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La forme la plus ancienne se trouve chez César : Sequana, Ier siècle av. J.-C.[4] ; le grec Strabon au Ier siècle écrit : Sēkouanós[4] ; Sēkoánas au IIe siècle chez Ptolémée[5] ; Sequana en 558[6] ; Segona, Sigona au VIe siècle (Grégoire de Tours)[6] ; Sequana au XIIIe siècle[7] ; Secana vers 1350 (Pouillé)[8].
La plupart des spécialistes considèrent l’origine du nom Sequana comme incertaine et obscure. Certains[Qui ?] y voient une erreur de transcription d'un ou de plusieurs mots celtiques différents. D'autres[Qui ?] un hydronyme préceltique, au motif que le groupe [kʷ] n'existe pas en celtique gaulois (et brittonique), où il a évolué en [p] (exemple : pinp[etos] « cinq[uième] » en gaulois[9], pimp en gallois, pemp en breton, par contre irlandais cinc, latin quinque > cinq, etc. —— ils procèdent tous de l'indo-européen *pénkʷe). Cependant, cette évolution a pu se produire postérieurement à l'attribution du nom Sequana par les premiers arrivants celtes : ceux-ci semblent en effet avoir parlé un « proto-celtique » où la mutation /kʷ/ > /p/ n'était pas encore réalisée, comme l'attestent certaines inscriptions celtibères retrouvées en Espagne.
Mais rien n'empêche une réinterprétation du nom en *se-ku-ana[10]. L'élément -ana est fréquent par ailleurs en hydronymie et en toponymie. Il apparaît sous la forme à l'accusatif anam dans le glossaire d'Endlicher[11] ; il y est traduit par le latin paludem[12] (accusatif de palus, -udis « étang, marais »). Le nom de l'Yonne contiendrait plutôt l'élément -onno (cf. onno donné pour flumen « cours d’eau, rivière, fleuve », lui aussi répandu, dans ce même glossaire). On peut douter de la celticité de ces deux termes, notamment du mot onno, utilisés pourtant en gaulois, semble-t-il[12].
Pour expliquer Sequana, Ernest Nègre a proposé un hypothétique thème préceltique *seikw « verser, couler, ruisseler » suivi du suffixe gaulois -ana[13]. Une racine indo-européenne *seikʷ- de même signification a été conjecturée[14],[15].
Jacques Lacroix le fait dériver d'un radical (S)Ico- « eau »[pas clair][16]. Albert Dauzat propose une racine hydronomique pré-celtique *sēc- (cf. Secalonia > Sologne, peut-être de *sec- « marécage »), dont des variantes figureraient dans d'autres hydronymes *seg-, *sac-/*sag-, *sic-/*sig-[17].
Les Vikings la nommaient Signa qui est encore son nom en islandais.
En Île-de-France et en Normandie, la faible déclivité de la vallée de la Seine a causé la formation de multiples et profonds méandres, parfois d'une très forte sinuosité sur plusieurs dizaines de kilomètres. Pour la même raison, les effets de la marée se font sentir sur une centaine de kilomètres, jusqu’au barrage de Poses et se manifestaient jusqu’à un passé récent, par le phénomène du mascaret, appelé barre en Normandie. Le phénomène et le mot ont été popularisés par le roman de Maurice Leblanc appartenant à la série des Arsène Lupin : La Barre-y-va.
Les « sources officielles » de la Seine sont situées sur le territoire de la commune de Source-Seine, sur le plateau de Langres, à une altitude de 446 mètres[19],[2]. Les sources de la Seine sont la propriété de la ville de Paris depuis 1864. Une grotte artificielle a été construite l'année suivante pour abriter la source principale et la statue d'une nymphe symbolisant le fleuve. Cependant, la capitale s'en est désintéressée et la parcelle devrait revenir à la région Bourgogne qui souhaite valoriser le site[20]. Celui-ci abrite également les vestiges d'un temple gallo-romain (actuellement enfouis). Des objets témoignant du culte aux sources du fleuve (Dea Sequana) sont exposés au musée archéologique de Dijon.
Source de la Seine.
Premier pont sur la Seine.
Bassin versant
Les lignes rouges correspondent aux principales lignes de partage des eaux européennes.
Le bassin versant de la Seine, d'une superficie de 79 000 km2[3], est quasi entièrement compris dans le Bassin parisien qui, d'un point de vue géologique, constitue un bassin sédimentaire affectant la forme d'une cuvette ouverte vers la Manche et l'Atlantique. Ce bassin est constitué par un empilement de formations géologiques à faible pente convergeant vers le centre et entre lesquelles s'intercalent d'importantes formations aquifères[21]. Le relief du bassin versant de la Seine ne s'élève généralement pas au-dessus de 300 mètres, sauf sur sa marge sud-est dans le Morvan où il culmine à 901 mètres (Haut-Folin). La modestie de l'altitude moyenne du bassin versant explique les faibles pentes des cours d'eau (entre 0,01 et 0,03 m pour 100 mètres) qui coulent globalement vers le nord-ouest, en se frayant leur chemin à travers les cuestas faisant saillie à l'est du bassin puis en incisant les plateaux du centre de la région[22].
Il est possible que la Loire ait rejoint au Miocène ou au Pliocène, la Seine par le cours de l’actuel Loing[23]. La Seine traversait alors une vaste pénéplaine de nature argileuse sous un climat subtropical. Il y a trois millions d'années, la région subit un refroidissement et un soulèvement dû à la poussée des chaînes pyrénéenne et alpine au sud. Les glaciations de l'ère quaternaire firent baisser le niveau des mers et océans, si bien que la Seine se jetait alors au large de la Bretagne actuelle (la Manche était la vallée du Rhin augmentée de la Meuse, de la Tamise et de la Somme, entre autres)[24]. Cette période fut marquée par la migration des méandres du fleuve, encore visible en Normandie, et par une intense érosion rabotant les plateaux et formant des terrasses alluviales. L'aspect actuel de la Seine remonte à la fin de la dernière glaciation, vers -12 000[réf. nécessaire].
Régions et départements traversés
Les régions et départements traversés sont les suivants, en allant de la source vers l'embouchure :
De Source-Seine (ex-Saint-Germain-Source-Seine) à Honfleur, il y a 164 communes riveraines de la Seine, parmi lesquelles Paris, capitale de la France. L'une d'elles, L'Île-Saint-Denis est même entourée par le fleuve.
Hydrologie
Régime hydrique
Le Bassin parisien connait un climat océanique avec un apport constant d'humidité véhiculé par les vents dominants d'ouest. La pluviométrie est comprise entre 800 mm et 1 100 mm dans les régions côtières s'abaisse jusqu'à 550 mm dans les régions centrales faute de relief (altitude inférieure à 200 m en Île-de-France) avec un minimum dans la Beauce pour remonter sur les marges orientales avec un maximum à 1 300 mm dans le Morvan[26]. La Seine et trois de ses principaux affluents — l'Aube, la Marne et l’Oise — qui circulent dans des régions aux caractéristiques similaires (régime océanique, faible relief et géologie identique) partagent le même régime hydrographique avec un débit maximal en janvier et un minimum en août. Le Bassin parisien comprend neuf aquifères qui s'intercalent entre les différentes couches géologiques. Le réseau hydrographique est relié en différents points directement à l'aquifère la moins profonde : en fonction de la hauteur des eaux elle alimente la Seine ou est alimentée par celle-ci. Enfin la couche d'alluvions, présente dans les vallées avec une épaisseur inférieure à 10 mètres, constitue une dixième formation aquifère très productive[27].
Bien que la pluviométrie soit bien distribuée sur l'année, la Seine et ses affluents peuvent connaitre des périodes d'étiage sévère à la fin de l'été ou au contraire des crues importantes en hiver. Les crues sont de deux types : les crues rapides dans les parties amont du bassin à la suite de précipitations fortes et les crues lentes dans les vallées plus en aval qui font suite à des épisodes pluvieux prolongés[28]. Pour maîtriser les crues et les étiages d'importants travaux de régulation ont été réalisés dans la partie supérieure du cours de la Seine et de ses affluents. Son débit moyen à Paris est d'environ 328 m3/s et peut dépasser 1 600 m3/s en période de crue. Quatre grands lacs-réservoirs ont été créés entre 1960 et 1990 sur la Seine (lac d'Orient), la Marne (lac du Der-Chantecoq), l'Aube (lac d'Amance et lac d'Auzon-Temple) et l'Yonne (lac de Pannecière agrandi qui alimentait déjà le canal du Nivernais dès le XIXe siècle). Ces lacs qui constituent une réserve de 800 millions de mètres cubes permettent à la fois d'écrêter les crues et d'assurer un débit minimum d'étiage. Ils sont gérés par un établissement public, l'Institution interdépartementale des barrages-réservoirs du bassin de la Seine.
Débit moyen mensuel (en m3/s) Station hydrologique : H7900010 - la Seine à Poissy pour un bassin de 61 820 km2 et à 17 m d'altitude[3],[29] (08/12/2013 - données calculées sur 36 ans de 1975 à 2010)
En 1719, la sécheresse est si importante qu’à Paris, la Seine atteint son plus bas niveau historique (26,25 mètres au-dessus du niveau de la mer) que correspond la cote zéro de l'échelle hydrométrique du pont de la Tournelle, autrefois utilisée pour mesurer la crue de la Seine. Une vague de dysenterie provoque des milliers de morts[30].
À Paris, les crues sont mesurées depuis 1876 par une l'échelle hydrométrique installée au pont d'Austerlitz, néanmoins c'est la statue du zouave du pont de l'Alma qui reste l'indicateur le plus populaire (bien que cette mesure soit peu fiable à la suite des travaux du pont de l'Alma dans les années 1970 qui ont élevé la statue, rendant ainsi impossibles les comparaisons pré et post travaux). Au cours de la crue de , l'eau a atteint sur cette échelle la hauteur record de 8,68 mètres.
Depuis 1870, la hauteur est prise à la station Paris Austerlitz. S'il n'y a pas eu de grandes crues depuis une soixantaine d'années, cinq grandes crues se sont produites au XXe siècle : en 1910, 1920, 1924, 1945 et 1955[31],[32]. Les plus anciennes crues de la Seine connues ont été relatées par Julien (crue de 358) et Grégoire de Tours (crue de )[réf. souhaitée].
Si les crues centennales sont redoutées, le réchauffement climatique conduit inversement à envisager plusieurs hypothèses de baisse du débit du fleuve sur la base des travaux du GIEC. Ainsi dans l'hypothèse d'une hausse des températures de 2 degrés d'ici 2100, le débit serait réduit de 5 % en hiver et de 10 % en été. En cas de hausse des températures de 4 degrés, le débit global chuterait de 30 % avec des valeurs entre 20 % et 40 % en période estivale. Ces scénarios impliquent une diminution de l'approvisionnement des nappes phréatiques et aurait aussi pour conséquence une plus forte pollution des eaux car « à volume de pollution égal, avec un débit des eaux amoindri, la concentration des pollutions sera plus élevée »[33].
Du au , la Seine connaît une crue importante. Le niveau d'eau culmine à 6,10 mètres dans la nuit du 3 au . C'est la plus grosse crue survenue à Paris depuis plus de 30 ans. Elle ne dépasse cependant pas les 6,18 mètres de la crue de 1982.
À la fin du mois de , la Seine connaît une nouvelle forte crue, dont le niveau culminant est atteint dans la nuit du 28 au 29 janvier, à 5,84 mètres.
La débâcle qui suit le gel de la Seine peut s'accompagner de crues liées à la pluie ou à la fonte de neige. En 1868, la débâcle peinte par Claude Monet ne fit monter le niveau des eaux que de 0,5 mètre à l'échelle du Pont-Royal[34]. Après plus de 30 jours de gel, celle qui commença le fut un événement unique de l'histoire du climat parisien. Elle se généralisa le où, en 3 heures, le niveau des eaux monta de 1,50 mètre[Où ?] et continua de progresser. La seconde arche du pont des Invalides, côté rive droite, s'effondra[35].
Glaçons sur la Seine à Bougival par Claude Monet, 1868.
Voici une liste des principaux affluents (longueur[1] supérieure à 100 km, ou bassin versant[3] supérieur à 1 000 km2 ou débit[3] moyen (module) supérieur à 10 m3/s connu au plus proche du confluent) directs de la Seine et situés avec leur confluent par la distance (km) avec la limite Ouest de l'estuaire de la Seine49° 26′ 14″ N, 0° 06′ 33″ E[1] selon son écoulement à l'aval, par l'altitude (m) (du plan d'eau en débit moyen, estimé au mieux d'après carte topographique), par la rive, par le nom du département (amont si limite interdépartementale), par la commune de la pointe de confluence, par les coordonnées puis avec les 3 données comparables pour la Seine (juste à l'amont du confluent) :
Tableau de la liste des principaux affluents de la Seine
Confluent de l'Yonne (à droite) avec la Seine (à gauche et en bas).
Confluent de la Marne (à gauche) avec la Seine (à droite puis en bas).
Confluent de l'Oise (en bas) avec la Seine (en haut, de gauche à droite).
Diagramme comparatif des bassins versants des principaux affluents, supérieurs à 1 000 km2 :
L'Yonne ou la Seine ?
Si le cours d'eau sortant d'une confluence portait exclusivement le nom de celui qui y était entré avec le plus fort débit annuel (module), le fleuve traversant la région parisienne ne serait pas la Seine, mais l'Yonne[36]. En effet, celle-ci a, à Montereau-Fault-Yonne, un débit et bassin versant supérieurs[3] à ceux de la Seine : respectivement 93 m3/s et près de 10 800 km2 pour l'Yonne, et 80 m3/s et 10 300 km2 pour la Seine[37]. La même inexactitude se reproduit d'ailleurs en amont : le bassin versant de l'Aube s'étend sur 4 700 km2, et son débit s'élève à 41 m3/s, contre 4 000 km2 et 33 m3/s pour la Seine. D'un point de vue strictement hydrographique, la Seine est donc un sous-affluent de l'Yonne par l'Aube. Des raisons culturelles et historiques ont empêché la correction de cette erreur[38],[39] ; un quiproquo que l'on rencontre aussi entre la Saône et le Doubs.
La Seine maritime ainsi qu'une partie de la basse-Seine sont soumises au régime des marées, qui remontent jusqu'au barrage de Poses dans l'Eure[45] (60 cm de marnage). On pouvait encore observer jusque dans les années 1960[46] une imposante vague qui pouvait atteindre 4 m au moment des grandes marées et qu'on appelle mascaret, plus localement barre. Le phénomène atteignait son maximum à Caudebec-en-Caux, à mi-distance environ entre Le Havre et Rouen. Il a pratiquement disparu à la suite des aménagements apportés au fleuve (dragage, endiguement et modification de l'estuaire).
Histoire
La plus ancienne crue de la Seine, relatée dans les textes anciens, est celle de l'hiver 358, décrite par Julien, qui se trouvait alors à Lutèce, dans son Misopogon[32].
Celle de est rapportée par Grégoire de Tours dans son Historia Francorum.
Dès 841, les Vikings remontent la Seine, pillent la Neustrie, incendient Rouen et plus tard assiègent Paris. Ils s'installent de façon permanente dans l'embouchure de la Seine vers 896, puis dans les îles aux environs de Rouen, comme celle de Thorholm (Oissel - Tourville-la-Rivière). À partir du traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911, le duché de Normandie est reconnu par le roi de France Charles III. Sa limite est un petit affluent de rive droite de la Seine, l'Epte. On note également que presque toutes les trouvailles archéologiques d'objets liés aux Vikings ont été effectuées directement dans le fleuve ou à quelques kilomètres de celui-ci dans la partie normande du fleuve, à savoir : des épées (découvertes dans la partie normande de la Seine, au cours de dragages, et déposées au musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye et au musée des Antiquités de Rouen), ainsi que des haches danoises et des fers de lance, les bijoux féminins de la tombe viking de Pîtres (Eure, en bord de Seine), les deux marteaux de Thor de Saint-Pierre-de-Varengeville (Seine-Maritime, à 3 km de la Seine) et de Sahurs (dans un champ en bord de Seine) et enfin le trésor de monnaies vikings de Saint-Pierre-des-Fleurs (Eure, à 5 km de la Seine).
À partir du milieu du XVIe siècle et jusqu'au début du XXe siècle, l'approvisionnement en bois de chauffage de Paris se fait par flottage sur l'Yonne et la Seine, à partir des forêts du Morvan.
En 1517, le port du Havre est construit par François Ier, c'est le plus grand port de France. La taille de la zone industrialo-portuaire équivaut à celle de la ville de Paris.
À partir de 1830 commence l'aménagement de la Seine par la construction de barrages et d'écluses.
À partir de 1850, ces travaux s'accompagnent de dragages du lit du fleuve, ce qui permet d'augmenter fortement le tirant d'eau admissible (un peu moins de 6 m en mortes-eaux)[47].
En 1900, l'État et les collectivités y installent des installations d’eau potable, des ouvrages hydrauliques, des systèmes de gestion des eaux usées (en améliorant notamment le système des égouts de Paris, avec des usines de relevage des eaux usées, de vastes champs d’épandage[48].
En mai et tout début , plusieurs vagues de bombardements alliés, préparant le débarquement de Normandie, visent de nombreux points stratégiques, notamment les ponts situés entre Paris et la mer, tous atteints et pour la très grande majorité détruits. Dans la nuit du 19 au , des éléments avancés de l'armée américaine franchissent la Seine pour la première fois en empruntant le barrage de Méricourt. Par la suite, un pont de bateaux installé à Rosny-sur-Seine permet d'établir une tête de pont sur la rive droite. En revanche, les Allemands de la 7e armée, rescapés de la poche de Falaise, éprouvent de grandes difficultés à traverser la Seine à Rouen avec leur matériel, les deux ponts ayant été détruits par la R.A.F. Cette 7e armée est mise à mal fin août sur les quais rive-gauche par les bombardements alliés, puis l'armée canadienne franchit la Seine le
Le , on annonce que le projet de cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris en 2024 se tiendra sur des bateaux qui navigueront le long de la Seine. Des milliers d’athlètes olympiques y prendront place afin d'honorer le début des Jeux de Paris. Certains détails rendus publics dévoilent l'utilisation de la Ville Lumière, sa culture et son peuple comme acteurs essentiels des Jeux olympiques[50].
Aménagements
Navigation
La Seine à Paris.La Seine près de La Roche-Guyon, Île-de-France.Vue aérienne du Pont de Normandie, près de HonfleurLa Seine aux Andelys, Normandie.Cargo en route vers Rouen sur la Seine à Vieux-Port, Normandie.L'écluse de Poses-Amfreville, Normandie, première écluse sur la Seine à partir de l'embouchure et entre Rouen et Paris.
Pour les mariniers et les services de navigation fluviale, la Seine se décompose en :
La basse Seine, au sens maritime du terme, c'est-à-dire à partir de la mer jusqu'au pont Guillaume-le-Conquérant à Rouen est accessible aux navires de haute mer (jusqu’à 280 m de long et 150 000 tonnes). Sur cette partie du fleuve, longue d'environ 120 km, les quatre seuls ponts existants (le pont de Normandie, le pont de Tancarville, le pont de Brotonne et le pont levantGustave-Flaubert) offrent un tirant d'air de 50 mètres et le fleuve est constamment dragué pour permettre aux bateaux ayant un tirant d'eau de 10 mètres de circuler. Compte tenu du nombre limité de ponts, plusieurs bacs permettent également de traverser le fleuve. Les installations portuaires y relèvent de l'autorité du grand port maritime de Rouen. Celui-ci, cinquième port maritime français avec environ 25 millions de tonnes de marchandises embarquées et débarquées, est spécialisé dans le trafic de céréales, engrais et produits pétroliers. Ses installations s'échelonnent le long du fleuve sur 120 km de l'agglomération de Rouen jusqu'à Honfleur.
À Paris existe aussi un trafic de voyageurs, principalement touristique (bateaux-mouches), mais aussi une tentative d'utiliser la Seine pour les déplacements quotidiens (Batobus). Des navettes circulent régulièrement entre la Tour Eiffel et le Jardin des plantes ; toutefois, ce service semble intéresser davantage les touristes que les Parisiens, créant ainsi une concurrence gênante pour les bateaux-mouches. Un autre service voyageur (Voguéo) a également été expérimenté entre la gare d'Austerlitz et Maisons-Alfort (sur la Marne) entre 2008 et 2011[51].
On dénombrait en 2009 52 espèces de poissons d'eau douce dans l'ensemble du bassin de la Seine. Cette faune n'est que pour moitié d'origine naturelle. Les grandes glaciations qui ont touché plus particulièrement le Nord-Ouest de l'Europe durant le Quaternaire ont appauvri la diversité de la faune piscicole naturelle de la Seine (estimée à une trentaine d'espèces[N 2]) par rapport à celle des fleuves situés plus à l'est comme le Rhin (44 espèces autochtones) ou le Danube (une centaine d'espèces). Dès le Moyen Âge l'homme introduit la carpe commune. Au XVIIIe siècle la grémille, le carassin doré et le carassin commun apparaissent à leur tour soit du fait d'introductions volontaires soit par colonisation depuis d'autres bassins. Mais c'est à compter de la deuxième moitié du XIXe siècle que les introductions se multiplient. Elles résultent soit de tentatives d'acclimatation d'espèces exotiques soit de la volonté d'améliorer la productivité d'installations piscicoles. C'est à cette époque qu'apparaissent les espèces d'origine nord-américaine comme la truite arc-en-ciel (non acclimatée mais régulièrement introduite depuis), le poisson-chat et la perche soleil. Dans la deuxième moitié du XXe siècle débute une deuxième phase d'introduction encore plus massive avec des motivations différentes. L'extension du réseau de canaux favorise également l'arrivée d'espèces étrangères. À la fin du XXe siècle on comptait en tout 23 espèces non autochtones[N 3]. Mais les aménagements de la Seine et de ses affluents qui débutent à compter de 1850 pour favoriser la navigation créent des obstacles et suppriment les milieux naturels nécessaires aux espèces autochtones migratrices. L'esturgeon d'Europe, le saumon atlantique et la grande alose disparaissent au début du XXe siècle. La pollution croissante du fleuve qui culmine à la fin des années 1960 contribue à chasser les autres espèces de cette catégorie. Au début des années 1990, 7 des 10 espèces migratrices ont disparu[N 4] et seule une espèce, l'anguille, est encore aujourd'hui largement répandue[N 5],[52].
L'aménagement de la Seine en voie navigable, avec de nombreux barrages, a créé autant d'obstacles s'opposant au passage des poissons migrateurs. Un programme en cours, sous l'égide de VNF, vise à équiper tous les barrages de la Seine aval, entre Poses-Amfreville et Suresnes, de passes à poissons, ce qui permettra aux migrateurs de remonter jusqu'au confluent de la Marne[53]. Des saumons et des truites de mer ont été observés devant le barrages de Poses, à 150 km de l'embouchure, en 2007[54]. En 2008, 260 saumons ont été comptés dans la passe à poissons de ce barrage. Le , pour la première fois depuis très longtemps, une truite de mer a été pêchée dans la Seine, au niveau du barrage de Suresnes, juste en aval de Paris[55]. S'agissant d'espèces de poissons migrateurs très sensibles aux conditions du milieu, ces événements indiquent une amélioration de la qualité des eaux de la Seine en aval de Paris. Le , à hauteur du barrage de Suresnes en région parisienne, un saumon de 7 kg[56] a été pêché, pour la première fois à un point aussi éloigné en amont sur la Seine depuis 70 ans. Des chercheurs de l'INRA (en collaboration avec l'ONEMA et le CEMAGREF) ont été sollicités pour confirmer la présence de l'espèce sur la Seine[57].
Roselières dans l'estuaire de la Seine, au sud du Havre, Seine-Maritime, Normandie.
Les résultats de l'étude, dévoilés en , montrent que les saumons pêchés dans la Seine ont des origines diverses. Aucun poisson issu d'élevage n'a officiellement été déversé dans la Seine depuis 1895, contrairement à ce qui a été fait dans d'autres bassins où des espèces avaient disparu.
Certains marais naturels des bords de Seine ont été revalorisés et remis en état dans le but de favoriser la faune et la flore, comme à Hénouville, Mesnil-sous-Jumièges ou au Trait.
Flore
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Qualité microbiologique
La qualité microbiologique de l'eau de la Seine fait l'objet d'un suivi. Un bilan a été publié en 2016 dans la perspective de la baignade dans la Seine (il est interdit depuis un arrêt préfectoral de 1923 de se baigner dans le fleuve[58]) et la Marne et d'épreuves olympiques aquatiques en 2024[59].
Menaces et protections
La situation dans le domaine de la pollution s'est améliorée depuis la fin des années 1960 mais la Seine est toujours le fleuve le plus pollué d'Europe aux PCB (Le Havre et la baie de Seine, image NASA).
Le bassin de la Seine concentre 40 % de la production industrielle française et l'agriculture intensive occupe 60 % de la surface du bassin, avec pour résultat un fleuve dont le débit est parfois à moitié constitué d'eaux usées[60]. Au début des années 1960, les scientifiques considèrent la Seine comme presque biologiquement morte, seules trois espèces de poissons sur les 32 normalement présentes, indigènes ou non, étant parfois aperçues[60].
La loi sur l'eau de 1964 permet un redressement de l'écosystème des eaux de la Seine, complétée par la loi sur l'eau du 3 janvier 1992. Des indicateurs de pollution sont créés et une aide financière et technique est proposée aux municipalités, aux agriculteurs et aux industriels. De 1991 à 2001, 10 milliards d'euros, dont 5,6 milliards par l'État, sont investis dans des infrastructures, dont 500 stations d'épuration[60].
En résultat, la qualité des eaux s'améliore de manière continue, surtout à Paris, qui abrite vingt espèces endémiques de poissons. Cependant les taux en azote sont toujours trop élevés, 66 % de la pollution provenant de l'agriculture, et la pollution par les nitrates et pesticides augmente, là aussi à cause de l'agriculture. Une autre pollution est liée aux eaux de pluie qui entraînent des polluants des zones urbaines : celles de Paris représentent à elles seules l'équivalent de tous les rejets des autres municipalités du bassin[60].
La Seine a fait l'objet d'une pollution au plutonium 239 en 1961 et au plutonium 238 en 1975. L'origine en est connue puisque la pollution est issue des installations du CEA à Fontenay-aux-Roses[61]. Selon l'ASN le risque sanitaire est toutefois quasi nul.
La Seine est le fleuve européen le plus pollué aux polychlorobiphényle (PCB) depuis vingt ans. Toxiques, les PCB s'accumulent dans les lipides tout le long de la chaîne alimentaire[62]. D'après des analyses effectuées par l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (ONEMA) depuis 2008, 70 % des espèces de poissons sont impropres à la consommation à cause d'une contamination aux PCB. L'usage des PCB est interdit depuis 1987 mais, très utilisés dans les années 1970, ils se sont accumulés dans l'environnement. L'association Robin des Bois dénonce une absence de réglementation au niveau de la pêche afin de protéger la population d'une consommation à Paris, dans le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine et les Yvelines[63]. Cette pollution aux PCB est étendue jusqu'à la baie de Seine où la pêche à la sardine est interdite en 2010[62].
En 2010, la Seine est touchée par une pollution de rondelles en plastique, pollution accidentelle, limitée et non dangereuse selon les autorités, provenant d'une station d'épuration[64].
Les déchets de la Seine normande représentent un volume d’environ 30 000 m3 ou 9 000 tonnes [Par quelle durée de temps ? En un an ?], soit la production annuelle de déchets ménagers des habitants d’une ville de 20 000 habitants[65].
Aspects culturels
Dans la peinture
La Seine a inspiré de nombreux peintres, et aux XIXe et XXe siècles, les peintres suivants :
Honoré de Balzac a décrit la Seine sous tous les angles : à Paris, à la campagne. C'est dans Modeste Mignon (1844) qu'il lui accorde le plus de place : « Les quatre cavaliers, se trouvant dans un chemin assez large, allèrent de front et gagnèrent le plateau d'où la vue planait sur le riche bassin de la Seine, vers Rouen, tandis qu'à l'autre horizon les yeux pouvaient encore apercevoir la mer. - Dieu est un grand paysagiste, dit Canalis en contemplant ce point de vue unique parmi ceux qui rendent les bords de la Seine si justement célèbres[67]. » Il la décrit encore à Rouen[68] et au Havre[69].
Dans L'Éducation sentimentale (1869), Gustave Flaubert utilise la Seine comme métaphore de l'écoulement linéaire du temps, le symbole du déroulement narratif. Lorsque la Seine coule, c'est qu'il ne se passe rien, mais c'est également le temps qui passe. Elle est l'une des notions-clés dans la conception de cette œuvre en tant qu'anti-roman.
De nombreux poètes, français et francophones, ont chanté la Seine : Chanson de la Seine de Jacques Prévert ; Le Pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire ; La Seine de Louis Aragon ou encore Aux bords de la Seine de Carlos Alvarado-Larroucau.
[PIREN Seine : Le bassin de la Seine] Gilles Billen, Marie Silvestre, Sabine Barles, Jean-Marie Mouchelet al., Le bassin de la Seine (Programme PIREN-Seine), Nanterre, CNRS et Agence de l'eau Seine Normandie, , 52 p. (ISBN978-2-918251-00-2, lire en ligne).
[PIREN Seine : Hydrogéologie du bassin de la Seine] Pascal Viennot, Agnès Ducharne, Florence Habets, François Lamy, Emmanuel Ledouxet al., Hydrogéologie du bassin de la Seine (Programme PIREN-Seine), Nanterre, CNRS et Agence de l'eau Seine Normandie, , 44 p. (ISBN978-2-918251-01-9, lire en ligne).
[PIREN Seine : le peuplement de poissons du bassin de la Seine] Evelyne Tales, Jérôme Bekkuard, Guillaume Gorges, Céline Le Pichonet al., Le peuplement de poissons du bassin de la Seine (Programme PIREN-Seine), Nanterre, CNRS et Agence de l'eau Seine Normandie, , 44 p. (ISBN978-2-918251-03-3, lire en ligne).
Bibliographie
Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Stéphane Hardouin (dir.), Djillali Hadjouis (dir.) et Myriam Arroyo-Bishop (dir.), Étude archéologique de la Seine dans le Val-de-Marne : Du paléolithique au Haut Moyen Âge, Direction de la Culture - Service Archéologie, , 126 p. (lire en ligne [PDF]).
Antoine Hoareau, Au pays des sources de la Seine, Dijon, Cléa Micro-édition, , 80 p. (ISBN978-2-913835-99-3).
Bernard Jacomin, Les Sources de la Seine. Yvelinédition, 2006 (ISBN978-2-84668-049-3).
Charlotte Lacour-Veyranne, Les Colères de la Seine. Éditions Paris-Musées, 1994 (ISBN978-2-87900-191-3).
↑ a et bD'après le repère de nivellement Z.C.R3-7 du service de géodésie et nivellement de l'IGN. L'altitude s'entend comme l'altitude normale dans le système IGN69 ; elle est exactement de 446,765 m pour un repère à 0,75 m du sol. Les coordonnées sont données dans le système WGS 84 et ont été obtenues par transformation depuis le système NTF en projection Lambert 2 grâce au logiciel Circé fourni par l'IGN.
↑Xavier Grizot, « La Seine reviendrait enfin aux sources — La ville de Paris pourrait céder son terrain au département », Le Bien public, (lire en ligne [archive du ]).
↑Robert Étienne et Jean-Pierre Larue, « Contribution à l'étude des liaisons Loire-Seine : mise en évidence par l'étude des minéraux lourds de l'antécédence de la Loire en Sologne (Bassin Parisien, France) », Physio-Géo, vol. 5, (DOI10.4000/physio-geo.2181, lire en ligne, consulté le ). Lire notamment la section « Hypothèses des liaisons Loire-Seine ».
↑Jérôme Chaib, « Vallée de la Seine : entre naissance et renaissance », dans Études normandes no 2, 2007 (ISSN0014-2158), p. 40-41.
↑Bruno Lecoquierre, L'Estuaire de la Seine : espace et territoire, Mont-Saint-Aignan, Universités de Rouen et du Havre, , 193 p. (ISBN2-87775-247-X), p. 16.
↑Analyser le retour du saumon dans la Seine : quels enseignements pour la gestion des rivières ?, , Fiche de Presse Info. disponible en ligne sur le site web de l'INRA.
↑Collectif coordonné par Vincent Rocher et Sam Azimi, Qualité microbiologique des eaux en agglomération parisienne, Édition Quæ, 2017, 96 p. (ISBN9791091089296) (bilan des connaissances acquises sur la contamination microbiologique des eaux de la Seine et de la Marne en 15 ans par le SIAAP et ses partenaires ; des données sur les transferts de contaminants du réseau d'assainissement aux stations d'épuration puis au fleuve y figurent aussi).