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Œ

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e dans l’o
Œ œ
Œ œ
Graphies
Capitale Œ
Bas de casse œ
Lettre modificative
Utilisation
Alphabets anglais, français, guemzek, kom, koonzime, latin, mbuko, merey vieux norrois

L’e dans l’o, noté œ en minuscule et Œ en capitale, est une ligature utilisée dans le latin médiéval et moderne, ainsi qu’en français, en anglais, en vieux norrois et aussi dans plusieurs langues utilisant l’alphabet général des langues camerounaises comme le kom, le koonzime, le guemzek, le mbuko et le merey.

Linguistique

Historique

La lettre est à l’origine une ligature de o et e. On l’appelle e dans l’o, o-e liés, o-e collés[1], ou parfois ethel (de l'ancien anglais eðel)[2]. Dans l’ordre alphabétique français, il est classé comme la suite d’un o et d’un e indépendants.

En latin

La combinaison forme une diphtongue en latin, notée [oe̯] dans l’alphabet phonétique international. Elle a été utilisée pour les emprunts de mots grecs contenant la diphtongue « οι » (oi). En latin, on devrait écrire les deux voyelles séparément, mais la ligature a été utilisée dans les textes médiévaux et plus anciens, en partie parce que la diphtongue notée par oe s’est monophtonguée en [eː] dès les premiers textes littéraires.

Emplois modernes

En français

En français, l’utilisation de la ligature œ n’est pas esthétique mais linguistique, contrairement à d’autres ligatures (par exemple, ij) : œ et oe ne se lisent pas de la même manière, la deuxième forme notant un hiatus (cœlacanthecoefficient). Notons que si le digramme œu français se prononce [ø] ou [œ], les œ des mots provenant du grec devraient se prononcer [e] ou [ɛ] (œsophage : « ésophage », Œdipe : « Édipe », œstrogène : « èstrogène », etc.) ; l’usage courant, sans doute sous l’influence des mots courants d'origine latine — œil, œuf, bœuf, etc. — préfère la plupart du temps [ø], mais pas dans tous les cas (fœtus, cœlacanthe).

On énonce parfois une « règle » voulant qu'en français, la ligature œ se prononce comme « eu » lorsqu’elle est suivie d’une voyelle, et comme « é » lorsqu’elle est suivie d’une consonne. Il s’agit là d’un procédé mnémotechnique, qui peut être utile, mais reste susceptible d’exceptions, et surtout, sans aucune valeur linguistique. La seule règle rigoureuse est celle de l’étymologie latine (prononciation : /ø/ ou /œ/) ou grecque (prononciation : /e/ ou /ɛ/) dans tous les cas.

Exemples de mots français contenant « œ »

Un certain nombre de mots français comportent les lettres « o » et « e » non ligaturées, et sont néanmoins parfois écrits avec un « œ » par erreur :

En anglais

L’anglais transcrit par la ligature œ les emprunts au latin eux-mêmes dérivés de mots grecs comportant la diphtongue οι.

Mais il fait de plus en plus appel dans ce cas à une graphie simplifiée par la lettre e, surtout aux États-Unis. Par exemple, on écrit aujourd’hui federal plutôt que fœderal en anglais britannique, tandis que l’anglais des États-Unis fait couramment usage de la graphie simplifiée diarrhea, là où l’on écrivait classiquement diarrhœa. Pour les mots qui ne sont pas passés à e, l'usage courant préfère aujourd’hui le digramme oe, suivi par les dictionnaires les plus récents.

En anglais, la prononciation de œ ou oe est généralement /iː/ en syllabe accentuée, et /ɛ/ en syllabe non accentuée.

En vieux norrois

La ligature œ est utilisée dans la graphie savante moderne du vieux norrois, pour représenter la voyelle longue /øː/, par opposition au caractère spécial ø, qui représente la voyelle brève /ø/.

La métaphonie « ö », le digramme « oe » et la ligature « œ » en allemand

On fait classiquement la distinction entre la notion de métaphonie (Umlaut) et de tréma, qui ont des fonctions et des origines différentes. L'ancien allemand était écrit avec l'alphabet gothique. À l'origine, le signe métaphonique était un e gotique placé au-dessus de la lettre ayant subi la métaphonie. Ce e gotique a été ensuite simplifié en une sorte de double accent aigu. Puis, le passage à l'alphabet latin, l'imprimerie et la disparition de la notion de tréma en allemand standard ont conjointement conduit au remplacement de ce double accent aigu par un double point, confondu avec le tréma français[6]. Il n'y a donc qu'un seul graphème ö sur les claviers d'ordinateurs. Dans l'écriture manuscrite, il n'est pas rare de voir le signe traditionnel remplacé par des doubles points ou des doubles ronds.

La ligature œ n'est pas utilisée en allemand moderne. Elle est cependant utilisée dans les textes en moyen haut-allemand[7]. Le graphème œ représente alors le phonème øː long, le graphème ö, le phonème œ bref. Quand le français utilise la ligature œ pour transcrire classiquement des mots d'emprunts au grec, l'allemand moderne utilise la lettre ö qui est la lettre qui correspond à la prononciation correcte du mot : ø comme dans Ösophagus et œ comme dans Östrogene. L'allemand transcrit aussi parfois les mots empruntés au grec avec le graphème e (voire oe), c'est pourquoi on trouve fréquemment les graphies Oesophagus[8] ou Estrogene[9]. Les mots d'emprunts au latin sont aussi écrits avec un ö, par exemple, Föderal prononcé fødeˈʀa:l. En allemand le mot Fetus de fetus a comme en français subi une hypercorrection car il est souvent mal transcrit Fötus. Rares sont ceux qui prononcent le mot Fetus.

Le digramme oe est toléré, quand le graphème ö n'est pas disponible, par exemple dans l’édition, par absence de la touche correspondante sur un clavier informatique, ou bien dans les mots croisés. Ainsi, on écrira Gaeste au lieu de Gäste, Wueste au lieu de Wüste ou bien hoeren au lieu de hören. Ce digramme est cependant à éviter parce que son utilisation provoque des cacographies : le oe du mot correctement écrit soeben n’est pas une métaphonie et se prononce oˈʔeː[10], c'est-à-dire se prononce comme la suite de caractères eau hé de l'expression française beau héraut. À l’inverse, la graphie de certains noms, en particulier de certains noms de famille, comme celle du nom de famille de l’écrivain Johann Wolfgang von Goethe, est invariable.

Cette utilisation du « e » est courante lors des transcriptions des mots en alsacien. Par exemple, la flammekueche, le baeckeoffe ou le château du Haut-Kœnigsbourg proviennent respectivement de l'allemand flammeküche, bäckeoffe et Hoch-Königsburg. La tendance de la ligature est mitigée en Alsace : bien que les noms connus préfère la ligature (« Haut-Kœnigsbourg ») pour se calquer sur la tendance française, les noms plus locaux (comme le nom de famille « Goerger ») tendent à dissocier les deux lettres, vraisemblablement pour la cohérence : la ligature « æ » est très rare en français (parfois utilisée pour des locutions latines comme « ex æquo »), et une ligature entre « u » et « e » n'existe pas.

Alphabet phonétique international

Le caractère œ représente dans l’alphabet phonétique international la voyelle moyenne inférieure antérieure arrondie, et ɶ la voyelle basse antérieure arrondie.

Représentation informatique et obtention

Les dispositions de clavier AZERTY et QWERTY par défaut sous Windows ne comportent pas l’Œœ. Les dispositions francophones complètes l’ont en AltGr sur la touche O, comme le BÉPO, voire en accès direct, comme la disposition Latin-9 sous Xorg[11].

Codes, entités, raccourcis et touches

En fonction des systèmes d’exploitation, des programmes et des dispositions de clavier le caractère peut être obtenu soit directement par le clavier, soit par correction automatique, soit par une séquence affichée en tant qu’entité ou remplacée de suite par un éditeur d’entrée, soit par un raccourci clavier, soit encore par un code tapé sur le pavé numérique.

L’Œ/œ dans les jeux de caractères et les systèmes d’exploitation
Œ œ
ISO 6937 234 250
ISO 8859-15 188 189
Unicode U+0152 U+0153
UTF-8 0xC5 0x92 0xC5 0x93
HTML Œ œ
entité XML ou SGML Œ œ
LaTeX {\OE} ou \OE{} {\oe} ou \oe{}
Microsoft Word Ctrl+& O Ctrl+& o
Alt codes Windows Alt+0140 Alt+0156
azerty Mac
oss_latin9 Linux
bépo
Maj+Alt+o Alt+o
Canadien - CSA Mac Maj+Alt+q Alt+q
latin9 Linux (obsolète) Maj+² ²
latin9 Linux (oss_latin9) AltGr+Maj+o AltGr+o

Historique

Alors que sur les machines à écrire mécaniques l’e dans l’o pouvait être obtenu grâce au demi-retour arrière, l’informatique tardait longtemps à prendre ce caractère en charge. Aucune variante nationale d’ISO 646 n’avait de place pour lui, tandis que l’æ (et l’Æ) était dans les variantes danoise et norvégienne de cette norme.

Sa première apparition dans un jeu de caractères ISO eut lieu en 1983 quand ISO/CEI 6937 fut publiée. Mais ce n’était pas une raison suffisante pour un grand constructeur français de l’implémenter dans ses imprimantes ; voire, trois ans plus tard, une des équipes de l’entreprise, dont était issu l’un des deux représentants de la France dans le groupe de travail de la future norme ISO 8859-1, prit la décision de s’opposer à ce que l’œ/Œ fasse partie du nouveau jeu de caractères. Le représentant québécois du Canada avait beau rappeler que cette lettre est nécessaire, les deux Français firent cause commune pour faire remplir les deux places prévues avec deux symboles mathématiques (× et ÷) proposés par le représentant de l’Allemagne, rédacteur d’une autre norme qui devait permettre de moduler l’espacement des lettres…[12]

Cette mise à l’écart de l’e dans l’o laisse automatiquement une trace dans Unicode où – pour assurer une certaine rétrocompatibilité – les 256 premiers points de code sont calqués sur les encodages préexistants US-ASCII et Latin-1. Notre digramme soudé prééminent a ainsi fini dans le bloc « Latin étendu A », construit en gardant un œil sur ISO/CEI 6937. Quand en 1993 ISO/CEI 10646 fusionna avec Unicode qui devint ainsi la référence officielle (version 1.1), Latin-1 était entré dans les habitudes, et sa complétion n’était pas encore à l’ordre du jour.

En 1998 l’introduction du symbole monétaire de l’euro fut l’occasion de remettre à plat le jeu de caractères codé sur un octet pour l’Europe occidentale et d’y admettre finalement les trois caractères français manquants (l’Ÿ aussi avait été exclu de Latin-1), donnant naissance à Latin-9. Entre-temps Microsoft avait comblé les lacunes et ajouté au fur et à mesure d’autres caractères utiles dans sa page de code Windows 1252, moins à l’étroit grâce au fait d’utiliser pour des caractères graphiques le deuxième bloc de caractères de contrôle.

Notes et références

  1. Portail linguistique du Canada
  2. Druide.com
  3. Arranger et Jost-Kotik 2011
  4. Informations lexicographiques et étymologiques de « lœss » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  5. Le Petit Larousse 2005, le Petit Robert, le Dictionnaire d’orthographe et expression écrite de Jouette, le Trésor de la langue française informatisé donnent tous uniquement l’orthographe « lœss ».
  6. ISO 8859-1
  7. Chanson des Nibelungen
  8. Speiseröhre
  9. Estrogene
  10. soeben
  11. Disponible aussi pour Windows grâce au travail de Patrick Lamaizière : Disposition de clavier style « Xorg fr-latin9 » pour Windows NT, 2000, XP, Vista, Seven (30/06/2012 : ajout 64bits), à la page Logiciels. Consulté le 2 avril 2016, à l’adresse http://www.davenulle.org/logiciels.html#CLAVIER_X
  12. Jacques André, « ISO-Latin-1, norme de codage des caractères européens ? trois caractères français en sont absents ! - CG_1996___25_65_0.pdf », (consulté le )

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes