Empire du Japon

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Empire du Japon
大日本帝國
Dai Nippon Teikoku

18681947

Drapeau
Drapeau de l'Empire Japonais

(A partir de 1870)

Blason
Emblème
Hymne 君が代 (1869-1945)
Description de cette image, également commentée ci-après
L'empire du Japon à son apogée (1942)

En vert foncé : territoire japonais ().
En vert : acquisitions ().
En vert clair : occupation et États satellites ().
Informations générales
Statut Monarchie absolue de droit divin ()
Monarchie constitutionnelle de droit divin ()
Empire militariste et expansionniste ()
Texte fondamental Constitution de 1889
Capitale Kyoto ()
Tokyo (à partir de 1869)
Langue(s) Japonais
Religion Shintoïsme
Monnaie Yen [I 1]
Démographie
Population (c. 1935) 97 770 000
Densité (c. 1935) 144,8 hab./km2
Superficie
Superficie (c. 1935) 675 000 km2
Histoire et événements
Restauration Meiji
Abolition du système han
1re Constitution
Première guerre sino-japonaise
Guerre russo-japonaise
Seconde guerre sino-japonaise
Guerre du Pacifique (Seconde Guerre mondiale)
Capitulation
Entrée en vigueur d'une nouvelle constitution. Fin officielle de l'empire du Japon.
Empereur du Japon
Meiji
Taishō
Shōwa
Diète impériale du Japon
Chambre haute Chambre des pairs
Chambre basse Chambre des représentants

Entités précédentes :

Entités suivantes :

  1. Le yen coréen était officiel en Corée depuis 1910 et le yen taïwanais à Taïwan depuis 1896.

L'empire du Japon (en japonais 大日本帝國 (kyūjitai) / 大日本帝国 (shinjitai), prononcé Dai Nippon Teikoku, littéralement « empire du Grand Japon ») est le régime politique du Japon durant la période allant de l'ère Meiji à l'ère Shōwa et englobant la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale.

Après deux siècles et demi de shogunat, le Japon connaît une réorganisation politique et adopte sa première constitution en 1889. Le pays se caractérise également par une forte politique expansionniste et impérialiste, qui culmine durant la première partie de l'ère Shōwa et la participation du pays au second conflit mondial aux côtés des puissances de l'Axe.

Par la réalisation du hakkō ichiu, un concept lié au kokka shinto et pouvant se traduire par « la réunion des huit coins du monde sous un même toit », l'empereur Hirohito devient un symbole de l'Empire colonial du Japon.

Après la défaite du Japon en 1945 et l'adoption en 1947 de la nouvelle Constitution, le pays est désigné officiellement sous le nom de Nippon ou Nihon, et parfois Nippon-koku ou Nihon-koku (日本国, soit littéralement l’État du Japon) tout en conservant la monarchie en devenant une monarchie constitutionnelle.

Histoire politique[modifier | modifier le code]

Crises du régime shogunal à la fin de l'ère Edo[modifier | modifier le code]

Lors de ses trente dernières années d'existence, le Shogunat Tokugawa qui dirige le Japon depuis 1603 est confronté à trois séries de crises de différentes natures qui ébranlent ses fondations. La première période est délenchée par la grande famine Tenpō qui frappe le pays de 1833 à 1837. Aux centaines de milliers de morts enregistrés dans le pays[1] s'ajoute la rébellion de Ōshio Heihachirō en 1837 qui vise à débarrasser le pays des fonctionnaires corrompus, accusé d'avoir aggravé la crise par leurs cupidité[2]. Les autorités shogunal promettent alors Mizuno Tadakuni qui engage les réformes Tenpō pour répondre au mécontentent de la population[3]. Celles-ci sont un échec, et provoque au contraire une perte de confiance envers le régime. Dans le même temps de grands seigneurs locaux tirent leurs épingles du jeu en modernisant efficacement leurs fiefs, notamment les domaines de Satsuma et de Chōshū qui disposent de petites armées équipées d'armes modernes[4].

Une seconde période de crises s'ouvre lors des années 1840 et 1850, dominée par les questions internationales. La défaite de la Chine en 1842, puissance dominante du continent, face aux Royaume-Unis lors de la première guerre de l'opium fait prendre consciences aux différentes élites du pays de la menace que représente la puissance des occidentaux pour le pays[1]. La menace se concrétise en 1853 lors l'amiral américain Matthew Perry et ses « Navires noirs » arrivent dans la baie d'Edo et réclame l'ouverture de relations diplomatiques et commerciales avec le pays[5]. Des lignes de fractures apparaissent sur la réponse à donner à ces demandes entre les responsables du Shogunat, les grands seigneurs, et la cour impériale, ce qui affaibli la figure du pouvoir shogunal[6]. Un traité d'amitié est finalement signé en 1854 avec les américains, puis un traité commercial avec les puissance européenne est signé en 1858[7]. Si la menace militaire occidentale ne se matérialise pas lors de la période[n 1], l'ouverture du marché intérieur aux occidentaux est à l'origine de plusieurs crises politiques et économiques, alors qu'une inflation galopante frappe le pays[8].

Restitution des pouvoirs du Shogun Tokugawa Yoshinobu à l'empereur Meiji en 1867.

La troisième et dernière période de crises agite les dix dernières années du régime. A la fois économiques, politiques, et sociales elles provoque la chute du régime[1]. Les responsables du Shogunat Tokugawa se divisent entre deux branches, l'une conservatrice dirigée par Ii Naosuke, et l'autre réformiste. Cette dernière branche est frappée par les purge d'Ansei en 1858-1859 avant que l'aile conservatrice ne soit elle aussi victime de l'assassinat de son dirigeant Ii Naosuke lors de l'incident de Sakuradamon en 1860[9]. Les samurai issus des couches les plus défavorisés émergent en 1860-1862 comme une force d'opposition politique importante au pouvoir shogunal. En 1867, un courant d'agitation populaire et festif, le Ee ja nai ka (en) réuni cinq à six millions de personnes dans la pays. Le rapport de force entre la Shogunat Tokugawa et la maison impériale s'inverse lors de la décennie. L'empereur apparait de plus en plus comme le plus apte à assurer le salut du pays[10]. La mort du Shogun Tokugawa Iemochi en 1866 et de l'empereur Kōmei en 1867 précipitent la transition politique. Le nouveau Shogun Tokugawa Yoshinobu décide de « restituer ses pouvoirs » au nouvel empereur Meiji en . La transition ne se fait pas sans heurts, et les forces des domaines de Satsuma et de Chōshū favorables à l'empereur affrontent les dernières forces shogunales lors de la Guerre de Boshin en 1868-1869[11].

Premières réformes du régime (1868-1873)[modifier | modifier le code]

Photo noir et blanc d'un homme assis sur un fauteuil, en tenue impériale officielle, un sabre à la hanche, un bicorne posé sur une table à gauche.
L'empereur Meiji photographié par Uchida Kuichi en 1873.

La première déclaration de l'empereur en 1868 présente une loi fondamentale, le Serment en cinq articles, prélude à une constitution, gage de liberté d'expression, et indique qu'une lutte contre la hausse des prix va être entreprise. Une coalition instable est alors au pouvoir, composée du parti anti-shogunal et centrée sur les leaders du domaine de Satsuma et les nobles de la cour[12]. Le nouveau gouvernement rend aux Tokugawa leur fief amputé cependant des quatre cinquièmes de son revenu et le début de l'ère Meiji est proclamé en . Un conseil honorifique est le premier organe de gouvernement de ce nouveau régime, et celui-ci prend encore en compte les équilibres entre domaines ayant participé au renversement de l'ancien régime, et la noblesse de cour[13].

Plusieurs changements d'organisation ont lieu lors des mois suivants, ce qui permet à des personnalités comme Ōkubo Toshimichi, Kido Takayoshi et Iwakura Tomomi d'émerger. Du au 26 décembre sont publiées 34 ordonnances importantes, allant de la suppression des monnaies locales jusqu'à l'interdiction de certains châtiments corporels[14]. Une réforme territoriale remplaçant les anciens domaines par des préfectures est menée à bien au deuxième semestre 1869[15], avec comme conséquence principale une plus grande centralisation de l'État. Un impôt foncier est introduit en 1873 pour garantir une recette publique stable. De 1868 à 1875, de grandes réformes, d'inspiration occidentale et touchant l'éducation, l'armée et le système juridique, sont entreprises, et des experts étrangers sont engagés[16].

Fin 1871, Ōkubo, Kido, et Iwakura laissent leurs places à la tête du gouvernement pour prendre la direction de la mission Iwakura, mission diplomatique qui doit traverser les Etats-Unis et l'Europe pour renégocier les traités inégaux, mais aussi s'informer au sujet des sociétés et technologies occidentales. Ils laissent derrière eux un gouvernement qui doit en théorie se limiter à la gestion des affaires courantes et se tenir à l'écart de décisions politiques trop critiques. Saigō Takamori, Itagaki Taisuke, Ōkuma Shigenobu, et Etō Shinpei qui dirigent ce gouvernement d'intérim se lancent au contraire dans de grandes réformes : en 1872 la scolarité est rendue obligatoire au primaire, toute forme de trafique d'être humains (travailleurs, prostitués...) est interdit, le calendrier grégorien est adopté, et l'année suivante une nouvelle taxe foncière ainsi que la conscription sont instituées[17]. Dans le même temps, les membres de la Mission Iwakura acquiert au cours de leurs voyages la conviction que le Japon doit se lancer dans une modernisation radicale, pilotée par un Etat fort, et mise en oeuvre de manière progressive. Si les réformes de ce gouvernement d'intérim ne sont pas remises en cause lors du retour de la mission Iwakura, les deux camps vont avoir l'occasion de s'opposer au sujet du Seikanron, projet d'invasion de la Corée en 1873. L'empereur prend le parti d'Iwakura, et repousse le projet[18].

Les soutiens de l'invasion de la Corée mis en minorité comme Etō Shinpei, Gotō Shōjirō, Saigō Takamori quittent le gouvernement. Certain comme Etō prennent la tête de rebellions locales (rébellion de Saga en 1874 pour Etō, rébellion Shinpūren en 1876...). Saigō en particulier prend la tête de la rébellion de Satsuma en 1877, dernière grande révolte de samurai dont la répression achève d'assoir la légitimité du nouvel Etat[19].

Atermoiements sur la forme du régime (1873-1890)[modifier | modifier le code]

L'adoption d'une constitution fait partie des premières promesses faite par le régime, déjà présente dans la Charte du serment de 1868. Celle-ci devient un symbole politique d'entrée dans un nouveau rang civilisationnel. Dès le début des années 1870 des ébauches sont rédigées par le pouvoir, mais ces projets restent sans suite. Dans le même temps les intellectuels s'emparent du sujet ; celui-ci est très largement discuté dans la presse qui touche alors des millions de lecteurs, et la conférence d'Osaka de 1875 réuni plusieurs responsables d'opposition pour discuter du sujet. Un décret de 1875 réaffirme la promesse d'adoption de constitution, mais sans précision de date ou de délais. En 1881 l'accumulation de crises politiques (dont l'affaire du bureau de colonisation de Hokkaidō cette années-là) cristallise le mécontentement de la population. Pour apaiser les oppositions, le pouvoir décide par décret de la mise en place d'une constitution et d'un parlement dans les dix ans[20].

Les débats s'articulent autour de deux grandes tendances. D'un coté les personnes à la tête du régime comme Ōkubo (puis Itō Hirobumi) sont favorables à un Etat autoritaire et fort, mieux à même selon eux de faire aboutir les politiques nécessaires à la modernisation du Japon. Face à eux, les tenants d'une ligne libérale sont favorables à un plus grand droit laissé au peuple, garant d'une plus grande légitimité pour le régime. Cette dernière ligne est défendue par des responsables politiques comme Itagaki ou Ōkuma, et rassemble de nombreux membres au sein du Mouvement pour la liberté et les droits du peuple[21], puis au sein des partis Rikken Kaishintō et Jiyūtō[22]. Si ces mouvements gagnent rapidement en popularité, et que le gouvernement peine à les contenir, ils sont aussi gagné par une certaine radicalité. 1884-1885 marque un pic de violence avec des évènements comme l'incident de Chichibu et l'incident d'Ōsaka (ja) et entrainer l'intervention de l'armée. Les plus modérés vont quitter ces partis, qui dès lors perdent en influence[23]. Toujours en 1885, le gouvernement japonais est très largement critiqué par la population pour son manque d'autorité à l'international lors du Coup d'État de Gapsin en Corée, lors duquel les intérêts du Japon sont engagés face à ceux de la Chine[24].

Le régime s'oriente alors vers une monarchie laissant le pouvoir suprême à l'empereur[25]. Les institutions qui régissent l'Etat, modelées sur le régime des codes, sont réformées en 1885 et un système de cabinets ministériels à l'européenne est adopté. A sa tête est placé le cabinet du premier ministre. Le système des Kazoku et des Shizoku est réformé de manière à préparer l'instauration d'une chambre haute dont les membres proviendrait d'une aristocratie cooptée[26]. Si les débats d'articulent autour de deux modèles de constitutions européennes, l'une britannique et libérale, et l'autre prussienne et autoritaire, le projet développé reflète le rapport de force entre les soutiens de ces deux modèles. La constitution retenue énumère un certain nombre de droits civils et dote le parlement de deux chambres dont l'une est élue au suffrage direct et est autorisée à écrire et rédiger des lois, ainsi que de voter le budget. Cependant c'est à l'empereur que le gouvernement et l'armée répondent[27]

C'est le qu'une constitution est effectivement adoptée et fixe la répartition des pouvoirs[28]. La date est alors choisie pour correspondre à la date anniversaire de la fondation mythologique du Japon par le premier empereur Jinmu et est présenté comme un cadeau accordée par l'empereur à ses sujets[29].

Débuts du parlementarisme japonais (1890 - 1900)[modifier | modifier le code]

Les premières élections législatives de l'histoire du pays se tiennent en juillet 1890, et placent le Jiyūtō et le Rikken Kaishintō en tête de la représentation nationale, rassemblant à eux deux 170 des 300 sièges de la chambre des représentants[30]. Ces deux partis se placent dans l'opposition aux soutiens de l'oligarchie qui tient toujours le pouvoir dans la chambre des pairs et qui décide de la composition du gouvernement. La puissance réelle du Jiyūtō et le Rikken Kaishintō est cependant amoindrie par la faiblesse de leurs bases électorales. Du fait de suffrage censitaire, seul 1% des japonais dispose du droit de vote lors de cette première élection, ce qui amoindrie la légitimité de ces partis, alors que d'autres mouvements de masses existent mais se retrouvent exclus de la représentation démocratique en raison du suffrage censitaire[31].

Les premiers gouvernements formés par l'oligarchie continuent de relever du rapport de forces déjà présent au sein du pouvoir. Les représentants des clans de Satsuma (Matsukata Masayoshi...) et de Chōshū (Yamagata Aritomo, Itō Hirobumi...) se repartissent les postes avec une grande régularité[32]. La chambre des représentants s'oppose régulièrement à ces gouvernements, nommés par l'empereur, dans le but d'obtenir plus de pouvoir pour leur assemblée. L'obstruction passe notamment par le refus de vote du budget tel que présenté par le gouvernement plusieurs années de suite, aspect sur lequel la chambre des représentants dispose de prérogatives[30]. Le gouvernement dispose lui du droit de dissoudre chambre des représentants, ce qu'il fait à plusieurs reprises, mais sans parvenir à faire évoluer le rapport de force. Les mêmes personnes sont réélues élections après élections, et la composition de la chambre des représentants évoluent peu[33]. Le manque d'assise du gouvernent au sein des assemblées le rend faible et instable, sa composition ouverte aux évolutions des rapports de force au sein de l'oligarchie[34].

Le déclenchement de la guerre sino-japonaise en Corée en 1894 suspend provisoirement l'opposition de la chambre des représentants au gouvernement, dans une forme d'union sacrée autour de la figure de l'empereur. En , la contestation par les puissances occidentales de certains points du traité de Shimonoseki mettant fin à la guerre contre la Chine favorise les échanges entre membres de l'oligarchie et responsables de partis de la chambre des représentants[30]. Au sein de l'oligarchie se manifeste une prise de conscience que sans les partis de la chambre des représentants aucune stabilité institutionnelle n'est possible, et au sein des partis de la chambre des représentants c'est la prise de conscience que sans accès au gouvernement aucun accès au pouvoir n'est réalisable. Les deux camps commencent ainsi à passer des alliances ponctuelles de manière à pouvoir étendre respectivement leurs zones de pouvoir[35].

Le premier gouvernement reposant sur une alliance entre oligarchie et un parti de la chambre des représentants est instauré en . Le premier ministre Itō Hirobumi intègre alors le président du Jiyūtō, Itagaki Taisuke, comme ministre de l'intérieur en . La recherche d'alliances entre Oligarchie et partis de la chambre des représentants est renouvelée quatre fois entre 1895 et 1900, et abouti à la formation de trois gouvernements de ce type[36]. Un premier gouvernement reposant exclusivement sur une alliance des partis de la chambre des représentants voit le jour en 1898. Le Kenseitō, parti issu de la fusion du Jiyūtō et du Rikken Kaishintō, soutien la formation d'un gouvernement avec Ōkuma Shigenobu à sa tête comme premier ministre. Si le gouvernement ne tient que quatre mois, il inaugure la pratique des gouvernements reposant sur des partis de la chambre des représentants[37].

Le collège électoral de la chambre des représentants connait une évolution importante en 1900. Le seuil de taxes permettant d'être électeur est abaissé, et le nombre d'électeurs passe ainsi de 502 000 en 1898 à 982 000 en 1900. Les circonscriptions électorales sont aussi modifiées et favorisent la population urbaine au détriment des territoires ruraux[38]. Les rapports entre ahute-administration et élus sont régulés par une série de décrets autour de 1900. Les hauts fonctionnaires n'ont plus accès aux postes de vice-ministres, et le poste de ministre de la guerre est limité aux militaires encore actifs les plus gradés. Le système des dépouilles et le pantouflage sont combattus, et le recrutement pas concours de la fonction publique est renforcé[39].

Ancrage de la pratique parlementaire (1900-1924)[modifier | modifier le code]

Une recomposition politique des partis politiques s'amorce en 1900 lorsque Itō Hirobumi et Hoshi Tōru se rapprochent pour fonder le parti Rikken Seiyūkai, unissant à la fois des anciens membres de la chambre des représentants issus du Kenseitō et des membres de la chambre des pairs de différentes tendances. Ce nouveau parti domine la politique japonaise lors des deux décennies suivantes[40]. Si ce nouveau parti est majoritaire à la chambre des représentants lors de cette période, il doit y composer avec l'opposition de partis plus faibles comme le Kensei Hontō (en). Ces derniers partis peuvent eux compter sur une alliance avec la faction menée par Yamagata Aritomo à la chambre des pairs où elle domine. Ce rapport de force entre ces deux groupes perdurent jusqu'à la fin de l'ère Meiji en 1912[41] Ce fonctionnement gouvernemental et parlementaire s'ancre dans la pratique politique japonaise et, lors de la décennie suivante, de 1901 à 1913, Katsura Tarō et Saionji Kinmochi occupent de façon alternée le poste de Premier ministre pour le compte de ces deux familles politiques[42].

En 1913, un an après le décès de l'empereur Meiji, la crise politique Taishō met fin à cette répartition du pouvoir et ouvre l'époque de la démocratie Taishō[42]. Suite à un conflit avec les dirigeants militaires, le premier ministre Saionji Kinmochi est contraint de démissionner. Il souhaite alors baisser les dépenses de l'armée pour faire baisser les impôts, mais se heurte au refus des militaires de participer au gouvernement[n 2]. C'est Katsura Tarō, un ancien militaire et membre de l'oligarchie, qui lui succède. Il prend la décision de maintenir le budget de l'armée, et prend appuis sur des personnalités de l'oligarchie et proches des anciens clans Satsuma et Chōshū. Katsura doit alors faire face à un mouvement d'opposition mené par des députés d'oppositions. Efficacement relayé par des journalistes issus de l'université Keiō, cette opposition rencontre un échos important dans l'opinion publique, ce qui entraine des émeutes, et des journaux pro-Katsura sont pris pour cibles et mis à sac[43]. L'armée doit reculer, et accepte de participer à un gouvernement sans avoir de garantie sur son budget[44].

Après la crise politique Taishō de 1913 commence une période d'une quinzaine d'années pendant laquelle se renouvelle la culture parlementaire, avec à la clef une ouverture démocratique. La montée en puissance des classes moyennes et du milieu ouvrier favorise l'éclosion de discours critiques sur l'autoritarisme de l'État[44]. De 1900 à 1920, s'opère un recul des factions politiques liées aux anciens clans du Sud-Ouest, à la bureaucratie et aux hauts fonctionnaires. Cet affaiblissement profite aux diplômés de plusieurs universités qui s'imposent dans certains secteurs : la haute fonction publique, la magistrature, et les banques accueillent ceux de l'université impériale de Tokyo, le monde de la presse et celui des affaires ceux de l'université Waseda, et la médecine ceux de l'université Keiō[43]. Une presse libérale s'épanouit et exprime une certaine sympathie envers les revendications chinoises et coréennes lorsque ces pays subissent la répression de l'armée japonaise[45].

La fin des années 1910 sont marquées par plusieurs vagues d'agitations qui vont marquer le régime. Des émeutes du riz éclatent en 1918 qui provoquent la chute du premier ministre Terauchi Masatake[44]. Hara Takashi qui lui succède organise le premier gouvernement duquel ne sont plus présent des représentants de l'oligarchie. Il pousse plusieurs réformes pour faire baisser l'influence de ce groupe, comme le retrait de la gestion des colonies par les militaires[45]. L'agitation sociales prends plusieurs formes. Un premier congrès national des syndicats se tient en , et réclame la semaine de 8 heures et le suffrage universel[44]. Un premier syndicat agricole se structure lui en 1922, et le nombre de conflit entre propriétaires terriens et exploitants agricoles se multiplient[46]. Un premier Parti communiste japonais est créé en 1922, mais est aussitôt interdit par les autorités[45]. En 1925 est votée une loi visant à stopper la montée de l'extrême gauche[47] qui compte huit élus au parlement en 1928, à l'issue de la première élection au suffrage universel. Une police politique est mise en place dans chaque préfecture, et certaines activités politiques deviennent passibles de la peine de mort[48].

L'ère des chefs de partis, instauration du bipartisme, instabilité sur les questions internationales (1924-1932)[modifier | modifier le code]

La gestion de la reconstruction après le séisme qui ravage la région de Tōkyō en 1923 et une tentative d'attentat contre l'empereur la même année ont raison du gouvernent de Yamamoto Gonnohyōe qui démissionne en [49]. Contrairement à la pratique qui commence à s'installer, c'est à Kiyoura Keigo, chef du Conseil privé, que revient la charge de former un gouvernement. Bien que ce gouvernement comporte quelques membres de la chambre des représentants, la majorité des membres provient de la chambre des pairs. Poussé dans une confrontation avec la chambre des représentants, Kiyoura Keigo dissout l'assemblée et appelle à de nouvelles élections. Celle-ci place les représentants de la chambre des représentants en position de force, et c'est le chef du Rikken Seiyūkai, Katō Takaaki qui accède au poste de premier ministre. Dès lors, la pratique de nommer premier ministre le chef du parti dominant à la chambre des représentants s'impose, et est appliquée jusqu'en 1932[50].

Le gouvernement de Katō Takaaki fait aboutir plusieurs réformes importantes. La Loi sur les élections législatives de 1925 instaure le suffrage universel masculin, et la base électorale passe ainsi de 3,3 millions d'électeurs à 12,5 millions d'électeurs. Il doit cependant concéder une série de Lois de préservation de la paix qui durcie le contrôle politique de certains groupes politiques jugés dangereux pour le régime. Les pouvoirs de la chambre des pairs sont aussi un peu amoindris[50]. La première élection législatives organisée selon la nouvelle loi électorale a lieu en 1928. Deux partis s'imposent alors, le Rikken Seiyūkai et le Rikken Minseitō. Ceux vont s'alterner au pouvoir jusqu'en 1940, exerçant au moins en façade la direction du gouvernement[51].

Les gouvernements successifs sont confrontés à des problèmes liés à la situation internationale qui précipitent ou provoquent leurs chutes[52] : la défense des intérêts japonais en Manchourie entraine en juillet 1929 la chute du premier ministre Tanaka Giichi[53], la gestion de la crise économique de 1929 et de la renégotiation du traité naval de Londres font se liguer contre Hamaguchi Osachi une partie de la population et des mouvements nationalistes et abouti à l'attentat qui le prend pour cible en [54]. Wakatsuki Reijirō d'abord opposé à un plus grand engagement militaire en Manchourie est contraint de l'accepter et de le cautionner après un coup de force des militaires lors de l'Incident de Mukden en  ; il finit par démissionner lâcher par ses ministres[55].

Les élections législatives japonaises de 1932 ne parviennent pas à enrayer la perte de légitimité des parlementaires face à l'armée. Le chef du Rikken Minseitō Wakatsuki Reijirō est nommé premier ministre, mais son gouvernement ne parvient pas à mettre fin à l'engrenage de l'intervention en Mandchourie et doit démissionner en . Le gouvernement d'Inukai Tsuyoshi du Rikken Seiyūkai qui lui succède achoppe sur le même problème[56]

La politique sous la coupe des militaires (1932 - 1945)[modifier | modifier le code]

Photo noir et blanc d'une page d'un journal. Un texte et quatre photos.
Article du journal Tokyo Asahi Shimbun sur l'incident du 15 mai 1932, qui aboutit à l'assassinat du premier ministre Inukai Tsuyoshi.

La crise économique de 1929 et la montée des tensions internationales dans les années 1930 mettent lee système politique japonais sous pression[47]. L'entretien d'une armée importante devient un lourd fardeau alors que la situation économique s'aggrave. La montée du communisme aux frontières du pays fait peur à la classe moyenne, et les conservateurs sont perçus comme étant trop proches des conglomérats industriels pour apparaître comme une alternative possible. L'armée a contrario continue d'être perçue comme le moyen d'une ascension sociale, et son discours impérialiste est jugé crédible par certains pour faire face aux difficultés économiques[57]. Dans ce contexte, un courant nationaliste radical, dont les tenants sont souvent issus des rangs de l'armée, fait son chemin en s'opposant au milieu politique en place, qu'il juge trop faible. Ce courant met en place une « stratégie de la tension », et plusieurs coups d'État sont préparés en 1931. Le , une tentative de putsch conduit à l'assassinat du premier ministre Inukai Tsuyoshi. Son remplacement par un militaire met fin au régime des partis existant depuis 1918[58].

Ce nouveau pouvoir nationaliste est traversé par deux tendances : la faction du contrôle se compose de militaires alliés à la bureaucratie, souhaitant orienter l'État vers une économie de guerre en augmentant les dépenses militaires, et la faction de la voie impériale, plus radicale, visant à mettre fin à la domination des partis politiques et des conglomérats industriels sur le pays. Cette dernière faction est à l'origine, le , d'une nouvelle tentative de coup d'État pendant laquelle plusieurs ministres sont assassinés. La partie de l'armée restée loyale au pouvoir tire avantage de l'échec de l'opération en imposant ses vues au sommet de l'État. Elle engage plus encore le pays dans la voie de la guerre, notamment en poussant à l'alliance avec l'Allemagne hitlérienne[59], avec laquelle le Japon signe en novembre 1936 le pacte anti-Komintern. La justice parvient quant à elle à conserver une certaine indépendance vis-à-vis du pouvoir militaire, y compris au plus fort de la Seconde Guerre mondiale[60], mais la presse subit une importante censure, et les opposants au régime comme les libéraux, les socialistes, les journalistes ou les professeurs d'université sont intimidés ou arrêtés[61].

Le Japon en guerre et la fin de l'Empire[modifier | modifier le code]

Au Japon, le conflit n'est pas soutenu par la population, et la censure dissimule au public la violence des combats[62]. Le régime accentue sa répression contre les opposants (socialistes, syndicalistes...), notamment de à [61].

L'occupation américaine et la démocratisation du pays[modifier | modifier le code]

Le , l'empereur Hirohito annonce lors d'une allocution radiophonique la capitulation du pays[63]. Le 17, le prince Naruhiko Higashikuni est chargé de former un gouvernement transitoire afin de gérer le pays en attendant l'arrivée des troupes alliées. Le 2 septembre, Hirohito signe la reddition du pays et des troupes japonaises à bord du cuirassé USS Missouri, et le 8, Douglas MacArthur qui est responsable de l'administration de l'occupation américaine installe son administration à Tokyo, face au palais impérial. Environ 400 000 soldats américains débarquent dans le pays jusqu'à la fin du mois d'octobre de la même année[64]. Dès le 19 septembre, 40 hauts cadres de l'armée dont Hideki Tōjō sont arrêtés, et le 4 octobre, l'occupant se porte garant des libertés civiles des Japonais[65] : près de 2 500 prisonniers politiques sont libérés, le droit de vote est accordé aux femmes, son âge légal est fixé à vingt ans ; la liberté syndicale est réinstaurée, et dès la fin de l'année 400 000 personnes sont adhérentes d'un syndicat[66]. Le système éducatif commence à être réformé dès l'automne 1945[67], et en 1948 le Rescrit impérial sur l'éducation est aboli[68].

Photo noir et blanc de trois rangeés de pupitres d'un parlement devant lesquels sont assises des femmes.
Les premières femmes sont élues au parlement lors des élections législatives japonaises de 1946.

Un nouveau système politique se met en place. Alors que la question de son abdication et celle de son inculpation se posent, l'empereur Hirohito annonce au qu'il renonce à sa nature de « divinité à forme humaine »[66]. Les législatives organisées en avril 1946 débouchent sur un renouvellement profond de la représentation nationale[69]. Une nouvelle constitution est annoncée en , votée le 3 novembre, et entre en vigueur le  : si l'empereur garde une place symbolique, le parlement détient l'essentiel du pouvoir, et les droits de l'homme sont garantis. Son article 9 proclame le renoncement du Japon à la guerre[70]. Début 1946, environ 200 000 personnes sont déclarées inéligibles par l'occupant en raison de leurs liens avec le régime précédent[69]. Les procès de Tokyo jugent de à les anciens responsables du régime[70] ; sur 50 000 inculpés, 10 % sont condamnés, dont 984 à des peines capitales. À l'occasion de ces procès, l'opinion publique japonaise prend connaissance des crimes commis par son armée, comme à Nankin ou à Bataan[71]. Les grands conglomérats que sont les Zaibatsu comme Mitsui ou Sumitomo sont dissous en , et fin 1946, une réforme agraire permet à 80 % des paysans d'accéder à la propriété[67].

Photo noir et blanc d'un homme en costume sombre, assis devant une table blanche, un stylo à la main. Six hommes en costume sombres se tiennent debout derrière lui.
Le traité de San Francisco est signé par Shigeru Yoshida pour le Japon le et met fin à la période de l'occupation.

C'est dans un climat international tendu, que s'ouvrent les négociations du traité de paix. Malgré l'opposition de gauche qui tente d'obtenir la neutralité du pays, et la droite conservatrice de Hatoyama et Kishi qui envisage de reconstituer une armée sitôt l'indépendance recouvrée, le premier ministre Yoshida accepte les conditions américaines qui prévoient l'instauration de bases militaires permanentes dans le pays[72]. Le , 49 États ratifient par écrit le traité de paix avec le Japon[73].

Relations internationales[modifier | modifier le code]

Des occidentaux empêtrés dans leurs crises[modifier | modifier le code]

Faces aux nouvelles poussées occidentales à partir des années 1880[modifier | modifier le code]

La poussée coloniale des puissances européennes reprend dans les années 1880 : les Britanniques colonisent la Birmanie en 1886, les Français l'Indochine de 1884 à 1893, les Américains Hawaï en 1898[74]. La Corée devient un enjeu stratégique pour certains hommes politiques japonais à partir de 1890, et est l'objet d'une guerre contre la Chine en 1894-1895, puis d'une guerre contre la Russie en 1904-1905 — cette dernière concerne aussi le contrôle de la Mandchourie. Victorieux dans les deux cas, le Japon impérial renforce sa position sur l'échiquier international et agrandit son territoire : Taïwan est transformée en colonie en 1905, le Liaodong et la moitié sud de Sakhaline sont acquis en 1905, et en 1910 la Corée devient une colonie japonaise[75]. La superficie du pays s’accroît ainsi de 77 % entre 1894 et 1910[76]. En 1902, pour la première fois, un traité défensif est signé entre le Japon et une puissance occidentale (les Britanniques)[77], et, en 1905, le Japon bat militairement une puissance occidentale (la Russie lors de la bataille de Tsushima)[78]. La modernisation du Japon devient un exemple à suivre en Asie ; le pays attire des étudiants chinois et coréens[79]. La situation se retourne cependant dès 1905, avec l'essor de l'impérialisme japonais en Corée. Les relations entre les deux pays se tendent jusqu'à la colonisation de ce dernier[80].

Recherche d'alliances avec les occidentaux jusqu'à la Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Le Japon densifie ses relations avec les puissances occidentales à l'issue de sa victoire contre la Russie en 1905. Son intervention en 1901 au sein de la coalition militaire contre les Boxers lui a déjà permis d'obtenir quelques concessions en Chine et de gagner en influence[81]. Les traités de Shimonoseki en 1895 et de Portsmouth en 1905 octroient au Japon une certaine reconnaissance de son rang de puissance régionale. L'alliance anglo-japonaise négociée en 1902 est reconduite en 1905 et 1907. La Russie noue elle quatre traités entre 1907 et 1916 ; la France en fait de même avec 1908, suivie par les Etats-Unis en 1908 via les accord Root-Takahira. Le Japon s'intègre ainsi dans le système des puissances déjà en place en Asie sans chercher alors à le remettre en cause. Il se contente de négocier quelques concessions et une d'obtenir une reconnaissance de son rang au sein des puissances internationales[82].

L'éclatement de la révolution chinoise de 1911 fait évoluer les perspectives du Japon, et la situation en Chine devient un point de crispation pour les pouvoirs japonais. Les gouvernements japonais qui se succèdent à l'époque (Saionji, Yamamoto) sont très partagés sur l'attitude à adopter, et son tiraillés par les aspirations incompatibles des plus libéraux et de l'armée. Sun Yat-sen qui s'est réfugié au Japon à partir de 1913 peine à y trouver des soutiens. Cherchant à protéger ses intérêts dans le pays, le gouvernement japonais soumet Vingt et une demandes au gouvernement chinois de Yuan Shikai[83]. Le gouvernement chinois est contraint d'en accepter une partie, et se place alors de fait comme un protectorat du Japon. Cependant, le pouvoir chinois parvient entretemps à trouver du soutient auprès des États-Unis, encore neutre lors la Première Guerre mondiale, qui par la voix de son secrétaire d'État William Jennings Bryan met en garde le Japon contre toute action qui « violerait la souveraineté chinoise ». Le Japon commence ainsi à s'aliéner le gouvernement des États-Unis pour des gains restraints en Chine[84].

L'engagement du Japon pendant la Première Guerre mondiale reste limitée, et essentiellement restreintes aux régions dans lesquels le Japon a alors des intérêts à défendre. Du fait de l'alliance anglo-japonaise, le pays s'engage au coté des alliés. S'il envoi quelques navires légers pour patrouiller en Méditerranée, le Japon est surtout actif en Asie et dans le Pacifique pour combattre les forces allemandes du secteur. La région chinoise du Shandong où les allemands ont une concession est saisi, toute comme leurs colonies des Samoa[83]. Le Japon poursuit son engagement au coté des alliées lors de l'intervention en Sibérie jusqu'en 1922, mais là aussi plus pour la défense de ses intérêts (éviter une propagation du bolchévisme dans la région) que pour des intérêts diplomatiques[85]. Lors de la conférence de paix de 1919, le Japon obtient que le traité de Versailles satisfasse ses revendications sur le Shandong, ce qui conduit le gouvernement chinois à refuser de signer le texte[86] et provoque en Chine un regain d'agitation nationaliste anti-japonaise[81]. Le Japon n'obtient pas que le traité final fasse état d'une égalité entre les races, ce qui rend les responsables japonais méfiants vis-à-vis d'autres concessions qui pourraient leur être demandées[85].

D'une guerre à l'autre au sein de la Société des Nations[modifier | modifier le code]

Le Japon prends part à la création de la Société des Nations, espace qui devient après la Première Guerre mondiale le principal lieu d'exercice de la diplomatie japonaise. Membre influent, un japonais, Nitobe Inazō, est nommé secrétaire-général adjoint[87]. Cependant ni les États-Unis ni l'Union Soviétique n'y sont présents ; le Japon est la seule nation asiatique représentée, ce qui limite l'intérêts de cette organisation pour intervenir dans les problématiques de l'Asie. Les relations bilatérales montrent elles aussi leurs limites. L'alliance anglo-japonaise doit être renouvelée en 1922, mais la grande proximité que le Royaume-Uni entretient avec les États-Unis rend l'intérêt de l'alliance faible. Celle-ci n'est donc pas renouvellée, et c'est dans un traité des quatre puissances que le Japon s'engage, aux coté de la France, du Royaume-Uni, et des États-Unis. De portée plus limité, il vise à satisfaire le Statu quo existant en Asie et dans le Pacifique[88].

Les négociations lors de la conférence navale de Washington qui doit fixer la taille des flottes militaires de chaque pays qui se tient en 1921-1922 est pour le Japon d'obtenir une certaine force de reconnaissance international. Il cherche à obtenir le droit de disposer d'une flotte égale à 70 % des flottes britanniques ou américaines, mais n'obtient qu'un 60 %. Le pays obtient cependant qu'aucune nouvelle base ne soit crée ou agrandie dans le Pacifique, à l'exception de celles présentes à Hawaii, à Singapour, et au Japon. Il obtient aussi que les porte-avions soient exclu de l'accord, ce qui lui permet de reconvertir certains de ses navires amiraux tout en développant cet aspect de sa flotte. Le pays s'engage de plus dans le traité des neuf puissances (en) qui vise à garantir l'intégrité territoriale de la Chine. Le Japon rétrocède ainsi le territoire du Shandong au pays, ce qui permet de normaliser les relations avec les Etats-Unis. Sur le front soviétique le même effort de normalisation des relations est opéré par Gotō Shinpei, et le pays se retire de Sibérie ainsi que de la partie nord de Sakhaline. Une convention de reconnaissance réciproque est signée en 1925. Bien que ces différents traités internationaux soient diversement reçus par l'opinion politique et les militaires, ils sont suivis à la lettre par le Japon et permettent de figer la situation internationale dans la région pour une dizaine d'années[89].

Invasion de la Chine et enlisement[modifier | modifier le code]

Vidéo de 1937 montrant les combats en Chine.
Carte de l'Asie et de l'Océanie, montrant en rouge le Japon et les territoires conquis par celui-ci en Asie de l'Est et en Asie du Sud-Est.
Extension maximale de l'Empire japonais et de la Sphère de coprospérité.

Les choses changent lorsqu'au début des années 1930 un gouvernement lié aux militaires est instauré au Japon. Celui-ci met en place l'État fantoche du Mandchoukouo, puis quitte la Société des Nations en 1933[59]. L'invasion de la Mandchourie en 1931 est le point de départ d'une guerre de quinze ans dont le théâtre d'opération va s'élargir au reste de la Chine à partir de , puis au Pacifique et à tout l'Extrême-Orient à partir de 1941[90]. Le Japon, qui n'a cessé de pousser ses pions en Chine en y soutenant notamment des seigneurs de la guerre, prend pied en Mandchourie en 1931 à la faveur d'un sabotage de ligne de chemin de fer provoquée par des militaires japonais. Le but est alors de former une « zone de sécurité intérieure » pour protéger ses possessions coréennes[91] tout en ayant accès à des terres agraires, et à des ressources comme le fer et le charbon. Un État fantoche, le Mandchoukouo, est créé en 1932 et dirigé de facto par les Japonais[92]. En janvier de la même année, les troupes japonaises s'installent à Shanghai à la suite d'un incident planifié par l'armée. Le gouvernement nippon offre par ailleurs des facilités financières aux fermiers japonais voulant s'établir dans la région, et environ un million d'entre eux viennent s'y installer dans les années 1930[93].

Photographie en noir et blanc d'un homme agenouillé au premier plan, le cou et les épaules dénudés. En arrière-plan un homme portant un uniforme s'apprête à porter un coup de sabre sous le regard de trois autres personnes.
Les troupes japonaises massacrent environ 200 000 Chinois lors du massacre de Nankin.

Une nouvelle phase d'expansion en Chine commence en lorsque la guerre sino-japonaise éclate. Attaquant au nord, et à partir de Shanghai, les troupes nippones se heurtent à celles de Tchang Kaï-chek. Nankin, la capitale du régime nationaliste chinois, est prise le , ce qui donne lieu à des massacres de populations pendant lesquels environ 200 000 personnes sont tuées[94]. Le conflit s'enlise dès le printemps 1938, alors que les Chinois continuent de résister[95].

Face à l'enlisement du conflit en Chine dès 1938, les militaires japonais envisagent deux options. Par idéologie anti-communiste, certains chefs militaires favorisent une « option nord », qui consisterait à attaquer l'URSS de façon à sécuriser leurs possessions au nord. D'autres, tenants d'une « option sud », souhaitent couper les voies d'approvisionnement des nationalistes chinois, et s'en prendre aux colonies européennes (Indochine française, Birmanie britannique, Indes orientales néerlandaises...). Les tenants de la première option ont d'abord gain de cause, et une première série d'escarmouches oppose troupes japonaises et soviétiques à l'été 1938. L'année suivante, les troupes soviétiques surclassent les forces japonaises à la bataille de Khalkhin Gol[96]. La signature du Pacte germano-soviétique le les ayant apparemment privés du soutien potentiel de l'Allemagne nazie, les Japonais renoncent dès l'automne de la même année à attaquer de nouveau l'URSS. Un pacte de non-agression entre les deux pays est finalement signé le . Les victoires allemandes en Europe de l'Ouest, qui entraînent un affaiblissement des puissances coloniales européennes en Asie, ouvrent la voie en 1940 à la réalisation de l'« option sud »[97]. Le Tonkin est envahi en septembre 1940. Le Pacte tripartite est signé le même mois entre le Japon, l'Allemagne, et l'Italie, scellant l'Axe Rome-Berlin-Tokyo. Ces développements sont perçus négativement par les États-Unis qui restreignent leurs exportations de fer et de pétrole vers le Japon[98]. Les troupes japonaises prennent pied dans le Sud de l'Indochine française en , ce qui place leur aviation à portée des possessions anglaises (Malaisie) et américaine (Philippines). En représailles, les États-Unis décrètent un embargo total vis-à-vis du pétrole exporté vers le Japon. Or, ce dernier a besoin de carburant pour mener sa guerre contre la république de Chine. Dans l'espoir de ramener les Américains à la table des négociations, une guerre maritime éclair contre eux est envisagée par les militaires japonais[99].

Guerre totale contre les alliés de 1941 à 1945[modifier | modifier le code]

Photo noir et blanc d'un champignon atomique.
Explosion atomique à Nagasaki, le 9 août 1945.

La guerre du Pacifique commence le [n 3] lorsque les troupes japonaises attaquent simultanément les Britanniques en Malaisie et les Américains à Pearl Harbor. Le conflit mené en Asie par le Japon devient alors partie intégrante de la Seconde Guerre mondiale. Les troupes nippones, qui envahissent dans la foulée les Philippines, Hong Kong, Guam, les Indes orientales néerlandaises, puis la Birmanie, progressent rapidement lors des mois suivants en remportant victoire sur victoire[100]. Dès la mi-1942 cependant, leur progression est stoppée, et l'armée japonaise subit ses premiers revers, comme à Midway, en juin[101]. À partir de la fin de la bataille de Guadalcanal en , les Japonais sont contraints à mener une guerre défensive contre les Alliés[102]. La prise de Saipan en place le Japon à portée des bombardiers américains[103]. Un peu moins d'un demi-million de civils japonais seront victimes de ceux-ci au cours des attaques aériennes américaines au-dessus de l'archipel[104]. L'île d'Okinawa est conquise par les Américains entre avril et , mais ceux-ci enregistrent de lourdes pertes[105]. Alors qu'un plan d'invasion du Japon est mis au point par les Américains, la décision est finalement prise d'utiliser l'arme nucléaire nouvellement développée pour contraindre le pays à la reddition. Hiroshima est bombardée le 6 août, et Nagasaki le 9 août[106]. Les Soviétiques envahissent la Mandchourie, au cours d'une offensive qui coûte également au Japon sa colonie coréenne, le Nord de Sakhaline et les Îles Kouriles. Militairement défait, le pays sort exsangue du conflit : quelque 2,7 millions de Japonais ont péri[107], 42 % du tissu industriel urbain sont anéantis, et la moitié de la surface des grandes villes est en ruine[108].

Économie[modifier | modifier le code]

Premières initiatives étatiques au début de l'ère Meiji[modifier | modifier le code]

L'industrie est modernisée en ayant recours au modèle des manufactures d'État. Des usines sont créées ex nihilo grâce à du matériel acheté à crédit à l'étranger, et des usines plus anciennes créées par des daimyō ou l'administration shogunale sont reprises par l’État[109]. Le développement de Hokkaidō est aussi décidé. Les évolutions sociales rapides sont cependant à l'origine de révoltes parmi les samouraïs, comme en 1874 à Saga, et en 1877 à Satsuma qui font peser sur l'État de nouvelles dépenses[110]. Pour faire face aux déficits budgétaires causés par de nombreuses dépenses, l'état et les banques ont recours à de nombreuses émissions de monnaies, ce qui fait plonger la valeur des billets en circulation face aux pièces d'argents. En 1880 les billets se voient imposer un cours forcé, et la même année un frein est donné aux dépenses visant au développement industriel[25]. Cette crise monétaire fait passer le pays en dépression de 1881 à 1886, que le ministre des fiances Matsukata Masayoshi doit affronter. Les dépenses de l'État sont réduite, et plusieurs impôts instaurés, dont l'impôt sur le revenu en 1887. La Banque du Japon est créée en 1882, ce qui permet d'assurer la conversion des billets émis auparavant en pièces d'argent, et ainsi d'assainir la situation financière[111].

Les entreprises créées par l'État au début de l'ère Meiji sont privatisées dix ans après leurs création, ce qui permet au gouvernement de dégager des liquidités Des conglomérats comme Mitsubishi ou Mitsui se renforcent par ce biais, le plus souvent à très bon compte[112]. Ces entreprises nationales créées dans les années 1870 concentrent leurs activité dans le domaine de la construction navale, les arsenaux, les mines. Des initiatives sont aussi prises par l’État pour construire des usines produisant du ciment, de verre, et des lainages[113].

La production agricole connait quelques gains entre les années 1860 et les années 1890. Bien que la population augmente de près d'un tiers sur la période, le pays reste exportateurs de produits agricoles. La surface cultivée augmente de près de 100 000 hectares de rizières, et de 80 000 hectares de terres agricoles sèches, la moitié de cette dernière surface grâce à la mise en valeur de Hokkaidō. L'amélioration des transports et le déploiement d'entrepôts plus moderne permet aussi de réduire les pertes alimentaires[114].

La production minière est rapidement vue comme une priorité de manière à permettre d'alimenter des nouvelles usines. Sous l'impulsion de personnalités comme Inoue Kaoru, l'état fait l'acquisition de mines de manière à les moderniser. Des écoles dans lesquelles des conseillers étrangers sont employées ouvrent pour former les mineurs. L'usage d'outils modernes comme des pompes à vapeurs ou des explosifs se développe. La production de charbon passe ainsi de 400 000 tonnes dans les années 1860 à 2 600 000 tonnes en 1890. La production de cuivre passe elle de 1 000 tonnes à 29 400 tonnes entre 1860 et 1900[115].

Des infrastructures modernes commencent à être déployées à l'échelle du pays. Plus de 3 000 km de lignes de chemin de fer sont construites en 1895, la plupart à l'initiative d'investisseurs privés. À la même date 6 000 km de lignes télégraphiques parcourt le pays. Le pays développe aussi une marine marchande à partir des années 1870, et qui permet aux japonais de contrôler 14 % des flux rentrants dans les ports du pays[115].

Le pays continue d'être dépendant de l'occident pour plusieurs de ses importations, comme des machines-outils, de l'acier, des l'équipement militaire. Le pays importe aussi de grandes quantité de balles de coton pour ses usines de tissu. Le Japon exporte ensuite ces cotonnades qui représentent 42 % de toutes ses exportations au début des années 1890[113].

Forte croissance dans la seconde moitié de l'ère Meiji[modifier | modifier le code]

L'économie japonaise connait une phase de forte croissance dans la seconde moitié du l'ère Meiji. Le revenu national brut connait une croissance de 4% en moyenne par an entre 1880 et 1914. Cette tendance est d'autant plus forte entre 1895 et 1905, la production industrielle doublant lors de cette période. Le secteur textile représente une part importante de cette production, et joue un rôle de moteur pour le reste du secteur industriel. 67 % des ouvriers y travaillent en 1900, et la production du pays étant à la quatrième place mondiale en 1913[76]. L'industrie lourde bénéficie du déclenchement de la guerre russo-japonaise en 1904, mais aussi de l'essor des chemins de fer dans le pays. La production passe de 7 000 tonnes d'acier en 1901 à 70 000 tonnes d'acier en 1906 à 500 000 tonnes en 1919[116]. La part des actifs travaillant pour l'industrie passe de 6% en 1880 à 20% en 1920[76]. En 1918, c'est la part de la production industrielle qui dépasse la part de la production agricole dans le revenu national brut[116].

Le développement de l'industrie lourde japonaise se fait avec quelques particularités. L'import de matières premières de l'étranger (comme le charbon et le fer) comme principales sources d'approvisionnement permet à des aciéries comme celles de Yahata (ouverte en 1901) de propérer au delà de ce que la production locale permet. Celle-ci est alors approvisionnée essentiellement par des minerais venant de Chine ou de Corée, préfigurant la logistique industrielle qui se met en place par la suite lors de l'exploitation des colonies japonaises[117]. La transition de la machine à vapeur vers l'électricité est aussi rapide au Japon[118]. Dès 1887 une première centrale électrique au charbon ouvre à Tokyo, et la première centrale hydroélectrique ouvre près de Kyoto en 1891. 2,3 millions de foyers ont accès à l'électricité en 1913, et ce chiffre double dès 1917. Toujours en 1917 l'électricité dépasse la vapeur en puissance utilisée dans les usines du pays[119]. L'électricité permet à certaines productions comme celle de fertilisants de se développer, mais aussi permet via la généralisation des ampoules électriques aux usines de fonctionner de nuit[120].

La hausse de la production se fait souvent au détriment des travailleurs des différents secteurs. Dans l'agriculture, près de la moitié des terres sont exploitées par des fermiers qui ne possède pas la terre, et qui doivent reverser parfois près de 60 % à leurs propriétaires. Dans le secteur textile où la mains d’œuvre est principalement féminine, les salaires sont particulièrement bas, et les conditions de travail et d'hébergement le plus souvent insalubre[121]. Les conditions ne sont guère différentes dans le secteur minier, et des sites comme les mine de cuivre d'Ashio jouissent d'une très mauvaise réputation. Face à ces conditions de travail, le recrutement devient de plus en plus difficile, alors que les besoins de production augmentent. De nombreux ouvriers n'hésitent pas à fuir dans les grands centres urbains, ou même à l'étranger au Brésil ou à Hawaii[122].

Un mouvement ouvrier se constitue à la même époque, réclamant la mise en œuvre d'un droit du travail, et une amélioration des rémunérations et des conditions de travail. Des grèves éclatent dans le secteur de la métallurgie (1897) et des chemins de fer (1898), et un premier syndicat clandestin est créé en 1898 dans le secteur de l'imprimerie[122]. La réponse des autorités est initialement violente. Des lois sont passées en 1900 pour restreindre les possibilité de manifester et de se regrouper, et l'armée et les Yakuza sont régulièrement utilisés pour réprimer les grèves. La situation se tend en particulier après l'Incident de haute trahison en 1911 qui voit une douzaine d'anarchistes tenter d'assassiner l'empereur[123]. Ce n'est qu'à partir de 1916 qu'une législation du travail est appliquée (votée en 1912). Celle-ci met l'accent sur les conditions de travail plus que sur les salaires, et vise par ce biais à développer par ce biais la fidélité de l'ouvrier envers son employeur, dans une optique confucéenne[124]. On fixe alors à 12 ans l'âge minimum pour travailler, et à 12 heures la durée maximale du travail journalier pour les femmes et les enfants[125].

Des crises de l'ère Taishō à la crise de 1929[modifier | modifier le code]

Le Japon bénéficie économiquement de la Première Guerre mondiale, en fournissant du matériel aux alliés, notamment des bateaux (le chiffre d'affaires des constructeurs est multiplié par dix entre 1914 et 1919), mais aussi en captant de nouveaux marchés internationaux jusque-là dominés par les occidentaux (fournitures de cotonnades en Chine et en Inde notamment). Le produit national brut augmente ainsi globalement de 20 % entre 1917 et 1920[126]. La balance commerciale du pays devient momentanément bénéficière ; elle passe ainsi d'un déficit d'un milliards de yens en 1913 à un excédent de deux milliards de yens en 1920. Sitôt le choc du conflit absorbé par les puissance occidentales, la balance commerciale du Japon redevient déficitaire[127], et un certain marasme consécutif à dépression de 1920-1921 s'installe. Les prix de certaines denrées comme le riz, les cotons, et la soie s'effondrent sur les marchés, ce qui entraine des faillites, et fragilise les zaibatsu les plus petits comme Furukawa Group (en). Lorsque la situation économique japonaise se stabilise en 1922, plusieurs incidents financiers éclatent, comme la faillite d'une douzaine de banques locales et la ruine du spéculateur Sadashichi Ishii (ja), ce qui prolonge une certaine tension sur les marchés[128].

Cet essor rapide pendant la Première Guerre mondiale se fait cependant au détriment de la population. L'inflation augmente rapidement les prix des produits alimentaires, comme le riz qui double pendant l'été 1918, ce qui est à l'origine de quelques 497 émeutes du riz dans tout le pays[129]. Cette agitation qui mobilise jusqu'à un million de personne dynamise les premiers syndicats japonais d'ampleur nationale, qui ont commencé à se structurer dans la clandestinité dès 1916 ; un premier congrès national de ces syndicats est organisés en , qui relait divers revendications, de la reconnaissance officielle des syndicats jusqu'à la journée de 8 heures[44]. Un premier syndicat ouvrier officiel est ainsi créé en 1922, la fédération générale des travailleurs japonais (ja) (ou Sōdōmei), alors que le mouvement ouvrier commence à être parcouru pour une division entre réformistes et révolutionnaires. Un syndicat de fermiers est constitué lui aussi en 1922 alors que les conflits entre propriétaires et fermiers se multiplient[46].

Le séisme du Kantō de 1923 qui ravage Tokyo plonge le pays dans la crise économique. Pour financer la reconstruction, des « bons d'obligation du séisme » sont émis par la banque du Japon[130]. La chute des exportations provoquées par ces destructions conjuguées à la hausse des importations rendues nécessaires pour assurer la reconstruction de la capitale provoque une chute du taux de change de la monnaie. Lorsque le gouvernement doit emprunter sur les marchés étrangers en 1924, les taux d'intérêts négociés auprès de banques américaines et britanniques sont très importants[131]. Le remboursement de ceux-ci provoque indirectement en 1927 la faillite d'une banque de Kōbe, dont l'effondrement va provoquer la faillite d'une quarantaine de banques régionales[130] et de trois banques majeures, ainsi que la chute du gouvernement Wakatsuki. Une panique bancaire gagne alors le pays (près de 11 % de tous les dépôts sont retirés), et le gouvernement doit imposer un moratoire des paiements pendant 20 jours. L'éclatement de cette crise financière Shōwa va marquer durablement le pays et affaiblir ses finances juste après l'éclatement de la crise mondiale de 1929[132]. Une loi sur les banques est passée en 1927 qui contraint les banques les plus petites à fusionner, leur nombre passe ainsi de 1 575 en 1926 à 651 en 1932. Si de nombreuses petites entreprises sont affaiblies ou périclitent, les plus gros zaibatsu comme Mitsubishi, Mitsui, Sumitomo et Yasuda en profitent pour se lancer de nombreuses acquisitions et sont alors au sommet de leurs influences[133].

Pendant cette période les gouvernements successifs se montrent assez souvent interventionnistes et protectionnistes . Ainsi lorsque des entreprises textiles se constituent en cartels en 1920 pour racheter et détruite les invendus de manière à stabiliser les prix, le gouvernement consent à des prêts à très faible intérêt. Le gouvernement intervient directement sur le marché du riz en 1921 en achetant et vendant des grandes quantités de la production pour stabiliser le marché. Le parti Rikken Seiyūkai qui est au pouvoir de 1918 à 1922 va de plus lancer une vague d'investissements dans les infrastructures dans les régions périphériques du pays, sous l'impulsion du ministre des finances Takahashi Korekiyo, ce qui lui permet d'y renforcer son poids politique. Lorsque le parti d'opposition Kenseikai arrive au pouvoir en 1924, cette politique d'investissement dans les régions est maintenue, bien que le parti fait alors la promotion de l'équilibre des dépenses[134]. Ces investissements permettent de faire émerger de grande régions d'industries lourdes entre Tokyo et Yokohama et entre Ōsaka et Kōbe, bénéficiant notamment de la généralisation de la fourniture d'électricité (aciéries, productions d'engrais...)[135]. En 1935, 89 % des foyers japonais ont ainsi accès à l'électricité, contre 68 % des foyers américains, et 44 des foyers britanniques[136].

Des crises de 1929 et 1930 à la reprise économique[modifier | modifier le code]

La convertibilité du yen en or, abandonnée lors de la Première Guerre mondiale, fait l'objet de plusieurs tentatives infructueuses de réinstauration lors des années 1920. Les nombreuses maisons de négoce en particulier font pression sur les gouvernements successifs dans ce sens, un yen fort leur permettant d'acheter à moindre coût à l'étranger[53]. Les conséquences du krach de 1929 sont encore mal identifiées, et le ministre de l'économie Junnosuke Inoue prend la décision de réinstaurer la convertibilité du yen en or en . L'économie japonaise doit alors faire face à un double choc à partir de 1930 : perte de compétitivité de ses industries en raison de sa monnaie, et perte de débouchés en raison de la dépression économique qui touche plusieurs de ses marchés extérieurs. L'industrie minière licencie jusqu'à 40 % des mineurs, et dans l'industrie textile des baisses de salaire pouvant atteindre les 40 % provoquent de nombreuses grèves[137]. La production agricole enregistre aussi des baisses des prix de vente importantes : jusqu'à 66 % pour le coton, et jusqu'à 50 % pour le riz[138]. Pour faire face à cette double crise, le gouvernement opte pour laisser l'industrie se réguler d'elle-même ; des cartels se forment alors pour réduire la production et maintenir les prix, favorisés en ce sens par une loi en 1931[137]. Il adopte aussi une très grande rigueur budgétaire et réduit fortement les dépenses de l'État. Ces politiques très impopulaires au sein de la population causent de nombreux troubles. Le parti Rikken Minseitō perd définitivement le pouvoir lors des élections législatives de 1932, et le Rikken Seiyūkai forme une nouvelle coalition[139].

Takahashi Korekiyo est ministre de l'économie pour l'essentiel de la période 1931-1936, et instaure une politique proche du keynésianisme articulée autour d'une baisse des taux d'intérêt et des taux de change, ainsi qu'une hausse de la dépense publique[140]. Il laisse le yen se dévaluer face au dollar, le taux de change passant de 100 yens pour 50 dollars à 100 yens pour 20 dollars fin 1932. Les taux d'intérêt accordés aux banques passent eux de 6.6 % à 3.7 % de 1932 à 1933. Les dépenses de l'État passent elles de 1 480 milliards de yen en 1931 à 2 250 milliards de yen en 1933 et se stabilisent à ce niveau les années suivantes ; l'armée et les dépenses ciblant les campagnes sont favorisées par cette hausse[141].

Ces « politiques Takahashi » permettent de dynamiser les exportations japonaises, notamment dans le secteur textile, mais ceci provoque la mise en place de nombreuses mesures protectionnistes à l'étranger vis-à-vis de produits japonais[140]. La baisse du taux de change rend lui les importations plus chères, ce qui permet à certaines industries nationales comme l'industrie chimique et l'industrie lourde de redevenir compétitives dans le pays. Des industries en profitent pour se moderniser et atteindre les meilleurs standards internationaux dans plusieurs domaines : la production de viscose pour Toyo Rayon ou Asahi Bemberg, les machines-outils électriques pour Toshiba et Hitachi, ou encore la production aéronautique grâce à des financements de l'armée[142].

Une nouvelle génération de zaibatsu s'affirme lors de cette période, comportant des firmes comme Nissan, Shōwa Denkō, Nippon Soda (en), ou encore Nakajima[142]. Ils ont en commun d'être constitués autour des nouvelles technologies de l'époque, et d'être dirigés non pas par des gestionnaires mais par des ingénieurs ou des militaires[143]. Sans lien avec les zaibatsu plus anciens, et donc sans leurs accès aux financements des banques, ils bénéficient pour leurs développement de nombreux prêts de l'État[144]. De nombreux cartels voient le jour entre 1932 et 1933 dans de nombreux domaines comme l'industrie papetière, la production électrique, la finance, les brasseries... S'ils permettent d'augmenter les prix de vente et donc de consolider financièrement ces entreprises, leurs situations monopolistiques attirent de nombreuses critiques, ce qui pousse le gouvernement à faire voter en 1936 une loi pour les dissoudre[145].

Une économie de guerre à partir de 1936[modifier | modifier le code]

L'assassinat du ministre de l'économie Takahashi Korekiyo et d'une partie du gouvernement le 26 février 1936 par des militaires de la Kōdōha fait évoluer drastiquement la politique économique du gouvernement japonais. Takahashi était parvenu à maintenir sous contrôle les dépenses militaires depuis 1934 ; ses successeurs, sans possibilité de s'opposer au nouveau pouvoir militaire, vont augmenter les dépenses militaires en votant des plans d'armements pluriannuels. Dès 1937 les dépenses de l'État augmentent de près de 40 %[145]. Lorsque Konoe devient premier ministre en 1937, trois priorités économiques sont arrêtées : équilibre de la balance des paiements, essor des dépenses militaires, et la régulation de l'offre et la demande des biens de consommation en fixant des limites aux importations et exportation de certaines ressources. Dès le déclenchement de la Seconde guerre sino-japonaise en un contrôle drastique de l'ensemble de l'économie s'enclenche[146]. Dès lors l'ensemble de l'économie nationale est organisée pour satisfaire aux besoins de l'armée, et les pénuries de certaines ressources comme le pétrole commencent à toucher le pays[147].

La loi de mobilisation générale de l'État votée par la Diète en permet aux gouvernements de nationaliser les entreprises et les mines, de décider des allocations de ressources financières et de matières premières aux entreprises, ainsi que de pouvoir recruter de force la mains d'œuvre et de décider comme bon lui semble les conditions de travail[147]. Le Japon rentre ainsi rapidement dans une économie de guerre. Un rationnement du riz et du sucre est décrété en 1940 ; des prix fixes sont décrétés, mais ne font que stimuler le marché noir[148]. Les entreprises japonaises implantées en Mandchourie et dans le nord de la Chine sont largement mise à contribution pour fournir les matériaux nécessaires à la machine de guerre japonaise. Des pénuries apparaissent dans les chaines d'approvisionnement. En 1939 le traité commerciale entre la Japon et les Etats-Unis est abrogé par ce dernier, ce qui permet à son gouvernent de décider d'embargo sur certaines matières premières critiques (fer et acier en 1940, pétrole en 1941). Le déclenchement de la guerre en Europe la même année perturbe l'approvisionnement de certains biens. Enfin, les stocks d'or et de devises étrangères que possède encore la banque du Japon sont presque épuisés en 1940, ce qui empêche le pays d'acheter des ressources en dehors de sa zone d'influence économique. L'effondrement de plusieurs puissances coloniales européennes comme les Pays-Bas et la France rends leurs colonies asiatiques vulnérables, et les militaires commencent à préparer des plans d'invasions dans le but d'accéder à certaines ressources (pétrole, caoutchouc, et étain dans les Indes orientales néerlandaises notamment)[149].

Les succès que rencontre dans un premier temps le Japon contre les occidentaux en Asie du sud-est et dans le Pacifique à partir de la fin-1941 retarde la mise en œuvre de mesures économiques plus drastiques. Par excès d'optimisme, les dirigeants japonais pensent pouvoir matérialiser la sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale et s'en servir pour combler leurs besoins. Ce n'est qu'à l'automne 1942 que des mesures supplémentaires sont prises. La production en armes et équipement militaires devient la principales priorité. La production d'avions passe de 6 174 unités en 1941 à 26 507 unités en 1944, et la production de bateaux passe elle de 201 000 à 408 000 tonnes sur la même période. A partir de l'été 1944 et la défaite de la bataille de Saipan l'approvisionnement depuis le sud-est asiatique cesse, et le Japon ne peut plus compter que sur le nord de la Chine, la Mandchourie et la Corée pour son approvisionnement[150]. Le besoin en matériaux est tels que des équipements non prioritaires sont sacrifiés pour faire face à la demande : des rails de tramway ou des cloches de temples sont fondus pour en faire des munitions, et des machines d'usines textiles reconvertis pour les produire[151]. Les ouvriers des usines qui ne peuvent plus fonctionner sont réquisitionnés pour travailler dans les mines et les usines d'armements, et à partir de 1944 les étudiants et les lycéens sont eux aussi mis au travail pour soutenir l'effort de guerre[152].

La production agricole vacille dès 1937. Du fait des réquisitions de main d'œuvre, la population agricole baisse de 7,4 % entre 1937 et 1939, baisse touchant en particulier les hommes de 16 à 35 ans, et continue de baisser tout au long de la guerre. Le manque d'équipements agricoles, de fertilisants chimiques, ainsi que de pétrole contribuent grandement à faire chuter la production[153]. La Corée est elle touchée par une série de sécheresses à partir de 1940 et les importations de riz depuis cette colonie sont divisées par deux. Le gouvernement japonais voit alors dans le développement de la Manchourie la solution à ses problèmes d'approvisionnement, mais là aussi la production agricole baisse en dépit de plusieurs plans de développement[154]. La famine touche à la fois la population de l'archipel, mais aussi celles des pays occupés. Plus d'un million de Vietnamiens meurt de famine en 1945, et les soldats japonais meurts d'avantage de malnutrition que du fait des combats[155].

Les conquêtes du Japon sont exploitées de différentes manières. Les mines de fer de Malaisie sont remises en activité dès décembre 1941, mais elles ne produisent en 1942 plus que le dixième de le production d'avant guerre. Les puits de pétrole de Sumatra sont eux relancés avec un certain succès, mais les problèmes de logistique ne permettent pas d'en faire profiter le Japon. Le population locale est aussi utilisée comme main d'œuvre, dans des conditions qui peuvent être très dures. Plus du tiers des 400 000 mineurs travaillant à l'extraction de charbon au Japon à la fin de la guerre sont coréens, chinois, ou prisonniers de guerre, la plupart gravement sous-alimentés et soumis à des conditions très rudes[156].

Les derniers mois de la guerre mettent à mal l'ensemble de l'appareil de production. Les bombardements américains touchent l'archipel massivement à partir de mi-1944. Complexes industriels et centres urbains connaissent des destructions importantes. L'invasion soviétique de la Mandchourie en coupe le Japon d'un important centre d'approvisionnement. 80 % d ela flotte maritime japonaise est perdue à la fin de la guerre, tout comme 25 % de l'ensemble de ses bâtiments, et 34 % de ses outils de production industrielle. Plus largement le Japon est coupé de toute ses sources d'approvisionnement en nourriture et en matière premières sur lesquelles il a batti son modèle économique depuis le début de la période impériale[157].

L'empire et ses limites : Aires d'influences, colonies, marges, migrations[modifier | modifier le code]

Intégration des marges : Hokkaidō et Okinawa[modifier | modifier le code]

Les colonies[modifier | modifier le code]

La sphère d'influence de l'empire[modifier | modifier le code]

Emigrations japonaises[modifier | modifier le code]

Avec l'ère Meiji prend fin l'interdiction faite aux Japonais de se rendre à l'étranger. De nombreux travailleurs en profitent pour aller chercher du travail à l'étranger. Ce flux de migrants est continuel pendant la période, mais leurs destination évoluent en fonction des priorités du gouvernement japonais et des gouvernements locaux[158].

Lors de l'ère Meiji, c'est d'abord vers Hawaii que les travailleurs japonais s'orientent, avant de gagner aussi la côte ouest des Etats-Unis, en particulier la Californie, mais aussi la région de Vancouver[158]. Les japonais y rencontrent cependant un rejet des populations locales, et plusieurs mesures légales sont prises au fils du temps pour limiter leurs possibilités d'émigration et d'intégration. Les accord nippo-américain de 1907 vont jusqu'à pousser le gouvernent japonais à prendre des mesures pour empêcher ses ressortissants à émigrer aux Etats-Unis, sur demande du gouvernement de ce pays. Des tensions entre Etats-Unis et Japon sur cette question resurgissent dans les années 1920 lorsque un mouvement anti-asiatiques obtient la mise en œuvre de nouvelles mesures. Une quinzaine d'Etats font passer des lois pour interdire la possession de propriétés par des Japonais à partir de 1920. Le congrès adopte en 1921 des quotas d'immigration très défavorables aux japonais, la Cour suprême juge les japonais inéligible à la citoyenneté américaine, et la loi d'immigration Johnson-Reed de 1924 restreint de manière encore plus drastique l'immigration japonaise dans le pays[89]. Toutes ce mesures catalyse à partir des années 1920 la défiance existante entre responsables japonais et américains[159]. Ainsi, si le nombre de japonais présents sur le contient passe de 76 709 à 131 357 en 1909 et 1924, il redescend et se stabilise autour 111 184 en 1936 ; A Hawai la situation est différente, le nombre de japonais continuant de croitre sur la même période, passant de 65 760 en 1909 à 123 036 en 1924, puis progressant à 152 199 en 1936[160].

L'amérique du Sud, le Pérou et le Brézil en particulier deviennent des destinations importantes à partir du milieu des années 1920. Le nombre de japonais au Pérou passe ainsi de 9 864 à 22 570 entre 1924 et 1936, et au Brézil[158] leur nombre passe lui de 605 en 1909 à 41 774 en 1924 puis à 193 057 en 1936[160]. La Mandchourie, qui est transformé en Etat fantoche dirigé par l'armée japonaise, est aussi une destination importante à partir des années 1930[158], et le nombre de japonais y passe de 31 427 en 1909 à 93 223 en 1924 puis à 376 036 en 1936[160].

Minorités au Japon et dans l'Empire[modifier | modifier le code]

D'autres parties de la population sont en quête d'une reconnaissance sociale : Burakumin, Aïnous, migrants Coréens... et tendent à se regrouper en associations pour défendre leurs intérêts[161]. Ces derniers, venus chercher du travail dans l'archipel, passent de 1 000 en 1910, à 300 000 en 1930, puis à environ 1 million en 1940[162].


Société[modifier | modifier le code]

Démographie[modifier | modifier le code]

Photographie aérienne en noir et blanc d'un quartier de Tokyo.
Vue aérienne du quartier d'Akihabara à Tokyo en 1889.

Après une période de stabilité démographique à la fin de l'ère Edo, la population repart à la hausse en passant de 30 à 50 millions de personnes entre 1870 et 1915, soutenue par une baisse de la mortalité infantile, et une hausse des naissances et de l'espérance de vie. Cette croissance est rendue possible grâce à l'augmentation des importations de riz et la mise en valeur de terres arables à Hokkaidō[42] (la surface des champs y passant de 45 000 à 750 000 chō de 1890 à 1920, et la surface des rizières de 2 000 à 83 000 chō sur la même période). La part de la population citadine connaît aussi une hausse : 28 % des Japonais vivent dans des villes de plus de 10 000 habitants, contre 16 % en 1893. Tokyo atteint les 2 millions d'habitants et Osaka 1 million en 1903, cette dernière triplant sa taille en un demi-siècle. Cet essor de la population urbaine entraîne une baisse du poids de l'agriculture dans le PIB du pays, celui-ci passe de 45 % en 1885 à 32 % en 1914[163].

Entre 1914 et 1940, la population continue de croître, passant de 51 millions d'habitants à 70 millions. Alors que 28 % des Japonais vivent dans une ville de plus de 10 000 habitants en 1913, ils sont en 1940 29 % à vivre dans une ville de plus de 100 000 habitants. Tokyo passe de deux millions d'habitants en 1905 à 5,5 millions en 1935, se hissant au même niveau que Londres ou New York[164]. Cette poussée démographique est aussi notable à Hokkaidō qui, de région nouvellement colonisée, se peuple jusqu'à atteindre un niveau comparable aux autres régions de peuplement plus ancien. De 1 800 000 habitants en 1913, sa population passe à 3 millions en 1940, et son réseau urbain se structure autour de trois villes de plus de 100 000 habitants : Hakodate, Sapporo, et Muroran[165]. La question de la surpopulation devient un enjeu politique à partir du milieu des années 1910. Alors qu'une féministe comme Shidzue Katō préconise le contrôle des naissances, des leaders politiques s'y opposent, y voyant une menace pour la vigueur de l'industrie et du colonialisme japonais[166]. À la fin des années 1930, on dénombre plus de deux millions de Japonais dans les colonies du pays et un million vivant dans d'autres pays[167].

Enseignement[modifier | modifier le code]

Mori Arinori, premier ministre de l'éducation (de 1885 à 1889), souvent crédité pour la mise en place d'un système scolaire moderne.
Photo noir et blanc d'un bâtiment en pierre étendu sur toute la largeur du cliché, avec une tour centrale exhibant une horloge sur chaque façade visible, sur fond de ciel clair.
L'université impériale de Tokyo fondée en 1877 inaugure la mise en place d'un système universitaire prenant comme modèle les équivalents occidentaux.

Un Ministère de l'Éducation est créé en 1871, avec la charge de mettre en place un système éducatif à l'échelle du pays[168]. L'éducation de la population est une des priorité du régime, qui la voit comme un prérequis à la modernisation du pays[169]. Une éducation primaire obligatoire de quatre ans est instaurée. Malgré un budget insuffisant, des résultats sont assez rapidement enregistrés. Une enquête de 1875 relève que près de 20 000 écoles primaires sont en activité, mais opèrent dans des conditions matérielles assez variées : 40 % sont hébergées dans des temples bouddhistes (souvent d'anciennes Terakoya), 33 % dans des maisons de particuliers, et 18 % dans des bâtiments nouveaux destinés à l'éducation[168]. La scolarisation est aussi marquée par un déficit de l'éducation des filles. Toujours en 1875, seules 20 % d'entre elles sont scolarisées, contre 50 % pour les garçons, ce retard ne sera rattrapé que vers 1900[169]. L'alphabétisation progresse assez lentement, l'absentéisme pouvant être élevé. En 1892, une enquête de l'armée indique que 27 % des recrues sont totalement illettrées, et 34 % le sont partiellement[170]. Plus largement, l'efficacité des politiques décidées au ministère se heurte à l'autonomie encore grande des autorités locales, le contenu des cours pouvant grandement varié d'une école à une autre[171]. Bien que l'éducation soit obligatoire, son financement reste à la charge des familles et des collectivités locales. Les familles sont aussi réticentes à l'idée de laisser leurs enfants aller à l'école, alors qu'ils peuvent travailler pour financer les besoins de la famille[168].

Pour pallier les différents écueils enregistrés lors des premières années, et dans le cadre de la réorganisation du gouvernement en cabinet, un premier ministre de l'éducation est nommé en 1885, Mori Arinori. Celui-ci réforme le système éducatif, qui va prendre une forme qui va perdurer jusqu'à la fin de la période impériale. Très centralisé[172], il voit se créer à son sommet un système universitaire public, avec la constitution d'un réseau d'universités impériales [n 4]dans les plus grandes villes du pays[173]. Mori met aussi en place une école de formation des enseignants à Tokyo, de manière à uniformiser leur formation et à s'assurer de leur loyauté envers l'État et non envers un pouvoir local[174]. En 1890, le Rescrit impérial sur l'éducation vient fournir un cadre morale à l'éducation[175]. La taux de scolarisation monte à 69 % dès 1898, et est presque de 100 % à la fin de l'ère Meiji. La durée de scolarité obligatoire est étendue à six ans en 1907[176].

Le début de l'ère Meiji voit aussi s'ouvrir de très nombreuses écoles privées, dont le cursus est destiné à l'enseignement de l'anglais et/ou de savoirs occidentaux. Si la plupart périclitent, certaines vont évoluer pour constituer les premières universités privées. Ces écoles sont en majeure partie situées à Tokyo, mais des centres culturels importants comme Kyoto sont aussi concernées. Si elles ont surtout le fait de formateurs japonais, certaines comme Dōshisha à Kyoto sont liées à divers mouvements chrétiens[177]. D'autres comme Waseda ou Keiō sont liées à des personnalités politiques ou intellectuelles[178].

Une jeunesse de plus en plus éduquée voit toutefois se réduire les possibilités d'ascension sociale par le biais de l'éducation, puisque seul le nombre de postes subalternes augmente dans les entreprises dans les années 1890[179]. Cette population éduquée bénéficie dans le même temps d'un plus large accès aux écrits de journalistes et de critiques[180]. L'enseignement supérieur accueille aussi de plus en plus d'étudiants : de 9 695 en 1915, leur nombre passe à 81 999 en 1940[181]. Ce développement de l'enseignement supérieur est encouragé par la Loi sur l'université de 1918 qui permet à plusieurs écoles spécialisées de se constituer en universités privées. Ces dernières sont au nombre de 30 en 1930 et diplôment 15 000 étudiants par an, pour des effectifs totaux d'environ 40 000 étudiants[182]. Les diplômés de l'enseignement supérieur restent cependant une infime minorité des japonais, et ne représentent que 0.3 % de la population dans les années 1930. Les femmes restent aussi sous représentées et ne représentent que 9.9 % de la population étudiante en 1937. Presque exclues des universités nationales, elles peuvent néanmoins compter sur une cinquantaine d'écoles et d'universités réservées aux femmes[183].

Étudiants de l'Université Keiō pendant un entrainement militaire, rendu obligatoire à partir de 1924 dans l'enseignement secondaire puis de 1939 dans les universités.
Écolières formées au maniement des armes en 1945.

La politisation gagne l'enseignement supérieur. Les idées marxistes se diffusent dès les années 1890[184]. Des associations politiques étudiantes radicales, de gauche comme de droite se constituent sur les campus dès les années 1910[181]. Les Lois de préservation de la paix de 1925 touchent les campus, et 3 000 étudiants sont arrêtés en application de celle-ci pour leurs activités à l'extrême-gauche, dont 1 170 pour la seule année 1932, et 1 000 de plus entre 1937 et 1945[185]. Des enseignants sont aussi emprisonnés pour les mêmes raisons[186].

Le système éducatif est assez largement mis à contribution de l'effort de guerre dès le début de la guerre contre la Chine en 1937. L'accent est mis dans l'enseignement supérieur sur la formation d'ingénieurs et de médecin au travers de la création de nombreux instituts de recherche[187]. Entre 1935 et 1945 le nombre d'étudiants dans les facultés de sciences passe de 9 000 à 30 000, et celui dans des facultés d'ingénierie de 14 837 à 85 680[n 5],[188]. Un entrainement militaire obligatoire est aussi institué, dès 1924 dans l'enseignement secondaire, puis en 1939 dans les universités. Les étudiants sont assez largement épargnés par la conscription, mais la situation change à partir du déclenchement de la guerre contre la Chine en 1937, et l'âge est peu à peu abaissé pour intégrer la plupart des étudiants[189]. 130 000 sont ainsi mobilisés par l'armée en 1943[190]. Les élèves du secondaire et les étudiants servent aussi de réserve de main d'œuvre pour les secteurs prioritaires. Un service de travail des élèves, ou gakuto dōin, est instauré en 1939[191]. Au , environ 3,5 millions d'élèves et d'étudiants travaillent par ce biais dans des fermes, des usines, ou des hôpitaux pour pallier le manque de main-d'œuvre[192].

Pratiques religieuses[modifier | modifier le code]

Shintō[modifier | modifier le code]

Le shintō connait à la fin de l'Époque d'Edo un mouvement de rénovation. Initialement constitué comme un ensemble de rites de la cour au VIIe siècle, il évolue au Moyen-Âge sous l'influence du bouddhisme pour intégrer différents rites et croyances liés aux Kami. Les écoles de pensée Mitogaku et Kokugaku vont au XVIIIe siècle commencer à l'envisager comme un socle possible de rénovation du pays. L'idée de la vénération de l'empereur commence à toucher la population au travers de slogans politiques comme Sonnō jōi (« vénérez l'empereur, expulsez les étrangers »). En plaçant en son centre la figure de l'empereur, la restauration de Meiji va placer le shintō dans une position favorable pour fournir à l'État ses rites et sa légitimité[193].

Le shintō voit de 1868 à 1890 son corpus idéologique être rénové[194]. La proclamation Taikyō (en) de 1870 consacre le caractère divin de l'empereur[195]. Les sanctuaires sont intégrés au sein de l'État en tant qu'institutions relevants de la puissance publique, et sont traités comme ne relevant pas d'une religion. Les rituels shintō mis en œuvre au sein de la maison impériale connaissent une rénovation. Les différents sanctuaires sont réorganisés au sein d'un réseau national[n 6] hiérarchisé qui a à sa tête le sanctuaire d'Ise[194]. La portée de cette évolution reste limitée en raison des faibles compétences et des dissensions au sein des représentants du shintō[n 7], son très faible financement, mais aussi en raison de l'opposition des pouvoir bouddhistes, en particulier après l'épisode de Shinbutsu bunri de 1868 à 1872[196]. La formation des prêtres est cependant centralisée et améliorée au sein du sanctuaire d'Ise où le prince Kuni Asahiko institue en 1878 un groupe de travail, et d'autres initiatives de ce type suivent comme la fondation du Kokugakuin en 1882[194].

Yasukuni-jinja (ici vers 1873), un des premier sanctuaire shintō construit à Tokyo.

À partir de 1890 et jusqu'à la Guerre russo-japonaise en 1905, le shintō voit sa doctrine se consolider[194]. La période commence avec la promulgation de la constitution de l'Empire du Japon et du Rescrit impérial sur l'éducation en 1890 qui l'un et l'autre réaffirment la primauté et la centralité de l'Empereur au sein de l'État. Les rituels shintō sont légitimés en tant qu'outils de vénération envers l'empereur[194]. La pratique de ces rituels s'inscrit dans la population au travers des pratiques auxquelles doivent se plier les élèves et auxquelles se joignent à l'occasion la population locale (visites de sanctuaires, fêtes scolaires...)[197]. Signe d'un début d'enracinement dans la population, des associations locales se constituent par endroits pour aider à financer le fonctionnement de sanctuaires locaux, ou à faire campagne auprès de la Diète pour obtenir des financements[198]. Tokyo commence à se transformer en lieu de grands rituels shintō, à l'image de ce qu'est encore Kyōto. Après la première guerre sino-japonaise de 1895, Yasukuni-jinja (construit en 1869) est consacré en comme lieu d'hommage national aux âmes des soldats morts pour le pays, et ce rôle est rappelé à l'issue de la guerre russo-japonaise de 1905[199].

L'intégration du shintō au sein de l'appareil d'État se poursuit de la fin de l'ère Meiji et lors de l'ère Taishō, et il touche plus largement la population. L'État parfait son contrôle sur l'institution shintō et assure son financement, et le shintō fournit à l'État à la fois une base idéologique et un réseau de sanctuaires permettant de mobiliser en profondeur la population japonaise[194]. À partir de 1906 les prêtres reçoivent de l'argent de l'État lorsqu'ils assurent des rituels publics[200], tout comme l'école Kokugakuin de formation des prêtres, ainsi que les sanctuaires préfectoraux[201]. Le financement que touchent les quelques 15 000 prêtres au début de cette période reste très limité. De même le sous-financement des sanctuaires pousse nombre d'entre-eux à se rapprocher pour fusionner ; leur nombre passe de 200 000 en 1906 à 120 000 en 1914[198]. Signe d'une plus grande pénétration au sein de la population, la construction de Meiji-jingū de 1915 à 1920 mobilise un très grand nombre de volontaires dans tout le pays[202].

L'empereur Hirohito en visite au Yasukuni-jinja en 1934.

Le shintō évolue à partir des années 1930 vers une forme de fascisation qui sert de fondement moral au régime militariste. Ce shintō d'État renforce la place du shintō comme véritable religion d'État, au détriment des autres religions qui sont diversement combattues. Le shintō fournit au gouvernement une légitimation à l'expansion militaire du pays en Asie[194].

Bouddhisme[modifier | modifier le code]

Destruction de cloches bouddhistes pendant le Haibutsu kishaku vers 1870.

Le bouddhisme est durement touché lors de la restauration de Meiji. Un syncrétisme s'est développé entre bouddhisme et Shintō au cours des siècle[203]. Influencé par les préceptes des Kokugaku[204],[n 8], le Jingi-kan qui dirige au sein de l'état les affaires liées au Shintō ordonne le une séparation des deux religions, et une épuration des sanctuaires[203]. Le but est alors de lutter contre l'influence des pouvoirs bouddhistes sur la société, perçus comme des éléments conservateurs s'opposant à la modernisation du pays[204]. Ordre est donné aux prêtres bouddhistes exerçant dans des sanctuaires syncrétiques de se convertir au Shintō ou de démissionner. Les objets du cultes comme les statues et les textes sacrés doivent être évacués. La plupart des prêtres font le choix de se convertir, et vont jusqu'à afficher ce renoncement en prenant des concubines ou en mangeant de la viande de manière ostentatoire, pratiques proscrites pour les prêtes bouddhistes[205]. Ce processus est souvent violent, en entraine de nombreux pillages de temples et destructions d'objets[206]. Le gouvernement prend quelques mesures pour éviter les débordements, mais celles-ci sont variablement interprétées par les autorités locales, et les troubles durent jusqu'au début des années 1870. Des cloches sont fondues pour en faire des armes, des statues profanées, et des temples sont saisis par les autorités locales, comme à Satsuma[207]. Dans les réions les plus durement touchées, la plupart des temples sont détruits, et de nombreux moines tués[208]. Cette politique touche variablement les différents courants bouddhistes. Les temples Shingon et Tendai voient nombre de leurs prêtres se convertir au Shintō, là où le Jōdo shinshū se montre plus virulent dans son opposition et des émeutes éclatent à l'occasion pour protéger ses temples[209]. Cette politique contre le bouddhisme s'infléchie en 1872, et les relations avec l'État se normalisent[210].

Cet épisode de violences envers le bouddhisme pousse certains réformateurs de cette religion à s'interroger sur la place de la religion dans la société et à ses apports. Des réformes de plusieurs types vont être proposées, et dans le même temps la loyauté de cette religion envers l'empereur va être réaffirmée. Un nouveau bouddhisme, ou shin bukkyō, voit le jour sous plusieurs formes, et des figures comme Kiyozawa Manshi émergent[211]. Le bouddhisme monastique va aussi connaitre des évolutions, sous l'influence de Fukuda Gyōkai (en) (Terre pure) ou Shaku Unshō (Shingon), et le suivi des 10 règles du bouddhisme est réaffirmé. Plus généralement, les bouddhistes tirent profits de la méfiance envers le christianisme qui s'installe dans le pays à partir des années 1880. Ils en profitent pour réaffirmer leurs loyauté envers l'empereur[212], et cherchent à aligner leurs intérêts avec ceux qui nationalistes. De nombreux moines sont ainsi actifs pour exploiter politiquement l'incident causé par Uchimura Kanzō en 1891 ; enseignant chrétien, celui-ci est vu entrain d'hésiter à se prosterner devant l'image de l'empereur, ce qui est à l'origine d'une importante affaire médiatique. Une personnalité comme Inoue Enryō cherche lui à démontrer que le les préceptes du bouddhisme sont compatibles avec la science, et affirme que le bouddhisme est même supérieur au christianisme dans sa scientificité[213]. Tanaka Chigaku va lui développer une école dont la doctrine soutient l'expansionnisme japonais en Asie[214].

Les années 1930 vont être marquées pour le bouddhisme japonais par l'émergence de nouveaux courants, mais aussi par une implication plus ou moins marquée dans le militarisme japoanais. Des Shinshūkyō, ou « nouvelles religions », relevant du bouddhisme sont fondées. Elles ont en commun d'être influencées par le Bouddhisme de Nichiren, de pratiquer un prosélytisme important, et de mettre l'accent sur les bénéfices immédiats que les pratiquants peuvent tirer de leurs enseignements, et non sur des notions plus intangible comme l'illumination ou le salut. La Sōka gakkai fondée en 1930, la Reiyukai fondée en 1920, et la Risshō Kōsei Kai fondée en 1938 sont les plus notables[215]. Le bouddhisme japonais est aussi marqué par une certaine ambivalence envers les guerres que le Japon mène. Tout une frange nationaliste du bouddhisme soutient moralement la guerre, et participe à celle-ci en envoyer des moines sur le terrain pour fournir un soutien moral et médical aux soldats[216]. D'autres écoles sont au contraire attaquées par le gouvernement en raison de leurs enseignements, et de leurs refus de les réformer pour les rendre compatibles avec la doctrine impériale, ce qui entraine l'emprisonnement de certains dirigeants comme Tsunesaburō Makiguchi[217].

Christianisme[modifier | modifier le code]

Le christianisme connait des persécutions tout au long du époque d'Edo, et en 1865 près de 3000 chrétiens qui dissimilaient leur foi à Urakami dans la région de Nagasaki sont encore déportés et emprisonnés. Ce n'est qu'en 1873 que la pratique du christianisme est officiellement autorisée par les nouvelles autorités. Des conseillers étrangers invités dans le pays à partir de 1868 pour former les japonais aux techniques occidentales profitent de leurs positions pour pratiquer un prosélytisme pro-chrétien auprès de leurs étudiants. Leroy Lansing Janes est ainsi à l'origine du Kumamoto Band (en)[177], groupes de convertis qui rejoindront par la suite Kyoto et l'Université Dōshisha fondée par le missionnaire protestant Neesima, et constituer une part importante de son corps enseignant[218]. À Sapporo, c'est William Smith Clark qui converti une parti de ses étudiants de la future Université de Hokkaidō ; un de ses étudiants, Uchimura Kanzō, jouera un rôle central dans l'essor du mouvement chrétien Mukyōkai[219]. À Yokohama, ou réside une commuanuté étrangère importante, c'est la figure du missionnaire James Curtis Hepburn qui est prédominante[220]. À côté de ce protestantisme qui recrute essentiellement dans les couches aisée d'un Japon urbain, des missionnaires catholiques sont eux plutôt actifs dans les régions les plus rurales. Des orthodoxes sont aussi présents dans la région de HakodateNicolas du Japon exerce depuis 1861. Cette diffusion du christianisme connait un certain dynamisme dans les années 1880, mais qui connait ses limite dès la fin de la même décennie, sous la poussée d'un certain conservatisme politique[221].

Le nombre de convertis augmente régulièrement. Les catholiques sont environ 100 000 en 1927, essentiellement dans les diocèses de Nagasaki (64 000) et de Tokyo (10 000)[222]. Les différents courants protestants regroupent de quelques milliers à quelques dizaines de milliers de convertis, les plus importants en 1941 étant les presbytériens (62 000), les méthodistes (53 000), les épiscopaliens (28 000), et le Mouvement de sanctification (16 000)[223]. Ces différents mouvements sont actifs dans le systme scolaire du pays, et fondent même des collèges universitaires et des universités dans le pays (la Tokyo Woman's Christian University fondée par des presbytériens et des méthodistes, l'Université Rikkyō par des épiscopaliens, l'Université Sophia par des jésuites)[224]. L'État, basé sur le shintoïsme d'État et le caractère divin de l'empereur, est de plus en plus suspicieux envers des mouvements chrétiens. La monté du militarisme dans les années 1930 s'accompagne de plusieurs mesures et lois qui visent à contrôler ces religions, dont la Religious Organizations Law (en) de 1939[225]. Elles doivent démontrer qu'elles ne dépendent pas financièrement de l'étranger, et leurs chefs doivent être des japonais[226]. Sous la pression des autorités, leurs catéchisme est aussi réécrit entre 1936 et 1940 de manière à être compatible avec la vénération de l'empereur et la visite et la participation à des cérémonies shintō[227].

Condition féminine[modifier | modifier le code]

L'exemple à suivre qu'est l'occident pour les classes les plus favorisées amènent certaines évolutions pour les femmes dès le débuts l'ère Meiji. Certaines modes comme le noircissement des dents et la tonte des sourcils disparaissent, alors que la mode des cheveux longs de diffuse. Certains lois deviennent plus favorables aux femmes, comme en 1870 celle octroyant aux concubines la même protection que les épouses légitimes, ou celle qui en 1872 libèrent les prostituées de leurs servitude[228]. La question du statut de la femme dans la société devient un thème important de débat, notamment porté par le mouvement pour la liberté et les droits du peuple dans les années 1870 et 1880. La Meiroku zasshi, revue associée à ce mouvement, propose des traductions de textes de Spencer, Mill et Millicent Fawcett sur les droits des femmes, et de nombreux débats sont menés dans ses pages à ce sujet. L'angle adopté est cependant d'avantage celui du droit naturel que celui du droits des femmes. Ce dernier angle sera d'avantage développé sous la plus de Fukuzawa Yukichi dans Nihon fujinron (en 1885). Une revue comme Jogaku zasshi éditée à partir 1885 permet à des auteures comme Kishida Toshiko et Shimizu Shikin s'y développer leurs idées sur divers sujet comme l'émancipation et l'éducation des femmes, les questions familiales…[229]

Le tournant conservateurs que prend le pays à partir de 1890 va cependant contrarier la réalisation de ces diverses aspirations libérales. Cette année-là les femmes se voient interdire la participation à des meetings politiques ou l'adhésion à des partis politiques[230], et un retour à une tradition confucianiste défavorable aux femmes est sensible dans l'adoption du rescrit impérial sur l'éducation la même année. En 1898 le code civil japonais renforce le poids des hommes dans les questions d'héritage[231], et en 1899 le ministère de l'Éducation crée des lycées réservés aux femmes[230] mais ceux-ci sont institutionnellement classés comme inférieurs aux lycées réservés aux hommes, et n'ouvrent pas l'accès aux études universitaires[231]. Toujours en 1899 est publié un rescrit qui fixe un cadre moral à l'éducation dans ces lycées réservés aux femmes, qui introduit le concept de ryōsai kenbo (« Bonne épouse, sage mère ») et qui fixe ainsi l'objectif de la scolarisation des femmes. Ce concept de ryōsai kenbo est largement relayée dans la presse féminine jusqu'à l'après-guerre[232]. Pour combattre cette situation, un journal féministe comme Sekai Fujin est créé en 1907 par Fukuda Hideko[233], et, en 1901, Tsuda Umeko fonde une école réservée aux femmes : le Collège Tsuda[234].

Photo noir et blanc de trois femmes endimanchées, marchant sur un troittoir. Deux, dont une porte une ombrelle, sont habillées d'une robe sombre, la troisième d'un kimono clair et tient un parapluie au-dessus de sa tête.
Trois moga marchant dans les rues de Tokyo en 1924.

À partir des années 1910 plusieurs évolutions sont notables. Les femmes sont de plus en plus nombreuses dans des postes de cols blancs (le tiers des enseignants du primaire dans les années 1920 sont des enseignantes)[235]. La féministe Raichō Hiratsuka fonde en 1911 le journal Seitō, dont le nom est une référence à la Blue Stockings Society britannique. La revue péréclite dès 1916, mais introduit plusieurs sujets féministes dans le débat, notamment auprès des femmes venant des couches les plus aisées de la société. L'Association de la femme nouvelle (en) créé en 1920 reprend le flambeau[236]. En 1922, grâce à une évolution de la loi les femmes sont autorisées à s'organiser politiquement et à assister à des meetings politiques[237], ce qui permet de relancer la question du droit de vote des femmes[236]. Ichikawa Fusae joue alors un rôle important sur cette question, en créant en 1924 une ligue pour le droit de vote des femmes[238]. Plusieurs initiatives législatives sont prises dans ce sens, la dernière en 1931[239] lors du gouvernement de Osachi Hamaguchi. Aucune n'aboutie, et le droit de vote n'est accordé que lors de l'occupation américaine du pays. Le Japon voit aussi la féministe Margaret Sanger se rendre dans le pays, et y effectuer une tournée de conférences[238].

Dans les années 1920, quelques femmes obtiennent dans le monde du spectacle une visibilité importante associée à une image de modernité, ce qui aboutit à la promotion de la figure de la modan gaaru[240].

Femme japonaise travaillant à la construction d'avions en 1943.

Le début de la guerre contre la Chine en 1937 marque le début d'une participation plus importante des femmes à des pans de l'économie auparavant réservés aux hommes. Le nombre d'étudiantes dans les filières de santé double ainsi entre 1935 et 1945 pour dépasser les 10 000,et certaines intègrent les laboratoires de recherche des universités[188].

Pratiques sportives[modifier | modifier le code]

De nouvelles pratiques sportives sont introduites dans le pays avec la constitution de communautés occidentales de plus en plus nombreuses dans les ville portuaires[241]. Le baseball, le tennis, le football, et le cricket sont ainsi introduits à Yokohama ou Kōbe, et des ligues sportives informelles se constituent pour organiser localement des rencontres sportives. L'école est un autre vecteur d'introduction du sport au Japon. Des conseillers étrangers comme Horace Wilson ou Archibald Lucius Douglas qui exercent comme enseignant, ainsi que des étudiants japonais revenant de l'étranger, poussent à la pratique sportive dans le cadre des activités extra-sportives des étudiants. Leurs initiatives rencontrent un échos favorable chez les responsables politiques de l'époque comme Mori Arinori, qui considère que le relèvement morale du pays doit aller de concert avec le relèvement physique des japonais[242].

La pratique du sport dans les écoles et les universités entraine la création de ligues sportives et de compétitions régionnales puis nationales. Celles-ci vont être à l'origine d'une culture sportive, entrainant la création de rivalités entre écoles ou l'écriture de chants d'encouragement par exemple, mais aussi permettre d'élever le sport au rang de spectacle auquel un public de plus en plus nombreux va assister[242]. Les premières vedettes sportives vont émerger dans les années 1920, à l'instar de Kinue Hitomi, qui lors des Jeux olympiques de 1928 devient la première japonaise à remporter une médaille olympique et qui par la suite fait la couverture de plusieurs journaux[243]. D'autres sports disposent de leurs vedettes, comme Hitachiyama Taniemon (en) pour le sumo ou Eiji Sawamura pour le baseball[244]. Ce dernier sport en particulier s'impose comme sport à la mode avec la création en 1914 du Kōshien, compétition nationale lycéenne, à laquelle assiste même le prince héritier Hirohito en 1926. Ces sports vont voir se constituer des ligues nationales visant à l'organisation de compétitions à l'échelle du pays, mais aussi pour faire jouer des équipes nationales à l'étranger : La Fédération japonaise de football est créée en 1921, et la Ligue japonaise de baseball en 1936[245].

Le Japon dispose par ailleurs déjà de plusieurs pratiques physiques locales, comme le Kemari et le sumo[241]. Sous l'influences des sports occidentaux, celles-ci vont connaitre une évolution pour en faire des pratiques à visée sportives, avec une organisation et une médiatisation inspirées des autres sports. L'Association japonaise de sumo est créée en 1925, et la diffusion à la radio des compétitions à partir des années 1920 va permettre d'accroitre son audience[245]. D'autres arts martiaux locaux issus du Budō vont connaitre une évolution semblable ; le karate est codifié sous l'influence de Ankō Itosu et de Gichin Funakoshi, le judo l'est par Jigorō Kanō, ou encore l'aikidō par Morihei Ueshiba. Avec la montée du militarisme dans les années 1930, l'origine japonaise de ces sports d'origine martial va être mis à profit par le pouvoir pour exalter et incarner des vertus prônées par l'état[246].

Culture[modifier | modifier le code]

Grandes tendances culturelles[modifier | modifier le code]

La production culturelle obéit à deux grandes dynamiques sur la période 1890-1914 : le façonnement d'un cadre national pour sa diffusion, mouvement déjà enclenché plus tôt dans le siècle, et une opposition interne entre culture japonaise et culture occidentale, prolongement de la situation politique en Asie marquée par la victoire du Japon sur la Russie et par la chute de la dynastie chinoise des Qing en 1911[247]. Le rôle de la culture européenne comme modèle est remis en cause par certains[248], tandis que d'autres cherchent à faire une synthèse des deux cultures[249].

Les titres de presse se multiplient, passant de plus de 400 en 1890[178] à 2 000 en 1914. La même année, le Japon se place second au niveau mondial en nombre de livres publiés, derrière l'Allemagne, avec près de 27 000 titres. La langue japonaise s'uniformise par ce biais, même si de nombreux dialectes se maintiennent. Le dialecte de Tokyo, là où se trouve la plupart des moyens d'édition, se généralise et devient le japonais standard[250]. La radio connait un essor rapide. Si les premières émissions sont diffusées en 1925, un million de postes de radio sont vendus en 1931. Le nouveau média joue un rôle important dans le paysage médiatique de l'époque en permettant une diffusion rapide de l'information, mais aussi en rendant accessible dans l'ensemble du pays de nombreuses musiques, japonaises comme occidentales[251].

L'augmentation du nombre de journaux, de postes de radio, et de cinémas contribue à rapprocher les mouvements culturels avant-gardistes de Tokyo des territoires plus reculés du pays. Le nombre de cafés, grands magasins, et de galeries d'arts soutient l'émergence d'une culture de plus en plus urbaine, industrielle, et s'adressant en premier lieu aux classes moyennes et aux jeunes adultes. Une complexification s'opère, guidée par les critiques artistiques, opposant cultures anciennes et nouvelles, cultures occidentales et orientales, et cultures prolétaires et bourgeoises[252]. Cette conjonction entre l'augmentation de la production culturelle et l'amélioration de sa diffusion aboutissent dès les années 1920 aux prémisses de la constitution de médias de masse au Japon[253].

Littérature[modifier | modifier le code]

Influence occidentale et réflexions sur la japonité (1868-1910)[modifier | modifier le code]

La littérature connait une influence de l'occident assez importante, qui va faire évoluer certaines de ses formes d'expression. L'usage du roman comme outils de critique sociale et politique chez des auteurs étranger comme Disraeli ou Bulwer-Lytton sert d'inspiration à plusieurs intellectuels issus du mouvement Meirokusha, ce qui suscite la découverte des littératures nationales européennes. Ukigumo (en) que publie Futabatei Shimei en 1887, considéré comme le premier roman moderne japonais, s'inspire ainsi de la littérature russe de la même époque. Les grandes figures de la période s'affirme autour de 1900[254]. Natsume Sōseki, qui a étudié à Londres et qui succède à Lafcadio Hearn à la tête de la chaire de littérature anglaise de l'université de Tokyo, s'impose avec des œuvres comme Je suis un chat (1904) ou Le Pauvre Cœur des hommes (1914). Dans ces œuvres à la dimension introspectives, il s'y montre critique de la société de son époque, repoussant à la fois le nationalisme de son temps, mais aussi des emprunts non justifiés à l'occident[255]. Mori Ōgai, qui a lui reçu une éducation médicale militaire en Prusse, se fait d'abord connaitre comme critique littéraire. Il est l'auteur d'une œuvre prolifique qui offre un traitement proche du naturalisme en l'appliquant à la forme du roman historique. Shimazaki Tōson qui lui office de précurseur du style Watakushi shōsetsu, ou I-novel, en publiant Hakai en 1906[256].

D'autres formes littéraires comme la poésie et le théâtres connaissent elles aussi une influence occidentale, bien que la popularité de formes bien établies comme le kabuki ou le perdure. Un acteur de kabuki comme Ichikawa Danjūrō IX va tenter sans trop de succès de faire évoluer son jeu d'acteur et son maquillage en faveur d'expressions plus réalistes. Un poète comme Masaoka Shiki rencontre lui plus de succès en modernisant les formes du haiku et du tanka. Des formes nouvelles émergent par ailleurs, comme le Shintaishi (en) pour la poésie. Le théâtre voit se former la forme du Shinpa dans la région d'Ōsaka à la fin des années 1880, qui va s'étendre lors de la décennie suivante à Tōkyō où il va se muer en Shingeki. Cette dernière forme intègre des femmes à ses acteurs (contrairement au kabuki dont les troupes sont exclusivement masculines), et comprend des pièces européennes dans son répertoire, notamment celles du dramaturge norvégien Henrik Ibsen[257].

Un mouvement de réflexion sur la littérature s'exprime lors de la première moitié de l'époque impériale. Inspiré par le travail de Taine sur l'Histoire de la littérature britannique (1864), plusieurs publications cherchent à proposer des compilations censées incarner les classiques d'une littérature nationale japonaise, ou à faire l'histoire de celle-ci (publication en 1890 du Nihon bungakushi de Takatsu Kuwasaburō et Mikami Sanji)[258]. Le but recherché est alors de mettre en évidence les supposés signes distinctifs de l'identité japonaise en identifiant les caractères récurrents de la littérature au travers des âges[259]. À ce titre, Le Dit du Genji, écrit intégralement en kana, est vu comme l'une des incarnations de cette identité purement japonaise[260]. De très nombreuses revues de critiques littéraire, ou dōjin zasshi sont aussi publiées par des cercles littéraires. Elles sont souvent éphémères et à la diffusion limitée, et regroupent par affinité des étudiants de l'université impériale de Tokyo et de l'Université Waseda (où est publié Waseda bungaku à partir de 1891), deux grands pôles littéraires de cette époque. La revue Shirakaba publiée à partir de 1910 jouit aussi d'une certaine notoriété[261].

Seconde moitié de l'époque impériale (1910-1945)[modifier | modifier le code]

La littérature japonaise de la seconde moitié de l'époque impériale bénéficie de l'alphabétisation de toutes les couches de la population grâce à la création en 1872 d'un système scolaire public couvrant tout le pays[262]. Le nombre de lecteurs potentiel augmente ainsi considérablement, et plusieurs maisons d'édition se créer pour exploiter ce marché. La Hakubunkan et la Jitsugyo no Nihon Sha se constituent toute deux en 1897 et se lancent dans la publication de nombreux magazines généralistes aux tirages de plus en plus nombreux[263], bientôt rejoints par la Kōdansha en 1909. Cette dernière lance le magazine littéraire Kōdan kurabu en 1911, dont le succès inspire différentes copies par ses concurrents. Ce magazine consolide sur la scène littéraire du pays la place d'une littérature populaire s'adressant au plus grand nombre, et publiée sous forme de feuilleton. Un auteur comme Eiji Yoshikawa qui écrit pour Kōdan kurabu parvient par ce biais à accéder à une certaine notoriété[264]. En réaction à cette littérature « de masse », des critiques littéraires et des auteurs poussent dès le début des années 1920 pour l'émergence d'une littérature « pure ». Cette distinction entre ces deux littérature va s'affirmer, et se matérialiser par la création de 1935 de deux prix littéraires distincts, le prix Naoki qui récompense la littérature de masse, et le prix Akutagawa qui couronne une littérature plus élitiste[265].

Le début de la période voit certains auteurs s'inscrire dans la continuité des grandes formes populaires lors de l'ère Meiji, comme Nagai Kafū qui commence sa carrière littéraire dans les années 1910. Avec Errances dans la nuit (en) publié entre 1921 et 1937 Shiga Naoya fourni au style du Watakushi shōsetsu l'un de ses principaux représentant[265]. Jun'ichirō Tanizaki poursuit dans ses œuvres comme Le goût des orties (en) (1928) la réflexion entamée avant lui de la relation entre cultures occidentales et japonaises. Inspiré par l'essor au Japon des idées socialistes au début des années 1920, une littérature s'inspirant du réalisme socialiste voit le jour, notamment autour de la revue littéraire Senki. Ce courant connait quelques œuvres majeures comme Le Bateau-usine (1929) de Kobayashi Takiji, mais périclite avant le milieu des années 1930 en raison de la répression du pouvoir militaire[266]. Une littérature féminine s'affirme lors de la période, aidée par la large diffusion de magazines féminins comme Fujinkōron ; au milieu des années 1920 leurs diffusion tourne autour du million d'exemplaires par mois. Certaines de ces auteures Takako Nakamoto (en) s'inscrivent dans une approche socialisante en traitant de questions propres à la condition de la femme. D'autres auteures comme Fumiko Hayashi et Chiyo Uno inscrivent leurs œuvres des années 1920 dans le style du Watakushi shōsetsu[267]. Edogawa Ranpo incarne lui les débuts de la littérature policière, avec une production mettant le mystère au cœur de son œuvre. Un courant inspiré par les promesses de la science pose les bases d'une science-fiction japonaises qui s'empare déjà de sujets comme les robots, les extraterrestres, ou les catastrophes environnementales. La littérature européenne de la même époque, et ses courants comme le dadaïsme ou le surréalisme, continue d'exercer une certaine influence sur des auteurs comme Riichi Yokomitsu[268]. L'écrivain Yasunari Kawabata émerge lui comme figure de la littérature japonaise dans les années 1930, notamment avec la publication de Pays de neige (1935). L'intensification de la guerre avec la Chine va étouffer la production littéraire dans la seconde moitié des années 1930, et de nombreux auteurs vont rester à distance de la scène littéraire jusqu'à la fin de la guerre[269].

Peinture[modifier | modifier le code]

Un style de peinture à l'occitale, ou Yō-ga, se développe au début de l'ère Meiji. Le conseiller étranger italien Antonio Fontanesi est recruté pour enseigner la peinture au sein de la Kōbu Daigakkō. Le but initial est de rendre les japonais capable de réaliser des dessins fidèles, compétence préalable à la mise en œuvre de grands chantier de modernisation, du chemin de fer à la construction navale[270]. Les techniques issues de cette approche utilitariste ne tardent pas à être reprises dans des démarches plus artistiques. Certains japonais comme Kuroda Seiki étudient les beaux-arts à Paris, et rapporte au Japon des connaissances sur les grands courants artistiques alors en vogue dans la capitale française. Les techniques comme la peinture à l'huile, l'aquarelle, ou le pastel singularise la Yō-ga comparé aux productions japonaises traditionnelles, tout comme certains types de sujets comme le nu[271].

Le style Nihonga se développe en réaction à ce qui est perçu comme un excès d'occidentalisation. Le conseiller étranger Ernest Fenollosa qui enseigne à l'université de Tokyo et l'un de ses étudiants Okakura Kakuzō prennent des initiatives qui mènent à la création de l'École des beaux-arts de Tokyo en 1887. Le but recherché est d'intégrer certaines techniques occidentales, tout en conservant un style japonais. Des représentants de l'école Kanō sont recrutés pour y enseigner, comme Kanō Hōgai et Hashimoto Gahō, et l'école forme les premiers représentant de ce style, comme Shimomura Kanzan, Yokoyama Taikan, ou encore Hishida Shunsō. Fenollosa se rend aussi à Kyoto ou certains groupes locaux sont dans une démarche similaire, comme l'école Murayama ou encore l'école Shijō (d'où est issu Takeuchi Seihō, l'un des futur grand représentant du Nihonga)[272].

La Première Guerre mondiale ramène au Japon de nombreux étudiants qui ont été initiés à des styles non-réalistes, comme le fauvisme ou le cubisme. Ceci met en difficulté les représentants du Yō-ga, qui se présentaient alors comme les représentants d'une certaine esthétique à l'occidentale[273]. Un groupe comme le Nika-kai, qui se constitue en 1914, se place en opposition avec les tenants du Yō-ga aux travers de revues comme Shirakaba ou Subaru. Ils nomment Fujishima Takeji à leur tête, et comptent parmi ses premières figures tutélaires des peintres comme Narashige Koide, Harue Koga, Tetsugorō Yorozu, Yuzō Saeki[274]. C'est dans ce groupe que vont aussi émerger dans les années 1930 des figures de l'art japonais d'après-guerre comme Jirō Yoshihara, Yuki Katsura (en), Tarō Okamoto, ou Ken Domon. Le retour au Japon de Tsugouharu Foujita marque un tournant dans sa carrière, celui-ci embrassant le militarisme de l'État, et produisant plusieurs toiles de propagande[275]. L'armée japonaise fait par ailleurs travailler près de 300 peintres à partir de la fin des années 1930 pour documenter ses actions. S'inscrivant souvent dans le réalisme du Yō-ga, leurs productions relatent de manière souvent très crue la guerre, et nombre de ces productions ne passe pas le cap de la censure[273]

Musique[modifier | modifier le code]

Intégration des techniques étrangères sous l'ère Meiji[modifier | modifier le code]

Les premiers groupes de musique occidentale, des groupes de musique militaire, sont actifs dès la fin de l'ère Keiō. Dès le début de l'ère Meiji, l'armée et la marine disposent l'une et l'autre d'ensemble musicaux qui participent aux cérémonies ou à des représentations musicales. Elles disposent de chefs étrangers qui forment les musiciens japonais. Lorsque ceux-ci retournent à la vie civile, certains de ces musiciens deviennent eux-mêmes des formateurs, et participent assez largement à la diffusion de la musique occidentale dans le pays. Les musiciens officiels de la cour, qui jusqu'à là sont spécialisés dans le Gagaku, reçoivent eux aussi une formation pratique et théorique dans ce domaine, et jouent pour la première fois le des morceaux de ce type à l'occasion de l'anniversaire de l'empereur. Une place particulière est aussi consacrée à la musique occidentale au sein du projet éducatif du régime de Meiji, et dès la loi sur l'éducation de 1872 une place lui est réservée dans le cursus. Des formateurs étrangers sont recrutés pour participer à la mise en œuvre de cette politique (Luther Whiting Mason puis Franz Eckert) ; la formation des futurs enseignants débute réellement en 1880, et un premier manuel scolaire est publié en 1881[276]. En 1887 est aussi créé un comité musical, futur département de musique de l'Université des arts de Tokyo. Des étudiants japonais sont aussi envoyé à l'étranger pour y étudier, comme Nobu Kōda (en)[277], et d'autres composent des morceaux alliant tradition japonaise et technique occidentale, comme le Kōjō no tsuki composé en 1901 par Rentarō Taki[278]. Pour répondre aux besoins d'instruments, plusieurs entreprises sont fondées à la même époque, comme Yamaha pour les harmoniums (1887) ou Suzuki pour les violons (1887). Le Japon va au début du XXe siècle servir à former de nombreux musiciens venus de ses colonies, puis à y diffuser cette musique[277].

Le gagaku, ou « musique raffinée » utilisée lors des rites impériaux, connait un certain dynamisme. Ce genre a connu un renouveau pendant l'Époque d'Edo grâce à des financements du shogunat[279]. Le Jingi-kan, bureau chargé du shintō, fonde le Gagaku Kyoku le , nouvel organisme chargé de superviser ce genre musical[280]. Les musiciens de cet organisme s'attèlent entre 1876 et 1888 à compiler le Meiji sentei-fu, recueil du répertoire de ce genre musical, participant ainsi à codifier celui-ci[281]. Le gagaku est aussi utilisé dans les relations que le pays entretient avec le monde extérieur. Des dignitaires étrangers sont reçus avec des représentations musicales de ce type, et les expositions universelles qui se tiennent en Europe en 1867, en 1873, et en 1878 reçoivent des musiciens et des instruments[282]. Des mélodies de ce style comme Kuni no shizume ou encore Inochi wo sutete sont aussi composée pour l'Armée et pour la Marine pour leurs cérémonies, qui sont ensuite adaptée pour leurs orchestres[283]. L'éducation se voit elle aussi gratifiée de mélodies de ce type pour ses cérémonies. Lorsque le gouvernement publie en 1893 un livret de huit chants destinés à être joués lors des festivals de l'année, cinq sont de ce type[284].

Dans les campagnes, des formes chantées populaires subsistent. Les Sōshi Enkapratiquent le chant de rue, dont le contenu des paroles critique souvent le pouvoir de manière satirique[285]. Soeda Azenbō (ja), qui commence à parcourir le pays à la fin des années 1880, est une des figure les plus connue de cet art ; ses chants sont souvent imprimés, et vendus sous forme de feuilles volantes dans tout le pays[286].

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Le fleurissement de l'entre-deux-guerre[modifier | modifier le code]

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   \new Staff { \key f \major \time 2/4 \tempo 4 = 60
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   } >>
 }
La Chanson de Katioucha, un des premiers succès de la Ryūkōka.

Jusqu'au milieu des années 1920 les maisons de disques japonaises cherchent à capitaliser sur les chansons déjà populaires en les publiant plutôt qu'à chercher à faire émerger les chansons pour les rendre populaires. Le premier succès de la musique populaire, ou Ryūkōka, la Chanson de Katioucha est à l'origine un morceau chanté par Matsui Sumako dans une pièce de théâtre inspirée de Résurrection qui se produit dans les grandes villes du pays en 1914. Sa popularité incite une maison de disque à publier le morceau, et en vend plus de 20 000 exemplaires. La dynamique s'invers dans les années 1920. Le développement du cinéma et de la radio permet de produire la musique en amont et d'utiliser les médias pour la diffuser ensuite. Un morceau comme Kimi koishi sorti en 1929 relève de cette logique[287].

Plusieurs styles deviennent populaires dans l'entre-deux-guerre. Le jazz japonais rencontre ses premiers succès dans les années 1920, notamment avec le My Blue Heaven du chanteur Teiichi Futamura (ja) en 1928, et la chanteuse Fumiko Kawabata (ja) émerge dès 1930[288]. S'il ne relève pas directement du style du jazz, le morceau La Marche de Tokyo qui se vend à 250 000 copies en 1929 par le contenu de ses paroles permet de véhiculer plusieurs des thèmes urbains associé à ce style, notamment la figure de la Moga[289]. Le « shin min'yō » (ou « nouveau chant populaire ») est un des sous-genre du Ryūkōka qui connait de nombreux succès dans l'entre-deux-guerres. Il s'agit de réorchestrations à l'occidentale de chants traditionnels japonais, de chants populaires étrangers comme Aloha ʻOe ou My Old Kentucky Home[288], ou même du chant coréen Arirang qui connait ainsi plusieurs succès populaires sous cette forme au Japon dans les années 1930 alors qu'il est au même moment un chant patriotique dans la Corée occupée par le Japon[290].

La production et la diffusion de la musique suivent des dynamiques à la fois locales et internationales. Des entreprises étrangères comme Columbia Records, Victor Talking Machine Company, ou Polydor disposent dès 1927 d'un bureau à Tokyo pour y vendre leurs productions, mais aussi pour y produire des artistes locaux. De nombreux labels sont situés dans le Kansai, et Tokyo est très loin de concentré la production. Les modes de diffusion sont aussi variés : cinéma, grands magasins, salles de danses d'hôtels, ou encore compagnies de théâtre itinérantes. La forme de la revue est aussi populaire, mais jouit parfois d'une réputation sulfureuse en raison des tenues portées par ses danseuses[291]. La Revue Takarazuka fondée en 1914 jouit dès ses premières années d'une très grande popularité. Les ballroom dans lesquelles hommes et femmes pratiquent des danses de salon, corps contre corps, fleurissent dans la région d'Ōsaka dès le milieu des années 1920. Les clients masculins paient alors pour danser avec des femmes travaillant pour l'établissement. Dès 1927 les autorités prennent des mesures pour encadrer ces établissements et s'assurer de leurs moralité. Ce genre d'établissements se développent ensuite sur Tokyo avant d'ouvrir dans d'autres villes du pays et de l'empire. En 1937, 39 sont ainsi en activité en dehors de Tokyo, et 17 autres dans les colonies[241].

Cinéma[modifier | modifier le code]

Le cinéma japonais commence son histoire en 1899 avec le tournage de Momijigari, tiré d'une pièce de kabuki. Lors de ses deux premières décennies d'histoire, le nouvel art se conçoit comme une extension d'expressions artistiques nationales pré-existantes. Le film sert à compléter une œuvre ou à lui fournir une nouvelle dimension en adaptant à l'écran un contenu conçu pour la scène. Les conteurs de spectacles de marionnettes, les gidayū-bushi, servent de commentateurs de films muets, ou benshi. Des genres théâtraux du Kabuki comme le shinpa (méloframes) ou le Shingeki (« nouveau drame ») se voient adapter dans les premières productions cinématographique de la période[292]. Des récits classiques sont eux aussi une inspiration importante, comme l'histoire des 47 rōnin qui est portée 45 fois à l'écran entre 1907 et 1925, et plus encore les années suivantes[293]. Ce nouveau média joue aussi un rôle important lors de la guerre russo-japonaise de 1904-1905 pour informer les japonais au travers de faux documentaires mêlant images originales du conflit et plans créés pour l'occasion[294].

Ce n'est que vers la fin des années 1910 et l'afflut de nombreux films étrangers que le cinéma japonais commence à intégrer des techniques et des styles narratifs plus proches des modèles occidentaux de la même époque[294]. La rupture va être portée par de nouveaux studio de productions comme Shōchiku et Taikatsu (créés en 1920), alors que des studios plus anciens comme Nikkatsu ou Tenkatsu font plus longtemps perdurer leurs liens stylistiques avec d'autres formes artistiques comme le kabuki[295]. Le pays produit aussi ses premiers anime, style dont Noburō Ōfuji devient l'un des principaux représentant[296]. Les benshi, commentateurs de films muets, perdurent cependant tout au long des années 1920 et jusqu'au début des années 1930 et connaissent même lors de cette période une phase de starification. Leurs rôles pendant la projection du film tend cependant à s'effacer au profit des acteurs[297], et leurs rôle périclite au milieu des années 1930 lors de l'arrivée des films parlants[295]. Le Japon produit lui son premier film parlant en 1931, Madamu to nyōbō, mais ce n'est que dans la seconde moitié des années 1930 que cette technique s'impose réellement[296]. L'industrie cinématographique connait une forte croissance à partir de la fin des années 1920 grâce à ses succès d'audience. Plus de 700 films sont produits par an entre 1928 et 1938, ce qui hisse le pays à la première place mondiale en matière de production filmique[298]. En 1940 le pays compte alors une dizaine de grandes compagnies cinématographiques[293].

La production filmique commence à se polariser dès les années 1920 autour de deux genres majeurs, le jidaigeki et le gendaigeki, entre films traitant de récits historiques et films traitant de récits contemporains[298]. Le séisme du Kantō de 1923 qui frappe durement la région de Tokyo pousse la plupart des studio à déménager dans l'ouest du pays, où ils s'établissent à Kyōto, Ōsaka, et Kōbe, et où le style du jidaigeki va s'épanouir. Le studio Shōchiku reste lui à Tokyo, où il est le seul studio actif entre 1923 et 1934, et où il se distingue par la qualité de ses productions relevant du gendaigeki. Une certaine spécialisation va s'opérer entre ces deux espaces lors des années 1920 et 1930[299]. Un sous-genre du jidaigeki comme le Chanbara (film se concentrant sur les combats au sabre) connait un succès certain, et compte les premières stars comme Tsumasaburō Bandō (qui joue dans Orochi en 1925)[298]. Le style du gendaigeki compte avec la sortie en 1936 de Naniwa erejii l'un de ses représentant d'avant-guerre les plus aboutis[289], alors que dans le même genre Gosses de Tokyo d'Ozu sorti en 1932 reste dans le registre du film muet[300]. Orochi comme Naniwa erejii parviennent à véhiculer une critiques politique et sociale de leurs société, s'attirant à la fois l'attention du public et de la censure[298],[289].

La montée du militarisme dans les années 1930 va s'imposer comme une contrainte majeure pour la production filmique. Une loi de 1939 va imposer des règles de censure plus drastiques, et en 1940 l'État impose la fusion de plusieurs studio, ce qui lui permet de mieux contrôler la production. Le genre du film de guerre se développe rapidement, avec des productions comme Les Cinq Éclaireurs (1938), Boue et soldats (1939), L'Histoire du commandant de chars Nishizumi (en) (1940)[301]. La guerre y est le plus souvent présentée comme une expérience anoblissante pour l'homme, qui permet de purifier la société, tout en faisant résonnance aux valeurs japonaise du Bushidō prônées par le régime. Ce message se retrouve aussi dans les jidaigeki produits au même moment comme La Vengeance des 47 rōnin, qui partage le goût pour des décors opulents avec d'autres films du même style produits à la même époque[302]. Les jidaigeki vont aussi à l'occasion servir le message de la propagande anti-alliés, Ahen senso (1943) prend ainsi pour toile de fond la première guerre de l'opium pour véhiculer un message anglophobe[303]. La propagande cible aussi le public des enfants, et plusieurs films anime sont produits. Le personnage de Norakuro de Norakuro fait l'objet de 4 adaptations entre 1933 et 1938[304], et Momotaro, le divin soldat de la mer sorti en bénéficie d'un travail sur l'animation qui reste inégalé jusqu'à la fin des années 1950[305].

Architecture[modifier | modifier le code]

Intégration des styles occidentaux sous l'ère Meiji[modifier | modifier le code]

Japanese-Western Eclectic Architecture (en)

L'architecture japonaise intègre les influences occidentales par plusieurs biais à partir du début de l'ère Meiji. Un nombre réduit d'architectes étrangers travaillent dans le pays au début de la période, tels Thomas Waters qui produit à Osaka l'hôtel des monnaies et la résidence Senpukan qui compte parmi les premiers bâtiments de style occidental dans le pays. Certains de ces étrangers sont recrutés comme conseillers étrangers, et travaillent dans le pays comme enseignants de manière à transmettre aux japonais les techniques et styles de construction. C'est le cas de Charles Alfred Chastel de Boinville (en) et de Giovanni Vincenzo Cappelletti, ou encore de Josiah Conder , ce dernier étant en charge des premiers cours d'architecture de l'université de Tokyo. Cette acquisition de savoir est aussi faite aux travers de nombreux étudiants japonais envoyés en Europe et aux États-Unis grâce à des bourses du gouvernement, et qui à leurs tours deviennent souvent enseignants en architecture à leurs retour. C'est le cas de Yamaguchi Hanroku (ja) ou de Nakamura Junpei (ja) qui étudient à Paris, ou de Tatsuno Kingo qui étudie à Londres[306].

Une architecture pseudo-occidentale, ou Giyōfū, émerge alors. Celle-ci doit composer avec les limites techniques des débuts de l'ère Meiji. Les constructeurs japonais dans un premier temps utilisent leurs techniques de constructions en bois en ne copiant que l'apparence extérieure des bâtiments (comme à l'église d'Ōura à Nagasaki), avant d'utiliser aussi les techniques de constructions une fois celles-ci maitrisées. Le bâtiment de la Banque du Japon construit en 1896 par Tatsuno Kingo apparait comme le premier bâtiment de ce style conçu et construit uniquement par des japonais maitrisant les techniques occidentales[306]. Un architecte comme Katayama Tōkuma s'illustre aussi en intégrant différents styles européens en fonction de ses réalisations : baroque pour le Musée national de Nara (en 1894), Style Second Empire pour le Musée national de Kyoto (1895), néoclassique pour le hyōkeikan du Musée national de Tokyo (1908), et en ligne avec les productions des palais royaux européens pour le Palais d'Akasaka. Tsumaki Yorinaka est l'autre grande figure de ce courant architecturale sous l'ère Meiji, à qui l'on doit notamment le bâtiment du Kanagawa Prefectural Museum of Cultural History (en), conçu dans un style néobaroque alors en vogue en Allemagne. D'autres bâtiments de ce style Giyōfū sont notables, comme les anciens bureaux du gouvernement de Hokkaidō, le Rokumeikan (aujourd'hui détruit), ou encore la Kaichi School (en)[307].

Seconde moitié de la période impériale, japanisme et modernisme[modifier | modifier le code]

Une production reprenant les codes traditionnels japonais s'affirme au travers des productions d'Itō Chūta. Après avoir étudié le complexe bouddhiste du Hōryū-ji dans la préfecture de Nara, il en tire des grands principes censés incarner l'architecture japonaise, notamment concernant le rôle de la toiture des bâtiments[308]. Il intègre souvent à ses productions des matériaux modernes comme le béton, et une toiture inspiré des temples bouddhiques[309]. Il se voit confier la réalisation de plusieurs grands temples au Japon (Meiji-jingū en 1920, reconstruction de Yasukuni-jinja en 1924, Tsukiji Hongan-ji en 1934) mais aussi dans les colonies (Taiwan-jingū en 1901, Chōsen-jingū en 1925), ainsi que plusieurs bâtiments mémoriaux[308]. Itō Chūta exerce de plus une influence importante dans la production des bâtiments publics en participant très souvent aux jurées chargé de départager des projets concurrents, et en favorisant ceux qui relève du style à toiture impériale (en). La recherche de codes traditionnels amène un autre architecte comme Hideto Kishida (en) dans une voie différente, plus portée sur la simplicité des formes, et compatible avec le modernisme. Enseignant à l'université de Tokyo, et y exerçant une influence importante sur les futurs architectes qui sont formés dans les années 1930, Hideto Kishida (en) voit dans le villa impériale de Katsura et son pavillon de thé un exemple à suivre[309].

Une architecture moderniste est portées par plusieurs architectes à partir des années 1920. Le mouvement Bunri ha (ja) s'inspire de la Sécession viennoise, et un de ses cofondateurs Ishimoto Kikuji (ja) réalise le nouveau siège que le journal Asahi shinbun se fait construire en 1927, ainsi que le grand magasin Shirokiya en 1928. Il recherche à obtenir un bâtiment esthétique en passant par l'équilibre des formes et des volumes, et la symétrie des motifs, et non par la copie de styles historiques[310]. Les travaux de Le Corbusier sont popularisés dans la communauté des architectes locaux au travers d'une vingtaines d'articles publiés dans Kokusai Kenchiku en 1929, et plusieurs japonais travaillent à ses cotés dans ses bureaux parisiens comme Kunio Maekawa ou Junzō Sakakura. Ce dernier réalise avec le Pavillon japonais de l'exposition universelle de Paris de 1937 l'un des premiers bâtiment réalisé pour le Japon en suivant les préceptes de l'architecte suisse. Quelques architectes étrangers réalisent par ailleurs des bâtiments modernistes au Japon lors de cette période, comme Antonín Reimann et Frank Lloyd Wright[311]


Sources[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le Royaume-Uni concentre ses efforts en Asie sur la Chine dédie une partie de sa puissance à la lutte contre la Russie dans le Grand Jeu en Asie centrale. La France se concentre sur la Campagne de Cochinchine en Asie, et à contrer la montée de la Prusse en Europe. La américains sont eux occupés par la guerre de Sécession qui frappe le pays.
  2. L'armée fait partie des prérogatives de l'empereur, et statutairement c'est un militaire de haut-rang qui doit être nommé ministre de la guerre. Le refus des militaires de rejoindre un gouvernement empêche donc celui-ci d'être constitué.
  3. Bien que déclenchées à des dates différentes, les attaques sont simultanées (à une heure près) car elles ont lieu de part et d'autre de la ligne de changement de date.
  4. La première, l'Université de Tokyo est inaugurée en 1877. Elle est suivie les années suivantes par l'Université de Kyōto en 1897, et l'Université du Tōhoku à Sendai en 1907. Au total neuf universités sont créées, dont deux dans les colonies : l'Université impériale de Keijō en 1924 et l'Université impériale de Taihoku en 1928.
  5. Ces chiffres intègre les étudiants d'universités, mais aussi de collèges universitaires aux formations plus courtes
  6. Minatogawa-jinja est consacré en 1871 à Kōbe, Toyokuni-jinja est restauré en 1880 à Kyōto, Abeno-jinja en 1882 à Ōsaka, Kashihara-jingū en 1889 à Nara. Voir Shimazono Susumu 2009, p. 112
  7. Une querelle porte en particulier sur le nombre de dieux majeurs, trois ou quatre, à inclure dans le panthéon shintō.
  8. Motoori Norinaga (1730–1801) et Hirata Atsutane (1776–1843) en particulier se sont montrés très virulents dans les critiques du bouddhisme.

Références[modifier | modifier le code]

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  48. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Souyri 2010 P.508
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Bibliographie[modifier | modifier le code]

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