LGBT au cinéma

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L'équipe du film La piel que habito au Festival de Cannes 2011 en compagnie de Jean-Paul Gaultier, à droite.

L'homosexualité a été représentée au cinéma de façons très diverses suivant l'époque, le pays, le contexte culturel ou le regard personnel du réalisateur. Ce thème a été traité dans des comédies, dans le cinéma expérimental, dans des films historiques, policiers, biographiques, d'horreur, de contestation sociale ou de série B.

On distingue le cinéma à thème LGBT, dont l'intrigue tourne autour de personnages homosexuels et de leurs relations avec les autres, et les films faisant intervenir des personnages LGBT dans des rôles secondaires, dont la sexualité n'entre pas en compte dans la trame du film. La plupart des films de la première catégorie ont pour thèmes l'homosexualité et la bisexualité masculines, alors que le lesbianisme et la transidentité ont été moins souvent abordés.

Historique général

Alors que la plupart des représentations cinématographiques de l'homosexualité ou, d'une manière plus générale, de l'ambiguïté sexuelle et du travestissement parues entre 1895 et 1934 tendent à donner une image négative de toute « déviance » sexuelle, on assiste à l'époque à une véritable émergence de la question gay au cinéma, qui se manifeste par l'éclosion de talents comme Rudolph Valentino, Louise Brooks ou Jean Cocteau, mais aussi par le succès remporté par les chefs d'œuvre de Leontine Sagan (Jeunes filles en uniforme, Allemagne, 1931), Josef von Sternberg (Cœurs brûlés, États-Unis, 1931), James Whale (Frankenstein, Une soirée étrange, États-Unis, 1931 et 1932) ou encore Jean Vigo (Zéro de conduite, France, 1933) [1].

À partir de 1933, l'homosexualité est bannie des écrans, non seulement dans l'Allemagne nazie, dans l'Italie de Mussolini, en URSS, toujours soumise à un régime clairement autoritaire, et, un peu plus tard, dans l'Espagne franquiste, mais aussi au Royaume-Uni, qui peine à s'affranchir d’une morale victorienne particulièrement virulente, et aux États-Unis, où est adopté un code de censure (Code Hays) excessivement rude. La France reste pratiquement le seul pays au monde où subsiste une certaine tolérance ce dont témoignent Hôtel du Nord (Marcel Carné, 1938) et La Règle du jeu (Jean Renoir, 1939)[2].

Dans les années 1930, 1940 et 1950 les réalisateurs durent aux États-Unis faire preuve d'une inventivité incroyable pour traiter, d'une manière ou d'une autre, de sujets que le Code Hays rejetait catégoriquement. Si certains de leurs films ont construit leur réputation sur leur évidente ambigüité, il est clair que certaines œuvres n'ont pas pour ambition de donner une image positive de l'homosexualité. Néanmoins, certains réalisateurs choisissent de montrer au spectateur en quoi la société fait preuve d'une très grande intolérance envers tout ce qui ne correspond pas à la norme.

Depuis le début des années 1960 et l’assouplissement des règles de représentation de l'homosexualité, bon nombre de films posent un questionnement sur le genre, que ce soit de manière inédite (Fassbinder en Allemagne, Almodóvar en Espagne, Gus Van Sant, Todd Haynes et Gregg Araki aux États-Unis) ou en recyclant avec plus ou moins d'habileté les clichés réservés aux homosexuels. En France, les films La Cage aux folles (Édouard Molinaro, 1978), Papy fait de la résistance (Jean-Marie Poiré, 1983) ou encore Le père Noël est une ordure (Jean-Marie Poiré, 1982) font preuve d'un regard relativement nouveau sur la question[3].

Jake Gyllenhaal, l'un des protagonistes du Secret de Brokeback Mountain (Ang Lee, 2005), film qui présenta l'homosexualité dans un milieu on ne peut plus masculin et hétérosexuel, celui des westerns.

Jusque là, les homosexuels étaient représentés sous une forme stéréotypée ou dans des rôles d'assassins impitoyables ou d'êtres perturbés à penchant suicidaire, des exceptions se trouvant dans le cinéma indépendant nord-américain ou dans certaines productions européennes. Le tournant dans le domaine grand-public, semble avoir été atteint en 2006 par Le Secret de Brokeback Mountain d’Ang Lee qui, par son succès mondial, le nombre impressionnant de récompenses et les réactions qu'il a déclenchées, a permis sans doute de faire atteindre une nouvelle dimension à ce genre, un impact social avec un vaste écho. Deux ans plus tard, Gus Van Sant tourne Harvey MilkSean Penn remporte l' Oscar du meilleur acteur ; le scénariste du film, Dustin Lance Black, déclare alors au quotidien Le Monde :

« c’est le premier film hollywoodien grand public où le personnage est gay sans s'excuser de l'être[4]. »

Cette situation évolua peu à peu jusqu'à l'époque actuelle, où les grandes sociétés de production réalisent des films s'adressant avant tout au public LGBT, avec des personnages et des scénarios plus réalistes, et présentés dans des salles commerciales ou dans les nombreux festivals de cinéma LGBT se tenant un peu partout dans le monde. Une grande partie de ces films récents montrent combien il est difficile de faire son coming out et exposent au spectateur la réalité à laquelle sont confrontés les homosexuels.

Le cinéma LGBT par pays

Cinéma des États-Unis

Cinéma de Hollywood

Après de courageux débuts dans le court métrage, avec Lot in Sodom (James Sibley Watson et Melville Webber, 1933), qui traitait les homosexuels comme des satyres dépravés, avides de sexe, mais, s'inspirant de l'histoire sainte, esthétisait le désir homo et ajoutait l'incontournable touche de culpabilité judéo-chrétienne[5], ce ne fut qu'au XXIe siècle que le film Le Secret de Brokeback Mountain (Ang Lee, 2005) présenta les homosexuels au grand public comme des hommes « normaux », à l'aspect traditionnellement masculin et dépourvus de toute pathologie censée justifier la présence de tels personnages dans le film[6].

Origines: Cinéma muet

Le cinéma a traité de l'homosexualité dès ses premiers balbutiements. L'une des premières scènes homosexuelles que l'on ait conservées provient d'une expérimentation de Thomas Edison de 1895, où l'on peut voir deux hommes dansant ensemble alors qu'un troisième joue un air de violon, bien que l'intention ne fût pas précisément celle qu'on veut bien lui prêter. Ultérieurement, dans les premières productions commerciales, l'homosexualité était présentée sous un angle humoristique, sous forme de gags. Ainsi, dans une scène du film A Florida Enchantment, de Sidney Drew, (1914), on voit deux femmes laissant de côté leurs partenaires pour danser ensemble, les deux hommes repoussés de la sorte se mettant à leur tour, après quelque hésitation, à en faire autant[7].

Pendant cette période, on représentait les hommes homosexuels sous une forme stéréotypée, en exagérant leur efféminité pour qu'un public populaire pût distinguer les personnages gays sans qu'il fût besoin de paroles. Citons à titre d'exemple une scène du film de Charlie Chaplin Charlot fait du ciné (Charlie Chaplin et Edward Brewer, 1916), où Charlot donne un baiser à une femme vêtue en homme, mais dont il sait qu'elle est une femme, tandis qu'un autre homme, les voyant, commence à tourner autour d'eux avec des airs manifestement efféminés pour attirer leur attention, mais se fait chasser par Charlot par un coup de pied dans le derrière[8].

Cinéma classique : des années 1930 aux années 1960
Marlene Dietrich dans le film Cœurs Brûlés (Josef von Sternberg, 1930).

Dans le cinéma muet, le personnage de tapette (« sissy » en anglais) se trouvait déjà dans les films de Hollywood, mais ce n'est qu'après l'apparition du cinéma sonore qu'il devint vraiment populaire. Bien qu'il ne fût jamais fait mention des préférences sexuelles ou affectives de ces personnages, l'audience pouvait facilement les identifier comme homosexuels, car ils reflétaient exactement les clichés colportés à leur égard dans la société. Ils y étaient représentés comme des personnages extrêmement maniérés, affectés, aux fines moustaches et souvent grotesquement maquillés. Ils faisaient rire les spectateurs et, en comparaison avec eux, les hommes se sentaient plus masculins et les femmes plus féminines. On les trouve dans des films comme Broadway Melody (Harry Beaumont, 1929), Haute Société (George Cukor, 1932), La Joyeuse Divorcée (Mark Sandrich, 1934) ou Myrt and Marge (Al Boasberg, 1933).

À cette époque, les hommes portant des habits ou adoptant des attitudes propres aux femmes suscitaient des réactions tout autres que les femmes assumant un rôle masculin. Alors que les premiers faisaient l'objet de plaisanteries ou de situations comiques, les secondes étaient considérées comme attractives autant par les hommes que par les femmes. On peut constater cette réaction dans le film Cœurs Brûlés (Josef von Sternberg, 1930), où Marlene Dietrich revêt un smoking d'homme dans une boîte de nuit et est applaudie par toute l'assistance lorsqu'elle donne un baiser sur la bouche à une autre femme[9].

Greta Garbo, icône lesbienne.

Autre film évoquant le lesbianisme, La Reine Christine (Rouben Mamoulian, 1933), qui, bien que l'histoire eût été modifiée pour ne pas faire directement allusion à l'homosexualité de Christine de Suède, relatait l'étroite amitié qui la liait à l'une de ses servantes[10].

Sa protagoniste, Greta Garbo, et Marlene Dietrich, mentionnée plus haut, devinrent les deux icônes lesbiennes par excellence de l'histoire du cinéma[11].

Dans les années 1930, l'Église catholique et certaines branches du protestantisme, menacèrent, par le biais de la Ligue pour la vertu et de la Ligue des femmes, d'appeler au boycott pour protester contre le contenu de certains films considérés comme indécents et nuisibles pour la société. Pour atténuer ces pressions, l'industrie cinématographique de Hollywood approuva le Code Hays, imaginé par William Hays, dont l'objectif était de censurer tous les contenus considérés indécents[12]. Figuraient parmi ces contenus les nus, les baisers trop fougueux, l'avortement, la prostitution ou les perversions sexuelles, dont l'homosexualité. Entre 1934 et 1967, la censure était autorisée à modifier des dialogues, des scènes, des personnages ou des trames qui ne respectaient pas les principes du code. Ainsi, dans Le Poison (Billy Wilder, 1945) les doutes qui hantent le protagoniste au sujet de sa sexualité, explicites dans le roman sur lequel le film se base, sont passés sous silence[13]. Feux croisés (Edward Dmytryk, 1947) modifie le propos du livre dont il s'inspire, L'Aventure du caporal Mitchell de Richard Brooks, éliminant les allusions à des meurtres perpétrés contres des homosexuels pour en faire un film sur les assassinats de juifs[14].

Tant dans sa période britannique qu'américaine, Alfred Hitchcock traita de l'homosexualité, dans des films comme Rebecca (1940) ou La Corde (1948).

La nouvelle censure du Code Hays interdisait toute référence à l'homosexualité, mais ne parvint pas à éradiquer sa présence dans le cinéma. La principale différence avec la période antérieure était que les homosexuels n'étaient plus un élément comique, mais assumaient le rôle de personnes dépravées, conformément au concept d'homosexualité que le Code Hays s'appliquait à transmettre à la société, obligeant réalisateurs et scénaristes à rechercher des formes éludées ou sous-entendues pour raconter ce qu'ils avaient à dire. Dans certains films comme La Fille de Dracula (Lambert Hillyer, 1936), Rebecca (Alfred Hitchcock, 1940), ou, plus tard, Femmes en cage (John Cromwell, 1950), on voyait des lesbiennes capables de poursuivre leurs objectifs sans aucun scrupule, bien qu'il ne fût pas dit explicitement qu'elles étaient homosexuelles. Dans La Femme aux chimères (Michael Curtiz, 1950), une biographie du cornettiste de jazz Bix Beiderbecke, Lauren Bacall interprétait une femme bisexuelle qui mène une vie autodestructrice et désordonnée. De même, dans le film La Corde (Alfred Hitchcock, 1948), deux jeunes étudiants, interprétés par John Dall et Farley Granger, dont la relation amoureuse est suggérée en filigrane, assassinent un camarade[15].

Le duel entre Joan Crawford et Mercedes McCambridge dans Johnny Guitare (1954) illustre la façon d'aborder le lesbianisme à l'époque du Code Hays.

Comme toute allusion directe à l'homosexualité était proscrite, seule une insinuation était possible, à l'aide de clins d'œil, que le public saisissait aisément. Ainsi, dans Le Faucon maltais (John Huston, 1941), un classique du film noir, le personnage interprété par Peter Lorre, qui, dans le roman de Dashiell Hammett, est gay, est présenté au détective Sam Spade (interprété par Humphrey Bogart) le pommeau de sa canne appuyé sur la commissure de ses lèvres, l'accompagnement musical suggérant un parfum aux notes féminines. On trouve aussi des westerns où l'homosexualité est insinuée, comme dans certaines scènes entre Montgomery Clift et John Ireland dans le film de Howard Hawks La Rivière rouge (1948). Dans l'une de ces scènes, ils comparent amoureusement la longueur de leur pistolet et la précision de leurs tirs[16]. Deux autres exemples de la façon dont est traitée l'homosexualité en cette période des grandes productions de Hollywood : le lesbianisme voilé des protagonistes de La Blonde du Far-West (David Butler, 1953), avec Doris Day, et Johnny Guitare (Nicholas Ray, 1954), où l'on assiste à un duel interprétatif entre Joan Crawford et Mercedes McCambridge. La perception des gays dans la société américaine des années 1950 est bien restituée dans le long-métrage Thé et sympathie (1956) de Vincente Minnelli. Basée sur la pièce de théâtre homonyme de Robert Anderson, qui fut chargé de l'adapter au cinéma, il relate les efforts déployés par un jeune homme issu d'une famille aisée pour faire taire les rumeurs sur son homosexualité.

Charlton Heston (1923-2008), protagoniste de Ben-Hur (William Wyler, 1959), film qui, par le biais de doubles sens, passait outre à la censure du Code Hays frappant l'homosexualité.

À la fin des années 1950, on commença dans quelques films à insinuer des relations sexuelles entre des personnes du même sexe ; ce fut alors que la censure se mit à opérer d'une manière plus effective. Des films comme Ben-Hur (William Wyler, 1959) purent s'y soustraire grâce à un traitement quasi subliminal de la relation gay que suggère le film[17]. Comme l'affirme Gore Vidal, romancier et scénariste du film, dans le documentaire The Celluloid Closet, la trame de Ben-Hur tournait autour de la relation homosexuelle que les deux personnages principaux avaient entretenue pendant leur adolescence, relation traitée dans le film comme une amitié. Le cas de Spartacus (Stanley Kubrick, 1960), est différent ; dans ce film, la censure supprima une scène où l'on voit l'esclave (Tony Curtis) partager le bain de son maître (Laurence Olivier), alors que les deux personnages font discrètement allusion à leur homosexualité, évoquant une subtile différence de goût entre les huîtres et les escargots[18].

Dans Soudain l'été dernier (Joseph L. Mankiewicz, 1959), Katharine Hepburn interprète une mère prête à tout pour éviter que soit révélée l'homosexualité de son fils.
Le film La Chatte sur un toit brûlant (Richard Brooks, 1958) fut censuré pour que fût dissimulée l'homosexualité du protagoniste, élément majeur de la pièce de Tennessee Williams dont il s'inspire.

De même, les films La Chatte sur un toit brûlant (Richard Brooks, 1958)[19] et Soudain l'été dernier (Joseph L. Mankiewicz, 1959)[20], tous deux basés sur des pièces de théâtre de Tennessee Williams, furent censurés pour que l'homosexualité des ses protagonistes n'apparût pas de manière directe, bien qu'elle fût subtilement évoquée.

Au début des années 1960, la censure s'assouplit et le code Hays cessa progressivement d'être appliqué dans la majorité des cas, mais il restait encore à abattre le dernier tabou, l'homosexualité. Les réalisateurs, las des restrictions, commencèrent à tourner des films abordant clairement le thème des lesbiennes et des gays, mais toujours selon un prototype qui collait à ces personnages : ils devaient mener une vie tourmentée qui culminait en une fin tragique, que ce fût une mort violente ou un suicide.

Ce changement d'attitude se reflète dans le personnage de Platon (Sal Mineo), dans La Fureur de vivre (Nicholas Ray, 1956), qui, tombé amoureux de l'irrésistible Jim (James Dean), finit tué par un agent de police. Dans La Rue chaude (Edward Dmytryk, 1962), Dove (Laurence Harvey) retrouve son amour perdu Hallie (Capucine) dans une maison close, où elle entretient une relation lesbienne avec la patronne Jo (Barbara Stanwyck). Dans Tempête à Washington (Otto Preminger, 1962), un sénateur fait l'objet d'un chantage à cause de son homosexualité.

« Une vilaine rumeur peut-elle détruire ce qui est beau ? » Le terme « lesbianisme » n'apparaît pas dans le film La Rumeur (William Wyler, 1962), mais il est clair que c'est là le motif de la rumeur qui déclenche la trame.

L'exemple le plus paradigmatique est donné par La Rumeur (William Wyler, 1962), où Martha (Shirley MacLaine) est obnubilée par le fait d'être tombée amoureuse de sa collègue Karen (Audrey Hepburn) et finit par se suicider[21]. À la fin des années 1960, le terme « homosexuel » était déjà utilisé ouvertement dans certains films, enclins il est vrai à donner une vision truculente de la vie des lesbiennes et des gays. Le Détective (Gordon Douglas, 1968) raconte l'histoire d'un détective qui n'assume pas son orientation sexuelle. Dans Le Renard (Mark Rydell, 1968) un homme s'interpose dans un couple lesbien et parvient à « convertir » l'une d'elles à l'hétérosexualité, alors que l'autre meurt écrasée par un arbre. À l'aube de la nouvelle décennie paraît une tragicomédie audacieuse de thématique gay, L'Escalier (Stanley Donen, 1969)[22]. Richard Burton et Rex Harrison y incarnent un couple de coiffeurs homosexuels, accusés d’atteinte à la morale et empêtrés dans des situations cocasses.

Cinéma contemporain : à partir des années 1970
Michael York interprète un homosexuel sans complexe de culpabilité dans le film Cabaret (Bob Fosse, 1972).

Au début des années 1970 furent tournés les premiers films marquant une nouvelle évolution dans la relation entre l'industrie cinématographique et l'homosexualité, au moment précisément où le mouvement LGBT faisait ses premiers pas. Les Garçons de la bande (William Friedkin, 1970) fut le premier film gay à avoir été produit à Hollywood sans issue tragique, bien que sa vision stéréotypée des gays n'eût pas été bien accueillie parmi les activistes LGBT[23]. Le film met en scène un groupe de gays où priment l'amitié et la camaraderie, bien que par moments, certains des personnages s'adonnent, dans une attitude d'auto-compassion, à des réflexions sur leur condition sexuelle. Le film Cabaret (Bob Fosse, 1972) fit un pas de plus, Michael York jouant un gay résolu à assumer sa sexualité sans sentiment de culpabilité. Malgré ces exceptions et la tombée des tabous, qui permettait de représenter librement l'homosexualité, des films comme Point limite zéro (Richard C. Sarafian, 1971)[24] et Les Anges gardiens (Richard Rush, 1974) renouent avec le vieux stéréotype des délinquants gays finalement traduits en justice par le héros hétérosexuel.

Al Pacino,principal protagoniste du film controversé La Chasse (William Friedkin, 1980).

Encore au début des années 1980, des films comme Windows (Gordon Willis, 1980), Fanatique (Edward Bianchi, 1981) et La Chasse (William Friedkin, 1980) persistaient à voir dans les lesbiennes et les gays des assassins déments et sans scrupules[25]. Ce dernier film, mettant en scène un tueur en série qui localisait ses victimes dans des lieux d'ambiance leather, eut un effet quelque peu inédit jusqu'alors : les homosexuels, las de se voir représentés sous un jour négatif dans le cinéma de Hollywood et conscients de l'influence que celui-ci exerçait dans l'imaginaire collectif de la société, organisèrent des démonstrations massives dans différentes villes nord-américaines pour faire obstacle à sa distribution. Finalement, le film La Chasse fut retiré des écrans et les manifestations contribuèrent à ce que l'industrie cinématographique prît conscience de l'exaspération qu'éprouvait le collectif LGBT devant la mauvaise image qu'en donnait le cinéma. Pour ainsi dire en réconciliation allait paraître, en 1982, la comédie policière Partners (James Burrows, 1982), interprétée par Ryan O'Neal et John Hurt. Peu après fut lancé Clins d'œil sur un adieu (Bill Sherwood (en), 1986), début à l'écran pour l'acteur Steve Buscemi, qui interprète un musicien homosexuel porteur du virus du sida[26]. Ce fut la première production à aborder de près cette thématique, bien avant certains films plus connus comme Les Soldats de l'espérance (Roger Spottiswoode, 1993) et Philadelphia (Jonathan Demme, 1993).

À partir de ce moment, le cinéma s'adressant au grand public hollywoodien commença à produire des films qui traitaient les homosexuels avec respect, dont deux, tournés en 1982, jouèrent le rôle de pionniers : Making love (Arthur Hiller), qui retraçait une relation entre deux hommes, et Personal Best (Robert Towne), qui parlait de l'amour entre femmes. Dans le premier, un médecin marié éprouve une crise dans sa sexualité et se lance dans une histoire d'amour avec un écrivain gay interprété par Harry Hamlin. Le deuxième film met en scène deux athlètes d'élite interprétées par Mariel Hemingway et Patrice Donnelly (en) qui tombent amoureuses l'une de l'autre, mais dont les rapports sont perturbés lorsque l'une d'entre elle s'engage dans une relation hétérosexuelle.

Cher a participé à des films, comme Le Mystère Silkwood (1983), qui lançaient une message de tolérance envers les homosexuels.

À cette époque et jusqu'au début des années 1990, Hollywood produisit toute une série de films dans lesquels les personnages et les rapports homosexuels, notamment lesbiens, sont présentés sous des formes différentes. Si dans Le Mystère Silkwood (Mike Nichols, 1983) le personnage interprété par Cher vit ouvertement son homosexualité[27], dans d'autres films comme La Couleur pourpre (Steven Spielberg, 1985)[28], Beignets de tomates vertes (Jon Avnet, 1991)[29] ou Le Silence des agneaux (Jonathan Demme, 1991), les protagonistes lesbiennes ne se présentent pas comme telles d'une manière aussi manifeste que dans les romans sur lesquels se basent les films[30]. Le lesbianisme est également représenté pendant cette période dans des films comme Basic Instinct (Paul Verhoeven, 1992), déclenchant des manifestations des associations LGBT des États-Unis qui protestaient contre le fait que trois personnes incriminées étaient bisexuelles, dont le personnage incarné par Sharon Stone, perpétuant ainsi l'image négative de l'homosexualité[31]. La profonde amitié entre les protagonistes de Thelma et Louise (Ridley Scott, 1991) a souvent aussi été interprétée comme une relation lesbienne.

L'interprétation de Tom Hanks, avocat séropositif dans Philadelphia (Jonathan Demme, 1993), lui valut l'Oscar du meilleur acteur.

Philadelphia (Jonathan Demme, 1993), deuxième film à budget élevé et à acteurs renommés à aborder le thème du sida (après Les Soldats de l'espérance) aux États-Unis, a marqué au début des années 1990 un changement dans le cinéma de Hollywood[32]. Toutefois, le fait que les personnages de Tom Hanks et Antonio Banderas n'échangeassent pas de gestes d'affection typiques d’une relation amoureuse et l'absence de femmes homosexuelles suscitèrent des commentaires défavorables de la part de certains critiques du cinéma LGBT. Dans une interview du documentaire The Celluloid Closet (Rob Epstein et Jeffrey M. Friedman, 1996) Hanks révéla que quelques scènes où se manifestait une affection plus profonde entre lui et Banderas avaient été éliminées, dont une scène les montrant tous deux au lit (bien que l'édition sur DVD de ce film comporte bien cette scène). Le film remporta l'Oscar du meilleur acteur (Tom Hanks) et de la meilleure chanson (Bruce Springsteen pour Streets of Philadelphia)[33]. La trame s'inspirait en partie de l'histoire de Geoffrey Bowers, un avocat qui, en 1987, porta plainte contre le cabinet d'avocats Baker & McKenzie pour licenciement abusif. C'était là l'un des premiers cas de discrimination liée au sida.

La carrière du réalisateur taïwanais Ang Lee a été marquée par quelques films importants sur la thématique LGBT, comme Garçon d'honneur (1993) ou Le Secret de Brokeback Mountain (2005).

Depuis le milieu des années 1990, l'industrie nord-américaine présente une série de comédies qui abordent l'homosexualité comme thème principal ou secondaire, avec des personnages avenants et positifs. Garçon d'honneur (Ang Lee, 1993)[34] adoptait la structure d'une comédie d'intrigue style George Cukor où, dans un heureux couple homosexuel, l'un des deux partenaires se marie avec une fille, avec la complexité de l'autre, pour sauver les apparences envers ses parents attachés aux traditions. On retrouve une structure semblable dans In and Out (Frank Oz, 1997), avec Kevin Kline, Tom Selleck et Matt Dillon dans les rôles principaux, où un professeur de littérature assiste à la révélation de son homosexualité par un ancien élève, acteur célèbre, lors de la remise à ce dernier de l’Oscar du meilleur acteur[35]. Le Mariage de mon meilleur ami (P. J. Hogan, 1997), avec Julia Roberts et Cameron Diaz en tête d'affiche, est une comédie ubuesque dans laquelle le personnage gay joué par Rupert Everett prête main forte à son amie dans une manœuvre fallacieuse afin de l'aider à conquérir un garçon amoureux d’une autre[36]. Autre exemple, Pour le pire et pour le meilleur (James L. Brooks, 1997)[37], dans lequel l'écrivain taciturne interprété par Jack Nicholson, tombé amoureux d'une serveuse (Helen Hunt), profite, comme excuse pour lui faire la cour, d'une mésaventure survenue à son voisin, un artiste homosexuel Greg Kinnear. Extravagances (Beeban Kidron, 1995)[38] tire avantage de sa distribution (Patrick Swayze, John Leguizamo et Wesley Snipes) pour conter les aventures d'un groupe de drag queens traversant les États-Unis. Sur un registre juvénile, Méprise multiple (Kevin Smith, 1997)[39], interprété par Ben Affleck et Jason Lee, met en scène deux amis, dessinateurs de comics, dont l'un tombe amoureux d'une dessinatrice lesbienne (Joey Lauren Adams). Dans le film American Beauty (Sam Mendes, 1999)[40], qui a remporté cinq Oscars, le thème de l'homosexualité est aussi abordé au niveau d'un personnage secondaire.

Felicity Huffman dans Transamerica (Duncan Tucker, 2005), film qui aborde la transsexualité et les rapports familiaux.

Dans La Maison au bout du monde (Michael Meyer, 2004), deux amis remettent en cause leurs relations passées, y compris celle qui les lie[41]. Il convient de relever que, parmi les Oscars de 2006, trois films à thématique LGBT ont reçu des nominations : Le Secret de Brokeback Mountain (Ang Lee, 2005) avec 8 nominations et 3 statuettes[42], Transamerica (Duncan Tucker, 2005) avec 2 nominations[43] et Capote (Bennett Miller, 2005)[44], film biographique sur l'écrivain Truman Capote, qui obtint 5 nominations et le prix du meilleur acteur pour Philip Seymour Hoffman. En 2008, Sean Penn remporta l'Oscar du meilleur acteur pour son interprétation dans le film Harvey Milk (Gus Van Sant, 2008)[45], basé sur la biographie de l'homme politique gay Harvey Milk. Parmi les autres films à retenir de cette décennie, nous trouvons Le Talentueux Mr Ripley (Anthony Minghella, 1999)[46], la comédie dramatique I Love You Phillip Morris (Glenn Ficarra et John Requa, 2009), interprétée par Jim Carrey et Ewan McGregor[47], ou Bobby, seul contre tous (Russell Mulcahy, 2009), basé sur le livre homonyme de Leroy F. Aarons et interprété par Ryan Kelley et Sigourney Weaver, qui puise ses origines dans une histoire vraie s'étant produite à la fin des années 1970 et au début des années 1980[48].

Barry Jenkins (réalisateur et scénariste) avec les acteurs André Holland (Kevin) et Ashton Sanders (Chiron) du film Moonlight, Oscar et Golden Globe du meilleur film en 2017.

Dans l'édition 2017 des Oscars le film Moonlight (Barry Jenkins, 2016)[49] fut proclamé meilleur film de l'année après un incroyable cafouillage lors de la remise des enveloppes[50]. Moonlight remporta les Oscars du meilleur film, du meilleur acteur dans un second rôle (Mahershala Ali) et du meilleur scénario adapté (Barry Jenkins et Tarell Alvin McCraney) et obtint également le Golden Globe 2017 du meilleur film. Il raconte l'histoire d'un jeune Afro-Américain qui vit dans un quartier sensible de Miami. Structuré en trois parties correspondant à l’enfance, à l’adolescence et à l’âge adulte, Moonlight relate la vie de Chiron (Alex Hibbert, Ashton Sanders et Trevante Rhodes), un enfant orphelin de père, timide et renfermé, dont la mère est addicte au crack et qui, lui-même victime de harcèlement scolaire, découvre son homosexualité avec son ami Kevin (Jaden Piner, Jharrel Jerome et André Holland).

Cinéma indépendant et cinéma de genre

La principale différence entre le cinéma de Hollywood et les producteurs de cinéma indépendant dans le traitement de l'homosexualité réside dans le fait que ces derniers s'abstiennent de porter un jugement sur la sexualité des personnages ou de mettre en question leurs motivations. Les premières productions cinématographiques de cette catégorie se limitent au « film d'exploitation », basé sur les interdits et les tabous de la société tels que le crime, le sexe, la violence et les drogues.

Origines : cinéma « cautionary » (1930-1940)

Les premières représentations de l'homosexualité dans le cinéma indépendant nord-américain remontent au cinéma dit « cautionary », supposé devant tenir lieu de mise en garde, de mesure de précaution, qui est apparu dans les années 1930[51]. Ce type de films avait pour thèmes la consommation de drogues, le métissage, la promiscuité sexuelle, l'homosexualité, l'avortement et la fornication, le but officiellement poursuivi étant d'éduquer et d'avertir l'audience. Malgré tout, des idées erronées y étaient introduites et il jouissait d'une grande popularité, aucune censure ne venant s'y opposer avant l'application du Code Hays.

Cinéma d'exploitation (1950-1970)

Affiche du film d'exploitation lesbien Chained Girls (en) (1968).

Le cinéma d'exploitation reprend ces thèmes récurrents et les productions cinématographiques, généralement à faible budget, prétendent remporter un succès commercial et se positionner parmi les films culte plus par des thématiques triviales que par leur qualité esthétique. Elles connurent leur âge d'or dans les années 1960 et 1970, avec la popularisation de l’esthétique camp de l'efféminement et la culture « closet » antérieure aux émeutes de Stonewall, qui se référait à l'homosexualité, à la transidentité et aux drag queens[52]. L'un des premiers films sur le travestissement à avoir été tourné en marge de l'industrie de Hollywood a été la production de série B Louis ou Louise (1953), avec Ed Wood comme réalisateur et acteur principal, lequel fut qualifié de « plus mauvais cinéaste de l'histoire du cinéma » par les critiques Michael et Harry Medved dans leur livre de 1980 The Golden Turkey Awards. Le thème de Louis et Louise se base sur la propre vie de Wood et celle de Christine Jorgensen, l'une des premières personnes transsexuelles à avoir changé de sexe[53].

Tout aussi iconoclaste que Wood, le réalisateur Kenneth Anger a exercé une influence considérable sur le cinéma moderne. On trouvait dans ses films, dont Scorpio Rising (1963), aussi bien le fétichisme gay, que l'occultisme et les drogues[54].

Cinéma contemporain: à partir des années 1960

Andy Warhol, Paul Morrisey et Tennessee Williams. Trois icônes de la culture LGBT nord-américaine du XXe siècle.

Pendant la deuxième moitié des années 1960, le réalisateur Paul Morrissey tourna dans la Factory, avec Andy Warhol comme producteur, de nombreux films expérimentaux traitant sans ambages de l'homosexualité et de la transsexualité[55], dont Lonesome Cowboys (1968), un western se déroulant dans un village habité uniquement par des hommes, et tout particulièrement la trilogie Flesh, composée de Flesh (1968), Trash (1970) et Heat (1972) et figurant parmi les premières productions à montrer le corps masculin comme un objet érotique, faisant de son acteur protagoniste, Joe Dallesandro, un sex-symbol du monde gay[56].

Les films comme ceux de Warhol et Morrissey et l'avènement de la contre-culture dans les années 1960 marquèrent la naissance du cinéma underground de la décennie suivante, genre représenté par plusieurs réalisatrices qui abordèrent le lesbianisme sous un angle politique et féministe. La première à s'engager dans cette voie a été la réalisatrice Barbara Hammer, qui, depuis 1968, a tourné de nombreux films expérimentaux sur cette thématique, dont elle est considérée comme la pionnière[57]. Hammer a traité l'érotisme lesbien et a représenté sans tabous le corps féminin dans des films comme Dyketactics (1974), Menses (1974) et Multiple Orgasm (1976). Autre nom important du cinéma féministe lesbien : Jan Oxenberg, dont les films critiquent les stéréotypes culturels hétérosexuels et homosexuels en ayant recours à un sens de l'humour particulier qui porte parfois à controverse. Les travaux de Hammer et Oxenberg ont exercé une influence sur plusieurs réalisatrices comme Greta Schiller, Su Friedrich et Lizzie Borden, qui ont approfondi cette représentation militante du lesbianisme, opposée à celle traditionnellement divulguée par la culture dominante.

Les films de John Waters, notamment ses productions en collaboration avec Divine, sont provocateurs, pervers et hilarants.

Toujours dans les années 1970, John Waters devint une référence incontournable dans le cinéma indépendant et un cinéaste culte de par ses comédies grossières, satiriques et irrévérencieuses. L'homosexualité, le travestisme et le camp sont présents dans tous ses films, dont bon nombre ont pour protagoniste son compagnon sentimental, la drag queen Divine[58]. Son film le plus emblématique est Pink Flamingos (1972), où la famille de Divine rivalise avec une autre pour remporter le titre de la famille la plus répugnante du monde. Autres œuvres caractéristiques de sa trajectoire : Polyester (1981) et Hairspray (1988).

Si, pendant les années 1980 et dans la première moitié des années 1990, l'industrie du cinéma indépendant traitait le thème d'un point de vue dramatique, elle ne le fit jamais sous un angle moral. Retenons, de cette époque, des films comme Un Compagnon de longue date (Norman René, 1990) ou Le Dernier Anniversaire (Randal Kleiser, 1996). Peu de films se détachèrent, à l’époque, du dramatisme : l’un des premiers à le faire fut Desert Hearts (Donna Deitch, 1985), film à thématique lesbienne (le premier réalisé par une femme) où les deux protagonistes connaissent une fin heureuse.

New Queer Cinema

Au début des années 1990, le mouvement appelé New Queer Cinema défia par sa vision radicale de l'homosexualité autant le cinéma conventionnel que les activistes LGBT, qui, après des décennies de stéréotypes négatifs véhiculés dans le cinéma sur les lesbiennes et les gays, commençaient à demander que les films donnassent une bonne image de ces collectivités[59]. Les films précurseurs du mouvement furent Mala Noche (Gus Van Sant, 1985)[60], qui dépeint la relation entre Walt (Tim Streeter), un jeune homosexuel gérant d'un magasin, et deux immigrés clandestins mexicains, Johnny (Doug Cooeyate) et Roberto "Pepper" (Ray Monge), et Clins d'œil sur un adieu (Bill Sherwood, 1986), l'une des premières productions à aborder le sida au cinéma, où deux personnes doivent se quitter devant l'imminence de la mort[61]. Ces deux films sont considérés comme des œuvres cultes.

Gus Van Sant, l'un des représentants les plus connus du New Queer Cinema nord-américain.

Parmi les films les plus représentatifs et à l'influence la plus marquée figurent My Own Private Idaho (Gus Van Sant, 1991), interprété par River Phoenix et Keanu Reeves, qui relate les aventures, à Portland, de deux jeunes prostitués, dont l'un est narcoleptique, Poison (Todd Haynes, 1991), entremêlant diverses histoires inspirées de Jean Genet, et Swoon (Tom Kalin, 1991), qui traite du meurtre perpétré par deux étudiants de l'Université de Chicago sur un jeune garçon pour prouver leur courage d'assumer un tel acte. Le même thème a été porté au grand écran par Alfred Hitchcock dans le film La Corde (1948) et par Richard Fleischer dans Le Génie du mal (1959). Totally Fucked Up (Gregg Araki, 1993) est la première partie d'une trilogie de l'apocalypse adolescent et dépeint les vies dysfonctionnelles de six adolescents homosexuels qui forment une "famille", s’aidant réciproquement à affronter les obstacles de la vie. Go Fish (Rose Troche, 1994), est un film qui retrace la vie d’un groupe d'amies lesbiennes et qui fut très bien accueilli par la critique. Dans les films queer, selon le critique Diego Trerotola, l'homosexualité n'est pas tant une pratique stabilisée, une habitude sociale, qu'une prestation, une action qui ne peut être répétée ni consommée. Dans ces films, la sexualité, d'une manière générale, n'est pas nécessairement représentée par des images digestibles et acceptables. Sa présence à elle seule a une valeur critique qui ébranle les canons traditionalistes[62].

À la différence de Gregg Araki[63], qui continue à réaliser des films s'inscrivant clairement dans les postulats du New Queer Cinema, les autres réalisateurs ont modulé leurs positions ou élargi leur discours cinématographique. Néanmoins, cette vision de l'homosexualité s'écartant des conventions sociales établies se trouve aussi dans d'autres films indépendants ultérieurs, comme J’ai tiré sur Andy Warhol (en) (Mary Harron, 1995), basé sur la vie de la féministe radicale Valerie Solanas, ou Boys Don't Cry (Kimberly Peirce, 1999), qui relate l'histoire réelle de Brandon Teena, un homme transgenre américain assassiné par transphobie. L'œuvre de John Cameron Mitchell[64] comprend des films tels que Hedwig and the Angry Inch (2001), centré sur l'histoire d'un chanteur de rock transgenre, ou Shortbus (2006), qui intègre le sexe explicite de manière naturelle et comprend quelques rôles peu conventionnels. The Fluffer (Richard Glatzer et Wash West, 2001) présente un triangle amoureux dans le contexte du cinéma pour adultes homosexuel et inclut des caméos de personnalités renommées de cette industrie, comme Chi Chi LaRue, Ron Jeremy ou Karen Dior.

Certains récupérateurs du cinéma classique des années 1990 font des clins d'œil aux modes de représentation de l'homosexualité dans les films de l'époque. Dans le film des frères Coen Miller's Crossing (1990), il existe un triangle amoureux inquiétant et voilé entre les gangsters interprétés par John Turturro, Steve Buscemi et J.E. Freeman, bien que le mot "homosexuel" ne soit jamais employé[65].

Des comédies romantiques ont aussi été tournées sans surcharge dramatique, traitant la thématique LGBT sous l'angle du quotidien : Deux garçons, une fille, trois possibilités (Andrew Fleming, 1994) présente deux étudiants partageant une chambre qui se voient obligés d'accueillir une fille comme troisième colocataire en raison d'une erreur administrative. Dans Jeffrey (Christopher Ashley, 1995), un serveur gay désirant devenir acteur décide, de peur du sida, de cesser définitivement de pratiquer le sexe. Méprise multiple (Kevin Smith, 1997), interprété par Ben Affleck, raconte l'histoire d'un dessinateur de bd qui tombe amoureux d'une collègue lesbienne. Kiss me, Guido (en) (Tony Vitale, 1997) présente le conflit entre un acteur homosexuel qui tombe amoureux d'un prétendant acteur hétérosexuel avec lequel il partage un appartement. Dans Trick (Jim Fall, 1999), deux jeunes gays ne parviennent pas à trouver un endroit où vivre leur intimité à Manhattan. L'importance des amis pour aller de l'avant se révèle dans Le Club des cœurs brisés (Greg Berlanti, 2000). Eating Out (Q. Allan Brocka, 2004) et ses suites Sloopy Seconds (2006), All you can eat (2009) et Drama Camp (2011) revisite les schémas des comédies d'intrigue de George Cukor. Saved! (Brian Dannelly (en), 2004) est une comédie adolescente qui satirise le bigotisme. All Over the Guy (Julie Davis (en), 2001) est une comédie romantique où deux jeunes homosexuels tentent de jouer les entremetteurs entre deux de leurs amis alors que ceux-ci n'ont apparemment rien en commun. Citons enfin un film inclassable, Chain of Desire (Temístocles López, 1992), interprété par Linda Fiorentino et Elias Koteas, où plusieurs relations amoureuses apparemment sans rapport vont être reliées par les tourments du désir.

Au début des années 2020, le film Cowboys (Anna Kerrigan (de), 1986) relate comment un couple séparé affronte les problèmes identitaires de leur enfant transgenre (Sasha Knight (de)). La mère (Jillian Bell), à qui incombe la gestion du quotidien, n'accepte pas que sa fille soit un garçon manqué, alors que le père (Steve Zahn) partage avec son rejeton des aventures de cowboys dans les montagnes du Montana et lui permet de vivre pleinement, le temps d'un week-end, l'identité à laquelle il aspire[66].

Films d'épouvante : vampires homosexuels et Queer Horror

Il existe des théories qui affirment que le cinéma dédié aux monstres classiques, comme Dracula (Tod Browning, 1931) ou L'Homme invisible (James Whale, 1933), recèlent une double lecture et peuvent être interprétés comme des films reflétant l'homosexualité ou possédant un caractère homo-érotique plus ou moins dissimulé[67]. L'influence de ces classiques se retrouve dans des productions ultérieures comme Lemora (en) (Richard Blackburn, 1973), film où l'imposante et inquiétante Lemora séduit une angélique Lila Lee. La coproduction anglo-américaine Le Bal des vampires (Roman Polanski, 1967), une comédie noire où le protagoniste est poursuivi par un vampire homosexuel dément, a remporté un grand succès.

The Rocky Horror Picture Show (Jim Sharman, 1975), une icône dévoyée et rebelle que l'on trouve encore à l'affiche des cinémas et théâtres.

On ne saurait ignorer le musical dépravé inclassable et incontournable The Rocky Horror Picture Show (Jim Sharman, 1975), qui allie de manière magistrale et comique le transformisme, le rock 'n' roll, l'homosexualité et les premières relations sexuelles des protagonistes, le tout relevé par des effets spéciaux qu'on retrouvera dans des séries télévisées comme lesPower Rangers. Interprété entre autres par Tim Curry et Susan Sarandon, c'est la version cinématographique du musical homonyme qui continue à être projetée dans des versions spéciales un peu partout dans le monde et dont la version théâtrale est toujours représentée[68].

Un sous-genre du cinéma d'épouvante est la Queer Horror (en), qui applique les caractéristiques du slasher dans un contexte homosexuel[69]. Citons à titre d’exemple Hellbent (Paul Etheredge-Ouzts, 2004), dont les créateurs se targuent d'avoir tourné le premier film du genre slasher sur une thématique homosexuelle ; on y voit à l'œuvre un tueur qui décapite les uns après les autres plusieurs homosexuels en train de célébrer Halloween. Dans Dead Serious (Joe Sullivan, 2005), un groupe de voisins sectaires cherchent à mettre fin à l'activité d'un bar gay et à l'indécence qu'il représente ; or, il s’avère que non seulement le bar appartient à la mafia du quartier, mais aussi que celle-ci est dirigée par des vampires. On remarquera enfin October Moon (en) (Jason Paul Collum (en), 2005), où un homme commence par être repoussé par sa famille, par ses amis et sa fiancée, jusqu'à ce qu'ils se rendent tous compte de l'attraction qu'il ressent pour un collègue de travail.

Cinéma européen

L'acteur débutant Nils Asther contemplant des photos de scènes de Les Ailes (Mauritz Stiller, 1916)

En Europe comme dans le cinéma indépendant nord-américain, des films furent tournés sur la thématique homosexuelle faisant fi de la moralité alors prévalente et traitant le sujet sous l'angle de la normalité et du quotidien bien avant que le cinéma de Hollywood n'adoptât cette posture. La première production au monde à avoir pour thème principal une relation homosexuelle a été le film suédois Les Ailes (Mauritz Stiller, 1916)[70].

La filmographie européenne a généré bon nombre de films qui se distinguèrent au niveau international, comme Mort à Venise (Luchino Visconti, 1971), Salò ou les 120 Journées de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1975), Querelle (Rainer Werner Fassbinder, 1982), The Crying Game (Neil Jordan, 1992), Edward II (Derek Jarman, 1991), Les Nouveaux Mecs (Sönke Wortmann, 1994), Beautiful Thing (Hettie Macdonald (en), 1996), Krámpack (Cesc Gay, 2000) ou Summer Storm (Marco Kreuzpaintner, 2004).

Cinéma français

Jean Cocteau (1889-1963) poète, romancier, dramaturge, peintre, occultiste, designer, critique et réalisateur français.

Les premiers films à thématique homosexuelle tournés en France furent l'œuvre d’artistes multidisciplinaires et enclins à la transgression, qui alternèrent avec le cinéma la poésie, le roman et la peinture : Jean Cocteau et Jean Genet. Avant-gardiste en littérature, peinture et cinéma, Cocteau réalisa divers longs métrages avec pour protagoniste son amant Jean Marais, dont Orphée (1950)[71], adaptation homoérotique du mythe grec d'Orphée dans le contexte du Paris d'après-guerre.

La même année vit apparaître un autre film pionnier à thématique gay dans le cinéma français : le moyen métrage Un chant d’amour (1950), de Jean Genet, unique incursion de l'écrivain dans le monde du cinéma, qui montre des relations homosexuelles entre deux détenus et comprend des scènes de nu frontal et de sexe explicite, ce qui le fit interdire dans de nombreux pays tout en en faisant l'une des premières expressions de l’érotisme homosexuel au cinéma[72].

À l'époque où la Nouvelle vague dominait le cinéma français, il n'y eut guère de films à thématique lesbienne ou gay, au contraire de ce que l'on put observer dans les mouvements cinématographiques équivalents au Royaume-Uni et en Allemagne. L'une des rares exceptions fut le film Les Amitiés particulières (Jean Delannoy, 1964), basé sur le roman homonyme de Roger Peyrefitte. Dans un internat catholique régi d’une main de fer par les bons pères, deux élèves commencent à se sentir attirés l'un par l'autre. ce qui déclenche une campagne de répression de la part de la direction pour empêcher toute relation entre les élèves allant au-delà de l'amitié[73].

À partir des années 1970, on enregistre un nombre croissant de films français comprenant des personnages LGBT ou se concentrant exclusivement sur ce sujet. La cinéaste belge Chantal Akerman a entamé une carrière centrée sur la femme, ses sentiments et ses relations avec les autres[74]. Dans son premier long métrage, Je, tu, il, elle (1974)[75], elle trace le portrait d'une jeune lesbienne encore amoureuse de son ancienne amante, incluant des scènes de sexe entre les deux protagonistes.

L'actrice Sylvia Kristel, icône du cinéma érotique français des années 1970.

Furent tournés dans la même décennie des films érotiques à forte résonance internationale dépeignant des relations sexuelles entre des femmes sous la perspective d'hommes hétérosexuels, ce avec quoi nombre de lesbiennes ne pouvaient s'identifier. L'exemple paradigmatique en allait être une saga, basée sur le personnage du roman d'Emmanuelle Arsan (1959), dont le premier film français, Emmanuelle (Just Jaeckin, 1974)[76], fut incarné par Sylvia Kristel et remporta un grand succès. Histoire d'O (Just Jaeckin, 1975)[77], avec Corinne Cléry, était une adaptation du roman érotique homonyme écrit en 1954 par Pauline Réage sur une thématique sado-masochiste. On remarquera aussi Bilitis (David Hamilton, 1977), inspiré des Chansons de Bilitis, poèmes érotiques de Pierre Louÿs, qui relate l'initiation sexuelle d'une adolescente par une fmme mariée.

À la fin de la décennie, l'extravagante comédie La cage aux folles (Édouard Molinaro, 1978)[78], qui traitait de thèmes comme le travestissement en mettant en scène à Saint-Tropez un couple d'homosexuels murs, remporta un immense succès international. La pièce de théâtre éponyme, écrite par Jean Poiret fut en outre la source d'inspiration de deux suites, de plusieurs adaptations théâtrales et, plus tard, d'un remake aux États-Unis, Birdcage (Mike Nichols, 1996) interprété par Robin Williams, Gene Hackman, Nathan Lane et Dianne Wiest[79].

Vint inaugurer la nouvelle décennie L'Homme blessé (Patrice Chéreau, 1983)[80], où un jeune homme, rencontrant à la gare un homme plus âgé, au passé trouble, qui l’embrasse brusquement, découvre l'attraction qu'exercent sur lui d’autres hommes. Coup de foudre (Diane Kurys, 1983), dont l'histoire commence en 1942 dans la France occupée, montre deux femmes unies par une étroite amitié qui les fait quitter leurs maris[81].

Le réalisateur André Téchiné a représenté dans ses films l'homosexualité dans les différentes étapes de la vie.

En 1984, Yannick Bellon aborde l'homosexualité avec un film dramatique, La Triche: En enquêtant sur le meurtre d'un homosexuel, Morane (Michel Galabru), l'inspecteur Verta (Victor Lanoux), marié et père de famille, rencontre un jeune musicien, Bernard (Xavier Deluc), dont il tombe amoureux…

Dans une optique intimiste et sensuelle, l'homosexualité est aussi présente dans une plus ou moins forte mesure dans l'œuvre d'André Téchiné[82], notamment dans des films comme Les innocents (1987) ou Les Roseaux sauvages (1994)[83]. Ce dernier est en grande partie autobiographique, l'histoire s'inspirant d'un événement de la jeunesse du réalisateur, l'intrusion d'un pied noir dans un coin tranquille de la France des années 60. Les Roseaux sauvages est devenu un classique du cinéma français contemporain. Autre film d'André Téchiné, Quand on a 17 ans (2016)[84], reprenant dans son titre un vers d'Arthur Rimbaud, relate une nouvelle histoire d'adolescents qui se déroule dans les Pyrénées. Damien, dont la mère est médecin et le père militaire, et Tom, garçon métis adopté par une famille de paysans, fréquentent la même classe. Leur relation passera de l'affrontement physique à une hostilité franche, puis à une passion homo-érotique. Le film, contenant des scènes de sexe gay et des nus intégraux, a été en compétition à la Berlinale 2016.

Au début des années 1990, on retiendra le long-métrage autobiographique Les Nuits fauves (Cyril Collard, 1992)[85], interprété par Cyril Collard, Romane Bohringer et Carlos López, qui a remporté un grand succès, racontant l'histoire d’un jeune bisexuel, curieux de tout et séropositif, qui hésite entre le maintien d'une relation avec une jeune femme entièrement dépendante de lui sur le plan affectif et ses rapports sexuels avec son ami Samy, avec lequel il partage un appartement. La trame est une reprise du livre autobiographique homonyme écrit par Collard et le film remporta quatre Césars en 1993, bien que le réalisateur décéda du sida trois jours avant la cérémonie[86].

Anaïs Demoustier, Romain Duris et François Ozon en 2014 à une avant-première de Une nouvelle amie.

Le représentant le plus marquant du cinéma homosexuel contemporain en France est François Ozon, un cinéaste qui a été comparé à Pedro Almodóvar pour sa vision sans complexes de la sexualité[87]. Les rapports gays sont présents dans des films comme Gouttes d'eau sur pierres brûlantes (1999)[88], adaptation d'une pièce de théâtre de Rainer Werner Fassbinder ou Le Temps qui reste (2005)[89], qui se focalise sur un photographe homosexuel arrogant et prétentieux à qui l'on diagnostique un cancer inguérissable. Sa vision des relations lesbiennes ou bisexuelles est développée dans la comédie dramatique Huit Femmes (2001)[90], avec une distribution toute étoile comprenant Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Emmanuelle Béart et Fanny Ardant. Il a aussi abordé les identités sexuelles dans Une nouvelle amie (2015)[91], où un jeune veuf réinvente sa sexualité après la mort de sa femme.

L'équipe du film 120 Battements par minute lors du Festival de Cannes 2017.

Un thème récurrent dans le cinéma LGBT français des années 2010 est celui des jeunes adultes exclus de leur foyer familial à cause de leur homosexualité. On le trouvera dans le documentaire Famille tu me hais (Gaël Morel, 2020), qui relate par le biais d'interviews et portraits les traumatismes, mais aussi la soif de vivre de jeunes homosexuels rejetés par leurs parents[92]. Autre thème qui ne perd pas de son actualité, la lutte contre le sida fait l'objet d'un film historique, qui reste bouleversant, 120 Battements par minute (Robin Campillo, 2017), où les scènes de militantisme sont alternées par des scènes plus intimes où les personnages se rencontrent et se désirent. Ce film remporta le Grand prix du Festival de Cannes 2017[93].

Cinéma espagnol

La thématique homosexuelle a été traitée dans le cinéma espagnol dans tous les genres, sous tous les points de vue et avec une certaine quotidienneté[94]. Il existe des films de genre dramatique, comme Je veux être femme (Vicente Aranda, 1977), des comédies érotico-morbides (« destape » ou déshabillage) de l'époque du postfranquisme, comme Me siento extraña (es) (Enrique Martí Maqueda (es), 1977), des comédies comme Ma mère préfère les femmes (surtout les jeunes...) (Inés París (es) et Daniela Fejerman, 2001), des productions sur l'adolescence, comme Mentiras y gordas (Alfonso Albacete (es) et David Menkes (es), 2009) et même des films fantastiques et d'horreur, comme Vampyros Lesbos (Jesús Franco, 1970)[95].

L'homosexualité masculine est plus représentée dans les productions de cinéma espagnol que le lesbianisme, la transsexualité ou la bisexualité. Mais il existe des productions touchant toutes les thématiques, y compris le cinéma pornographique autochtone. Il convient cependant de tenir compte du fait qu'en raison de la censure cinématographique imposée pendant la dictature de Franco, le cinéma LGBT ne put s'épanouir qu'à partir des années 1970[96].

Pendant la dictature franquiste, l'homosexualité a toujours été traitée au cinéma de manière voilée et subtile, afin d'esquiver la censure. Il existe néanmoins quelques productions surprenantes, telles que Harka! (Carlos Arévalo, 1941)[97], film de guerre dont l'action se situe pendant la guerre du Rif et où les deux principaux personnages masculins entretiennent une amitié étrange et ambiguë[98]. Toutefois, le film pionnier, qui échappa mystérieusement à la censure, est sans aucun doute Diferente (es) (Roberto Luis Maria Delgado (es), 1961)[99]. Avec Alfredo Alaria (es) comme acteur principal, cette comédie musicale à thématique homosexuelle, pleine de références et de séquences homo-érotiques, est passée inaperçue des censeurs, peut-être moins acharnés sur les productions musicales. Le film nous montre un personnage tourmenté par son orientation sexuelle, qui, pendant ses épisodes de delirium tremens, causés par l'alcool et les drogues, a des rêves où il s'épanouit et s'exprime en dansant.

Narciso Ibáñez Serrador a débuté au cinéma avec La Résidence (1969), un film aux nombreux clins d’œil lesbiens se déroulant dans un pensionnat de jeunes filles.

Certains réalisateurs ont utilisé le genre du cinéma d'horreur pour faire référence implicite ou explicite à l'homosexualité et, plus concrètement, au lesbianisme. C'est le cas du premier film de Narciso Ibáñez Serrador, La Résidence (1969)[100], qui se déroule dans le milieu extrêmement cloîtré d'un pensionnat de jeunes filles, où l'on assiste à des actes morbides à caractère lesbien. Quelques productions de cinéma fantastique et d'horreur réalisées par Jesús Franco, comme la coproduction hispano-allemande Vampyros Lesbos (1971)[101], peuvent être considérées comme des antécédents dans la représentation de personnages clairement homosexuels.

L'homosexualité est également traitée d'une manière totalement opposée, à l'aide de clichés et de stéréotypes négatifs, dans diverses productions du cinéma essentiellement commercial des années 1960 et 70. Un exemple symptomatique en est la coproduction hispano-italienne No desearás al vecino del quinto (« Tu ne convoiteras pas le voisin du cinquième ») (Tito Fernández, 1970). Dans ce film, Alfredo Landa[102] interprète un modiste qui se fait passer pour homosexuel pour pouvoir draguer les femmes qui viennent le voir sans avoir à être confronté à leurs maris ou amants[103].

José Luis López Vázquez interprète Adela/Juan dans Mi querida señorita (Jaime de Armiñán, 1972), l'un des premiers films à aborder un changement d'identité.

Il convient enfin de mentionner, vers la fin de la dictature, le film Mi querida señorita (Jaime de Armiñán, 1971)[104], avec José Luis López Vázquez dans le rôle d’Adela/Juan, la première production espagnole à traiter d'un changement d'identité de genre.

À partir de la mort de Franco et avec la mise en place d'un régime démocratique en Espagne au milieu des années 1970, la censure cinématographique disparaît, permettant la production de films à thématique LGBT, et certains réalisateurs entament une carrière brillante au niveau international[105]. Pour la première fois sont mises en scène des histoires en rapport avec la transsexualité, comme Je veux être femme (Vicente Aranda, 1977)[106], avec Victoria Abril et Bibí Andersen. Ou alors on revisite l'homosexualité des décennies antérieures, comme dans A un dios desconocido (es) (Jaime Chávarri, 1977)[107], dont l'action se déroule à Grenade après la guerre avec comme toile de fond le souvenir du poète Federico García Lorca. La prostitution masculine homosexuelle est aussi abordée comme thème principal avec issue tragique dans La Corea (ca) (Pedro Olea, 1976),[108] interprété par Queta Claver (es) et Encarna Paso (qui traite aussi, de manière voilée, de lesbianisme à l'âge mûr). L'année même où est approuvée la Constitution espagnole est tourné le film Un homme appelé Fleur d’Automne (es) (Pedro Olea, 1978)[109], qui raconte l'histoire d'un attentat avorté contre Primo de Rivera mené par un groupe de gauchistes dirigé par un avocat en droit du travail homosexuel.

À partir des années 1990, le cinéma espagnol commence à produire des films qui traitent plus naturellement, avec moins de préjugés et d'humour, l'homosexualité comme thème central de l'intrigue. Citons entre autres des comédies comme Más que amor, frenesí (« Plus que de l'amour, de la frénésie ») (Alfonso Albacete (es), David Menkes (es) et Miguel Bardem (es), 1996)[110], premier long métrage de trois jeunes réalisateurs, qui aborde la thématique gay avec un naturel total et absolu. Perdona bonita, pero Lucas me quería a mí (« Pardonne-moi ma chérie, mais c'est moi que Lucas aimait ») (Dunia Ayaso et Félix Sabroso, 1997)[111] raconte sous forme de comédie d'intrigue comment trois amis homosexuels (Jordi Mollà, Pepón Nieto et Roberto Correcher) se disputent les faveurs de Lucas (Alonso Caparrós (es)), leur nouveau locataire hétérosexuel.

Loles León a participé à plusieurs films mettant en scène des personnages LGBT, comme Amor de hombre (es) (« Amour d'homme ») (Yolanda García Serrano (es) et Juan Luis Iborra (es), 1997) ou Almejas y mejillones (es) (« Moules et palourdes ») (Marcos Carnevale (es), 2000).

Au milieu des années 1990, on remarquera aussi une comédie aigre-douce interprétée par Loles León, intitulée Amor de hombre (es) (« Amour d'homme ») (Yolanda García Serrano (es) et Juan Luis Iborra (es), 1997)[112], qui raconte l'histoire d'une fille à pédés et de son meilleur ami. Dans un registre plus dramatique, d'autres films mentionnent l'homosexualité dans des trames secondaires, comme Les Vies de Loulou (Bigas Luna, 1990)[113]. Dans Raisons de vivre (Alfonso Albacete (es) et David Menkes (es), 1999)[114], Emma Suárez joue le rôle d'une femme de 32 ans en pleine crise personnelle qui tombe amoureuse d'un garçon gay de dix ans de moins qu'elle interprété par Juan Diego Botto. Segunda piel (« Deuxième Peau ») (Gerardo Vera (es), 1999)[115] montre un couple en crise, Elena (Ariadna Gil) et Alberto (Jordi Mollà), où ce dernier entretient une relation avec un médecin homosexuel, Diego (Javier Bardem) .

José Sacristán et Concha Velasco ont participé à plusieurs films à thématique LGBT réalisés en Espagne, comme El diputado (Eloy de la Iglesia, 1978) ou Chuecatown (Juan Flahn (es), 2007), respectivement.

À l'aube du XXIe siècle, l'exploration et la découverte de l'orientation sexuelle de deux adolescents a fait l’objet de films comme Krámpack (Cesc Gay, 2000)[116], tourné en catalan, où Dani (Fernando Ramallo) tombe amoureux de son ami Nico (Jordi Vilches (es)), plus intéressé à perdre sa virginité pendant les vacances plutôt que de se préoccuper des sentiments de son ami. Dans le film choral Km. 0 (es), (Yolanda García Serrano (es) et Juan Luis Iborra (es), 2000)[117], avec Concha Velasco, Georges Corraface, Silke (es), Carlos Fuentes (es) et Tristán Ulloa, on découvre sur une place de Madrid les destins croisés de 14 personnes à la recherche de nouvelles rencontres pour régler leurs conflits sentimentaux. Ma mère préfère les femmes (surtout les jeunes…) (Inés París (es) et Daniela Fejerman, 2002)[118] relate les différentes réactions de trois sœurs à la nouvelle que leur mère, incarnée par Rosa María Sardá, est tombée amoureuse d'une jeune pianiste. Le Gamin (Miguel Albaladejo, 2004)[119] a pour protagoniste un ours, à la vie gaie et insouciante, qui doit prendre en charge son neveu de neuf ans et former envers lui des liens affectifs, ce qu'il avait toujours cherché à éviter depuis la mort de son partenaire. Reinas (Manuel Gómez Pereira, 2005)[120], qui cumule les stars, dont Carmen Maura, Verónica Forqué, Marisa Paredes, Betiana Blum (es) et Mercedes Sampietro, montre sous forme de comédie d'intrigue la réaction d’un groupe de mères de différents statuts sociaux lorsqu'elles apprennent que leurs enfants vont se marier en application de la loi sur le mariage homosexuel sur le point d'être approuvée en Espagne[121]. C’est aussi d’un couple d’ours qu’il s’agit dans la comédie farfelue Chuecatown (Juan Flahn, 2007)[122], avec Rosa Maria Sardá, Concha Velasco, Pepón Nieto, Carlos Fuentes (es) et Pablo Puyol.

Photo du premier mariage homosexuel en Espagne entre Elisa Sánchez Loriga et Marcela Gracia Ibeas (1901), qui fait l'objet du film Elisa et Marcela (Isabel Coixet, 2019).

À la fin de la décennie, deux drames furent tournés : Little Ashes (Paul Morrison, 2008)[123], coproduction hispano-britannique interprétée par Javier Beltrán (es) et Robert Pattinson, évoquant la prétendue relation amoureuse entre le poète Federico García Lorca et le peintre Salvador Dalí ; et Mentiras y gordas (« Mensonges et bourdes ») (Alfonso Albacete (es) et David Menkes (es), 2009)[124], où se forment des relations, dont deux homosexuelles, entre adolescents dans l'univers nocturne de la drogue. Le premier film à thématique LGBT tourné en basque s'intitule Ander (Roberto Castón (es), 2009)[125] ; il raconte l'histoire d’un paysan, Ander, la quarantaine, qui, blessé à la jambe dans un accident, découvre soudain son homosexualité lorsqu'il tombe amoureux de l'immigrant qu'il embauche pour assurer les travaux de la ferme pendant sa convalescence. Un autre film basque, 80 Jours (Jose Maria Goenaga (eu) et Jon Garaño, 2010)[126] traite des sentiments lesbiens de deux femmes âgées.

Dans les années 2010, deux films abordent le thème de l'homosexualité dans le contexte des milieux marginaux et du manque de repères : Los héroes del mal (Zoe Berriatúa, 2015) parle de trois adolescents qui vivent dans l'humiliation et la violence [127]. Dans Fronteras (2014), où une jeune Espagnol soutient un immigré clandestin marocain et tombe amoureux de lui, le réalisateur Mikel Rueda (es) veut concilier « teen-movie» et film engagé[128].

Le lesbianisme est abordé sur un ton comique et décontracté dans De chica en chica (« De fille en fille ») (Sonia Sebastián, 2015), une comédie chaotique mettant en lumière la diversité et l'imprévisibilité des relations familiales et amoureuses[129]. Carmen et Lola (Arantxa Echevarría, 2018) est une histoire d'amour entre deux gitanes, qui essaient de vivre dans le milieu conservateur gitan[130]. Film de dimension historique, Elisa et Marcela (Isabel Coixet, 2019) nous fait vivre le premier mariage à avoir uni deux personnes du même sexe en Espagne[131]. C'était en 1901.

L'univers underground barcelonais sert de coulisses au film ¡Corten! (« Coupez ! ») (Marc Ferrer, 2021), qui relate les mésaventures d'un cinéaste raté tournant un giallo queer[132]. La même année sortait El fantasma de la sauna (« Le fantôme du sauna ») (Luis Navarrete, 2021), une tragicomédie musicale sur les thèmes du désir, de l'amour et de la mort[133].

Quatre réalisateurs incontournables

Quatre réalisateurs espagnols se sont particulièrement distingués dans le cinéma à thématique LGBT : le Catalan Ventura Pons, le Basque Eloy de la Iglesia, le Majorquin Agustí Villaronga et Pedro Almodóvar, originaire de la Manche.

Le cinéaste catalan Ventura Pons.

Ventura Pons[134] (né en 1945) a entamé sa carrière cinématographique avec un documentaire dédié à la vie et à l'œuvre du peintre José Pérez Ocaña, Ocaña, retrato intermitente (es) (« Ocaña, portrait intermittent », 1978)[135], qui dépeint la capitale catalane au début de la transition démocratique avec son ambiance gay, alors qu'était encore en vigueur la loi sur les dangers sociaux et la réhabilitation (es), invoquée pour la répression de l'homosexualité. Les films de Pons sont généralement tournés en catalan. Citons notamment des titres comme Carícies [« Caresses ») (1998)[136], qui raconte les histoires entrelacées de divers personnages comptant parmi eux des homosexuels. Dans Ami/Amant (1999)[137], un professeur homosexuel dans la cinquantaine, interprété par Josep Maria Pou, se sachant condamné par la maladie, décide de léguer son héritage spirituel par le biais de son meilleur élève, dont il est amoureux. Food of Love (2002)[138] recueille d’excellentes critiques à la Berlinale ; il relate l'éveil à la sexualité d'un jeune musicien interprété par Kevin Bishop lorsqu'il découvre l'attrait qu'exerce sur lui un musicien renommé (Paul Rhys) pour lequel il tourne les pages lors d'un concert.

Eloy de la Iglesia affiche une approche très personnelle de la marginalité et de l'homosexualité.

Le cinéma d'Eloy de la Iglesia (1944 - 2006) est très personnel, militant et transgresseur. On l'associe souvent à d'autres réalisateurs comme l'Italien Pier Paolo Pasolini ou l'Allemand Rainer Werner Fassbinder. Avec une vie personnelle turbulente, marquée par la consommation de drogues, le metteur en scène basque s'est spécialisé dans une représentation de la marginalité et de l'homosexualité en dehors des conventions habituelles du genre[139]. Dans une Espagne encore franquiste garrottée par la censure, il a traité de l'homosexualité dans La semana del asesino (« La Semaine de l’assassin », 1972)[140]. Mais c'est avec la levée de la censure que voient le jour ses productions les plus remarquables, telles que Los placeres ocultos (« Les Plaisirs cachés », 1977)[141], qui met en scène un directeur de banque homosexuel qui vit sa vie sexuelle pleinement, mais en secret, et tombe amoureux d'un jeune banlieusard hétérosexuel, ou El diputado (« Le Député », 1978)[142], où José Sacristán joue le rôle d'un homme politique qui s'éprend d'un jeune prostitué, lequel est utilisé comme appât pour détruire sa carrière. Otra vuelta de tuerca (es) (« Encore un tour de vis », 1985)[143], adapté d'un roman d'horreur d'Henry James, et L'Amant bulgare (2003)[144], inspiré du roman homonyme d'Eduardo Mendicutti et qui allait être son dernier film, portent une empreinte nettement homosexuelle. On trouve dans toute la filmographie de La Iglesia des personnages homosexuels ou qui emploient des codes facilement perceptibles pour les personnes qui les connaissent[145].

Agustí Villaronga, réalisateur majorquin.

Le cinéaste majorquin Agustí Villaronga[146] propose dans ses films un regard très personnel et difficile à classer dans des genres ou conventions traditionnels. Il a débuté dans le long métrage par le film d'horreur et de suspens Prison de cristal (1987)[147], qui raconte comment Klaus (Günter Meisner), un médecin allemand paraplégique autrefois tortionnaire dans un camp de concentration où il abusait des enfants, est confié, en dépit de la réticence de sa femme (Marisa Paredes), aux soins d'un infirmier, Angelo (David Sust), qui s'avère être l'une de ses anciennes victimes. El mar (2000)[148] relate l'histoire de Manuel (Bruno Bergonzini), un jeune tuberculeux de l'Espagne d'après-guerre, qui retrouve au sanatorium un vieil ami d'enfance, Ramallo (Roger Casamajor), pour lequel il éprouve des sentiments qu'il peine à concilier avec sa foi fervente. Son film le plus reconnu et le plus primé, Pain noir (2010)[149], inspiré du roman homonyme d'Emili Teixidor, comporte aussi une trame homosexuelle.

Pedro Almodóvar et Penélope Cruz.

Pedro Almodóvar[150] est l'un des réalisateurs les plus renommés du cinéma espagnol au niveau international[151] et la thématique et les personnages LGBT sont présents dans pratiquement tous ses films, depuis son début avec Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1980)[152]. Avec un style personnel et reconnaissable entre tous, il entremêle drame et comédie dans ses productions et suscite généralement la controverse avec ses portraits aux éléments provocateurs, comme la corruption, la consommation de drogues, la prostitution, les déchirures de l'homosexualité ou des scènes de sexe hétérodoxes. Même si les personnages secondaires homosexuels, transsexuels et bisexuels abondent dans presque tous ses films, la trame de certains d'entre eux a pour axe central la thématique LGBT. Le Labyrinthe des passions (1982)[153], son deuxième long-métrage, relate les aventures sexuelles et affectives de Riza Niro (Imanol Arias) à Madrid, "la ville la plus drôle et la plus sauvage du monde". Dans les ténèbres (1983)[154] se focalise sur la vie dans un couvent de religieuses qui aident les jeunes filles égarées, dirigé par une mère supérieure (Julieta Serrano) qui tombe amoureuse de Yolanda (Cristina Sánchez Pascual), une chanteuse en difficultés qui ne partage pas ses sentiments. La Loi du désir (1987)[155] interprété dans ses rôles principaux par Eusebio Poncela, Antonio Banderas et Carmen Maura, raconte les aventures d'un cinéaste homosexuel qui rencontre un jeune homme le soir de la première de son nouveau film et dont la jalousie mènera à une fin tragique. Dans Parle avec elle, (2002), l'homosexualité de l'infirmier Benigno (Javier Cámara) est tour à tour évoquée et remise en question[156]. La Mauvaise Éducation (2004)[157] relate l’histoire d'Eduardo Goded (Fele Martínez), cinéaste de succès dans le Madrid du début des années 1980 et ses retrouvailles avec Ignacio – qu'on appelle alors Ángel – (Gael García Bernal), son premier amour d'enfance, qui a écrit un scénario reflétant la vie que tous les deux ont menée dans le collège catholique, où ils subissaient le harcèlement et les abus du père Manolo (Lluís Homar). La piel que habito (littéralement « La Peau que j'habite », 2011)[158] parle d'un chirurgien plasticien, Robert Ledgrand (Antonio Banderas), qui, pour se venger d'un jeune homme appelé Vicente (Jan Cornet) qui a agressé sa fille, le soumet à une opération de changement de sexe, le transformant en Vera Cruz (Elena Anaya).

Cinéma italien

Luchino Visconti, l'un des fondateurs du néoréalisme italien.

Luchino Visconti (1906-1976) a été l'un des réalisateurs les plus importants dans l'histoire du cinéma italien[159]. Cinéaste ouvertement bisexuel et l'un des fondateurs du néoréalisme italien, il évoluera plus tard vers un cinéma plus stylisé et personnel laissant une large place aux personnages homosexuels et à l' homoérotisme. Son premier film comportant des allusions à l'homosexualité fut Les Amants diaboliques (1943)[160], où il présentait comme une relation amoureuse – bien que d’une manière voilée – la profonde amitié qui unissait deux des personnages principaux. D'autres œuvres de Visconti comprenant des éléments homosexuels sont Rocco et ses frères (1963),[161], où une famille du Sud de l'Italie éprouve des difficultés d’adaptation dans l'univers industrialisé de Milan, ou, plus explicitement cette fois, Les Damnés (1969)[162], avec Dirk Bogarde et Helmut Berger dans une reconstruction de la Nuit des Longs Couteaux. Mais son film le plus emblématique est Mort à Venise (1971)[163], adaptation au cinéma du roman de Thomas Mann, où un compositeur de musique inspiré de Gustav Mahler, obsédé par la beauté et la perfection d'un jeune Polonais en villégiature avec sa famille, en tombe follement amoureux.

Le réalisateur Pier Paolo Pasolini, décédé en d'étranges circonstances en 1975.

L'homosexualité a aussi été déterminante dans le cinéma de Pier Paolo Pasolini (1922-1975)[164], qui l'utilisa sous une forme politique et la présentait comme opposée au mode de vie bourgeois. Pour reprendre ses propres paroles, il conçut son long métrage Théorème (1968), où tous les membres d'une famille tombent amoureux du personnage interprété par Terence Stamp, comme « une histoire religieuse, un dieu qui arrive dans une famille bourgeoise, beau, jeune, fascinant, ange et/ou démon »[165]. Dans sa Trilogie de la vie, comprenant Le Décaméron (1971), Les Contes de Canterbury (1972) et Les Mille et Une Nuits (1974), il adapta des textes classiques en laissant de côté la politique explicite pour montrer le fascisme et la domination au moyen de l'érotisme. Son dernier film, très polémique, Salò ou les 120 Journées de Sodome (1975), sorti deux semaines avant sa mort, associait l'Italie fasciste de Mussolini et la philosophie du marquis de Sade, montrant des scènes de viol, d'humiliation sexuelle, de coprophagie et de torture[166].

À la différence d'autres réalisateurs italiens comme Pasolini ou Visconti, Bernardo Bertolucci n'a pas évoqué fréquemment dans ses films la thématique LGBT.

Visconti et Pasolini mirent souvent l'homosexualité au centre de leur discours. D'autres réalisateurs homosexuels, comme Franco Zeffirelli[167] ou Bernardo Bertolucci, y ont moins fréquemment fait allusion. De toute la filmographie de Bertolucci, le film le plus ouvertement homosexuel est Le Conformiste (1970)[168]. Il raconte l'histoire d’un homme gay, interprété par Jean-Louis Trintignant, qui, pendant la dictature de Mussolini renie sa sexualité en épousant une femme et en adhérant au parti fasciste pour tenter de paraître hétérosexuel. Toujours dans la même période de l'histoire italienne, Une journée particulière (Ettore Scola, 1977) retrace l'amitié entre Antonietta (Sofia Loren), mariée avec un membre du parti fasciste fanatique et autoritaire, et un homosexuel interprété par Marcello Mastroianni, qui incarne le contraire de ce qu'est son mari[169].

Ferzan Özpetek et une partie du casting du film Le Premier qui l'a dit (2010).

Cet « âge d’or » de l'homosexualité a été suivi par presque deux décennies pendant lesquelles cette thématique est restée quasi absente des tournages italiens. Le relai a été pris au milieu des années 1990 par le réalisateur turco-italien Ferzan Özpetek, dont la carrière a pour fil directeur l'amour et l'homosexualité. Le premier film d'Özpetek, Hammam, le bain turc (1997)[170] acquit une renommée internationale, contant l'histoire d'un architecte italien qui hérite d'un hammam en Turquie et abandonne son épouse et la vie routinière qu'il mène en Italie pour s'installer à Istanbul, où il s'engage bientôt dans une amitié intime avec un jeune homme. Parmi ses autres films, citons Tableau de famille (2001)[171], où une femme découvre, après la mort de son mari, que celui-ci menait une double vie homosexuelle, La Fenêtre d'en face (2004), Le Premier qui l'a dit (2010), où le benjamin d'une famille d’industriels décide lors d'un repas de fête de révéler son homosexualité, mais est précédé en cela par son frère aîné et devient ainsi contre son gré l'héritier de l'usine, ou encore Pour toujours [172], où deux hommes qui vivent ensemble depuis plus de quinze ans se voient confier par la meilleure amie de l'un deux, qui doit être hospitalisée, les enfants de celle-ci.


Suite du chapitre en cours de traduction à partir de l'article espagnol.

Documentaire

Festivals LGBT et prix

Affiche du festival du film LGBT Massimadi.

Bibliographie

Cet essai analyse l’esthétique des représentations cinématographiques des homosexuel·les dans les films français et décrypte l’imaginaire collectif de la société française, ses rapports sociaux, la construction de l’identité masculine.
Dans un chapitre, revue critique des films incluant des personnage(s) homo(s) ou à lecture homosexuelle.
  • Marc-Jean Filaire, L’ado, la folle et le pervers : Images et subversion gay au cinéma, Béziers, H & O, , 216 p. (ISBN 978-2-84547-184-9)
Analyse des images des homosexuels masculins, typologie et études de films détaillées. L’ouvrage offre un panorama des clichés qui structurent la représentation oppressive ou transgressive des gays dans la société occidentale.
  • Hélène Fleckinger, « “Y a qu’à pas baiser”. La représentation des corps sexués dans le cinéma militant féministe et homosexuel (France, années 1970) », dans Christian Biet et Olivier Neveux, Une histoire du spectacle militant. Théâtre et cinéma militants 1966-1981, Montpellier, L’Entretemps, .
  • Hélène Fleckinger et Olivier Neveux, « Entretien avec Lionel Soukaz, « Il y a de la pensée dans le sexe et du sexe dans la pensée », dans Christian Biet et Olivier Neveux, Une histoire du spectacle militant. Théâtre et cinéma militants 1966-1981, Montpellier, L’Entretemps, .
  • Frédéric Martel, Le Rose et le Noir, Les homosexuels en France depuis 1968, Paris, Seuil, , 772 p. (ISBN 978-2-7578-1055-2)
Très nombreuses mentions des films homosexuels et chronologie finale avec liste des films.
Sont référencés plus d’un millier de films de 1912 à 2005 dans lesquels l’homosexualité apparaît, de manière secondaire ou centrale.
Histoire des représentations, encyclopédie du cinéma gay. Un panorama riche, très complet.
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Traduit en italien sous le titre Lo schermo velato, chez Baldini & Castoldi (1999). Essai très complet d’un Américain, journaliste et critique de cinéma, mort en 1990 de sida. De ce livre est tiré le documentaire The Celluloid Closet

Articles connexes

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Notes et références

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Liens externes