Alexandre Parodi

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Alexandre Parodi
Illustration.
Alexandre Parodi en 1945.
Fonctions
Vice-président du Conseil d'État

(11 ans)
Prédécesseur René Cassin
Successeur Bernard Chenot
Ambassadeur de France

(14 ans)
Ministre du Travail et de la Sécurité sociale

(1 an, 1 mois et 12 jours)
Premier ministre Charles de Gaulle
Gouvernement Gouvernement de Gaulle I
Successeur Ambroise Croizat
Ministre des Territoires libérés

(1 mois)
Gouvernement Gouvernement provisoire de la République française
Délégué général du Comité français de Libération nationale en France occupée

(6 mois)
Prédécesseur Émile Bollaert
Biographie
Nom de naissance Alexandre Maurice Marie Parodi
Date de naissance
Lieu de naissance Paris 17e
Date de décès (à 77 ans)
Lieu de décès Paris 7e
Nationalité Française
Père Dominique Parodi, philosophe
Fratrie René Parodi, magistrat, résistant

Signature de Alexandre Parodi

Alexandre Parodi
Liste des Compagnons de la Libération

Alexandre Parodi, né le à Paris où il est mort le , est un haut fonctionnaire, résistant et homme politique français, compagnon de la Libération.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est un des hauts fonctionnaires qui suscitent et fédèrent la Résistance. Fondateur ou dirigeant de plusieurs instances de la résistance intérieure, il devient en délégué général du Comité français de Libération nationale en zone occupée. Ministre des territoires libérés en , il participe à l'insurrection de Paris et organise la mise en place des nouvelles autorités civiles.

Il a profondément marqué la vie publique française au travers des fonctions multiples qu’il a exercées pendant un demi-siècle dans l’administration, la diplomatie, la vie sociale[1] et la défense de l’intégrité du pays. Il fut vice-président du Conseil d'État de 1960 à 1971.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Alexandre Parodi le jour du défilé de la libération de Paris, .

Alexandre Maurice Marie Parodi naît dans le 17e arrondissement de Paris[2]. Il est le fils de Dominique Parodi, philosophe, et le frère du magistrat et résistant René Parodi[3].

Une fois son baccalauréat obtenu, il s'inscrit à l'université de Paris. Il y obtient une licence de lettres. Admis à l'École libre des sciences politiques[4].

Parcours professionnel[modifier | modifier le code]

Membre du Conseil d’État à compter de 1926 comme auditeur[5],[6], il contribue à forger le droit administratif. De 1929 à 1938, il est en parallèle secrétaire général adjoint du Conseil national économique (devenu le Conseil économique et social) et commissaire du gouvernement de 1933 à 1938[5].

En 1938, il devient maître des requêtes au Conseil d'État et entre brièvement au cabinet du ministre du Travail, Charles Pomaret, comme conseiller technique. Il devient en 1939 directeur général du Travail et de la main d'œuvre au sein du même ministère[5],[6].

Durant la Seconde Guerre mondiale, il n'est pas mobilisé en 1939, à cause de ses responsabilités civiles. Il est révoqué de ses fonctions au ministère du Travail par le régime de Vichy, en raison de ses opinions hostiles au régime[6]. Il reprend ses fonctions au Conseil d'État replié à Royat (où il revoit l'un de ses amis, Jean Cavaillès, de l'université de Strasbourg, en repli à Clermont, dans l'été 1940, qu'il avait connu, avec son frère René, par son père). Il contacte d'autres résistants potentiels, à Paris et à Lyon et constitue (en liaison avec Jean Moulin) le Comité des experts qui devient en 1943 le Comité général d'études ; sous le pseudonyme de Quartus puis de Cérat, il y étudie et prépare les réformes judiciaires à mettre en place après la Libération[5],[6].

La Gestapo saisit des documents de la Délégation générale à Paris, ce qui oblige Parodi à entrer dans la clandestinité en 1943. Il devient en septembre responsable de la commission clandestine de la Presse et de l'Information et étudie la question de l'épuration et de la presse après la Libération. Il participe aussi à la fondation du comité financier de la Résistance[6].

Au premier rang du défilé de la Libération, de gauche à droite : Georges Bidault, Charles de Gaulle, Alexandre Parodi.

En février 1944, à la demande du général de Gaulle, il devient délégué général du Comité français de Libération nationale en France occupée, succédant à ce poste, après le préfet Émile Bollaert, à Jean Moulin. Il est l'intermédiaire entre le Conseil national de la Résistance, le gouvernement provisoire de la République française à Alger et les organisations de résistance sur le terrain et joue un grand rôle dans la Libération de Paris. Le , il accueille Charles de Gaulle à Paris, et défile à côté de lui sur les Champs-Élysées. Il est Compagnon de la Libération[5],[6],[7].

Le général Dietrich von Choltitz raconte, à partir de la page 251 de ses Mémoires (Soldat unter Soldaten), qu'il rencontra des prisonniers en août 1944 destinés à être fusillés : Parodi, Roland Pré et Emile Laffon. Parodi lui avait fait l'impression d'être un homme important (von Format) et d'influence. Ils étaient accompagnés du consul Raoul Nordling. Ils discutèrent pendant deux heures, tous persuadés de devoir maintenir l'ordre, et il les laissa partir à l'étonnement de ses hommes.

Ministre du Travail et de la Sécurité sociale dans le gouvernement de Gaulle entre le et le , il imprime sa marque aux textes fondamentaux relatifs à la Sécurité sociale, aux comités d’entreprise et au statut de l’immigration. Il est à l'origine en 1945, dans les arrêtés Parodi, de la classification des ouvriers : manœuvres, ouvriers qualifiés et ouvriers spécialisés.

Alexandre Parodi mène ensuite, de 1946 à 1960, une éminente carrière de diplomate. Avec le titre d'ambassadeur de France reçu en 1946, il est successivement représentant permanent de la France auprès du Conseil de sécurité des Nations unies de 1946 à 1949, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères de 1949 à 1954, représentant permanent au Conseil de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) de 1955 à 1957, puis ambassadeur au Maroc de 1957 à 1960.

Enfin, vice-président du Conseil d’État de 1960 à 1970, il modernise l’institution en lui permettant de surmonter les remous liés aux événements politiques de l'époque.

Il est membre de l'Institut, au titre de l'Académie des sciences morales et politiques. Il est aussi président du Service social d'aide aux immigrés de 1973 à sa mort.

Alexandre Parodi, alors vice-président du Conseil d'État, est de 1960 à 1970 président de l'Institut français des sciences administratives, association reconnue d’utilité publique, ayant pour but de promouvoir le modèle français de sciences administratives.

Dans le film Paris brûle-t-il ?, son rôle est interprété par Pierre Dux.

Le square Alexandre-et-René-Parodi, à Paris, porte son nom et celui de son frère, tous deux compagnons de la Libération. Le grand amphithéâtre du site parisien de l’ENA porte également son nom, ainsi que l'école maternelle et primaire Parodi à Blois.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Notamment grâce à la réforme élaborée en compagnie de Pierre Laroque, et mise en œuvre par Ambroise Croizat, qui créa la Sécurité sociale.
  2. Archives numérisées de l'état civil de Paris, acte de naissance no 17/1500/1901, avec mention marginale du décès (consulté le 20 août 2012)
  3. « Alexandre PARODI », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )
  4. (en) « Parodi, Alexandre | Sciences Po Department of History », sur www.sciencespo.fr, (consulté le )
  5. a b c d et e Notice biographique sur le site de Sciences-Po.
  6. a b c d e et f Vladimir Trouplin, Dictionnaire des Compagnons de la Libération, Bordeaux, Elytis, 2010.
  7. Éric Lafon, « Georges Dukson, « un oublié de l'histoire » de la Libération », sur le site de la Fondation de la résistance : une photo y montre Parodi défilant à côté du général sur les Champs-Élysées.
  8. (en) « Alexandre Parodi », sur Ordre de la Libération (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]