Grotte des Espélugues
coll. Nelli.
| Coordonnées | |
|---|---|
| Pays |
France |
| Département | |
| Massif | |
| Localité voisine |
| Type | |
|---|---|
| Altitude de l'entrée |
420 m |
| Longueur connue |
290 m |
| Occupation humaine |
 |
|
|
La grotte des Espélugues située sur le territoire de la commune de Lourdes, dans le département des Hautes-Pyrénées en région Occitanie, France.
Elle a été occupée dès le Paléolithique supérieur. Selon Clot et Omnès, c'est le premier gisement magdalénien reconnu.
Situation[modifier | modifier le code]
La grotte des Espélugues est creusée dans la « Colline du Calvaire »[1] à l'ouest de Lourdes, à 220 m au sud-ouest de la grotte de Massabielle (voisine de la basilique Notre-Dame-du-Rosaire) et à 600 m à l'est de la grotte du Loup. Elle est en rive gauche du gave de Pau, qui fait une boucle à l'est (à ~500 m) puis au nord (à 200 m) de la grotte[2],[3].
Toponymie[modifier | modifier le code]
Fin XIXe siècle, elle est appelée « grotte des Spélugues »[4]. D'autres noms sont Spélungues, Espélungue(s), Espalungue(s), Espélunques, Espélagues, Espelungua, mais aussi grotte des Trois-Portes et, après la transformation de la grotte en sanctuaire en 1875 (et l'installation de deux statues des saintes Marie et Madeleine), grotte de Sainte-Madeleine, grotte de la Madeleine[5], grotte Notre-Dame des Douleurs ou grotte du Calvaire[6].
Le nom « Espélugues » est un toponyme pléonastique comme il y en a beaucoup dans la région. Es Spélugues est un pluriel en roman commun du singulier speluca, correspondant au latin classique spelunca lui-même issu du grec 'σπήλαιον'='spèlaion' signifiant « grotte ». Les Espélugues signifie « la grotte ».
Description[modifier | modifier le code]
Elle s'ouvre vers l'ouest par trois arcades presque ogivales[1].
Son développement est de 283 m et sa dénivellation de 19 m. Le gisement préhistorique est dans le fond de la grotte[7].
Usage, fouilles et publications[modifier | modifier le code]
XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]
En 1793, les ossements sont extraits pour fabriquer de la poudre[5].
XIXe siècle[modifier | modifier le code]
Vers 1830 elle est fréquentée par les excursionnistes et les peintres romantiques[5]. George Sand - qui l'appelle « Espeluches » - la visite en 1825[8]. En 1833, Viollet-le-Duc en peint son entrée[9].
Elle a été l'objet de nombreuses fouilles dès le milieu du XIXe siècle - ce qui en fait une des premières grottes fouillées[10] :
- Vers 1850, fouille paléontologique par Davezac[5], de Bagnères de Bigorre.
- En 1860, fouille préhistorique princeps de A. Milne-Edwards qui démontre « l'existence de l'Homme en grotte, à la fin de l'Époque diluvienne ».
- En 1862, les travaux continuent avec l'aide de Édouard Lartet[5].
- En 1864, fouilles Félix Garrigou et L. Martin[5]. Garrigou dépose quelques objets au musée d'histoire naturelle de Toulouse en 1867[6].
- De 1867 à 1870, fouilles de E. et Ch.-L. Frossard[5],[11].
- De 1873 à 1875, Eugène Dufourcet[5], juge au tribunal de Lourdes, fait vidanger la quasi-totalité du remplissage pour transformer la grotte en sanctuaire catholique. Une chapelle Marie-Madeleine est prévue, avec un autel et fermée par des grilles[12]. Le remplissage, de 1,5 à 3 m de haut sur plusieurs centaines de m²[5], est utilisé en remblai pour faciliter l'accès des pèlerins[12], sauf une partie qui, mélangée à d'autres terres, sert d'amendement de jardin[6]. Deux statues, de sainte Marie et de sainte Madeleine, y sont installées[6].
- Félix Régnault découvre les premières mains peintes[9].
- De 1885 à 1887[5] ou 1886-1889[13], fouille de Léon Nelli dans une anfractuosité de rocher qui a échappé à la vidange du remplissage, où il découvre la célèbre statuette en ivoire de mammouth du « Cheval de Lourdes »[6] ; encouragé par ce résultat, il fouille le remblai du chemin qui lui livre une remarquable collection de sculptures, gravures, armes et outils[14],[5].
- Avant 1892, un Mr Teilhac, originaire de Montauban et conservateur des hypothèques à Lourdes, la fouille ; sa collection est donnée en 1892 à la Société archéologique du Tarn-et-Garonne[4].
XXe siècle[modifier | modifier le code]
En 1908, Édouard Piette publie quelques objets de la collection Teilhac[4].
De 1972 à 1980 les récoltes des anciennes fouilles sont recensées, étudiées et publiées par l'équipe de André Clot, puis de Jacques Omnès. Ce dernier complète les séries par des tamisages fins des déblais ; et par la découverte et la fouille d'un habitat de surface[5].
La construction de toilettes publiques au pied de la grotte dans les années 1970 est précédée d'une fouille de sauvetage par J. Omnès[15].
Matériel[modifier | modifier le code]
Magdalénien[modifier | modifier le code]
La collection Teilhac inclut de l'outillage lithique, des baguettes demi-rondes décorées dont l'une avec des volutes excisées en champlevé (style pyrénéen), et une tête de renne sculptée dans un bois de renne[4]. Cette tête est publiée comme celle d'un cheval en 1892, et Piette la cite comme un bouquetin stylisé[16]. Ladier, qui la trouve au Musée d'histoire naturelle de Montauban dans un lot de matériel provenant des abris du château de Bruniquel[4], l'identifie comme un fragment de propulseur[16].
Léon Nelli trouve une plaquette de calcaire gravée figurant un ours (dimensions 17,5 × 12,1 × 4,7 cm) et une autre en schiste figurant une tête d'ours (dimensions 13,2 × 8,3 × 1,2 cm)[13].
Une sculpture sur os représente une truite ou un salmonidé ; l'os est percé d'un trou[17].
-
Végétal (?) sculpté en os. -
Contour découpé figurant une tête de cheval. -
Os gravé figurant une biche. -
Végétal (?) sculpté en os.
Néolithique[modifier | modifier le code]
Une hache polie est répertoriée dans l'inventaire par C. de Nansouty (1882). En 1980 elle se trouve au MAN lorsque Omnès et al. la publient une première fois ; Omnès fait une deuxième publication en 1981[5].
Âge du Bronze[modifier | modifier le code]
La grande salle a livré un petit bracelet en bronze de type "palafitte suisse", trouvé par Eugène Dufourcet (1876) et publié par Omnès et al. (1980) et par Omnès (1981)[5].
Omnès trouve une perle cylindrique en tôle de bronze enroulée[5].
Une pointe de flèche en os, à pédoncule et ailerons a été trouvée par Nelli et est au M.A.N.. Piette l'a étudiée (mais pas publiée). Elle a été publiée par Omnès et al. (1980) et par Omnès (1981)[5].
Protection[modifier | modifier le code]
Par mesure de protection, la cavité n'est plus ouverte au public[6].
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Articles connexes[modifier | modifier le code]
- Articles Wikipédia sur les grottes dans les Hautes-Pyrénées : catégorie « Grotte dans les Hautes-Pyrénées »
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- [Clot 1973] André Clot, « Sur quelques gravures jugées douteuses de la grotte des Espélugues à Lourdes (H.-P.) », Bulletin de la Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers, vol. 54, no 4, , p. 390-403 (lire en ligne [sur fr.calameo.com], consulté le ).
- [Frossard 1885] Ch.-L. Frossard, « La grotte de Lourdes dite l'Espélungue ou les Espélugues », Bulletin de la Société Ramond « Ascension des hautes cimes et des régions de difficile accès, observations météorologiques, recherche scientifiques & archéologiques », 3e trimestre 1885, p. 116-130.
- [Ladier 1983] Edmée Ladier, « La tête de Renne de la grotte des Espélugues à Lourdes (Hautes-Pyrénées) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 80, no 8, , p. 247-248 (lire en ligne [sur persee]).
- [Omnès et al. 1980] Jacques Omnès, André Clot, Marcel Jeannet, Geneviève Marsan et Cécile Mourer-Chauviré, Le gisement préhistorique des Espélugues de Lourdes (Hautes-Pyrénées). Essai d’inventaire des fouilles anciennes, Pau, Centre Aturien de Recherche Sous Terre, , 233 p..
- [Omnès et al. 1984] Jacques Omnès, J. Chaline, André Clot, J. Evin, P. Faure, Y. Taborin et G. Thomel, « Le locus 1 des Espélugues de Lourdes (Hautes-Pyrénées). Un petit habitat magdalénien de profondeur », Bull. Soc. Préhist. de l'Ariège, t. 39, , p. 85-101.
- [Omnès 1986] jacques Omnès, « Pendeloque-dent de bouquetin des Espélugues de Lourdes (H.-P.) », Archéol. des Pyr.-Occ., t. 6, , p. 198.
- [Piette 1892] Édouard Piette, « L'équidé tacheté de Lourdes », Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, no 3, , p. 436-442 (lire en ligne [sur persee]).
Liens externes[modifier | modifier le code]
- J.-P. Cassou, « Plan de la grottes des Espélugues », sur karsteau.org (consulté le ).
- « Lourdes : Les Espélugues et divers », sur patrimoines-lourdes-gavarnie.fr (consulté le ). Plan de la grotte (par André Clot & Jacques Omnès, 1976)
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Piette 1892, p. 436.
- « Grotte des Espélugues, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées. Vous pouvez bouger la carte (cliquer et maintenir, bouger), zoomer (molette de souris ou échelle de l'écran), moduler la transparence, désactiver ou supprimer les couches (= cartes) avec leurs échelles d'intensité dans l'onglet de "sélection de couches" en haut à droite, et en ajouter depuis l'onglet "Cartes" en haut à gauche. Les distances et surfaces se mesurent avec les outils dans l'onglet "Accéder aux outils cartographiques" (petite clé à molette) sous l'onglet "sélection de couches".
- « Les Espélugues », carte, sur karsteau.org (consulté le ).
- Ladier 1983, p. 247.
- Lourdes, sur patrimoines-lourdes-gavarnie.fr.
- « La Grotte des Espélugues à Lourdes », sur lieux.loucrup65.fr (consulté le ).
- Plan de la grottes des Espélugues, sur karsteau.org.
- [Lacrampe 2011] Michelle Lacrampe, « Les Espélugues », Lourdes-Actu, , p. 1 (lire en ligne [sur calameo.com], consulté le ).
- « Les sites de pratique spéléologique dans les Hautes-Pyrénées », sur cdsc65.org (consulté le ).
- Lacrampe 2011, p. 3.
- Frossard 1885.
- Lacrampe 2011, p. 2.
- « L'ours dans l'art préhistorique », dossier de presse, 16 octobre 2016 – 30 janvier 2017, sur musee-archeologienationale.fr, Musée d'Archéologie nationale - Domaine national de Saint-Germain-en-Laye (consulté le ), p. 20.
- Piette 1892, p. 437.
- [Jeannet 1978] Marcel Jeannet, « Recherches sur les rongeurs quaternaires en 1978 », Publications du musée des Confluences, no 16, , p. 71-74 (lire en ligne [sur persee]), p. 72.
- Ladier 1983, p. 248.
- Collection Alain Morala, Salle 05 (Musée des antiquités nationales), n° MPHC 51.
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