Autorail Lorraine

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Autorail Lorraine
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Autorail Lorraine ZZy 24901 de l'État.
Identification
Exploitant(s) Est, État puis SNCF
Désignation ZZy 24901 à 24903 (État)
ZZ ABsCEty 60151 à 60154(Est)
Type autorail
Motorisation 2 moteurs Diesel
Composition 1 élément
Construction 1936-1937
Constructeur(s) Lorraine-Dietrich
Mise en service 1935-1937
Effectif 7
Retrait 1948-1954
Caractéristiques techniques
Disposition des essieux (1A)(A1)
Écartement standard (1 435 mm)
Carburant gazole
Puissance 130 ch
à 1 600 tr/min
Tare 28,5 t
Masse en service 34,5 t

Un autorail Lorraine est un autorail à bogies et à motorisation Diesel construit par l'entreprise Lorraine-Dietrich. Un total de sept engins a été commandé par l'Administration des chemins de fer de l'État et la Compagnie des chemins de fer de l'Est. Ils sont livrés entre 1935 et 1937. Les autorails de l'Est sont vendus à l'État en 1937.

Tous ces autorails sont intégrés aux effectifs de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) à la création de la compagnie en 1938. Après une courte carrière dans l'Ouest de la France, les engins sont radiés entre 1948 et 1954. Aucun de ces autorails n'a été préservé.

Commande[modifier | modifier le code]

La Société lorraine des anciens établissements de Dietrich et Compagnie de Lunéville (aussi connue sous le nom Lorraine-Dietrich) est issue de la scission de l'usine lorraine du groupe De Dietrich en 1905[1]. Elle fabrique pour le compte des grands réseaux de nombreuses séries de wagons et de voitures[LT 1]. La mise au point d'un puissant moteur Diesel permet à l'entreprise de proposer à l'Administration des chemins de fer de l'État et à la Compagnie des chemins de fer de l'Est un modèle d'autorail à bogies[LT 1].

Sept autorails sont commandés par les deux compagnies. Le , l'État commande un premier engin au prix de 748 000 francs puis deux unités supplémentaires le au prix unitaire de 725 000 francs[LT 1]. L'Est achète quatre autorails en au prix unitaire de 725 000 francs[LT 1]. Les unités de l'État sont réceptionnées respectivement le , le et le avec quelques mois de retard. Les engins de l'Est sont livrés entre 1936 et 1937 mais ils sont revendus à l'État dès avril 1937[LT 1].

Une marche de présentation est organisée le entre Paris-Saint-Lazare et Mantes-la-Jolie[2],[1]. La marche est réalisée avec une vitesse moyenne de 107 km/h avec des points à 130 km/h et le parcours de 57 km est couvert en 32 min[LT 2].

Les autorails de l'État sont numérotés ZZy 24901 à 24903 tandis que l'Est immatricule ses engins ZZ ABsCEty 60151 à 60154[LF 1]. Après leur rachat, les unités ex-Est sont renumérotées ZZy 24904 à 24907[LT 3].

Description et caractéristiques[modifier | modifier le code]

L'autorail mesure 22,520 m de long hors tampons[AdF 1]. La caisse de profil aérodynamique et le châssis constituent un ensemble solidaire formant une poutre caisson[LT 4]. Les longrines, longerons et traverses sont en tôles pliées et en profilés d'acier assemblés par soudage électrique[LT 4],[3]. Les parois extérieures sont aussi en acier et renferment une isolation thermique et acoustique. Les parois intérieures sont en contreplaqué sur une unité et en acier pour le reste de la série ; le pavillon est couvert par des panneaux en alliage d'aluminium[3]. L'ensemble repose sur deux bogies à deux essieux dont l'empattement fait 3,5 m et pèse 28,5 t à vide et 34,5 t en charge[AdF 1]. Les roues mesurent 850 mm de diamètre[LF 1],[3]. Avec deux postes de conduite, l'autorail est réversible[LF 1].

La motorisation de l'autorail fait appel à deux moteurs Diesel Lorraine-Barbaroux type 46 DC 6 G à six cylindres directement montés sur les bogies[AdF 2]. Ils délivrent chacun une puissance de 130 ch à 1 600 tr/min soit 260 ch au total[LT 2]. Après Guerre, de nouveaux moteurs Saurer BDXS à six cylindres sont installés à la place des moteurs d'origine[AdF 1]. Ils fournissent chacun 160 ch à 1 500 tr/min[AdF 1]. Les radiateurs de refroidissement à eau sont placés à l'avant et à l'arrière de l'autorail[LT 2] ; l'emblème à croix de Lorraine de Lorraine-Dietrich y est mis en avant[LF 1]. L'effort des moteurs est transmis via une boîte de vitesses Wilson à cinq rapports fabriquée par Breda ou par Daimler-Benz[AdF 1],[AdF 3]. Le sens de marche est commandé par un inverseur de marche à couple conique lié par un pont-démultiplicateur à l'essieu moteur de chaque bogie[AdF 1]. Le freinage fait appel à un frein automatique Westinghouse offrant de bonnes capacités d'arrêt, complété par un frein de secours agissant sur la timonerie des bogies[AdF 3],[LT 2].

Les unités de l'État et de l'Est diffèrent principalement par leur aménagement intérieur[LT 4]. Les autorails de l'État offrent une capacité de cinquante places assises complétées par dix strapontins[AdF 2]. Un cabinet de toilettes est installé à côté du frougon à bagage qui dispose de 7 m2 de surface utile[AdF 2]. Les engins de l'Est disposent d'un fourgon de 9 m2 et de deux compartiments voyageurs : un compartiment mixte de première et deuxième classes de seize places assises et un compartiment de troisième classe de trente-deux places assises, complétés par un petit compartiment postal et un WC[LT 4].

    Livrées des autorails Lorraine de l'État et de l'Est.
  • Autorail avec un bas de caisse rouge foncé et un haut de casse gris clair.

  • Autorail en livrée du réseau de l'État.
  • Autorail avec bas de caisse rouge et haut de caisse crème.

  • Autorail en livrée de la Compagnie de l'Est.


Les autorails de l'État adoptent une livrée bicolore rouge rubis et gris perle tandis que les engins de l'Est arborent une décoration avec bas de caisse rouge et haut de caisse crème[LF 2].

Services effectués[modifier | modifier le code]

Le premier autorail de l'État entre en service commercial le , dix jours après avoir été présenté sur le parcours de Paris-Saint-Lazare à Mantes-la-Jolie[LT 2]. Les trois autorails qui sont réceptionnés entre 1935 et 1937 sont répartis sur les dépôts du Mans et de Caen. Un autorail est muté en au dépôt de Versailles-Matelots. Les unités du Mans sont utilisées pour la desserte de la ligne du Mans à Chartres via Nogent-le-Rotrou et La Loupe[LT 3].

L'Est attribue ses quatre autorails au centre de Langres[LT 3]. Réceptionnés entre 1936 et 1937, ils sont très vite revendus à l'État en et sont attribués au dépôt de Versailles-Matelots[LT 3]. Durant l'hiver 1937-1938, pour pallier le retard de livraison des automotrices Z 3700 et Z 3800, deux engins sont détachés à Chartres pour les navettes vers Rambouillet[LF 2],[LT 3]. Les autres unités parcourent les missions de banlieue de Versailles-Chantiers à Dreux et à Mantes[LT 3]. En 1938, tous les autorails sont intégrés aux effectifs de la SNCF nouvellement crée, sous la numérotation ZZ L 1001 à 1007[LF 1].

Après la Seconde Guerre mondiale, les sept unités sont affectées à Saintes après avoir été garées à Montrouge-Châtillon durant le conflit[LT 3]. Ils sont réimmatriculés X L 1001 à 1007 en 1948[LF 1]. Deux autorails sont radiés entre 1948 et 1949[LT 3]. Les engins restants sont affectés aux relations express et omnibus entre La Rochelle et Bordeaux et entre Angoulême et Royan[LT 3]. Le reste de la série est finalement radié entre 1952 et 1954 à cause des coûts de maintenance élevés et de la volonté de la SNCF de se séparer de ses séries régionales d'autorails[LT 3].

Modélisme[modifier | modifier le code]

L'autorail Lorraine a été reproduit artisanalement en HO par Apocopa[4]. Une reproduction statique à la même échelle a été intégrée à la collection Michelines et autorails des éditions Atlas en livrée Est[5].

Références[modifier | modifier le code]

  • Yves Broncard, Yves Machefert-Tassin et Alain Rambaud, Autorails de France, t. II
  1. a b c d e et f Broncard 1994, p. 55.
  2. a b et c Broncard 1994, p. 53.
  3. a et b Broncard 1994, p. 54.
  • Olivier Constant, Les archives autorails : SOMUA - Berliet - Lorraine - Charentaises
  1. a b c d et e Constant 2023, p. 64.
  2. a b c d et e Constant 2023, p. 68.
  3. a b c d e f g h i et j Constant 2023, p. 69.
  4. a b c et d Constant 2023, p. 65.
  • Thierry Leleu, La grande encyclopédie des locomotives françaises, t. 2 - les autorails,
  1. a b c d e et f Leleu 2015, p. 80.
  2. a et b Leleu 2015, p. 81.
  • Autres références
  1. a et b Clive Lamming, « De Dietrich : un nom prestigieux lié au chemin de fer », sur trainconsultant.com (consulté le ).
  2. « De Paris à Mantes en « autorail » Lorraine », La Journée industrielle,‎ (lire en ligne).
  3. a b et c « Lorraine », La Vie du Rail,‎ , p. 24 (lire en ligne).
  4. « Autorail Lorraine X 1000 » [PDF], sur apocopa.fr (consulté le ).
  5. « Atlas autorail Lorraine Est », Loco Revue, no 803,‎ .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Yves Broncard, Yves Machefert-Tassin et Alain Rambaud, Autorails de France, t. II, Paris, Les Éditions La Vie du rail, , 392 p. (ISBN 978-2-902808-50-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Olivier Constant, Les archives autorails : SOMUA - Berliet - Lorraine - Charentaises, Betschdorf, Le Train, , 98 p. (ISSN 1296-5537). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Thierry Leleu, La grande encyclopédie des locomotives françaises, t. 2 - les autorails, Breil-sur-Roya, Les Éditions du Cabri, , 216 p. (ISBN 9782914603669). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes[modifier | modifier le code]