Ꞵ
Bêta | |
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Graphies | |
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Capitale | Ꞵ |
Bas de casse | ꞵ |
Utilisation | |
Écriture | alphabet latin |
Alphabets | apindji, barama, benga, galwa, geviya, kande, kaningi, lumbu, myènè, nduumo, ngom, pove, punu, sangu, vungu |
Phonèmes principaux | /β/ |
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Ꞵ (minuscule : ꞵ), bêta, ou aussi appelé bêta latin, est une lettre additionnelle de l’alphabet latin. Elle tient sa forme de la lettre grecque minuscule bêta ‹ β ›. Elle est utilisée dans l’Alphabet scientifique des langues du Gabon, notamment pour les langues apindji, barama, benga, galwa, geviya, kande, kaningi, lumbu, myènè, nduumo, ngom, pove, punu, sangu ou vungu.
Utilisation
[modifier | modifier le code]Un bêta avec une majuscule différente du bêta grec majuscule (et différente du bêta latin utilisé dans les alphabets africains) est utilisé par Arvid Genetz (fi) dans la transcription du mari, dans les années 1880 et 1890, notamment dans le Journal de la Société finno-ougrienne (Suomalais-Ugrilaisen Seuran Aikakauskirja)[1],[2].
En 1901, Eemil Nestor Setälä propose les lettres grecques phi et bêta comme symboles pour respectivement la consonne fricative bilabiale sourde et la consonne fricative bilabiale voisée pour la transcription phonétique des langues finno-ougriennes comme l’avait fait Arvid Genetz[3].
L’alphabet phonétique américaniste, proposé par l’American Anthropological Association en 1916, utilise les lettres grecques φ et ꞵ comme symboles phonétiques pour les consonnes fricatives bilabiales[4] mais recommande d’utiliser les mêmes lettres f et v que pour les consonnes fricatives labio-dentales dans les orthographes pratiques[5].
L’alphabet phonétique international utilise un symbole bêta depuis 1927, après que celui-ci soit proposé comme symbole phonétique lors de la conférence de Copenhague de 1925[6],[7], officiellement représenté par le caractère de la lettre grecque ‹ β › mais, en théorie, avec une forme latine ‹ ꞵ › (comme les autres symboles empruntés à l’alphabet grec : ɛ, ɸ, ɣ, θ, ꭓ)[8],[9].
En 1931, Clement M. Doke utilise le bêta β pour une consonne spirante labio-dentale voisée [ʋ], inversant la consonne représenté avec ce symbole adopté en 1927 avec celle qu’il remplacé, c’est-à-dire le v crosse ʋ pour une consonne fricative bilabiale voisée [β][10].
Jean-Marie Pruvost-Beaurain propose, dans le Dictionnaire actuel de la langue française publié en 1985, d’utiliser le bêta latin ꞵ et le phi latin ɸ de l’alphabet phonétique international pour noter les consonnes bilabiales fricatives respectivement voisée et sourde et d’utiliser le bêta grec β et le phi grec φ pour noter les consonnes bilabiales spirantes respectivement voisée et sourde, distinguant le bêta latin avec des empattements du bêta grec sans empattements[11].
Le bêta latin est utilisé dans l’Alphabet scientifique des langues du Gabon de 1989 et dans certaines langues du Gabon.
Le bêta latin est aussi utilisé dans l’orthographe bangwa de 2013 d’Émile Gille Nguendjio[12], par exemple dans le mot ‹ káꞵé › [ka˥βe˥] « couvrir ». Cependant, Nguendjio utilise la lettre ‹ p ›, pour cet allophone de la consonne occlusive bilabiale sourde [p], avec sa nouvelle orthographe de 2014, par exemple ‹ kapə › [ka˥βe˩][13].
En 2025, Alex Kasonde propose d’utiliser des lettres additionnelles dont le bêta ‹ ꞵ › en position intervocalique ou pré-vocalique, de manière distinctive du b plutôt utilisé dans le digramme ‹ mb ›, dans un alphabet révisé du bemba[14].
-
Mot avec un bêta majuscule dans le Journal de la Société finno-ougrienne, vol. 13, 1895.
-
Mot avec un bêta majuscule dans Jean Alain Blanchon, Douze études sur les langues du Gabon et du Congo-Brazzaville, 1999.
Représentations informatiques
[modifier | modifier le code]Le bêta latin peut être représenté avec les caractères Unicode (latin étendu D) suivants :
formes | représentations | chaînes de caractères |
points de code | descriptions | notes |
---|---|---|---|---|---|
majuscule | Ꞵ | Ꞵ | U+A7B4 |
letter majuscule latine bêta | À ne pas confondre avec la lettre majuscule grecque bêta ‹ Β › U+0392 ou la lettre majuscule latine b ‹ B › U+0042 . Depuis Unicode 8.0 ().
|
minuscule | ꞵ | ꞵ | U+A7B5 |
lettre minuscule latine bêta | À ne pas confondre avec la lettre minuscule grecque bêta ‹ β › U+03B2 . Depuis Unicode 8.0 ().
|
minuscule | β | β | U+03B2 |
lettre minuscule grecque bêta | Caractère officiel du symbole bêta dans l’alphabet phonétique international |
Voir aussi
[modifier | modifier le code]- Bêta ‹ Β β ›, lettre grecque
- Alphabet phonétique international
- Histoire de l'alphabet phonétique international
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ↑ Porkka et Genetz 1895.
- ↑ Genetz 1899.
- ↑ Setälä 1901, p. 37.
- ↑ American Anthropological Association 1916, p. 12.
- ↑ American Anthropological Association 1916, p. 5.
- ↑ Jespersen et Pedersen 1926, p. 22.
- ↑ Association phonétique internationale 1927.
- ↑ Abercrombie 1967, p. 122.
- ↑ Wells 1983, p. 49.
- ↑ Lestrade 1932.
- ↑ Pruvost-Beaurain 1985, p. xvi.
- ↑ Nguendjio 2013.
- ↑ Nguendjio 2014.
- ↑ Kasonde 2025.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) American Anthropological Association, Phonetic Transcription of Indian Languages, Washington, Smithsonian Institution, (BHL, SI.edu)
- Association phonétique internationale, « desizjɔ̃ dy kɔ̃sɛːj rəlativmɑ̃ o prɔpozisjɔ̃ d la kɔ̃ferɑ̃ːs də *kɔpnaɡ », lə mɛːtrə fɔnetik, (JSTOR 44704201)
- « Actes du séminaire des experts, Alphabet scientifique des langues du Gabon (20/24 février 1989) », Revue Gabonaise des Sciences de l’Homme, Libreville, Université Omar Bongo, no 2,
- (en) David Abercrombie, Elements of general phonetics, Édimbourg, Edinburgh University Press, (DOI 10.1515/9781474463775)
- Jean Alain Blanchon, Douze études sur les langues du Gabon et du Congo-Brazzaville, vol. 33, Munich, LINCOM Europa, , 228 p. (ISBN 3-89586-605-9)
- (en) Michael Everson, Denis Jacquerye et Chris Lilley, Proposal for the addition of ten Latin characters to the UCS (no N4297, L2/12-270), (lire en ligne)
- (en) Arvid Genetz, « Ost-Tscheremissische Sprachstudien : 1. Sprachproben mit deutscher Übersetzung », Suomalais-Ugrilaisen Seuran Aikakauskirja / Journal de la Société Finno-Ougrienne, vol. 7, (archive.org, [1], [2])
- (en) Otto Jespersen et Holger Pedersen, Phonetic transcription and transliteration : Proposals of the Copenhagen Conference, April 1925, Oxford, Clarendon Press, (lire en ligne)
- (en) Alex Kasonde, « The long march to Unicode: a digital approach to variability in Icibemba orthography », Cogent Arts & Humanities, vol. 12, no 1, (DOI 10.1080/23311983.2025.2477347, lire en ligne)
- (en) G. P. Lestrade, « A Comparative Study in Shona Phonetics. By Clement M. Doke, M.A., D.Litt., Professor in Bantu Studies, University of the Witwatersrand. viii +298 pp. University of the Magwatersrand Press, Johannesburg, 1931. », Bantu Studies, vol. 6, , p. 95-98 (Archive.org)
- Émile-Gille Nguendjio, Grammaire pratique du báŋgwà, Éditions Ifrikiya, coll. « Interlignes », (OCLC 902724090)
- (en) Emile Gille Nguendjio, A descriptive grammar of Bangwà – a Grassfields language of Cameroon, vol. 47, coll. « Grammatical Analyses of African Languages », , 371 p. (ISBN 978-3-89645-563-5)
- (en) Volmari Porkka et Arvid Genetz, « Volmari Porkka's Tscheremissische Texte », Suomalais-Ugrilaisen Seuran Aikakauskirja / Journal de la Société Finno-Ougrienne, vol. 13, , p. 1-140 (lire en ligne)
- Dictionnaire actuel de la langue française, Paris, Flammarion (lire en ligne)
- (de) Eemil Nestor Setälä, « Über die Transskription der finnisch-ugrischen Sprachen », Finnisch-ugrische Forschungen, vol. 1, , p. 15-52 (Archive.org, digi.kansalliskirjasto.fi)
- (en) John C. Wells, « Rüdiger Pfeiffer-Rupp, Darstellung phonetischer Transkriptionszeichen. (Pp. x + 501, Helmut Buske Verlag, Hamburg, 1981.) », Journal of the International Phonetic Association, vol. 13, no 1, , p. 49-51 (DOI 10.1017/S002510030000579X, JSTOR 44526692)