Aller au contenu

Iry-Hor

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Iry-Hor
Image illustrative de l’article Iry-Hor
Signes « r-Ḥr » inscrits sur un récipient provenant de la tombe d'Iry-Hor - Ashmolean Museum, Oxford.
Nom en hiéroglyphe
G5
D21
Transcription r-Ḥr
Iry-Hor
Compagnon d'Horus
Période période prédynastique
Dynastie dynastie 0
Fonction principale roi
Prédécesseur Scorpion Ier ?
Dates de fonction XXXIIe siècle / XXXIe siècle[note 1]
Successeur Ka ?
Sépulture
Nom Tombe B0/B1/B2
Type Tombeau
Emplacement Abydos, nécropole d'Oumm el-Qa'ab

Iry-Hor est un roi de la période prédynastique égyptienne et de la dynastie égyptienne zéro au cours de la période Nagada. Il est enterré dans la nécropole d'Oumm el-Qa'ab à Abydos.

Attestations

[modifier | modifier le code]

Le roi est attesté en plusieurs endroits :

  • la tombe du roi à Abydos, plus sépcifiquement dans le puits B1, avec pas moins de vingt-deux poteries incisées au nom du roi, cinq fragments inscrits à l'encre ainsi qu'un sceau-cylindre ; un sceau d'argile avec les hiéroglyphes pour r-Ḥr a été trouvé dans la tombe de Narmer et peut faire référence à Iry-Hor[1],
  • à Zaouiet el-Aryan dans la nécropole memphite, un sceau d'argile similaire avec les hiéroglyphes pour r-Ḥr a été trouvé dans les débris autour des tombes Z86 et Z89[2],[3],[1],
  • sur le site minier du Ouadi 'Ameyra dans le sud du Sinaï, une inscription rupestre du roi a été découverte avec cinq autres, dont une de Ka, une de Narmer une de Djer et une de Nebrê ; l'inscription d'Iry-Hor a la particularité de mentionner le nom Ineb-hedj signifiant « Murs blancs », c'est-à-dire le premier nom de Memphis[4],
  • une incision sur une fusaïole trouvée à Hiérakonpolis lors des fouilles de James E. Quibell et Petrie en 1900 pourrait le concerner[5],[1].

Lecture du nom

[modifier | modifier le code]

Le nom d'Iry-Hor est écrit avec le hiéroglyphe du faucon Horus (signe Gardiner G5) au-dessus d'un hiéroglyphe de la bouche (Gardiner D21). Alors que la lecture moderne du nom est Iry-Hor, Flinders Petrie, qui découvrit et fouilla le tombeau d'Iry-Hor à la fin du XIXe siècle, le lit « Ro », qui était la lecture habituelle du hiéroglyphe de la bouche à cette époque[6]. Étant donné la nature archaïque du nom, la traduction s'est avérée difficile et, en l'absence d'une meilleure alternative, Ludwig D. Morenz a proposé que la traduction littérale soit conservée en donnant « Horus bouche ». Dans les années 1990, Werner Kaiser et Günter Dreyer traduisent le nom d'Iry-Hor par « Compagnon d'Horus »[2]. Toby Wilkinson, qui a contesté que Iry-Hor était un roi, a traduit les signes par « Propriété du roi »[7]. Après les fouilles d'Abydos et la découverte d'une inscription d'Iry-Hor dans le Sinaï en 2012, l'hypothèse de Wilkinson est aujourd'hui rejetée par la plupart des égyptologues et Iry-Hor est largement accepté comme un roi prédynastique de l'Égypte[4],[8],[9].

Les égyptologues Jürgen von Beckerath et Peter Kaplony rejetèrent également dans un premier temps l'identification d'Iry-Hor comme roi et proposèrent que les inscriptions connues se réfèrent à une personne privée dont le nom doit être lu « Ouer-Ra », (« wr-r3 », littéralement « Grande bouche »), c'est-à-dire que l'oiseau au-dessus du signe de bouche se lise en hiéroglyphe de l'hirondelle (signe Gardiner G36) plutôt que le faucon Horus. Ils ont traduit le nom par « porte-parole » ou « chef »[10]. Cependant, la poursuite des fouilles du tombeau d'Iry-Hor à Abydos par Günter Dreyer a établi que le tombeau avait les mêmes dimensions et la même disposition que ceux de Ka et Narmer et devait donc appartenir à un roi[11].

Iry-Hor était très probablement le prédécesseur immédiat de Ka[12] et aurait donc régné à la fin du quatrième millénaire avant l'ère commune.

De part la position géographique des documents mentionnant son nom, Iry-Hor devait régner sur un territoire assez vaste, en partant au sud à Abydos, voire à Nekhen, vers le nord dans le delta oriental, le contrôle de cette dernière région lui permettant d'ailleurs d'accéder au Sinaï et aux ressources minières qui s'y trouvent, comme l'atteste l'inscription découverte au Ouadi 'Ameyra[4].

Il est à noter que l'inscription rupestre d'Iry-Hor mentionne la ville de Memphis, ce qui, en combinaison de l'attestation d'Iry-Hor à Zaouiet el-Aryan et celle de Ka à Helwan, montre que non seulement, la ville a été fondée avant le règne de Narmer, mais que ce site avait déjà une certaine importance[4]. Ces éléments vont à l'encontre de la tradition qui attribuait au légendaire Ménès, assimilé probablement à Narmer ou Aha, la fondation de la ville de Memphis, mais aussi l'unification de la Basse et de la Haute-Égypte, unification qui devait donc être a minima bien avancée dès le règne d'Iry-Hor[4].

La tombe d'Iry-Hor à Oumm el-Qa'ab, localisée près des tombes de Ka (B7, B8, B9) et de Narmer (B17, B18).

La tombe d'Iry-Hor est le plus ancien tombeau de la nécropole B d'Oumm el-Qa'ab à Abydos[1]. Elle comprend deux chambres souterraines distinctes B1 (6 × 3,5 m) et B2 (4,3 × 2,45 m) fouillées par Petrie en 1899 et plus tard par Werner Kaiser[13],[14].

Une autre chambre, maintenant appelée « B0 », a été découverte lors des nouvelles fouilles de la tombe de Iry-Hor dans les années 1990[3]. Ces chambres ont une taille similaire à celles que l'on trouve dans les tombes de Ka et Narmer. Aucune superstructure, s'il y en a eu une, n'a survécu jusqu'à ce jour. La chambre B1 a donné des fragments de jarre gravés à son nom. La chambre B2 a produit un autre fragment de récipient incisé, une empreinte de sceau, plusieurs inscriptions à l'encre et des fragments de récipient portant les noms de Ka et Narmer[1] Des parties d'un lit ont également été trouvées sur place[2].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. En termes de chronologie absolue, la détermination de dates exactes de début et de fin de règne est un exercice périlleux du fait de l'ancienneté du règne ; cependant, la période de règne de son successeur Narmer est généralement située à la fin du quatrième millénaire avant l'ère commune.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d et e Raffaele 2003, p. 115.
  2. a b et c Kaiser et Dreyer 1982, p. 211–246.
  3. a et b Baker 2008, p. 156.
  4. a b c d et e Tallet et Laisney 2012, p. 383-389.
  5. Quibell et Petrie 1900.
  6. Petrie et Weigall 1902, p. 4-6.
  7. Wilkinson 1999, p. 55.
  8. van den Brink 1996, p. 140-158, pl.s 24-32.
  9. van den Brink 2001, p. 46-51.
  10. Kaplony 1963, p. 468.
  11. von Beckerath 1999, p. 9 et 36-37.
  12. Barta 1982, p. 11-13.
  13. Petrie et Griffith 1900, p. 29-30.
  14. Kaiser 1964, p. 86-124.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (en) Darrell D. Baker, The Encyclopedia of the Pharaohs: Volume I - Predynastic to the Twentieth Dynasty 3300–1069 BC, Stacey International, (ISBN 978-1-905299-37-9) ;
  • (de) Winfried Barta, « Zur Namensform und zeitlichen Einordnung des Königs Ro », GM, vol. 53,‎  ;
  • (de) Jürgen von Beckerath, Handbuch der ägyptischen Königsnamen : Münchner ägyptologische Studien, Heft 49, Mainz, P. von Zabern, (ISBN 3-8053-2591-6, lire en ligne) ;
  • (en) Edwin C. M. van den Brink, « The incised serekh signs of Dynasties 0-1. Part I: complete vessels », dans J. Spencer editions, Aspects of Early Egypt, Londres, British Museum Press, (ISBN 978-0714109992) ;
  • (en) Edwin C. M. van den Brink, « The incised serekh signs of Dynasties 0-1. Part II: Fragments and Additional Complete Vessels », Archéo-Nil, no 11,‎ , p. 23-100 ;
  • (de) Werner Kaiser, « Einige Bemerkungen zur ägyptischen Frühzeit », Zeitschrift für Ägyptische Sprache und Altertumskunde, vol. 91,‎ , p. 86–124 ;
  • (de) Werner Kaiser et Günter Dreyer, « Umm el-Qaab. Nachuntersuchungen im frühzeitlichen Königsfriedhof : 2. Vorbericht », MDAIK, no 38,‎ , p. 211-246 ;
  • (de) Peter Kaplony, Inschriften der Ägyptischen Frühzeit, vol. 1, Wiesbaden, Harrassowitz,  ;
  • (en) James Edward Quibell et William Matthew Flinders Petrie, Hierakonpolis. Part I. Plates of discoveries in 1898 by J. E. Quibell, with notes by W. M. F. P[etrie], Londres, B. Quaritch, (lire en ligne) ;
  • (en) William Matthew Flinders Petrie et F. Ll. Griffith, The Royal Tombs of the First Dynasty. Part I, Londres, The Offices of the Egypt Exploration Fund, coll. « Memoir of The Egypt Exploration Fund » (no 18), (lire en ligne) ;
  • (en) William Matthew Flinders Petrie et A. E. Weigall, Abydos. Part I, Londres, The Offices of the Egypt Exploration Fund, coll. « Memoir of The Egypt Exploration Fund » (no 22), (lire en ligne) ;
  • (en) Francesco Raffaele, « Dynasty 0 », AH, no 17,‎ , p. 99-141 (lire en ligne [PDF]) ;
  • Pierre Tallet et D. Laisney, « Iry-Hor et Narmer au Sud-Sinaï (Ouadi ‘Ameyra) – Un complément à la chronologie des expéditions minières égyptiennes », Bulletin de l'Institut français d'archéologie orientale, Le Caire, no 112,‎  ;
  • (en) Toby Wilkinson, Early Dynastic Egypt, Londres, Routledge, , 413 p. (ISBN 978-0-415-26011-4).