Michel Sardou

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Michel Sardou
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Michel Sardou en concert à Paris-Bercy, en 1998.
Informations générales
Nom de naissance Michel Sardou
Naissance (77 ans)
Paris (France)
Nationalité Française
Activité principale Chanteur, parolier, compositeur
Activités annexes acteur
Genre musical Variété française
Instruments Piano, guitare
Années actives Depuis 1965
Labels Barclay
Trema
Universal
Site officiel michelsardou.net

Michel Sardou, né le à Paris (17e arr.)[1], est un chanteur, parolier, compositeur et comédien français.

Fils des comédiens Fernand Sardou et Jackie Sardou, Michel Sardou est le descendant d'une tradition familiale dans le monde du spectacle depuis le milieu du XIXe siècle. Auteur de nombreux succès, il occupe une place éminente parmi les chanteurs français, comptant parmi les plus populaires et apprécié par un large public.

Après des débuts difficiles chez Barclay Records, Sardou connaît un début de notoriété, en 1967, avec Les Ricains, d'autant que la censure qui frappe la chanson attire sur lui les regards. Épisode sans lendemain, sa carrière ne démarre véritablement qu'au début des années 1970. Il enchaîne alors les succès et devient l'un des artistes les plus appréciés du public. Si dans les années 1990 les tubes se font moins nombreux, sa popularité demeure intacte et il établit souvent des records de fréquentation lors de ses tournées et concerts parisiens.

Michel Sardou développe tout au long de sa carrière une identité artistique unique, du fait de la grande diversité des thèmes abordés dans ses chansons. Bien qu'il récuse le terme de « chanteur engagé »[2], les nombreux regards qu'il jette sur la société ont divisé la population française et les commentateurs à de multiples reprises, déclenchant plusieurs controverses dans les années 1970 et s'attirant les foudres de nombreuses associations, notamment le MLF. Des polémiques qui, toutefois, n'ont jamais affecté son succès.

À près de cinquante années de carrière, sa discographie compte 25 albums studio et 18 albums live, ainsi que près de 350 chansons. Ses ventes de disques sont estimées à plus de 90 millions d'exemplaires[3],[4], ce qui fait de lui l'un des chanteurs français les plus productifs et les plus performants de tous les temps.

Michel Sardou a obtenu à deux reprises une Victoire de la musique pour avoir fédéré, en 1989 et 1998, le plus grand nombre de spectateurs au Palais omnisports de Paris-Bercy[5]. Il est le recordman du nombre de passages solos et de spectateurs dans cette salle[6], tous artistes, spectacles et époques confondus, avec 91 représentations à ce jour[7],[N 1].

Biographie

Origines et enfance

Petit-fils de Valentin Sardou, Michel Sardou est l’héritier d’une longue tradition familiale dans les métiers du spectacle. Ses grands-parents paternels étaient comiques de scène à Marseille et sa grand-mère maternelle était danseuse. « Enfant de la balle », fils de la danseuse et comédienne Jackie Sardou et du chanteur et comédien Fernand Sardou, il naît le à Paris. Très jeune, il est élevé dans un petit village de la Meuse par une nourrice[8]. Mais cette existence ne dure pas, et il passe son enfance à suivre ses parents dans les cabarets parisiens où ils se produisent et assiste à leurs tournées[8], ce qui représente une passion pour lui.

Alors pensionnaire à Jouy-en-Josas, sa situation scolaire peu brillante et la vie qu'il mène, entre coulisses et salles de spectacles, le poussent petit à petit à envisager d'arrêter ses études qui ne l'intéressent de toute évidence pas. En 1964, âgé de dix-sept ans, il projette de s'enfuir au Brésil afin d'y monter une boîte de strip-tease[9]. Son père le rattrape de justesse à l'aéroport.

Durant la première partie des années 1960, Michel Sardou chante dans différents cabarets de Montmartre, dont celui de Patachou[10] (mère de l'auteur-compositeur Pierre Billon, avec qui il se lie d'amitié et avec lequel il collaborera à la fin des années 1970). C'est au théâtre du Châtelet qu'il rencontre la danseuse Françoise Pettré, avec laquelle il se marie en 1965 à l'église Saint-Pierre de Montmartre[10].

Les débuts (1965-1970)

Après avoir tourné en tant que figurant dans le film Paris brûle-t-il ? de René Clément en 1965, Michel Sardou décroche un premier contrat avec la maison de disques Barclay Records. Il débute dans la chanson la même année avec le 45 tours Le Madras coécrite avec ses amis Michel Fugain et Patrice Laffont. Cette chanson lui offre un premier passage à la télévision, durant lequel il est confronté à un jury, dans lequel figure l'acteur Jean Yanne. Ces derniers ne l'estiment pas capable de percer dans le monde de la chanson. S’ensuit une série de 45 tours, qui petit à petit, font connaître ce nouveau venu dans la chanson (il n’a pas encore vingt ans), sans pour autant rencontrer de véritable succès commercial.

L'année 1966 est le théâtre de deux événements majeurs de sa jeunesse : il rencontre Jacques Revaux, qui deviendra son plus fidèle collaborateur et le compositeur de nombreuses chansons, dont beaucoup deviendront des classiques[8] de son répertoire. Il est aussi arrêté par des gendarmes, pour avoir oublié de répondre au recensement militaire[8], dans la salle de Bobino où il assure la première partie du spectacle de François Deguelt. Conduit à la caserne de Montlhéry, il doit assumer dix-huit mois de service militaire[11] (cette expérience lui inspirera, cinq ans plus tard, la chanson satirique Le Rire du sergent).

Sa carrière est réellement lancée en 1967, avec le titre Les Ricains, aussitôt censuré : alors que la France est sortie de l’OTAN un an plus tôt, et que la guerre du Viêt Nam provoque une vague d’antiaméricanisme, Michel Sardou chante le devoir de reconnaissance envers les États-Unis sans qui, affirme t-il, « vous seriez tous en Germanie[N 2]/À parler de je ne sais quoi/À saluer je ne sais qui », claires allusions à la Libération de 1944 par les forces alliées. La chanson n’est pas du goût du Président de la République Charles de Gaulle qui recommande sa non diffusion à l'ORTF[4].

Cet épisode confère au chanteur une notoriété nouvelle mais encore fragile. Elle jette surtout les bases de son style futur[11]. Entre 1967 et 1970, il peine néanmoins à rencontrer un franc succès ; seule la chanson Petit obtient un succès d'estime. Devant l’enchaînement de 45 tours au succès très mitigé, Eddie Barclay décide en 1969 de résilier son contrat, ne l’estimant « pas fait pour ce métier »[12] (ce même jour, il congédie également Pierre Perret).

Sardou crée alors, avec Jacques Revaux et Régis Talar, le label Tréma (Talar Revaux Édition Musicale Association), qui produira désormais ses disques et restera à jamais attaché à son nom.

L'ascension (1970-1975)

Chanson no 1[13] Année Nb. sem.
Et mourir de plaisir 1970 1
J'habite en France 1970 2
Le Rire du sergent 1971 1
La Maladie d'amour 1973 9
Les Vieux mariés 1973 3
Un accident 1975 1

1970 est l’année qui le propulse véritablement au rang de vedette. Il enregistre l'album J'habite en France, dont est extrait le 45 tours qui deviendra son premier grand succès radiophonique et commercial : Les Bals populaires. Alors qu’il n'en voulait initialement pas, cette chanson le place en première place du hit parade et termine quatrième plus gros succès de l'année 1970[14]. Il retrouvera cette place à deux reprises dans l’année, avec les tubes J’habite en France et Et mourir de plaisir.

Le style de l’album J'habite en France, qui obtient le prix de l'Académie Charles-Cros remis par le Président de la République Georges Pompidou en 1971[8], vaut à Sardou d'être classé dans la catégorie « chanteur populaire ». La chanson du même nom l’impose même comme le chanteur de la « France profonde » aux yeux des médias. C’est une image dont il ne se débarrassera jamais au cours de sa carrière, bien qu’il ne se soit pas éternisé dans le registre de la chanson à boire.

Les Bals populaires ont cependant ouvert la voie à une décennie de succès permanent : à chaque sortie d’album, Sardou se hisse dans les premières places du hit parade. C’est le cas avec Le Rire du sergent (1971), Le Surveillant général (1972), et en 1973, avec La Maladie d'amour. Cette chanson reste à ce jour son plus gros succès radiophonique, l'album du même nom restant 21 semaines en tête des ventes[15], un record pour l'époque. Cette réussite sera confirmée par le succès rencontré par les chansons qui suivront : Les Vieux mariés, Les Villes de solitude (1973), Une fille aux yeux clairs (1974).

Parallèlement, sa première fille, Sandrine, naît le . En 1971, Michel Sardou se produit pour la première fois à l'Olympia, confirmant son statut de vedette. Parallèlement à sa popularité, le chanteur fait l’objet de polémiques de plus en plus vives. Des voix féministes, dont le Mouvement de Libération des Femmes, s’élèvent contre les chansons Les Villes de solitude, où Sardou se mettant dans la peau d'un homme sous l'emprise de l'alcool, chante « J'ai envie de violer des femmes, de les forcer à m'admirer » et Les Vieux mariés, au ton perçu comme très patriarcal en raison des vers suivants : « Tu m'as donné de beaux enfants, tu as le droit de te reposer maintenant »[8]. Ces militantes manifestent fréquemment devant les salles où le chanteur doit se produire.

Sa seconde fille Cynthia voit le jour le . Son premier fils, Romain, naît le de son union avec Elizabeth Haas, dite « Babette », qui deviendra ensuite sa deuxième épouse.

Le chanteur se produit une deuxième fois à l'Olympia du au , spectacle dont Carlos assure la première partie[11]. En novembre 1975 sort le 45 tours Le France, chanson dans laquelle Sardou s'exprime au nom du paquebot du même nom, à cette époque amarré à un quai du port du Havre, alors que le gouvernement de Jacques Chirac a annoncé mettre fin à la prise en charge de son déficit : « Ne m'appelez plus jamais France / La France, elle m'a laissé tomber », chante Michel Sardou. La chanson, qui deviendra par la suite un grand classique de son répertoire, se vend à plus d’un million d’exemplaires et vaut à Sardou d'être salué par les syndicats et le Parti communiste français[16], malgré son image de chanteur engagé à droite et les hostilités qui les avaient déjà séparés. Cette chanson précède un album — La Vieille — qui, malgré son succès, causera au chanteur bien des désagréments.

Controverses et succès (1976-1977)

L'année 1976 débute sous de mauvais auspices pour le chanteur, dont le père meurt en janvier.

En outre, malgré le grand succès public de l'album La Vieille - qui dépasse le million d'exemplaires vendu[17] -, plusieurs titres susciteront la polémique : J'accuse, Le Temps des colonies et surtout Je suis pour lui vaudront de nombreux déboires.

Avec Le Temps des colonies, Sardou se voit accusé de faire l'apologie d'un colonialisme primaire et raciste. Les radios refusent de diffuser le titre[18], sauf France Inter — qui ne le passera qu'une seule fois. Libération commente alors au sujet de la chanson : « Le fascisme n’est pas passé et Sardou va pouvoir continuer à sortir ses sinistres merdes à l’antenne[19]. »

Mais le chanteur ne renonce pas pour autant à occuper le terrain du politique. Il lance en octobre 1976 Je suis pour qui, cette fois, est massivement diffusée[réf. nécessaire]. La chanson évoque un père dont l'enfant a été assassiné, qui clame à cor et à cri : « Tu as tué l'enfant d'un amour, je veux ta mort, je suis pour ». Le titre sort en pleine affaire Patrick Henry et met définitivement le feu aux poudres, Sardou se voyant accusé de faire l'apologie de la peine de mort. Le chanteur s'en est pourtant toujours défendu en prétendant illustrer la loi du Talion[20].

Alors que le chanteur semble se positionner nettement à droite, ses principaux détracteurs sont Libération, Rouge et Le Quotidien du peuple, trois journaux marqués à gauche. Sardou déchaîne des batailles éditoriales, comme dans les colonnes de L’Humanité. Mais il suscite également de profondes interrogations sur le sens sociologique de son succès. Dans Rouge, on peut lire par exemple[21] :

«  Le propre d’un chanteur comme Sardou est d’être parvenu à donner forme à une chanson réactionnaire, au sens fort du mot. Il exprime les effets de la crise des valeurs et de l’idéologie traditionnelle sur ceux qui ne sont pas prêts à remettre présentement celle-ci en cause. »

Les pro et les anti-Sardou, journalistes comme artistes, font entendre leur voix. Ses soutiens écrivent dans les colonnes du Figaro, de Paris Match ou même du Monde. Plusieurs artistes, pourtant engagés à gauche, le soutiennent, Yves Montand, Serge Reggiani, Bernard Lavilliers ou encore Maxime Le Forestier, au nom de la liberté d'expression.

Début 1977, plusieurs « comités Anti-Sardou » se forment, qui se donnent pour but d’empêcher le chanteur de donner ses récitals au cours de la tournée qui commence en février 1977 : ils organisent des manifestations en province contre sa venue, l’accueillent par des insultes à son arrivée, peignent des croix gammées sur les véhicules de sa caravane, distribuent des tracts très virulents. Une bombe est même retrouvée dans la chaufferie de Forest National, à Bruxelles. Michel Sardou prendra la décision d’annuler les deux dernières dates de sa tournée[11].

En 1978 paraît un opuscule intitulé Faut-il brûler Sardou ? écrit par Louis-Jean Calvet et Jean-Claude Savelli, symbole du climat hostile qui entoure la carrière du chanteur à cette époque.

Vers un Sardou plus consensuel (1977-1980)

Chanson no 1[13] Année Nb. sem.
La Java de Broadway 1977 6
En chantant 1978 8

Devant l’ampleur des évènements, Michel Sardou prend du recul avec la chanson à caractère social — sans y renoncer pour autant, comme le témoignent les chansons Le Prix d'un homme et Monsieur Ménard, extraits de l'album de 1978, qui évoquent respectivement un enlèvement (l'actualité de cette année-là étant marquée par l'enlèvement d'Aldo Moro en Italie[22] ou encore celui du baron Empain en France) et la violence scolaire (un professeur frappé par un élève).

En 1977 sort un album qui renoue avec la chanson d'amour et lui vaut quelques sommets dans les hits parade : l'opus s'écoule à plus d'un million d'exemplaires[17], il contient notamment La Java de Broadway ou encore le single le plus vendu de toute sa carrière[23], succès de l'été 1977, le slow Dix ans plus tôt. Ce 33 tours, comme celui de 1978 Je vole, lui permettent d’enregistrer des records de vente (preuve que les événements récents n’ont pas altéré sa popularité). Les chansons font la part belle à l'introspection, au retour vers l'enfance et à l'amour, principalement avec les tubes En chantant et Je vole.

En 1978, du 28 octobre au 29 novembre, Michel Sardou se produit pour la première fois au Palais des congrès de Paris[24], confirmant son statut d'artiste de premier plan de la scène française. Le Temps des colonies est au programme, mais pas J'accuse ni Je suis pour, l'artiste ayant définitivement renoncé à l'interpréter sur scène[N 3].

Sardou se marie avec Babette en octobre 1977[20]. Son quatrième et dernier enfant, Davy, naît le .

Les albums de 1979 (Verdun) et 1980 (Victoria), qui poussent plus loin cette logique intimiste et personnelle, afficheront moins de tubes et moins de titres sortis en 45 tours. Des rumeurs circulent d’ailleurs un temps sur une éventuelle maladie grave, car Sardou se fait plus rare dans les médias. Il semble que les événements de 1976 l’aient durablement affecté.

À propos de la chanson En chantant, il déclarera :

«  J'avais besoin d'une vraie chanson populaire, facile à entendre et simple à retenir. Les chansons de combat commençaient à me fatiguer. J'avais dans l'idée de changer de métier. J'étais malade, et aucun médecin ne savait de quoi je souffrais. Quelqu'un m'a conseillé de partir en voyage ; en m'assurant que j'allais m'ennuyer partout, mais qu'en rentrant je serais guéri. Je suis parti[25]. »

En 1980, il est, sur le double album de la comédie musicale Les Misérables, la voix d'Enjolras, personnage du roman du même nom de Victor Hugo. Il y interprète notamment la chanson À la volonté du peuple.

Une popularité toujours croissante (1981-1991)

Chanson no 1[26] Année Nb. sem.
Être une femme 1981 1
Les Lacs du Connemara 1982 3
Les Deux écoles 1984 2[27]

Pendant les années 1980, Michel Sardou voit sa popularité atteindre des sommets. Tout au long de cette période, il enchaîne les tubes, aidé par la diffusion radiophonique massive, avant chaque sortie d'album, d'une chanson qui semble conçue spécialement pour la bande FM (Afrique adieu, Chanteur de jazz, Musulmanes, La même eau qui coule...). L’album de 1981 (qui contient deux de ses plus grands succès : Les Lacs du Connemara et Être une femme), entre au Livre Guinness pour le niveau de ses ventes[28].

En outre, la fréquentation de ses spectacles, au Palais des congrès de Paris, puis à partir de 1989, au Palais omnisports de Paris-Bercy, est sans cesse croissante. Il se produit la plupart du temps à guichets fermés et bat des records de durée dans plusieurs salles. Les Français le citent régulièrement comme leur chanteur préféré, devant Johnny Hallyday et Jean-Jacques Goldman[réf. nécessaire].

Les textes de Sardou sont devenus beaucoup plus consensuels. Même les quelques titres « engagés » (le chanteur réfute encore et toujours ce qualificatif) qu’il sort pendant la décennie ne suscitent aucun émoi, que ce soit Vladimir Ilitch (1983), à la fois hommage aux idéaux de Lénine et dénonciation des dérives du régime communiste en URSS, Les Deux écoles (1984), qui évoque l’opposition école libre / école publique au moment du projet de loi Savary, ou Musulmanes (1987), regard amer sur la condition de la femme dans les pays arabes. Cette dernière chanson, qui se veut avant tout un hommage aux femmes arabes, fera par ailleurs l'effet d'un démenti aux suspicions de racisme qui avaient pu planer sur lui, tout comme Le Privilège (1990) sera perçu comme un démenti aux accusations d’homophobie portées à son égard, dans la mesure où Sardou reconnaît l'avoir chantée pour « dénoncer l'amalgame entre homosexualité et perversion »[29]. Au sujet de Musulmanes, il déclarera le  :

«  Je regrette que des gens bruyants stigmatisent une communauté à des fins électoralistes. J’avais écrit Musulmanes pour rendre hommage à une civilisation, une culture déjà montrée du doigt à l’époque. Mais là, ça devient dément[29]. »

En 1987, Michel Sardou obtient la reconnaissance de ses pairs en recevant la Victoire de la musique de la meilleure chanson pour Musulmanes[30]. Il fait son premier passage sur la scène du Palais omnisport de Paris-Bercy en 1989. Chaque représentation se termine par une mise en scène de Robert Hossein impliquant plus de cent figurants sur la chanson Un jour la liberté, écrite spécialement pour commémorer le bicentenaire de la Révolution française[31]. Au terme de la tournée, le , Sardou reçoit une Victoire de la musique pour avoir fédéré le plus grand nombre de spectateurs[8].

L'opus La même eau qui coule paru en 1988, malgré son million d'exemplaires vendu[17], n'affiche pas de succès probant.

Il participe, en 1989, à la chanson caritative de Charles Aznavour Pour toi Arménie, parue quelques mois après le séisme du 7 décembre 1988 ayant violemment frappé l'Arménie. Il y interprète un couplet entier.

Michel Sardou, qui était un ami de Coluche et était présent le jour de la création des Restos du Cœur, participe avec Véronique Sanson, Jean-Jacques Goldman, Johnny Hallyday et Eddy Mitchell à la première tournée des Enfoirés (Tournée d'Enfoirés), en 1989 (il y participera également en 1998, 2004 et 2005).

Un succès plus discret, mais un public toujours fidèle (1991-2001)

Dans les années 1990, Michel Sardou se fait plus discret dans les médias et sur les ondes. Il n'y a guère que Le Bac G (1992), chanson sur le système éducatif français, qui crée des réactions.

L'album Le Privilège (1990) affiche trois singles (Marie-Jeanne, Le Privilège et Le Vétéran) et s'écoule à presque un million d'exemplaires. Cet album ainsi que la tournée qui suit (Bercy 91) lui vaut la Victoire de la musique du Meilleur interprète masculin[32]. Deux ans plus tard, en 1992, l'album Le Bac G crée une polémique. Les vers « Vous passiez un bac G, un bac à bon marché dans un lycée poubelle, / L'ouverture habituelle des horizons bouchés... / Votre question était "Faut-il désespérer ?". » sont perçus par certains comme une provocation adressée au ministre de l'Éducation nationale Lionel Jospin, qui ne se retint pas de déclarer qu'il refusait qu'un « saltimbanque » lui fît la leçon[33]. Certains enseignants dénoncèrent également le comportement démagogue, voire réactionnaire de Sardou[34].

Les albums Selon que vous serez, etc., etc. (1994) et Salut (1997), malgré leur bon niveau de ventes, donnent peu de hits, mis à part la chanson Salut qui se veut un hommage au public pour ses trente ans de fidélité. Cet album contient aussi le titre Mon dernier rêve sera pour toi où il « s'offre » Johnny Hallyday et Eddy Mitchell en tant que choristes, et qui s'adresse implicitement à l'homme d'affaires Bernard Tapie[35],[36], qui connait des démêlés avec l'administration fiscale.

Si Sardou paraît être moins dans l’air du temps, cette relative discrétion s’explique en partie par sa rupture avec ses principaux collaborateurs (Pierre Delanoë pour les paroles et Jacques Revaux pour les compositions), ainsi que par une priorité nouvelle donnée à ses activités d’acteur. Ainsi, après avoir joué dans le film Promotion canapé en 1990, Sardou joue dans plusieurs téléfilms et monte plusieurs fois sur les planches.

S’il se distingue moins en radio, Sardou n’en rencontre pas moins toujours le même vif succès sur scène, continuant à battre des records de fréquentation. Durant l'année 1995, il se produit à guichets fermés à l'Olympia pendant cinq mois de suite[8], ce qui établit un record ; et il obtient en 1999 la Victoire de la musique du plus grand nombre de spectateurs rassemblés au terme d'une même tournée pour les près de 600 000 personnes réunies au Palais omnisport de Paris-Bercy et à travers la France[8].

En juin 1999, Babette et Michel Sardou divorcent après près de 22 ans de vie commune. Sardou se marie une troisième fois le avec l'ancienne rédactrice en chef du magazine Elle Anne-Marie Périer. Ils sont unis par Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly-sur-Seine.

L'album Français sort en 2001. La plupart des chansons sont coécrites avec son ami Michel Fugain (l'opus propose une reprise du titre de Fugain Je n'aurai pas le temps). Sa sortie précède une tournée (faisant escale à Bercy), qui rencontre à nouveau le succès et au terme de laquelle Sardou annonce vouloir mettre fin à sa carrière de chanteur[37].

Le renouvellement (2001-2009)

Concert de Michel Sardou au Palais des sports en 2005.

Sardou semble dans un premier temps se retirer de la scène musicale pour se consacrer à ses activités de comédien et de directeur du théâtre de la Porte-Saint-Martin, qu'il a acheté en 2001.

Après la signature, en 2004 soit après trente-cinq ans chez Tréma, d’un nouveau contrat auprès de la major du disque Universal Music, la sortie d’un nouvel album intitulé Du plaisir et sa participation comme parrain à l’émission Star Academy, Michel Sardou reprend son activité de chanteur avec l’organisation d’une nouvelle grande tournée en 2004-2005 au Palais des sports de Paris, à l’Olympia, en province, en Belgique (où il sera fait officier de l'ordre de la Couronne), en Suisse et au Canada. Ce retour est couronné de succès et son nouvel opus se vend à plus de 1 200 000 exemplaires, et obtient la certification disque de diamant[8]. Le duo avec le chanteur québécois Garou, La Rivière de notre enfance, lui ouvre à nouveau les portes des principales radios musicales généralistes, chose qui n’était plus arrivée depuis 1992. Sardou a été, en 2004, le chanteur le mieux payé de France[38].

Son premier double album, intitulé Hors format sort le . Il comprend vingt-trois nouvelles chansons dont un duo avec Chimène Badi, Le Chant des hommes et Beethoven. Hors format a atteint depuis les 400 000 exemplaires vendus[39], et est double platine.

En 2007, lors d'une conférence de presse pour la présentation de sa tournée, il annonce que celle-ci sera « la dernière »[40]. Il est au Zénith de Paris du 25 avril au et en tournée en France, Belgique et Suisse, du au .

Michel Sardou accorde une importance supplémentaire à ses activités de comédien ; ainsi, il est, à partir d'octobre, au théâtre des Variétés dans la pièce Secret de famille d'Éric Assous, avec son fils Davy Sardou et Laurent Spielvogel[41]. La pièce est jouée jusqu'à fin avril 2009. En septembre 2009, la troupe entame une tournée en France, en Belgique et en Suisse.

Nouvelles tournées et théâtre (2010-2014)

Michel Sardou entouré de Florence Coste et Katia Miran dans Si on recommençait, à la Comédie des Champs-Élysées en 2014.

L'album Être une femme 2010 sort le  ; la chanson éponyme, remixée par le DJ Laurent Wolf, et Et puis après sont les titres phares de cet opus qui inclut un duo avec Céline Dion, Voler[42]. En septembre 2014, il reconnaît que ce duo n'a pas été une bonne expérience personnelle, en raison du fait que les deux chanteurs aient dû enregistrer leurs parties séparément et que le clip ait été réalisé sans lui[43].

Le chanteur se produit à l'Olympia du 13 janvier au , puis il tourne, du 11 février au , à travers la France, la Belgique et la Suisse. Son périple s'achève au Palais des sports de Paris, où il chante du 11 mai au . En mars 2011, il annonce sur son site se séparer de son producteur Jean-Claude Camus[44], pour retravailler avec Gilbert Coullier.

Le , paraît un best-of intitulé Les Grands moments. Le , Michel Sardou débute au Havre une nouvelle tournée nommée d'après cette compilation qui doit le conduire, jusqu'en décembre 2013, à travers la France, la Belgique, la Suisse, le Canada, le Luxembourg, la Principauté de Monaco et le Liban. Elle compte trois dates au Palais omnisports de Paris-Bercy en décembre 2012[45] et cinq à l'Olympia en juin 2013, précédent une tournée d'été et d'automne. Mais des ennuis de santé contraignent le chanteur à annuler, en novembre 2013, les dernières dates du tour Les Grands moments[46]. À la suite de ces problèmes, il déclare qu'il « fait une pause » dans la musique[47].

À partir du , il est à l'affiche d'une nouvelle pièce de théâtre jouée à la Comédie des Champs-Élysées et intitulée Si on recommençait[48], écrite par Éric-Emmanuel Schmitt et mise en scène par Steve Suissa. Il partage les planches avec, entre autres, Anna Gaylor (initialement, Françoise Bertin tenait le rôle mais, souffrante, elle fut hospitalisée après quelques représentations avant de décéder le [49]) et Florence Coste.

La bande originale du film d'Éric Lartigau La Famille Bélier sorti en décembre 2014 est quasiment exclusivement composée de chansons du répertoire de Michel Sardou, interprétées par Louane Emera, actrice principale de la comédie. La chanson Je vole est, selon la scénariste Victoria Bedos, au fondement du scénario[50]. Le film rend hommage au passage à l'œuvre du chanteur et une citation prononcée par Éric Elmosnino, qui incarne le professeur de musique (« Michel Sardou est à la variété française ce que Mozart est à la musique classique : intemporel. »), est déjà qualifiée de « phrase culte »[51].

Vie privée

Michel Sardou se marie avec Françoise Pettré en 1965, alors qu'il est âgé de dix-huit ans, pour obtenir l'émancipation de ses parents[52], la majorité étant à l'époque établie à vingt-et-un ans. Ils ont leur première fille, Sandrine, le et leur seconde, Cynthia, le . Ils divorcent en 1977 mais ne s'entendaient plus depuis plusieurs années.

Sardou se marie une deuxième fois avec Elizabeth Haas, dite « Babette », en octobre 1977. Celle-ci est la sœur de Christine Haas, alors astrologue sur la radio RTL. Elle est également la mère de ses fils Romain, né le , et Davy, né le . Mais la tumultueuse relation qu'ils mènent durant plus de vingt années, ponctuée d'infidélités[53], les pousse au divorce en juin 1999. Cela dit, le chanteur prétend entretenir un rapport amical avec elle depuis leur séparation[54].

Enfin, Michel Sardou se marie une troisième fois le avec l'ancienne rédactrice en chef de Elle, Anne-Marie Périer. Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly-sur-Seine, se charge de les unir dans sa mairie.

Le fait que son premier fils Romain Sardou soit devenu écrivain, mais surtout que son second fils Davy Sardou soit devenu comédien perpétue la dynastie d'artistes de la famille Sardou. Davy déclarera dans une interview accordée au Figaro :

« Il y avait quelque chose de magique. Je n'ai pas choisi ce métier par atavisme, je ne me suis pas dit que je devais continuer la dynastie pour que mes proches soient fiers de moi. Jouer, c'était une envie[55].  »

Bien qu'il ait toujours été particulièrement discret sur sa vie privée, Michel Sardou a vu sa fille Cynthia mise sous les feux de la rampe médiatique en 1999. La journaliste, qui allait rejoindre son véhicule le soir du , est agressée et séquestrée par trois hommes[56], avant de subir plusieurs agressions sexuelles ainsi qu'un viol collectif. Elle raconte ce traumatisme dans sa publication Appelez-moi Li Lou parue en 2005. Si elle a, durant de longues années, pris de froides distances avec son père[57], elle lui témoigne aujourd'hui une grande reconnaissance pour l'avoir soutenue[56].

Michel Sardou est aujourd'hui cinq fois grand-père : celui de Loïs (fils de Sandrine), d'Aliénor, Gabriel et Victor-Scott (enfants de Romain) et de Lucie (fille de Davy).

Il est également célèbre que Michel Sardou ait entretenu des relations cordiales avec le Président de la République François Mitterrand, malgré des opinions politiques à priori opposées, qui l'a par ailleurs décoré de la légion d'honneur. Il entretient aussi une forte amitié avec l'ancien Président Nicolas Sarkozy qui a assisté à son concert le à l'Olympia[58].

Discographie

Chansons

Liste des chansons

Chansons emblématiques

Note : Classement par ordre chronologique.

  • Petit (1967), l'un des premiers titres de Sardou évoquant un thème qui lui est cher : l'enfance. La chanson évoque un père parlant à son fils du délitement de l'amour qui l'unit à sa mère. Comme le titre précédent, Petit est réenregistré en 1970, sur l'album J'habite en France ainsi qu'en 1989 (Sardou 66).
  • J'habite en France (1970), sur le ton de l'humour, l'esprit goguenard et chauvin, Sardou évoque la douceur de vivre « à la française » et vante au passage quelques qualités « made in France » telles que l'amour, le bon vin, les jolies femmes, les cafés, les chansons à boire... (album J'habite en France).
  • Les Bals populaires (1970), premier grand succès de l'artiste (524 000 exemplaires vendus et sujet de nombreuses récompenses[59]) qui mentionne, non sans humour, les fêtes populaires que l'on donne dans les villages (album J'habite en France).
  • Le Surveillant général (1972), première chanson sur un thème cher à Sardou, l'éducation et l'enseignement. Le chanteur dénonce le comportement abusif de certains maîtres, ici un « surgé », censés incarner l'autorité sur la jeunesse. La chanson évoque aussi l'internat, l'éveil de la sensualité et la masturbation : « [...] Je me faisais plaisir, je me faisais dormir, je m'inventais un monde rempli de femmes aux cheveux roux [...] Pauvre de moi, monsieur le surveillant [...] passait ses nuits à espionner comment les jeunes étaient couchés, bien sur le dos, les bras croisés sur la couverture de laine, des fois qu'on aurait des idées [...] Pauvre taré pauvre Chimène ». Sardou conclut que ces tabous, humiliations et sanctions sont la cause des inhibitions sexuelles de l'adulte : « quand je tiens dans mes bras une femme trop fière qui se refuse à me donner un peu plus que le nécessaire, parce que j'hésite à la défaire de son carcan de préjugés, [...] j'ai presque envie de lui confier qu'en ce temps là, j'avais un surveillant des classes secondaires, mais ça la ferait rigoler » (album Danton). La même année, le chanteur évoquera une fois encore le thème de la masturbation (cette fois féminine), avec le titre Avec l'amour, face A du 45 tours Bonsoir Clara.
  • Un enfant (1972), évoque la paternité, deux ans après la naissance de sa fille aînée (album Danton).
  • Zombi Dupont (1973), chanson humoristique (un peu oubliée), à mettre en parallèle avec Le Temps des colonies, dans laquelle Sardou raconte l'histoire d'un indigène vivant primitivement au fin fond de l'Australie et que des « âmes bien pensantes », au nom de ce qu'ils considèrent être la civilisation, veulent instruire. Nom de baptême, scolarité, souliers, confort matériel, service national, Zombi Dupont refusera finalement tout et retournera vivre en « sauvage » au milieu de sa forêt (album La Maladie d'amour).
  • Les Vieux mariés (1973), évoque une vieillesse heureuse et l'amour d'un couple qui a résisté au temps. L'homme remercie son épouse de l'avoir fait père : la rime « Tu m'as donné de beaux enfants, tu as le droit de te reposer maintenant », constitue l'un des premiers malentendus de Sardou avec les féministes. Pierre Delanoë auteur des paroles confia avoir écrit Les Vieux mariés en réaction à la chanson de Jacques Brel Les Vieux qui décrit tragiquement la vieillesse (album La Maladie d'amour).
  • Les Villes de solitude (1973), qui évoque l'ennui d'un homme devant la banalité de sa vie. Un ennui qu'il noie dans l'alcool. Le narrateur rêve qu'il ose être un autre et éprouve des fantasmes brutaux, mais sans passer à l'acte (« J'ai envie de violer des femmes, de les forcer à m'admirer »), mais qui, une fois l'alcool et ses effets dissipés, retourne à la monotonie de son quotidien. La chanson est mal reçue par les mouvements féministes, qui protestent vivement (album La Maladie d'amour).
  • Je veux l'épouser pour un soir (1974), chanson sous forme de complainte où Sardou confesse son envie de dormir près d'une « enfant dans sa robe du dimanche » (45 tours). Fermement anti mariage, elle s'inscrit dans la même veine que deux autres tirades du chanteur contre cette institution : Vive la mariée (1971) et Bonsoir Clara (1972).
  • Le France (1975), hommage au paquebot France alors amarré au « quai de l'oubli » au port du Havre. La chanson, qui reste l'un des plus grands tubes de Sardou, est saluée à sa sortie par les syndicats et les communistes, en même temps qu'elle contribue à donner de lui l'image d'un chanteur patriote (album La Vieille).
  • Je vais t'aimer (1976), l'un des plus grands succès de Michel Sardou, le texte, sensuel au verbe parfois cru, évoque une nuit d'amour. « À faire pâlir tous les marquis de Sade / À faire rougir les putains de la rade / [...] / Je vais t'aimer / [...] / À faire cerner à faire fermer nos yeux / À faire souffrir à faire mourir nos corps / [...] / Je vais t'aimer, je vais t'aimer d'amour ». La mélodie de Jacques Revaux et Michel Sardou est librement inspirée du Concerto d'Aranjuez de Joaquín Rodrigo. Les paroles sont de Gilles Thibaut (déjà sur un sujet authentique, l'auteur a signé en 1969, la chanson Que je t'aime pour Johnny Hallyday). (album La Vieille).
  • Je vous ai bien eus (1976), évoque la réussite d'un homme auquel on ne croyait pas : « Je ne vous ressemblais pas, vous ne m'avez pas cru, mais je vous ai bien eus ». Succès d'époque quelque peu oublié aujourd'hui (album La Vieille).
  • Le Temps des colonies (1976), chanson controversée, à laquelle certains reprochèrent de faire l'apologie de la colonisation. Le chanteur s'en est toujours défendu en évoquant le deuxième degré de la chanson (album La Vieille).
  • La Vieille (1976), qui présente cette fois-ci la vieillesse sous un regard pessimiste (album La Vieille).
  • Je suis pour (1976), chanson évoquant la colère d'un père dont l'enfant a été assassiné. Elle sort - hasard ou pas ? - pendant l'affaire Patrick Henry. La polémique fait rage entre les pro et anti-peine de mort qui lui reprochent de faire l'apologie de la peine capitale ; Sardou s'en défend en affirmant avoir fait une chanson sur la loi du talion et les instincts paternels. Avec le recul, l'auteur considère avoir écrit un polar musical et déclarera à propos du titre Je suis pour « qu'il était bien mal choisi »[61] (album La Vieille).
  • Un roi barbare (1976), chanson dans laquelle Sardou traite le thème de la réincarnation (« dans une autre vie, tu étais roi barbare »). Le texte semble également vulgariser les grandes thèses de la franc-maçonnerie[réf. nécessaire] au sujet de la vie après la mort et plus simplement de la religion, raison pour laquelle on retrouve le lexique maçonnique (« maçon et charpentier » ; « t'initier à leurs secrets » ; « le Grand Architecte » ; « la grande Bible des païens »). Cette chanson est représentative de l'attirance qu'éprouve Sardou pour les milieux occultes (album La Vieille).
  • Dix ans plus tôt (1977), avec ce titre Michel Sardou confirme son désir d'apaiser les esprits, après les polémiques de 1976 : « S'il y a des mots qui t'ont fait pleurer mon ange et d'autres qui t'ont révolté, si j'ai des idées quelquefois qui dérangent, j'en ai qui font danser ». Il renoue avec la chanson d'amour et fait de ce slow l'un des succès de l'été 1977, qui compte comme l'un de ses grands succès populaires (album La Java de Broadway).
  • En chantant (1978), ritournelle presque enfantine, où l'existence, selon Sardou, de la naissance à la mort, se traverse en chantant. Le chanteur las des polémiques autours de ses chansons de 1976, confie avoir recherché avec ce titre une chanson fédératrice. En chantant s'inscrit parmi ses grands succès (album Je vole).
Michel Sardou à la fin d'un concert à Bercy en 1998.
  • Je vole (1978), composé par Michel Sardou, ce titre évoque la fugue d'un adolescent en pleine nuit, après avoir laissé une lettre à ses parents. On le retrouve dans un train, qui l'emporte toujours plus loin, mal à l'aise entre son désir d'autonomie et l'angoisse de l'inconnu. Sardou évoque plutôt une chanson qui parle du suicide, un fils qui s'est suicidé et qui explique son geste[Cit. 1] (album Je vole).
  • Le Prix d'un homme (1978), avec ce titre Sardou renoue avec la chanson qui « colle » à l'actualité, sciemment délaissée depuis 1976. Alors qu'en France le baron Empain est enlevé le 23 janvier 1978, et qu'Aldo Moro l'est le en Italie, Sardou se met dans la peau d'un personnage quelques minutes après son kidnapping (« Mes gardiens ne me parlent pas [...] putain de ville, on avance pas [...] J'étouffe et j'ai très mal au dos chaque fois qu'il donne un coup de frein [...] Se faire piéger en plein Paris, en pleine civilisation on se croirait en Italie, le monde est moins beau qu'il n'est con ») et s'interroge sur ce que vaut la vie d'un homme (album Je vole).
  • Je ne suis pas mort, je dors (1979), assez absconse au premier abord, cette chanson évoque la survie de l'âme après la mort du corps, ou encore la persistance, dans la mémoire collective, de l'œuvre d'une vie. Ce titre était, dans le répertoire de Sardou, la chanson préférée de François Mitterrand[Cit. 2]. Cette chanson est un hommage de Michel à son ami Claude François mort brutalement en 1978 (album Verdun).
  • Victoria (1980), chanson évoquant la vie d'une femme traversant diverses époques et événements historiques du XXe siècle (les deux Guerres mondiales, mai 1968) auquel se mêlent des faits personnels (son mariage, la naissance de ses enfants, les vacances à Dinard). La chanson se termine par une longue coda de musique swing (album Victoria).
  • Être une femme (1981), chanson satirique sur les femmes, prêtant à différentes interprétations. Avec Être une femme, Sardou porte-t-il un regard amusé et railleur sur l'évolution de la condition féminine, en prise avec cette contradiction qui consiste à renier toute féminité pour servir la cause des femmes (« enceinte jusqu'au fond des yeux, qu'on a envie d'app'ler monsieur ; en robe du soir, à talons plats, Qu'on voudrait bien app'ler papa ») ? Ou au contraire, ne présente-t-il pas plutôt la femme des années 1980 comme un objet de désir, paradoxalement plus "féminin" que jamais (« femme des années 80, mais femme jusqu'au bout des seins (...) Qu'on a envie d'appeler Georges, mais qu'on aime bien sans soutien-gorge ») ? (album Les Lacs du Connemara).
  • L'Autre femme (1981), chanson dans laquelle Sardou décrit le quotidien ordinaire d'une femme « presque » comme toutes les autres, « mis à part un petit détail : quand elle se rend à son travail, c'est pour aller faire la pute » afin de subvenir à ses besoins et de payer l'éducation de son « petit garçon » qu'elle a confié à une portugaise. Précisément, l'allusion à cette baby-sitter portugaise fut l'objet d'un malentendu, où le chanteur se vit interpellé lors de l'émission télévisée Le Jeu de la vérité par une téléspectatrice qui lui reprocha d'avoir chanté que « les Portugaises étaient des p... » (sic). On peut entendre le chanteur s'en amuser sur le live Concert 85 où, s'adressant au public, il déclare : « ce ne sont que des chansons ! [...] Regarde un peu ce qu'ils ont fait de ma Portugaise ». Lors du concert Bercy 91, Sardou annonce l'avoir écrite avec « beaucoup de plaisir » et qu'elle lui a appris « beaucoup de choses » (album Les Lacs du Connemara).
  • Afrique adieu (1982), chanson typique du goût de Sardou pour le voyage et l'exotisme décrits sur un mode lyrique, et qui livre une vision pessimiste et désabusée du tiers-monde africain. De nombreux pays et capitales de pays africains y sont évoqués. Chanson rythmée mais mélancolique, elle sera par la suite égayée en concert (album Il était là).
  • Il était là (le fauteuil) (1982), hommage à son père Fernand Sardou. Le thème du passage de flambeau entre plusieurs générations d'artistes est développé (album Il était là).
  • Les Années trente (1982), chanson historique qui évoque la prospérité de la France dans les années 1930. Sardou mentionne également les bouleversements politiques ayant opéré sur cette période (l'avènement du Front populaire, les réformes sociales...) (album Il était là).
  • L'An mil (1983), chanson historique écrite avec Pierre Barret, qui lie les peurs du Moyen Âge à la crise des repères religieux d'aujourd'hui, les deux époques étant séparées par un intermède de synthétiseurs et d'orgues reprenant le thème du Dies Irae déjà entendu chez Saint-Saëns ou dans la Symphonie fantastique d'Hector Berlioz. Ce titre a souvent donné lieu à des mises en scène grandioses en concert (notamment Bercy 2001). (album Vladimir Ilitch).
  • Les Deux écoles (1984), en cette époque où les Français se divisent et se mobilisent pour ou contre le Projet de loi Savary, Sardou évoque les luttes historiques entre l'école privée et l'école publique, déclare que chacun doit être libre de son choix, « Je veux que mes enfants s'instruisent à mon école, s'ils ressemblent à quelqu'un autant que ce soit moi » et conclut « J'ai fait les deux écoles et ça n'a rien changé ». Il participe cependant à une manifestation en faveur de l'école privée[65] (album Io Domenico).
  • Une femme ma fille (1984), Sardou s'inspire du poème If (Tu seras un homme mon fils) de Rudyard Kipling. Transposant le texte original, il en fait le discours d'un père qui conseille à sa fille, pour devenir une femme heureuse « comme des milliards de femmes l'ont été avant elle », de ne pas écouter les chants des féministes qui l'éloigneront du bonheur (« Si tu n'écoutes pas la voix des mal-aimées qui voudraient à tout prix te citer comme témoin au procès du tyran qui caresse ta main ») et de construire sa vie auprès d'un homme qu'elle aime et l'aimera en retour, (45 tours).
  • Le Privilège (1990), évoque les sentiments douloureux d'un garçon qui hésite à faire son coming-out auprès de sa famille à propos de son homosexualité (« Qu'est-ce qu'ils vont dire à la maison, un garçon qui aime un garçon ? »). Cette chanson mettra fin aux suspicions d'homophobie qui avaient pu planer sur lui (album Le Privilège).
  • Le Bac G (1992), pierre lancée dans le jardin du ministre de l'Éducation nationale Lionel Jospin, abordant le thème des « lycées poubelles ». Jospin s'indigne qu'un « saltimbanque » vienne lui faire la leçon. Sardou pensait que l'abréviation Bac G désignait le bac général[66], alors qu'il s'agissait de la série de bacs suivante : technique administrative, technique quantitative de gestion et techniques commerciales. Il reconnut son erreur (album Le Bac G).
  • Maudits Français (1994), à travers le résumé des caractéristiques typiques de certains pays étrangers, Michel Sardou se demande en quoi consiste le fait d'être français (« À en croire les sondages, qui je suis, j'en sais rien. Un graphique, une image profil américain ») et il insiste sur le rêve d'indépendance des Français (album Selon que vous serez, etc., etc.).
  • Mon dernier rêve sera pour toi (1997), qui évoque les ennuis qu'un homme rencontre avec le fisc (l'URSSAF, les impôts...) et qui voit ses biens être saisis. Toutefois malgré toutes les saisies des huissiers, il nargue toujours ceux-ci en commentant « mais mon amour, ça, ils l'auront pas ; mon dernier rêve sera pour toi ! ». Les chœurs utilisés lors du refrain sont les amis de Michel Sardou Eddy Mitchell et Johnny Hallyday[67]. Sardou reconnaît s'être inspiré des pépins de l'homme d'affaires Bernard Tapie pour écrire le texte[36] (album Salut).
  • La Rivière de notre enfance (2004), en duo avec Garou, grand succès radiophonique et commercial qui permet à Michel Sardou de se hisser à la première place du top singles, après vingt ans d'absence à cette place. Cette chanson marque également son retour sur scène après trois ans d'absence totale (album Du plaisir).
  • Être une femme 2010 (2010), actualisation de la chanson Être une femme trente années plus tard en dressant le bilan de ce que sont, selon lui, les femmes du XXIe siècle. Il y constate le manque d'évolution profonde sur leur condition sociale (« question salaire, ça ne va pas mieux : celui d'un homme coupé en deux ; on les enfume de parité, mais qui promet l'égalité »). Pourtant, les féministes s'opposent encore à son positionnement[70] (album Être une femme 2010).
  • Voler (2010), en duo avec Céline Dion, ils y évoquent la passion de Michel Sardou de piloter un avion. La chanson n'était pas prévue pour un duo ; c'est la choriste, Delphine Elbé, qui en a eu l'idée. Elle chantera la chanson lors des deux tournées suivant la parution de l'album, à la place de Céline Dion (album Être une femme 2010).

Sardou, un auteur-compositeur-interprète ?

Sardou est surtout connu en tant que chanteur. Il sait jouer du piano et de la guitare, mais il a fallu attendre le Tour 2007 pour le voir jouer de ces instruments sur scène (guitare sur Allons Danser en ouverture et piano sur Cette chanson n'en est pas une, en rappel du concert). S'il a très rarement écrit pour d'autres artistes (une chanson écrite pour Dalida Chanter les voix, une pour Séverine en 1971 Vivre pour moi[71] ou encore pour Michel Fugain Derrière une chanson), nombreux sont ceux qui ont collaboré avec lui. Ainsi, pour les compositions, on retrouve très fréquemment les signatures de Jacques Revaux, Jean-Pierre Bourtayre, Didier Barbelivien ou encore Pierre Billon. Ses paroliers les plus fréquents étant Pierre Delanoë, Didier Barbelivien et Jean-Loup Dabadie. Depuis 2000, Sardou ne collabore plus avec ces auteurs-là (sauf Barbelivien), mais a fait le choix du renouvellement de son équipe, en se tournant vers des personnalités plus jeunes, comme Jacques Veneruso, Robert Goldman (ce dernier écrivant pour lui sous le pseudonyme de J. Kapler) ou Daran, auteur de huit des vingt-trois chansons de l'album Hors format.

Mais ces collaborations ne doivent pas occulter son actif d'auteur et de compositeur, voire d'auteur-compositeur. On le retrouve régulièrement parolier, puis compositeur occasionnel. Il est auteur et compositeur unique sur dix de ses titres : J'y crois (1978), L'Anatole, Méfions-nous des fourmis, Verdun (1979), Les Noces de mon père (1981), Mélodie pour Élodie (1985), 55 jours, 55 nuits, La Chanson d'Eddy (1992), Tout le monde est star (1994), La Vie, la Mort, etc. (2004).

On remarque donc que Michel Sardou n'est pas seulement l'interprète d'un répertoire taillé sur mesure par des collaborateurs, mais bien un auteur à part entière, et un compositeur occasionnel, bien qu'il ne soit pas un auteur-compositeur-interprète au sens strict, c'est-à-dire l'unique artisan de la quasi-totalité de son répertoire.

Le style

Comment classer Sardou ?

Par la grande diversité des styles explorés et des thèmes abordés, Michel Sardou est difficile à classer dans une catégorie précise. Les qualificatifs le plus souvent employés pour le définir sont : « chanteur populaire » et « chanteur de variétés », en même temps que « chanteur engagé », ce qui est paradoxal (voir article Musique populaire). Ses chansons s'inscrivent dans un style traditionnel, qui ne privilégie ni le texte, ni la mélodie, ni l'orchestration, ni la voix, mais soigne à égalité ces quatre composantes d'une chanson[citation nécessaire].

Style musical

Vue de la scène centrale lors du concert de Michel Sardou à Bercy en 2001.

Musicalement parlant, Sardou a plus souvent opté pour un style « neutre », difficile à rattacher à un genre précis, et ne cherchant manifestement pas plus à plaire au jeune public qu'au public plus âgé. Par exemple, il est difficile de classer la chanson La Maladie d'amour dans une catégorie plus précise que celle de « variétés ». Cependant, le chanteur a su adapter son style à chaque époque et intégrer les nouvelles sonorités à son identité musicale. On remarque par exemple, dans certaines chansons de la fin des années 1970 ou du début des années 1980, l'influence du disco (J'accuse, Être une femme[72]), ainsi que l'abondance des synthétiseurs dans les albums des années 1980 (Chanteur de jazz, La même eau qui coule, Rouge...).

Les seules constantes qui semblent se dégager dans l'hétérogénéité des orchestrations et des mélodies sont l'importance des cuivres et la récurrence des envolées vocales, qui sont mis au service d'un certain sens de la dramatisation et d'un lyrisme que ses détracteurs qualifient volontiers de grandiloquent. Ces traits typiques se retrouvent dans bon nombre de ses succès : Le France, Les Lacs du Connemara, Je vais t'aimer, Vladimir Ilitch, Musulmanes... Certaines de ses chansons, moins connues, poussent à l'extrême ces caractéristiques et rentrent dans une tonalité que l'on peut qualifier d'épique : Un accident (1975), Un roi barbare (1976), Je ne suis pas mort, je dors (1979), L'An mil (1983), Vincent (1988), Loin (2004) ou encore Beethoven (2006).

Style littéraire

Michel Sardou en concert à Forest National en 2007.

Du point de vue littéraire, Sardou ne recherche pas l'innovation : ses textes suivent des schémas classiques, marqués par des rythmes réguliers épousant les mélodies, et par la présence constante de la rime, à l'exception de quelques très rares chansons (Une lettre à ma femme, 1985). Cela s'explique en partie par la régularité de ses collaborations avec les paroliers Pierre Delanoë et Didier Barbelivien, gardiens d'un certain classicisme de la chanson française. Les mots sont souvent simples, issus du langage courant, éventuellement familier (voir la chanson Putain de temps, 1994). C'est moins la crudité du langage, qu'illustre par exemple l'œuvre de Léo Ferré, que celle des situations décrites par ses textes qui a pu jouer un rôle dans la cristallisation de réactions violentes à son encontre au cours des années 1970, contribuant à son étiquetage comme chanteur « populiste », voire « démagogue » ou encore « réactionnaire[73] ».

Les thèmes récurrents

Dans le répertoire de Sardou cohabitent des thèmes caractéristiques de la chanson de variétés, comme la fibre lyrique (l'amour, les relations filiales, la fuite du temps), et des sujets propres à la chanson à texte (certains même qualifient son style d'écriture de « variété à texte »[74]) ou à la chanson engagée (la critique sociale et politique, la mort), mais aussi des domaines habituellement plus fréquents en littérature qu'en chanson (l'histoire, le voyage). Cet amalgame de thèmes empruntés à différents genres de chansons opposés empêche de le circonscrire dans un style bien précis, mais forge son identité artistique.

Ainsi les chansons sur l'amour sont les plus nombreuses (on compte parmi les plus célèbres Je vais t'aimer, La Maladie d'amour, Et mourir de plaisir...), ce qui n'est pas étonnant de la part d'un chanteur dit « de variétés ». Mais elles sont suivies de près par les chansons relatives à la politique ou décrivant notre société et ses mœurs. On trouve dans cette catégorie des chansons telles que J'accuse, Le France, Les Deux écoles, Le Bac G ou Allons danser.

Sardou semble également accorder une grande importance à l'enfance, ainsi qu'aux relations entre parents et enfants : Je vole, Il était là, Une fille aux yeux clairs, Une femme ma fille, Petit, Merci Pour Tout (Merci Papa), Attention les enfants, danger

Non sans lien avec ce précédent thème, on trouve également de nombreuses chansons consacrées au temps qui passe et à la mort, parmi lesquelles Je ne suis pas mort je dors, Vivant, La même eau qui coule, Les Routes de Rome, Putain de temps... Il faut sans doute rattacher à ce thème les chansons consacrées à tel ou tel événement historique, dont Les Ricains, Danton, L'An mil et Vladimir Ilitch.

Le thème de l'armée et de la guerre est omniprésent dans son œuvre. Il semble que Sardou ait été profondément marqué par son service militaire (Le Rire du sergent, Encore deux cents jours) et que la guerre soit un sujet qui l'interpelle (Verdun, La Marche en avant, Les Ricains, La Bataille, Si j'avais un frère au Viêt Nam...).

Enfin, ce qui marque le plus sa différence par rapport aux autres chanteurs de variétés est le fait que son répertoire comporte de nombreuses chansons de voyage, évoquant une contrée éloignée : Les Lacs du Connemara, Afrique adieu, Musulmanes.

Exemple : chansons sur l'Amérique

Le goût de Sardou pour les chansons de voyage se met le plus souvent au service de son attirance et de sa fascination pour les États-Unis. Bien que Sardou ait souvent été présenté comme un chanteur « cocardier » et « patriote », il a en réalité consacré bien plus de chansons à ce pays, dans lequel il a vécu plusieurs années (il possédait une maison proche de Miami), qu'à la France.

Le drapeau des États-Unis.

Son tout premier succès, Les Ricains, montre déjà le fort tropisme atlantiste de ses orientations politiques et géographiques. Suivront, parmi les plus célèbres, La Java de Broadway ou Chanteur de jazz. Cette attirance était vue d'un mauvais œil au début des années 1970, quand Sardou semblait défendre bec et ongles les États-Unis en pleine guerre du Viêt Nam.

Mais s'il évoque souvent ce pays avec un certain idéalisme - comme dans L'Amérique de mes dix ans, Happy Birthday ou Je vous ai bien eus (« Je disais souvent l'Amérique/Je sais que moi j'irai un jour/Et que j'en reviendrai plus riche/Que Dupont de Nemours ») - il exprime par moments un désenchantement réel, comme dans Los Angelien, qui de la vie en Californie dit qu'on passe « trois cents jours sans pluie/Sans rien à raconter », ou encore dans Huit jours à El Paso, qui, écrite à la suite d'un voyage dans le Colorado avec Johnny Hallyday en 1978[75], déplore la disparition de l'ambiance Far West au profit de la modernité.

Michel Sardou continue aujourd'hui à placer Les Ricains, Chanteur de jazz et La Java de Broadway dans ses spectacles. Depuis 1973, il a inscrit Les Ricains à son tour de chant à trois reprises, les deux premières dans des conditions bien particulières : en 1991, au moment de la guerre du Golfe ; en 2004-2005, lors de la seconde intervention américaine en Irak. Enfin, il la reprend en 2013 lors de la tournée « Les Grands moments » en version country.

Influences et filiations

Par l'aspect syncrétique de son répertoire, Sardou n'est l'héritier d'aucun chanteur français en particulier. Il se reconnaît néanmoins dans une tradition de chanteurs francophones à forte popularité[citation nécessaire], celle de Jacques Brel, Jean Ferrat, Charles Aznavour, ou encore Gilbert Bécaud. Vis-à-vis de ses contemporains, il s'apparente aussi bien aux rockers français Johnny Hallyday et Eddy Mitchell qu'aux artistes de variété Claude François et Michel Fugain ou aux chanteurs « engagés » Renaud et Maxime Le Forestier. Mais dans les années 1970, c'est à Serge Lama qu'il sera le plus souvent comparé (son « grand rival »[76]), non pas pour leurs styles bien distincts, mais en opposant et en comparant les chanteurs populaires qu'ils sont alors, pour établir lequel des deux est le digne héritier de la chanson française.

Il revendique avoir voulu « faire du Brel » au tout début de sa carrière, pendant l'époque antérieure aux Bals populaires[Cit. 3]. L'influence du chanteur belge se retrouve dans de nombreuses chansons[Lesquelles ?], particulièrement dans Le Surveillant général, où les dernières paroles (« quand je tiens dans mes bras une femme trop fière qui se refuse à me donner un peu plus que le nécessaire [...] ») peuvent faire penser[évasif] à celles de Au suivant (« chaque femme, à l'heure de succomber entre mes bras trop maigres, semble me murmurer "Au suivant ! Au suivant !" »).
Sardou n'a jamais caché non plus son admiration pour Charles Aznavour et l'influence que celui-ci a pu avoir sur son œuvre. Michel Drucker déclare en 1994 que « dans le registre de la chanson populaire de qualité [...] Michel est le successeur naturel de Charles. »[Cit. 4].

Dans son répertoire, les références à Charles Trenet sont le reflet d'une autre de ses inspirations (L'Anatole en 1979, qui est avant tout un hommage au chanteur, puis La Maison des vacances en 1990).

Michel Sardou a aussi souvent fait état de l'influence qu'a eu Johnny Hallyday, l'idole de sa jeunesse, doublé par la suite d'une solide amitié (il le rencontre pour la première fois, en 1963, sur le tournage du film D'où viens-tu Johnny ? auquel participe son père Fernand Sardou). Aux cours des années 1970, nombreuses sont ses chansons marquées par l'influence du « chant d'Hallyday » : Tuez-moi, Les Villes de solitude (1973), J'ai 2000 ans, Le bon temps c'est quand (1974), La Tête assez dure (1978), il n'est pas jusqu'à J'accuse (1976) ou Un accident (1975), qui ne soient dans cette veine « hallydayenne », cette singulière façon de donner de la voix.

Il est également difficile de discerner clairement ses héritiers parmi les chanteurs de la génération qui le suit. Des chanteurs comme Patrick Bruel ou Garou exploitent la fibre « chanteur populaire » et ne cachent d'ailleurs pas leur admiration pour lui[77],[Cit. 5]. Bénabar est également quelquefois comparé à lui, ayant même été qualifié de « Sardou de gauche », mais, contrairement à Florent Pagny, il nie que Sardou ait eu une influence sur son œuvre[Cit. 6], il prétend même que cette comparaison n'est faite par certains détracteurs que pour le dévaloriser et mettre en évidence, selon eux, le manque de qualité de ses chansons[78].

Controverses

Rarement un chanteur français n'aura cristallisé autant de polémiques, de réactions hostiles et de querelles que Michel Sardou. La portée de ses chansons a, tout au long de sa carrière, largement dépassé le simple cadre artistique : elle a une évidente dimension sociologique, voire politique. Il n'est en effet pas commun qu'un chanteur de variété suscite des réactions jusqu’aux plus hauts niveaux de l’État, comme Sardou a pu le faire, depuis Les Ricains en 1967, interdite par le général de Gaulle, jusqu’au Bac G, en 1992, qui lui valut de se faire qualifier de « saltimbanque » par le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Lionel Jospin. Toutefois les polémiques autour du chanteur ont surtout atteint leur paroxysme dans les années 1970.

Les accusations

Michel Sardou en 2005.

Ce sont essentiellement les chansons de Michel Sardou, souvent à cause de quelques vers, de quelques mots, mais aussi parfois du fait d'idées exprimées, de prises de positions, qui sont à l'origine des griefs portés contre lui. Pour ses détracteurs, Michel Sardou serait principalement :

En ce qui concerne les textes, les premières critiques arrivent avec Les Vieux mariés (1973), notamment en raison de la phrase : « Tu m'as donné de beaux enfants/Tu as le droit de te reposer maintenant », dont le ton est perçu comme très patriarcal. Mais c'est surtout la violence des Villes de solitude (1973), qui marque, à l'époque, les esprits. Les lignes du second couplet (« J'ai envie de violer des femmes/ De les forcer à m'admirer/ Envie de boire toutes leurs larmes/ Et de disparaître en fumée ») ont fait vivement réagir les mouvements féministes[Cit. 8]. Sardou pousserait donc sa phallocratie au point de faire l'apologie du viol dans ses chansons ; au sujet des Villes de solitude, Sardou prétend se mettre dans la peau d'un jeune homme désabusé qui noie son ennui dans l'alcool et exprime alors des fantasmes brutaux[79].
Il serait également le chantre d'une sexualité où le rôle de l'homme serait magnifié et celui de la femme rabaissé, la référence au marquis de Sade dans Je vais t'aimer (1976), n'étant pas perçue comme anodine (« À faire pâlir tous les marquis de Sade, à faire rougir les putains de la rade, à faire crier grâce à tous les échos, à faire trembler les murs de Jéricho, je vais t'aimer »)[Cit. 9].
Le sexisme supposé de Sardou peut donc se résumer ainsi :

« Ne manque à ce tableau que le sexisme, ou la phallocratie, comme on voudra. Point n'est besoin de chercher très loin. Car la femme est ici conforme aux images d'Épinal d'une société méditerranéenne. […] Épouse, mère ou putain, la femme de l'univers Sardou n'a pas sa place en ces lieux de réjouissance publique, à elle le lit, les couches ou le bordel. Épouse, donc, elle a pour rôle principal de fournir des têtes blondes à la France[80]. »

  • homophobe : Cette accusation est vue comme le corollaire de son sexisme[Cit. 10]. On trouve les éléments à sa charge dans les chansons Le Rire du sergent (1971), où Sardou revient sur son passage à l'armée et semble évoquer le souvenir d'un sergent efféminé (« La folle du régiment, la préférée du capitaine des dragons ») usant du « fayotage » pour progresser dans la hiérarchie, et J'accuse (1976), où le terme « pédé » est employé dans un contexte péjoratif.
Néanmoins, Michel Sardou n'a jamais été victime d'attaques de la part de la communauté homosexuelle et ces accusations se sont rapidement dissipées. La chanson Le Privilège, sortie en 1990, donnera d'ailleurs l'image d'un Sardou tolérant, compréhensif et ouvert à propos du thème de l'homosexualité. Il ira même jusqu'à retoucher ses propres chansons, puisque depuis 1991, il ne prononce plus « J'accuse les hommes de croire des hypocrites/Moitié pédés, moitié hermaphrodites » mais « J'accuse les hommes de se croire sans limites/J'accuse les hommes d'être des hypocrites », lorsqu'il chante J'accuse en concert. En outre, il expliquera dans son autobiographie publiée en 2009 que la « folle du régiment » évoquée dans la chanson Le Rire du sergent n'était pas le sergent, mais lui-même[Cit. 11].
  • fasciste : Il faut le plus souvent comprendre par « fasciste » son diminutif populaire « facho », qui a un sens moins fort et moins marqué idéologiquement et historiquement que l'adjectif « fasciste ». Au cours des années 1970, « fasciste » était cependant une invective beaucoup plus répandue qu'aujourd'hui pour désigner une personne aux idées se rapprochant d'une droite dite dure, voire simplement conservatrice. Même si le journal L'Humanité emploiera ouvertement le terme de fasciste[Cit. 12], on groupera sous cette qualification un certain nombre d'accusations formulées par des analystes de gauche dont les valeurs d'internationalisme, de mondialisme et d'anationalisme sont opposées à certaines prises de positions politiques - réelles ou supposées - de Sardou : patriotisme, nationalisme, colonialisme, conservatisme, poujadisme, populisme
C'est une étiquette qu'on lui accolera très tôt dans sa carrière, dès Les Ricains en 1967, chanson que ceux qui, de France, soutenaient la cause communiste du Nord Viêt Nam (Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes entre autres) ont interprétée comme une prise de position en faveur de l'implication des États-Unis dans la Guerre du Viêt Nam, même si les paroles n'y font pas explicitement référence (rappelons-nous qu'en 1966, le Général de Gaulle sort la France de l'OTAN[81]) :
« Si les Ricains n'étaient pas là
Vous seriez tous en Germanie
À parler de je ne sais quoi
À saluer je ne sais qui.
Bien sûr les années ont passé
Les fusils ont changé de mains
Est-ce une raison pour oublier
Qu'un jour on en a eu besoin ? »
J'habite en France (1970) l'installera par la suite dans le rôle du chantre populiste de la « France profonde », de la « majorité silencieuse »[Cit. 13].
Il a longtemps été présenté comme le principal chanteur de droite français, une droite conservatrice et patriotique modérée[Cit. 14] (ce qui ne l'empêchera pas de citer en 2013 Pierre Mendès France et François Mitterrand parmi ses hommes politiques préférés[82]), mais ses plus ardents pourfendeurs iront beaucoup plus loin dans la dénonciation, comme sur ce tract de 1977, où on peut lire :

« Appel au fascisme : nous n'entendons plus que des chansons racistes, ou l'apologie du nazisme, d'ailleurs son service d'ordre est composé de militants de partis d'extrême droite, néo-fascistes.

Avec Minute et le Parisien, il est l'outil insidieux d'une fascisation grandissante. Ces chansons et journaux incitent à la haine et à la violence. Ces idées sont dangereuses !! »

Les chansons qui lui valurent bien des déboires et des polémiques de ce point de vue, furent celles de 1976 : Le Temps des colonies et surtout Je suis pour. Certains reprochèrent à la première une exaltation aux confins du racisme de l'époque coloniale :
« […] Autrefois à Colomb-Béchar,
J'avais plein de serviteurs noirs
Et quatre filles dans mon lit,
Au temps béni des colonies […]
Y a pas d'café, pas de coton, pas d'essence,
En France, mais des idées ça on en a,
Nous, on pense […] »
Dans Je suis pour, Sardou se met dans la peau d'un père dont l'enfant a été assassiné et qui s'adressant au coupable du crime, lui exprime, sa souffrance, sa colère et sa haine. La chanson met définitivement le feu aux poudres. Sardou se voit accusé d'instrumentaliser les peurs et les polémiques - alors que la France s'émeut et s'indigne du meurtre du petit Philippe Bertrand par Patrick Henry - et de contribuer à l'appel au lynchage. Enfin et surtout, le chanteur est accusé de faire l'apologie de la peine capitale.
« […] Les philosophes, les imbéciles,
Parce que ton père était débile,
Te pardonneront mais pas moi,
J'aurai ta tête en haut d'un mât.
Tu as tué l'enfant d'un amour.
Je veux ta mort.
Je suis pour. »
Michel Sardou se défend de prendre fait et cause pour la peine de mort, déclarant que la chanson ne parle que d'un père qui revendique la loi du talion, mais qu'elle ne reflète en rien une opinion personnelle[79].

Le point de vue de Sardou

Le chanteur, loin d’être insensible aux réactions qu’il a pu susciter, les a souvent déplorées, exprimant à la fois son regret d’être mal compris de la part d’un certain public, et son étonnement devant les proportions que peuvent prendre certaines polémiques.

Pour se défendre, il utilise régulièrement une argumentation sur la nature et la valeur de ce qu’est une chanson. Il soutient en effet ne pas chercher à transmettre de message politique ou idéologique à travers ses textes et affirme par conséquent que les réactions passionnées et politisées qu'ils ont pu susciter sont injustifiées et erronées, car en décalage avec ses intentions :

« Je ne me rendais pas bien compte non plus de la portée des chansons. Pour moi, ce n'étaient que des chansons. Pas des professions de foi[83]. »

Sa thèse est ainsi celle d’un cantonnement du chanteur dans la sphère artistique : l’artiste peut traiter de sujets politiques et polémiques, mais toujours dans une démarche purement esthétique et scénique, et non par activisme militant.

Cette conception exclusivement artistique du rôle du chanteur confère à celui-ci une certaine latitude dans le choix des idées à exprimer : n’étant pas prisonnier de son propre « je » par son refus de délivrer un quelconque message idéologique, il pourrait dès lors interpréter des personnages à la première personne sans qu’il y ait identité entre ses propres idées et celles du personnage incarné. Par exemple, il peut adopter, le temps d'une chanson, le point de vue d'un homme rendant hommage à Lénine (Vladimir Ilitch : « Toi, Vladimir Illitch, [...] Toi qui avais rêvé l'égalité des hommes ») et, dans une autre chanson, exprimer le point de vue d'un ancien colon qui regrette le temps de l'empire colonial français (Le Temps des colonies : « Pour moi monsieur rien n'égalait les tirailleurs sénégalais qui mouraient tous pour la patrie »), mais à en croire l'argumentation utilisée par Sardou, il serait une erreur de penser que le chanteur cherche à exprimer, dans un cas ou dans l'autre, ses convictions personnelles[84]. Cette dissociation entre personnage et interprète se rapproche de la démarche du comédien :

« Ces gens-là ont du mal à admettre que lorsque l'on interprète comme moi quinze, dix-huit chansons sur scène chaque soir, on n'est pas forcément sincère, on joue des personnages. Comme un acteur va jouer un curé, un pédéraste, un aubergiste, moi je joue un vieux marié, un bateau, un prince. Ce sont des rôles que je me distribue. Alors certains viennent me chercher des idées que je n'ai pas eues en lisant trop entre les lignes[85]. »

Aussi bien capable de parler au nom d’un curé (Le Curé), du père d’un enfant assassiné (Je suis pour), d’un bateau (Le France), de Danton (Danton), d'un otage (Le Prix d'un homme), d’une vieille femme (Victoria) ou d’un adolescent homosexuel (Le Privilège), Sardou se met à la place de différents personnages dont il exprime le point de vue, en conservant le « je » comme mode d’expression privilégié. Il brouille ainsi les pistes et les repères, et de son répertoire se dégage une grande quantité d'ambiguïtés et de contradictions. Les polémiques que Sardou a provoquées ne seraient donc que le résultat d'une mauvaise interprétation de ses intentions réelles. Il dira ainsi, en 1989, à propos du Temps des colonies :

« Le ciel m'est tombé sur la tête. Je croyais camper un de ces personnages de bistrot qui racontent toute leur vie la bataille d'Indochine. J'ai en partie échoué. Certains journalistes ont compris l'opposé : je sublimais les années coloniales ! J'incitais à la haine raciale ! J'aime chanter à la première personne. J'entre ainsi dans un rôle comme le ferait un comédien. L'engagement est joué. La scène n'est pas un lieu où je me confesse. Le malentendu vient toujours de ceux qui n'écoutent pas. On leur dit : « Sardou chante les colonies, c'est honteux ! » Alors c'est un scandale[25] ! »

Autres activités

Acteur

Cinéma

Il apparaît comme figurant dans :

Téléfilms

Théâtre

Michel Sardou à la cérémonie des Molières en 2014.

Directeur de théâtre

Le , il achète et prend la direction du théâtre de la Porte-Saint-Martin[89], où fut créée la célèbre pièce d'Edmond Rostand Cyrano de Bergerac en 1897, avec son producteur de spectacle Jean-Claude Camus. En 2003, il décide de revendre ses parts à son associé, qui lui, ne veut pas quitter les lieux[90].

Distinctions et décorations

Distinctions honorifiques

Victoires de la musique

Autres récompenses

Notes et références

Notes

  1. Johnny Hallyday a donné 93 représentations à Paris-Bercy : 87 en solo (http://www.hallyday.com/Son/Tournee/tournee.html) et 6 avec Les Vieilles Canailles ; site consulté le 18 novembre 2014.
  2. Sardou remplacera plus tard, en concert, le vers « Vous seriez tous en Germanie » par « Nous serions tous en Germanie ».
  3. Pour la première et la dernière fois dans un récital parisien, Je suis pour fut chanté à l'Olympia en 1976. À ce jour, Sardou ne l'a jamais plus repris sur scène. Quant à J'accuse, il faudra attendre 1991, année où le chanteur se produit à Bercy, pour qu'il soit à nouveau inscrit à son tour de chant, dans une version remaniée.

Citations

  1. « C'est comme Je vole, ce n'est pas un enfant qui se tire c'est un enfant qui se tue ». Source : Sardou, Michel Et qu'on n'en parle plus. XO Éditions, 2009.
  2. « Je dois ma médaille de chevalier de la Légion d'honneur à François Mitterrand. Et ce dernier m'avait dit que, dans mon répertoire, sa chanson préférée datait de 1966 [??]. C'était Je ne suis pas mort, je dors. Comment la connaissait-il ? Mystère ! Il m'avait dit m'avoir entendu la chanter en 1968 [?!]. Je l'ai d'ailleurs remise dans mon spectacle. » Michel Sardou, In Paris Match : 28 octobre 2004, no 2893
  3. « Quand j'ai débuté, je chantais des sous-produits de Brel, j'étais très inspiré par des chansons à texte. Ça ne marchait pas. Un jour je suis tombé sur un filon, comme les pionniers en trouvaient lors de la conquête de l'Ouest quand ils tombaient sur une mine. Ce filon, c'était un personnage un peu violent, sexy, qui m’a apporté mon public. »In Faut-il brûler Sardou ?
  4. « Je pense d’ailleurs que Michel fera une carrière à la Aznavour : une formidable carrière de chanteur, longue, solide, doublée d’une grande carrière d’acteur. N'oublions pas qu’Aznavour a fait trente films ! Dans le registre de la chanson populaire de qualité, je pense sincèrement que Michel est le successeur naturel de Charles. » Michel Drucker ; In Sylvie Maquelle, Les Sardou, une dynastie. voir biblio
  5. « Quand j'étais petit, pour moi, la référence du chanteur en français, c'était lui [Michel Sardou]. » Garou ; In Mireille Dumas, Qui êtes-vous Michel Sardou ?, émission diffusée en septembre 2012.
  6. « On vous a qualifié de « Sardou de gauche ». Ça vous agace ? On me le ressort régulièrement. Heureusement qu’il y a « de gauche » ! Je ne veux plus m’exprimer là-dessus car je ne veux blesser personne. » D'après le figaroscope.fr, interview de Bénabar par Annie Grandjanin, le 31 mars 2006.
  7. « Cette virilisation du jeu de scène n'est pas, il est vrai, chose nouvelle en France : de Chevalier […] au sexisme de Lama en passant par la misogynie de Brel, tout annonçait qu'enfin viendrait Sardou. Mais elle atteint ici le degré le plus fort, l'agression machiste maximum. » In Faut-il brûler Sardou ? JC Klein et JP Savelli, éd. Savelli, 1978
  8. « Un après-midi, j'étais dans un taxi et j'ai vu passer une centaine de militantes du MLF. Elles portaient des pancartes sur lesquelles je figurais entouré de croix gammées. Elles scandaient : « On ne sera pas violées par Sardou ». Elles m'ont fait peur. » Michel Sardou, La moitié du chemin, Nathan, 1989
  9. « Ainsi cette femme méprisée, rabaissée, se verra offrir, sur un arrangement aux sonorités flamenco, un long poème d'amour romantique (Je vais t'aimer). Mais la contradiction se résout, une fois encore, dans l'image d’Epinal : Reine et Esclave tu es, Reine et Esclave tu seras ». In Faut-il brûler Sardou ? JC Klein et JP Savelli, éd. Savelli, 1978
  10. « Complément indispensable de ce petit portrait en pied d'un phallocrate éclairé, les « pédés » de tous genres sont voués, qui l'eut cru, au mépris le plus noir, ces arrivistes sans vergogne qui savent, eux, comment gagner du galon sans balayer la cour (le Rire du sergent) ». In Faut-il brûler Sardou ? JC Klein et JP Savelli, éd. Savelli, 1978
  11. « ...au moment de déclarer ma profession, j'annonçai "artiste" et, comme partout, lorsqu'on est artiste et un artiste inconnu, on fait forcément un métier de pédé. [...] Vous savez maintenant que le "Rire du sergent" n'était ni une attaque, ni une revanche. Le "pédé", c'était moi ». Et qu'on n'en parle plus, Michel Sardou, 2009
  12. « Sardou qui c'est ? De plus en plus nombreux sont ceux qui répondent : un fasciste. Oui un fasciste, qui à coups de millions, avec l'appui des grands medias, essaie de répandre son venin […] D'un côté, il exalte le mépris de la femme et le crime […] et de l'autre, il appelle au lynchage dans Je suis pour. Le tout enrobé dans un nationalisme du plus pur style fasciste », in L'Humanité, avril 1977
  13. « Il choisira d’être le chantre de la « majorité silencieuse » et, avec J'habite en France, Les Ricains, Monsieur le Président de France, il lance de francs succès réconfortants pour les bourgeois à cheveux et idées courtes ». in Cent ans de chanson française (Seuil, 1972)
  14. « Alors, Sardou fasciste ? Pas davantage. Le fascisme, mot trop galvaudé, est une théorie totalitaire qui repose sur un mouvement de masse et se développe dans certaines circonstances économiques et historiques bien précises. Or, si Sardou a bien des traits de comportement physique comparables à ceux de Mussolini par exemple, il n'en a pas l'implantation sociale et historique. Il n'est pas le chantre de Chirac, encore moins de Giscard, mais il est plutôt leur produit, le produit d'une droite frustrée, perdue, à la recherche d'une identité fuyante », in Faut-il brûler Sardou ?

Références

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Annexes

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Articles connexes

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