Grottes d'Azé

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Grottes d'Azé
L'une des salles des grottes d'Azé.
Localisation
Coordonnées
Pays
France
Département
Localité voisine
Caractéristiques
Type
Altitude de l'entrée
275 m
Longueur connue
436 m
Période de formation
Température
12 °C
Occupation humaine
300 000 ans
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Le site des Grottes d'Azé est un lieu culturel et touristique situé sur le territoire de la commune d'Azé près de Lugny (au hameau de Rizerolles), dans le département de Saône-et-Loire, en région Bourgogne-Franche-Comté.

Ces grottes sont, avec les grottes de Blanot, les seules cavités souterraines ouvertes au public en Saône-et-Loire.

Descriptif[modifier | modifier le code]

Les grottes d'Azé sont une appellation touristique qui intègre la grotte préhistorique, appelée « grotte de la Balme de Rochebin », et la grotte parcourue par une rivière souterraine, appelée « source de la balme[N 1] de Rizerolles » (rivière s'enfonçant sous la terre sur le territoire de Saint-Gengoux-de-Scissé, aux abords du hameau de La Verzée, et réapparaissant à Azé).

C'est un site préhistorique classé, qui couvre une période allant de deux cent cinquante mille à dix mille ans avant notre ère[1],[2].

Il a été géré de 1963 à 2001 par une association, la Société des grottes d'Azé, qui a œuvré pendant plusieurs décennies à l'ouverture du site tout en travaillant à son exploration et à l'allongement du circuit de visite. En 2001, en réponse à des difficultés rencontrées par l'association gestionnaire (évolution de la réglementation, renforcement des normes de sécurité, augmentation des coûts de fonctionnement...), le site a été repris par le conseil général de Saône-et-Loire.

Des visites des grottes, uniquement accompagnées et commentées, sont organisées tous les jours d'avril à novembre.

Le site recèle également d'autres richesses archéologiques liées à la période gallo-romaine ou encore médiévale.

Un lieu accueillant au cœur de la nature[modifier | modifier le code]

Un site classé[modifier | modifier le code]

Les grottes s'inscrivent dans un paysage remarquable dans un bosquet peuplé par de magnifiques cèdres de l'Atlas.

Un espace d'interprétation[modifier | modifier le code]

Pour comprendre et analyser le contexte géologique, visualiser les découvertes paléontologiques et archéologiques, un espace d'interprétation est accessible gratuitement

Un nouveau bâtiment d'accueil et une boutique[modifier | modifier le code]

Un nouveau bâtiment d'accueil de 270 m2 a été réalisé en 2020 grâce au financement du Département de Saône et Loire.

Préhistoire et Histoire[modifier | modifier le code]

Une occupation depuis la Préhistoire[modifier | modifier le code]

L’occupation la plus ancienne de la grotte préhistorique date du paléolithique : hommes et animaux y ont laissé des traces de leur passage.

Plusieurs fouilleurs, dont A. Leroy Gourhan, ont effectué des recherches à l’entrée de la grotte préhistorique mais leurs sondages infructueux les ont dissuadés de poursuivre leurs investigations. Il faut attendre les années 1950 pour que des fouilles soient entreprises du porche d’entrée jusqu’à la salle de la Rotonde. Les découvertes sont nombreuses et attestent d’une occupation dans le temps : ossements d’animaux et outils en silex de la préhistoire, vestiges gallo-romains, mur médiéval…

La fouille menée par Jean Combier entre 1966 et 1970 a mis en évidence une occupation du paléolithique inférieur datée d’environ 350 000 ans, ce qui en fait l’une des occupations humaines les plus anciennes en Bourgogne.

Un autre niveau a livré des restes d’animaux en quantité abondante, essentiellement des ossements d’ours (Ursus Deningeri), et quelques ossements de lion des cavernes (Panthera Spelaea), représenté en particulier par un superbe crâne découvert en 1985 par un jeune spéléologue dans la salle des ours (crâne rare dont il n'existait alors qu'une dizaine d'exemplaires, et qui fut aussitôt envoyé à la faculté des sciences de Lyon pour examen, avant d'être exposé dès 1986 au musée des grottes).

A 60 m de cette entrée, des griffades d’ours ont été identifiées sur les parois, et quelques mètres plus loin, la salle des ours sera découverte, avec ses 5898 ossements et deviendra alors l’un des plus grands sites paléontologiques. Les ours sont venus dans le fond de la grotte, principalement des femelles Ursus Deningeri  pour mettre bas et hiverner avec leurs oursons. Il est probable également qu’il y a 160 000 ans, un combat ait eu lieu dans la pénombre de la cavité : un crâne de lion des cavernes a été trouvé à proximité d’un tibia d’ours. Elle portait l’empreinte d’une pré-molaire de lion. On peut envisager que le lion se soit aventuré dans l’obscurité poussé par la faim, et qu’une rencontre avec un ours lui ait été fatale. À la suite de ce combat les deux animaux ont péri dans cette salle.

Depuis l’Age du bronze[modifier | modifier le code]

Dans la grotte….[modifier | modifier le code]

Après la préhistoire la présence de l’Homme sur le site est encore très marquée. Abris naturels, les grottes n’ont pas seulement servi d’habitat aux hommes préhistoriques puisque de tous temps, ils y ont vu un intérêt.

Les fouilles réalisées par A. Jeannet dans la Rotonde ont permis la découverte de nombreuses poteries, d’un brassard d’archer, datant de la fin de l’Age du Bronze (environ 950 avant Jésus-Christ) qui traduirait l’existence d’un habitat ou d’une bergerie. Des objets de l’époque gallo-romaine dont une très belle lampe en bronze ont également été mis au jour. Cette lampe à deux becs, avec anneaux de suspension en forme de tête de canard, a été datée du Ier s ap J-C. Son étude récente, menée par C. Malagoli, montre qu’elle vient probablement de la région de Naples. Une des hypothèses pouvant expliquer sa présence dans la grotte nous fait penser à une utilisation cultuelle.

Des fragments de poteries ainsi que les restes d’un mur : La datation de charbon présent dans le mortier qui scelle les pierres a permis d’estimé sa datation soit de la fin de l’époque mérovingienne, soit de l’époque carolingienne. Au haut Moyen Âge les grottes semblent avoir été très utilisées.

Enfin le grand mur dont la base est toujours visible à l’entrée de la Grotte Préhistorique daterait du XIIe siècle.

…et à l’extérieur[modifier | modifier le code]

Entre 150 av J-C et  50 ap Jésus-Christ les gaulois ou les gallo-romains aménagent la résurgence de la rivière avec un barrage constitué de bois et d’argile. L’eau est captée et transportée à l’aide de tuyaux creusés dans des troncs d’arbre. Les vestiges d’un ancien bâtiment datant probablement du début de notre ère ont été découverts à proximité, ainsi que de  nombreux vestiges au voisinage et dans la résurgence attribuables au 1er s ap J-C. L’hypothèse d’un culte des eaux dans cette fontaine de la Balme a été avancée.

Les mérovingiens, entre 650 et 680 après Jésus-Christ, viennent enterrer leurs morts sous un murger monumental dont une extrémité se trouvait à l’emplacement de l’entrée supérieure de la Rivière Souterraine.

L'exploration spéléologique[modifier | modifier le code]

Le blason d'Azé « au chef tiercé en pal », sur lequel apparaît un « crâne d'animal préhistorique d'or », référence aux grottes.

C'est en 1954 qu'un petit groupe de passionnés d'Azé, au cours de fouilles laborieuses, commença la mise au jour de nombreux vestiges des époques paléolithiques, néolithiques et gallo-romaines. Antérieurement, l’entrée de la grotte avait vu se succéder un certain nombre de fouilleurs en quête de sites préhistoriques, en particulier Gabriel Jeanton, Lucien Mazenot et Lucien Mayet dans les années qui suivirent la Première Guerre mondiale et André Leroi-Gourhan en 1948.

En 1950, Roger Dravet, assisté de Georges Gaillard, débuta les fouilles sous le porche. En 1954, il fut rejoint par Raymond Morel. De 1950 à 1962, la petite équipe fouilla la grotte, de l'entrée jusqu’à la Rotonde, faisant des découvertes nombreuses : ossements d’ours, de cerf élaphe et de renne, silex remontant à la période magdalénienne, vestiges gallo-romains, mur médiéval... En 1962, Raymond Morel était rejoint par Maurice Bonnefoy, qui venait de contribuer à l'aménagement de la grotte de Blanot.

Au printemps 1963, après des mois d'efforts, les spéléologues parvinrent à déboucher le fond de la caverne, portant le développement des galeries de 75 à 265 mètres, en découvrant au passage une série de gravures schématiques magdaléniennes. Dans la foulée, les hommes-grenouilles du Sub-Aquatique Mâconnais remontèrent dans les eaux de la source, suivis en août et septembre par des spéléologues. Le 15 septembre, ces explorations dans les galeries noyées permirent une découverte archéologique remarquable : deux vastes galeries accolées, un lac et des salles se développant sur une longueur de 750 mètres[3]

En 1966, trois ans après l'ouverture au public des grottes (5 juin 1963), le travail se poursuivant, le site préhistorique d'Azé, en tête des cavités de la Bourgogne du Sud, avait un développement total de 1 050 mètres.

Les grottes, gérées par la Société des grottes d'Azé (fondée en 1964 et présidée par Raymond Morel puis par Maurice Bonnefoy)[N 2], ne cesseront de bénéficier d'aménagements, pour faciliter leur visite, sous l'égide de cette association qui fut présidée dans les années 80, après Maurice Bonnefoy, par Daniel Bonnefoy, fils de l'inventeur du site préhistorique.

Le 14 janvier 1967, Raymond Morel et Maurice Bonnefoy découvrent la salle de la Quenouille (à l'extrémité sud de la salle des Ours), qui est rendue visible par les visiteurs en 1972. Pour cela, pas moins de 2929 wagonnets de sédiments ont été retirés de la grotte.

1978 : une galerie de 220 mètres est mise au jour (galerie à laquelle s'ajouteront 80 mètres supplémentaires en 1991).

En 1985, la fréquentation des grottes s'éleva à 26000 visiteurs. Elle dépassa les 29000 visiteurs en 1989.

En 1988, la grotte préhistorique comportait 250 mètres de galeries tandis que la rivière souterraine pouvait être longée sur quelque 800 mètres grâce à un parcours aménagé. Le musée rassemblait alors environ 2000 pièces, allant de - 400 000 ans au Moyen Âge, et disposait de collections très complètes de fossiles, d'outils de l'âge de la pierre taillée, de vestiges gallo-romains et mérovingiens.

En 1991, année où les grottes franchissent le cap des 30 000 visiteurs, trois nouveau squelettes d'ours furent découverts près de l'entrée de la principale grotte par messieurs Bonnefoy[N 3] et Raymond Morel, pionniers de l'aménagement des grottes.

En 1997, alors que les galeries accessibles au public se portent à un total de 1910 mètres, les grottes d'Azé se hissent à la septième position des sites touristiques les plus fréquentés de Saône-et-Loire, devant le musée préhistorique de Solutré.

Juillet 2000 : vote par le conseil général de Saône-et-Loire de l'acquisition du site des grottes (incluant le camping et la piscine). Le principe de l'ouverture des grottes confiée à un délégataire de service public est acté mais, pendant la période transitoire (études, travaux...), une procédure de mise en gérance est temporairement instaurée.

Été 2001 : après 96 heures de pompage permettant de vider un siphon bloquant l'exploration de la grotte depuis 1991, les spéléologues découvrent une salle de 15 mètres terminée par un siphon, désamorcé à son tour et permettant la libération d'une galerie s'ouvrant sur une salle de 20 mètres de long.

2019 : lors d'une opération de désobstruction, une équipe de spéléologues du club spéléo « Argilon » de Chauffailles découvre deux nouvelles salles (la première située à 360 mètres de l'entrée)[4].

Géographie[modifier | modifier le code]

Les eaux qui parcourent la grotte de la rivière souterraine proviennent des hauteurs granitiques du mont Saint-Romain, dont la base méridionale est couverte par la forêt de Goulaine. Une petite rivière en part, file droit au sud puis se perd dans le calcaire à proximité du hameau de La Verzée (Saint-Gengoux-de-Scissé) ; trois kilomètres de parcours souterrain et 70 mètres de dénivellation sont nécessaires à cette eau pour reparaître, à la résurgence d'Azé.

La grotte s'ouvre dans les calcaires du Bajocien et du Bathonien (Jurassique).

Spéléométrie[modifier | modifier le code]

La dénivellation de la grotte d'Azé est de 22 m pour un développement[N 4] de 436 m[5].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Fernand Nicolas, « Trésor souterrain en Saône-et-Loire : les grottes d'Azé », Images de Saône-et-Loire, n° 71 (automne 1987), pp. 25-27.
  • Lionel Barriquand, Johan Barriquand, Jean-Marc Baele, Sylvain Dechamps, Ludovic Guillot, Richard Maire, Chantal Nykiel, Séverine Papier & Yves Quinif, « Les grottes d'Azé (Saône-et-Loire, France) : de la roche altérée aux sédiments », Karstologia : revue de karstologie et de spéléologie physique de la Fédération française de spéléologie et de l'Association française de karstologie, Paris, Fédération française de spéléologie, no 59,‎ 1er semestre 2012, p. 19-32 (ISSN 0751-7688, lire en ligne, consulté le ).
  • Lionel Barriquand, Didier Accary, « Plus de 60 ans de désobstruction : la grotte Préhistorique d’Azé », spelunca memoires, Paris, Fédération française de spéléologie, no 38,‎ , p. 89-113 (ISSN 0249-0544, lire en ligne, consulté le ).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Balme » signifie rocher ou abri sous roche et par extension grotte.
  2. Association loi 1901 gérant « un ensemble touristique comprenant : une grotte préhistorique reconnue comme l'un des plus importants cimetières d'ours d'Europe, une grotte active avec rivière souterraine et cascade, un site archéologique (préhistoire, gallo-romain, médiéval), un musée rassemblant objets de fouilles et spécimens géologiques, le tout implanté le long d'un ruisseau dans un environnement de cèdres et de buis géants ».
  3. Maurice Bonnefoy (1921-2014) sera décoré de la croix de chevalier de l'ordre national du Mérite cinq ans plus tard, au printemps 1996, à Azé. Il cèdera la présidence de la Société des grottes d'Azé deux ans plus tard, en mars 1998, Odile Galan étant élue présidente de l'association.
  4. En spéléologie, le développement correspond à la longueur cumulée des galeries interconnectées qui composent un réseau souterrain.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean Combier, Claire Gaillard et Marie-Hélène Moncel, « L'industrie du Paléolithique inférieur de la Grotte d'Azé (Saône-et-Loire) — Azé I-1 », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 97, no 3,‎ , p. 349-370 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Johan Barriquand, Lionel Barriquand, Yves Quinif et Alain Argan, « Grotte d'Azé (Saône-et-Loire, France) -bilan et interprétation des datations U/TH », géologica Belgica,‎ , p. 309-321 (lire en ligne, consulté le ).
  3. Article de M. Bonnefoy paru dans La Saône-et-Loire : la Bourgogne-du-Sud, guide officiel du groupement des syndicats d'initiative de Saône-et-Loire (édité sous le patronage des chambres de commerce et d'industrie de Mâcon-Charolles-Tournus), Éditions Larrieu-Bonnel, Toulouse, 1968 (pages 38 et 39).
  4. Revue trimestrielle Saône-et-Loire 71, printemps 2020, n° 20 (page 32).
  5. Bigot Jean-Yves, « Spéléométrie de la France. Cavités classées par département, par dénivellation et développement. », Spelunca Mémoires n° 27,‎ , p. 160 (ISSN 0249-0544)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]