Le Cinéma du dimanche soir

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Le Cinéma du dimanche soir
TF1 Le Cinéma du dimanche soir 1977.
TF1 Le Cinéma du dimanche soir 1977.

Programme adapté Drapeau des États-Unis NBC Saturday Night at the Movies'
Réalisation Con Pederson
(générique image)
Musique Vladimir Cosma
Pays Drapeau de la France France
Langue Français
Programme similaire Ciné Dimanche
Le Film ce soir
Production
Format d’image 4/3
Production exécutive Robert Abel (animator)
(générique image)
Société de production TF1
générique image Robert Abel (animator) (RA&A)
Diffusion
Diffusion TF1
Date de première diffusion
Date de dernière diffusion
Public conseillé Tout public
Chronologie

Le Cinéma du dimanche soir est une case de programmation hebdomadaire de télévision hebdomadaire diffusant un film « grand public » en première partie de soirée, présente à l'atenne du au sur TF1. Ce rendez-vous est renommé Ciné Dimanche, à partir du 14 mai 1989.

Historique[modifier | modifier le code]

Historiquement, depuis le début des années 1950, la case du dimanche soir à 20h30 sur la première chaîne publique RTF 1 devenue ORTF 1 dans les années 1960, consacre la diffusion d'un « grand film » de cinéma ou Film du dimanche soir[1].

Jusqu'en 1975, les trois chaînes de télévision française ont une programmation complémentaire pilotée par leur tutelle commune, l'Office de radiodiffusion-télévision française. Après l'éclatement ORTF, une certaine concurrence s'intensifie entre les deux chaînes publiques principales TF1 et Antenne 2, dont les missions sont similaires[2].

Après avoir longtemps exploité l'image en noir et blanc et l'ancienne norme de haute définition 819 lignes, la première chaîne historique TF1 en couleur depuis 1975, diffuse chaque dimanche soir à 20h30 ou 20h40, un film « grand public » désormais sous le titre chapeau Le Cinéma du Dimanche Soir, à partir de décembre 1977.

Le film du dimanche soir est accueilli favorablement par le public et complémente le film du mardi diffusé depuis 1967, dans Les Dossiers de l'écran sur la deuxième chaîne. Cependant, la baisse de fréquentation des salles de cinéma due à la concurrence de la télévision se poursuit durant les années 70[3].

Dans les années 80, le jeu d'aventure La Chasse aux Trésors diffusé de 1981 à 1984 sur Antenne 2 est l'une des rares émissions susceptibles de concurrencer le film du dimanche soir. La deuxième chaîne tentera également de programmer sur le même créneau Les Enquêtes du commissaire Maigret à la fin de la décennie ; avec un résultat mitigé[4]. A partir du , l'émission Sport dimanche soir est programmée à la suite du film[5] de TF1.

Selon un rapport d'information du Sénat, les recettes publicitaires des films diffusés à la télévision (quasi négligeables jusqu'au début des années 1980) ont progressé à un rythme rapide entre 1982-1991, plus 30 % par an, en moyenne[6]. En l'occurrence, et dans une logique de marché, le magazine Sport dimanche soir est supprimé le laissant place à une soirée composée de deux films avec Ciné Dimanche. En première partie, un film récent, en seconde un film classique destiné aux cinéphiles avertis[5].

Contexte réglementaire[modifier | modifier le code]

Interdiction de diffuser des films de cinéma à certaines périodes de la semaine[modifier | modifier le code]

En réponse à cette évolution du marché, à la suite de la loi n° 74-696 du 7 août 1974 qui procède au démantèlement de l’ORTF, le cahier des charges imposés aux sociétés de télévision par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) comporte l'interdiction de diffusion des œuvres cinématographiques le vendredi soir avant 22h30, le samedi en entier et une interdiction partielle le dimanche avant 20h30[7]. Tenant compte de ces contraintes, et par procédé d'élimination, le dimanche soir (et mardi soir) s'impose dans la grille de programmation des sociétés de télévision comme créneau envisageable pour la diffusion de films de cinéma[8].

Proposition de fixation du prix d'achat des films programmés en semaine et le dimanche soir[modifier | modifier le code]

En 1977, malgré une demande des professionnels du cinéma au moment de l'élaboration du cahier des charges que le prix d'achat minimum soit fixé à 250 000 francs (151 949 Euros, ajustée pour le taux d'inflation de l'Insee) hors taxes pour les films programmés en semaine, et à 500 000 francs (303 898 Euros) hors taxes pour les films programmés le dimanche soir, cette mesure ne sera pas suivie[9].

Générique[modifier | modifier le code]

1977-1989[modifier | modifier le code]

  • Le générique image a été créé à l'aide d'une machine Scanimate par la société américaine Robert Abel & Associates (RA&A), spécialiste de synthèse commerciale d'images réalistes animées, qui a réalisé pour TF1 différents habillages de la chaîne[10]. Le cabinet publicitaire participe notamment au nouveau générique d'ouverture d'antenne de TF1 représentant le logo de la chaîne évoluant sur fond de ciel nuageux et inaugurée à la même période pour célébrer le passage complet à la couleur. Catherine Chaillet, créatrice du premier logo de TF1, en est la directrice artistique et Con Pederson, mieux connu pour sa contribution comme superviseur d'effets spéciaux du film 2001, l'Odyssée de l'espace, le réalisateur. L'animation de l'émission ressemble fortement au générique de The ABC Sunday Night Movie, réalisé par la même société avec, sur un plan visuel, l'utilisation d'images de synthèse. Le résultat, pour le téléspectateur, est un sentiment d'étoiles traversant la lucarne du petit écran affichant un décor géométrique polychrome scintillant, représentatif des films à l'affiche des anciens théâtres et salles de spectacle des années vingt. L'ornementation aspire à retrouver le strass et paillettes des années folles en invitant les téléspectateurs à prendre part a un grand événement social chaque dimanche.

Programmation[modifier | modifier le code]

Quotas de diffusion d’œuvres audiovisuelles[modifier | modifier le code]

À la suite de la Loi n° 74-696 du 7 août 1974 relative à la radiodiffusion et à la télévision, en 1977, le cahier des charges, prévoit aussi un minimum de 60 % de films français, ou « d'initiative française » avec une majorité de part française. L'article 27 de la loi du 30 septembre 1986, relative à la liberté de communication (Loi Léotard) ordonne de nouveaux quotas avec, pour les chaînes hertziennes, l'obligation de consacrer, dans le total du temps annuellement consacré à la diffusion et rediffusion d'œuvres audiovisuelles, au moins 60 % à la diffusion d'œuvres européennes et au moins 40 % à la diffusion d'œuvres d'expression originale française. Le décret n°87-36 du 26 janvier 1987 pris pour l'application des articles 27-I et 70 augmente le quota de diffusion de films français à 50%. L'Historique de la réglementation concernant les quotas de diffusion télévisuelle française récapitule la série de lois et décrets.

Nombre de Films diffusés 1978-1988 (par pays de production) [12]
1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988
films français, ou « d'initiative française » (1) 32 35 32 24 29 27 27 30 32 37 27
dont films de coproduction 13 13 17 11 7 9 6 12 14 6 5
films américains ou « d'initiative américaine » (2) 15 12 17 15 12 19 18 19 13 13 19
films britanniques ou « d'initiative britanniques » (3) 4 2 2 4 2 0 4 1 5 1 1
films italiens ou « d'initiative italienne » (4) 0 0 1 2 1 0 3 0 0 0 0
films espagnols ou « d'initiative espagnole » (5) 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
films polonais (6) 0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0
films autrichiens (7) 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1
films non-comptabilisés (8) 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0
Total: (1)+(2)+(3)+(4)+(5)+(6)+(7) 52 49 52 46 44 47 52 50 50 51 48
% films français, ou « d'initiative française » 61% 71% 61% 52% 65% 56% 51% 60% 65% 72% 56%
% films européen, ou « d'initiative européenne » - - - - - - - - 75% 74% 60%

(8) Note: La grille est incomplète.

Quoi qu'il en soit, cela se traduit concrètement pour TF1 dans sa grille de programmation[13]. En conséquence, le dimanche soir, la comédie française et le film policier français règnent suivi de co-productions cinématographiques, principalement franco-italienne, de genre différents. Les films étrangers, de vieux westerns et films de guerre américains, suivent.

Coût de diffusion[modifier | modifier le code]

Les films retenus par les chaînes sont souvent choisis pour leur faible prix de revient. A titre de comparaison et, en parenthèse, ajustée pour le taux d'inflation de l'Insee, en 1976, le prix d'achat moyen d'un film français était de 218 984 francs (145 524 Euros). Pour un film étranger, il fallait compter 166 385 francs (110 570 Euros). Certains, déjà largement amortis dans leur pays d'origine, sont même achetés a des prix défiant toute concurrence, soit 50 000 francs (33 337 Euros) par la chaîne faisant baisser significativement le prix des 30 secondes de publicité avant leur diffusion attractifs[14]. Cette tendance se poursuit tout au long des années 80. En 1985, le prix moyen d'achat du droit de passage d'un film pour les trois chaînes est de l'ordre de 2 millions de francs (560 850 Euros). En 1988, le prix payé par les chaînes pour la diffusion des films de cinéma varie entre 200 000 (51 575 Euros) et 10 millions de francs (2 578 769 Euros)[15].

Délai minimal de diffusion[modifier | modifier le code]

A noter le principe d’un délai de diffusion minimal qui prévaut encore aujourd’hui: le premier passage à l’antenne d’un film de cinéma ne peut ainsi intervenir que dans un délai minimal de 36 mois après la délivrance du visa et de 24 mois dans le cas d’une coproduction.

Publicité[modifier | modifier le code]

À partir de 1987, à la suite de la privatisation de la chaîne, les films sont désormais coupés par la publicité mais sans limitation de volume[16].

Audience[modifier | modifier le code]

Années 80[modifier | modifier le code]

Le film du dimanche soir devient un élément phare de la semaine pour TF1 avec une audience moyenne de 40% de 1980 à 1985 et, en 1988, un chiffre de 30%, selon l'Audimat, ce qui représente 5 820 000 foyers, soit entre 18 et 20 millions d'auditeurs[17]. Une audience exceptionnelle s'associe aux films présentant un attrait particulier[18]. En général, des films réunissant de grands acteurs de cinéma et des réalisateurs de renom. Au fil de la décennie, des pics sont atteints, avec, par exemple, en février 1983, 58% de part d'audience pour Max et les Ferrailleurs de Claude Sautet, en octobre 1984, la diffusion du film La Femme Flic du réalisateur Yves Boisset, réunissant 22,8 millions de téléspectateurs[19] ou Tchao Pantin, le film de Claude Berri, retransmis en janvier 1987 et réusissant 47,7% de part d'audience[20].

Films diffusés[modifier | modifier le code]

Les listes suivantes sont extraites des Archives historiques du Journal de Genève, de la Gazette de Lausanne et du Nouveau Quotidien.[21] Il est à noter que certains films ont pu être déprogrammés pour cause de grève ou pour d'autres motifs.

Années 1970[modifier | modifier le code]

Années 1980[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jacques Mousseau et Christian Brochand : « Histoire de la télévision française », page 48, éditions Fernand Nathan, 1982
  2. François Clairval, « Dix ans de télévision », Communication & Langages,‎ , p. 132-135 (lire en ligne)
  3. Paul Florenson, Maryse Brugière, Douze ans de télévision, 1974-1986, Paris, La Documentation Française, , 302 p. (ISBN 9782110018069), p. 158
  4. Yannick Dehée, Agnès Chauveau, Dictionnaire de la télévision française, Paris, Nouveau Monde Eds, , 560 p. (ISBN 2847362657)
  5. a et b Régine Chaniac, Sylvie Dessault, La télévision de 1983 à 1993 : Chronique des programmes et de leur public, Paris, Documentation Francaise, (ISBN 978-2869381094)
  6. « Les aides publiques au cinéma en France », sur senat.fr.
  7. Didier Courtois-Duverger, Un siècle de financement du cinéma, Paris, Cherche Midi, , 144 p. (ISBN 9782749129570)
  8. « Pourquoi voit-on moins de films certains soirs de la semaine ? »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Conseil supérieur de l'audiovisuel.
  9. Pascal Mérigeau et Jacques Zimmer, « On ne tire pas sur une ambulance », La Revue du cinéma,‎ , p. 346-351
  10. Jacques Lafon (Auteur), Esthétique de l'image de synthèse - La trace de l'ange, Paris, Editions L'Harmattan, , 230 p. (ISBN 978-2738483010), p. 10
  11. Claude Maggiori (Auteur) Sandrine Dyckmans (Auteur), La France qui disparait, Paris, Glénat, , 192 p. (ISBN 978-2723497916), p. 47
  12. « Archives historiques du Journal de Genève, de la Gazette de Lausanne et du Nouveau Quotidien », sur Archives historiques du Journal de Genève, de la Gazette de Lausanne et du Nouveau Quotidien.
  13. Emmanuel Cocq, Alexis Dantec, Florence Lévy-Hartmann, « Combien tu m'aimes ? Pour une analyse économique de la politique cinématographique française », Revue de l'OFCE,‎ , p. 273-328 (lire en ligne)
  14. Pascal Mérigeau , Jacques Zimmer et Guy Gauthier, « On ne tire pas sur une ambulance », La Revue du cinéma,‎ , p. 27
  15. Francoscopie, Paris, Larousse, , p. 365
  16. Les Cahiers français, Paris, La Documentation Française, , p. 76
  17. Les Amis de Sèvres, Paris, Centre international d'études pédagogiques., p. 45
  18. Michel Souchon, « Petit écran, grand public : des nouvelles récentes », Réseaux. Communication - Technologie - Société,‎ , p. 57-75
  19. Alain Busson, Yves Evrard, Portraits économiques de la culture, Paris, La documentation française, , p. 103
  20. Gérard Mermet, Francoscopie, Paris, Larousse, , p. 357
  21. « Archives historiques du Journal de Genève, de la Gazette de Lausanne et du Nouveau Quotidien », sur Archives historiques du Journal de Genève, de la Gazette de Lausanne et du Nouveau Quotidien (consulté le ).
  22. Louis de Funès, grimaces et gloire, Paris, Grasset, , 524 p. (ISBN 9782246636618), p. 513

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles Connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]