Aas

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Aas est une ancienne commune française du département des Pyrénées-Atlantiques. En 1861, la commune est absorbée par Eaux-Bonnes. Selon le recensement établi en 2019, la commune compte au total, incluant la population du village d'Assouste et celle des Eaux-Bonnes, 193 habitants[1].

Vue du village d'Aas depuis la route de Bagès.
Porche de l'église Saint-Laurent.

Géographie[modifier | modifier le code]

Accroché sur les flancs de la montagne Verte, le village d'Aas fait face au massif du Gourzy et au pic de Ger, surplombant la commune de Laruns et le village d'Eaux-Bonnes.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le toponyme Aas apparaît sous les formes Aas et As (1328[2] pour les deux formes, traité d'Ossau - Val de Tena), Haas (1343[3], hommages de Béarn[4]), Ahas-en-Ossau (1384[3], notaires de Navarrenx[5]), Saint-Laurent-d'Aas (1654[3], insinuations du diocèse d'Oloron[6]), Aas (XVIIIe siècle[2], carte de Cassini) et Aast (1801[7], Bulletin des Lois).

Il a une racine basco-aquitaine aitz, pointe rocheuse[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Entrée du village d'Aas vers 1910

En 1090, Aas comptait 15 feux. En 1385[3], 13 familles sont toujours répertoriées. Il faudra attendre l'essor d'Eaux-Bonnes à la fin du XIXe siècle pour que le village atteigne une quarantaine de maisons et une dizaine de granges.
Ses habitants étaient autrefois réputés pour leur rudesse; on les surnommait en patois les « queyos », car on disait d'eux qu'ils avaient l'habitude d'accueillir les étrangers à coup de cailloux (ou « queyos » en occitan).

Démographie[modifier | modifier le code]

Évolution de la population
1793 1800 1806 1821 1831 1836
206152206259257269
(Sources : Projet Cassini de l'EHESS[7].)

Le pastoralisme[modifier | modifier le code]

En juin, pour la devette, les vaches montaient les premières, suivies trois jours plus tard des brebis capables de raser l’herbe déjà broutée.
Le village d'Aas est situé sur un promontoire de la montagne Verte

En haute vallée d’Ossau, le terrain accidenté, l’altitude et les conditions climatiques ne permettent pas une culture de primeurs, de céréales, ou de légumes telle que l’on puisse la commercialiser.

Par contre les pâturages de la basse et de la haute montagne favorisent l’élevage de vaches et surtout de brebis et de chèvres capables de se contenter de l’herbe rase des hauteurs.

La devette[modifier | modifier le code]

Montagnards de la vallée d'Ossau, L'Illustration, juillet 1855

La devette, c’est-à-dire le transit des bêtes de la basse à la haute montagne (plaine de Gourette et plateau de Ley) durant le mois de juin, leur retour de fin août à octobre et leur départ pour la plaine pour l’hiver, répondait de longue date à une nécessité économique. Malgré l’importance réduite du cheptel, les prairies entourant le village ne pouvaient assurer à la fois l’alimentation des bêtes durant l’été et engranger le fourrage nécessaire au passage de l’hiver.

Le déplacement des troupeaux était de ce fait à la fois nécessaire et sévèrement organisé. Les dates étaient décidées par le conseil municipal afin d’éviter une montée trop précoce qui aurait détérioré les prairies d’altitude avant la repousse complète des herbages.

De juin à octobre, les bergers vivaient dans les cabanes de pierres sèches du plateau et consacraient leur temps à l’entretien du troupeau et à la production du fromage. Un troupeau moyen produisait 3 fromages par jour en juin et un par jour à partir de juillet.

Les bergers étaient ravitaillés par les gens du village qui s’occupaient de leur côté des moissons.

La devette a été abandonnée dans les années 1980 sur le territoire de la commune des Eaux-Bonnes.

La transhumance[modifier | modifier le code]

À la Toussaint, les troupeaux étaient conduits sur les pâturages de plaine pour y passer l’hiver, c’était la transhumance. Si la majorité des troupeaux s’arrêtaient au nord de Pau, sur la plaine du Pont-Long appartenant à la commune, certains continuaient jusqu’en Gironde, afin de nettoyer et de fertiliser le vignoble bordelais après les vendanges. Cela représentait une semaine de marche.

Au mois de juin suivant, les troupeaux remontaient vers le village pour une nouvelle devette[8].

Les siffleurs[modifier | modifier le code]

Plaque commémorative posée sur l'église d'Aas par Marcel Gilbert, René Guy Busnel et René Arripe - 1992

Un langage sifflé[modifier | modifier le code]

La topographie locale en vallées prononcées permet aux ondes sifflées une bonne propagation. Les habitants ont donc développé une modulation sifflée du béarnais[9], permettant une communication correcte entre les pâturages et le village, ou d'un flanc de vallée à un autre[10],[11]. Guy Busnel (né 1915), acousticien et professeur à l’École Pratique des Hautes Études, documente ce langage sifflé en 1950[12]. Il se construit autour de 4 voyelles : i, é, a, o et 4 consonnes : ke, ye, che, ge[10]. Cette pratique s'est transmise de génération en génération pour répondre aux besoins du terrain. L'exode rural[11], puis l'apparition de nouvelles techniques de communication fit disparaitre cette pratique[12].

Conservation[modifier | modifier le code]

L'association Lo siular d’Aas, présidée par Philippe Biu et dotée d'une dizaine de membres, fait vivre cette pratique. Un cours animé par Philippe Biu a été ouvert à l'Université de Pau[12]. L'association, le conseil régional, l'Université de Pau et des pays de l'Adour et le collège de Laruns via une classe bilingue français-occitan soutiennent la préservation de cette pratique[12],[10]. Des projets de recherches et un portage de contenus sur supports numériques sont discutés[12].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • René Arripe, Les siffleurs d'Aas, 1984, Imprimerie de la Monnaie, Pau.
  • « Les bergers siffleurs d’Aas », dans Pyrénées Magazine, no 84, novembre-.
  • René Arripe, Gourette d’hier et d’aujourd’hui – 1994
  • "Élémentaire, mon cher Einstein", émission diffusée sur la RTBF en 1979, interroge le Professeur René-Guy Busnel, spécialiste en physiologie acoustique de l’Institut des Hautes Études de Paris sur ce particularisme. À cette occasion, des bergers du Béarn échangent en studio un langage sifflé.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Comparateur de territoires - Intercommunalité-Métropole de CC de la Vallée d'Ossau », sur www.insee.fr (consulté le ).
  2. a b et c Michel Grosclaude (préf. Pierre Bec), Dictionnaire toponymique des communes du Béarn, Pau, Escòla Gaston Febus, , 416 p. (ISBN 9782350680057, BNF 35515059), p. 137..
  3. a b c et d Paul Raymond, Dictionnaire topographique du département des Basses-Pyrénées, Paris, Imprimerie Impériale, , 208 p. (BNF 31182570, lire en ligne)..
  4. Manuscrit de 1343 - Archives des Pyrénées-Atlantiques.
  5. Notaires de Navarrenx - Archives des Pyrénées-Atlantiques.
  6. Insinuations du diocèse d'Oloron, Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, manuscrits du xviie siècle..
  7. a et b Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Aas », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le )..
  8. Source : Les informations sur le pastoralisme à Aas sont tirées de l’étude très documentée de René Arripe (dont la famille était originaire d'Aas) : Gourette d’hier et d’aujourd’hui – 1994 – pp11 à 20.
  9. René Arripe, Les siffleurs d'Aas, Laruns, .
  10. a b et c « Les siffleurs du village d'Aas - La chronique d'Aliette de Laleu » (consulté le ).
  11. a et b « 1987 : La langue sifflée de la Vallée d'Aas | Archive INA » (consulté le ).
  12. a b c d et e Jean-Marc Faure, « Le langage sifflé d’Aas désormais enseigné à l’université de Pau », La république des Pyrénées,‎ (lire en ligne).

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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