devenir journaliste.

Il se prend au jeu d'une nouvelle guerre, la révolution que veut mener Víctor Paz Estenssoro. Mais le mouvement avorte et Jean-Henri Azéma doit à nouveau s'exiler, en Bolivie cette fois. Revenu à Buenos Aires plus tard, il renonce à la politique et fonde une agence de publicité.

Sursaut poétique[modifier | modifier le code]

Amnistié en 1970 sous Georges Pompidou, il revient à La Réunion en 1978 après que son quatrième fils Paul-Jean, né en Argentine d'un second mariage, lui a fait remarquer qu'il y est inconnu, étranger. Piqué au vif, il crée en quinze jours depuis Madrid un hommage à la culture créole à partir d'un vieux texte commencé en 1955, Le testament de l'exilé. Augmenté d'images, Olographe le transforme en auteur majeur de la littérature réunionnaise[6].

Toujours publicitaire en Argentine en 1990, il revient à la Réunion en voyage cette année-là. Il y présente au festival du livre de l'océan Indien un ouvrage intitulé Au soleil des Dodos, dédié à Cotia Rico Peña, sa femme décédée. Il reconnaît alors s'être trompé et avoir déraillé pendant la guerre. Il nie avoir eu connaissance des camps d'extermination.

Lorsqu'il meurt, dix ans plus tard, une partie de ses cendres et celles de son épouse sont jetées au vent au Champ Borne et à Boucan Canot. Le reste est lancé à la mer depuis la baie du Tombeau, à l'île Maurice.

Publications[modifier | modifier le code]

Un autre livre existe, encore non publié, Au Flanc du Fanjant Flottant.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « AZEMA Jean-Pierre. », sur Réunionnais du Monde (consulté le )
  2. Élodie Maurot, « Jean-Pierre Azéma, passionnément historien », sur la-croix.com,  : « Son père, Jean-Henri Azéma, fut une célèbre plume du journal collaborationniste Je suis partout et une voix de Radio Paris, celle que les Parisiens moquaient avec la ritournelle : « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand. »
  3. « Jean-Henri Azéma, écrivain, poète, publicitaire. », sur www.mi-aime-a-ou.com (consulté le )
  4. Azema, « Bourbon, mon île », Je suis partout,‎ (lire en ligne)
  5. Maria Valeria Galvan, INFLUENCIAS DE LA GUERRA FRÍA EN EL DISCURSO NACIONALISTA ARGENTINO. EL RETRATO DE LOS CONFLICTOS INTERNACIONALES EN EL SEMANARIO NACIONALISTA AZUL Y BLANCO, OPSIS, Catalão-GO, v. 14, n. Especial, p. 205-224, 2014, p.219.
  6. Peter Hawkins, The Other Hybrid Archipelago: Introduction to the Literatures and Cultures of the Francophone Indian Ocean (Lexington Books, 2007) p. 125.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]