KGB

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KGB
Logo de l'organisation
Situation
Création
Dissolution (de facto)
(de jure)
Type Police politique
Siège Loubianka, Moscou
Drapeau de l'URSS Union soviétique
Coordonnées 55° 45′ 31″ N, 37° 37′ 32″ E
Organisation
Effectifs 230 000 paramilitaires en autre (1991)[1]

Le KGB (КГБ), sigle du russe Komitet gossoudarstvennoï bezopasnosti (russe : Комитет государственной безопасности Écouter), soit le Comité pour la Sécurité de l'État, est le principal service de renseignement de l'URSS post-stalinienne. À l'intérieur de cet État, il avait également fonction de police politique. Du au , le KGB, dont le quartier-général est domicilié au 2, place Félix Dzerjinski à Moscou fut l'organisation chargée de la sécurité de l'URSS, de la police secrète, et des services de renseignement[2].

Historique

Le siège du KGB en 1983.
Carte de membre du KGB, 1987.

En mars 1953, après la mort de Joseph Staline, Lavrenti Beria refond le Ministère des Affaires Intérieures (MVD) et le MGB en un seul et même organisme - le MVD. Dans la même année, Beria fut exécuté et le MVD dissous. Le nouveau MVD conservait ses pouvoirs de police judiciaire, alors que le KGB nouvellement créé assumait les fonctions de sécurité intérieure et extérieure, restant sous les ordres du Conseil de ministres. Le , le KGB fut rebaptisé « KGB d'Union soviétique », dont le directeur obtint une place au Politburo.

Depuis sa création, le KGB fut considéré comme « l'épée et le bouclier » de la Révolution bolchévique et du Parti communiste de l'Union soviétique. Le KGB obtint de nombreux succès dans les premières années de son existence. La faiblesse des services de sécurité américains et britanniques d'alors offrit au KGB l'occasion de pénétrer les services de renseignement étrangers avec ses propres agents comme les « Cinq de Cambridge ». Le succès le plus important des services secrets soviétiques fut incontestablement l'obtention d'informations détaillées concernant le bâtiment où avait été construite la bombe atomique (Projet Manhattan), possible grâce aux agents infiltrés du KGB, tels Klaus Fuchs et Theodore Hall.

Pendant la Guerre froide, le KGB chercha à contrôler, intimider voire liquider les dissidents politiques accusés de « subversion idéologique », tels Alexandre Soljenitsyne ou Andreï Sakharov. Il obtint également des succès remarquables dans l'espionnage, comme la récolte continue de technologie occidentale par ses agents tels Melita Norwood et l'infiltration du gouvernement d'Allemagne de l'Ouest sous Willy Brandt par l'intermédiaire de la Stasi. Cependant, la révélation d'opérations du KGB en cours par des défections en son sein de personnes haut placées – telles Elizabeth Bentley aux États-Unis et Oleg Gordievsky en Grande-Bretagne – d'une part, et d'autre part l'essoufflement des vocations idéologiques après la répression de l'insurrection de Budapest en 1956 et le Printemps de Prague en 1968, dont le résultat fut un déclin important des capacités opérationnelles du KGB, constitua un double revers. Néanmoins, le KGB fut renseigné par des membres des services secrets de l'Ouest comme les taupes Aldrich Ames (officier de la CIA) ou Robert Hanssen (agent du FBI), l'aidant à contrebalancer la perte de ses agents talentueux.

Les services secrets soviétiques sont responsables de la mort au sein de l'Union soviétique de milliers de personnes considérées comme des opposants ou des « ennemis du peuple ». Néanmoins avec la destalinisation, leurs pouvoirs furent sensiblement réduits[3].

Le KGB fut compromis quand son président, le général d'armée Vladimir Krioutchkov, utilisa les ressources internes du KGB pour aider la tentative de putsch de Moscou d'août 1991 qui avait pour but de renverser Mikhaïl Gorbatchev. Le , Krioutchkov fut arrêté, et le général Vadim Bakatine nommé à la tête du KGB avec pour mission de le dissoudre. Le KGB cessa officiellement d'exister le 4 décembre 1991. Ses services furent divisés en plusieurs branches distinctes : la Sécurité intérieure (Service de sécurité intérieure de l'URSS – futur FSB), le Service central de renseignement de l'URSS – futur SVR et le Service des gardes-frontières. D'autres services autonomes ont vu le jour en 1992, tel le Service de création de codes et de décryptage (FAPSI), tandis que les unités d'élite étaient confiées au ministère de l'Intérieur, le FSB se voyant retirer ses pouvoirs d'instruction. En 1995, le FSB a retrouvé ses pouvoirs d'instruction et ses unités d'élite. En 2002, les gardes-frontières et le FAPSI sont revenus dans le giron du FSB.

Nombre d'anciens officiers se sont reconvertis dans la nouvelle économie de marché russe ou dans la politique comme Vladimir Poutine.

En Biélorussie et en Transnistrie, le service secret a conservé ce nom[réf. nécessaire].

Missions

Le KGB avait sa propre unité de forces spéciales "anti terroriste", le Vympel crée en 1981, repris depuis par le FSB dont voici l'écusson.

Apparemment, le domaine d'action du KGB recoupait plus ou moins les mêmes fonctions et pouvoirs que ceux exercés aux États-Unis par la Central Intelligence Agency (CIA), la division de contre-espionnage du Federal Bureau of Investigation (FBI), du Federal Protective Service et du Secret Service. Mais il n'y avait aucun contrôle de ses activités, ni de limites de ses moyens. En fait, le KGB, en tant que police politique secrète était soumis au Politburo, et plus précisément, au secrétaire général du parti communiste de l'URSS. Cependant, le KGB ne peut pas être considéré comme un service de renseignement fonctionnant comme ses concurrents occidentaux (CIA, DGSE ou MI-6) étant donné sa très forte influence et ses multiples fonctions[4], son contrôle de la société soviétique et ses effectifs considérables. Le KGB tirait sa mission idéologique de ses insignes : le bouclier pour défendre la révolution, l'épée pour écraser ses ennemis (L'Épée et le Bouclier, 23). Ses missions attitrées étaient l'espionnage extérieur, le contre-espionnage, la liquidation des opposants politiques et des organisations contre-révolutionnaires à l'intérieur de l'Union soviétique et à l'étranger, la garde des frontières, la sécurité du Parti communiste et des chefs de l'État, et les propriétés de l'État soviétique. Certains experts estiment que le KGB comptait 1,5 million de collaborateurs alors que le gouvernement soviétique affirmait que ses services secrets comptaient 480 000 employés dont 217 000 gardes-frontières [5]. Toutes les administrations soviétiques étaient sous surveillance de ce service qui les utilisait comme couverture pour ses missions. Selon Edouard Chevardnadze, environ 30 pour cent des employés du ministère des Affaires étrangères étaient agents du KGB[6].

Le KGB a su tisser un des plus importants réseaux internationaux d’agents capables d’infiltrer énormément de milieux, qu'ils soient intellectuels, politiques (notamment dans les partis communistes d’Europe), religieux, militaires, maçonniques, étudiants, industriels.

De nombreuses associations furent utilisées par celui-ci :

Autant de « front associations » qui permettaient parfois au KGB et alliés d'implanter ses agents à l'Ouest, mais qui étaient surtout régulièrement utilisés dans le cadre de mesures actives pour propager la désinformation, telle l'opération INFEKTION, concoctée par le « Service des mesures actives » de la 1re Direction générale du KGB[7] avec parfois l'aide de journalistes comme le français André Ullmann.

De très nombreux étrangers ont travaillé pour l'Union soviétique, que ce soit pour raisons idéologiques, mercantiles ou contraints par un chantage. Le journaliste communiste américain Whittacker Chambers révéla ainsi en 1948 qu'au moins 75 fonctionnaires de l'administration américaine, dont Alger Hiss, membre de la délégation américaine lors de la conférence de Yalta, et Harry Dexter White, bras droit du Secrétaire du Trésor des États-Unis de l'époque, avaient livré des informations capitales à cet État durant la Seconde Guerre mondiale.

À la différence de la CIA ou des services secrets britanniques (SIS ou MI-6), il manquait au KGB un service d'analyse des renseignements, ce qui limitait considérablement sa capacité à tirer profit des très nombreux renseignements collectés. Ceci était dû au système de parti unique en URSS ; Staline, puis plus tard Nikita Khrouchtchev, agissaient souvent comme leur propre analyste : les officiers du KGB qui avaient une opinion contraire ou différente étaient régulièrement écartés. La peur de transmettre des informations allant à l'encontre de l'opinion d'un supérieur signifiait que les renseignements technologiques et scientifiques avaient une position prédominante au KGB.[réf. nécessaire]

En matière d'espionnage, le KGB se reposait beaucoup sur le renseignement humain (HUMINT) dans ses premières années, particulièrement illégal, alors que sa contrepartie occidentale, qui faisait d'avantage confiance à des renseignements basés sur la technologie et l'imagerie (IMINT) et le renseignement par signaux (SIGINT). Pendant la Guerre froide, l'augmentation des mesures de sécurité empêchèrent les tentatives du KGB de reconstruction de ses réseaux de renseignement humains dans leur ampleur originelle, la priorité fut alors donnée à l'espionnage électronique.

Aux missions de paix, il fallait ajouter celles qui incomberaient au KGB dans l'hypothèse d'une guerre. Il aurait alors en autre disposé d'unités sous blindages dont le rôle eut été en particulier, de suivre les formations fournis par les « pays satellites » (Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, RDA, etc., peu sûres et de s'opposer par le feu à toute désobéissance, reprenant le rôle du NKVD durant la Seconde Guerre mondiale.

Organigramme du KGB

Vladimir Poutine, vêtu de son uniforme du KGB.

Président du KGB

Le KGB était dirigé par un haut fonctionnaire, nommé par le Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) sur recommandation du Département des organes administratifs du CC du PCUS et avec un avis favorable du Politburo du CC du PCUS.

Les présidents du KGB après Iouri Andropov étaient en même temps membres du Politburo du CC du PCUS.

Le Président du KGB était secondé par :

  • un Présidium du KGB (Collège composé de principaux chef de services) ;
  • un Comité du PCUS (ayant les droits et le statut d'un comité d'arrondissement de la ville de Moscou) ;
  • un Comité de la jeunesse communiste - Komsomol (avec le même statut du comité d'arrondissement) ;
  • un Comité du club sportif Dynamo Moscou.

Les officiers de carrière ayant le statut militaire, il n'y avait pas pour eux de syndicat (interdit aux militaires). Seuls les employés civils étaient réunis en syndicat.

Directions générales

Directions

  • Troisième direction dont la mission était le contre-espionnage militaire (dans l'armée) ;
  • Cinquième direction ou la police politique et idéologique dont la mission était la chasse des dissidents et la surveillance des groupes religieux ;
  • Sixième direction : contre-espionnage économique et sécurité industrielle ;
  • Septième direction : service des "fileurs" ;
  • Neuvième direction dont la mission était la protection des hauts dignitaires du Parti communiste et de l'État soviétique ;
  • Direction opérationnelle technique ;
  • Quinzième direction : protection des sites d'État, dont le contrôle des armes nucléaires ;
  • Seizième direction : le renseignement électronique ;
  • Construction des sites militaires stratégiques.

Présidents du KGB

Notes et références

  1. « La force mécanisée du Pacte », Ligne de Front, no 3H,‎ , p. 47
  2. Le terme KGB est parfois utilisé pour désigner de manière générale l'organisation chargée de la sécurité de l'URSS depuis sa fondation sous le nom de Tchéka, en 1917, par Félix Dzerjinski
  3. « Les enquêtes du KGB devaient -comme du temps de la Tcheka au début de la NEP- être dûment enregistrées auprès de la procurature générale et des procuratures locales. Les résultats de ces enquêtes devaient être communiqués au fur et à mesure au département spécial de la Procurature, chargé de les superviser (la procédure était la même au niveau local) » ; Moshe Lewin, Le siècle soviétique, Paris Fayard-Le Monde diplomatique, 2003 p. 235 et analyse du nouveau phénomène, pp. 253-256.
  4. L’URSS en Afghanistan : aux sources de la décision d’intervention de décembre 1979, comment le directeur du KGB de l'époque a imposé l'intervention militaire face au Politburo
  5. En novembre 1990, selon le directeur du BVD néerlandais, un tiers des citoyens soviétiques travaillant aux Pays-Bas sont des agents du KGB.
  6. (fr) Edouard Chevardnadze: l'antagonisme Gorbatchev-Eltsine a été fatal à l'URSS, 20 décembre 2007, RIA Novosti
  7. Genevofa Étienne, Claude Moniquet, Histoire de l'espionnage mondiale, tome 2, Éditions du Félin, 2001.
  8. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/03/30/97001-20120330FILWWW00613-russie-1-ex-chef-du-kgb-retrouve-mort.php

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • Christopher Andrew, Oleg Gordievsky, Le KGB dans le monde, 1917-1990, Fayard, 1990 (ISBN 2213026009)
  • Christopher Andrew et Vassili Mitrokhine (trad. Agathe Rivière, Odile Demange et Philippe Delamare, préf. Christopher Andrew), Le KGB contre l'Ouest 1917 - 1991 : Les archives Mitrokhine [« The Mitrokhine Archiv. The KGB in Europe and The West »], Paris, Fayard, (1re éd. 1999), 983 p. (ISBN 978-2-213-60744-3)
  • John Barron, Enquête sur le KGB, Fayard, 1984.
  • Hélène Blanc, KGB Connexion : Le système Poutine, Hors Commerce, 2004. (ISBN 2915286159)
  • Brian Freemantle, Le KGB, 1986. (ISBN 2259014348)
  • Jean-Louis Loubet del Bayle, Police et politique. Une approche sociologique, L'Harmattan, 2006.
  • Roumiana Ougartchinska, KGB & Cie à l'assaut de l'Europe, Éditions Anne Carrére, 2005. (ISBN 2843372887)
  • Nadine Marie-Schwartzenberg, Le KGB, PUF, « Que sais-je ? », no 2757, 1993.
  • Ronald Seth, SMERSH, Stock, 1970.
  • Thierry Wolton, Le KGB en France, Éditions Grasset, 1986.
  • Kim Philby, Ma guerre silencieuse, Éditions Robert Laffont, 1968. Les mémoires du célèbre agent double (MI6-KGB).
  • Serguei Iémiliévitch Groustine, Parcours de bourreau, 1968-1982, éditions Bureau M (diffusion GE29), 120 pages, (ISBN 978-2-9600155-7-7)
  • Andreï Kozovoï, Les Services secrets russes : des tsars à Poutine, Paris, Tallandier, (1re éd. 2010), 425 p. (ISBN 978-2-84734-602-2)

Articles connexes

Liens externes