École spéciale militaire de Saint-Cyr

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École spéciale militaire de Saint-Cyr
Histoire
Fondation
Statut
Type
Fondateur
Devise
Ils s’instruisent pour vaincre
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Chiffres-clés
Étudiants
150 (Promotion sortie en 2017)
Localisation
Pays
Campus
Camp de Coëtquidan
Ville
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L'École spéciale militaire de Saint-Cyr (ESM Saint-Cyr), plus souvent appelée simplement Saint-Cyr, est une école militaire française d'enseignement supérieur fondée en 1802 par Napoléon Ier, alors premier consul. Elle forme aujourd'hui des officiers de l'armée de terre et une partie des officiers de la gendarmerie.

Elle fait partie des Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (ESCC), implantées dans la commune de Guer (Morbihan). Ses élèves et anciens élèves sont appelés « Saint-Cyriens » ou encore « Cyrards ». Elle a pour devise : « Ils s'instruisent pour vaincre ». En tant que grande école militaire elle est placée sous la tutelle du ministère des Armées. Résolument orientée vers l'international, elle accueille dans chaque promotion une moyenne de 20 % d'élèves-officiers étrangers. Elle bénéficie pour cela de nombreux accords d'échanges avec d'autres académies militaires comme l'Académie militaire de West Point (États-Unis), l'Institut militaire de Virginie (États-Unis) ou encore l'Académie royale militaire de Sandhurst (Royaume-Uni).

Saint-Cyr recrute aujourd'hui principalement sur concours des élèves issus des CPGE (Sciences, Lettres, Économie) et une minorité d’élèves ayant un niveau master 2 sur concours également.

C'est l'une des 205 écoles d'ingénieurs françaises accréditées au à délivrer un diplôme d'ingénieur[1] pour ses élèves recrutés en filière scientifique.

Histoire

Consulat et Empire

L'École spéciale militaire est créée par la loi du 11 floréal an X () sur ordre du Premier consul Napoléon Bonaparte, qui l'installe d'abord au château de Fontainebleau (arrêté du 8 pluviôse an XI ()), le commandement est alors confié au général Bellavène (1770-1824). Le 7 janvier 1805, l’école devient alors « École spéciale impériale militaire » (ESIM) car Napoléon Bonaparte est proclamé empereur (Napoléon 1er) par le sénat et sacré le 2 décembre 1804. Le 27 octobre 1805, le sous-lieutenant Lafforgue est le premier Saint-Cyrien tombé au champ d'honneur. Le 2 décembre de la même année se déroule la bataille d'Austerlitz où de nombreux Saint-Cyriens vont tomber au cours de ce qui restera l'une des plus éclatantes victoires napoléoniennes. Cette date est depuis restée dans la mémoire saint-cyrienne comme le "2S" (voir la section Traditions) et donne chaque année lieu à une reconstitution historique au sein de l'école. Plus généralement, le "2S" est aujourd'hui l'occasion pour tous les Saint-Cyriens où qu'ils soient à travers le globe de se rassembler localement tous les ans sans distinction de promotion.

En 1808, l'ESIM est transférée par décret à Saint-Cyr-l'École (Yvelines), dans les bâtiments de la maison royale de Saint-Louis, fondée par Madame de Maintenon en 1686 (seconde épouse de Louis XIV), et dont elle conserve le nom.

Aux origines de « Saint-Cyr »

La maison royale de Saint-Louis.

En 1685, le château et les terres marécageuses du sieur Saint-Cyr sont rachetées par le roi Louis XIV pour y construire la maison royale de Saint-Louis, école destinée à donner une bonne éducation aux jeunes filles de la noblesse pauvre. La communauté de 250 jeunes filles s’installe en 1686 sous la houlette de Madame de Maintenon, seconde épouse du roi[2]). Cette maison d'éducation ferme lors de la Révolution française. Après avoir été hôpital, les locaux accueillent le Prytanée militaire tandis que l'École spéciale impériale militaire est installée à Fontainebleau.

Les 650 élèves que compte alors l'école quittent Fontainebleau le et entrent à Saint-Cyr le de la même année. L'anecdote veut que l'une des raisons de ce choix impérial est le caractère un peu trop agité des Saint-Cyriens pour Fontainebleau, alors lieu de résidence d'été de l'empereur[3]. À partir de 1818, les promotions sont numérotées, elles n'ont cependant pas encore de noms ; il faut attendre 1830 et la promotion "du Firmament" (1830-1832). Le 8 août 1819, les Saint-Cyriens défilent devant le roi Louis XVIII à Saint-Cloud. Le roi s’adresse à eux et leur dit : « Il n’en est pas un dans vos rangs qui n’ait pas dans sa giberne le bâton de maréchal de France ». C'est également ce jour-là que le roi invente l'expression de « Premier bataillon de France », expression toujours usitée au XXIe siècle pour désigner le bataillon regroupant les élèves en dernière année de scolarité.

En 1830, à la suite des Trois Glorieuses (27 au 29 juillet), la chute du dernier des Bourbon Charles X et l’avènement de Louis-Philippe d’Orléans qui devient « roi des Français », le drapeau tricolore est définitivement adopté comme emblème national. L’école devient ESM Saint-Cyr et poursuit son œuvre de formation des officiers de France ; elle est d'ailleurs agrandie sous la Deuxième République. Cette dénomination ne dure pas ; en effet, en 1851, l'école redevient ESIM sous le Second Empire de Napoléon III. C'est pendant le Second Empire qu'est d'ailleurs adopté le casoar qui est devenu par la suite l’emblème de l'école. En effet, le 24 août 1855, c'est lors d'un défilé militaire organisé en l'honneur de la reine Victoria, reine d’Angleterre en visite en France, que les Saint-Cyriens portent sur leur shako un plumet rouge et blanc, couleurs de la monarchie britannique.

Période contemporaine

En 1940, les écoles de Saint-Cyr et Saint-Maixent (école militaire de l'infanterie et des chars de combat) sont transférées à Aix-en-Provence, en zone libre. En , après l'occupation de la zone libre, les deux écoles sont dissoutes par l'occupant allemand.

Plaque apposée cour Rivoli le pour marquer le début des travaux de reconstruction de l'école.

Certains élèves réussissent à quitter la France en passant par l'Espagne, et se réfugient à l'École militaire de Cherchell en Algérie française à l’époque de l’Empire colonial français. Parallèlement, depuis 1940, en Grande-Bretagne, des officiers sont formés par l'École militaire des cadets de la France libre[4], fondée par le général de Gaulle. En 1944 l'École militaire de Cherchell devient l'École militaire interarmes (EMIA), chargée de former tous les officiers de l'Armée de terre, aussi bien ceux issus du recrutement direct (Saint-Cyr) que ceux du recrutement interne (Saint-Maixent). C'est là l'idée d'amalgame du général de Lattre de Tassigny.

En 1945, l'ESM déménage provisoirement à Coëtquidan (Morbihan) où elle faisait des manœuvres avant guerre, les bâtiments de Saint-Cyr-l'École ayant été rendus inutilisables par des bombardements alliés du . En 1947, l'EMIA devient l'école spéciale militaire interarmes, concession à l'ancien nom de Saint-Cyr. En 1957, le gouvernement décide la reconstruction de l'école en vue du retour de l'ESMIA à Saint-Cyr. Mais les temps ont changé, les élèves-officiers ne manœuvrent plus à pied ou à cheval mais au moyen d'engins motorisés. Le cadre de Saint-Cyr se prête mal à de telles manœuvres et en tous cas moins bien que la lande de « Coët ». En 1959, le général de Gaulle décide de renoncer au retour de l'école à Saint-Cyr et de créer à la place un lycée militaire. En 1961, la formation des officiers issus du recrutement direct et des anciens sous-officiers est éclatée en deux. L'ESM reprend son rôle, aux côtés de la nouvelle EMIA. En 1964, les travaux de restauration de l'école pour en faire un lycée militaire commencent. En 1977, une nouvelle école vient s'installer sur le site de Coëtquidan, c'est l'École militaire du corps technique et administratif (EMCTA).

Une nouvelle étape vient d'être franchie dans l'Europe de la défense. Pour renforcer la coopération entre la France et l'Allemagne, de jeunes Français peuvent intégrer le cursus de formation des cadres de la Bundeswehr et, sur le principe de la réciprocité, de jeunes Allemands peuvent intégrer l'École spéciale militaire de Saint-Cyr[5].

Grandes dates

Lycée de la Défense de Saint-Cyr, siège de l'ESM de 1808 à 1940. Au centre la cour Napoléon ; à droite la cour Louis XIV et à gauche la cour Rivoli.
Lycée de la Défense de Saint-Cyr, siège de l'ESM de 1808 à 1940.
Défilé militaire du 14 Juillet : le colonel directeur des formations d'élèves (DFE).
  • 1809 : création de l’École spéciale de la cavalerie à Saint-Germain-en-Laye.
  • 1803-1818 : 4 100 officiers sont formés à Saint-Cyr.
  • 1818 : désormais les promotions sont numérotées.
  • 8 août 1819 : défilé des Saint-Cyriens devant le roi Louis XVIII à Saint-Cloud. Le roi s’adressera à eux et leur dira : « Il n’en est pas un dans vos rangs qui n’ait pas dans sa giberne le bâton de maréchal de France ». C'est également ce jour-là que le roi inventa l'expression de « Premier bataillon de France ».
  • 1821 : les élèves s’exercent au polygone de tir. Ces exercices sont appréciés par tous. Le pointage des pièces requiert un bon coup d’œil. Au mortier en particulier on peut suivre la lente trajectoire de la bombe vers la cible : un tonneau posé sur une perche. Les coups au but sont rares, l’exploit est appréciable. Le pointeur est chaudement félicité par ses camarades, ainsi en 1821, l’élève Delphy de la Roche est porté en triomphe sur un tonneau. Le triomphe du tonneau devient une tradition de l’école de Saint-Cyr.
  • 1830 : à la suite des Trois Glorieuses (27 au 29 juillet), la chute du dernier des Bourbons, Charles X et l’avènement de Louis-Philippe d’Orléans, qui devient « roi des Français » le drapeau tricolore est définitivement adopté comme emblème national. L’école devient ESM Saint-Cyr et poursuit son œuvre de formation des officiers de France.
  • 1830-1832 : c’est la première promotion qui prend un nom : promotion « du Firmament ».
  • 1851 : l’école redevient ESIM sous Napoléon III.
  • 24 août 1855 : à l’occasion de la venue de la reine Victoria en France, les Saint-Cyriens portent le shako avec un plumet rouge et blanc. Il est baptisé Casoar et devient symbole de l’école.
(L’école a été agrandie sous la Deuxième République).
  • 1815-1870 : 11 000 ont été formés, 1 500 sont tombés au « champ d’honneur », 1 450 sont devenus généraux et 4 maréchaux de France : Pélissier, Canrobert, Forey, Mac Mahon (futur président de la République).
  • Juillet 1871 : le général Hanrion est le nouveau directeur.
  • 1871-1905 : l’abbé Lanusse est aumônier de l’école.
  • 1880 : nouveau drapeau qui sera décoré le 22 avril 1914 de la Légion d'honneur.
  • 1889 : le triomphe du tonneau disparaît.
  • 1912 : les futurs officiers de la promotion Montmirail effectuent un an comme simple soldat avant d'intégrer leur école. Selon la légende, en 1914, ils auraient chargé à la tête de leurs hommes en Casoar et gants blancs[6]. On trouve dans cette promotion les futurs généraux De Gaulle, Monclar, Juin et Loustaunau-Lacau.
  • 1914 : promotion La Grande Revanche : sur les 774 élèves intégrés, 428 sont tombés au « champ d’honneur ». Concernant les survivants, 87 % ont été blessés souvent plusieurs fois, 12 % réformés pour invalidité, 25 % prisonniers de guerre.
  • Après la Première Guerre mondiale de 1914-1918 : 4 généraux sont maréchaux de France : Gallieni, Lyautey, Franchet d’Esperey, Pétain.
  • 1931-1935 : le général Frère est commandant de l’école, il animera un réseau de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.
  • 1940 : après la défaite, Saint-Cyr et Saint-Maixent (école de formation des sous-officiers de l'Armée de terre) sont transférées à Aix-en-Provence, en zone libre.
  • Novembre 1942 : après l'occupation de la zone libre, les deux écoles sont dissoutes. Certains élèves réussissent à quitter la France en passant par l'Espagne, et se réfugient à l'École militaire de Cherchell en Algérie française. Parallèlement, depuis 1940, en Grande-Bretagne, des officiers sont formés par l'École militaire des cadets de la France libre, fondée par le général de Gaulle. Le colonel Page sauve le drapeau.
  • 26 juillet 1944 : l'école est entièrement détruite lors d'un bombardement de la ville de Saint-Cyr par l'aviation anglo-américaine. Le quartier de cavalerie est rasé tout comme les bâtiments situés de part et d'autre du monument aux morts. La maison de madame de Maintenon prend feu et, lorsque celui-ci s'achève, il ne reste que les murs maintenus debout par les fers « en T » de la charpente.
  • 1944 : l'École militaire de Cherchell devient l'École militaire interarmes (EMIA), chargée de former tous les officiers de l'Armée de terre, aussi bien ceux issus du recrutement direct (Saint-Cyr) que ceux du recrutement interne(semi-direct) (Saint-Maixent). C'est là l'idée d'amalgame du général de Lattre de Tassigny.
  • 13 décembre 1944 : l’École militaire interarmes s’installe après la guerre à Coëtquidan, les bâtiments de Saint-Cyr-l'École ayant été rendus inutilisables par des bombardements alliés en juillet et août 1944.
  • 1947 : l'EMIA devient l'École spéciale militaire interarmes, concession à l'ancien nom de Saint-Cyr.
  • 19 juin 1957 : début des travaux de reconstruction de l'école à Saint-Cyr en vue de son retour.
  • 1959 : le gouvernement renonce à faire revenir l'école à Saint-Cyr et décide de la maintenir à Coëtquidan.
  • 1961 : la formation des officiers issus du recrutement direct et celle des officiers de recrutement semi-direct issus du corps des sous-officiers est séparée en deux. L'ESM reprend son rôle, aux côtés de la nouvelle EMIA.
  • 1964-1965 : reconstruction de l'école pour en faire un collège militaire. La première rentrée a lieu en 1966. Il devient le lycée de la défense de Saint-Cyr dans les années 1980.
  • 1977 : une nouvelle école vient s'installer sur le site de Coëtquidan, c'est l'école militaire du corps technique et administratif (EMCTA).
  • 1983 : l’ESM Saint-Cyr accueille pour la première fois des élèves-officiers féminins. La scolarité passe de deux à trois ans. Cette réforme a pour but de maintenir l'attribution du titre d'ingénieur (bac+5) à certains élèves de Saint-Cyr.

Le drapeau

La loi promulguant la création de Saint-Cyr date du 1er mai 1802. Ce n'est pourtant que le 4 décembre que l'école reçoit son drapeau à l'occasion d'une remise des aigles sur le champ de Mars. Il ne porte aucune inscription. Le 30 janvier 1805, le ministre de la guerre ordonne d'y ajouter : « L'Empereur des Français aux élèves de l'École impériale militaire - Ils s'instruisent pour vaincre ».

Au début de 1820, l'École reçoit son deuxième drapeau, remis par Louis XVIII au sergent Dubreuil. Se tournant vers les élèves le roi leur dit : « Il est en de bonnes mains, j'en réponds ! ». Le drapeau de soie blanche parsemée de fleurs de lys est emporté par le duc de Broglie, commandant l'École lors de la chute du roi Charles X.

Les liens établis avec la monarchie de Juillet sont plus conflictuels. Le duc d'Orléans passe les premières revues dans un silence total, ce qui n'encourage pas le roi à donner un drapeau aux élèves. Le prince assistant pourtant à une cérémonie, accorde sa grâce à trois saint-cyriens renvoyés, et leur promet un drapeau, qu'il leur remet le 11 juin 1837. il est de soie frangée tricolore, avec une couronne royale aux quatre coins et porte la devise : « Honneur et Patrie ».

Le roi Louis-Philippe Ier abdique en 1848 et la deuxième République est vite remplacée par le Second Empire. L'École assiste le 15 août 1853 à la revue donnée en l'honneur de l'empereur Napoléon III. La manœuvre est impeccable et le général Alexandre félicite les élèves en disant : « c'est en maintenant le bon esprit militaire qu'ils méritent toujours le titre de Premier Bataillon de France ». Sur le drapeau réapparaît la devise : « Ils s'instruisent pour vaincre ».

Après la défaite de Sedan, un nouveau drapeau fort simple est donné à l'École ; y est porté la devise : « Ils s'instruisent pour défendre la patrie ».

Le 14 juillet 1880, le président Jules Grévy remet à l'École un drapeau sur lequel est inscrit : « Honneur et Patrie - Premier bataillon de France ».

Aujourd'hui le drapeau porte les mentions suivantes[7] :

  • Sur un côté, « République Française - École Spéciale Militaire » ;
  • Sur l'autre, « Honneur et Patrie - Premier Bataillon de France - Ils s'instruisent pour vaincre ».

Le drapeau est traditionnellement confié à la garde au drapeau du Premier Bataillon de France (la promotion sortante), composée de six sous-lieutenants[7].

Décorations du drapeau

La garde au drapeau de l'ESM Saint-Cyr lors du traditionnel défilé du 14 Juillet

Le sacrifice des dix mille Saint-cyriens morts pour la France et la valeur des officiers issus de l'École depuis sa création ont valu à son drapeau d'être décoré successivement de la :

  • Légion d'honneur (22 avril 1914)
  • Croix de Guerre 1914-1918 (18 mai 1922) : « L'École Spéciale Militaire, par la valeur et l'héroïsme des officiers qu'elle a formés, a consacré au cours de la Grande Guerre sa longue tradition de sacrifices à la Patrie et a justifié d'éclatante façon sa devise glorieuse : "Ils s'instruisent pour vaincre" ».
  • Croix de Guerre 1939-1945 (3 novembre 1949) : « Fidèle à ses traditions de dévouement à la Patrie, de courage, de discipline et d'honneur, l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr a brillamment formé des officiers qui, alliant à leur compétence technique un sens du devoir poussé jusqu'au sacrifice de leur vie, ont répandu sans mesure leur sang sur les champs de bataille de Syrie, du Maroc, de la Deuxième Guerre mondiale et d'Indochine ; a donné à la France une pléiade de grands chefs qui ont su conduire la Nation à la Victoire. À ainsi hautement mérité de la reconnaissance du Pays ».
  • Croix de Guerre des Théâtres d'Opérations Extérieurs (17 juillet 1953) : « L'École Spéciale Militaire Interarmes, fidèle à la tradition de dévouement absolu à la Patrie, n'a cessé de former depuis la Libération de jeunes promotions animées d'une foi ardente qui, aux côtés de leurs anciens ont servi et continuent à servir avec héroïsme sur les champs de bataille d'Extrême-Orient. Elle a ainsi contribué, au prix du sacrifice de près de huit cents des siens, à maintenir haut le prestige du Pays et à sceller l'Union Française par le plus éclatant des témoignages : celui du sang. Elle a bien mérité la reconnaissance de la Nation ».

Le drapeau porte ces décorations en cravate.

Insigne de béret de l'ESM.

Traditions

L’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr se caractérise par une identité forte et des traditions qui dimensionnent encore aujourd'hui la scolarité.

Un calendrier particulier

Après la Bataille d'Austerlitz les Saint-Cyriens décidèrent d'adopter leur propre calendrier commençant en l'an 1805 et dont les mois sont désignés par une lettre de mot "Austerlitz". Ainsi le mois d'octobre est désigné par la lettre A, novembre par la lettre U, décembre par la lettre "S", janvier par la lettre "T", février par la lettre "E", mars par la lettre "R", avril par la lettre "L", mai par la lettre "I", juin par la lettre "T" et juillet par la lettre "Z". Les mois d'août et de septembre étant des mois de permission, ils ne sont pas comptés. Le 1er novembre 2019 correspond donc au "1U 214". Le "2S" qui est aujourd'hui devenu la fête des Saint-Cyriens correspond donc au 2 décembre.

Chant de tradition : La galette

L'origine de ce chant remonte à 1845 lors de la mise en place d'un nouvel uniforme à l'école et dans l'Armée de manière générale. À l'origine, la galette, épaulette sans franges, était portée par les élèves mal classés au classement uniquement. Ces derniers tirèrent une réelle fierté de cet attribut, s'estimant "appelés à devenir de meilleurs officiers dans la troupe que les "forts en thème" de la tête du classement"[8]. Pour traduire ce mécontentement, la promotion d'Isly (1843 - 1845) alors présente à l'école marquera son désaccord en adoptant un chant de promotion faisant état de son mécontentement. Composé en 1845 par le lieutenant-colonel Pierre Léon Bouisset, membre de la promotion. Il a été composé sur la musique des Puritains de Vincenzo Bellini.

Ce chant de promotion est depuis devenu le chant de tradition par excellence des Saint-Cyriens, entonné à des multiples occasions pendant la scolarité et encore après.

Paroles :

Noble galette, que ton nom
Soit immortel en notre histoire
Qu'il soit anobli par la gloire
D'une vaillante Promotion !
Et si dans l'avenir
Ton nom vient à paraître
On y joindra peut-être
Notre grand souvenir.
On dira qu'à Saint-Cyr,
Où tu parus si belle
La Promotion nouvelle
Vient pour t'ensevelir.

Toi qui toujours dans nos malheurs
Fut une compagne assidue,
Toi qu'hélas nous avons perdue,
Reçois le tribut de nos pleurs,
Nous ferons un cercueil,
Où sera déposée
Ta dépouille sacrée.
Nous porterons ton deuil,
Et si quelqu'un de nous
Vient à s'offrir en gage,
L'Officier en hommage
Fléchira le genou.

Amis, il faut nous réunir
Autour de la Galette sainte
Et qu'à jamais dans cette enceinte,
Règne son noble souvenir.
Que ton nom tout puissant
S'il vient un jour d'alarme,
À cinq cents frères d'armes
Serve de ralliement :
Qu'au jour de la conquête
À défaut d'étendard,
Nous ayons la Galette
Pour fixer nos regards.

Soit que le souffle du malheur
Sur nos têtes se déchaîne,
Soit que sur la terre africaine
Nous allions périr pour l'honneur,
Ou soit qu'un ciel plus pur
Reluire sur nos têtes,
Et que loin des tempêtes
Nos jours soient tous d'azur
Oui, tu seras encore,
Ô Galette sacrée,
La mère vénérée
De l'épaulette d'or.

Recrutement

  • Concours « Sciences », « Lettres » ou « Sciences économiques et sociales » au niveau bac+2, Classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) (âge maximum : 22 ans) ;
  • Admission sur titre bac+5, après avis d'une commission de recrutement nationale (âge maximum : 25 ans) ;
  • La voie EOFIA au niveau bac, bac+1.

Les écoles de Saint-Cyr Coëtquidan regroupent trois formations d'élèves, tous destinés à constituer les officiers de l'Armée de terre.

Outre les trois bataillons de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (au recrutement indiqué ci-dessus), deux autres filières de formation initiale d'officiers se trouvent sur le camp de Coëtquidan :

  • le 4e bataillon de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr (ESM4), formation qui est nettement distincte de celle des saint-cyriens, mais qui partage le même drapeau et hérite des traditions des EOR du 3e bataillon de l'ESM dont ils faisaient initialement partie. Cette formation regroupe en effet des formations d'officiers dites courtes (moins d'un an) : OSC (Officiers sous contrat), X (Polytechniciens en stage militaire au cours de leur première année de scolarité à l'École polytechnique, etc. La rivalité entre les deux écoles militaires "Napoléoniennes" est souvent remise au goût du jour à cette occasion);
  • l’École militaire interarmes ou (EMIA) chargée de former les élèves officiers issus du concours interne, fusionnée un temps avec Saint-Cyr de 1942 à 1961 ;

L'école d'administration militaire se trouvait également à Saint-Cyr avant la création de l'école des commissaires des armées en 2013 à Salon-de-Provence.

Filles

Saint-Cyr devient mixte en 1983. En 2012, le sociologue Claude Weber publie À genou les hommes. Debout les officiers. La socialisation des Saint-Cyriens (PUR, 2012), où il étudie la promotion 2005 de l'École, qui compte 16 % de jeunes filles. Il montre que celles-ci sont généralement mal considérées par leurs camarades masculins, comme les élèves étrangers, au point que certaines sont poussées à partir, comme le raconte Marine Baron dans Lieutenante, être femme dans l'armée française (Denoël, 2009)[9].

Cursus

La scolarité comporte trois piliers intégrés :

Le cursus dure six semestres (deux pour les bac+5), sanctionnés par l'obtention du diplôme de l'ESM, et pour les scientifiques, du diplôme d'ingénieur agréé par la commission nationale des titres d'ingénieur (CTI), ainsi que le grade de master.

Tous les élèves d'une année sont groupés en bataillons. En première année, les élèves font partie du 3e bataillon (celui des élèves-officiers), en deuxième année, du 2e bataillon (celui des aspirants), enfin en troisième année, du 1er bataillon de France (celui des sous-lieutenants).

À l'issue de leur scolarité, les élèves reçoivent le grade de lieutenant, sont classés et choisissent, selon l'ordre de classement, une fonction opérationnelle dans l'Armée de terre ou la Gendarmerie nationale pour laquelle ils accompliront un an en école d'application :

Après cette année en école d'application, ils reçoivent leur affectation opérationnelle. Cette affectation détermine leur arme d'appartenance.

Les officiers sous contrat et les officiers de réserve (qui forment le « quatrième bataillon de Saint-Cyr ») suivent également une formation raccourcie à l'ESM.

En 2010, Saint-Cyr a signé un partenariat avec l'ESSEC créant un accord de double diplôme entre les deux institutions. En 2016, un partenariat de double diplôme est aussi signé avec l'Institut d'études politiques de Paris.

Organigramme

Saint-Cyriens défilant sur les Champs-Élysées pour le défilé militaire du 14 Juillet en 2007.

1820[pourquoi ?]

  • Maréchal de camp commandant : Général Comte Maurice-François d'Albignac
  • Colonel commandant en second : Jean-Baptiste Danlion (colonel d'infanterie)
  • Directeur des études : Louis-Thomas Nacquart (lieutenant-colonel d'artillerie)
  • Chefs de bataillon :
    • Jacques Vienot
    • Jean-Baptiste Griffet de Labaume
  • Capitaines d'infanterie :
  • Capitaines de cavalerie :
    • Boulfroy de Pierreville
    • Lemoiné
  • Professeurs de fortifications :
    • Jean-Baptiste Imbert (capitaine du génie)
    • M Carraud (capitaine d'artillerie)
  • Professeur de topographie : M Richoux (capitaine ingénieur de 2e classe)
    • Professeur adjoint: Charles-Louis-François Lecamus (lieutenant aux ingénieurs-géographes)
  • Général Hanrion[Quoi ?]

Les promotions

Voici les 10 dernières promotions de Saint-Cyr (pour en connaître l'intégralité, se référer à l'article détaillé ci-après)

No 205 2018-2021 compagnons de la Libération
No 204 2017-2020 général Fourcade
No 203 2016-2019 général Loustaunau-Lacau[10]
No 202 2015-2018 général Saint Hillier
No 201 2014-2017 chef d'escadrons de Neuchèze[11]
No 200 2013-2016 capitaine Hervouët
No 199 2012-2015 lieutenants Thomazo
No 198 2011-2014 de Castelnau
No 197 2010-2013 chef de bataillon Bulle
No 196 2009-2012 capitaine de Cacqueray
No 195 2008-2011 chef d'escadron Francoville

Quelques Saint-Cyriens célèbres

Pour approfondir

Bibliographie

  • Pierre Pellissier, Saint-Cyr - Génération Indochine-Algérie, Édition Plon, 1992, 463 p. (ISBN 2-259-02491-2)
  • Jean-Joseph Milhiet, Saint-Cyr - Trois siècles d'histoire, Édition Christian, 1998, 475 p. (ISBN 2-86-496-075-3)
  • Général Benoît Royal, L'éthique du soldat français, Édition Economica, 2010, 240 p. (ISBN 2717859772)
  • Général Eric Bonnemaison, Toi, ce futur officier, Édition Economica, 2012, 336 p. (ISBN 2717861432)
  • Claude Weber, À genou les hommes, Debout les officiers - La socialisation des Saint-Cyriens, Presses Universitaires de Rennes, , 405 p. (ISBN 978-2-7535-2019-6, lire en ligne)
  • Charlotte Ficat, Les secrets de Saint-Cyr, Mémoire d'une ancienne élève, Édition La Boîte à Pandore, 2013, 273 p. (ISBN 978-2-8755-7023-9)

Articles connexes

Liens externes

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Notes et références

  1. Arrêté du 18 janvier 2019 fixant la liste des Écoles accréditées à délivrer un titre d'ingénieur diplômé.
  2. Film Saint-Cyr de Patricia Mazuy.
  3. « Fontainebleau : retour aux sources pour l’école de Saint-Cyr », leparisien.fr,‎ 2016-03-04cet19:24:02+01:00 (lire en ligne, consulté le )
  4. http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1940-1944-la-seconde-guerre-mondiale/les-cadets-de-la-france-libre/analyses/l-ecole-militaire-des-cadets-de-la-france-libre.php
  5. www.st-cyr.terre.defense.gouv.fr Le journal de Saint-Cyr Coëtquidan
  6. Cette version des faits est contestée sur de nombreux sites consacrés à l'école et, à vrai dire, peu crédible. Voir : La Saint-Cyrienne.
  7. a et b texte du lien, texte additionnel.
  8. Saint-Cyr, L'Ecole spéciale militaire, Lavauzelle, , Tradition et traditions
  9. Odile Roynette, « La mixité : une révolution en danger ? », L'Histoire n°455, janvier 2019, p. 12-19.
  10. Le Figaro.fr, 17 novembre 2018, "L'armée débaptise une promo de Saint-Cyr", lepoint.fr, 18 novembre 2018, "Saint-Cyr : une promotion débaptisée par l'armée"
  11. [1].