Pharaon

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Statue grise montrant un homme assis
Ramsès II assis sur son trône, tenant le sceptre Héqa et coiffé du khepresh - XIXe dynastie - Musée égyptien de Turin.

Le terme pharaon désigne les souverains d'Égypte durant l'Antiquité égyptienne. Le pharaon était à la fois l'administrateur principal, le chef des armées, le premier magistrat et le prêtre suprême de l'Égypte antique. Il est le fils de . Le mot, se fondant sur une expression égyptienne, est un emprunt biblique et n'a jamais servi de titre pour désigner les rois d'Égypte à leur époque et ne se rencontre d'ailleurs pas dans le protocole des souverains égyptiens[1].

D'après l'historiographie égyptienne, la monarchie fut créée par le démiurge qui la transmit aux dieux ses successeurs, puis à des créatures divines, les suivants d'Horus qui, dans les listes royales, précèdent immédiatement les rois historiques. Pharaon avait donc une mission à remplir : mettre en œuvre la règle de Maât sur terre c'est-à-dire assurer l'harmonie entre les hommes et le ciel, être garant de la morale de son peuple, contribuant ainsi à assurer son éternité et la prospérité de l'Égypte. Maintenir l'ordre du monde (Maât) et combattre le Mal (Isfet) sous toutes ses formes, c'est satisfaire les divinités qui « vivent de Maât ». Aussi Pharaon se doit-il de bâtir, de restaurer et d'agrandir les temples, d’assurer le bien-être de ses sujets et de veiller à l’accomplissement correct des rites. Dans la pratique, il délègue l'exercice du culte au clergé qu'il supervise.

Il revenait à Pharaon de choisir seul la politique à mener. Comme pour le culte, il déléguait l'exécution de ses décisions à une cohorte de scribes, de conseillers et de fonctionnaires :

  • au(x) vizir(s), sorte de premier ministre, de faire exécuter ses décisions et rendre la justice en son nom ;
  • au général des armées d'organiser et de mener les campagnes militaires qu'il décide ;
  • au grand prêtre de veiller aux rites et de gérer les biens du clergé ;
  • aux scribes de répertorier les décrets, les transactions, les récoltes ;
  • aux simples prêtres de rendre hommage aux dieux en ses lieux et places.

Étymologie

Pharaon
pr
aA
per-aâ

Le mot français « pharaon » dérive du grec hellénistique φαραώ (pharaṓ) introduit dans cette langue par la traduction en grec de la Bible hébraïque (version de la Septante). Dans l'Ancien Testament, le mot « farao » (פרעה) désigne l'institution monarchique égyptienne plutôt qu'un souverain précis. Le mot hébraïque est lui-même une transcription de l'égyptien ancien per-aâ qui signifie littéralement « la grande () maison (per) » ou la « Grande Demeure ». Durant l'Ancien Empire égyptien, l'expression désigne le palais royal où réside le souverain et où il tient sa cour. Sous le Moyen Empire, elle désigne toujours le palais mais on y trouve accolé les mots « vie, santé, force » généralement associés au nom personnel du souverain régnant. L'égyptologue française Christiane Desroches Noblecourt (1913-2011) fait remonter la première attestation de per-aâ au sens de « Celui qui règne sur la grande maison » à l'an XII du règne conjoint de la reine Hatchepsout et de son neveu, Thoutmôsis III (XVIIIe dynastie)[2]. Plus tard, sous Akhénaton, une lettre diplomatique qui lui est adressée reprend cette pratique et l'on voit sa titulature être abrégée par le mot pharaon. Durant la XIXe dynastie, le mot pharaon est synonyme de hemen, « Sa majesté ». À partir de la Basse Époque, pharaon devient un titre suivi du nom personnel du roi. La première attestation remonte au règne de Siamon, l'avant-dernier représentant de la XXIe dynastie gravé sur une paroi du temple de l'enceinte d'Amon-Rê à Karnak (inscription des Annales des grands-prêtres d'Amon)[3]. Dans le langage courant contemporain, par anachronisme, le mot « pharaon » sert ainsi à désigner tous les rois égyptiens même ceux qui sont largement antérieurs à l'époque où le terme est utilisé dans cette acceptation[4].

Place des pharaons dans l'Histoire

Il est bien difficile de dater avec précision les débuts de l'histoire pharaonique, tant les témoignages de cette période sont peu nombreux et se confondent avec l'aube de l'Histoire (et donc de l'écriture). La tradition égyptienne fait de Narmer (Ménès en grec) l'unificateur du pays et le premier des pharaons humains après le règne des Suivants d'Horus. Des témoignages archéologiques, comme la Palette de Narmer, semblent confirmer l'unification du pays aux alentours de 3200 av. J.-C., mais l'institution pharaonique pourrait lui être antérieure. Le dernier pharaon autochtone est Nectanébo II (358/341 av. J.-C.) de la XXXe dynastie. L'ultime représentant de l'institution pharaonique proprement dite est le dernier Lagide, Ptolémée XV (dit Césarion), fils de Jules César et de Cléopâtre. Quelques empereurs romains, tel Trajan à Philæ, se sont toutefois accaparés le discours et l'imagerie pharaonique dans le but de satisfaire les élites sacerdotales locales.

Chronologie des pharaons

Dynasties pharaoniques

Il est impossible de dresser une liste exacte des rois qui se sont succédé sur le trône d'Égypte durant près de 3500 ans, tant les informations qui nous sont parvenues sont fragmentaires. De plus, il existe des différences chronologiques entre les sources égyptiennes, ce qui explique pourquoi, dans les listes des souverains établies par les égyptologues, certains règnes se chevauchent au lieu de se suivre[n 1]. Pour finir, certaines périodes troubles de l'histoire ont laissé des lacunes, parfois volontaires, dans la chronologie. La plus ancienne chronologie complète disponible a été établie par le prêtre égyptien hellénisé Manéthon de Sebennytos, à qui Ptolémée II a demandé de rédiger en grec une histoire de l'Égypte. Son œuvre suppose que les Égyptiens conservaient dans les archives des temples des listes royales remontant aux origines de la monarchie égyptienne. Il en subsiste des abrégés fournissant une liste de rois classés en trente et une dynasties, regroupées de la période thinite à la Basse Époque. Les critères de la classification de Manéthon ne nous sont plus connus, mais en tout état de cause il a compulsé des sources égyptiennes, encore que le concept de dynastie qu'il utilise ne corresponde pas à celui que nous pratiquons en Occident. En effet, les dynasties de Manéthon n'ont aucun rapport avec le lien du sang mais avec la ville dont est originaire le pharaon fondateur de la dynastie et qui sert, dans la majorité des cas de capitale dynastique. On trouve donc principalement, tout au long de l'histoire égyptienne des dynasties memphites (Ancien Empire), hérakléopolitaines (Première période intermédiaire), thébaines (Moyen et Nouvel Empire), originaires d'Avaris (période Hyksôs pendant les XVe et XVIe dynasties), tanites (Nouvel Empire et Troisième Période Intermédiaire).

Sources égyptiennes

Durant toute la durée de la civilisation égyptienne, les noms royaux ont été consignés dans des listes sur papyrus et sur les murs des temples. Selon toute vraisemblance, les noms recensés dans les temples sont des résumés de documents d'archives à présent perdus. Ces documents sont à utiliser avec précaution car on ne connait pas les critères de choix ni de classement qui en sont à l'origine. Certains pharaons peu glorieux ou considérés comme non légitimes peuvent ne pas être mentionnés[5].

La Pierre de Palerme est le plus ancien document connu et remonte à la Ve dynastie. Un gros fragment en diorite est conservé à Palerme - d'où son nom - mais d'autres morceaux se trouvent au Musée égyptien du Caire et au Petrie Museum de Londres. Le fragment de Palerme mentionne des souverains prédynastiques et des pharaons jusqu'au milieu de la Ve dynastie[6].

fresque dans un temple
Liste des rois du Temple funéraire de Séthi Ier - Abydos - XIXe dynastie.

La Liste de Karnak remonte au règne de Thoutmôsis III (XVIIIe dynastie) et figure gravée sur trois parois d'une chapelle originellement située dans l'enceinte d'Amon-Rê à Thèbes. Démantelé en 1843, ce monument votif est depuis lors conservée par le Musée du Louvre à Paris. Partiellement détruite, cette liste mentionne une soixantaine de pharaons depuis l'Ancien Empire jusqu'à sa période de rédaction dont quelques obscurs souverains de la Deuxième Période Intermédiaire. Chaque pharaon est figuré assis sur un trône et identifié par son nom dans un cartouche royal[7].

La Première Table d'Abydos est toujours sur son lieu d'origine, sculptée dans la Chambre des Ancêtres du Temple funéraire de Séthi Ier en Abydos (XIXe dynastie). Le roi Séthi Ier en compagnie de Ramsès II son fils, sont figuré debout en train de rendre hommage à 76 prédécesseurs dont les noms se répartissent en deux longues rangées. Une troisième rangées répète tout le long la titulature de Séthi. Les rois de la Deuxième Période Intermédiaire sont ignorés, de même pour la pharaonne Hatshepsout et les quatre successeurs amarniens d'Amenhotep III (Akhénaton, Toutânkhamon, Smenkhkarê et Aÿ). Très similaire, la Deuxième Table d'Abydos est une liste de cartouches peinte de couleurs vives. Elle a été mise au jour dans les vestiges voisins du temple funéraire de Ramsès II. Les fragments sont exposés au British Museum de Londres. Une liste de la même époque à été découverte à Saqqarah dans la tombe du scribe royal Tjounroy. Sur les 58 noms d'origine, 47 cartouches sont encore préservés. Elle est exposée au Musée égyptien du Caire[8].

Le document le plus intéressant mais aussi le plus endommagé est le Canon royal de Turin (XIXe dynastie). Cette liste sur papyrus à été gravement abîmée au XIXe siècle durant son transport vers le Musée égyptologique de Turin. Tombée en morceaux, elle se présente maintenant tel un grand puzzle avec des pièces lacunaires. Dans son état originel, le document comptait plus de 300 noms en une écriture hiératique très soignée. Pour chaque règne est donné la durée exacte en années, mois et jours[9].

Croquis de la Liste de Karnak - XVIIIe dynastie - Musée du Louvre.

Aperçu historique

Unification politique de l'Égypte

Tête de la Massue du roi Scorpion, ≈3000 av. J.-C., Ashmolean Museum.

D'après les nombreuses fouilles archéologiques menées depuis le milieu du XIXe siècle, il est maintenant assez bien établi qu'à la fin de la période Nagada II (vers 3300 av. J.-C.), trois villes de Haute-Égypte, Noubt , Nekhen et Thinis rivalisent de puissance entre elles. À Nekhen, les tombes des élites laissent apparaître une utilisation ininterrompue de la nécropole entre la période Nagada I et les débuts de la Première dynastie. Tout au contraire, à Noubt, les inhumations prestigieuses ne sont pas attestées entre la période Nagada III et la Première dynastie. Par conséquent, il semble que la ville de Noubt ait été soumise militairement ou diplomatiquement par l'une de ses rivales, depuis Nekhen au sud ou Thinis au nord, durant la dernière phase de la formation de l'État pharaonique. L'adoption de Hor-Nekheny (le dieu faucon Horus adoré à Nekhen) en tant que divinité protectrice de la monarchie suggère que ce sont les dirigeants de cette cité qui ont impulsé l'unification politique de la vallée du Nil. La localisation exacte de Thinis reste problématique mais les indications funéraires livrées par sa nécropole sur le site d'Oumm el-Qa'ab à Abydos laissent à penser que Thinis a été la puissance politique dominante en Haute-Égypte à la fin de la période Nagada III, très peu de temps avant l'unification. Il est cependant aussi possible de croire que plusieurs roitelets ont exercé simultanément leur domination, chacun sur son territoire, et chacun se réclamant de la totale maîtrise du titre royal. Cette dernière hypothèse est renforcée par la relative abondance des noms royaux à la fin de la période prédynastique. Il est actuellement impossible d'affirmer sous quel souverain précis le pays égyptien a été pour la première fois placée sous une autorité unique. L'unification s'est probablement réalisée entre le règne du possesseur de la tombe U-j d'Abydos (peut-être Scorpion Ier) vers 3150 av. J.-C et le règne de Narmer vers 3000 av. J.-C. Quoi qu'il en soit, durant cette période l'influence des souverains de Haute-Égypte s'est progressivement étendu au sud jusqu'en Basse-Nubie et au nord jusqu'à la Palestine méridionale[10].

Mény, le pharaon fondateur

Détail d'un mur sculpté
Cartouche du pharaon Mény d'après la Liste d'Abydos, XIXe dynastie.

Selon les listes royales compilées par les Anciens Égyptiens, le fondateur de la Première dynastie et du Royaume égyptien est le pharaon Mény. D'après les écrits laissés par les historiens de culture gréco-romaine tels Manéthon de Sebennytos ou Diodore de Sicile, ce personnage est désigné par le nom hellénisé de Ménès. Selon Hérodote, Ménès est le premier pharaon à résider à Memphis, la capitale égyptienne. Il fonda cette ville en détournant le cours du Nil pour permettre son établissement à la frontière entre la Haute- et la Basse-Égypte[11]. Un des débats les plus virulent de l'égyptologie vise à identifier la figure semi-légendaire de Mény/Ménès à un souverain historique. Selon le Belge Philippe Derchain (1926-2012), Mény est un nom inventé à postériori par les Égyptiens eux-mêmes pour doter les annales royales d'une figure de père fondateur. Le nom de Mény signifierait tout simplement « Quelqu'un » et ce souverain serait par définition un personnage non identifiable[12]. Pour le Français Jean Vercoutter (1911-2000), Mény est un roi légendaire qui sous la XVIIIe dynastie a été associé aux dieux Min et Amon par rapprochement phonétique[13].

Objet ovoïde gris
Réplique de la Palette de Narmer, Ire dynastie, Royal Ontario Museum.

Selon des artéfacts découverts lors de fouilles archéologiques conduites sur la nécropole d'Abydos, on peut conclure que les pharaons Narmer et Hor-Aha se sont eux-mêmes présentés comme les fondateurs des structures étatiques. Sur une empreinte de sceau, Narmer le premier roi de la Première dynastie est aussi désigné par l'épiclèse de Mén(y) qui signifie précisément « Celui qui établit / qui fonde (l'État) ». Son successeur Hor-Aha a quant à lui visiblement manifesté le désir de parachever cette œuvre fondatrice. Sur une étiquette en ivoire, sa titulature des Deux Maîtresses comporte ainsi le nom de Mény. Selon la tradition égyptienne seule une demi-douzaine de pharaons a fait œuvre de grand législateur. Parmi ces réformateurs figurent Ménès-Narmer qui, entre autres mesures judiciaires, abandonna les prélèvements fiscaux épisodiques pour les remplacer par des ponctions annuelles[14]. La mise en place du régime pharaonique dans le dernier quart du IVe millénaire av. J.-C. résulte de deux facteurs sociaux-économiques principaux. D'une part l'achèvement du processus de néolithisation par l'abandon du nomadisme et de la prédation (pêche, chasse, cueillette) au profit de l'agriculture et de l'élevage sédentaire. D'autre part, le développement du commerce (ivoire, or, poterie) du Soudan à la Palestine a nécessité un contrôle militaire et administratif accru, plus efficace, centralisé et autoritaire sur les lieux de production et le long des axes de circulation pour éviter les pillages et les déperditions[15].

Bâtisseurs de pyramides

phot de 6 pyramides dans le désert
Les pyramides de Gizeh - IVe dynastie.

L'Ancien Empire égyptien (2 700 à 2 200 av. J.-C.) est la plus longue période de stabilité politique connue par l'Égypte antique. Mis à part quelques incursions nomades, l'ordre intérieur n'est troublé par aucune menace extérieure sérieuse. La centralisation de l'État, la création d'une administration efficace amorcés sous les dynasties thinites parviennent à leur pleine maturité sous les pharaons des IIIe et IVe dynasties. La prospérité agricole basée sur de l'irrigation de la plaine nilotique engendre des ressources fiscales considérables. Il en va de même pour le commerce avec la Nubie et les oasis du Désert Libyque. Captées par le trésor royal, ces rentrées sont mises au profit de la famille royale et d'une petite élite nobiliaire qui a la haute main sur le pays. Fort de cette puissance, les conceptions religieuses évoluent vers la divinisation de la fonction pharaonique. Le souverain est considéré comme le successeur et l'incarnation du dieu faucon Horus, puis, à partir de la Ve dynastie, également comme le fils de , le brûlant dieu solaire. La maîtrise des techniques de construction et de la sculpture sur pierre permet des développements architecturaux et artistiques considérables. Cette période est surtout connue pour être celle de l'apogée des pyramides. Dans la région memphite, au sein des nécropoles de Gizeh, Dahchour et Saqqarah, il s'est tout d'abord édifiée la pyramide à degré (62 mètres de haut) du roi Djéser, puis plus tard, la pyramide rhomboïdale (105 m) et la pyramide rouge (110 m) de Snéfrou, puis les trois pyramides monumentales de Khéops (147 m), Khéphren (144 m) et Mykérinos (66 m). Ces monuments funéraires, ainsi que le Grand Sphinx expriment la puissance des pharaons de cette époque et la position centrale qu'ils occupent dans la société[16].

Cette formidable prospérité ne va toutefois pas se maintenir sous les Ve et VIe dynasties. Suite à la désertification de la savane égyptienne et aux rivalités intestines de la famille royale, le pouvoir pharaonique perd progressivement de sa superbe face à des dignitaires locaux qui, eux, affirment de plus en plus leur pouvoir politique régional. Possible reflet des difficultés nationales, la hauteur et la qualité architecturale des pyramides s'amenuisent ; Ouserkaf et Sahourê (≈ 48 m), Néferirkarê (72 m), Niouserrê (50 m)[17]. Malgré leurs défauts, les pyramides d'Ounas (43 m), de Pépi Ier, Mérenrê Ier et Pépi II (≈ 52 m) présentent l'avantage majeur de voir consigné sur leurs parois sépulcrales les hymnes et formules magiques des Textes des Pyramides. Ce corpus, très hétérogène, est le plus ancien témoignage mis par écrits de la pensée humaine au sujet de l'au-delà. Là, sont évoqués l'osirianisation posthume du pharaon et la migration de son âme vers les contrées célestes[18].

Du chaos à la renaissance

Après le long règne de Pépi II, mort nonagénaire, la monarchie pharaonique s'effondre et l'unité du pays disparaît (vers 2200 av. J.-C.). Des troubles sociaux, politiques et dynastiques mettent à mal le pays. L'anarchie s'installe. Les pyramides et nécropoles royales sont pillées de leurs richesse et les lieux cultuels attenant sont dévastés par la violence et les incendies. Les statues royales sont brisées et les momies des pharaons jetées dans le fleuve[n 2]. L'historien ptolémaïque Manéthon, illustre cette confusion extrême en affirmant, par exagération, que la VIIe dynastie voit se succéder 70 rois en 70 jours. La VIIIe dynastie est bien plus certaine. Il s'agit sans doute de descendants de Pépi II qui depuis Memphis exercent une autorité fantomatique (quelques 17 rois en 20 ans). Lors de cette confusion émergent deux pouvoirs pharaoniques distincts. Dans le Nord, à Héracléopolis se mettent en place les souverains successifs des IXe et Xe dynasties (dont les pharaons Khéti). Depuis le Sud, les princes Antef et Montouhotep de Thèbes (XIe dynastie) étendent leur autorité jusqu'en Abydos où de nombreuses échauffourées militaires se produisent[19].

portrait d'un pharaon
Statue fragmentaire de Sésostris III -XIIe dynastie - Nelson-Atkins Museum of Art.

Progressivement, l'unité nationale se refait par les succès des armes au profit des Thébains. Sous le règne de Montouhotep II, la réunification est parachevée et débute l'époque prospère du Moyen Empire (≈ 2033 à 1786 av. J.-C.)[20]. L'apogée de cette deuxième période faste est atteinte sous la XIIe dynastie entamée par Amenemhat Ier après un putsch. Sur quelques 200 ans se succèdent sept pharaons, les Amenemhat et les Sésostris. À l'extérieur, sous le commandement de Sésostris III, la Nubie est mise au pas et verrouillée par l'édification de forteresses aux points stratégiques. À l'intérieur, l'administration est réformée et placée sous les directives d'un conseil de dignitaires aux ordres du Tjaty (vizir) tandis que les nomarques (dirigeants régionaux) sont réduits dans leur autonomie[21].

Les conceptions funéraires royales recommandent toujours l'édification de pyramides. L'usage est de les construire en brique avec un revêtement en pierre calcaire à Dahchour, Licht, Saqqarah, Mazghouna et Hawara (hauteur de 50 à 105 mètres). Moins résistantes et dépourvues de leur revêtement, ces constructions ne sont actuellement plus que des amas informe érodés par les vents. Le Moyen Empire est l'âge glorieux des classiques égyptiens. La littérature est mise au profit de la royauté. Dans les Sagesses, inlassablement recopiées par des générations d'élèves, la loyauté des notables envers le pharaon est encouragée voire magnifiée et exaltée, tels dans les Instructions de Phtahhotep, de Kagemni et d'Amenemhat[22].

Des Hyksos aux Pharaons conquérants

Avec les pharaons de la XIIIe dynastie (les Sobekhotep et Néferhotep), l'institution monarchique perd une deuxième fois de sa superbe. La confusion politique et la division s'installent à nouveau. Progressivement l'entier contrôle du pays est perdu. Dans l'est du Delta, prend place l'obscure XIVe dynastie puis la lignée des Héqa-Khasout, les « Princes des pays étrangers » ou Hyksos des XVe et XVIe dynasties. Au cours du Moyen Empire, ces migrants sémites ont acquis une puissance croissante. En 1720 av. J.-C., ils mettent Memphis à sac et installent un gouvernement propre à Avaris. En partie égyptianisé, les rois Hyksos adoptent les symboles de la monarchie pharaonique comme la titulature (les rois Sharek, Yaqoub-Her, Khyan, Apophis, etc.). Leur supériorité militaire repose une technique de combat jusqu'alors inconnue des Égyptiens ; l'utilisation des attelages à chevaux (charrerie) dans les batailles[23]. Dans le Sud, autour de Thèbes, les princes de la XVIIe dynastie (dont les Antef et Sobekemsaf) entretiennent les traditions égyptiennes. Tout d'abord une sorte de paix s'installe entre les deux camps. Les hostilités débutent avec Séqénenrê mais le Thébain est tué au combat. Ses successeurs Kamosé et Ahmôsis poursuivent cependant la lutte et les Hyksos sont finalement expulsés après les prises d'Avaris et Sharouhen (vers 1540 av. J.-C.)[24].

statue gigantesque d'un homme assis
Statue colossale de Ramsès II à Louxor - XIXe dynastie.

Réunifiée, l'Égypte antique entame sa troisième période de prospérité, le Nouvel Empire. De 1540 à 1070 av. J.-C., soit durant près de 500 ans, trois lignées pharaoniques se font suite ; la XVIIIe dynastie des Amenhotep et Thoutmôsis et les XIXe et XXe dynasties des Ramsès. Durant cette période le royaume doit constamment veiller sur sa frontière avec le Moyen-Orient. Pour protéger les intérêts égyptiens en Palestine face au Mittani, au Hatti et à l'Empire Hittite, des pharaons tels Thoutmôsis III, Séthi Ier et Ramsès II entreprennent des campagnes militaires dans l'actuelle Syrie (batailles de Megiddo et de Qadesh) ou conduisent d'intenses tractations diplomatiques[25]. Contrairement à leurs prédécesseurs, ces pharaons ne se font plus inhumer dans des pyramides mais dans de profonds hypogées creusés dans la montagne thébaine, la célèbre Vallée des rois[26]. La prospérité du trésor royal est entretenu grâce aux importants tributs versés par les peuples soumis. Les constructions gigantesques abondes, ponctuées de hauts obélisques et de statues colossales. Pour preuve, la démesure des temples de Karnak, Louxor, Abydos ou Abou Simbel. Le vrai visage de ces pharaons nous est connu par leurs momies découvertes en 1881 dans la cachette royale de Deir el-Bahari. Tandis que la richesse de leur trousseau funéraire n'est plus ignorées depuis 1922 avec la découverte du trésor de la tombe de Toutânkhamon[27]. Malgré l'opulence, le Nouvel Empire est ponctué par de sérieuses crises. Face à la surpuissance du clergé d'Amon, la réforme atonienne, balbutiante sous Amenhotep III[28] et paroxystique sous Akhénaton se termine par son abandon définitif dans un État largement désorganisé[29]. La monarchie, remise sur pied par Horemheb[30], Séthi Ier[31] et Ramsès II[32] sombre à nouveau après Mérenptah à cause de rivalités au sein de la famille royale[33]. Un temps rehaussée par Ramsès III[34], la monarchie se liquéfie inexorablement sous les règnes de ses descendants (Ramsès IV à Ramsès XI) dans un climat de corruption généralisée[35].

Titulature

Sacralité du nom royal

Mur sculpté de hiéroglyphes
Vue sur la titulature de Ramsès II, Tanis, XIXe dynastie.

En Égypte antique comme pour d'autres sociétés anciennes ou primitives, donner un nom à une personne est lourd de signification. Le nom de l'enfant est généralement donné par la mère à la naissance. Il est choisi en fonction des croyances religieuses locales ou est le reflet de préoccupations familiales plus particulières. À partir de l'Ancien Empire, lors du couronnement, chaque nouveau pharaon se voit attribuer une titulature sacrée composée de cinq noms différents. Mis ensemble, ces derniers constituent le programme mystique du règne à venir. Les noms royaux sont tout naturellement imprégnés d'un fort symbolisme politico-religieux car ils visent à intégrer le titulaire de la charge royale dans la sphère du sacré. Au cours du règne, lorsqu'un événement politique d'importance advient, la titulature peut être amendée afin de l'évoquer. Tout au long de la civilisation, certains concepts sont immanquablement mentionnés dans les titulatures comme la puissance, la compétence, la fécondité, la vitalité ou l'harmonie cosmique (Maât). Dans la pensée égyptienne, le nom donne vie à la chose qu'il désigne et le détruire revient à anéantir magiquement son possesseur. D'où l'importance qu'attachent les pharaons aux noms qui les désignent et l'acharnement avec lequel ils ont fait marteler ceux d'un prédécesseur honni. Le terme Nekhbet désigne la titulature complète des cinq noms tandis que l'expression Ren-maâ « nom véritable » s'applique au nom donné à la naissance augmenté des quatre autres attribués lors de l'investiture[36].

Partie de la titulature de Thoutmôsis III, de haut en bas, le Nom d'Horus, le Nom de Nesout-bity et le Nom de Sa-Rê. Temple de Deir el-Bahari.

Dans sa forme canonique, une titulature comprend officiellement cinq noms successifs. Chacun d'eux comprend un titre suivi du nom proprement dit[37]. À titre d'exemple, nous donnons à lire ci-dessous celle du pharaon Thoutmôsis III, un glorieux représentant de la XVIIIe dynastie (XVe siècle av. J.-C.). Un fait notable est à signaler. Contrairement à l'habitude des monarchies européennes modernes, les Anciens Égyptiens tout imprégnés de leur vision cyclique du temps, n'ont pas numéroté les prénoms de leurs souverains afin de les inscrire dans la continuité. Cette habitude ne s'est instituée qu'avec la mise en place de la science égyptologique au XIXe siècle dont les savants pionniers, rappelons-le, sont tous de culture européenne[n 3].

  • Nom d'Horus : Kanakht Khâemouaset, Taureau puissant qui apparaît radieux à Thèbes
  • Nom de Nebty : Ouahnesytmirêmpet, Qui établit durablement la royauté [sur terre] à l'instar de Rê dans le ciel.
  • Nom d'Horus d'or : Sékhempéhty Djéserkhâ, Imposant de vigueur, radieux d'apparition.
  • Nom de Nesout-bity : Menkhéperrê, La Manifestation de Rê est durable.
  • Nom de Sa-Rê : Thoutmôsis, Mis au monde par Thot[38].

Cinq titres royaux

Aux premiers temps de l'institution pharaonique, (Période prédynastique et début de la Première dynastie), la titulature royale ne comporte que le seul nom d'Horus. Celui-ci s'inscrit alors à l'intérieur du serekh qui est la représentation stylisée et rectangulaire du palais royal. Surmonté du faucon horien, le nom exprime la nature divine du pharaon en tant que manifestation terrestre du dieu céleste Horus[39].

Durant la Première dynastie, sans doute sous le règne de Sémerkhet se constitue le Nom de Nebty « Les Deux Maîtresses » ou « Les Deux Dames». Ce deuxième titre exprime l'unification des Deux-Terres, la Haute- et la Basse-Égypte dans la personne du roi. Ce fait s'exprime par la présence conjointe de deux divinités femelles, Nekhbet la déesse vautour de la ville de Nekheb (sud) et Ouadjet la déesse cobra de Bouto (nord)[40].

Au milieu de la Première dynastie, le pharaon Den innove en s'adjoignant le Nom de Nesout-bity. Ce troisième titre se traduit littéralement par « Celui du Jonc et de l'abeille ». D'après la documentation ptolémaïque, il semble cependant devoir être lu sous « Roi de Haute et Basse-Égypte ». Ce titre reflète aussi le concept de la dualité monarchique. Dans la langue égyptienne le mot nesout exprime généralement la fonction royale sacrée issue du monde divin tandis que le terme de bity se rencontre plus dans le contexte humain des affaires administratives et gouvernementales[41].

Durant l'Ancien Empire se met en place le Nom d'Horus d'or (Hor Noubt) qui s'écrit avec l'image du faucon Horus debout sur le hiéroglyphe de l'or (nebou) qui représente vraisemblablement un collier précieux. Dans la pensée égyptienne, le métal doré est lié au monde divin. Il a aussi des connotations solaires en lien avec les rayons brillants du soleil. Dans les hymnes, l'or est dit être la chair des dieux tandis que l'argent constitue leur ossature. Ce titre peut aussi évoquer la victoire d'Horus sur son oncle Seth. Ce dernier disposait d'un temple dans la ville de Noubt la « ville de l'or » et l'un de ses surnoms est Noubty « Celui de Noubt » ou le « Doré ».

Avec l'apparition de la titulature complète, le Nom de Nesout-bity et le Nom de Sa-Rê sont protégés par le cartouche royal, un ovale magique qui représente à l'origine une corde nouée à l'une des extrémités[42], le serekh reste quant à lui réservé au Nom d'Horus dans les grandes inscriptions dédicatoires arrangées en colonnes.

Symboles de la royauté pharaonique

Réunion des Deux-Terres

Double monarchie

Carte blanche avec du vert et bleu
Carte de l'Égypte antique.

La pensée égyptienne accorde une grande place au concept de la dualité. Toute réalité s'exprime comme l'union de deux modalités contraires mais appairées. L'univers se dit « le ciel et la terre », se comporter « s'asseoir et se lever », la totalité par « ce qui existe et ce qui n'existe pas ». Dans la langue égyptienne ce fait s'exprime par la présence du « duel (2) », un trait grammatical intermédiaire au singulier (1) et au pluriel (3 et au-delà). Dans le mythe osirien, Horus et Seth sont les « Deux Combattants » ou les « Deux Compagnons » tandis qu'Isis et Nephtys sont les « Deux Sœurs » ou les « Deux Pleureuses ». La monarchie pharaonique est elle aussi imaginée comme une institution duelle dans laquelle le Sud et le Nord sont unifiés. De par sa géographie, très particulière, l'Égypte a été perçue par ses antiques habitants comme une contrée caractérisée par la dualité. Il y a d'un côté la Haute-Égypte, le Sud, depuis Assouan jusqu'à Memphis et constituée par 22 régions administratives (ou Nomes). De l'autre, il y a la Basse-Égypte, le Nord, constituée par la plaine marécageuse du Delta du Nil avec ses 20 régions. L'opposition joue sur un second couple géographique ; Kemet, la « Terre Noire », est la vallée fertile irriguée par les inondations annuelles du Nil tandis que Deschret, la « Terre Rouge », est le désert montagneux et stérile[43].

En tant que symbole politique de l'unité égyptienne, le pharaon est le « Maître des Deux-Terres » (neb-taouy) car il est avant tout le personnage dans lequel se manifeste l'union des Haute et Basse-Égypte. Cependant, dans le langage officiel, il peut aussi être le « Maître des Deux-Rives » ou le « Maître des Deux-Parts ». Les expressions politiques accordent toutefois la plus grande place au couple Sud-Nord. D'une manière guerrière, pharaon se « saisit des Deux-Terres » ou « les ploie » sous sa puissance ; politiquement, il « les fonde » ; économiquement, il « les fait reverdir » et, tel le dieu créateur, il « les illumine », « les satisfait » ou « les fait vivre »[44]. La dualité de la monarchie peut aussi se remarquer dans le nom des villes royales. Située à la frontière des deux territoires, Memphis, l'antique capitale, est surnommée Mékhat-taouy la « Balance des Deux-Terres » tandis que la cité de Licht est connue par son vrai nom de Amenemhat-itj-taouy (abrégé : Itj-taouy) « Amenemhat se saisit des Deux-Terres » car fondée par Amenemhat Ier, l'inaugurateur de la XIIe dynastie[45].

Plantes héraldiques

Transcription Hiéroglyphe Traduction
Taouy
N16
Deux-Terres
Ta-Shémaou
N16M26
Terre du Sud
Ta-Méhou
N17M15O49
Terre du nord
Shémaou
M26D36G43N24
Celle du Sud
Méhou
V22V28G43M15
Celle du Nord
Kémet
I6G17X1
O49
La Noire
Deshret
D46
N37
D21
X1
N25
La Rouge
Tableau 1./ Écriture hiérolglyphique

Dans l'iconographie royale, l'unité des Deux-Terres est fréquemment évoquée dans les scènes du Séma-taouy ou « Réunion des Deux-terres ». La plante du Sud, le lys blanc et celle du Nord, le papyrus, sont vigoureusement nouées ensemble par Horus et Seth ou par deux Hâpy (esprit de l'inondation) autour du hiéroglyphe de la trachée artère (séma), un idéogramme qui évoque les notions d'unité et de réunification. L'intégrité du double royaume est maintenue par le pharaon comme le signale sa titulature qui surmonte ou encadre la scène. Ce motif se rencontre fréquemment dans la statuaire royale lorsque le pharaon est figuré assis sur son trône[46]. Les deux faces latérales du siège royal sont alors ornées des scènes du Séma-taouy comme le trône de Mykérinos (Ve dynastie) du Musée des beaux-arts de Boston ou le trône de Sésostris Ier (XIIe dynastie) du Musée égyptien du Caire. Cette même scène figure sur le trône des deux Colosses de Memnon (Amenhotep III, XVIIIe dynastie) à Thèbes ainsi que sur le siège des statues colossales de Ramsès II (XIXe dynastie) des temples de Louxor et Abou Simbel[47].

Dans l'écriture hiéroglyphique, la plante-Shema sert d'idéogramme au termes Ta-Shémaou, la « Terre du Sud » et Shémaou « Celle du Sud » c'est-à-dire la Haute-Égypte, les Shémaou étant les « Habitants du Sud ». Les fleurs de cette plante héraldique sont montrées telles des campanules divisées en trois parties. Son identification n'est pas encore certaine. Des représentations font penser à l'Iris mais il y a aussi été vu un spécimen de Kaempferia, une Zingibéracée maintenant disparue d'Égypte mais encore présente au Soudan du Sud et en Éthiopie. Sa fleur, très semblable au Lys est de couleur pourpre[48].

Le bouquet de papyrus (Cyperus papyrus) sert lui d'idéogramme pour Ta-Méhou, la « Terre du Nord » et Méhou « Celle du Nord », à savoir la Basse-Égypte. Les Méhou sont les chasseurs des marais et les Méhétyou sont plus précisément les « Habitants du Nord ». Le hiéroglyphe représente trois tiges de papyrus et leurs ombelles respectives. Il représente les denses fourrés de papyrus très souvent figurés dans les tombes. Là, le défunt traverse le marécage en barque pour chasser ou pêcher au harpon. Dans le mythe, Isis et son enfant Horus s'y cachent du terrible Seth[49].

Déesses tutélaires

Dès les débuts de l'histoire égyptienne, les déesses Nekhbet et Ouadjet sont les déesses tutélaires de la Double-monarchie pharaonique. Le nom de la première signifie, très simplement, « Celle de Nekheb ». Ce lieu est une importante cité de l'Égypte méridionale et se situe sur la rive opposée de Nekhen, la première capitale des pharaons. Au plan national, Nekhbet assume le rôle de déesse protectrice de la Haute-Égypte. Dans l'iconographie, elle apparaît surtout sous la forme d'un vautour blanc, les ailes déployés au dessus du souverain. Elle peut aussi prendre la forme d'une femme coiffée de la couronne blanche ou comme une femme à tête de vautour. La déesse Ouadjet « Celle du papyrus » est, quant à elle, chargée de veiller sur la Basse-Égypte. La racine de son nom est la plante-ouadj qui véhicule les notions de verdeur, de prospérité, de régénération et d'épanouissement végétal. Elle est originaire de la ville de Bouto située dans le Delta du Nil, attesté par l'archéologie dès la période prédynastique. Avant l'unification, Bouto était peut-être la capitale d'un royaume du Nord ensuite assujetti par le Sud. Ouadjet est généralement représentée comme un cobra, comme une femme à tête de cobra ou coiffée de la couronne rouge. Les deux déesses figurent pour la première fois ensemble sur une étiquette en ébène découverte dans la tombe de Neithhotep à Nagada et datée du règne de Hor-Aha (Ire dynastie). Les deux déesses ont exercé leur fonction jusqu'à la fin de la royauté pharaonique et même au-delà. Dans le temple d'Esna, Tibère (empereur romain de 14 à 37) est figuré entre elles deux tel un pharaon couronné du Pschent[50].

Regalia pharaoniques

Généralités

dessin coloré d'un roi et d'une reine
Représentation du pharaon Thoutmôsis Ier et de son épouse. Copie d'une fresque de Deir el-Bahari, XVIIIe dynastie.

Les regalia sont un ensemble d'objets symboliques de royauté. Durant toute l'histoire de l'Égypte pharaonique, les couronnes, sceptres, cannes et autres accessoires royaux tels les écharpes, sandales, pagnes, ou barbe cérémonielle ont joué le double rôle de protection et de puissance. Très prosaïquement, ces objets ont servi à distinguer le pharaon des autres humains. Cependant, tous ces objets sacrés ont aussi conféré à leur détenteur une autorité civile en tant que commandant suprême de l'administration étatique, une autorité militaire en tant chef des armées et une autorité religieuse en tant que représentant terrestre des dieux. Chaque regalia est porteuse de sa propre signification symbolique. Chacune d'elles est une puissante amulette magique dont le rôle est de protéger le pharaon de tout danger et d'éloigner loin de lui les forces hostiles qui hantent l'univers (démons invisibles, rebelles égyptiens, pays ennemis). Certains de ces objets sont antérieurs à la fondation de l'État égyptien et sont déjà attestés durant la période prédynastique. D'autres se sont ajoutés dans le cours de la Première dynastie. Durant la IIe dynastie, leurs fonctions se sont toutefois formalisées pour ne presque plus se modifier dans le cours des 3 000 années de la royauté[51].

Couronnes

Couronnes pharaoniques
Horus, le pharaon mythique, couronné du Pschent, Papyrus d'Ani, Nouvel Empire, British Museum
Représentation schématique de la couronne blanche.
Tête de Sésostris III coiffée de la couronne blanche, Musée du Louvre.
Tête d'Amenhotep III coiffée de la couronne blanche, Musée de Louxor.
Représentation schématique de la couronne rouge.
Statue de Montouhotep II coiffée de la couronne rouge, Musée égyptien du Caire.
Amulette figurant la couronne rouge, Musée d'Art du comté de Los Angeles.
Représentation schématique de la double couronne Pschent.
Tête de Sésostris III couronnée du Pschent, Musée de Louxor.
Tête colossale d'Amenhotep III couronnée du Pschent, British Museum.
Bas-relief montrant Psammétique Ier couronnée du Pschent. Nécropole thébaine.
Statuette du faucon Horus couronné du Pschent, Musée du Louvre.

Le pharaon partage avec les divinités majeures le privilège de porter des couronnes. Ces couvre-chefs sacrés sont multiples et variés et certaines se présentes comme des compositions complexes qui mêlent cornes, hautes plumes et uraeus. Les trois couronnes royales sont les plus sobres. La couronne blanche est une sorte de mitre allongée terminée par un bulbe. La couronne rouge ressemble à un mortier dont la partie arrière remonte vers le haut et qui est dotée d'une tige terminée en spirale. Dès le cours de la Première dynastie, ces deux couronnes sont venues à représenter respectivement la royauté de la Haute-Égypte et celle de la Basse-Égypte. Emboîtées l'une dans l'autre, elles forment la couronne pa-sekhemty (les « Deux Puissantes ») que les Grecs par déformation ont nommé Pschent[52]. Cette double couronne symbolise l'union du pays dont le pharaon est le garant. Au niveau divin, le Pschent est porté par Atoum le dieu créateur, par Mout la parèdre d'Amon et par le faucon Horus, le protecteur de la double-monarchie et le modèle archétypal du pharaon[53].

Les origines des couronnes blanche et rouge sont perdent dans les brumes de la préhistoire mais toutes deux semblent provenir de la seule Haute-Égypte. La plus ancienne représentation de la couronne rouge figure dessinée sur une poterie trouvée à Nagada (Noubt) et datée de la période Nagada I (3 800 - 3 500 ans av. J.-C.). La plus ancienne représentation de la couronne blanche figure sur un encensoir découvert à Qoustoul en Basse Nubie (vers 3 150 av. J.-C.), une localité liée à la ville égyptienne de Nekhen d'où est parti la volonté unificatrice de l'Égypte. De ce fait, durant toute l'histoire pharaonique, la supériorité de la couronne blanche sur la rouge est un fait attesté. La plus ancienne représentation du Pschent remonte au règne de Djet (Première dynastie) gravée sur une roche du désert occidental. Par la suite, cette même couronne figure sur une étiquette en ivoire datée du règne de Den et trouvée à Abydos[54]. Selon Bernadette Menu, égyptologue française, la documentation archaïque laisse à penser que les deux couronnes, avant d'être des marqueurs géographique, ont été les indicateurs des deux principaux rôles joué par le pharaon. Coiffé de la couronne blanche, il repousse le désordre en massacrant ses ennemis une massue à la main, tandis que coiffé de la couronne rouge, il amène la prospérité en arpentant les champs et en procédant au recensement des troupeaux[55].

Coiffes

Sans être des couronnes, certaines coiffes sont réservées aux dieux et à pharaon. Le Némès est un linge plissé et rayé de couleur bleu lapis-lazuli et jaune. Porté sur la tête, il enveloppe entièrement la chevelure et retombe sur la poitrine et derrière les épaules où il est rassemblé dans une sorte de tresse. Le Némès semble n'être porté que dans un contexte cultuel lorsque le pharaon officie auprès des dieux ou dans un contexte funéraire. La plus ancienne attestation remonte à une statue du roi Djéser (IIIe dynastie) déposée dans le serdab de la pyramide à degrés (vers 2650 av. J.-C.)[56]. La représentation la plus colossale de cette coiffe est celle du Sphinx de Gizeh dont la tête représente un souverain de la IVe dynastie ; Khéops ou Khéphren. Dans le tombeau de Toutânkhamon (XVIIIe dynastie) redécouvert en 1922, la tête de la momie royale portait un masque funéraire en or finement ouvragé. Le pharaon est montré portant le Némès avec au front les symboles des déesses Nekhbet et Ouadjet (vautour et uræus)[57]. Pour de multiples autres représentations royales, le souverain porte la coiffe du Némès et celle-ci sert de support à la double-couronne Pschent[58].

Surnommé la « couronne bleue », le Khépresh est un couvre-chef tardif exclusivement réservé à l'usage des seuls pharaons. Il apparaît à la fin du Moyen Empire mais ne devient fréquent que sous la XVIIIe dynastie. Cette coiffe est relativement haute, en forme de bulbe et parsemée de nombreux petits pois circulaires. Le milieu égyptologique l'a longtemps considéré à tord comme un casque de guerre en fer car le souverain la porte assez fréquemment dans les scènes de batailles. Il s'agit en fait d'un signe distinctif propre au monarque, une marque de triomphe, probablement confectionnée en tissu ou en cuir et décorée de disques en or[59].

Sceptres

visage en or
Toutânkhamon les deux sceptres à la main (sarcophage). XVIIIe dynastie.

Le sceptre Héqa est sûrement le plus ancien symbole de la domination pharaonique. Il représente une crosse de berger qui est un bâton avec une extrémité recourbée. Le crochet et son écartement sont conçus pour saisir un ovidé ou un capridé (brebis, chèvre) par la patte arrière afin de lui administrer des soins. La symbolique de la crosse pharaonique est simple à analyser. Reflet des aspects pastoralistes de la société égyptienne, le pharaon est le berger de son peuple, le guidant et le protégeant. Dans l'écriture hiéroglyphique, l'image de la crosse sert d'idéogramme au concept de « pouvoir / autorité / souveraineté » et sert à noter les mots « gouverneur régional » et « souverain étranger »[60]. Les deux plus anciens exemplaires connus proviennent de la nécropole royale d'Abydos (Cimetière U). Le premier est fragmentaire et remonte à la fin de la période Nagada II tandis que le second est complet et date de la fin de la période prédynastique. Ce dernier a été trouvé dans la tombe U-j où un dirigeant thinite a été enseveli, peut-être le roi Scorpion. La plus ancienne représentation montrant un pharaon avec un sceptre Héqa dans la main est une petite statuette au nom de Ninetjer (IIe dynastie). Dans l'autre main, ce même personnage tient le fléau-Nekhekh (ou flagellum). Souvent faussement présenté comme un chasse-mouche, le Nekhekh sert en fait à aiguillonner les bovidés et se présente donc lui aussi comme un objet issu de la mentalité agricole égyptienne très marquée par la symbolique de l'élevage[61]. Avec le développement du culte osirien à partir de la IVe dynastie, le sceptre-Héqa et le fléau-Nekhekh deviennent les attributs d'Osiris ; le dieu funéraire tenant l'un et l'autre dans ses deux mains et croisés sur la poitrine. Par assimilation avec cette importante divinité, les pharaons sont eux aussi figurés dans cette posture notamment sur les piliers osiriaques de leurs monuments d'éternité et sur leurs sarcophages[62].

Queue de taureau

morceau de pierre triangulaire
Fragment de la Palette au taureau, Période prédynastique, Musée du Louvre.

Le monde animal a grandement influencé l'iconographie royale lors de la formation de l'État pharaonique. Sur plusieurs palettes à fard commémoratives datées de la Période prédynastique, le pharaon est représenté sous la forme animale. Il s'agit alors de montrer que le souverain égyptien est tout imprégné des forces surnaturelles de la nature. Sur la Palette du champ de bataille, le pharaon est montré sous la forme d'un lion tandis que sur la Palette au taureau et sur la Palette de Narmer (verso, registre inférieur) il apparaît tel un taureau furieux. Il piétine ses ennemis vaincus figuré comme des hommes en déroute, paniqués et aux corps démantibulés. Le lion et le taureau sont deux animaux qui symbolisent la férocité. Lorsque le souverain s'approprie ces apparences, il s'agit d'un moyen pictural que les artistes ont utilisé pour montrer son rôle de défenseur de la Création et d'opposant farouche aux forces du chaos. Durant les deux premières dynasties (ou Période thinite), l'iconographie royale se codifie. Durant ce processus, les représentations du pharaon sous la forme entièrement animale sont abandonnées. Les références au monde de la nature sont toutefois conservées mais apparaissent sous des modalités plus subtiles. La puissance innée du taureau, à savoir sa virilité et sa force sont évoquées par le moyen de la queue de taureau portée par le pharaon, suspendue à l'arrière de son pagne. La plus ancienne représentation connue figure sur la Massue du roi Scorpion. À partir de là, la queue de taureau devient un attribut canonique du costume pharaonique jusqu'à la fin de la royauté égyptienne[63].

Légitimité du pharaon

, le soleil de l'univers et des hommes sur terre, s'est retiré vers le ciel en laissant aux dieux la direction du monde, puis à des rois semi-divins et enfin à des monarques humains, les pharaons, qui sont ses fils et représentants sur terre.

La légitimité du pharaon est fondée sur l'ascendance divine. Selon la mythologie égyptienne, dans le corps du pharaon coulerait un sang divin provenant de son ancêtre, le dieu Horus. La fonction pharaonique est donc de droit divin et se transmet par le sang.

C’est pourquoi l’héritier de la couronne doit être né de la grande épouse royale. Étant elle-même d’ascendance divine, elle permet au futur pharaon d’être, de par sa mère et de par son père, d’origine divine. S’il est issu d’une concubine, il épouse sa demi-sœur née de la grande épouse royale. La mythologie fournit d’ailleurs des exemples d’inceste, avec Geb et Nout, ou encore Osiris et Isis et dans le même ordre d’idées, certains mariages consanguins entre pharaon et sa fille ou ses filles. De telles unions sont attestées notamment pour Akhénaton et Ramsès II. C’est donc à la fois le souci d’assurer la légitimité de l’héritier du trône et la volonté de souligner la nature divine de pharaon qui explique la prérogative royale de l’inceste, car c’est bien d’une prérogative qu’il s’agit. En effet, il semblerait que les mariages entre frère et sœur soient rarement pratiqués par le commun des mortels, bien que ces unions ne fassent l'objet d'aucune interdiction légale et que, dans la société civile, les termes « frère » et « sœur », lorsqu’il s’agit d’une union, doivent être compris au second degré, dans la majorité des cas, comme termes d’affection.

Faute d'héritier mâle, ou quand le nouveau roi est encore un tout jeune enfant (Thoutmôsis III), la fonction peut échoir à une femme de sang divin (Nitokris, Hatchepsout, Taousert) plutôt qu'à un homme qui ne l'est pas ; elle en est donc dépositaire jusqu'à la transmission à son époux, ce qui ne signifie pas que la légitimité monarchique repose uniquement sur le mariage avec une fille de sang.

Les lignées pharaoniques ne réussirent jamais à perdurer ; elles furent régulièrement interrompues par des envahisseurs ou par des coups d'État. Tel pharaon dont la légitimité était douteuse ou contestée pouvait légitimer sa prise du pouvoir en faisant valoir qu'elle avait été voulue par la divinité. Le dieu marquait son choix par un signe, une naissance prodigieuse (les rois de la Ve dynastie, Hatchepsout de la XVIIIe dynastie), un rêve de l'heureux élu (Thoutmôsis IV) au pied du Grand Sphinx, ou un oracle (Horemheb, Alexandre le Grand).

Après trente années de règne, le pharaon fêtait son premier jubilé, la Fête-Sed, pour régénérer ses forces et montrer au peuple qu'il était encore capable de gouverner le pays.

La naissance d'un pharaon

Représentée sur des hauts-reliefs du temple de Deir el-Bahari, la naissance divine de la future reine Hatchepsout (XVIIIe dynastie) correspond à une théologie de la royauté fort importante qu'on retrouve plus tard pour Amenhotep III (XVIIIe dynastie) et Ramsès II (XIXe dynastie). Quand Amon désire engendrer son futur héritier terrestre, il s'adresse à Thot, le dieu de la connaissance, et en fait son éclaireur pour s'assurer que la reine Ahmosis, épouse de Thoutmôsis Ier, soit digne de porter en son sein le futur pharaon. Puis Amon prend les traits de l'actuel roi :

« Alors Amon, ce dieu magnifique, maître des trônes du Double Pays, se transforma et prit l'apparence de Sa Majesté, le roi de Haute et de Basse-Égypte Âakhéperkarê (Thoutmosis Ier), époux de la reine. Il la trouva comme elle dormait dans la beauté de son palais. »

L'accouplement divin intervient alors :

« Après qu'il l'eut approchée étroitement et qu'elle s'extasiait à contempler sa splendeur (nfrw=f) divine, voici que l'amour d'Amon pénétra son corps. Le palais était inondé du parfum du dieu dont toutes les senteurs étaient celles de Pount. (...) Paroles dites par Amon, maître des trônes du Double Pays : (...) Certes, Khene-met-imen-Hatchepsout (Rejeton d’Amon, Première des Nobles Dames) sera le nom de cette fille que j’ai placée dans ton corps. Elle exercera cette bienfaisante royauté dans ce pays tout entier. »

Puis Amon donne à Khnoum, le potier divin, l'ordre de modeler l'enfant et son ka. Lorsque l'épouse royale accouche de la future reine, elle est entourée d’une ennéade de divinités, disposées en trois rangées de trois. L’enfant est présentée à Amon qui lui promet la royauté terrestre ; il en confie l'allaitement à Hathor, la nourrice divine.

Bibliographie

Architecture

  • Jean-Pierre Adam et Christiane Ziegler, Les pyramides d'Égypte, Paris, Hachette Littérature, , 213 p. (ISBN 2702825796)
  • Kent R. Weeks (dir.), La Vallée des rois, Paris, Gründ, , 434 p. (ISBN 9782700021547)

Dictionnaires

  • Maria Carmela Betrò, Hiéroglyphes : Les mystères de l'écriture, Paris, Flammarion, , 251 p. (ISBN 2-08-012465-X)
  • Yvonne Bonnamy et Ashraf Sadek, Dictionnaire des hiéroglyphes, Arles, Actes Sud, , 986 p. (ISBN 978-2-7427-8922-1)
  • Jean-Pierre Corteggiani (ill. Laïla Ménassa), L'Égypte ancienne et ses dieux, dictionnaire illustré, Paris, éditions Fayard, , 589 p. (ISBN 978-2-213-62739-7)
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  • Pascal Vernus et Jean Yoyotte, Dictionnaire des pharaons, Paris, Éditions Noêsis, (réimpr. 1998), 226 p. (ISBN 2702820018)

Biographies des grands pharaons

(classement par ordre chronologique des règnes)

  • Cristophe Barbotin, Âhmosis et le début de la XVIIIe dynastie, Paris, Pygmalion, , 295 p. (ISBN 9782857048602)
  • Christiane Desroches Noblecourt, La Reine mystérieuse Hatchepsout, Paris, Pygmalion, , 502 p. (ISBN 2702870783)
  • Florence Maruéjol, Thoutmosis III et la corégence avec Hatchepsout, Paris, Pygmalion, , 478 p. (ISBN 9782857048947)
  • Agnès Cabrol, Amenhotep III le magnifique, Monaco, Le Rocher, , 536 p. (ISBN 2268035832)
  • Madeleine Della Monica, Horemheb général pharaon, Paris, Maisonneuve et Larose, , 151 p. (ISBN 2706814683)
  • Julie Masquelier-Loorius, Séthi Ier et le début de la XIXe dynastie, Paris, Pygmalion, , 489 p. (ISBN 9782756400587)
  • Christiane Desroches Noblecourt, Ramsès II, la véritable histoire, Paris, Pygmalion, , 426 p. (ISBN 285704481X)
  • Frédéric Servajean, Mérenptah et la fin de la XIXe dynastie, Paris, Pygmalion, , 399 p. (ISBN 9782756409917)
  • Pierre Grandet, Ramsès III, histoire d'un règne, Paris, Pygmalion, , 419 p. (ISBN 2857044089)

Études

  • Sydney H. Aufrère, Pharaon foudroyé : Du mythe à l'histoire, Gérardmer, Pages du Monde, , 365 p. (ISBN 9782915867312)
  • Marie-Ange Bonhême et Annie Forgeau, Pharaon : Les secrets du Pouvoir, Paris, Armand Colin, , 349 p. (ISBN 2200371209)
  • Peter A. Clayton (trad. Florence Maruéjol), Chronique des Pharaons : L'histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l'Égypte ancienne, Casterman, , 224 p. (ISBN 2203233044)
  • Pierre Grandet, Les pharaons du Nouvel Empire : Une pensée stratégique (1550-1069 av. J.-C.), Monaco, Le Rocher, coll. « L'art de la guerre », , 281 p. (ISBN 9782268064482)
  • Bernadette Menu, Recherches sur l'histoire juridique, économique et sociale de l'ancienne Égypte. II, Le Caire, coll. « Bibliothèque d'étude » (no 122), (réimpr. 2008), 423 p. (ISBN 9782724702170)
  • Bernadette Menu (préf. Charles de Lespinay et Raymond Verdier), Égypte pharaonique : Nouvelles recherches sur l'histoire juridique, économique et sociale de l'ancienne Égypte, Paris, L'Harmattan, , 391 p. (ISBN 2747577066)
  • Pascal Vernus, Affaires et scandales sous les Ramsès, Paris, Pygmalion, , 274 p. (ISBN 2857043937)
  • (en) Toby A.H. Wilkinson, Early Dynastic Egypt, Londres, Routledge, , 413 p. (ISBN 0415186331)

Traductions

  • (de) Hans Wolfgang Helck, Die Prophezeiung des Nfr.tj, Kleine ägyptische Texte, Wiesbaden, (réimpr. 2e éd.).

Webographie

  • Le concept de pharaon selon le lexique politique des langues africaines d’après José Do Nascimento, juillet 2011, 3h 56min [voir en ligne]

Annexes

Notes

  1. Dans les livres consacrés à l'Égypte ancienne, on peut trouver quelques différences dans les dates de règnes, dues essentiellement à la méthode de datation utilisée par les anciens Égyptiens. Les Égyptiens divisaient l’année en trois saisons : Inondation (Akhet), Germination (Peret) et Chaleur (Shemou), suivies de cinq jours supplémentaires ou épagomènes. Chaque saison comptait quatre mois de trente jours chacun. À l’origine, le début de l’Akhet coïncidait avec le lever héliaque de Sothis qui a lieu, d’après le calendrier julien, le 19 juillet. Toutefois, étant donné que l’année solaire compte 365 jours et six heures – et non 365 jours -, cette différence de six heures entraîna un décalage croissant entre l’année civile et l’année solaire : de telle sorte que la saison Akhet débuta à plusieurs reprises en hiver. Il s'y ajoute que les Égyptiens n’employaient pas de datation absolue. Les événements étaient datés d’après les années de règne de pharaon, p. ex. an 2, 3e mois de l’Akhet, 2e jour sous la Majesté du roi Untel. Tous les 1460 ans, le début de l’année civile égyptienne (le 19 juillet dans le calendrier julien) coïncide avec le lever héliaque de Sothis, c’est-à-dire l’apparition de l’étoile au lever du soleil. Cette coïncidence frappa les Égyptiens, qui la consignèrent, notamment en 139 de notre ère. Cette dernière date sert de repère et permet ainsi une datation absolue des règnes : en l’an 9 d’Amenhotep Ier par exemple, il y eut aussi coïncidence du début de l’année civile et du lever héliaque de Sothis ; l’an 7 correspondrait donc à -1545. Il n’empêche que l’établissement d’une datation absolue constitue un vrai casse-tête pour les égyptologues : non seulement, pour être exact, il faudra connaître le lieu de l'observation du lever héliaque de Sothis, mais encore, au Moyen Empire, l'an 1 d'un roi correspondait au début de l’année civile qui suivait son avènement ; au Nouvel Empire l'an 2 du règne commençait 365 jours après le jour de l'avènement ; et enfin, à la Basse Époque, il commençait le jour du lever héliaque de Sothis suivant l'avènement, l'an 1 du règne pouvant être ainsi réduit à quelques jours.
  2. Cette période troublée est évoquée dans la littérature pessimiste du Moyen Empire. Lire par exemple les traductions du Dialogue d'un homme avec son âme.
  3. L'orthographe des noms royaux est différente selon que l'on translittère les hiéroglyphes ou que l'on utilise le nom donné par les Grecs. Par exemple, le pharaon Amenhotep (nom transcrit de l'égyptien ancien) est identique à Aménophis (nom grec). De plus, dans certains noms, il y a une antéposition honorifique du nom du dieu, mais l'habitude fait que l'on conserve également le nom sans antéposition tel que connu des premiers égyptologues ; ainsi, Raneb et Nebrê sont le même personnage, un roi de la IIe dynastie.

Références

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