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Pierre Boisson

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Pierre Boisson
Fonctions
Gouverneur général de l'Afrique-Équatoriale française

(11 mois et 25 jours)
Prédécesseur Léon Solomiac
Successeur Louis Husson
Gouverneur général de l'Afrique-Occidentale française

(9 mois et 12 jours)
Prédécesseur Léon Geismar
Successeur Léon Cayla
Biographie
Nom de naissance Pierre François Boisson
Date de naissance
Lieu de naissance Saint-Launeuc (Côtes du Nord)
Date de décès (à 54 ans)
Lieu de décès Chatou (Yvelines)
Nationalité Drapeau de la France France
Profession Administrateur colonial

Pierre François Boisson, né le et mort le , est un haut fonctionnaire français. Administrateur colonial, il a été gouverneur général de l'AEF et de l'AOF. Ayant soutenu le régime de Vichy de « façon militante » d’après Pierre Ramognino, il a été condamné après la Seconde Guerre mondiale.

Début de carrière

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Fils d'un instituteur, ancien combattant et mutilé de la Première Guerre mondiale[1], où il perdit une jambe et devint sourd, Pierre Boisson intègre en février 1917 l'École coloniale. Il en sort major de sa promotion.

Chef de cabinet d'Albert Sarraut au ministère des colonies en 1933, ce dernier le fait nommer gouverneur et lui ouvre l'accès aux plus hautes fonctions de l'Empire colonial.

Il est nommé, par Georges Mandel, gouverneur général de l'Afrique-Occidentale française (AOF) du au . Il occupe ensuite la même fonction en Afrique-Équatoriale française (AEF) du au .

Son action en AOF sous Vichy

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Il est nommé haut-commissaire de l’AOF le 25 juin 1940[1]. L'AEF passe ensuite à la France libre.

S'étant déclaré fidèle au maréchal Pétain, il est nommé Haut-Commissaire de l'Afrique française, avec autorité sur l'AOF, l'AEF et les territoires sous mandat du Cameroun et du Togo le [2]. Il occupe ces fonctions jusqu'au . Il s'oppose, lors de la bataille de Dakar les 23-, à la tentative de débarquement des forces alliées conduites par le général de Gaulle[3]. En récompense, il est cité à l’ordre de la nation le 2 octobre et reçoit la croix de guerre avec palme[4]. Pour mettre en œuvre les principes de la « révolution nationale », il crée en la Légion française des combattants d’Afrique Noire (LFC ou Légion d’Afrique noire) [5] dont il est président jusqu’à septembre 1942 ; particulièrement active, la Légion d’AOF est citée en exemple[6]. Étant primitivement une fusion forcée de toutes les associations d’anciens combattants, elle est rapidement ouverte à tous les « Aoffiens ».

Il crée également un groupement Pétain, présent dans toutes les colonies de l’AOF pour y distribuer de la propagande[6]. Il crée également une commission de contrôle postal, qui filtre les lettres à destinations de l’AEF dissidente, et surveille les opinions exprimées ; dans un premier temps, c’est même la totalité du courrier arrivant dans les colonies qui est lu, avant de se contenter de quelques milliers de lettres par mois, le contrôle systématique retardant trop le courrier[7]. Dans la lutte contre les opposants (gaullistes, socialistes, résistants), des listes d’individus dangereux et suspects sont constituées, ainsi que d’étrangers, et leur arrestation massive et leur détention en camps prévue en cas de danger[8]. En 1941, est aussi créée un service MA (pour menées antinationales), qui surveille la propagande étrangère, les activités des services de renseignement étrangers et les opposants, et propose les mesures de répression. Cette police politique existe dans chaque colonie[8]. L’administration est également épurée de 287 fonctionnaires, juifs, gaullistes ou opposants de gauche, appartenant à des sociétés secrètes comme les franc-maçons[9]. La répression antigaulliste est un indice de l’influence de la France libre : 58 fonctionnaires révoqués, et plus de 500 civils sont poursuivis en 1941 pour gaullisme. Ils se recrutent essentiellement dans l’armée, la fonction publique syndicalisée, mais aussi parmi les Africains (qui sont sévèrement sanctionnés, les seules peines de mort exécutées en 1942 concernant des dissidents africains)[10].

Par un décret d’avril 1939, les tirailleurs sénégalais passaient de la juridiction des indigènes au statut civil français dans le droit civil, pénal et commercial. Il le révoque en 1941[11]. Il tente de mettre en défense l’AOF, mais dispose de peu de moyens matériels et la levée de conscrits s’avère difficile. Les réserves d’armes disponibles sont insignifiantes. Le moral des unités disponibles est bas. La conclusion que « ce n’est sans doute pas en AOF que l’on forge l’outil de la revanche... »[12].

Il utilise la LFC pour diffuser de la propagande vichyste et antigaulliste. La création du Service d’ordre légionnaire (SOL) lui fournit un outil pour surveiller la population et lutter contre la dissidence[13] ; le SOL continue de se développer jusqu’à au moins la fin de 1942, soit après le ralliement aux Alliés[14]. Après , Boisson refuse que la Légion se charge d'« apurer » l'AOF des Juifs, communistes, etc.[réf. nécessaire] Il est alors dépossédé d'une partie de ses pouvoirs au profit du SOL qui se radicalise. Il a cependant appliqué avec zèle la politique antijuive de Vichy, à l’exception de la propagande du type du film Le Juif Süss[3].

Après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, il met en défense l’AOF contre une possible invasion anglo-américaine, suspend ses relations avec le consul américain à Dakar et le met sous surveillance[3]. Boisson rallie l’AOF aux Alliés d’après l’exemple de Jean Bergeret[3]. Il accepte ainsi l'utilisation immédiate de l'aérodrome de Dakar. Apprécié de Roosevelt[15][source insuffisante], il reste à la tête de la colonie, tout en essayant d'augmenter la production agricole destinée à ravitailler les troupes alliées. En , la législation républicaine est rétablie, et Boisson est contraint de quitter son poste après la création du Comité français de Libération nationale (CFLN) le . Il est destitué le 7 juillet[3].

Fin de la guerre

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En novembre 1943, il est inculpé par le tribunal militaire d'Alger, révoqué sans pension et renvoyé chez lui[Où ?]. Pour sa défense, il affirme avoir protégé l'empire des convoitises étrangères, aussi bien allemandes que britanniques[16]. Au lendemain de la guerre, il est inculpé du crime d’indignité nationale, puis condamné par la Haute cour de justice en juillet 1948. Il meurt peu après.

Décorations

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Il a été décoré de l'ordre de la Francisque[17]. Il a été commandeur de la Légion d'Honneur[18] et exclu par décret du [19].

Notes et références

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  1. a et b Pierre Ramognino, « Le pétainisme sans Pétain. Révolution nationale et contrôle social en AOF- 1940-1943 », Outre-Mers. Revue d'histoire, 2004, no 342-343 : « Vichy et les colonies », p. 66.
  2. Décret du 25 juin 1940, signé conjointement du président de la République, Albert Lebrun et président du Conseil Philippe Pétain
  3. a b c d et e Ruth Ginio, « La politique antijuive de Vichy en Afrique occidentale française », Archives juives, no36 : « Aspects presse juive entre deux guerres », p. 109-118.
  4. P. Ramognino, op. cit., p. 67.
  5. Ousmane Ahmed Mbaye 2005.
  6. a et b P. Ramognino, op. cit., p. 69.
  7. P. Ramognino, op. cit., p. 72-76.
  8. a et b P. Ramognino, op. cit., p. 76-79.
  9. P. Ramognino, op. cit., p. 80.
  10. P. Ramognino, op. cit., p. 81-82.
  11. Françoise Croset, Cahier pour une histoire du massacre de Thiaroye, 2018, p. 8.
  12. Vincent Joly, « "Se défendre contre quiconque" : L'effort militaire au Soudan français, juillet 1940-novembre 1942 », Outre-Mers. Revue d'histoire, 2004, no 342-343, p. 106-107.
  13. P. Ramognino, op. cit., p. 70.
  14. P. Ramognino, op. cit., p. 72.
  15. Dwight D. Eisenhower, Croisade en Europe, Paris, Robert Laffont, , 593 p., p. 172 : Le président Roosevelt tenait beaucoup à ce que Boisson conservât le contrôle de l'Afrique Occidentale Française.
  16. William I. Hitchcock 2001.
  17. Henry Coston (préf. Philippe Randa), L'Ordre de la Francisque et la révolution nationale, Paris, Déterna, coll. « Documents pour l'histoire », , 172 p. (ISBN 2-913044-47-6), p. 30 — première édition en 1987.
  18. Commandeur de la Légion d'Honneur par décret du 31 octobre 1938.
  19. Décret du 10 mai 1946 sur le site de la Légion d'Honneur.

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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