Ramsès II

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Ramsès II
Image illustrative de l’article Ramsès II
Statue de Ramsès II assis, coiffé du khépresh. La reine Néfertari à sa droite, un fils à sa gauche. Diorite, H. 194 cm.
Musée égyptologique de Turin[1].
Naissance v. 1304/01 avant l'ère commune[2]
Décès v. 1213 AEC (à 88/91 ans)[2]
Période Nouvel Empire
Dynastie XIXe dynastie
Fonction Pharaon d'Égypte
Prédécesseur Séthi Ier
Dates de fonction v. 1279 à 1213 AEC (66 ans et deux mois)[2],[note 1]
Successeur Mérenptah
Famille
Grand-père paternel Ramsès Ier
Grand-mère paternelle Satrê
Grand-père maternel Raïa
Grand-mère maternelle (...)ouia
Père Séthi Ier
Mère Mouttouya
Conjoint Néfertari
(Grande épouse royale)
Enfant(s) Amonherkhépeshef (Amonherouenemef)
Parêherouenemef (Rêherounemef)
Méryrê
Mériatoum (ou Méry-Atoum)
Mérytamon
Hénouttaouy
Deuxième conjoint Iset-Nofret Ire
(Grande épouse royale)
Enfants avec le 2e conjoint Ramessou
Khâemouaset
Mérenptah
Bentanat (ou Bint-Anath)
Troisième conjoint Néfertari (reine secondaire)
Enfants avec le 3e conjoint Séthi
Quatrième conjoint Bentanat Ire
(Grande épouse royale)
Enfants avec le 4e conjoint Bentanat II ?
Cinquième conjoint Mérytamon
(Grande épouse royale)
Sixième conjoint Nebettaouy
(Grande épouse royale)
Septième conjoint Hénouttaouy
(Grande épouse royale)
Huitième conjoint Hénoutmirê
(Grande épouse royale)
Neuvième conjoint Maâthornéferourê
Enfants avec le 9e conjoint Néférourê[3]
Dixième conjoint nombreuses épouses secondaires et diplomatiques, et concubines
Enfants avec le 10e conjoint près de quatre-vingt dix enfants supplémentaires (voir Enfants de Ramsès II), dont Takhat Ire (probable épouse de Mérenptah)
Fratrie Tia
Sépulture
Type Tombeau
Emplacement Vallée des Rois, tombe KV7
(Momie transférée dans KV17 puis dans la tombe de la reine Inhapy à Deir el-Bahari (TT 320), découverte en 1881)
Date de découverte 1737
Découvreur Richard Pococke
Fouilles 1737/1738 : Richard Pococke
1825 : James Burton
1844/1845 : Karl Richard Lepsius
1913/1914 : Harry Burton
1938 : Charles Maystre
1993/2002 : Christian Leblanc
Objets Sculptures, Vaisselle

Ramsès II[note 2], né aux alentours de 1304 / 1301 avant l'ère commune[2] et mort à Pi-Ramsès vers 1213 avant l'ère commune[2],[note 3], est le troisième pharaon de la XIXe dynastie égyptienne, au Nouvel Empire. Il est aussi appelé Ramsès le Grand ou encore Ozymandias. Manéthon l'appelle Ramsès (ou Ramesses Miamoun, Rampses).

Son règne de soixante-six ans et d'un peu plus de deux mois[2], une durée exceptionnelle pour l'époque, couvre à lui seul près de 60 % du nombre d'années total de la XIXe dynastie. En plus des nombreux monuments qu'il fait bâtir à travers tout le pays (d'où son surnom de « pharaon bâtisseur »), il fait sculpter de très nombreuses statues à son image et fait graver son nom sur presque tous les temples, à côté de ceux d'autres pharaons, comme s'il les avait fait construire lui-même[4]. Cette quantité extraordinaire d'objets d'art et d'éléments architecturaux à son nom explique que l'on retrouve sa trace dans presque tous les musées du monde ayant un département d'antiquités égyptiennes.

À l'instar d'autres personnages historiques dont la gloire a traversé les siècles, il est réputé pour être un grand guerrier et conquérant, ce qui lui vaut en grande partie l'épithète de grand dans les ouvrages historiques traitant de l'Antiquité égyptienne. Il lutte contre les Hittites et assure la domination de l'Égypte sur la Nubie et ses gisements aurifères. Il y construit une série de temples dont les plus célèbres sont ceux d'Abou Simbel. Après la bataille de Qadesh, en l'an 4 de son règne, contre l'armée de l'empereur des Hittites, Muwatalli II, la frontière se stabilise sur l'Oronte.

Son action dans le royaume de Koush, et surtout dans le couloir syro-canaanéen, a dû marquer les esprits de l'époque, car l'on racontait encore sous les Ptolémées la légende de l'extraordinaire voyage de « la princesse de Bakhtan » venue s'offrir en mariage au grand roi d'Égypte : sans doute un écho lointain du fameux mariage de Ramsès II avec la fille de Hattusili III, successeur de Muwatalli II sur le trône du Hatti.

Ramsès II est souvent considéré comme le pharaon opposé à Moïse du Livre de l'Exode, du moins pour ceux qui considèrent les événements de ce récit comme historiques, bien qu'il n'existe aucune preuve pouvant l'attester et que son nom ne figure nulle part dans la Torah.

Généalogie[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

Ramsès II est originaire d'une famille de militaires de la région d'Avaris. En effet, son arrière-grand-père Séthi, son grand-père paternel Pa-Râmessou, son père Séthi et son grand-père maternel Raïa étaient tous des militaires, de même qu'il est probable que sa grand-mère paternelle Satrê proviennent elle-aussi d'une famille de militaires[5],[6]. Toutefois, à la mort d'Horemheb, lui aussi militaire avant de devenir pharaon, c'est Pa-Râmessou qui lui succède et devient le pharaon Ramsès Ier pour au maximum deux ans. C'est ensuite le père de Ramsès II, Séthi Ier, qui devient roi pour une dizaine d'année. La stèle de l'an 400 évoque les ancêtres de Ramsès II[7] tandis que ses grands-parents maternels, Raïa et [...]ouia[note 4], sont évoqués sur un bloc trouvé à Médinet Habou mais provenant probablement de la partie du Ramesséum dédiée à la mère de Ramsès II, Mouttouya[8].

Fratrie[modifier | modifier le code]

Ramsès II, né sous le règne d'Horemheb, est donc le fils cadet du roi Séthi Ier et de la reine Mouttouya (ou Touy, ou Touya). Il a en effet une sœur nommée Tia, « Chanteuse d'Hathor », « Chanteuse de Rê d'Héliopolis » et « Chanteuse d'Amon-grand-dans-sa-gloire ». Cette Tia est par ailleurs mariée à un homme nommé lui aussi Tia, « Gardien du Trésor » et « Gardien du château d'Amon »[9]. Ils devaient être par ailleurs déjà mariés et parents lorsque Séthi Ier monta sur le trône[10].

Certains chercheurs ont supposé que Séthi Ier et Mouttouya avait eu un autre fils, plus âgé que Ramsès II, nommé Nébenkhâsetnébet ou Amenméfernébef, sur la base d'une scène sur la paroi extérieure du mur nord de la grande salle hypostyle du temple d'Amon à Karnak dont l'un des personnages a été remplacé par Ramsès II. Il s'est avéré qu'aucun fils aîné n'avait été figuré à l'origine mais qu'il s'agissait du commandant des troupes et flabellifère Méhy[10]. Enfin, Hénoutmirê, fille royale et grande épouse royale de Ramsès II en l'an 54, soit bien après la mort de ses deux principales grandes épouses royales, Néfertari et Iset-Nofret Ire, a été considérée par certains comme la fille de Séthi Ier et l'épouse de son frère. Elle est en fait la fille de Ramsès II et a donc épousé son père comme d'autres filles de ce dernier[11].

Épouses et descendance[modifier | modifier le code]

Ramsès II, au cours de son très long règne, a eu plusieurs grandes épouses royales, épouses secondaires, épouses diplomatiques et concubines qui lui ont donné plus d'une centaine d'enfants (plus de cinquante-quatre filles[12] et au moins quarante-sept fils[13]). Ses deux grandes épouses royales du début du règne sont :

Certains chercheurs ont fait du neuvième fils Séthi et des deuxième, troisième et cinquième filles Baketmout, Néfertari II et Nebettaouy les enfants de Néfertari, mais rien n'indique qu'ils soient les enfants de cette reine car ils ne sont jamais représentés dans la liste des enfants du couple à Abou Simbel[15], particulièrement concernant Séthi dont la mère s'appelait bien Néfertari mais qui devait être une épouse secondaire du roi[18]. De part l'homonymie, il est possible que Néfertari II soit la fille de cette épouse secondaire, mais cela n'est pas certain.

De même, la sixième fille de Ramsès II, Iset-Nofret, a parfois été considérée comme la fille de la reine Iset-Nofret Ire, mais rien ne vient confirmer une telle hypothèse si ce n'est l'homonymie de ces deux femmes[19]. De plus, elle a parfois été considérée comme identique à la grande épouse royale de Mérenptah, Iset-Nofret II, mais cette hypothèse est très fragile car aucun document mentionnant cette reine ne lui donne le titre de « fille du roi », titre pourtant très important[20].

Ramsès II épouse également cinq de ses filles qui sont alors titrées grandes épouses royales, mais il n'a eu aucun enfant avec elles[21] :

  • Bentanat (ou Bint-Anath), la fille aînée du roi (certains ont donné à Bentanat une fille qu'elle aurait eu avec son propre père, fille qui serait également nommée Bentanat II, mais rien ne vient confirmer non seulement qu'elle se nomme Bentanat et qu'il s'agit de sa fille[22]),
  • Mérytamon (appelée aussi la reine blanche), la quatrième fille du roi,
  • Nebettaouy, la cinquième fille du roi,
  • Hénouttaouy, la septième fille du roi,
  • Hénoutmirê, une fille un peu plus tardive.

Ramsès II a également eu quatre épouses diplomatiques, dont les deux premières, épousées avant l'an 34, sont des princesses de Babylone et de Zoulabi en Syrie ; le sort de ces épouses n'était toutefois pas enviable selon une lettre de la reine hittite Puduhepa, épouse de l'empereur hittite Hattusili III, et leurs noms sont même inconnus[23]. Il n'en va pas de même avec la princesse hittite Maâthornéferourê, fille de Hattusili III et épousée en l'an 34 du règne[23]. Ramsès II aurait peut-être eu avec cette reine une fille nommée Néférourê[3]. À une date indéterminée, Ramsès II épousa une seconde princesse hittite mais dont le nom n'a pas été conservé[24]. Ce dernier mariage est commémoré par deux stèles, trouvées l'une à Coptos et l'autre à Abydos.

Prince égyptien[modifier | modifier le code]

Ramsès II est né sous le règne du roi Horemheb, donc avant que sa famille n'accède à la royauté. Son grand-père Ramsès Ier est devenu roi lorsqu'il avait une dizaine d'années[25]. Ramsès II est par ailleurs mentionné ou, plus souvent, représenté à plusieurs reprises avec la mèche de l'enfance pendant le règne de son père Séthi Ier :

  • sur une stèle datée de l'an 9 de Séthi Ier (soit probablement la dernière année de règne de ce roi) et décrivant la commande par le roi d'obélisques et de colossales statues en granite, il est indiqué que le travail s'est déroulé sous la supervision du prince Ramsès ; il est d'ailleurs très probable que ces obélisques et statues soient ceux au nom de Ramsès II installés à l'avant du temple de Louxor au tout début de son règne ; l'un de ces obélisques est celui aujourd'hui installé place de la Concorde à Paris[26],[27] ;
  • sur l'îlot Hassawanarti jouxtant l'île Éléphantine, sous une représentation de son père offrant à Khnoum, Ramsès II est représenté sur un graffito en flabellifère et la légende indique « le flabellifère à la droite du roi, le grand responsable de la troupe dans tous les monuments, le scribe royal véritable, son aimé, le prince héritier et fils royal Ramsès » ; Séthi Ier a fait rénover et construire dans les sancturaires d'Éléphantine, ce graffito renvoit probablement à certaines responsabilités que devait avoir le prince pendant ces travaux[28],[29] ;
  • dans le temple de Séthi Ier à Abydos, dans le « couloir des rois » (où se trouve la table d'Abydos répertoriant soixante-douze rois ayant régné jusqu'à Séthi Ier), Ramsès est représenté avec son père Séthi quatre fois (deux fois sur chaque mur) ; l'une de ces figurations montre le prince avec une peau de panthère, accompagné de ses cartouches, signifiant que ce relief a été achevé ou modifié après que Ramsès II soit monté sur le trône[25],[30] ;
  • sur la paroi extérieure du mur nord de la grande salle hypostyle du temple d'Amon à Karnak, le roi a faits modifier des représentations des campagnes du début du règne, l'une au Proche-Orient, la seconde contre les Tjéhénou (c'est à dire les Libyens), pour y faire apparaître son fils à la place d'autres personnages, dont l'un a parfois été pris comme un frère aîné de Ramsès, hypothèse aujourd'hui abandonné, le personnage précédemment représenté étant le commandant des archers et flabellifère Méhy[31] ;
  • une stèle privée découverte à Saqqarah montre les figures des scribes Tia (gendre de Séthi Ier) et son père supposé Amonouahsou honorant tous deux la figure divinisée de Séthi Ier, avec derrière ce dernier, le prince Ramsès figuré en flabellifère et accompagné de la légende « le fils royal de son ventre, son aimé, Ramsès »[25],[30] ;
  • une autre stèle privée, provenant d'Abydos cette fois-ci, a été commanditée par Mâya, « scribe des offrandes divines d'Osiris, d'Horus, d'Isis et de tous les dieux du temple de Menmaâtrê » ; sur le cintre de la stèle sont représentés, en plus des divinités locales, Séthi Ier et Ramsès, ce dernier représenté en flebellifère et accompagné de la légende « le premier fils royal de son ventre Ramsès »[25],[30].

Il semble que le prince Ramsès, s'il était peut-être trop jeune pour intervenir lors des actions militaires au Proche-Orient ou en Libye au tout début du règne de son père Séthi Ier, comme semble le montrer la modification des scènes militaires de Karnak, il a toutefois participé à l'expédition à Assouan pour récupérer du granit, expédition ayant eu lieu à la toute fin du règne de Séthi, le fruit du travail réalisé ayant par ailleurs été récupéré par Ramsès II au tout début de son règne[32].

Règne[modifier | modifier le code]

Ramsès II couronné par les dieux Seth et Horus - Abou Simbel

Durée de règne[modifier | modifier le code]

Ramsès II est monté sur le trône le 27e jour du IIIe mois de la saison Chémou, au lendemain de la mort de son père[33],[34],[35]. Aucun document n'atteste formellement que Ramsès II soit monté sur le trône ce jour-là, toutefois, plusieurs documents originaires de Deir el-Médineh mis ensemble permettent de le déduire :

  • près de huit documents, dont les dates vont de l'an 40 de Ramsès II à l'an 2 de Ramsès VI, font de ce 27e jour du IIIe mois de la saison Chémou un jour férié sans donner de justification particulière[34] ;
  • le Journal de la Nécropole indique qu'en l'an 3 de Ramsès X, un jour de congé est accordé ce jour-là en raison de « l'appartion du roi Ousermaâtrê [...] » : un roi est donc monté sur le trône ce jour-là, mais, lors du règne de Ramsès X, plusieurs rois avaient déjà porté ce nom d'Ousermaâtrê[34] ;
  • le Journal de la Nécropole (ostracon 25533) indique également, en l'an 3 du règne de Ramsès IV, que ce jour-là est férié en raison de « [...] Ousermaâtrê-Sétepenrê » : ce nom Ousermaâtrê-Sétepenrê ne peut correspondre qu'au roi Ramsès II[34].

Si un document originaire de Kôm Médinet Ghourob mentionne successivement les dates de 18e jour du Ier mois de la saison Akhet de l'an 67 et le 19e jour du IIe mois de la saison Akhet de l'an I, permettant de s'assurer de la mort du roi entre ces deux dates, une analyse des documents datés du règne de Mérenptah a permis de réduire la plage de l'avènement de ce dernier du 5e au 13e jour du IIe mois de la saison Akhet, signifiant que Ramsès II est décédé entre le 4e et le 12e jour[2].

Ces éléments permettent de conclure que le roi a régné soixante-six ans et quatre-vingt-un jours, ce qui est proche par ailleurs aux soixante-six ans et deux mois donnés par Manéthon[2].

Avènement du roi[modifier | modifier le code]

Ramsès succède à son père Séthi Ier apparemment sans problème particulier. Il pourrait avoir été associé au trône (régent ou corégent) vers l'âge de quatorze ans à la fin du règne de ce dernier, selon l'interprétation que l'on fait de l'inscription dédicatoire d'Abydos[36] mais ceci est réfuté par la plupart des chercheurs[37],[30].

Lorsqu'il monte sur le trône, il hérite d'une situation intérieure et internationale bien plus favorable qu'aux débuts de la XIXe dynastie. Les actions de son grand-père Ramsès Ier et de son père Séthi Ier, tous deux brillants généraux et chefs d'armée, ont eu pour résultats de restaurer la puissance de l'Égypte et d'éloigner durablement toute menace sur le double pays.

Cependant cette politique de conquêtes et d'expansion se heurte depuis plusieurs décennies à un adversaire de taille, l'empire Hittite, qui contrôle un vaste territoire depuis l'Anatolie jusqu'à l'Euphrate, assurant une domination sur des cités-États de Syrie et du Liban.

Ces riches cités portuaires et commerciales sont l'objet de toutes les convoitises, et vont se retrouver une fois de plus au milieu d'une guerre entre Égyptiens et Hittites.

La guerre et la paix avec les Hittites[modifier | modifier le code]

Les empires égyptien et hittite à l'époque de Ramsès II

Comme son père Séthi Ier, Ramsès veut protéger les intérêts de l'Égypte à l'Est contre les Hittites d'Asie. Il est confronté à cette menace dès le début de son règne.

Face à cette situation, Ramsès met sur pied une puissante armée et établit son camp de base à Pi-Ramsès, qu'il transforme en capitale de son empire. De nouveaux arsenaux y sont construits, ainsi que de grandes écuries pouvant accueillir les centaines de chevaux nécessaires au fleuron de son armée : les chars de guerre. Les vestiges de ces écuries ont récemment été identifiés à Qantir par une équipe d'égyptologues autrichiens dirigée par Manfred Bietak.

Une fois les questions d'approvisionnement réglées, il lance plusieurs campagnes vigoureuses en Canaan. Il avance jusqu'à la ville de Qadesh, qu'il attaque lors de sa 5e année de règne, mais il n'y remporte qu'une semi-victoire.

La bataille de Qadesh[modifier | modifier le code]

La bague aux chevaux : bague en or au nom de Ramsès II représentant ses deux chevaux qui le menaient à la bataille et le sauvèrent - Musée du Louvre[38].

Quittant l'Égypte par les Chemins d'Horus, une voie jalonnée de forteresses protégeant la frontière orientale du pays, l'armée de Ramsès longe la côte méditerranéenne, fait halte à Gaza, traverse Canaan puis pénètre au Liban, s'assurant au passage l'allégeance de ses vassaux dont Byblos était toujours l'indéfectible allié. Puis Ramsès et ses troupes s'enfoncent dans les terres et prennent la direction de Damas afin de prendre le chemin menant à Qadesh.

De leur côté, Les Hittites ont rassemblé une puissante armée de coalisés et se sont rassemblés dans la plaine de Qadesh. Ils y installant leur camp et attendent l'arrivée de l'ennemi. Ils envoient des éclaireurs, qui sont interceptés par les Égyptiens et ramenés au camp de Ramsès. Ils informent le roi que les troupes de Muwatalli II se trouvent au nord et n'osent pas s'avancer vers Qadesh, par crainte d'une confrontation avec les troupes égyptiennes.

Conforté dans son avance et impatient de reprendre la citadelle autrefois conquise par son père, Ramsès saisit sa chance et ordonne que l'armée se dirige à marche forcée vers la forteresse convoitée.

Convaincu que les assiégés ne pourront tenir longtemps face à sa puissante armée, il prend le risque de se détacher du gros de ses troupes. Le long cortège de soldats, répartis en quatre corps d'armée, s'étire alors sur la route. En tête de ses troupes, Ramsès et la division d'Amon traversent l'Oronte et sont les premiers à arriver sur le site.

La ruse hittite a fonctionné : l'armée de Ramsès offre dangereusement l'occasion que Muwatalli II et ses généraux attendaient pour anéantir les désirs de conquête des égyptiens. Une victoire écrasante, et dans l'idéal la capture du pharaon, déstabiliserait toute la région à leur profit, et la conquête de l'Égypte ainsi affaiblie serait à portée de main.

Les troupes égyptiennes sont coupées en deux par la charge de l'armée hittite, et Ramsès se retrouve seul face au danger. La division de Rê qui franchissait le fleuve est taillée en pièces par les chars hittites. Ceux-ci se retournent vers la division d'Amon et le camp de Ramsès, à peine installés au pied de la citadelle, déjà attaqués de leur côté par les fantassins de Muwatalli III. Le camp égyptien est envahi et les troupes de pharaon battent en retraite. Ramsès et sa garde rapprochée se jettent dans la mêlée et il envoie aux divisions de Ptah et de Seth restées en arrière des appels urgents, leur intimant l'ordre d'entrer dans la bataille.

Grâce à l'intervention conjointe des réservistes, les « Néarins », et de la marche forcée des contingents restés plus en arrière, Ramsès parvient à repousser l'attaque et à chasser les troupes de Muwatalli II au-delà de l'Oronte, causant de lourdes pertes aux Hittites. Cependant, au contraire de son père et de son illustre prédécesseur Thoutmôsis III, Ramsès, dont les troupes sont affaiblies au lendemain de la bataille, ne s'empare pas de la citadelle et Qadesh reste aux mains des Hittites.

Ce haut fait d'armes – dont nous possédons plusieurs versions en égyptien ancien, sur papyrus (le poème de Pentaour), mais surtout sur les grands tableaux historiés qu'il fait sculpter sur les murs des principaux temples du pays (Louxor, Karnak, Ramesséum, Abou Simbel...) – est considéré par le roi comme une grande victoire. Il l'offre à Amon qui l'aurait secouru en plein désarroi et abandon au milieu du péril. Cette épopée de Ramsès II a servi à légitimer son règne, et les premiers égyptologues ne remettent pas en cause sa victoire[39].

Les Hittites se déclarent eux aussi vainqueurs, l'issue de la bataille ayant davantage l'aspect d'un match nul que d'une débandade. Ramsès ne pousse pas plus loin cet avantage, et préfère renforcer ses positions.

La conquête de Moab et d'Edom[modifier | modifier le code]

Soldats égyptiens et fils de Ramsès II lors du siège de Dapour.

À l'issue de la bataille de Qadesh, un statu quo s'installe entre l'empire hittite et l'Égypte, et la diplomatie reprend entre les deux rivaux. Cependant la situation ne semble pas à l'avantage des Hittites qui ne cherchent pas à engager un nouveau conflit direct avec Ramsès.

Les Égyptiens doivent de leur côté faire face à de nouvelles difficultés au sein de leurs possessions en Canaan, où les royaumes d'Édom et de Moab se soulèvent, probablement encouragés par l'affaiblissement momentané de l'Égypte. En effet, la bataille de Qadech a porté un sérieux coup à la puissante armée égyptienne, et en tout cas au crédit du pharaon sur la région.

Il est possible en outre que l'or hittite ait financé les désirs d'autonomie locale des deux royaumes. Ces troubles permettent en tout cas d'éloigner les ambitions de Ramsès des terres hittites[40].

La réaction de Ramsès à l'encontre des insurgés est aussi rapide que décisive. La 7e année de son règne, il confie une partie de son armée à son fils aîné, Amonherkhépeshef, qui traverse le Néguev et contourne la mer Morte par le sud, pour se diriger droit sur Édom et remonter sur Moab. Il met le siège devant la cité de Rabath Batora qu'il conquiert et où il installe son camp de base.

De son côté, Ramsès qui a quitté la capitale de Pi-Ramsès avec l'autre partie de son armée au même moment que son fils, longe la côte en s'assurant du contrôle de Gaza et d'Ashkelon. Puis, bifurquant vers Jérusalem, il marche sur Jéricho et, contournant la mer Morte par le nord, pénètre en Moab. Il dépasse le mont Nébo, conquiert la cité de Dibon et fait sa jonction avec l'armée de son fils restée à Rabath Batora.

Grâce à cette prise en tenaille, la conquête est rapide et le pharaon soumet les princes locaux qui lui font allégeance. Ramsès laisse des garnisons dans les cités prises, chargées d'organiser le contrôle de la région et de surveiller les mouvements des nombreuses populations nomades qui circulent alors. Parmi celles-ci on compte les bédouins Shasou, vassaux des Hittites, et les Apirou qui opèrent de fréquentes incursions dans les territoires contrôlés par l'Égypte.

Une fois assuré de ses arrières et de son ravitaillement, Ramsès peut alors reprendre la route de la Syrie pour reprendre les territoires perdus et abandonnés aux Hittites lors de la bataille de Qadesh. Pharaon, son fils et leur armée rassemblée remontent vers le mont Nébo et prennent Heshbon en Ammon. Enfin ils marchent sur Damas, l'antique Temesq, où le roi fonde une nouvelle cité à son nom : Pi-Ramsès de la vallée des Cèdres[41].

Une fois le contrôle assuré de l'ensemble de cette partie de la Jordanie et de la Syrie actuelles, les troupes égyptiennes se dirigent à nouveau vers l'Oronte et atteignent la ville de Koumidi, qui subit un siège et est également prise.

Grâce à cette tactique de sièges successifs et de mise sous tutelle des terres conquises, Ramsès a repris le contrôle de la situation, au plus proche de ses frontières ainsi que sur toute la zone d'influence égyptienne en Orient. Il s'accorde ainsi un répit qui lui permet de se tourner à nouveau contre les Hittites.

Le siège de Dapour[modifier | modifier le code]

Siège et prise de la citadelle de Dapour par Ramsès II et son armée

À peine trois ans après le conflit qui faillit causer leurs pertes respectives, l'Égypte et le Hatti reprennent les hostilités. Cette fois encore, Ramsès cherche à pousser son avantage et à conquérir du terrain.

L'armée égyptienne reprend la route de la Syrie, contourne Qadesh par l'ouest et met le siège devant Dapour, une autre forteresse contrôlée par les Hittites.

Il semble que Muwatalli II n'ait pas eu la capacité de contrer cette avancée sur son territoire, même si de nombreuses troupes avaient été mises en garnison dans et autour de la citadelle. La bataille s'engage dans la plaine, devant la cité, et les chars hittites font face aux chars égyptiens.

Les Hittites, rapidement débordés, se réfugient dans la forteresse, qui est aussitôt attaquée par les fantassins égyptiens, parmi lesquels on compte plusieurs fils du roi qui mènent le siège.

Des représentations de cette nouvelle bataille ont été gravées en relief sur les murs des temples de Ramsès en Égypte, dont celui de Louxor et celui du Ramesséum. Elles présentent en une unité de scène les différentes étapes de la bataille et du siège, depuis le combat dans la plaine jusqu'à la reddition du prince de Dapour, qui tend un encensoir en signe d'armistice[42]. Dapour est conquise et Ramsès y fait ériger une statue à son effigie. Il y installe également une garnison à demeure.

Cette prise de Dapour représente pour Ramsès une revanche sur la semi-défaite de Qadesh. En tenant cette position plus septentrionale, il montre sa capacité à prendre aux Hittites un point stratégique d'importance qui sépare l'Amourrou de leur emprise.

L'année suivante, pour consolider ses positions, il organise une nouvelle campagne. Il fait défiler les troupes égyptiennes dans les principales cités de la région, prenant au passage Acre.

Tyr, Sidon et Byblos renouvellent leur allégeance et l'armée égyptienne faisant halte à Dapour nouvellement conquise, pénètre encore plus avant en territoire hittite, s'emparant de la cité de Tounip[42].

Les Hittites ne peuvent s'en satisfaire : quelques années plus tard ils reprennent la forteresse de Dapour, obligeant Ramsès à conduire une nouvelle campagne dans la région, lors de la 18e année de son règne. La citadelle est à nouveau assiégée et conquise, et cette victoire sera à nouveau illustrée en relief sur les murs des temples égyptiens.

Le traité de paix égypto-hittite[modifier | modifier le code]

Tablette du traité égypto-hittite conservée au musée archéologique d'Istanbul.

Le conflit entre l'Égypte et le Hatti, à défaut d'épuiser les belligérants, ne permet pas de faire émerger une nette victoire de l'un sur l'autre. C'est au contraire une succession de batailles qui permettent tantôt à l'armée hittite, tantôt à l'armée égyptienne de grignoter du terrain. Mais aucune grande bataille n'est engagée, comme si le risque d'une défaite et d'un affaiblissement décisif de l'un ou l'autre des empires l'emportait sur les ambitions d'élargissement des possessions.

De plus, la situation intérieure de l'empire hittite se dégrade avec la mort de Muwatalli II. Sa succession est difficile avec l'usurpation du trône par Mursili III, fils de l'adversaire de Ramsès. De plus, la montée de la puissance assyrienne représente une menace pour le Hatti, qui cherche dès lors à faire alliance avec ses anciens ennemis, à commencer par Babylone.

Il semble que ce soient les Hittites qui aient pris l'initiative de faire à l'Égypte des propositions de paix et d'alliance[43]. Hittites et Égyptiens s'engagent à ne plus se faire la guerre, à s'aider mutuellement en cas de catastrophe ou d'invasion. Il s'agit sans doute du premier traité de paix connu au monde. Le traité définitif ne sera conclu qu’à la 34e année du règne de Ramsès, quand l’empire adversaire aura changé de maître : Hattusili III, frère de Mouwatalli, qui s’empara du trône en expulsant le fils de l’ancien souverain. Une fois les clauses du traité réglées, elles sont inscrites sur de grandes tablettes en argent massif scellées par Hattusili III et remises par l'ambassadeur du Hatti à Ramsès dans sa capitale du delta du Nil. En échange, Pharaon fait parvenir au roi hittite la version égyptienne marquée du sceau de Ramsès.

Chacune des deux tablettes sera déposée aux pieds des principales divinités des deux empires : Teshub pour le Hatti et pour l'Égypte. La version égyptienne de ce traité est reproduite sur les murs de Karnak. La version hittite, retrouvée à Hattousa, la capitale du royaume hittite (dans l'actuelle Anatolie en Turquie), est écrite en akkadien sur une tablette d'argile conservée au musée archéologique d'Istanbul[note 5].

Ces négociations conduisent les deux souverains à s'envoyer un volumineux courrier ainsi que des cadeaux en grand nombre. À ce ballet épistolaire participent non seulement les souverains, mais aussi les reines et les ministres, tel le vizir Paser. C'est alors qu'est évoqué un possible mariage entre Ramsès II et une fille du roi Hattusili III, acte diplomatique venant sceller définitivement la nouvelle alliance des deux anciens ennemis. Cette pratique est courante et Ramsès a déjà épousé une princesse babylonienne.

Cependant, la négociation du mariage est difficile, en raison des garanties exigées par la femme d'Hattousili, Puduhepa, qui a, semble-t-il, une influence déterminante sur son époux. En particulier, elle exige que ses messagers puissent joindre la princesse sans entrave.

Ce problème réglé, des envoyés égyptiens se rendent à Hattousa, la capitale hittite, pour procéder à l'onction de la princesse, acte qui officialise l'union.

La princesse prend alors la route de l'Égypte avec sa dot[note 6]. Elle rencontre Ramsès II à Pi-Ramsès et, semble-t-il, plaît à son mari. Elle est renommée d'un nom égyptien, Maât-Hor-Néférou-Rê. On ignore si elle eut la moindre influence sur la politique de son mari ; cependant Ramsès fait construire pour elle un palais à Pi-Ramsès. Une fille, Néférourê, naît de cette union, fille dont nous perdons rapidement la trace.

Dans une lettre envoyée par Hattousili à Ramsès II, le roi hittite regrette que sa fille n'ait pas conçu un garçon. La princesse termine probablement sa vie dans le harem du roi à Gourob, dans le Fayoum[note 7]. Sa tombe n'a jamais été retrouvée.

Ramsès II épouse une seconde princesse hittite des années plus tard, mais nous ignorons pratiquement tout du contexte qui préside à cette nouvelle union. Ce fait est cependant révélateur de la normalisation pacifique des rapports entre les deux États.

L'exploitation de la Nubie et la construction des temples d'Abou Simbel[modifier | modifier le code]

Ramsès II, Abou Simbel

Originaire d'une famille du delta du Nil, Ramsès II installe son palais et le centre administratif de l'Égypte à Pi-Ramsès. Mais il a aussi besoin de continuer, comme son père, à exploiter les ressources de la Nubie (plus au Sud) : de l'or pour enrichir les temples, mais aussi pour acheter des alliances en Asie (l'empire hittite est menacé par la montée de la jeune Assyrie) ; du bois, dont le cèdre du Liban, mais aussi du cuir, du bétail et surtout des hommes pour l'armée.

Dès les premières années de son règne — d'aucuns pensent à une corégence avec Séthi Ier —, il intervient en pays de Ouaouat et de Koush, réduisant les désirs traditionnels de révolte des tribus soudanaises. L'exploit est relaté dans l'avant-cour du petit temple de Beit el-Ouali qu'il fit édifier en Basse-Nubie non loin d'Assouan.

Des carrières de la région, qu'il réexploite à grande échelle, il tire les grands obélisques et les statues qui ornent ses monuments de Haute et Basse-Égypte, mais ne délaisse pas la ville d'Éléphantine et sa région.

Il organise un véritable programme architectural pour la région immédiatement au sud de la première cataracte, qui est la frontière historique de l'Égypte avec son voisin méridional.

Il ne manque pas de restaurer les forteresses entretenues depuis le Moyen Empire, à Bouhen, Semna et Kouma. Il fonde également une série de sanctuaires, que l'on nomme hémispéos, car en partie creusés dans la roche et en partie construits en maçonnerie, dédiés aux dieux dynastiques et étroitement liés au rôle de l'inondation, notamment :

Ramsès et les dieux[modifier | modifier le code]

Ramsès II représenté en enfant protégé par le dieu Houroun - Statue trouvée à Tanis autrefois à Pi-Ramsès - Musée du Caire

Ramsès II est aussi un grand théologien, reprenant à son compte l'initiative solaire amorcée par Akhenaton, mais en préservant les cultes traditionnels. Voulant lui aussi développer au travers de sa propre personne une religion transfrontalière permettant de rassembler tous les peuples mis sous sa coupe, il favorise au contraire les temples des grands dieux de l'Empire : Amon, , Ptah, Osiris.

En effet, plutôt que d'effacer leur culte comme le fit à son péril Akhenaton, il les affirme dans leur rôle central dans la vie économique et spirituelle du pays, et instaure le sien propre, de son vivant, s'associant ainsi encore davantage que ses ancêtres aux dieux dynastiques et tout particulièrement au dieu . L'exemple des temples de Nubie est parlant à ce sujet.

Partout il reprend l'initiative en redonnant aux temples et aux cultes des dieux un faste inégalé. Les innombrables fondations à son nom l'attestent et ses successeurs n'eurent qu'à parachever l'entreprise de leur prestigieux aïeul.

Enfin, conscient de l'emprise du dieu Amon-Rê de Thèbes et de son clergé sur le pays, emprise qui menaçait quelque peu le pouvoir royal, raison qui sans nul doute participa au choix de « l'hérétique » Akhenaton en son temps, il use de stratégie en favorisant autant que faire se peut les temples de Ptah à Memphis et de à Héliopolis. En retour, il donne des gages de sa bonne foi aux prêtres de Karnak en effaçant le souvenir de celui qui voulut leur perte, ainsi que de sa descendance.

Cette tendance avait déjà été amorcée par son père Séthi qui se fait représenter dans son temple d'Abydos en compagnie de son fils héritier devant une liste de rois représentant leurs ancêtres sur le trône d'Horus, liste de laquelle sont absents les rois d'Amarna, jusqu'à Horemheb, mais aussi Hatchepsout.

C'est de son temps également que les cultes des grandes villes du delta retrouvèrent leur importance, en instituant également de nouveaux, comme ceux des dieux orientaux tels que Baal, qui sera associé par syncrétisme à Seth, ou encore Astarté, Anta, Reshep, etc.

Ces cultes se retrouveront à cette époque dans toute l'Égypte, de Memphis à Thèbes (Deir el-Médineh), prouvant ainsi un brassage des cultures propre à une période de paix assurée.

Le bâtisseur[modifier | modifier le code]

La cour de Ramsès II au temple de Louxor

Ramsès II est un grand bâtisseur, qui fait de Pi-Ramsès la « capitale » à l'est du delta du Nil. Il la dote de temples grandioses, d'un grand palais, d'un port et d'arsenaux, créant ainsi un poste avancé pour préparer ses expéditions dans le levant, et pour diriger son immense empire qui s'étend de la quatrième cataracte, en pays de Kouch, jusqu'aux frontières du Hatti et du Mittani sur l'Oronte.

Il achève ainsi de restaurer la grandeur de l'Égypte des Thoutmôsis, perdue à la suite de l'aventure amarnienne. Grâce à une politique défensive efficace — il construit une série de forts à l'ouest du delta dont on a retrouvé les traces récemment —, il offre une période de paix au pays, favorisant ainsi le développement des arts et des métiers.

Il achève la grande salle hypostyle du temple d'Amon-Rê à Karnak. Il ajoute une grande cour à portique au temple d'Amon-Min à Louxor, ainsi qu'un grand pylône précédé de deux obélisques.

Il construit son temple funéraire, le Ramesséum, en face de Louxor, qui comprend deux pylônes précédant deux cours à portiques et une grande salle hypostyle. Diodore de Sicile nous donne une description fidèle de ce monument, qu'il nomme alors le tombeau d'Ozymandias, une forme hellénisée du nom de couronnement de Ramsès : Ouser-Maât-Rê.

Il fait également édifier un temple cénotaphe à Abydos, non loin de celui de son père qu'il achève de décorer. Puisant dans les ruines de l'ancienne capitale d'Amarna, il rebâtit le temple de Thot d'Hermopolis, l'antique Khemenou, en réutilisant notamment les temples et bâtiments du site voisin.

Il construit également à Memphis, agrandissant le grand temple de Ptah avec l'adjonction sur son axe ouest d'une grande salle hypostyle. Celle-ci est précédée d'un pylône devant lequel il dresse des colosses. Il édifie aussi une série de temples et chapelles sur le parvis du sud de l'enceinte, où il élève au moins un grand colosse à son effigie qui gît actuellement sur le dos :

Statue monumentale de Ramsès II, Memphis

De même, il restaure également à Bubaste, où il refait ou décore la salle hypostyle du temple de Bastet. On y a retrouvé récemment un colosse à l'image d'une de ses épouses royales, qui aujourd'hui a été redressé et est visible dans le champ de ruines de la cité antique.

En revanche, il est établi aujourd'hui qu'il fait également enlever, ou plutôt remplacer, le nom de certains de ses prédécesseurs pour mettre le sien à la place quand il restaure leurs monuments. Ce trait particulier lui donne une réputation d'usurpateur, tant nous possédons d'exemples de statues et monuments réinscrits à son nom. Si cette activité paraît quelque peu abusive, il faut rappeler que de nombreux monuments et sanctuaires ont souffert dans les années qui précédent l'avènement de la XIXe dynastie, et nécessitent de ce fait une restauration, voire une reconstruction complète.

On peut voir ce type de « réaménagement » au temple de Louxor, où dans la cour qu'il fait édifier en l'honneur d'Amon-Min, il intercale des colosses entre les colonnes des portiques qui la bordent, certains sculptés sous son règne, d'autres « usurpés » d'Amenhotep III.

En remplissant son rôle de garant de l'équilibre entre les hommes et les dieux, Ramsès se doit de rétablir les cultes et de les doter de biens permettant de les assurer dans tout le pays. C'est l'un de ses fils, Khâemouaset, grand prêtre de Ptah à Memphis et un temps héritier en titre de la Double Couronne, qui est chargé de cette mission. Il parcourt les sites délabrés et inscrit des stèles commémoratives de cet exploit (voir par exemple la restauration de la pyramide d'Ounas de la Ve dynastie, qui comporte sur son revêtement sud un texte encore visible du prince Khâemouaset en l'honneur de son père et de son illustre prédécesseur).

C'est aussi Khâemouaset qui est chargé de l'organisation des grandes fêtes jubilaires de Ramsès II, les fêtes-Sed, jusqu'à ce qu'il soit remplacé dans cette fonction par son frère Mérenptah. À l'occasion de ces jubilés, il fait bâtir un grand parvis à Pi-Ramsès qui comporte au moins six obélisques de grande taille.

Les « colosses » de Ramsès II[modifier | modifier le code]

Ramsès II fait ériger des colosses à son effigie dans les grands temples construits ou restaurés.

Les plus célèbres sont ceux en façade des temples d'Abou Simbel, ceux qui encadrent l'entrée du pylône du temple de Louxor, le colosse couché de Memphis, ainsi que celui qui trônait depuis quelques décennies en plein centre du Caire, sur la place qui porte son nom devant la gare centrale et qui provient également du grand temple de Ptah. Attaqué par la pollution, ce dernier a été transféré le à Gizeh, afin d'être installé au cœur du Grand Musée égyptien.

La fin du règne et la succession[modifier | modifier le code]

À la fin de son règne, le roi séjourne en permanence à Pi-Ramsès[44] et est devenu très probablement trop vieux pour être le véritable maître de l'Égypte. En effet, deux documents (un gros scarabée de Pi-Ramsès et une statue usurpée de Sésostris Ier), probablement à dater de l'extrême fin du règne, concernent le prince héritier Mérenptah et indiquent le texte suivant :

« le préposé, l'héritier de Geb, la semence divine issue du taureau puissant, les payas et les contrées étrangères se trouvant sous son poing, celui qui est appliqué lorsqu'il réalise l'équité pour ses pères, tous les dieux, l'unique sans égal, qui domineles chefs de tous les pays étrangers, le scribe royal, général en chef, le fils du roi, Mérenptah, qu'il vive éternellement[45]. »

Sur ces deux documents, Mérenptah n'est donc pas encore roi, il n'est que l'héritier (« héritier de Geb », Geb ayant été le premier des rois). Toutefois, il est quasiment le roi : il est sans égal, unique, dominant les pays étrangers, réalisant donc la Maât pour les dieux. Ramsès II devait donc être à ce moment-là un vieillard en fin de vie et le pouvoir était déjà pleinement entre les mains de Mérenptah qui le fait savoir[46].

Un document originaire de Kôm Médinet Ghourob mentionne successivement les dates du 18e jour du Ier mois de la saison Akhet de l'an 67 et le 19e jour du IIe mois de la saison Akhet de l'an I, permettant de s'assurer de la mort du roi entre ces deux dates. De plus, une analyse des documents datés du règne de Mérenptah a permis de réduire la plage de l'avènement de ce dernier du 5e au 13e jour du IIe mois de la saison Akhet, signifiant que Ramsès II est décédé entre le 4e et le 12e jour[2]. Le roi est donc mort après un règne de soixante-six et un peu plus de deux mois, vers l'âge de 88 à 91 ans[2]. Séjournant à Pi-Ramsès lors de sa mort, il est enterré dans sa tombe dans la vallée des Rois et ses funérailles sont organisés par son fils et successeur Mérenptah[44].

Le roi a enterré plusieurs de ses fils, dont a minima les douze premiers, car son successeur successeur Mérenptah est son treizième fils[47]. Au cours de son règne, Ramsès II a vu passer successivement près de quatre princes héritiers :

  • tout d'abord son fils aîné Amonherkhépeshef (fils aîné de la grande épouse royale Néfertari), héritier du trône de l'avènement de Ramsès II jusqu'à sa propre mort qui est datée différemment par les chercheurs mais qui est estimée avoir eu lieu au cours de la troisième décennie ou au début de la quatrième décennie du règne[48],
  • puis son deuxième fils Ramessou (fils aîné de la reine Isis-Néféret), héritier du trône de la mort d'Amonherkhépeshef jusqu'à sa propre mort qui est datée différemment par les chercheurs mais qui se situerait aux alentours de l'an 50, peut-être vers l'an 52[49],
  • ensuite son quatrième fils Khâemouaset (deuxième fils de la reine Isis-Néféret), héritier du trône pendant une courte période de la mort de Ramessou jusqu'à sa propre mort qui est datée habituellement de l'an 55, même si cela n'est pas totalement certain[50],
  • enfin son treizième fils Mérenptah (troisième fils de la reine Isis-Néféret), héritier du trône de la mort de Khâemouaset jusqu'à la mort du roi lui-même en l'an 67[47].

En face de la tombe de Ramsès II, une grande tombe collective a été retrouvée dans la vallée des Rois : la KV5, qui comprend de multiples chapelles et tombeaux des enfants royaux. Son exploration n'est toujours pas terminée mais des attestations de plusieurs princes y ont été trouvées, dont Amonherkhépeshef (1er fils), Ramessou (2e fils), Méryamon (7e fils), Séthi (9e fils) et Mériatoum (16e fils)[51].

Ramsès II est-il le pharaon de l'Exode ?[modifier | modifier le code]

Ramsès II guerrier sur son char, à la tête de son armée - Abou Simbel.

Ramsès II est également connu pour une tout autre raison : les traducteurs de la Bible, et longtemps les historiens à leur suite, l'ont désigné comme le pharaon qui régnait au moment de l'Exode. Ce problème est du reste alimenté depuis les années 1980 par la remise en question de la réalité historique de l'Exode : ce serait un récit légendaire, construit au mieux à partir de personnages et faits qui n'auraient qu'une vague similitude avec la réalité. Le texte aurait été rédigé plusieurs siècles après l'époque de Ramsès II, au plus tôt au VIIIe siècle, peut-être à partir de sources plus anciennes[52]. Cela rendrait alors sans objet tout questionnement relatif au pharaon qui aurait régné à ce moment[53].

L'identification proposée s'appuie sur l'argumentaire suivant : la stèle de la victoire de son successeur Mérenptah[note 8] mentionne un « peuple d'Israël » installé en Canaan. De plus, il est attesté selon les sources égyptiennes l'existence d'un haut fonctionnaire de langue sémitique, Ben Azèn, qui serait intervenu dans un conflit opposant un groupe de nomades à des officiers royaux égyptiens[54]. De son côté, la Genèse relate que Joseph, le fils de Jacob, aurait occupé un haut poste à la cour d'Égypte[55].

La Bible indique que les Hébreux sont réduits en esclavage et qu'ils construisent les villes de Pithôm et de Ramsès[56]. Cette dernière étant ensuite désignée comme étant le point de départ de l'Exode[57]. Or, Ramsès II est un grand bâtisseur et il entreprend au cours de son règne la construction d'une nouvelle capitale : Pi-Ramsès, non loin d'Avaris, l'ancienne capitale des Hyksôs, peuple de langue sémitique venu du Nord ayant pris le pouvoir et donné plusieurs pharaons. Le règne de Ramsès II semble donc fournir un cadre adéquat au récit de la Bible sur la sortie des Hébreux d'Égypte.

Cependant l'identification de Ramsès II au pharaon de l'Exode se révèle moins évidente qu'il n'y paraît. Aucun document datant de ce règne ne peut être mis en rapport avec l'expulsion ou la sortie d'un peuple de langue sémitique. Le fameux Ben Azèn non seulement n'a jamais quitté l'Égypte mais a fidèlement servi les successeurs du roi jusqu'au règne de Ramsès III. Toutefois, l'absence de trace de noyade sur la momie de Ramsès II, mort nonagénaire, n'est pas un argument contredisant les versets bibliques. Le texte implique uniquement « l'armée de Pharaon » dans la noyade[58].

Si les villes de Pithôm et Ramsès correspondent aux villes égyptiennes Pi-Atoum et Pi-Ramsès, la plupart des localités mentionnées dans le récit de la sortie d'Égypte n'ont pas pu être identifiées avec des sites de l'époque de Ramsès II[59]. L'itinéraire que donne le livre de l'Exode entre le point de départ, la ville de Ramsès, et l'engloutissement de l'armée égyptienne, comprend les lieux suivants : Sukkoth, Etam, Pi-Hahiroth, Mig-dol et Baal-Cefôn[60]. Les sites d'Etam et de Pi-Hahiroth sont inconnus. Etam est peut-être une déformation de Pithom, et Migdol est introuvable dans les textes égyptiens. Mais ce dernier est cité par Ézéchiel et Jérémie, ainsi que par l'historien grec Hérodote[61]. Ils le décrivent comme une ville située dans le delta du Nil et où séjournent de nombreux juifs après la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor II en 587 av. J.-C. Quant au nom de Baal-Cefôn (Baal du Nord), il est porté par une divinité populaire vénérée dans la partie orientale de la mer Méditerranée vers la fin du Ier millénaire, y compris en Égypte[note 9]. Il est possible que le chapitre 14 de l'Exode fasse allusion au temple de Tahpanès, où selon Jérémie une importante communauté juive vivait au Ve siècle avant notre ère. Comme on le voit, la plupart des noms mentionnés s'expliquent dans le contexte plus récent des époques assyrienne, babylonienne et perse, globalement du VIIe au IVe siècle av. J.-C., période où ces récits ont sans doute été mis par écrit.

Le pharaon de l'Exode ne porte pas de nom. Si les rédacteurs du texte biblique avaient connu Ramsès II ou un autre pharaon, ils auraient sans doute donné son nom, comme c'est le cas pour d'autres souverains égyptiens cités dans la Bible. Ils semblent plutôt avoir pensé que la construction d'une ville nommée Ramsès par une population d'esclaves israélites était suffisamment informative. Il est donc impossible de s'appuyer uniquement sur les textes bibliques pour faire de Ramsès II le pharaon de l'Exode[62]. Quant à Manéthon, historien égyptien vivant à l'époque ptolémaïque, il situe l'esclavage des Hébreux sous le règne d'un certain Aménophis, difficilement identifiable à un souverain particulier (peut-être Amenhotep III).

Sépulture[modifier | modifier le code]

La tombe de Ramsès II se trouve dans le caveau KV7 de la vallée des Rois, il s'agit de l'une des plus grandes tombes de la vallée creusée dans une couche marneuse. Elle a toutefois été ravagée par le temps. Outre les violations qu'elle a subies dès la fin du Nouvel Empire, elle a été périodiquement inondée à la suite de violents orages qui se produisent régulièrement dans la région. Des pluies soudaines font alors se déverser dans l'ouest de la vallée des Rois de véritables torrents de boue, de sable et de rochers, qui en pénétrant dans l'hypogée ont peu à peu détruit toute sa décoration intérieure, la couche marneuse résistant par ailleurs mal à l'eau.

Le caveau initial a été découvert en 1737 par Richard Pococke. Il a été fouillé par la suite en 1825 par James Burton, puis en 1844/1845 par Karl Richard Lepsius, en 1913/1914 par Harry Burton, en 1938 par Charles Maystre et en 1993/2002 par Christian Leblanc. Depuis 1993, la Mission Archéologique française de Thèbes-Ouest, dirigée par Christian Leblanc, procède à des fouilles et à la restauration de la tombe. Elle l'a dégagée de sa gangue de boue solidifiée et restitué des pans entiers de sa décoration trouvés dans les débris. De rares objets (fragments de son sarcophage en calcite orné du Livres des Portes, éléments de mobilier funéraire) ont aussi été retrouvés, montrant que la tombe avait été vidée de son contenu bien avant sa dégradation par les éléments naturels.

Le trésor funéraire de Ramsès II a disparu depuis longtemps, certainement à l'occasion de pillages qui eurent lieu à la fin du Nouvel Empire. Un braséro au nom de Ramsès II a été retrouvé dans le trésor funéraire de Psousennès Ier de la XXIe dynastie à Tanis. Les musées possèdent des ouchebtis à son nom, preuve caractéristique d'un pillage ancien.

La momie royale[modifier | modifier le code]

Momie de Ramsès II

La momie du roi fut déplacée par les prêtres du temple d'Amon à Karnak à plusieurs reprises. Sur ordre de Pinedjem Ier, elle a tout d'abord été restaurée à Médinet Habou puis réinhumée dans la tombe KV17 (celle du père de Ramsès II, Séthi Ier) en l'an 13 du règne de Nesbanebdjed Ier en compagnie des momies de Séthi Ier et de Ramsès Ier[63],[64],[44]. Leurs momies ont ensuite été déplacées à nouveau, cette fois vers la tombe encore non localisée d'Ahmès-Inhapy à la toute fin du pontificat de Pinedjem II en l'an 10 de Siamon[64],[65]. Enfin, les momies ont été déplacées vers la cachette DB320 au début du règne de Sheshonq Ier[66],[67] où elles seront découvertes en 1881. La momie de Ramsès II est alors retrouvée enveloppée dans des bandelettes posées par les prêtres de la XXIe dynastie, et réinstallée dans un sarcophage en bois de cèdre qui avait appartenu à Ramsès Ier, son grand-père. Cela illustre combien la vallée des Rois fut l'emprise de convoitises lorsque s'effondra l'Empire des Ramsès.

La momie a donc été retrouvée à la fin du XIXe siècle dans cette même cachette DB320 à la suite d'une enquête rocambolesque du tout jeune service des antiquités égyptiennes conduite par Mariette. En effet, dans les années 1870, à Paris et au Caire, apparaissent des antiquités égyptiennes portant les titulatures royales ; les égyptologues concluent que des trafiquants avaient secrètement découvert une nouvelle tombe. Mariette puis Gaston Maspero et ses collaborateurs remontent la filière des trafiquants jusqu’à deux frères, Ahmed et Mohamed Abd el-Rassul, bédouins sédentarisés probablement en cheville avec Mustapha Aga Ayat, agent consulaire de Grande-Bretagne, de Belgique et de Russie, pour faire passer à Paris les pièces qu'ils avaient pillé. Mohamed Abd el-Rassul accepte de coopérer[note 10] et révèle la cachette à Deir el-Bahari. Brugsch, conservateur-adjoint du musée de Boulaq et collaborateur de Maspero, découvre cette caverne le  : le tombeau contenait 5 000 objets dont trente-six sarcophages de divers pharaons du Nouvel Empire (parmi lesquels Séthi Ier, Ahmôsis Ier et Thoutmôsis II), 3 000 statuettes funéraires, des meubles et de la vaisselle funéraire... Les pièces furent envoyés au musée de Boulaq le [68].

Le khédive d'Égypte Tawfiq Pacha ordonne le déshabillage de la momie de Ramsès II le au musée de Boulaq : lors de son débandelettage par Maspero, et le dégagement de ses bras, une tension post-mortem rejette l'un de ses bras soudainement dans un dernier geste, créant l'effroi et la fuite de l'assistance (notamment les ministres du pacha) venue admirer le spectacle. Ce sera l'une des origines du mythe de la malédiction des momies égyptiennes. En 1907, Pierre Loti visite de nuit le musée de Boulaq et constate la dégradation de la momie de Ramsès II, laquelle subit sa première radiographie en 1912[69].

La dépouille (momifiée) de Ramsès II est transférée au musée égyptien du Caire puis « soignée » dans les années 1970, car des champignons s'y étaient développés au contact de l'air moderne. L'égyptologue Christiane Desroches Noblecourt propose son sauvetage grâce à un laboratoire créé pour la momie lors de son exposition à Paris en 1976[70]. À cette occasion, la momie de Ramsès II est accueillie au Bourget par les autorités et la Garde républicaine avec les honneurs dus à un chef d’État, suivant la promesse faite par Giscard d’Estaing au président égyptien el-Sadate[71].

L'étude de cette dépouille au musée de l'Homme à Paris[note 11], en 1976-1977, a révélé que Ramsès était de haute stature, qu'il mesurait 1,75 m, qu'il était roux et « leucoderme, de type méditerranéen proche de celui des Amazighes africains[72],[note 12] ».

Causes de la mort de Ramsès II[modifier | modifier le code]

La momie a été examinée en 1886 par Gaston Maspero et le docteur Fouquet, première investigation approfondie de la momie. Les moyens de l'époque furent employés : observation détaillée du corps, mensurations diverses.

En 1974, pour connaître les causes de la mort de Ramsès II et de plusieurs autres pharaons, dont Mérenptah, des recherches furent entreprises sous la direction de Maurice Bucaille, avec des collaborateurs égyptiens et français de disciplines médicales. Leurs résultats furent communiqués à l'académie de médecine et à la Société française de médecine légale. Son livre Les Momies des Pharaons et la médecine[73] qui reçut le prix Diane-Potier-Boès en 1988, présente les résultats définitifs de ses recherches.

De nombreuses techniques modernes ont été utilisées : explorations radiologiques et endoscopiques, investigations dans le domaine dentaire, recherches microscopiques, médico-légales, etc. Une trouvaille de grande importance grâce à l'utilisation de films radiologiques de très haute sensibilité permit de mettre en évidence l'existence d'une très grave lésion de la mâchoire de Ramsès II, une ostéite étendue de la mandibule. Maurice Bucaille en conclut que ces lésions ont probablement été mortelles, à moins que le roi n'ait eu d'autres problèmes de santé non décelables (à cause de l'impossibilité d'examiner les organes du thorax liée à la momification). La cause de sa mort serait donc une infection d'origine dentaire[74].

Maurice Bucaille a été par la suite sévèrement critiqué par la communauté scientifique, car il partait d'un postulat pour arriver aux faits plutôt que de partir des faits pour in fine aboutir à une théorie. En effet, celui-ci cherchait avant tout à prouver que Ramsès II était le pharaon de l'époque de Moïse.

Des études plus récentes ont montré que Ramsès II serait mort, peut-être de vieillesse vu son grand âge, à plus ou moins 90 ans et souffrait avant sa mort d'athérosclérose, d'arthrose, de terribles maux de dents et d'une maladie rhumatologique, la spondylarthrite ankylosante qui maintenant en permanence sa tête projetée vers l'avant (les embaumeurs ont dû fracturer le cou du roi pour donner à la tête de la momie royale une position plus convenable)[75].

La déformation du cou lié à sa maladie aurait obligé les embaumeurs à fracturer volontairement ses vertèbres cervicales afin de mettre sa tête en position horizontale.

Titulature[modifier | modifier le code]

Les éléments de la titulature ont fortement varié au cours du règne[76],[77]. En conséquence, seules quelques variantes sont présentées ci-dessous.

L'héritage de Ramsès II[modifier | modifier le code]

L'héritage immédiat[modifier | modifier le code]

Le treizième fils de Ramsès II, Mérenptah, succéde donc à Ramsès pour seulement une dizaine d'années. Il devait être en effet assez âgé et son propre fils, Séthi II, aurait pu être en âge de gouverner lui-même à ce moment-là, ce qu'il fera effectivement dix ans plus tard. Le règne de Mérenptah est marqué par les guerres : en effet, dès l'an 2, Mérenptah doit faire face à une révolte en Canaan, matée rapidement ; puis, en l'an 5, il arrête la marche des envahisseurs Libyens, alliés à des peuples de la mer (qui referont parler d'eux au cours du règne de Ramsès III), à la frontière occidentale du delta, avant de mater une nouvelle révolte, cette fois en Nubie[78].

Après la mort de Mérenptah après dix ans de règne, c'est donc son fils Séthi II qui lui succède. Toutefois, dès la deuxième année de règne, Amenmes, qui semble être le fils d'une autre épouse de Mérenptah, Takhat Ire, se proclame roi depuis la Nubie et conquiert un territoire jusqu'à Abydos-Thinis comme frontière nord. En l'an V du règne de Séthi II reprend le contrôle de l'ensemble du territoire, toutefois, il ne pérennise pas cette réunification car il meurt l'année suivante sans héritier pour lui succéder. Siptah, un jeune prince à la généalogie confuse mais qui semble être un fils d'Amenmes, est placé sur le trône par un chancelier nommé Bay d'origine syrienne. Ce jeune roi est complètement dominé par Bay et par Taousert, la veuve de Séthi II. À la mort de Siptah à nouveau sans héritier, c'est Taousert qui lui succède pour deux ans avant d'être éliminée par Sethnakht, peut-être un descendant de Ramsès II par l'un de ses nombreux enfants. Sethnakht fonde alors une nouvelle dynastie, la XXe (peut-être descendante de Ramsès II par une autre lignée que Mérenptah), marquant à la fois la fin de la lignée de Mérenptah quelques quartorze ans après la mort de ce dernier et le début de la dernière période de stabilité du Nouvel Empire[79].

L'image posthume du roi[modifier | modifier le code]

À la mort du roi, ce dernier ne sombra pas dans l'oubli. Bien sûr, tous ses monuments, statues, reliefs qu'il fit réaliser ou usurper rendèrent sa présence omniprésente et permirent aux anciens Égyptiens de garder longtemps en mémoire le roi et ses actions. Il fut un modèle pour ses successeurs, particulièrement pour Ramsès III qui nomma ses propres enfants comme ceux de Ramsès II et qui imita certaines de ses constructions, particulièrement son temple des millions d'années de Médinet Habou fortement inspiré du Ramesséum. Les successeurs de la XXe dynastie intégrèrent tous le nom Ramsès dans leur nom de Sa-Rê, allant même jusqu'au onzième. Pendant la Troisième Période intermédiaire, son nom de Nesout-bity, Ousermaâtrê, fut utiliser par plus d'une dizaine de souverains tandis que son nom Ramsès fut ajouter par certains d'entre eux dans leurs cartouches, comme par exemple Psousennès Ier. Alexandre le Grand choisit quant à lui Méryamon Sétepenrê, rappelant à nouveau le roi qui était décédé depuis près de neuf siècles[80].

Ainsi, son long règne prospère et stable fut considéré comme une référence pour des rois en proie à des difficultées récurrentes, des divisions ou des dominations étrangères[80]. C'est d'ailleurs sans doute pendant la XXVIIe dynastie, dite première domination perse, qu'a été gravée la stèle dite de Bakhtan, un récit de pure fiction basé sur le souvenir du mariage diplomatique de l'an 34 entre le roi et la princesse hittite Maâthornéferourê. La stèle, composée comme si elle avait été gravée sous le règne de Ramsès II, fait figurer dans le cintre le roi offrant des fleurs à la barque processionnelle de Khonsou. Le texte évoque la grande épouse royale Néferourê, présentée comme la fille du roi de Bakhtan (c'est-à-dire la Bactriane) ; les Hittites ayant disparu depuis longtemps et ne représentant plus rien dans le contexte de l'époque, ils ont donc été remplacés. Dans la suite du récit, alors que le roi se trouvait à Thèbes, un messager provenant de Bakhtan arrive afin de demander l'aide du roi pour aider la princesse Bentrech, sœur cadette de la reine Néferourê, qui était malade. Le roi envoie un savant nommé Dhéhoutyemheb, qui, une fois sur place, constate que la princesse est possédée et fait envoyer depuis l'Égypte une statue de « Khonsou qui fixe le sort dans Thèbes ». La statue arrive au bout d'un an et cinq mois jusqu'à la princesse qui est alors guérie. Le roi de Bakhtan, voyant l'efficacité de la statue, souhaite alors la conserver mais la renvoie ensuite en Égypte après qu'il ait fait un rêve l'invitant à le faire. La statue regagne alors son sancturaire thébain, où la stèle peut témoigner de ses vertues magiques incontestables, éprouvées sous le règne du grand Ramsès[81].

Ramsès II n'est pas le seul sujet de récit de fiction. En effet, la littérature démotique conserve plusieurs récits de fiction centrés autour de son fils Khâemouaset, alors appelé Setne-Khamouas. Le premier récit raconte sa quête du Livre de Thot, conservé dans la tombe d'un certain Nanéferkaptah. Le deuxième récit évoque le fils de Setne-Khamouas nommé Sa-Ousir, surdoué plus savant que les scribes de la maison de vie du temple de Ptah. Un troisième récit évoque à nouveau Sa-Ousir en compagnie de son père Setne-Khamouas et du roi Ousermaâtrê, mis au défi par un chef nubien qui s'avère être en fait un sorcier, ce dernier finit vaincu par Sa-Ousir qui déclara alors être Horus (Sa-Ousir signifie en effet « fils d'Osiris ») revenu sur terre pour vaincre ce sorcier. Sa-Ousir disparut ensuite, laissant son père Setne-Khamouas dans un profond chagrin[82].

Parmi les auteurs classiques, plusieurs mentions sont faites du roi sous différents noms : Rhampsinite par Hérodote, Osymandyas par Diodore de Sicile sur la base de témoignages d'Hécatée d'Abdère. Germanicus, frère aîné du futur empereur romain Claude, alla en Égypte après ses victoires en Germanie et s'intéressa aux reliefs laissés par Ramsès à Thèbes ; Tacite en témoigne dans le récit suivant[83] :

« Bientôt (Germanicus) visita les grands vestiges de l'ancienne Thèbes. Des textes égyptiens subsistaient sur des structures massives, évoquant son opulence antérieure. L'un des vieux prêtres, qui avait été prié de traduire les inscriptions en sa langue, racontait que jadis habitaient là sept cent milles hommes en âge d'être soldat et qu'avec cette armée le roi Ramsès avait conquis la Libye et l'Éthyopie, la Médie et la Perse, la Bactriane et la Scythie, et qu'il avait inclus dans son empire les territoires habités par les Syriens, les Arméniens et leurs voisins Cappadociens, depuis la mer de Bithynie jusqu'à celle de Lycie. On y lisait les tributs imposés aux peuples, le poids en or et en argent, le nombre d'armes et de chevaux, les présents faits aux temples en ivoire et en parfums, les quantités de blé et autres moyens de subsistance que payait chaque nation, choses qui n'étaient pas moins importantes que ce qui aujourd'hui est imposé par la puissance parthe ou le pouvoir romain[83]. »

La volonté de traduire les termes géographiques anciennes dans le cadre géopolitique de l'époque de Germanicus amena le vieux prêtre à amplifier, à dessein ou nom, l'étendu réel des campagnes de Ramsès. Il n'est en tout cas pas possible de savoir si les scènes décritent très librement par le prêtre sont celles du temple d'Amon à Karnak ou celui de Louxor, deux temples où se trouvent gravés les scènes et textes décrivant la bataille de Qadesh[83].

Le culte de Ramsès II[modifier | modifier le code]

Le 26 mars 2023, les autorités égyptiennes annoncent la découverte de plus de deux mille têtes de béliers momifiées dans le temple de Ramsès II à Abydos. D'autres momies d'animaux comme des brebis, des chiens, des chèvres, des vaches, des gazelles et des mangoustes, ont également été exhumées par une équipe d’archéologues américains de l’université de New York. Ces momies datent de la période ptolémaïque, montrant qu'un culte de Ramsès II a été créé après sa mort et a perduré plusieurs siècles. L'égyptologue Jean-Guillaume Olette-Pelletier précise que ces béliers sont directement liés au culte du dieu Amon[84].

Culture populaire[modifier | modifier le code]

La vie de Ramsès II a inspiré de nombreux auteurs de fictions, dont Christian Jacq et sa série en cinq volumes Ramsès ou Anne Rice dans The Mummy. Dans Les Cigares du pharaon, quatrième album des Aventures de Tintin par Hergé, l'égyptologue Philémon Siclone se prend pour Ramsès II, ou se réfère plusieurs fois à lui après avoir été empoisonné au radjaïdjah, le « poison-qui-rend-fou ». La série de bande dessinée Sur les terres d'Horus se déroule sous son règne.

Le poète britannique Percy Bysshe Shelley lui dédia le sonnet Ozymandias, qui paraphrase notamment l'inscription retrouvée sur le socle d'une statue attribuée à Ramsès II : « King of Kings am I, Osymandias. If anyone would know how great I am and where I lie, let him surpass one of my works ».

La sortie d'Égypte des Hébreux a aussi été évoquée dans de nombreux films comme Les Dix commandements (1956), où le personnage de Ramsès II est interprété par Yul Brynner. Il apparaît aussi dans le dessin animé Le Prince d'Égypte (1998), qui traite de la vie de Moïse, et dans la comédie musicale Les Dix Commandements (2000) sous les traits d'Ahmed Mouici. Il est encore interprété par Joel Edgerton dans le film Exodus (2014) de Ridley Scott, par Christian Erickson (en) dans le film Les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec (2010) et par Sergio Marone dans la telenovela brésilienne Os Dez Mandamentos (2015-2016).

Dans le contenu additionnel du jeu vidéo Assassin's Creed Origins (2018) intitulé The Curse of the Pharaohs, Ramsès II est l'un des quatre pharaons dont l'esprit a été ramené à la vie. Il peut être combattu par le joueur en tant que boss. Dans les jeux vidéo Civilization V et Civilization VI (via un DLC sorti le 16 février 2023), Ramsès II peut être choisi comme dirigeant de l'Égypte. Il apparaît en tant que « Servant » dans le jeu mobile Fate/Grand Order, sorti en 2015 au Japon.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Autres dates :
    1290 à 1224 AEC (selon D. Arnold)
    1279 à 1212 AEC (selon A. D. Dodson)
    1294 à 1227 AEC (selon A. H. Gardiner)
    1279 à 1212 AEC (selon N. Grimal)
    1279 à 1213 AEC (selon H. W. Helck)
    1290 à 1224 AEC (selon E. Hornung)
    1290 à 1224 AEC (selon Kinnaer)
    1279 à 1213 AEC (selon K. A. Kitchen)
    1279 à 1213 AEC (selon R. Krauss)
    1279 à 1213 AEC (selon J. Málek)
    1290 à 1223 AEC (selon Parker)
    1304 à 1237 AEC (selon D. B. Redford)
    1279 à 1213 AEC (selon I. Shaw)
    1279 à 1212 AEC (selon C. Vandersleyen)
    1279 à 1213 AEC (selon J. von Beckerath)
    1291 à 1279 AEC (selon Wente)
  2. En égyptien ancien Ousermaâtrê-Sétepenrê Ramessou-Méryamon c'est-à-dire « puissant par l'harmonie de Rê, choisi par Rê, issu de Rê, aimé d'Amon »)
  3. Claude Obsomer indique qu'il serait mort dans la seconde moitié du mois de juillet de cette année 1213 AEC ; Christiane Desroches Noblecourt donne quant à elle la date du 19 juillet 1213 AEC.
  4. Les chercheurs reconstruisent la partie manquante en Rouia, Touia voire Tjouia
  5. Pour une version complète du traité et de ses dix-huit clauses on consultera Pirenne 1962, p. 355-359.
  6. La dot de la princesse est composée d'un grand nombre d'animaux (bœufs, moutons, chevaux) mais aussi de prisonniers de guerre.
  7. Un fragment de papyrus en provenance de ce site mentionne : l'épouse royale Maât-Hor-Néférou-Rê, vivante soit-elle, la fille du grand chef du Hatti
  8. Cette stèle commémore la victoire de Mérenptah sur les Libyens et les Peuples de la mer. Cette stèle se trouve au Musée du Caire
  9. On connaît au moins trois temples dédiés à cette divinité en Égypte
  10. En récompense, il recevra cinq-cents livres sterling et sera nommé inspecteur des fouilles.
  11. Lors de l'arrivée en avion militaire de la momie de Ramsès II en France, un détachement de la Garde républicaine, rendit les hommages dus selon le protocole à un chef d'État, au passage de la caisse contenant la dépouille du souverain, le convoi fit un détour par la place de la Concorde pour passer devant l'obélisque.
  12. La momie a été analysée en France par 110 techniciens, radiologues, chimistes et des experts du Musée de l’Homme (« Ramsès II - Reconstitution 3D », Terra Nova, (consulté le ))

Références[modifier | modifier le code]

  1. Ziegler et Bovot 2011, p. 228-229.
  2. a b c d e f g h i et j Obsomer 2012, p. 432.
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  5. Obsomer 2012, p. 22-25 et 218.
  6. Masquelier-Loorius 2013, p. 18-22.
  7. Obsomer 2012, p. 22-25.
  8. Obsomer 2012, p. 218.
  9. Dodson et Hilton 2004, p. 175.
  10. a et b Masquelier-Loorius 2013, p. 38.
  11. Masquelier-Loorius 2013, p. 38-39.
  12. Obsomer 2012, p. 250-251.
  13. Obsomer 2012, p. 261-262.
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  15. a et b Obsomer 2012, p. 241.
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  18. Obsomer 2012, p. 249.
  19. Obsomer 2012, p. 258-259.
  20. Servajean 2014, p. 26-27.
  21. Obsomer 2012, p. 251-260.
  22. Obsomer 2012, p. 254-255.
  23. a et b Obsomer 2012, p. 249-250.
  24. Obsomer 2012, p. 214 et 250.
  25. a b c et d Obsomer 2012, p. 54.
  26. Obsomer 2012, p. 50.
  27. Masquelier-Loorius 2013, p. 86-87.
  28. Obsomer 2012, p. 53-54.
  29. Masquelier-Loorius 2013, p. 333-334.
  30. a b c et d Masquelier-Loorius 2013, p. 333.
  31. Obsomer 2012, p. 54-59.
  32. Masquelier-Loorius 2013, p. 334.
  33. Masquelier-Loorius 2013, p. 28.
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  36. Gauthier 1912.
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  39. Messadié 2011.
  40. Pirenne 1962, ch. XII.3 « L'apogée de la XIXe dynastie sous Ramsès II (1298-1235) », p. 353.
  41. Desroches Noblecourt 1992, ch. XI « L'après Qadesh - Moab et Edom ».
  42. a et b Grimal 1988, chap.  « Ramsès II et l'affrontement égypto-hittite ».
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  48. Obsomer 2012, p. 265-270.
  49. Obsomer 2012, p. 270-271.
  50. Obsomer 2012, p. 272-274.
  51. Dodson et Hilton 2004, p. 170-175.
  52. Römer, Macchi et Nihan 2009, p. 261-264.
  53. Grabbe 2007, p. 84-88.
  54. Römer 2006, p. 43-45.
  55. Genèse, 41, 40 à 44.
  56. Exode, 1, 11.
  57. Exode, 12, 37.
  58. Exode, 14, 28.
  59. Obsomer 2012, p. 193.
  60. Exode, 13, 20 ; Exode, 14,2.
  61. Hérodote II, 159.
  62. Obsomer 2012, p. 192-194.
  63. Servajean 2014, p. 141.
  64. a et b Payraudeau 2020, p. 88-89.
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  67. Obsomer 2012, p. 434-435.
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  69. Solé 2011.
  70. Ramsès II, chronologie d’un règne
  71. Le pôle Édition de France Inter, « Il y a 45 ans, un pharaon a pris l'avion », sur France Inter, (consulté le ).
  72. Desroches Noblecourt 1992, p. 50.
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  84. archeonews, « 2000 têtes de béliers retrouvées dans le temple de Ramsès II », sur ArcheoNews, (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

(Par ordre alphabétique du premier auteur.)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]