BB 20200

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BB 20200
Description de cette image, également commentée ci-après
BB 20210 à la Cité du train.
Identification
Exploitant(s) SNCF/Fret
Désignation BB 20201 à BB 20213
Surnom Danseuses ou bifréquences
Type locomotive électrique
Couplage oui
Construction 1970
Constructeur(s) Alsthom
Nombre 13
Effectif 0
Service commercial Fret SNCF
Retrait radiées en 2006
Caractéristiques techniques
Disposition des essieux BB
Écartement standard (1 435 mm)
Alimentation monophasé
15 kV-16 2/3 Hz

monophasé
25 kV-50 Hz
Captage 2 pantographes AM 18 U
Moteurs de traction 2 moteurs TAB 660 B1 1500 V continu à ventil. forcée
Puissance
• sous 15 kV :
• sous 25 kV :

1660 kW
2940 kW
Masse en service 80 t
Longueur HT 14,94 m
Largeur 3,038 m
Hauteur 4,2425 m
Masse totale 80 t
Empattement 8,5 m
Empattement du bogie 1,608 m
Diamètre des roues Ø1100
Vitesse maximale 90/140 km/h

[1],[2],[3]

Les BB 20200 sont des locomotives bifréquence 15 kV-16 ²⁄₃ Hz et 25 kV-50 Hz, de moyenne puissance, de la SNCF.

Pour remplacer les petites séries de BB 20100 et C 20150, premières locomotives bifréquence, elles sont commandées à Alsthom et livrées en 1970 et affectées au trafic transfrontalier entre la France, l'Allemagne et la Suisse. À cet effet, les machines sont dotées d'un troisième phare frontal obligatoire pour la circulation en régime international. Leur utilisation, essentiellement en tête de trains de marchandises, se réduisant au fil des ans, les dernières d'entre elles sont radiées des inventaires en 2006, remplacées par la série moderne des BB 37000.

Genèse de la série[modifier | modifier le code]

Le , la ligne ferroviaire Strasbourg — Mulhouse — Bâle (134 km) est électrifiée en courant alternatif 25 kV-50 Hz[4]. La gare et le triage de Bâle sont déjà alimentés en 15 kV-16 ²⁄₃ Hz. Pour s'affranchir de cette frontière électrique, la SNCF utilise d'abord des locomotives à vapeur (141 P et 141 R) puis diesel (CC 65000 puis BB 63500). Les Chemins de fer fédéraux suisses étant hostiles à l'utilisation en environnement urbain de ces engins polluants, la SNCF achète à l'industrie helvétique la courte série des C 20150, apte à circuler sous 25 kV-50 Hz et 15 kV-16 ²⁄₃ Hz[N 1]. Ces locomotives se révèlent à l'usage insuffisamment rapides et puissantes ; d'autre part, les BB 20100 prototypes utilisées en appoint sont trop peu nombreuses et insuffisamment fiables. Ceci amène la SNCF à concevoir une série de locomotives bifréquence puissantes, sur le modèle des BB 17000[6] ; de la même manière, la version en courant continu 1,5 kV voit le jour (BB 8500)[7].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

BB 20210.

Les BB 20200, construites par Alsthom dans son usine de Belfort, utilisent la caisse et la chaîne de traction des BB 17000 de la troisième sous-série. La principale différence d'aspect avec ces dernières réside dans la présence d'un troisième phare frontal sur les BB 20200, rendu obligatoire pour les circulations internationales[8].

Les bogies monomoteurs possèdent un double rapport de réduction autorisant une vitesse maximale de 90 km/h (fret) ou 140 km/h (voyageurs). La puissance des locomotives, de 2 940 kW sous 25 kV-50 Hz, comme les BB 17000, n'est que de 1 660 kW sous 15 kV-16 ²⁄₃ Hz[8]. En raison de l'appareillage électrique supplémentaire lié aux deux courants utilisés, la masse des BB 20200 est de 80 t contre 78 ou 79 t pour les BB 17000. Dans les années 1990, il est envisagé de transformer une demi-douzaine de BB 17000 en BB 20200 mais le projet n'aboutit pas, la totalité du parc des BB 17000 étant réservé au service de la banlieue parisienne[9].

Elles arborent à l'origine la livrée vert bleuté foncé 312 à bandes blanches avec inscriptions jaune jonquille, puis revêtent en fin de carrière la livrée gris béton à filets orange. Elles sont couplables en unité multiple entre elles ou avec les BB 17000 (sous 25 kV-50 Hz exclusivement).

La dureté de leur suspension et surtout l'empattement réduit de leur bogie monomoteur leur vaut, comme aux autres locomotives de même génération produites par Alsthom (BB 8500, BB 16500, BB 17000, BB 25500), le surnom de « danseuses ».

Carrière et services[modifier | modifier le code]

Lignes parcourues[modifier | modifier le code]

Les BB 20200 sont conçues pour le service transfrontalier avec la Suisse et l'Allemagne, pays électrifiés en 15 kV-16 ²⁄₃ Hz, essentiellement de Strasbourg vers Kehl et Appenweier, de Mulhouse vers Bâle et Neuenburg, de Mulhouse à Saint-Louis et de Saint-Louis à Bâle et Bâle-Muttenz. Elles se retrouvent principalement en tête des trains de marchandises, la traction de rames de voyageurs étant accessoire (omnibus sur Strasbourg — Saverne et Strasbourg — Mulhouse, trains de permissionnaires sur Mulhouse — Neuenburg).

À la répartition par activités de la SNCF, elles sont attribuées en bloc au Fret SNCF, les marchandises représentant la majorité de leur trafic. Au début des années 2000, le parcours mensuel moyen de ces locomotives est d'environ 7 000 km et elles font preuve d'une excellent fiabilité avec 3 incidents au million de kilomètres parcourus. Leurs révisions générales sont assurées par l'EIMM d'Hellemmes puis par celui de Sotteville-Quatre-Mares[8].

À la fin de leur carrière, leurs prestations se réduisent au trafic Mulhouse — Bâle-Muttenz. Les derniers exemplaires de la série sont radiés en avril 2006[3]. Les BB 37000, nouvelles locomotives Prima d'Alstom, prennent le relais.

Dépôt titulaire[modifier | modifier le code]

Les treize locomotives sont affectées, de leur mise en service à leur radiation, au dépôt de Strasbourg.

État du matériel au 1/05/2006
Engins Mise en service Radiation
BB 20201
BB 20202
BB 20203
BB 20204
BB 20205
BB 20206
BB 20207
BB 20208
BB 20209
BB 20210
BB 20211
BB 20212
BB 20213

Machine préservée[modifier | modifier le code]

La BB 20210 est préservée à la Cité du train à Mulhouse dans sa livrée d'origine verte à bandes blanches et marquages jaune jonquille.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les banques suisses ont accordé à la France des crédits à taux avantageux pour financer l'électrification Strasbourg — Bâle. En contrepartie, la SNCF s'est engagée à se fournir en matériel de traction de technologie helvétique[5].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Redoutey 2007, p. 89.
  2. Revue bimestrielle Voies Ferrées, « Le matériel moteur de la SNCF », en plusieurs articles sur plusieurs numéros par année
  3. a et b Revue mensuelle Rail Passion, « État trimestriel du matériel moteur SNCF », un article par trimestre
  4. Jean-Marc Dupuy, « Liste des dates de mise sous tension des lignes du réseau du Nord-Est », Le Train, no 41 spécial « Les électrifications SNCF. Tome 1 : le monophasé des origines - 1962 - Savoie - Nord-Est - Jura »,‎ , p. 97.
  5. Jean-Marc Dupuy, « Le troisième Nord-Est : Bâle — Réding », Le Train, no 41 spécial « Les électrifications SNCF. Tome 1 : le monophasé des origines - 1962 - Savoie - Nord-Est - Jura »,‎ , p. 59.
  6. Collardey 2001, p. 54.
  7. [collectif], Le patrimoine de la SNCF et des chemins de fer français, t. II, Flohic, coll. « Le patrimoine des institutions économiques », , 971 p. (ISBN 978-2-8423-4069-8), p. 699.
  8. a b et c Collardey 2001, p. 56.
  9. Collardey-2001, p. 56.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bernard Collardey, « Les BB 20200 : des machines au service des échanges transfrontaliers », Rail Passion, no 45,‎ , p. 54-57.
  • Jacques Defrance, Le matériel moteur de la SNCF, N.M. La Vie du Rail, 1969 et réédition 1978
  • Denis Redoutey, Le matériel moteur de la SNCF, Paris, La Vie du Rail, , 399 p. (ISBN 978-2-915034-65-3)

Articles connexes[modifier | modifier le code]