Musée égyptologique de Turin

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Musée égyptologique de Turin
Façade du musée égyptologique de Turin
Informations générales
Nom local
(it) Museo EgizioVoir et modifier les données sur Wikidata
Type
Musée national (d), musée historique (d), musée archéologique, musée égyptologiqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Ouverture
1824
Surface
12000 m²
Visiteurs par an
898 500 personne physique ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Collections
Collections
Nombre d'objets
14800 exposées
Bâtiment
Protection
Bien culturel italien (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Pays
Commune
Adresse
Via Accademia delle Scienze
Coordonnées
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Le Musée égyptologique de Turin ou Musée des antiquités égyptiennes de Turin (Fondazione museo delle antichità egizie di Torino) possède l'une des plus importantes collections égyptologiques du monde.

Il expose 14 800 œuvres, dont 11 500 dans les « galeries de la culture matérielle », sur près de 40 000 œuvres.

C'est le premier musée italien à avoir été partiellement privatisé en décembre 2005 dans le cadre de la création d'une fondation[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

En 1759, Vitaliano Donati, le premier européen à effectuer des fouilles en Égypte, découvre dans le temple de Mout à Karnak les statues des déesses Isis et Sekhmet et du pharaon Ramsès II, qu'il ramène à Turin. Avec l'acquisition pour 4 000 lires piémontaises de la collection de 5 600 pièces, dont une centaine de sculptures, issue des fouilles de Bernardino Drovetti, consul de France en Égypte, Charles-Félix de Savoie fonde en 1824 le premier musée égyptien au monde, qui est installé dans le Collège des Nobles construit en 1679 par Michelangelo Garove et qui ouvre au public en 1832. Ses collections furent considérablement développées et augmentées de près de 20 000 pièces par l'archéologue et égyptologue Ernesto Schiaparelli, qui en est nommé directeur le et le resta jusqu'à sa mort en 1928, grâce aux fouilles qu'il entreprit à partir de 1903, puis son collaborateur Virginio Rosa, et que son successeur Giulio Farina poursuivit jusqu'en 1937, pour finalement porter la collection à près de 40 000 pièces. La mission archéologique italienne en Égypte découvre alors plusieurs tombes de la vallée des Reines à Thèbes, dont celle de la reine Néfertari et celle intacte de Khâ et Merit son épouse, ainsi que le village de Deir el-Médineh.

En 1824, Jean-François Champollion vient étudier durant neuf mois les nombreux papyrus du Musée de Turin pour valider ses recherches sur le déchiffrement des hiéroglyphes effectué en 1822 et cataloguer la collection, où il découvre le canon royal de Turin, l'un des trois seuls conservés donnant la chronologie des pharaons égyptiens.

En 2014, Christian Greco prend la direction du musée[2]. Le , le musée entièrement rénové a été rouvert avec une surface plus que doublée, portée à 12 000 m2 d'espaces de visite, par une extension de 6 000 m2 comprenant une salle d'expositions temporaires et des espaces didactiques. La visite suit un parcours chronologique sur quatre niveaux, dont un sous-sol. Certains de ces travaux d'agrandissement ont été réalisés grâce au jeu de loto, basé sur les dispositions de la loi 662/96[3].

En janvier 2019, le musée prend la direction du projet d'envergure européenne « Transformer le musée égyptien du Caire »[1]. Pour célébrer son bicentenaire, le musée lance la restauration de sa cour intérieure qui deviendra libre d'accès au public[4].

Visite[modifier | modifier le code]

850 000 personnes visitent le musée chaque année, ce qui le classe dans les musées les plus visités du pays[1].

La visite commence au sous-sol par les deux salles d'histoire du musée et se poursuit en montant au 3e étage dédié aux expositions temporaires ou au deuxième étage, avec les salles consacrées à l'époque préhistorique et à l'Ancien Empire, les tombes à fresques et le salon qui abrite les objets découverts dans les sites provinciaux d'Assiout, Gebelein et Qau el-Kebir, datant pour la plupart de la Première Période intermédiaire et du Moyen Empire.

Au premier étage, la présentation est plus thématique, avec des salles dédiées à Deir el-Médineh, la galerie des sarcophages, la tombe de Khâ et Merit, la vallée des Reines et les « galeries de la culture matérielle ». Les périodes gréco-romaine et copte puis islamique sont traitées à la fin du parcours.

Au rez-de-chaussée, on entre dans les deux grandes salles renfermant les statues monumentales du musée, dont vingt-et-une représentant la déesse Sekhmet avant de découvrir le temple d'Ellesiya, construit par Thoutmôsis III en Nubie.

Collections[modifier | modifier le code]

Parmi tous les musées d'art égyptien du monde, le musée de Turin se distingue par sa collection inégalée, hors du musée du Caire, de plus d'une cinquantaine de statues monumentales, en très bon état de conservation, notamment celles des pharaons Thoutmôsis III, Amenhotep II, Horemheb avec Amon, Thoutmôsis Ier, Ramsès II ou Séthi II, mais aussi par ses importantes collections de textiles, de sarcophages ou les rares fresques de deux tombes égyptiennes (tombes de Iti et Neferu et tombe de Maia).

Tombe de Khâ et Mérit (TT8)[modifier | modifier le code]

La sépulture de l'architecte Khâ (responsable des travaux de la nécropole de Thèbes sous Amenhotep II, Thoutmôsis IV et Amenhotep III) et de sa femme Mérit, a été découverte par Schiaparelli en 1906. C'est la sépulture complète non royale la plus abondante (440 objets) jamais trouvée en Égypte, révélant des informations importantes sur la façon dont les individus de haut rang étaient traités après leur mort.

En 2022, une analyse par spectrométrie de masse des gaz émanant des objets (notamment des bocaux scellés et des coupes contenant les restes de nourriture) a permis d'identifier dans deux tiers d'entre eux, 3 400 ans après leur dépôt, des aldéhydes et des hydrocarbures à longue chaîne caractéristiques de la cire d'abeille, de la triméthylamine associée au poisson séché et d'autres aldéhydes couramment présents dans les fruits[5],[6],[7].

Temple d'Ellesiya [modifier | modifier le code]

Le temple d'Ellesiya, reconstitué, a été offert par l'Égypte en 1967 pour la contribution de l'Italie à la sauvegarde des monuments nubiens, lors de la construction du Haut barrage d'Assouan.

Ce temple rupestre, construit par Thoutmôsis III, était situé près du site de Qasr Ibrim, en Nubie. Il était dédié aux divinités Amon, Horus et Satis.

Table isiaque[modifier | modifier le code]

La mensa isiaca, ou table isiaque fut découverte lors du sac de Rome de 1527 et acquise par le cardinal Bembo. Sur la table de cuivre sont représentés les mystères d'Isis et les divinités égyptiennes avec leurs attributs distinctifs. La table isiaque est probablement d'origine romaine.

Papyrus [modifier | modifier le code]

Parmi les papyrus, collectés par Bernardino Drovetti et étudiés par Champollion, figurent le canon royal de Turin, le papyrus judiciaire de Turin, le papyrus érotique de Turin et le papyrus minier de Turin.

Statues et bas-reliefs[modifier | modifier le code]

Objets divers[modifier | modifier le code]

Objet Description Origine et datation

Ostrakon avec une danseuse

Tesson de poterie figurant une ballerine en position acrobatique.

Calcaire.

Collection Drovetti

Deir el-Médineh

Nouvel Empire

XIXe ou XXe dynastie

Entre 1291 et 1076 av. J.-C.

Maquette d'une boulangerie

Scène montrant les diverses phases de la fabrication du pain.

Bois.

Rameurs

Esclaves ramant dans un bateau.

Bois.

Modèle de barque

Bois.

Découvert à Gebelein.

Première Période intermédiaire

Paire de sandales

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (it) Roberta Capozucca, « Museo Egizio eccellenza italiana a servizio del sistema museale internazionale », sur Il Sole 24 ORE, (consulté le )
  2. (it) « Christian Greco: «Dimissioni? Non faccio politica, resto un egittologo anche se dovessi servire cappuccini a Porta Nuova» », sur Corriere della Sera, (consulté le )
  3. Christian Greco, l'Indiana Jones d'Egitto: "Io, custode dei faraoni in missione nel deserto"
  4. (it) « Torino, il Museo Egizio cambia look: maxi progetto da 12 milioni », sur initalia.virgilio.it (consulté le )
  5. E. D., « La sépulture de Khâ et Mérit révèle ses odeurs », Pour la science, no 536,‎ , p. 10-11.
  6. (en) Colin Barras, « Ancient smells reveal secrets of Egyptian tomb », Nature, vol. 604, no 414,‎ (DOI 10.1038/d41586-022-00903-z, lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  7. (en) Jacopo La Nasa, Ilaria Degano, Francesca Modugno, Camilla Guerrini, Federica Facchetti et al., « Archaeology of the invisible: The scent of Kha and Merit », Journal of Archaeological Science, vol. 141,‎ , article no 105577 (DOI 10.1016/j.jas.2022.105577).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Eleni Vassilika, Les Chefs-d'œuvre du Museo Egizio de Turin, Florence, Scala - Fondazione Museo delle Antichita Egizie di Torino, , 127 p. (ISBN 978-88-8117-951-0)
  • Wolfgang Kosack, Schenute von Atripe De judicio finale. Papyruskodex 63000.IV im Museo Egizio di Torino. Einleitung, Textbearbeitung und Übersetzung herausgegeben von Wolfgang Kosack, Berlin, 2013, Verlag Brunner Christoph, (ISBN 978-3-9524018-5-9)
  • Wolfgang Kosack, Basilios "De archangelo Michael": sahidice Pseudo - Euhodios "De resurrectione": sahidice Pseudo - Euhodios "De dormitione Mariae virginis": sahidice & bohairice : < Papyruskodex Turin, Mus. Egizio Cat. 63000 XI. > nebst Varianten und Fragmente. In Parallelzeilen ediert, kommentiert und übersetzt von Wolfgang Kosack. Verlag Christoph Brunner, Berlin, 2014, (ISBN 978-3-906206-02-8).

Liens externes[modifier | modifier le code]