BB 62400

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BB 62400
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La BB 62403 à Petite-Rosselle en 2013.
Données clés
Exploitant(s) HBL, NS puis SNCF/Infra
Désignation BB 01-16 HBL, BB 2403-2528 NS
puis BB 62403-62528 SNCF
Type locomotive diesel
Motorisation Diesel-électrique
Couplage UM4
Construction 2 locomotives
Constructeur(s) Alsthom-SACM
Mise en service 1954-1957
1990-1992 (achat SNCF)
Effectif 0 (2007)
Caractéristiques techniques
Disposition des essieux Bo'Bo'
Écartement standard (1 435 mm)
Carburant gazole
Moteur thermique 1 moteur MGO V12 SHR
 Génératrice Alstom 830A
Moteurs de traction 4 moteurs TA 637 VF Alsthom
1,5 kV ventil. forcée
Transmission unilatérale
Puissance continue 625 kW
Capacité en carburant 3 100 L
Masse en service 60 t
Longueur 12,520 m
Hauteur 3,830 m
Empattement 6,800 m
Empattement du bogie 2,400 m
Vitesse maximale 80 km/h

[1],[2],[3]

Les BB 62400, surnommées « les Hollandaises », sont des locomotives à moteur Diesel de la SNCF.

Elles proviennent de l'achat par la SNCF en 1990-1992 d'un lot de motrices de moyenne puissance (NS série 2400) dont les NS (chemins de fer hollandais) n'ont plus l'usage.

Elles sont destinées à la traction de trains de matériaux sur les LGV en construction : cette activité demande un grand nombre de machines, dont la SNCF Infra ne dispose pas, et aptes notamment au fonctionnement en unités multiples. Elles servent sur les chantiers de la LGV Nord, la LGV Méditerranée et la LGV Est européenne jusqu'en 2007 où les derniers exemplaires sont radiés.

Cinq de ces locomotives, dont quatre rachetées par des associations néerlandaises de sauvegarde du patrimoine ferroviaire et la cinquième par un particulier, sont préservées et restaurées aux Pays-Bas.

Un choix de circonstance[modifier | modifier le code]

La construction des lignes à grande vitesse du réseau ferré français nécessite la mise en œuvre d'un parc important de locomotives à moteur Diesel, notamment pour tracter les lourds trains de ballast sur des voies dont la pente est souvent supérieure à celle d'une voie classique. À la fin des années 1980, la SNCF ne dispose pas d'un parc suffisamment étoffé, les CC 65500 dédiées à ces tâches étant en nombre insuffisant[4].

La 2425 à Geldermalsen en 1974.

Il faut recourir à la location ou à l'achat de locomotives provenant de réseaux étrangers sur lesquels elles sont moins intensément utilisées. La SNCF choisit cette seconde solution en se tournant vers les NS (chemin de fer hollandais) dont la NS série 2400 mise en service entre 1954 et 1957 à raison de 130 unités[5] n'est plus utilisée. Ces locomotives de moyenne puissance construites par Alsthom et destinées à l'exportation[6] correspondent bien aux besoins de la SNCF. Elles sont disponibles en nombre suffisant, de puissance moyenne (625 kW) mais aptes au fonctionnement en unités multiples ; elles présentent en outre l'avantage d'être équipées du même moteur MGO V12 SHR construit par la SACM que certaines sous-séries de BB 63500 qui circulent en France, ce qui facilite la maintenance[5].

Service[modifier | modifier le code]

Des Pays-Bas à la France[modifier | modifier le code]

Quarante-cinq locomotives en état de marche et quatre locomotives servant de magasin de pièces détachées sont achetées par la SNCF aux NS et réceptionnées entre le et le [7]. Elles ont bénéficié avant leur départ des Pays-Bas, d'une révision poussée. Numérotées 2400 dans leur pays d'origine, il a suffi de leur adjoindre un 6 pour leur donner un numéro de série cohérent avec la numérotation SNCF des engins à moteur thermique. Durant leur carrière aux Pays-Bas, plusieurs locomotives avaient été munies d'un troisième grand phare frontal, obligatoire pour circuler en Allemagne ; c'est au moins le cas des 62418 et 62432.

À l'exception de deux d'entre elles qui portent encore la livrée d'origine des NS, couleur grenat, les autres sont arrivées en livrée NS gris-ardoise et jaune vif. Une autre au moins (BB 62413) a porté une livrée bleue. Les BB 62413 et 62450 (grenat), avaient toutes deux été repeintes dans leurs livrées d'origine à l'occasion d'un voyage d'adieu organisé avant leur départ des Pays-Bas[8].

Sur les chantiers des lignes à grande vitesse[modifier | modifier le code]

À leur arrivée en France, elles sont affectées au dépôt d'Amiens-Longueau pour être engagées sur les chantiers de la LGV Nord à la traction des trains de ballast ou de rails (jusqu'à cinq locomotives par train, dont quatre en UM) ; elles sont mises ensuite en sommeil en 1994-1994. En 1995, certaines d'entre elles travaillent sur le raccordement de la LGV Interconnexion Est de Créteil. Entre et , le parc est transféré de Longueau à Avignon où il intervient sur la LGV Méditerranée jusqu'en [7].

La série est alors à bout de souffle, certaines unités en très mauvais état. Les « survivantes » sont alors reversées aux Voies ferrées locales et industrielles (VFLI), où elles rejoignent seize machines identiques BB 01 à 16 livrées neuves par Alsthom aux Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) entre 1955 et 1963 ; elles sont remises à niveau dans les ateliers de Petite-Rosselle[9], repeintes en livrée à deux tons de gris avec les faces frontales peintes en jaune et un liseré orange foncé ceinturant le haut de la caisse. Elles participent à la construction de la LGV Est européenne[10].

Il n'est plus possible, après cette dernière campagne de travaux, de les maintenir en état de fonctionnement ; leurs moteurs sont à bout de souffle en raison des conditions très dures de leur utilisation[4]. Elles sont toutes radiées en 2007 et 2008[11].

De la France aux Pays-Bas[modifier | modifier le code]

Cinq BB 62400 échappent à la destruction ; rapatriées aux Pays-Bas, elles sont restaurées et retrouvent leur ancienne numérotation.

La 62459, radiée en 1998, est sauvegardée par le Veluwsche Stoomtrein Maatschappij[12].

Quatre locomotives, 61412, 62413, 62424 et 62454, sont rachetées à la radiation complète de la série. La BB 61412 est de retour aux Pays-Bas en 2009[12]. Les trois dernières séjournent plusieurs plusieurs années à Raeren (Belgique) où elles se dégradent fortement en raison de la faillite de la société les ayant rachetées[13]. Deux d'entre elles (2424 et 2454) retrouvent leur terre natale en 2016[14] : la 2424, non roulante mais sa remise en état de marche est envisagée, est exposée dans sa livrée grenat à Goes par l'association Stichting Stoomtrein Goes-Borsele (nl) qui l'a rachetée[15] ; l'association Stichting 2454 CREW assure la préservation de quelques engins du patrimoine ferroviaire néerlandais dont la 4254, opérationnelle et repeinte en gris et jaune[16]. La 2413 est rapatriée aux Pays-Bas en 2019 par un particulier qui en assure la restauration[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Denis Redoutey, Le matériel moteur de la SNCF, page 225, La Vie du Rail, 2007 (ISBN 978-2-915034-65-3)
  2. Revue bimestrielle Voies Ferrées, Le matériel moteur de la SNCF, en plusieurs articles sur plusieurs numéros par année
  3. Revue mensuelle Rail Passion, État trimestriel du matériel moteur SNCF, un article par trimestre
  4. a et b Bernard Collardey, « Une armada de diesels pour les travaux de la LN5 », Rail Passion, no 33,‎ , p. 10-12.
  5. a et b Demoy 2002, p. 9.
  6. Jehan-Hubert Lavie, « Y a-t-il une vie pour les Diesel après la SNCF ? », Ferrovissime, no 17,‎ , p. 34.
  7. a et b Demoy 2002, p. 8.
  8. « 25 jaar geleden », sur beneluxspoor.net (consulté le ).
  9. Jean-Paul Demoy, « Le matériel moteur de la SNCF en 2004-2005 ( 2e partie) », Voies ferrées, no 150,‎ , p. 30.
  10. « Les machines de chantier de la LGV Est », Loco-Revue, no 702,‎ .
  11. « BB 62400 SNCF ex NS », sur Trains d'Europe (consulté le ).
  12. a et b (nl) « De VSM 2400-/2500-en », sur stoomtrein.org (consulté le ).
  13. « Pays-Bas - diesel NS-2424 – Goes (Pays-Bas) », sur Patrimoine ferroviaire français (consulté le ).
  14. (nl) « 2400'en verlaten in Raeren », sur www.spoorpers.nl (consulté le ).
  15. (nl) « SGB Loc 2424 », sur nmld.locaalspoor.nl (consulté le ).
  16. (nl) « Welkom op de officiele pagina van Stichting 2454CREW », sur le site de Stichting 2454 CREW (consulté le ).
  17. « Pays-Bas - diesel NS-2413 – Goes (Pays-Bas) », sur Patrimoine ferroviaire français (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Paul Demoy, « Le matériel moteur de la SNCF en 2002 (5e partie) », Voies ferrées, no 134,‎ , p. 6-41.
  • Thierry Leleu, La grande encyclopédie des locomotives françaises, Les éditions du Cabri, (ISBN 978-2-914603-60-7).
  • Denis Redoutey, Le matériel moteur de la SNCF, Paris, La Vie du Rail, , 399 p. (ISBN 978-2-915034-65-3).

Article connexe[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]