Michel Rocard

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Michel Rocard
Illustration.
Michel Rocard, au 6e Forum mondial de l'eau, en 2012.
Fonctions
Sénateur des Yvelines

(2 ans, 1 mois et 16 jours)
Élection 24 septembre 1995
Député européen

(14 ans, 6 mois et 12 jours)
Élection 12 juin 1994
Premier secrétaire du Parti socialiste
Président de la direction nationale provisoire du PS
du 3 avril au

(7 mois et 26 jours)
Prédécesseur Laurent Fabius
Successeur Henri Emmanuelli
11e Premier ministre français
(159e chef du gouvernement)

(3 ans et 5 jours)
Président François Mitterrand
Gouvernement Rocard I et II
Législature IXe
Coalition Majorité présidentielle
PS - MRG - partie de l'UDF - GE
Prédécesseur Jacques Chirac
Successeur Édith Cresson
Ministre de l'Agriculture

(2 ans et 12 jours)
Président François Mitterrand
Premier ministre Pierre Mauroy
Laurent Fabius
Prédécesseur Édith Cresson
Successeur Henri Nallet
Ministre d'État, ministre du Plan et de l'Aménagement du territoire

(1 an, 10 mois et 1 jour)
Président François Mitterrand
Gouvernement Pierre Mauroy
Prédécesseur Jean Lecanuet (Plan)
Fernand Icart (Aménagement
du territoire
)
Successeur Gaston Defferre
Biographie
Nom de naissance Michel Louis Léon Rocard
Date de naissance (93 ans)
Lieu de naissance Courbevoie (Seine, France)
Nationalité Drapeau de la France Français
Parti politique SFIO
PSA
PSU
PS
Conjoint Sylvie Pélissier
Enfants Francis Rocard
Diplômé de Faculté des lettres de Paris
IEP Paris
ENA
Profession Haut fonctionnaire
Religion Protestantisme

Michel Louis Léon Rocard, né le à Courbevoie (Seine), est un homme politique français, membre du Parti socialiste.

Militant socialiste depuis 1949, il est le candidat du Parti socialiste unifié (PSU) à l'élection présidentielle de 1969, après quoi il rejoint le Parti socialiste (PS) en 1974. Premier ministre de juin 1988 à mai 1991 sous la présidence de François Mitterrand, il est ensuite premier secrétaire du Parti socialiste de 1993 à 1994, député européen de 1994 à 2009 et sénateur de 1995 à 1997. Il est ambassadeur de France chargé de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique depuis le 18 mars 2009.

Biographie

Famille

Michel Rocard est issu d'une famille de la moyenne bourgeoisie, protestant du côté de sa mère, catholique du côté de son père qui est cependant agnostique. Il est le fils d'Yves Rocard, membre de la Résistance, professeur et chercheur[1].

Marié en 1954 avec Geneviève Poujol[2], il a deux enfants, Sylvie (éducatrice) et Francis (astrophysicien au CNES). Divorcé, il se remarie en secondes noces en 1972 avec Michèle Legendre, dont il a aussi deux enfants : Loïc (né en 1974, polytechnicien, conseiller du premier ministre Manuel Valls[3]) et Olivier ; puis en troisièmes noces avec Sylvie Pélissier[4]. Il est également apparenté à l'actrice Pascale Rocard, qui est sa petite-cousine.

Formation

Michel Rocard passe par le scoutisme unioniste où il exerce des responsabilités trois ans comme chef de troupe adjoint et trois ans comme chef de troupe (ayant d'ailleurs Lionel Jospin comme éclaireur)[1]. Il porte alors le « totem » (surnom scout) d'« Hamster érudit »[5].

Il obtient en 1946 son baccalauréat scientifique mention assez bien grâce à ses bonnes notes dans les matières littéraires[6]. Inscrit en hypotaupe, licencié ès lettres, il comprend qu'il n'a pas les dons en sciences de son père qui le destine pourtant à une carrière scientifique comme la sienne. Il décide de se détourner de cette voie, ce qui provoque un conflit familial[7], et entre en 1947 à l'Institut d'études politiques de Paris où il rencontre notamment Jacques Andréani, Jacques Chirac, Robert Pandraud[6]. Son père l'envoie les deux étés de 1946 et 1947 en Angleterre, ce qui lui permet de devenir bilingue[8]. Pour subvenir à ses frais d'études, son père le fait engager pendant deux ans comme tourneur-fraiseur dans son laboratoire de physique de l'École normale supérieure où il a pour contremaître un militant politique et syndical qui l'initie à l'histoire de la gauche[9]. C'est avant tout pour militer en faveur de l'Europe qu'il adhère en 1949 aux Étudiants Socialistes SFIO[10] où il essaie d'attirer en vain le jeune Jacques Chirac. Entre 1953 et 1955, il est secrétaire national des étudiants socialistes sous le nom de Michel Servet, hérétique protestant. Il entre à l’ENA en 1956[11] (promotion 1958, surnommée 18 juin). Il est par ailleurs ancien élève de l’École alsacienne[réf. nécessaire].

Entrée au PSU et guerre d'Algérie

Alors que se déclare la guerre d'Algérie, il rejoint les socialistes en rupture avec Guy Mollet à propos de la politique algérienne. Il adhère au Parti socialiste autonome (PSA) dès sa création par Édouard Depreux et Alain Savary[12]. « Pendant plus d'un siècle, la France a prétendu mener en Algérie la politique dite de l'assimilation, qui seule justifiait l'intégration de l'Algérie dans le territoire de la République. En fait, cette politique fut proclamée et jamais appliquée », écrivait Michel Rocard dans un rapport rédigé en 1957.

« L'égalité de tous les citoyens devant la loi, qui est le principe de base de notre Constitution, n'a jamais été pratiquée. L'égalité des devoirs existait, et notamment l'impôt du sang, mais point d'égalité des droits », ajoutait-il, avant de constater que « sévissait durement une mentalité proche de la ségrégation raciale qui interdisait aux musulmans, sauf exception, l'accès aux fonctions de responsabilités, même mineures, dans leur propre pays[13] ».

Michel Debré (Premier ministre) tente de le révoquer mais en vain, quand le rapport est publié dans la presse en 1959[14].

En 1960, il participe à la fondation du Parti socialiste unifié (PSU) — fusion du PSA et de l'Union de la gauche socialiste (UGS, chrétiens de gauche) auxquels s'ajoutent d'anciens communistes dissidents —, rejoint en 1961 par Pierre Mendès France[12].

Premières responsabilités

Michel Rocard est nommé inspecteur des Finances en 1958, puis secrétaire général de la Commission des comptes et des budgets économiques de la nation en 1965. Remarqué lors des Rencontres de Grenoble en 1966, il devient secrétaire général du PSU en 1967. Michel Rocard prend, à partir de 1953 le pseudonyme de « Georges Servet » (du nom d'un hérétique protestant, Michel Servet) et c’est sous ce nom qu'il est connu au PSU avant 1967. Il partage également le nom de plume « Jacques Malterre » avec Hubert Prévot[15]. En Mai 68, il joue un certain rôle car l’UNEF, le principal syndicat étudiant, est contrôlée par les étudiants du PSU dont faisait notamment partie Jacques Sauvageot, alors vice-président de l’UNEF. Il accompagne Pierre Mendès France au meeting de Charlety.

Après la défaite du général de Gaulle lors du référendum du , Michel Rocard en appelle à « un pouvoir de transition vers le socialisme »[16]. Il se présente à l’élection présidentielle de 1969, où il recueille un score de 3,61 % des suffrages exprimés — le meilleur score obtenu par le PSU depuis sa création —, le candidat socialiste Gaston Defferre, allié à Pierre Mendès France, n’obtenant que 5 %. Il se présente à l'élection législative partielle de juin 1969 dans la 4e circonscription des Yvelines, et bat le Premier ministre sortant Maurice Couve de Murville. Il perd ce siège en 1973. Il critique le Programme commun adopté par le PS et le PCF, estimant que ces partis « ont choisi de ne pas […] proposer un programme socialiste »[17].

D'un point de vue économique, Michel Rocard vante alors les vertus de l'autogestion yougoslave : « La performance économique de la Yougoslavie autogestionnaire est en termes globaux une des plus remarquables du monde entier »[18]. Il soutient encore cette idée en 2009 en prenant ses distances vis-à-vis du modèle historique de l'État yougoslave[19].

Lors de la campagne présidentielle d'avril-mai 1974, il soutient François Mitterrand, mais en octobre, lorsqu’il propose au PSU de rejoindre le PS, il est mis en minorité (40 %). Il quitte alors le PSU et participe aux Assises pour le Socialisme (12-) qui préparent l’entrée au PS des minoritaires du PSU et de certains militants proches de la CFDT comme Jacques Chérèque. Son entrée au Parti socialiste date de décembre 1974. Il devient membre du bureau exécutif en février 1975 et secrétaire national chargé du secteur public. Il est élu maire de Conflans-Sainte-Honorine en 1977, à la tête d’une liste d’Union de la gauche. Il reconquiert le siège de député de la circonscription de Conflans aux législatives de 1978. Le , il annonce sa candidature à la candidature du PS pour la présidentielle de 1981, mais la retire le 8 novembre suivant, lorsque François Mitterrand annonce la sienne. L'antagonisme qui couvait entre les deux hommes depuis au moins 1977 dure jusqu'à la mort de Mitterrand en 1996.

Le « rocardisme »

La fin des années 1970 marque l’avènement du rocardisme, du courant rocardien au sein du Parti socialiste qui affiche une tendance décentralisatrice (congrès de Nantes, 1977), puis ouvertement hostile aux nationalisations intégrales (à 100 %) préparées par les mitterrandistes (congrès de Metz, 1979). Il profite du procès contre des membres du FLB, durant lequel il témoigne en faveur des accusés, en novembre 1979, pour justifier ses appels à la décentralisation : « Je sens profondément que ce mouvement centralisateur, commencé par Philippe le Bel, doit s'arrêter »[20]. Michel Rocard, dont la cote a toujours été élevée dans les sondages, et le place à partir de 1978 parmi les probables présidentiables, devient ainsi une figure incontournable du paysage politique français[21]. En s’opposant aux « nationalisations à outrance » et en acceptant l’économie de marché, le rocardisme se retrouve à l’opposé des positions défendues par le Parti communiste dans les négociations du Programme commun. Les rocardiens se réclament souvent de la pensée de Pierre Mendès France lorsqu’ils prônent une politique économique « réaliste » et une culture de gouvernement.

Entrée au gouvernement

Michel Rocard en 1981

Maire de Conflans-Sainte-Honorine de 1977 à 1994, il devient ministre d'État, ministre du Plan et de l'Aménagement du territoire dans les deux premiers gouvernements Pierre Mauroy, du au .

Son action pendant ces années-là est notamment marquée par la loi du 29 juillet 1982 dont il est à l'origine, qui établit les contrats de plan État-Région.

Il est ensuite nommé ministre de l'Agriculture dans le gouvernement Pierre Mauroy III, fonction que Michel Rocard conserve dans le gouvernement Laurent Fabius[22]. Opposé à l’instauration du mode de scrutin proportionnel pour les élections législatives de 1986, il démissionne de son poste le .

Premier ministre

Il est nommé Premier ministre, le , au début du second septennat de François Mitterrand. Peu avant sa nomination à Matignon, ce dernier avait déclaré à Ambroise Roux : « Je vais le nommer puisque les Français semblent en vouloir […] Mais vous verrez, au bout de dix-huit mois, on verra au travers »[23]. Les résultats des élections législatives de juin 1988 entraînent la formation d'un second gouvernement Michel Rocard.

Michel Rocard instaure le revenu minimum d'insertion le , qui constitue l’un des rares projets de loi votés à l'Assemblée à l'unanimité [24].

Nouvelle-Calédonie

Le , Michel Rocard fait signer les accords de Matignon entérinant les droits de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination et mettant fin aux violences sur l’île. Cette action pour la pacification de la Nouvelle-Calédonie est, selon lui, ce qu'il a fait de mieux au gouvernement[réf. nécessaire], mais c'est aussi l'action pour laquelle il dit avoir subi les pires attaques[réf. nécessaire].

Création de la CSG

Il fait adopter par l’Assemblée le la loi sur la CSG, nouvel impôt prélevé à la source dont l'assiette est constituée de tous les revenus, qu'ils proviennent du travail ou du patrimoine[25]. Par la suite, le montant de la CSG s'est accru jusqu'à représenter en 2010 le double du produit de l'impôt sur le revenu, soit 6 % du revenu national[26].

Réformes des retraites

Michel Rocard est l'instigateur en 1991 du premier « livre blanc sur les retraites », un diagnostic général de l'état des finances qui soulignait la nécessité de modifier le système de retraites existant alors[27]. Par la suite, il conseillera le rapprochement du régime des fonctionnaires sur celui du privé, mais restera opposé à l'augmentation de l'âge de la retraite au-delà de 60 ans « pour des raisons tactiques »[28]. Selon lui, la réforme des retraites en France en 2010 permet de « gagner un répit de dix ans sur le plan comptable » sans résoudre le fond du problème : « Le problème des retraites reste devant nous. »[29]

Plan national de renseignement

Avec son conseiller à la sécurité Rémy Pautrat, auparavant directeur de la DST, il lance le Comité interministériel du renseignement (CIR)[30] et un Plan national de renseignement visant à ce que Matignon prenne une part active dans l'orientation générale de la recherche des services en France plutôt que la laisser à la seule initiative de ces derniers.

Michel Rocard et l'immigration

Dans un article du Monde, en 1996, puis au 70e anniversaire de la Cimade, en 2009, Michel Rocard se plaignit de ce que les médias et les politiques tronquaient, en la citant sous la forme « La France ne peut accueillir toute la misère du monde », une phrase de lui dont la teneur exacte était, selon lui : « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part. »

Selon Michel Rocard, on faisait ainsi passer pour hostile à l'immigration une phrase qui lui était en réalité favorable.

D'après un article de Thomas Deltombe[31],[32], Michel Rocard a bel et bien prononcé la version courte de la phrase, au moins à deux reprises : le 3 décembre 1989, à l'émission 7 sur 7[33], et le 7 janvier 1990, devant des élus socialistes originaires du Maghreb. Dans les deux cas, il s'agit de justifier une politique anti-immigrationniste. (« La France n'est plus, ne peut plus être, une terre d'immigration », dit Michel Rocard dans l'allocution du 7 janvier 1990.) Ce n'est que le 4 juillet 1993, à une nouvelle émission de 7 sur 7, que Michel Rocard, qui cherche à se distancier de la droite revenue au pouvoir et à qui l'animatrice rappelle sa phrase célèbre, donne à sa position une forme moins absolue. Dans cette nouvelle version, il ne dit d'ailleurs pas que la France doive prendre une part de la misère du monde, mais seulement traiter le mieux possible la part qu'elle en a déjà  : « laissez-moi lui ajouter son complément, à cette phrase : je maintiens que la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde. La part qu’elle en a, elle prend la responsabilité de la traiter le mieux possible. Mais à partir de là, ce n’est pas non plus une raison pour que la France se charge de toutes les xénophobies du monde. »

Si on visualise l'émission de 1989, on voit que Michel Rocard prononce bien une version courte de la phrase, mais précise cependant que, conformément à ses engagements internationaux (la Convention de Genève), la France doit rester une terre d'asile politique : « Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde [...] la France doit rester ce qu'elle est, une terre d'asile politique [...] mais pas plus [...][34],[32]. »

Premier secrétaire du Parti socialiste

Le , François Mitterrand, avec qui sa mésentente est alors de notoriété publique, lui demande de démissionner de sa fonction de Premier ministre[35] et le remplace à ce poste par Édith Cresson.

En février 1993, alors que le Parti socialiste est promis par les sondages à une déroute électorale aux élections législatives de mars, Michel Rocard plaide pour une rénovation du PS, en affirmant que la gauche française a besoin d'un « big bang » : l'expression attire l'attention des médias, qui voient là l'émergence d'une possible alternance de gauche au mitterrandisme[36]. Lors du scrutin législatif, au cours duquel les socialistes sont lourdement défaits, Michel Rocard est lui-même battu dans sa circonscription des Yvelines par Pierre Cardo, maire UDF de Chanteloup-les-Vignes ; malgré cet échec personnel, il devient en octobre de la même année premier secrétaire du PS — le premier à être élu par les délégués au congrès national. Il remanie profondément les institutions dirigeantes du parti, donnant notamment son autonomie au MJS. Il choisit d'être tête de liste aux élections européennes de , lors desquelles il doit subir la concurrence de la liste radicale de Bernard Tapie, soutenue discrètement par François Mitterrand. À la suite du mauvais score de sa liste (14,5 %), une coalition Emmanuelli-Fabius le met en minorité au conseil national du PS et il doit démissionner de son poste de premier secrétaire le , remplacé par Henri Emmanuelli qui convoque dans l'urgence un congrès à Liévin.

Revenant sur cet épisode, il déclare qu'avoir accepté le poste de premier secrétaire est « la faute de [sa] carrière[37] ». Michel Rocard doit alors abandonner l'idée d'une deuxième candidature présidentielle que les médias lui prêtent depuis 1981. Il est élu sénateur des Yvelines le 24 septembre 1995.

Implication dans l'Union européenne

Il démissionne de son mandat de sénateur en 1997, car le Premier ministre Lionel Jospin lui a demandé de choisir entre le Sénat et le Parlement européen, où il siège depuis 1994, et où il s'illustre par son opposition aux brevets logiciels dans l'Union européenne. Il occupe plusieurs fonctions au Parlement européen en présidant les commissions de la coopération et du développement (1997-1999), puis de l'emploi et des affaires sociales (1999-2002) et enfin de la culture (2002-2004)[38].

En 2005, il conduit la délégation d’observateurs européens pour assurer le bon déroulement de l'élection présidentielle en Palestine.

Au lendemain de la victoire du « non » au référendum européen du 29 mai 2005, alors que le Parti socialiste est en crise, Michel Rocard marque, à travers plusieurs entretiens, son opposition à Laurent Fabius et aux courants les plus à gauche du PS, en fustigeant notamment le « Nouveau Parti socialiste » d'Arnaud Montebourg. Il s'en prend également à l'association altermondialiste ATTAC (« monument de bêtise économique et politique », selon l’ancien Premier ministre). Il marque cependant sa curiosité pour le courant « Utopia »[réf. nécessaire].

Michel Rocard est un fervent défenseur de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Il a d'ailleurs écrit un plaidoyer concernant ce sujet[39] : selon lui, « la Turquie est un enjeu stratégique » et « une vraie chance pour l'Europe ». Il met en avant les arguments liés à l'accès aux routes énergétiques, une plate-forme de paix dans le Caucase, les Balkans et le Proche-Orient, une économie de marché en plein essor et une nation démocratique et laïque : « La Turquie représente une démocratie chrétienne à la mode musulmane à la fois économiquement libérale et conservatrice sur le plan des mœurs[40] ».

Dans un livre en forme de dialogue avec l'ancien commissaire européen Frits Bolkestein publié en 2006[41], Michel Rocard va jusqu'à estimer que « viendra un jour où on débaptisera l'Union européenne, parce que, comme Français, je suis obligé de vous dire que quand l'Algérie sera là, nous serons plus tranquilles »[42].

Toujours engagé dans la construction européenne, il publie, en , Notre Europe, avec Nicole Gnesotto.

Affiliations

Michel Rocard fut membre de l'International Advisory Board du conseil des relations étrangères de 1999 à 2004, et administrateur du think tank (laboratoire d'idées) « Les Amis de l'Europe ». Il est, avec Dominique Strauss-Kahn et Pierre Moscovici, cofondateur de l'association À gauche, en Europe. Il préside le conseil d'orientation scientifique de la fondation Terra Nova depuis sa création, en 2008.

Michel Rocard compte également parmi les membres fondateurs du Collegium international éthique, politique et scientifique, association qui réfléchit aux transformations urgentes qu'imposent les désordres actuels dans le monde.

Michel Rocard est membre du Comité de soutien de l’Association Primo Levi (Soins et soutien aux personnes victimes de la torture et de la violence politique)[43].

Il est membre du Comité d’honneur de l'ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité)[44].

Fin de carrière

Michel Rocard, en 2008.

Un mois avant le premier tour de l'élection présidentielle de 2007, il tente en vain de convaincre Ségolène Royal de se désister en sa faveur, pensant pouvoir éviter la défaite de la gauche[45]. Il reçoit de la candidate une mission numérique chargée d'établir un rapport-programme[46], qui sera publié sous le titre République 2.0 - Vers une société de la connaissance ouverte, et se prononce dans Le Monde le , neuf jours avant le premier tour, pour un accord Royal-Bayrou[47], suivi par Bernard Kouchner le lendemain[48].

Le , en voyage en Inde, il est victime d'une hémorragie cérébrale et transféré au sein du service de neurochirurgie de l'hôpital de Calcutta dont il sort le 10 juillet pour être rapatrié en France[49].

Membre, en , de la « commission Pochard », sur la condition enseignante et le statut des enseignants, voulue par Nicolas Sarkozy et lancée par le ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos, il en démissionne le , suite au titre d'une interview au Figaro qu'il juge « mensonger »[50].

Soutien de Bertrand Delanoë au congrès de Reims[51], il menace de quitter le Parti socialiste en cas de victoire de Ségolène Royal[52], qui perd contre Martine Aubry.

Il démissionne du Parlement européen à la fin du mois de , mettant fin à sa carrière d'élu politique après quinze années au Parlement européen et quarante ans après son premier mandat d'élu[53]. Le lendemain de cette annonce, il est salué par une ovation des députés du Parlement européen[54].

Le , Nicolas Sarkozy le nomme ambassadeur de France chargé de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique[55].

En , il préside à la demande du gouvernement français une conférence d'experts sur l'institution d'une Contribution climat énergie[56] et remet son rapport le [57] dans lequel il préconise une taxe carbone de 32 euros par tonne de CO2[58].

Avec Alain Juppé, il copréside la commission chargée de réfléchir à la mise en œuvre d'un grand emprunt national, installée le 26 août 2009 par Nicolas Sarkozy. Avec l'ancien Premier ministre chiraquien, il prend position le pour un désarmement nucléaire mondial[59].

Sa seconde épouse, Michèle Legendre-Rocard, décède le 16 janvier 2010 à l'âge de 69 ans[60].

Parmi une quarantaine d'invités, il signe un texte inédit dans lequel il relate l'expérience de sa mission en Antarctique pour le livre-disque du groupe de rock français Weepers Circus, intitulé N'importe où, hors du monde, paru le 10 octobre 2011[61].

Le , il est victime d'un « malaise » alors qu'il participe à un congrès à Stockholm[62] et est hospitalisé à l'hôpital universitaire Karolinska. Il quitte la Suède le [63].

Il participe à la création en mars 2012 du Collectif Roosevelt 2012 avec l'aide de Stéphane Hessel, Edgar Morin et de nombreux intellectuels et personnalités publiques de la société civile et politique. Ce collectif présente quinze propositions pour éviter un effondrement économique, élaborer une nouvelle société, lutter contre le chômage endémique et créer une Europe démocratique[64].

En mai 2012, Michel Rocard effectue une visite privée de trois jours en Iran[65]. Il a été reçu par le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, et le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, Saïd Jalili, principal négociateur iranien sur la question nucléaire[66].

En juin 2012, il propose de supprimer la dissuasion nucléaire française pour permettre au gouvernement Jean-Marc Ayrault de réduire le déficit budgétaire de la France[67].

En janvier 2013, il publie avec l'économiste Pierre Larrouturou un essai alarmiste sur la crise, prédisant la fin de la croissance[68].

Le 7 février 2013, Michel Rocard explique son opinion sur le projet de loi de mariage homosexuel. Il considère que « le PACS était une idée admirable » : « Ça aurait pu suffire. » S’estimant « pas du tout expert […] sur le problème juridique lié à la situation des enfants », il n’en porte pas moins un jugement hostile sur l’adoption : « Tout ça, dit-il, me paraît dangereux. Pour l’adoption, il me semble que ce n’est pas souhaitable, donc je ne suis pas pour. »[69].

Détail des mandats et fonctions politiques

Fonctions gouvernementales
Mandats parlementaires
Mandats locaux
Fonctions au Parti socialiste unifié (PSU)
  • Du 25 juin 1967 au 26 novembre 1973 : secrétaire national
Fonctions au Parti socialiste (PS)
  • Du 3 avril 1993 au 24 octobre 1993 : président de la direction provisoire
  • Du 24 octobre 1993 au 19 juin 1994 : premier secrétaire
  • De 1994 à 1997 : membre du bureau national
  • Invité permanent du bureau national

Distinctions honorifiques

  • Grand-officier de l'ordre de la Légion d'honneur, depuis le décret du 21 novembre 2008[70], « la dignité de grand officier appartient de plein droit aux anciens Premiers ministres qui ont exercé leurs fonctions durant deux années au moins ».
  • Grand-croix de l'ordre national du Mérite en 1988 en tant que Premier ministre.
  • Commandeur du Mérite agricole
  • Officier de l’ordre national du Québec en 2000 pour avoir « contribué de façon remarquable au développement du rôle international du Québec et au maintien des liens privilégiés entre les deux gouvernements »[71].
  • Compagnon de l'ordre d'Australie
  • Commandeur de l'ordre de l'Honneur de Grèce
  • Doctorat honorifique de l'Université Laval (Québec, Canada), décerné le 9 juin 2013

Sources

Bibliographie

Publications de Michel Rocard

Publications sur Michel Rocard

  • Kathleen Evin, Michel Rocard ou l’Art du possible, Paris, Jean-Claude Simoën, 1979, 24 cm, 243 p.
  • Daniel Bensaïd, L'Anti-Rocard ou les haillons de l'utopie, La Brèche, 1980, 188 p. (ISBN 978-2-902524-15-0).
  • Hervé Hamon et Patrick Rotman, L’Effet Rocard, Paris, Stock, 1980, 22 cm, 363 p. (ISBN 978-2-234-01245-5).
  • Sylvie Santini, Michel Rocard : un certain regret, Paris, Stock, 2004, 14 x 22 cm, 247 p. + 8 pages de planches illustrées (ISBN 978-2-234-05558-2).
  • Jean-Louis Andreani, Le Mystère Rocard, Paris, Robert Laffont, 1993, 239 mm x 153 mm, 732 p. (ISBN 978-2-221-07037-6).
  • Robert Chapuis, Si Rocard avait su... témoignage sur la deuxième gauche, Paris, Édition de L'Harmatten, collection « Des poings et des roses », 2007.
  • Pierre-Emmanuel Guigo, Le Chantre de l'opinion. La communication de Michel Rocard de 1974 à 1981, Paris, INA éditions, 2013, 260 p. (ISBN 978-2-86938-209-1).

Généalogie

Notes et références

  1. a et b Interiew de Michel Rocard par Jean-Michel Djian, émission À voix nue sur France Culture, 17 juin 2013.
  2. L'internaute..
  3. Libération: Loïc Rocard, ingénieur en chef de Manuel Valls.
  4. Jean-Louis Baucarnot, Le tout politique, Éditions L'Archipel, 2011, p. 217, (ISBN 9782809805666).
  5. Francis Bertin, Secret, initiations et sociétés modernes, L'Âge d'homme, (lire en ligne), p. 87.
  6. a et b Interiew de Michel Rocard par Jean-Michel Djian, émission À voix nue sur France Culture, 17 juin 2013.
  7. Michel Rocard, Le Cœur à l'ouvrage, Odile Jacob, , p. 16.
  8. Michel Rocard, Judith Waintraub, Michel Rocard, Flammarion, , p. 11.
  9. Le Cœur à l'ouvrage, op. cité, p. 17.
  10. Le Cœur à l'ouvrage, op. cité, p. 21.
  11. Michel Rocard fait partie de la promotion 18 Juin sortie en 1958.
  12. a et b Jean Garrigues, La France de la Ve République : 1958-2008, Armand Colin, , 648 p..
  13. Michel Rocard, Le Drame algérien, rapport présenté par Henri Frenay, mais rédigé par Rocard, au nom de la VIe section de la fédération de la Seine au printemps 1957 en vue du congrès de la SFIO, in Rapport sur les camps de regroupement et autres textes sur la guerre d'Algérie, op. cit. Pour afficher « p. 42-43 », veuillez utiliser le modèle {{p.|42-43}}.
  14. Stéphane Hessel, Citoyen sans frontières, Fayard, 2008, p. 222.
  15. Sylvie Santini, Michel Rocard, un certain regard, Stock, 2005. p 88-89.
  16. Jean-Louis Andreani, Le Mystère Rocard, Robert Laffont, 1993, p. 119.
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