René Cassin

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René Cassin
Illustration.
Fonctions
Membre du Conseil constitutionnel

(10 ans, 8 mois et 15 jours)
Président Léon Noël
Gaston Palewski
Prédécesseur Maurice Delépine
Successeur Paul Coste-Floret
Vice-président du Conseil d'État

(16 ans)
Prédécesseur Alfred Porché
Successeur Alexandre Parodi
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Bayonne (France)
Date de décès (à 88 ans)
Lieu de décès Paris (France)
Nationalité Française
Profession Juriste
Diplomate
Homme politique
Religion Juive
Prix Nobel de la paix de 1968
Statue de René Cassin à Forbach, France.

René Samuel Cassin, né le à Bayonne (France), mort le à Paris (France), était un juriste, diplomate et homme politique français. Membre du gouvernement de la France libre pendant la seconde Guerre mondiale, un des auteurs de la déclaration universelle des droits de l'homme en 1948, vice-président du Conseil d’État de 1944 à 1959, président de la Cour européenne des droits de l'homme de 1965 à 1968, il reçut le prix Nobel de la paix en 1968, et aussi le prix des droits de l'homme des Nations unies la même année.

René Cassin est le fondateur de l'Institut libre d'étude des relations internationales (Ileri) ainsi que de l'Institut Français des Sciences Administratives (IFSA) qui est aujourd'hui une association reconnue d'utilité publique. Il repose actuellement au Panthéon.

Biographie

Enseignement, premiers engagements

René Cassin était le fils d'Azaria Cassin, commerçant en vins à Nice. Né à Bayonne de parents juifs (sa mère, née Gabrielle Dreyfus, était d'origine alsacienne et son père descendait de juifs portugais-marranes établis à Nice). Son oncle le Grand-Rabbin Honel Meiss le prépare pour sa Bar Mitzvah[1]. René Cassin suit passionnément, pendant son adolescence, les échos de l'affaire Dreyfus. Après avoir fréquenté le lycée Masséna de Nice, il étudie le droit à Aix-en-Provence et à Paris. Il est licencié ès lettres en 1908, puis docteur des sciences juridiques, économiques et politiques en 1914, il devient avocat au barreau de Paris. La même année, malgré de brillants résultats à l'école des officiers de réserve pendant son service militaire, c'est comme simple soldat qu'il est mobilisé. En octobre 1914 au saillant de Saint-Mihiel, il est grièvement blessé au ventre et aux jambes par une rafale de mitrailleuse et est réformé (déclaré mutilé à 65 %, il portera toute sa vie une ceinture abdominale et sera cité à l'Ordre de l'Armée, Croix de guerre 1914-1918 avec palme). Il est chargé de cours à partir de 1916 à la faculté de droit d'Aix et à Marseille. Reçu agrégé en 1920, il devient professeur à l'Université de Lille, poste qu'il occupe jusqu'en 1929. Il est ensuite professeur à la Faculté de Droit de Paris, où il enseignera presque jusqu'à sa mort, en 1976, avec une seule interruption pendant la Seconde Guerre mondiale. Il enseigne également à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence. Il participera à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme, dans l'amphithéâtre qui porte aujourd'hui son nom.

Parallèlement à son enseignement, il s'engage dans les organismes nationaux et internationaux. Il est le président fondateur de l'Union fédérale des anciens combattants et mutilés de guerre (UFAC), la plus grande association des anciens combattants créée en 1917. Avec Adrien Tixier au Bureau international du travail, il fait avancer la réflexion sur le droit des anciens combattants (« droit à réparation » pour les victimes de guerre, carte de combattant) et crée à ce titre en 1926 le troisième office au sein de l'Office national des anciens combattants, sur les avancées médicales (prothèse). Il est aussi vice-président du Conseil supérieur des pupilles de la Nation, de 1922 à 1936. René Cassin est représentant de la France à la Société des Nations de 1924 à 1938 (mandat annuellement renouvelé mais il en démissionne après les accords de Munich). Plus pédagogue qu'homme de parti, il est battu aux élections cantonales d'Antibes de 1928 et sa candidature dans la circonscription d'Albertville en 1932 est refusée par les radicaux locaux.

Son action durant la Seconde Guerre mondiale

Le 24 juin 1940, René Cassin embarque sur un navire britannique, l'Ettrick, à Saint-Jean-de-Luz[2] et rejoint Charles de Gaulle à Londres pour l'aider dans son appel à la poursuite de la guerre contre l'Allemagne nazie. En conséquence, il est privé de sa nationalité française et condamné à mort par contumace par le régime de Vichy, le tribunal militaire de Clermont-Ferrand, juridiction d’exception, le condamnant pour trahison. Pour le général de Gaulle, il écrit les statuts de la France libre, force de combat française libre au sein de l'armée britannique. Il négocie ces statuts avec Winston Churchill qui signe la Convention entre le général de Gaulle et le Royaume-Uni le , reconnaissant la France libre comme seule organisation qualifiée pour représenter la France en guerre et assurant le financement britannique remboursable ultérieurement de l'état-major administratif de de Gaulle. Il est aussi l'artisan de la déclaration de 1940, qui démontre l'inconstitutionnalité du régime pétainiste[3].

René Cassin est le secrétaire permanent du Conseil de défense de l'Empire jusqu'en 1941. De 1941 à 1943, il est rétrogradé (de Gaulle lui reproche son manque d'autorité et son soutien à Churchill face au général à propos du conflit du Liban) en commissaire national à la Justice et à l'Éducation dans le gouvernement de la France libre à Londres et en 1944, il fait partie des initiateurs du Comité français de la Libération nationale à Alger et président de la commission juridique, dans laquelle il prépare les bases de la législation française d'après la Seconde Guerre mondiale : ce comité juridique révise tous les textes législatifs promulgués par les autorités entre 1940 et 1943 (textes de la France libre, du régime de Vichy, de François Darlan à Alger) et donne des avis juridiques sur tous les projets d'ordonnance soumis au Comité français de la Libération nationale.

De 1943 à 1945, représentant la France à la Conférence permanente des ministres de l'Éducation alliés, il fait partie des fondateurs de l'UNESCO, Léon Blum l'envoyant comme délégué auprès de la conférence des 43 pays qui décident la création de cette organisation.

Carrière politique d’après guerre

Après la guerre, René Cassin est professeur détaché au poste de vice-président du conseil d’État (président honoraire à partir de 1961), qu'il n'accepte de présider qu'une fois épuré, de 1944 à 1960. En parallèle, il est également président du Conseil d'Admnistration de l'École nationale d'administration de 1946 à 1960. De 1943 à sa mort en 1976, bien qu'agnostique[4], il est aussi président de l’Alliance israélite universelle. Il est également le fondateur de l’Institut libre d’étude des relations internationales (ILERI) à Paris en 1948, Institut d'enseignement supérieur privé spécialisé dans l'étude des relations internationales et de la diplomatie, et président de la Commission consultative pour la codification du droit international et la définition des droits et devoirs des États et des droits de l’Homme, qui deviendra par la suite la commission nationale consultative des droits de l'homme.

De 1946 à 1958, il est aussi représentant de la France aux Nations unies. Membre de la Commission des droits de l'homme des Nations unies, il est un des auteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

En 1947, René Cassin est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques. En 1954, il est nommé président de l'Institut d'étude des relations internationales de Paris, qu'il dirige pendant près de 20 ans.

Président du Conseil constitutionnel provisoire en 1958, il proclame officiellement l'élection du général de Gaulle à la Présidence de la République. Il en sera membre de 1960 à 1971, d'abord nommé pour 3 ans par Gaston Monnerville, en remplacement de Maurice Delépine décédé le 30 avril 1960, il sera confirmé pour 9 ans en 1962.

De 1959 à 1965, il devient vice-président de la Cour européenne des droits de l'homme, puis de 1965 à 1968, il en est le président.

Il fut délégué de la France au Conseil de l'Europe chargé d'activer les fonctions juridique du Conseil notamment grâce à la convention européenne des droits de l'homme le . Il a permis une harmonisation des législations européennes dans les domaine de l'extradition de prisonniers. Il est à la base de signatures de conventions culturelles pour la protection des langues régionales, des minorités, des brevets, la télévision sans frontière (eurovision)… Il a œuvré pour l'abolition de la torture, de l'esclavage.

Prix Nobel de la Paix

Plaque commémorative au centre communautaire israélite René Cassin à Rueil-Malmaison.

René Cassin reçoit en 1968 le prix Nobel de la paix pour son travail sur la déclaration des droits de l'homme vingt ans auparavant, pour son engagement dans sa diffusion et dans sa mise en œuvre, et pour son activité de président de la Cour européenne des droits de l'homme. En 1969, il utilise l'argent du prix Nobel dans la fondation de l'Institut international des droits de l'homme (IIDH).

Distinctions et récompenses

Le 5 octobre 1987, 11 ans après sa mort et centième anniversaire de sa naissance, sa dépouille a été transférée au Panthéon à Paris.

Hommages

Voies portant son nom

De nombreux odonymes rappellent le nom de René Cassin. La liste ci-dessous n'est sans doute pas exhaustive.

  • Rond-point René-Samuel Cassin

Plaques, statues et monuments commémoratifs

Plaque apposée au 36 quai de Béthune.
  • Statue de René Cassin à Forbach.
  • Plaque commémorative au centre communautaire israélite René-Cassin à Rueil-Malmaison.
  • Monument commémoratif pour René Cassin dans le square Marcel-Kirchner à Nice donnant sur le boulevard René-Cassin.
  • Plaque commémorative au 36 quai de Béthune à Paris (4e arrondissement), où il habita de 1952 à 1976.

Établissements portant son nom

Enseignement primaire et secondaire

En France
  • Lycée d'enseignement général, technologique et professionnel René-Cassin de Mâcon (71)
  • Lycée d'enseignement général et technologique René-Cassin d'Arpajon (91)
  • Lycée polyvalent René-Cassin du Raincy (93)
  • Lycée des métiers René-Cassin de Strasbourg (67)
Tombe de René Cassin à Béthines.
Tombe de René Cassin à Béthines.
Ailleurs dans le monde

Enseignement supérieur

Établissements divers

  • René Cassin a également donné son nom à une salle de réunion du premier étage du Quai d'Orsay (Ministère des Affaires Étrangères et Européennes) ainsi qu'à une salle de travail au Conseil d'État (Palais-Royal), dont il a été Vice-Président.
  • Salle René Cassin à Verdun (55).

Prix

L'association Jeune République remet le Prix « Liberté et démocratie - René Cassin » pour « récompenser tous les deux ans une personnalité qui s’est particulièrement illustrée pour son combat pour la défense des valeurs démocratiques dans un environnement hostile » [9].

L'Académie des sciences morales et politiques récompense d'un prix René Cassin, tous les deux ans, "l'auteur d'un ouvrage juridique de valeur ou l'auteur d'une action ou d'une oeuvre civique méritoire".

Institut Français des Sciences Administratives

René Cassin créa en 1947 l'Institut Français des Sciences Administratives (IFSA) dont il fut le premier président. Sous sa présidence furent organisés de nombreux colloques d'actualité et colloques historiques qui offrirent un apport conséquent à la réflexion de la doctrine en droit administratif.

L'Institut français des sciences administratives compte aujourd'hui plus de 300 membres triés sur le volet et organise toujours deux colloques annuels.

Elle fait partie de l'Institut international des sciences administratives (IISA) créé en 1930. L'Institut participe ainsi à toutes les activités et colloques organisés au niveau international.

Sources

Sources principales

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « René Cassin » (voir la liste des auteurs).
  • Nouveau dictionnaire national des contemporains, Paris, Robin, 1961-1962
  • René Cassin de Marc Agi (Perrin, 1998)
  • René Cassin, une vie au service de l'Homme, un documentaire réalisé par Aubin Hellot (2008)
  • Les papiers personnels de René Cassin sont conservés aux Archives nationales sous la cote 382AP[10].

Autres notes et références

  1. Voir, (en)Geoffrey Adams. Political Ecumenism: Catholic, Jews, and Protestants in De Gaulle's Free France 1940-1945, 2006., p. 69.
  2. J.-L. Crémieux-Brilhac, La France Libre, Tome 1, p.100, Folio Histoire
  3. Michèle Cointet, Jean-Paul Cointet, La France à Londres : renaissance d’un État (1940-1943), éditions Complexe, 1990, p. 52.
  4. Marié à deux reprises à des femmes catholiques, il revendique son identité juive.
  5. « Allée René Cassin » à Faulquemont (57), près de la « rue de Tritteling » et du CASE, siège du DUFCC.
  6. Concours européen des droits de l’homme René-Cassin
  7. Site Santé Montréal.
  8. Site de la ville de Fontenay-le-Comte.
  9. Site Jeune République.
  10. Archives nationales

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Gérard Israël, René Cassin : 1887-1976, la guerre hors-la-loi. Avec de Gaulle. Les droits de l'homme, Paris, Desclée de Brouwer,
  • Marc Agi, René Cassin, Prix Nobel de la paix, 1887-1976, père de la « Déclaration universelle des droits de l'homme », Paris, Perrin,
  • Marceau Long & François Monnier (éd.), René Cassin, 1887-1976 : une pensée ouverte sur le monde moderne : hommage au Prix Nobel de la paix 1968, Paris, Honoré Champion, , actes du colloque organisé par l'Association René Cassin et le Collège de France le 22 octobre 1998
  • Antoine Prost & Jay Winter, René Cassin, Paris, Fayard, , 456 p. (ISBN 978-2-213-63794-5)
  • Jay Winter, "Rene Cassin and the Alliance Israelite Universelle," Modern Judaism, 32,1 (2012), 1-21.

Liens externes

Sites officiels (libres d'accès mais non libres de droits)
Articles de René Cassin
  • « L'accord Churchill-de Gaulle », Revue de la France libre, no 29,‎ (lire en ligne)
  • « Rauzan (Pierre Denis) », Revue de la France libre, no 46,‎ (lire en ligne)
  • « Comment furent signés les accords Churchill - de Gaulle du 7 août 1940 », Revue de la France libre, no 154,‎ (lire en ligne)
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