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Les effets à long terme du changement climatique comprennent la poursuite de la fonte des glaces, le réchauffement des océans, l'élévation du niveau de la mer et l'acidification des océans. À l'échelle des siècles ou des millénaires, l'ampleur du changement climatique sera principalement déterminée par les émissions anthropiques de {{CO2}}. Cela est dû à la longue durée de vie du {{CO2}} dans l'atmosphère<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=National Research Council |titre=Climate Stabilization Targets: Emissions, Concentrations, and Impacts over Decades to Millennia |lieu=Washington |éditeur=National Academies Press |année=2011 |isbn=978-0-309-15176-4 |doi=10.17226/12877 |lire en ligne=https://www.nap.edu/catalog/12877/climate-stabilization-targets-emissions-concentrations-and-impacts-over-decades-to |consulté le=19 August 2013}}.</ref>{{,}}{{sfn|IPCC AR5 WG1 Ch12 2013|pp=88-89|loc = FAQ 12.3}}. L'absorption du {{CO2}} par les océans est suffisamment lente pour que l'acidification des océans se poursuive pendant des centaines ou des milliers d'années{{Sfn|IPCC AR5 WG1 Ch12 2013|p=1112}}. On estime que ces émissions ont prolongé la période interglaciaire actuelle d'au moins {{unité|100000|ans}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Michel |nom1=Crucifix |titre=Earth's narrow escape from a big freeze |périodique=Nature |volume=529 |numéro=7585 |date=2016 |issn=1476-4687 |pmid=26762453 |doi=10.1038/529162a |pages=162-163}}</ref>. L'élévation du niveau de la mer se poursuivra pendant de nombreux siècles, avec une augmentation estimée à {{unité|2,3|mètres}} par degré Celsius après 2000 ans<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Joel B. |nom1=Smith |prénom2=Stephen H. |nom2=Schneider |prénom3=Michael |nom3=Oppenheimer |prénom4=Gary W. |nom4=Yohe |titre=Assessing dangerous climate change through an update of the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) 'reasons for concern' |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=106 |numéro=11 |année=2009 |pmid=19251662 |pmcid=2648893 |doi=10.1073/pnas.0812355106 |bibcode=2009PNAS..106.4133S |pages=4133-4137 |nom5=Hare |prénom5=William |nom6=Mastrandrea |prénom6=Michael D. |nom7=Patwardhan |prénom7=Anand |nom8=Burton |prénom8=Ian |nom9=Corfee-Morlot |prénom9=Jan |prénom10=Chris H. D. |nom10=Magadza |prénom11=Hans-Martin |nom11=Füssel |prénom12=A. Barrie |nom12=Pittock |prénom13=Atiq |nom13=Rahman |prénom14=Avelino |nom14=Suarez |prénom15=Jean-Pascal |nom15=van Ypersele}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Anders |nom1=Levermann |prénom2=Peter U. |nom2=Clark |prénom3=Ben |nom3=Marzeion |prénom4=Glenn A. |nom4=Milne |titre=The multimillennial sea-level commitment of global warming |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=110 |numéro=34 |date=2013 |issn=0027-8424 |pmid=23858443 |pmcid=3752235 |doi=10.1073/pnas.1219414110 |bibcode=2013PNAS..11013745L |pages=13745-13750 |nom5=Pollard |prénom5=David |nom6=Radic |prénom6=Valentina |nom7=Robinson |prénom7=Alexander}}.</ref>. |
Les effets à long terme du changement climatique comprennent la poursuite de la fonte des glaces, le réchauffement des océans, l'élévation du niveau de la mer et l'acidification des océans. À l'échelle des siècles ou des millénaires, l'ampleur du changement climatique sera principalement déterminée par les émissions anthropiques de {{CO2}}. Cela est dû à la longue durée de vie du {{CO2}} dans l'atmosphère<ref>{{Ouvrage |langue=en |auteur1=National Research Council |titre=Climate Stabilization Targets: Emissions, Concentrations, and Impacts over Decades to Millennia |lieu=Washington |éditeur=National Academies Press |année=2011 |isbn=978-0-309-15176-4 |doi=10.17226/12877 |lire en ligne=https://www.nap.edu/catalog/12877/climate-stabilization-targets-emissions-concentrations-and-impacts-over-decades-to |consulté le=19 August 2013}}.</ref>{{,}}{{sfn|IPCC AR5 WG1 Ch12 2013|pp=88-89|loc = FAQ 12.3}}. L'absorption du {{CO2}} par les océans est suffisamment lente pour que l'acidification des océans se poursuive pendant des centaines ou des milliers d'années{{Sfn|IPCC AR5 WG1 Ch12 2013|p=1112}}. On estime que ces émissions ont prolongé la période interglaciaire actuelle d'au moins {{unité|100000|ans}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Michel |nom1=Crucifix |titre=Earth's narrow escape from a big freeze |périodique=Nature |volume=529 |numéro=7585 |date=2016 |issn=1476-4687 |pmid=26762453 |doi=10.1038/529162a |pages=162-163}}</ref>. L'élévation du niveau de la mer se poursuivra pendant de nombreux siècles, avec une augmentation estimée à {{unité|2,3|mètres}} par degré Celsius après 2000 ans<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Joel B. |nom1=Smith |prénom2=Stephen H. |nom2=Schneider |prénom3=Michael |nom3=Oppenheimer |prénom4=Gary W. |nom4=Yohe |titre=Assessing dangerous climate change through an update of the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) 'reasons for concern' |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=106 |numéro=11 |année=2009 |pmid=19251662 |pmcid=2648893 |doi=10.1073/pnas.0812355106 |bibcode=2009PNAS..106.4133S |pages=4133-4137 |nom5=Hare |prénom5=William |nom6=Mastrandrea |prénom6=Michael D. |nom7=Patwardhan |prénom7=Anand |nom8=Burton |prénom8=Ian |nom9=Corfee-Morlot |prénom9=Jan |prénom10=Chris H. D. |nom10=Magadza |prénom11=Hans-Martin |nom11=Füssel |prénom12=A. Barrie |nom12=Pittock |prénom13=Atiq |nom13=Rahman |prénom14=Avelino |nom14=Suarez |prénom15=Jean-Pascal |nom15=van Ypersele}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Anders |nom1=Levermann |prénom2=Peter U. |nom2=Clark |prénom3=Ben |nom3=Marzeion |prénom4=Glenn A. |nom4=Milne |titre=The multimillennial sea-level commitment of global warming |périodique=Proceedings of the National Academy of Sciences |volume=110 |numéro=34 |date=2013 |issn=0027-8424 |pmid=23858443 |pmcid=3752235 |doi=10.1073/pnas.1219414110 |bibcode=2013PNAS..11013745L |pages=13745-13750 |nom5=Pollard |prénom5=David |nom6=Radic |prénom6=Valentina |nom7=Robinson |prénom7=Alexander}}.</ref>. |
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=== Nature et faune === |
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Le réchauffement récent a poussé de nombreuses espèces terrestres et d'eau douce vers les pôles et vers des [[altitude]]s plus élevées{{sfn|IPCC SR15 Ch3 2018|p=218}}. L'augmentation du taux de {{CO2}} dans l'atmosphère et l'allongement de la période de végétation ont entraîné un verdissement de la planète, tandis que les vagues de chaleur et la sécheresse ont réduit la productivité des [[écosystème]]s dans certaines régions. L'équilibre futur de ces effets opposés n'est pas clair{{sfn|IPCC SRCCL Ch2|2019|p=133}}. Le réchauffement climatique a contribué à l'expansion des zones climatiques plus sèches, comme l'[[Désertification|expansion des déserts]] dans les [[Zone subtropicale|régions subtropicales]]{{sfn|IPCC SRCCL Summary for Policymakers|2019|p=7}}{{,}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Ning |nom1=Zeng |prénom2=Jinho |nom2=Yoon |titre=Expansion of the world's deserts due to vegetation-albedo feedback under global warming |périodique=Geophysical Research Letters |volume=36 |numéro=17 |date=2009 |issn=1944-8007 |doi=10.1029/2009GL039699 |bibcode=2009GeoRL..3617401Z |pages=L17401}}.</ref>. L'ampleur et la vitesse du réchauffement climatique rendent plus probables les changements abrupts dans les écosystèmes<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Monica G. |nom1=Turner |prénom2=W. John |nom2=Calder |prénom3=Graeme S. |nom3=Cumming |prénom4=Terry P. |nom4=Hughes |titre=Climate change, ecosystems and abrupt change: science priorities |périodique=Philosophical Transactions of the Royal Society B |volume=375 |numéro=1794 |date=2020 |pmid=31983326 |pmcid=7017767 |doi=10.1098/rstb.2019.0105 |nom5=Jentsch |prénom5=Anke |nom6=LaDeau |prénom6=Shannon L. |nom7=Lenton |prénom7=Timothy M. |nom8=Shuman |prénom8=Bryan N. |nom9=Turetsky |prénom9=Merritt R. |nom10=Ratajczak |prénom10=Zak |nom11=Williams |prénom11=John W.}}</ref>. Globalement, on s'attend à ce que le changement climatique entraîne l'[[Extinction des espèces|extinction]] de nombreuses espèces<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Mark C. |nom1=Urban |titre=Accelerating extinction risk from climate change |périodique=Science |volume=348 |numéro=6234 |date=2015 |issn=0036-8075 |pmid=25931559 |doi=10.1126/science.aaa4984 |bibcode=2015Sci...348..571U |lire en ligne=https://science.sciencemag.org/content/348/6234/571 |pages=571–573}}.</ref>. |
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Les océans se sont réchauffés plus lentement que la terre, mais les plantes et les animaux de l'océan ont migré vers les pôles plus froids plus rapidement que les espèces terrestres<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Elvira S. |nom1=Poloczanska |prénom2=Christopher J. |nom2=Brown |prénom3=William J. |nom3=Sydeman |prénom4=Wolfgang |nom4=Kiessling |titre=Global imprint of climate change on marine life |périodique=Nature Climate Change |volume=3 |numéro=10 |date=2013 |issn=1758-6798 |doi=10.1038/nclimate1958 |bibcode=2013NatCC...3..919P |lire en ligne=https://espace.library.uq.edu.au/view/UQ:318633/UQ318633_peer_review.pdf |pages=919–925 |nom5=Schoeman |prénom5=David}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Jonathan |nom1=Lenoir |prénom2=Romain |nom2=Bertrand |prénom3=Lise |nom3=Comte |prénom4=Luana |nom4=Bourgeaud |titre=Species better track climate warming in the oceans than on land |périodique=Nature Ecology & Evolution |volume=4 |numéro=8 |année=2020 |issn=2397-334X |pmid=32451428 |doi=10.1038/s41559-020-1198-2 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41559-020-1198-2 |pages=1044–1059 |nom5=Hattab |prénom5=Tarek |nom6=Murienne |prénom6=Jérôme |nom7=Grenouillet |prénom7=Gaël |s2cid=218879068}}.</ref>. Tout comme sur la terre, les vagues de chaleur dans l'océan sont plus fréquentes en raison du changement climatique, avec des effets néfastes sur un large éventail d'organismes tels que les coraux, les ''[[Laminariales]]'' et les [[Oiseau de mer|oiseaux de mer]]<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Dan A. |nom1=Smale |prénom2=Thomas |nom2=Wernberg |prénom3=Eric C. J. |nom3=Oliver |prénom4=Mads |nom4=Thomsen |titre=Marine heatwaves threaten global biodiversity and the provision of ecosystem services |périodique=Nature Climate Change |volume=9 |numéro=4 |date=2019 |issn=1758-6798 |doi=10.1038/s41558-019-0412-1 |bibcode=2019NatCC...9..306S |lire en ligne=http://pure.aber.ac.uk/ws/files/29181264/Smale_et_al_2019_NCC_pre_print.pdf |pages=306–312 |nom5=Harvey |prénom5=Ben P. |s2cid=91471054}}.</ref>. L'acidification des océans a un impact sur les organismes qui [[Biominéralisation|produisent des coquilles et des squelettes]], tels que les moules et les balanes, ainsi que sur les [[Récif corallien|récifs coralliens]] ; ces derniers ont connu un [[Blanchissement des coraux|blanchiment]] important après des vagues de chaleur{{sfn|IPCC SROCC Summary for Policymakers|2019|p=13}}. L'[[Efflorescence algale|efflorescence d'algues nuisibles]] favorisée par le changement climatique et l'eutrophisation provoque l'anoxie, la perturbation des [[Réseau trophique|réseaux alimentaires]] et la mortalité massive à grande échelle de la vie marine{{sfn|IPCC SROCC Ch5|2019|p=510}}. Les écosystèmes côtiers subissent un stress particulier, près de la moitié des zones humides ayant disparu en raison du changement climatique et d'autres impacts humains{{sfn|IPCC SROCC Ch5|2019|p=451}}. |
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|+ '''Impacts du changement climatique sur l'environnement''' |
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Fichier:Bleachedcoral.jpg|alt=Photographie sous-marine d'un corail à branches blanchi en blanc.|[[Effondrement écologique]] : le blanchiment a endommagé la [[Grande Barrière|Grande Barrière de Corail]] et menace les récifs du monde entier<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Coral Reef Risk Outlook |url=https://sos.noaa.gov/datasets/coral-reef-risk-outlook/ |éditeur=[[National Oceanic and Atmospheric Administration]] |consulté le=4 April 2020}}.</ref>. |
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Fichier:Orroral Valley Fire viewed from Tuggeranong January 2020.jpg|alt=Photographie le soir d'un village dans une vallée. La ligne d'horizon dans les collines au-delà est éclairée en rouge par des feux de forêt.|Temps extrême : la sécheresse et les températures élevées ont aggravé les [[feux de brousse de 2019-2020 en Australie]]<ref>{{Lien web |langue=en |prénom=Daisy |nom=Dunne |prénom2=Josh |nom2=Gabbatiss |prénom3=Robert |nom3=Mcsweeny |titre=Media reaction: Australia's bushfires and climate change |url=https://www.carbonbrief.org/media-reaction-australias-bushfires-and-climate-change |site=Carbon Brief |date=7 January 2020 |consulté le=11 January 2020}}.</ref>. |
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Fichier:National Park Service Thawing permafrost (27759123542).jpg|alt=The green landscape is interrupted by a huge muddy scar where the ground has subsided.|[[Réchauffement climatique dans l'Arctique|Réchauffement de l'Arctique]] : le dégel du [[pergélisol]] fragilise les sols et [[Relargage du méthane de l'Arctique|libère du méthane]], un [[gaz à effet de serre]]<ref name="Turetsky 2019">{{Article |langue=en |prénom1=Merritt R. |nom1=Turetsky |prénom2=Benjamin W. |nom2=Abbott |prénom3=Miriam C. |nom3=Jones |prénom4=Katey Walter |nom4=Anthony |titre=Permafrost collapse is accelerating carbon release |périodique=Nature |volume=569 |numéro=7754 |date=2019 |pmid=31040419 |doi=10.1038/d41586-019-01313-4 |bibcode=2019Natur.569...32T |pages=32–34 |nom5=Koven |prénom5=Charles |nom6=Kuhry |prénom6=Peter |nom7=Lawrence |prénom7=David M. |nom8=Gibson |prénom8=Carolyn |nom9=Sannel |prénom9=A. Britta K.}}.</ref>. |
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Fichier:Endangered arctic - starving polar bear edit.jpg|alt=Un ours polaire maigre se tient au sommet des restes d'une banquise en train de fondre.|[[Destruction des habitats]] : de nombreux animaux polaires dépendent de la banquise, qui disparaît alors que l'Arctique se réchauffe{{sfn|IPCC AR5 WG2 Ch28 2014|p=1596}}. |
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Fichier:Mountain Pine Beetle damage in the Fraser Experimental Forest 2007.jpg|alt=Photographie d'une grande zone de forêt. Les arbres verts sont entrecoupés de grandes où des arbres sont endommagés ou morts, qui prennent une couleur brun-violet et rouge clair.|Propagation des parasites : les hivers doux permettent à un plus grand nombre de [[Dendroctonus ponderosae|dendroctones du pin]] de survivre et de tuer de grandes étendues de forêt<ref>{{Lien web |langue=en |titre=What a changing climate means for Rocky Mountain National Park |url=https://www.nps.gov/romo/learn/nature/climatechange.htm |éditeur=[[National Park Service]] |consulté le=9 April 2020}}.</ref> . |
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=== Conséquences humaines du réchauffement climatique === |
=== Conséquences humaines du réchauffement climatique === |
Version du 31 mai 2021 à 21:01
Le réchauffement climatique, ou réchauffement planétaire[N 1], est le phénomène actuellement observé d'augmentation des températures moyennes océaniques et atmosphériques, du fait d'émissions de gaz à effet de serre excessives. Ces émissions dépassent en effet la capacité d'absorption des océans et de la biosphère et augmentent l'effet de serre, lequel piège la chaleur à la surface terrestre.
En 1988, l'ONU forme le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) pour synthétiser les études scientifiques sur le climat. Dans son quatrième rapport datant de 2007, auquel ont participé plus de 2 500 scientifiques de 130 pays, le GIEC affirme que le réchauffement climatique depuis 1950 est « très probablement » dû à l'augmentation des gaz à effet de serre d'origine anthropique (liés aux activités humaines). Les conclusions du GIEC ont été approuvées par plus de quarante sociétés scientifiques et académies des sciences, y compris l'ensemble des académies nationales des sciences des grands pays industrialisés. Le degré de certitude est passé à « extrêmement probable » dans le cinquième rapport de 2014.
Les dernières projections du GIEC sont que la température de surface du globe pourrait croître de 1,1 à 6,4 °C supplémentaires au cours du XXIe siècle. Les différences entre projections viennent des sensibilités différentes des modèles pour les concentrations de gaz à effet de serre et des différents scénarios d'émissions futures. La plupart des études ont choisi 2100 comme horizon, mais le réchauffement devrait se poursuivre au-delà car, même si toutes les émissions s'arrêtaient soudainement, les océans ayant déjà stocké beaucoup de chaleur, des puits de carbone sont à restaurer, et la durée de vie du dioxyde de carbone et des autres gaz à effet de serre dans l'atmosphère est longue.
Des incertitudes subsistent sur l'ampleur et la géographie du réchauffement futur, du fait de la précision des modèles, de l'imprévisibilité du volcanisme, mais aussi des comportements étatiques et individuels (présents et futurs) variables. Les enjeux socioéconomiques, politiques, sanitaires, environnementaux, voire géopolitiques ou moraux, étant majeurs, ils suscitent des débats nombreux, à l'échelle internationale, ainsi que des controverses. Néanmoins, depuis 2000, un consensus émerge sur le fait que les effets du réchauffement se font déjà sentir de manière significative, qu'ils devraient s'accroître à moyen et long terme et qu'ils seraient irréversibles sauf actions concertées, locales aussi bien que planétaires.
Hausse de température observée
De multiples ensembles de données instrumentales produites de manière indépendante montrent que le système climatique se réchauffe[N 2],[6], la décennie 2009-2018 étant plus chaude de 0,93 ± 0,07 °C que la référence préindustrielle (1850-1900)[7],[8]. Les températures de surface augmentent d'environ 0,2 °C par décennie[9], l'année 2020 atteignant une température de 1,2 °C au-dessus de l'ère préindustrielle[10]. Depuis 1950, le nombre de jours et de nuits froids a diminué, et le nombre de jours et de nuits chauds a augmenté[11].
Il y a eu peu de réchauffement net entre le 18e siècle et le milieu du 19e siècle. Les proxies climatiques (en), sources d'informations climatiques provenant d'archives naturelles telles que les arbres et les carottes de glace, montrent que des variations naturelles ont compensé les premiers effets de la révolution industrielle[12],[13]. Les enregistrements thermométriques ont commencé à fournir une couverture mondiale vers 1850[14]. Les schémas historiques de réchauffement et de refroidissement, tels que l'optimum climatique médiévale et le petit âge glaciaire, ne se sont pas produits au même moment dans différentes régions, mais les températures ont pu atteindre des niveaux aussi élevés que ceux de la fin du 20e siècle dans un ensemble limité de régions[15],[16]. Il y a eu des épisodes préhistoriques de réchauffement climatique, tels que le maximum thermique du passage Paléocène-Éocène[17]. Cependant, l'augmentation moderne observée de la température et des concentrations de CO2 a été si rapide que même les événements géophysiques abrupts qui ont eu lieu dans l'histoire de la Terre ne s'approchent pas des taux actuels[18].
Les preuves de réchauffement fournies par les mesures de la température de l'air sont renforcées par un large éventail d'autres observations[19] : l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des fortes précipitations, la fonte de la neige et de la glace terrestre, et l'augmentation de l'humidité atmosphérique[20],[21]. La flore et la faune ont également un comportement compatible avec le réchauffement ; par exemple, les plantes fleurissent plus tôt au printemps[22]. Un autre indicateur clé est le refroidissement de la haute atmosphère, qui démontre que les gaz à effet de serre piègent la chaleur près de la surface de la Terre et l'empêchent de rayonner dans l'espace[23].
Si les lieux de réchauffement varient, les schémas sont indépendants de l'endroit où les gaz à effet de serre sont émis, car les gaz persistent suffisamment longtemps pour se diffuser sur la planète. Depuis la période préindustrielle, les températures terrestres moyennes mondiales ont augmenté presque deux fois plus vite que les températures de surface moyennes mondiales[24]. Cela s'explique par la plus grande capacité thermique des océans, et par le fait que les océans perdent davantage de chaleur par évaporation[25]. Plus de 90 % du surplus d'énergie du système climatique a été stockée dans l'océan au cours des 50 dernières années ; le reste réchauffe l'atmosphère, fait fondre la glace et réchauffe les continents[26],[27].
L'hémisphère nord et le pôle nord se sont réchauffés beaucoup plus rapidement que le pôle sud et l'hémisphère sud. L'hémisphère nord possède non seulement beaucoup plus de terres, mais aussi plus de couverture neigeuse saisonnière et de banquise, en raison de la manière dont les masses terrestres sont disposées autour de l'océan Arctique. Comme ces surfaces passent de la réflexion d'une grande quantité de lumière à l'obscurité après la fonte de la glace, elles commencent à absorber plus de chaleur[28]. Les dépôts localisés de carbone noir sur la neige et la glace contribuent également au réchauffement de l'Arctique[29]. Les températures de l'Arctique ont augmenté et devraient continuer à augmenter au cours du 21e siècle à un rythme plus de deux fois supérieur à celui du reste du monde (en)[30]. La fonte des glaciers et des couches de glace dans l'Arctique perturbe la circulation océanique, affaiblissant notamment le Gulf Stream, ce qui modifie davantage le climat[31].
Facteurs de l'augmentation récente de la température
Hypothèse d'un effet de serre additionnel
L’effet de serre est un phénomène naturel : une partie du rayonnement infrarouge émis par la Terre vers l’atmosphère terrestre reste piégée par les gaz dits « à effet de serre », augmentant ainsi la température de la basse atmosphère (troposphère). Ces gaz sont essentiellement de la vapeur d'eau (H2O) et du dioxyde de carbone (CO2). Environ un tiers des émissions de ce dernier résulte des activités humaines[32]. Sans cet effet, la température de surface de la Terre serait en moyenne inférieure de 33 °C c'est-à-dire −19 °C[N 3],[33],[34],[35].
L'augmentation observée des quantités de gaz à effet de serre, comme le dioxyde de carbone, contribue à renforcer l'effet de serre. On estime que, depuis 1750, 2 000 gigatonnes de dioxyde de carbone ont été émises dans l'atmosphère du fait des activités humaines, et que sur ce total, 800 gigatonnes y sont restées accumulées[36]. Les concentrations actuelles de CO2 dans l'atmosphère surpassent de loin les taux des 650 000 dernières années. Elles sont passées de 278 parties par million (ppm) vers 1750[37] à 379 ppm en 2005. Le niveau de 400 ppm est dépassé ponctuellement et localement depuis 2013[38],[39]. Selon le bulletin de l’OMM, la moyenne annuelle a été de 397,7 ppm pour 2014[38] et de 405 ppm pour 2017[40]. Le record journalier atteint en 2019, 415 ppm, n'avait pas été atteint depuis trois millions d'années[39].
Les concentrations de méthane sont passées de 715 ppb (partie par milliard) en 1750 à 1 833 ppb en 2014, soit 254 % de son niveau à l'ère préindustrielle[41].
Par ailleurs, la vitesse de croissance du taux de CO2 dans l'atmosphère augmente également, passant de +1,5 ppm/an de 1970 à 2000, à +2,1 ppm/an entre 2000 et 2007[42]. Il a été prouvé par l’étude isotopique du carbone dans l’air que cette augmentation des quantités de gaz à effet de serre est due pour plus de la moitié à la combustion de matière carbonée fossile[43],[e 1], l'autre partie étant due essentiellement aux déboisements massifs[44].
Cause la plus probable
Selon les conclusions du rapport de 2001 des scientifiques du GIEC, la cause la plus probable de ce réchauffement dans la seconde moitié du XXe siècle est le « forçage anthropique », c’est-à-dire l’augmentation dans l’atmosphère des gaz à effet de serre résultant de l’activité humaine[45].
Le degré de certitude a augmenté dans les rapports 2007 puis 2013 du GIEC, qui qualifient de « très probable », puis d’« extrêmement probable » le fait que le réchauffement climatique soit dû à l’activité humaine[c 1],[46].
Selon les prévisions actuelles, le réchauffement planétaire se poursuivra au cours du XXIe siècle mais son amplitude est débattue : selon les hypothèses retenues et les modèles employés, les prévisions à l'horizon 2100 vont de 1,5 à 7 °C (Climeri-France, 2019)[47].
Méthode scientifique : la modélisation
Leurs conclusions sont tirées des résultats d’expériences avec des modèles numériques[50],[e 2]. Ce sont des programmes informatiques qui permettent d'estimer l’importance relative des divers facteurs naturels et humains au moyen de simulations menées sur des superordinateurs, pour identifier le ou les facteurs à l’origine de la brutale hausse de température.
Ces modèles tiennent compte de deux types de mécanismes[44] :
- ceux qui sont suffisamment bien compris pour pouvoir être traduits en équation. Il s'agit essentiellement de la circulation de l'atmosphère, des phénomènes de forçage radiatif et de l'hydrodynamique de la circulation océanique. La précision des prévisions basées sur ces mécanismes est limitée par la limitation spatiale et temporelle due à la puissance des ordinateurs et à l'efficacité des algorithmes de calcul utilisés ;
- ceux dont la modélisation est empirique. Tel est en particulier l'effet des nuages[51]. La taille des mailles des modèles actuels ne permet de traiter ceux-ci que sous un aspect statistique. Il en est de même pour l'albédo de la végétation, qui est déduite de mesures d'observation.
Résultats
Les simulations climatiques montrent que le réchauffement observé de 1910 à 1945 peut être majoritairement expliqué par les variations du rayonnement solaire (voir changement climatique)[réf. nécessaire][52]. En revanche, pour obtenir le réchauffement observé de 1976 à 2006 (voir graphique), on constate qu’il faut prendre en compte les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. Les modélisations effectuées depuis 2001 estiment que le forçage radiatif anthropique est dix fois supérieur au forçage radiatif dû à des variations de l’activité solaire, bien que le forçage dû aux aérosols soit négatif.
Le point essentiel est que le forçage radiatif net est positif[43]. En particulier, l’augmentation de la température moyenne mondiale depuis 2001 est en accord avec les prévisions faites par le GIEC depuis 1990 sur le réchauffement induit par les gaz à effets de serre. Enfin, un réchauffement uniquement dû à l’activité solaire n’expliquerait pas pourquoi la troposphère verrait sa température augmenter et pas celle de la stratosphère[43].
Autres causes mineures du réchauffement climatique
D'autres causes anthropogéniques ont été pointées par la communauté scientifique. Les effets de ces différents facteurs sont souvent moins bien connus comme en témoigne le graphique Composantes du forçage radiatif.
- L'utilisation des terres a un effet sur l'albédo. Par exemple, les terres cultivées sont en général plus claires que les forêts[53] et donc réfléchissent plus la lumière.
- Le trou de la couche d'ozone pourrait également avoir un effet important, mais qui reste encore très méconnu. En effet, l'ozone stratosphérique, en absorbant les rayons UV réchauffe la stratosphère ; l'absence d'ozone conduit donc à un refroidissement de la stratosphère qui provoquerait selon certaines analyses une augmentation de la hauteur de la tropopause, et un décalage de toute la circulation atmosphérique (cellule de Hadley, circulation d'humidité, circulation d'énergie) vers les pôles[54]. L'effet de ce changement de circulation est également discuté, mais il semblerait[55],[51] que le déplacement de la couverture nuageuse des storm tracks vers les pôles diminuerait l'albédo des latitudes moyennes et participerait donc au réchauffement climatique.
- La mauvaise gestion des forêts peut avoir des conséquences sur la quantité de carbone puisées par celles-ci. Plusieurs études[56] montrent que l'efficacité du captage du carbone par les arbres dépend fortement de leur santé. Par exemple, certains facteurs (pollution atmosphérique, prolifération des parasites, vague de chaleur) peuvent affecter durablement la productivité primaire brute des arbres, c'est-à-dire la quantité de carbone captée. En 2003, en raison de la vague de chaleur et par conséquent de la pollution atmosphérique stagnante et de la prolifération des parasites des arbres, la productivité primaire brute a diminué de 8 % en France et de 15 % dans le nord de l'Italie. Ce déficit du puits de carbone aurait pu être réduit grâce à une meilleure gestion des forêts (mélange des essences d'arbre, espacement des arbres).
Projections
Dans le cinquième rapport du GIEC, une projection climatique est définie comme la réponse du climat à un scenario d’émission de concentration de gaz à effet de serre et d’aérosols[57]. Ces projections sont des simulations obtenues à partir de modèles numériques. Elles dépendent fortement du scenario d’émission de gaz et effet de serre, lui-même basé sur des hypothèses sur le développement socio-économique et technologique future. Ce scenario d’émission constitue la source la plus importante d’incertitude des projections de la température de surface atmosphérique globale à l’horizon 2100[a 2],[58],[59]. Ces projections sont réalisées dans le cadre du projet d'intercomparaison des modèles couplés par les groupes de recherches du monde entier. Le dernier exercice de ce projet (CMIP5) a associé près de 50 modèles climatiques[60].
Modèles climatiques
Les projections par les scientifiques de l’évolution future du climat sont rendues possibles grâce à l'utilisation de modèles mathématiques traités informatiquement sur des superordinateurs[61]. Ces modèles, dits de circulation générale, reposent sur les lois générales de la thermodynamique et simulent les déplacements et les températures des masses atmosphériques et océaniques. Les plus récents prennent aussi en considération d'autres phénomènes, comme le cycle du carbone.
Ces modèles sont considérés comme valides par la communauté scientifique lorsqu'ils sont capables de simuler des variations connues du climat, comme les variations saisonnières, le phénomène El Niño, ou l'oscillation nord-atlantique. Les modèles les plus récents simulent de façon satisfaisante les variations de température au cours du XXe siècle. En particulier, les simulations menées sur le climat du XXe siècle sans intégrer l'influence humaine ne rendent pas compte du réchauffement climatique, tandis que celles incluant cette influence sont en accord avec les observations[43].
Les modèles informatiques simulant le climat sont alors utilisés par les scientifiques pour établir des scénarios d'évolution future du climat, mais aussi pour cerner les causes du réchauffement climatique actuel, en comparant les changements climatiques observés avec les changements induits dans ces modèles par différentes causes, naturelles ou humaines.
Ces modèles sont l'objet d'incertitudes de nature mathématique, informatique, physique, etc. Les trois principales sources d'incertitude mentionnées par les climatologues sont :
- la modélisation des nuages[51] ;
- la simulation de phénomènes de petite échelle, comme les cellules orageuses, ou l'effet du relief sur la circulation atmosphérique ;
- la modélisation de l'interface entre les océans et l'atmosphère.
De façon plus générale, ces modèles sont limités d'une part par les capacités de calcul des ordinateurs actuels, et le savoir de leurs concepteurs d'autre part, la climatologie et les phénomènes à modéliser étant d’une grande complexité. L'importance des investissements budgétaires nécessaires sont aussi un aspect non négligeable de la recherche dans le domaine du réchauffement climatique. Malgré ces limitations, le GIEC considère les modèles climatiques comme des outils pertinents pour fournir des scénarios d'évolution utiles du climat.
Des projections sur le climat réalisées en 2019 par l’Institut Pierre-Simon Laplace et le Centre national de recherches météorologiques indiquent que les prévisions contemporaines seraient un peu trop optimistes par rapport à la réalité du réchauffement : selon ces projections, la planète pourrait se réchauffer jusqu’à 6 à 7 °C en 2100 dans le pire des scénarios, et dans le meilleur, si la planète parvient à la neutralité carbone en 2060, de 1,9 °C[62].
Poursuite du réchauffement climatique
Pour les climatologues regroupés au sein du GIEC, l'augmentation des températures devrait se poursuivre au cours du XXIe siècle, et l'ampleur la plus probable du réchauffement attendu est de 1,8 à 3,4 °C à la fin du XXIe siècle.
L'ampleur du réchauffement repose sur des simulations et comporte deux types d'incertitude :
- des incertitudes liées à l'imprécision des modèles (voir plus haut) ;
- des incertitudes sur le comportement de l'humanité au cours du XXIe siècle.
Afin de prendre en compte ce dernier paramètre dans les projections, les climatologues utilisent différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre (GES) et d'aérosols. Les scénarios utilisés dans les 3e et 4e rapports du GIEC sont détaillés dans le rapport Special Report on Emissions Scenarios (SRES)[63]. Ces scénarios ne prennent pas en compte l’éventualité d’une modification intentionnelle des émissions de GES à l’échelle mondiale. Les scénarios utilisés dans la cinquième phase du projet CMIP servant de base au 5e rapport du GIEC sont appelés scénarios RCP pour representative concentration pathway[64],[65]. Quatre scénarios ont été utilisés :
- RCP 8.5 : scénario de forte émission. Ce scénario décrit l'évolution du climat en l'absence de stratégie efficace de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il est comparable à l'ancien scénario SRES A1F1.
- RCP 6 : scénario d'émission intermédiaire. Dans ce scénario, le forçage radiatif se stabilise peu après 2100, ce qui correspond à une stratégie d'efficacité faible de réduction des émissions de GES. Il est comparable à l'ancien scénario SRES B2.
- RCP4.5 : scénario d'émission intermédiaire. Comme le scénario RCP6, il correspond à une stratégie d'efficacité moyenne de réduction des émissions de GES. Il est comparable à l'ancien scénario SRES B1.
- RCP2.6 : réduction des émissions de GES. Il correspond à une stratégie d'efficacité importante de réduction des émissions de GES. Il n'a pas son équivalent parmi les anciens scénarios SRES.
Les incertitudes liées au fonctionnement des modèles sont mesurées en comparant les résultats de plusieurs modèles pour un même scénario, et en comparant les effets de petites modifications des scénarios d’émission dans chaque modèle.
Les variations observées dans les simulations climatiques sont à l'origine d'un éparpillement des projections de l'ordre de 1,3 à 2,4 °C, pour un scénario (démographique, de croissance, de « mix énergétique mondial », etc.) donné. Le type de scénario envisagé a un effet de l’ordre de 2,6 °C sur le réchauffement climatique simulé par ces modèles et explique une bonne partie de la marge d’incertitude existant quant à l’ampleur du réchauffement à venir.
Les projections d'augmentation de température pour l'horizon 2100 données par le GIEC (SPM du rapport de 2007) s'échelonnent de 1,1 à 6,3 °C. Les experts du GIEC affinent leurs projections en donnant des valeurs considérées comme « les meilleures estimations », ce qui permet de réduire la fourchette de 1,8 à 4,0 °C. Et en éliminant le scénario A1F1, considéré comme irréaliste, l'augmentation de température serait comprise entre 1,8 et 3,4 °C.
Les quatre familles de scénario[66],[67],[68] du quatrième rapport et les prévisions des hausses de températures globales moyennes en 2100 | ||
Source : GIEC[69] | Objectifs plus économiques | Objectifs plus environnementaux |
Globalisation (Monde homogène) |
A1 Croissance économique rapide (groupes A1T/A1B/A1Fl) 1,4–6,4 °C |
B1 Durabilité environnementale globale 1,1–2,9 °C |
Régionalisation (Monde hétérogène) |
A2 Développement économique avec une orientation régionale 2,0–5,4 °C |
B2 Durabilité environnementale locale 1,4–3,8 °C |
Les scientifiques du GIEC considèrent que ces scénarios sont les meilleures projections actuellement possibles, mais qu'ils sont toujours sujets à des réajustements ou à des remises en cause au fur et à mesure des avancées scientifiques. Ils considèrent qu'il est nécessaire d'obtenir des modèles plus réalistes et une meilleure compréhension des phénomènes climatiques, ainsi que des incertitudes associées.
Cependant, de nombreux climatologues pensent que les améliorations à court terme apportées aux modèles climatiques ne modifieront pas fondamentalement leurs résultats, à savoir que le réchauffement planétaire va continuer et que son ampleur sera plus ou moins importante en fonction de la quantité de gaz à effet de serre émis par les activités humaines au cours du XXIe siècle, et ce en raison de l'inertie des systèmes climatiques à l'échelle planétaire.
Certains articles scientifiques montraient que l'année 1998 a été la plus chaude de toute l'histoire de la météorologie[N 4], que le réchauffement s'accélère — 0,8 °C en un siècle, dont 0,6 °C sur les trente dernières années — mais aussi d'après l'analyse de sédiments marins, que la chaleur actuelle se situe dans le haut de l'échelle des températures depuis le début de l'holocène, c’est-à-dire depuis 12 000 ans[70]. En , une comparaison des données de températures moyennes de la planète, telles que mesurées par quatre équipes, désigne l'année 2010 comme la plus chaude, suivie de l'année 2005 ; le 3e rang est disputé entre 1998 et 2007 ; 2013 apparait au 4e rang pour une équipe, au 5e rang pour une autre[71].
Une étude publiée en dans Global Environmental Change[72] démontre que la plupart des prévisions du GIEC se sont avérées trop optimistes (à l'exception de celles concernant la hausse des températures) : ainsi, la hausse du niveau des océans sur la période 1993-2011 a été de 3,2 ± 0,5 mm/an, soit 60 % plus rapide que l'estimation du GIEC de 2 mm/an ; la fonte de la banquise arctique a été beaucoup plus rapide que les pires prévisions du GIEC ; la progression des émissions des pays émergents a été largement sous-estimée (3 à 4 % par an en Chine dans les hypothèses du GIEC, 10 à 11 % en réalité) si bien que les émissions mondiales de CO2 sont alignées sur le plus pessimiste des scénarios du GIEC ; l'amplification du réchauffement causée par la fonte du pergélisol n'a pas été prise en compte dans les modèles du GIEC, etc ; l'étude attribue ce syndrome ESLD (Erring on the Side of Least Drama - Pêcher par excès de dédramatisation) à une réaction excessive aux accusations d'alarmisme lancées par les climato-sceptiques, ainsi qu'à la culture de prudence scientifique[73].
L'étude du Global carbon project (en)[74], publiée le , avant le sommet de l'ONU sur le climat, annonce que les émissions de CO2 devraient atteindre 37 Gt (gigatonne = milliard de tonnes) en 2014 et 43,2 Gt en 2019 ; en 2013, elles avaient progressé de 2,3 % pour atteindre 36,1 Gt. En 2013, un Chinois émet désormais davantage qu'un Européen, avec 7,2 tonnes de CO2 par tête contre 6,8 tonnes par tête dans l'Union européenne, mais un Américain émet 16,4 tonnes de CO2 ; la progression de ces émissions est très rapide en Chine (+4,2 % en 2013) et en Inde (5,1 %) alors qu'en Europe elles reculent (-1,8 %). Le Global carbon project souligne que la trajectoire actuelle des émissions de gaz carbonique concorde avec le pire des scénarios évoqués par le GIEC, qui table sur une hausse de la température mondiale de 3,2 à 5,4 °C d'ici 2100[75].
Une étude parue le dans la revue Nature Climate Change évalue à 5 % la probabilité de limiter le réchauffement climatique à 2 °C d’ici 2100, l’objectif fixé par l’accord de Paris sur le climat de 2015 ; les chances d’atteindre l’objectif de 1,5 °C, également contenu dans le texte de l'accord, ne sont que de 1 % ; leurs prévisions, qui intègrent des efforts pour limiter l’utilisation des énergies fossiles, estiment l’augmentation de la température d'ici 2100 entre 2 et 4,9 °C, avec une valeur médiane de 3,2 °C[76].
Les experts du programme des Nations Unies pour l'environnement avertissent les États en novembre 2019 qu'ils devraient multiplier leur niveau d'ambition collective par plus de cinq au cours de la décennie 2020-2030 pour attendre l'objectif de réduction des émissions de GES de l'accord de Paris[77].
Impact
Environnemental
Les effets environnementaux du changement climatique sont vastes et profonds, et touchent les océans, la glace et les conditions météorologiques. Les changements peuvent se produire progressivement ou rapidement. Les preuves de ces effets proviennent de l'étude du changement climatique dans le passé, de la modélisation et des observations modernes[79],[80]. Depuis les années 1950, des sécheresses et des canicules sont apparues simultanément avec une fréquence croissante[81],[82]. Les événements extrêmement humides ou secs au cours de la période de mousson ont augmenté en Inde et en Asie de l'Est. Les précipitations maximales et la vitesse du vent des ouragans et des typhons sont probablement en augmentation[83].
Le niveau mondial de la mer s'élève en raison de la fonte des glaciers, de la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique, et de l'expansion thermique. Entre 1993 et 2017, le niveau de la mer a augmenté au fil du temps, avec une moyenne de 3,1 ± 0,3 mm par an[84]. Au cours du 21e siècle, le GIEC prévoit que dans un scénario d'émissions très élevées, le niveau de la mer pourrait s'élever de 61 à 110 cm[85]. L'augmentation de la chaleur des océans fragilise et menace de libérer les glaciers de l'Antarctique, ce qui risque d'entraîner une fonte importante de la calotte glaciaire[86] et rend possible une élévation du niveau de la mer de 2 mètres d'ici 2100 en cas d'émissions élevées[87].
Le changement climatique a entraîné des décennies de rétrécissement et d'amincissement de la glace de mer arctique (en), ce qui la rend vulnérable aux anomalies atmosphériques[88]. Alors que les étés sans glace devraient être rares à un niveau de réchauffement de 1,5 °C, ils devraient se produire une fois tous les trois à dix ans à un niveau de réchauffement de 2,0 °C[89]. Les concentrations atmosphériques plus élevées de CO2 atmosphérique ont entraîné des changements dans la chimie des océans. Une augmentation du CO2 dissous entraîne l'acidification des océans[90]. En outre, les niveaux d'oxygène diminuent car l'oxygène est moins soluble dans l'eau plus chaude[91], les zones mortes s'étendant en raison de la prolifération d'algues stimulée par des températures et des niveaux de CO2 plus élevés, par la désoxygénation des océans et par l'eutrophisation[92],[93].
Plus le réchauffement de la planète est important, plus le risque de franchir des points de basculement augmente[N 5],[94]. L'effondrement des calottes glaciaires de l'Antarctique occidental et du Groenland en est un exemple. Une augmentation de la température de 1,5 à 2,0 °C pourrait entraîner la fonte des calottes glaciaires, bien que l'échelle de temps de la fonte soit incertaine et dépende du réchauffement futur[95],[96]. Certains changements à grande échelle pourraient se produire sur une courte période, comme l'arrêt de la circulation thermohaline[97], qui déclencherait des changements climatiques majeurs dans l'Atlantique Nord, en Europe et en Amérique du Nord[98].
Les effets à long terme du changement climatique comprennent la poursuite de la fonte des glaces, le réchauffement des océans, l'élévation du niveau de la mer et l'acidification des océans. À l'échelle des siècles ou des millénaires, l'ampleur du changement climatique sera principalement déterminée par les émissions anthropiques de CO2. Cela est dû à la longue durée de vie du CO2 dans l'atmosphère[99],[100]. L'absorption du CO2 par les océans est suffisamment lente pour que l'acidification des océans se poursuive pendant des centaines ou des milliers d'années[101]. On estime que ces émissions ont prolongé la période interglaciaire actuelle d'au moins 100 000 ans[102]. L'élévation du niveau de la mer se poursuivra pendant de nombreux siècles, avec une augmentation estimée à 2,3 mètres par degré Celsius après 2000 ans[103],[104].
Nature et faune
Le réchauffement récent a poussé de nombreuses espèces terrestres et d'eau douce vers les pôles et vers des altitudes plus élevées[105]. L'augmentation du taux de CO2 dans l'atmosphère et l'allongement de la période de végétation ont entraîné un verdissement de la planète, tandis que les vagues de chaleur et la sécheresse ont réduit la productivité des écosystèmes dans certaines régions. L'équilibre futur de ces effets opposés n'est pas clair[106]. Le réchauffement climatique a contribué à l'expansion des zones climatiques plus sèches, comme l'expansion des déserts dans les régions subtropicales[107],[108]. L'ampleur et la vitesse du réchauffement climatique rendent plus probables les changements abrupts dans les écosystèmes[109]. Globalement, on s'attend à ce que le changement climatique entraîne l'extinction de nombreuses espèces[110].
Les océans se sont réchauffés plus lentement que la terre, mais les plantes et les animaux de l'océan ont migré vers les pôles plus froids plus rapidement que les espèces terrestres[111],[112]. Tout comme sur la terre, les vagues de chaleur dans l'océan sont plus fréquentes en raison du changement climatique, avec des effets néfastes sur un large éventail d'organismes tels que les coraux, les Laminariales et les oiseaux de mer[113]. L'acidification des océans a un impact sur les organismes qui produisent des coquilles et des squelettes, tels que les moules et les balanes, ainsi que sur les récifs coralliens ; ces derniers ont connu un blanchiment important après des vagues de chaleur[114]. L'efflorescence d'algues nuisibles favorisée par le changement climatique et l'eutrophisation provoque l'anoxie, la perturbation des réseaux alimentaires et la mortalité massive à grande échelle de la vie marine[115]. Les écosystèmes côtiers subissent un stress particulier, près de la moitié des zones humides ayant disparu en raison du changement climatique et d'autres impacts humains[116].
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Conséquences humaines du réchauffement climatique
Face au réchauffement climatique, l'Académie des Sciences américaine note, dans un rapport de 2002[123] : « il est important de ne pas adopter d'attitude fataliste en face des menaces posées par le changement de climat. (…) Les sociétés ont dû faire face à des changements du climat graduels ou abrupts durant des millénaires et ont su s'adapter grâce à des réactions diverses, telles que s'abriter, développer l'irrigation ou migrer vers des régions plus hospitalières. Néanmoins, parce que le changement du climat est destiné à continuer dans les prochaines décennies, dénier la possibilité d'événements climatiques abrupts ou minimiser leur impact dans le passé pourrait s'avérer coûteux. ».
Selon une étude publiée en juin 2017 par Nature Climate Change, la part de la population mondiale exposée plus de 20 jours par an à des canicules potentiellement mortelles pourrait passer de 30 % en 2016 à 74 % en 2100[124],[125].
Une étude commandée par le Centre commun de recherche européen et publiée en août 2017 par Lancet Planet Earth, estime que deux Européens sur trois seront probablement affectés à la fin du siècle par des catastrophes liées au climat, contre 5 % sur la période 1981-2010, et que le nombre de décès causés par ces catastrophes passera de 3 000 à 150 000 par an si aucune mesure n'est prise pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et l'impact des événements météorologiques extrêmes. Le risque est particulièrement accentué pour les pays du sud de l'Europe, Portugal, Espagne, Italie ; les vagues de chaleur seraient dans la période 2071 à 2100 la catastrophe climatique la plus meurtrière et causeraient 99 % des décès[126].
Impact sur les régions côtières
La montée du niveau de la mer est évaluée entre 18 et 59 cm d'ici 2100 par le quatrième rapport du GIEC[a 3].
Les populations de certaines îles de l'océan Pacifique ou de l'océan Indien, telles que les îles Maldives ou Tuvalu, sont directement menacées, car une partie de leur territoire pourrait se retrouver submergée. En octobre 2019, une nouvelle recherche estime que la hausse du niveau de la mer due à la fonte des glaces entrainera la disparition d'importantes métropoles et de vastes portions de pays[127]. L'ensemble des populations vivant dans des régions côtières (soit plus de cinq cents millions de personnes) risquent de voir leur environnement dégradé : érosion du littoral, salinité des aquifères, disparition des zones humides, inondations permanentes[128].
Localement, cette montée s'ajoute à des phénomènes qui ne sont pas liés au climat et qui entraînent un enfoncement du sol : charge des sédiments dans les deltas des fleuves, pompage des eaux souterraines, extraction de gaz et de pétrole, affaissements miniers...
En France, des études sont menées pour évaluer l'impact de la montée des eaux sur le littoral d'ici 2100 et les aménagements à envisager[129].
Pêcheries
Le réchauffement des océans a un impact sur les organismes marins et notamment sur les espèces exploitées. Cet impact s'observe sur la biogéographie des espèces et sur la structure et la trophodynamique de l'écosystème marin. Des bouleversements dans la distribution spatiale et l'abondance d'espèces de poissons, telle la morue de l’Atlantique, ont été observés en réponse directe ou indirecte aux modifications climatiques[130],[131].
En Atlantique Nord, les espèces risquent d'effectuer en majorité un déplacement dirigé vers le nord, pour rester dans un environnement conforme à leurs exigences écologiques et plus particulièrement thermiques[133],[134]. L’intensité et la vitesse des mouvements biogéographiques attendus, de même que le bilan des gains ou pertes d’aires de répartition spatiale diffèrent selon les espèces et l’intensité du réchauffement climatique. En mer du Nord, des espèces comme le lieu jaune, à la niche écologique étroite et aux exigences strictes, risquent de disparaitre à la suite de la contraction de leur aire de répartition. D’autres espèces, plus adaptées verront leur abondance augmentée ou/et leur limite supérieure de distribution repoussée au nord, tel le lieu noir[134]. La modification des aires de répartition des espèces de poissons exploitées risque de poser des problèmes d'un nouveau genre aux acteurs du secteur économique de la pêche. Associées à l'épuisement des ressources lié à la surexploitation, des disparitions locales d'espèces cibles risquent de survenir, conduisant les professionnels de la pêche à modifier leur mode d'activité afin de prévoir, d‘anticiper et de compenser les changements potentiels de leurs ressources.
On ignore aussi à partir de quand les écosystèmes marins réagiront négativement à l'acidification des océans qu'entraîne la dissolution de quantités croissantes de CO2. Des organismes tels que levures ou plantes (ex : Arabidopsis thaliana) sont - grâce à une seule protéine (histone H2A.Z) pour l'arabette — sensibles à des variations de température de moins de 1 °C, qui suffisent via cette protéine à modifier l’enroulement de l’ADN sur lui-même, ce qui contrôle l’accès à l’ADN de certaines molécules inhibant ou activant plusieurs dizaines de gènes[135],[136]. Ceci devrait aider à mieux comprendre certains effets (sur les gènes) du réchauffement climatique.
Agriculture
Le GIEC publie en août 2019 un rapport sur l'usage des terres, bâti sur la revue de plus de 7 000 publications scientifiques, qui met en évidence la pression croissante des activités humaines sur les terres, provoquant une dégradation importante des sols (un quart des terres émergées et libres de glaces sont considérées comme dégradées). L'aridité progresse de près de 1 % par an entre 1961 et 2013, si bien qu'un demi-milliard de personnes vivent aujourd'hui dans des territoires en voie de désertification. Le sud-est asiatique, le pourtour du Sahara, l'Afrique du nord et la péninsule arabique sont principalement touchés. Les régions qui bordent la Méditerranée, où les sécheresses s'intensifient, pourraient bientôt l'être[137],[138].
Facteur aggravant, la température du sol augmente près de deux fois plus vite que celle du globe avec ses océans. Les terres s'appauvrissent et la qualité nutritionnelle des récoltes baisse. Par ailleurs, la part de l'agriculture, de la foresterie et du changement d'usage des sols dans les émissions de gaz à effet de serre est de 23 %. L'élevage et les rizières représentent près de la moitié des émissions de méthane[139]. Les experts du GIEC prônent un rééquilibrage des régimes alimentaires entre les habitants de l'hémisphère nord, qui devraient réduire leur consommation de viande, aujourd'hui excessive, et ceux de l'hémisphère sud, dont le bol alimentaire est pauvre en protéines animales : deux milliards d'adultes sont en surcharge pondérale ou obèses, alors que dans le même temps 821 millions de personnes souffrent de malnutrition[137].
Enfin, le développement massif de l'afforestation de vastes étendues de terres nues pour en tirer la biomasse nécessaire à la production d'énergie non fossile menace la sécurité alimentaire en privant l'agriculture d'espaces qui lui sont indispensables, tout en nuisant aux forêts primaires qui sont des puits de carbone[137]. L'adoption par les populations de pratiques alimentaires moins carnées, qui recquièrent moins de surface à quantité de calories produites égale, pourrait libérer des terres et éviter la déforestation liée à l'élevage[138],[140].
L'accroissement de l'évaporation devrait augmenter localement la pluviosité hivernale, sauf dans les pays méditerranéens qui verraient la sècheresse s'accentuer[b 1], dans un contexte où la violence et/ou la fréquence et la gravité des aléas climatiques pourraient croître.
En zone tempérée (hors des zones arides qui pourraient le devenir encore davantage) et circumpolaire, la conjonction du réchauffement, du taux de CO2 atmosphérique et des pluies pourrait, dans un premier temps, accroître la productivité des écosystèmes. L'agriculture du nord des États-Unis, du Canada, de la Russie et des pays nordiques pourrait peut-être en profiter[b 2], mais des signes de dépérissement forestier semblent déjà visibles dans ces zones.
Le Comité économique et social européen, dans son avis du [141], note que des études comparatives concluent à un bilan de l'agriculture biologique en moyenne meilleur que celui de l'agriculture dite conventionnelle[142]. Cela se justifie en termes de consommation de matières premières et d'énergie et en termes de carbone stocké ou de gaz à effet de serre émis. Cette conclusion tient compte des rendements moindres de l'agriculture bio, ce qui a justifié que le gouvernement allemand l'intègre parmi les moyens de lutter contre le changement climatique[143]). Le CESRE rappelle aussi qu'une agriculture réorientée et adaptée pourrait aussi, selon divers spécialistes et ONG, contribuer à amortir ou ralentir les effets du réchauffement (cool farming)[144]).
Le comité ne mentionne pas les agrocarburants comme une solution, citant le climatologue Paul Josef Crutzen qui considère que les émissions de protoxyde d'azote induites par la culture et la production de biodiesel suffisent, dans certaines conditions, à rendre le méthylester de colza pire que le fioul fossile vis-à-vis des effets climatiques[145]. Le comité[146] pose aussi la question des fumures traditionnelles et se demande « si l'utilisation intégrale des plantes, telle qu'elle est prévue dans le cadre des biocarburants de la deuxième génération, ne risque pas de porter atteinte aux objectifs fixés en matière de développement de la couche d'humus ». Le comité repose la question de l'écobilan des biocarburants en citant une étude comparative de l'Empa[147] qui a conclu que pour parcourir 10 000 km, une automobile moyenne (Volkswagen Golf) nécessitait, avec les rendements observés en Suisse, une surface au sol de 5 265 m2 de colza (biodiesel) contre 37 m2 de panneaux solaires (soit 134 fois moins).
Des études sont menées afin de comprendre les effets du réchauffement climatique et d'adapter les cultures, par exemple en sélectionnant des variétés qui se développent plus précocement dans l'année ou qui résistent mieux aux températures élevées. Ainsi, par exemple, une étude espagnole de 2019 inventorie les nombreux effets d'une hausse moyenne de 4 °C sur l'olivier. Il en ressort que tout le cycle végétatif est affecté, la production des fleurs, leur nouaison, la qualité et la maturité des fruits également[148]. La difficulté réside dans le fait d'obtenir d'une même espèce des mécanismes d'adaptation à des contraintes multiples. Une autre difficulté concerne les espèces plantées pour plusieurs décennies. Le choix des espèces selon leur lieu de plantation doit alors s'appuyer sur des anticipations encore incertaines du climat futur[149].
Forêt, sylviculture, agrosylviculture
Régions tropicales
Les forêts tropicales sont vulnérables aux sécheresses, cyclones et incendies ; pour les rendre plus résilientes au changement climatique, il faudrait une action coordonnée et multi-niveau pour mieux utiliser les outils de conservation, avec notamment l'expansion des aires protégées, le contrôle des incendies et l'application de la REDD (réduction des émissions de la déforestation et de la dégradation forestière, outil destiné à protéger le carbone forestier, auquel il manque des mécanismes explicites d'amélioration de la résilience de la forêt[150].
Amérique du Nord
En Amérique du Nord, Thomas Veblen[151], professeur de géographie à l'Université du Colorado et collaborateur de l'Institut de géophysique américain, a étudié des parcelles forestières de l'ouest des États-Unis sur les périodes 1955/1994 et 1998/2007. En trente ans, avec peut-être d'autres causes, un réchauffement moyen de 0,5 °C a déjà doublé le taux de mortalité des arbres des grandes forêts de l'ouest américain, en favorisant les sècheresses et pullulations de ravageurs (dont les scolytes, qui ont par exemple détruit environ 1,4 million d'hectares de pins dans le nord-ouest du Colorado). Le manque de neige a induit un déficit hydrique et un allongement des sècheresses estivales, avec multiplication des incendies, ce qui laisse craindre des impacts en cascade sur la faune et les écosystèmes.
La mortalité accrue touche tant feuillus que conifères, de toutes tailles et essences et à toutes les altitudes. Dans le nord-ouest américain et le sud de la Colombie-Britannique (Canada), le taux de mortalité dans les vieilles forêts de conifères a même doublé en 17 ans (c'est une fois et demie plus rapide que la progression du taux de mortalité des arbres des futaies californiennes où ce taux a été multiplié par deux en 25 ans). L'accélération de la mortalité a été moindre dans les forêts de l'ouest ne bordant pas le Pacifique (dans le Colorado et l'Arizona), mais « un doublement de ce taux de mortalité finira par réduire de moitié l'âge moyen des arbres des futaies, entraînant une diminution de leur taille moyenne », estime T. Veblen. Il craint aussi une moindre fixation du CO2 de l'atmosphère. Il appelle à « de nouvelles politiques permettant de réduire la vulnérabilité des forêts et des populations », notamment en limitant l'urbanisation résidentielle dans les zones vulnérables.
Accès à l'océan Arctique
Une diminution des glaces polaires arctiques a ouvert de nouvelles routes commerciales pour les navires[152],[153], et rendrait accessibles des ressources sous-marines de pétrole ou de matières premières, mais avec des conséquences néfastes sur nombre d'espèces, comme le plancton ou les poissons à haute valeur commerciale.
L'accès à ces matières premières en des zones désormais accessibles risque d'être source de conflit entre pays côtiers de l'océan Arctique[d 1]. Ainsi, les États-Unis et le Canada ont-ils protesté lorsque, le , la Russie planta son drapeau au fond de l'océan sous le pôle Nord.
Économie
Le rapport établi par Nicholas Stern, économiste anglais, estime que le réchauffement climatique entrainerait un coût économique de 5 500 milliards d'euros[154] en tenant compte de l'ensemble des générations (présente et futures) ayant à en subir les conséquences.
En 2015, les économistes ne se risquent plus à donner des chiffres, mais jugent le coût potentiellement infini. Henri de Castries, président d'Axa, a déclaré en mai 2015, lors du Business Summit for Climate : « Un monde à +2 °C pourrait encore être assurable, un monde à +4 °C ne le serait certainement plus ». Selon un rapport de la Banque mondiale de 2013, les pertes et dommages annuels liés à des événements climatiques sont passés de 50 milliards $ dans les années 1980, à près de 200 milliards au cours de la dernière décennie[155].
Des écotaxes (taxe carbone notamment) pourraient alimenter un fonds vert pour le climat, et des banques, et des institutions de la finance internationale proposent depuis le milieu des années 2010 des outils financiers (obligation climat ou climate bonds) pour aider les collectivités et entreprises à financer (en s'endettant) la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et l'adaptation[156].
Emploi
Un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) datant de juillet 2019 estime que le réchauffement climatique pourrait coûter 80 millions d’emplois à temps plein d’ici 2030[157]. Avec l'augmentation de la température, la baisse du nombre d'heures travaillées dans le monde atteindrait 2,2 %. La majorité des pertes de productivité toucherait les secteurs agricole (60 % des heures de travail perdues) et de la construction (19 % de la perte de productivité).
Les données pessimistes du rapport sont nuancées par des estimations du nombre d'emplois créés. Ils a ainsi été estimé à plus de 65 millions sur la même période, lors de la COP24, et à 18 millions d'emplois nets par la même OIT, au profit de la zone Asie-Pacifique et au désavantage du Moyen-Orient et de l’Afrique « en raison de la dépendance de ces régions à l’égard, respectivement, des énergies fossiles et des mines »[158].
Santé
Des conséquences sanitaires des phénomènes climatiques sont redoutées : le quatrième rapport du GIEC met en avant certains effets sur la santé humaine, tels que « la mortalité associée à la chaleur en Europe, les vecteurs de maladies infectieuses dans diverses régions et les allergies aux pollens aux latitudes moyennes et élevées de l’hémisphère nord »[c 2] ou l'émergence ou réémergence de maladies infectieuses[159] et vectorielles.
Le changement climatique modifie déjà la distribution de nombreuses maladies infectieuses[a 4]. Des températures élevées dans les régions chaudes pourraient réduire l'extension du parasite responsable de la bilharziose. Mais le paludisme fait sa réapparition au nord et au sud des tropiques (Aux États-Unis, cette maladie était en général limitée à la Californie, mais depuis 1990, des épidémies sont apparues dans d'autres États, tels le Texas, la Floride, mais aussi New York ; Il est également réapparu dans des zones où il était peu fréquent, telles le sud de l'Europe et de la Russie ou le long de l'océan Indien. On constate également que les moustiques et les maladies qu'ils transmettent ont gagné en altitude[d 2]. La fréquence de la maladie de Lyme (due à une bactérie spirochète) augmente, ainsi que son extension géographique, de manière corrélée à l'augmentation de l'aire de répartition de son principal vecteur connu, la tique[160].
En climat tempéré, un réchauffement global réduirait le nombre de morts par le froid ou les maladies respiratoires, mais augmenterait la surmortalité estivale lors des canicules. Le bilan global est encore inconnu, de même que les effets en termes d'espérance de vie[d 3].
En France, l'Institut de veille sanitaire (InVS) a évalué les grands risques pour la France métropolitaine et proposé des voies d'adaptations pour la veille sanitaire et la recherche[Lesquelles ?][161], et a publié fin 2010 une « note de position » sur ce thème[159].
Les effets attendus de la hausse des températures moyennes sont des décompensations de maladies chroniques respiratoires, neurovasculaires et cardiovasculaires, ainsi qu'une réémergence d'agents infectieux endémiques (zoonotiques notamment) et l'apparition de maladies exotiques dont paludisme, leishmaniose, chikungunya, Zika, dengue, crystosporidiose, maladies importées comme le choléra, Hantavirus... Ces maladies augmenteraient le besoin en lits d'hospitalisation et de réanimation et les besoins de formation et de préparation des équipes médicales. Les canicules sont en outre sources de coups de chaleur, de déshydratation, de décompensations (respiratoires, neurovasculaires et cardiovasculaires), avec de forts risques de surcharge des urgences pré- et intrahospitalières. Les tempêtes et ouragans et les inondations augmentent les risques de pathologie traumatique et le risque de submersion côtière. La chaleur exacerbe la pollution et les concentrations polliniques (et donc des risques d'asthme et de BPCO, ainsi que de maladies cardiovasculaires et allergies)[162].
Une étude publiée en juillet 2020 par le National Bureau of Economic Research (« Bureau national de recherche économique ») américain prévoit que, dans un scénario où peu serait fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, les taux de mortalité mondiaux augmenteraient de 73 décès pour 100 000 habitants d'ici à la fin du siècle[163]. Cette augmentation correspond presque au bilan actuel de toutes les maladies infectieuses réunies ; la tuberculose, le VIH, le paludisme, la dengue et la fièvre jaune. Les pays pauvres situés dans les régions les plus chaudes, tels que le Ghana, le Bangladesh, le Pakistan et le Soudan, subiraient une augmentation de 200 décès pour 100 000 habitants, alors que des pays plus froids et plus riches tels que la Norvège et le Canada verraient leur nombre de décès baisser, grâce à une raréfaction des situations de froid extrême[164],[165].
Impact sur les femmes
L'impact du réchauffement climatique diffère pour les femmes et les hommes, en particulier dans les pays du Sud. Au lendemain des catastrophes, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'être déplacées, agressées sexuellement, victimes de violence et d'autres violations des droits humains. Elles suivent souvent une scolarité plus courte, ce qui les rend moins informées sur le changement climatique et moins susceptibles de participer à la prise de décisions qui auront une incidence sur leur vulnérabilité. Les femmes, qui doivent consacrer beaucoup de temps à se rendre sur des ressources en eau éloignées et à rentrer chez elles pour fournir de l'eau à leur famille, sont également plus touchées par la sécheresse et les pénuries d'eau. Les filles sont également plus susceptibles que les garçons de recevoir moins de nourriture en période de pénurie alimentaire, ce qui les rend plus vulnérables à la malnutrition et aux maladies.
Les normes sociétales conduisent à des options de moyens de subsistance limitées pour les femmes qui dépendent des ressources affectées par le changement climatique. Par exemple, en Afrique de l'Est, la sécheresse a obligé les éleveurs à se déplacer beaucoup plus loin pour trouver de l'eau. L'augmentation des distances a entraîné l'exclusion des femmes, car elles doivent pouvoir rentrer chez elles pour s'occuper des membres de leur famille. Cette exclusion a un impact négatif sur les revenus financiers des femmes.
Le plan d'action des Nations unies pour l'égalité des sexes dans le domaine du changement climatique vise à soutenir la « participation pleine, égale et significative » des femmes à la mise en œuvre de la convention des Nations unies sur les changements climatiques et à intégrer une perspective de genre dans les travaux de l'organe des Nations unies[166].
Impact sur les droits humains
Le changement climatique affecte les droits humains comme les droits à la vie, à la santé, au logement ou encore à l'eau. Les événements climatiques extrêmes menacent la sécurité de milliards de personnes (santé, logements, accès à l'eau). Selon Amnesty International, des engagements doivent être pris par les États, en prenant des mesures pour empêcher la hausse des températures et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les mêmes engagements doivent également être pris par les entreprises[167].
Violences accrues
En 2013, des chercheurs (universités de Berkeley et de Princeton) ont publié les résultats d'une méta-analyse (compilation de 60 études quantitatives menées dans les domaines de l'archéologie, la criminologie, l'économie, la géographie, l'histoire, les sciences politiques et la psychologie)[168]. Ils y ont trouvé une « remarquable convergence de résultats » et des preuves que le réchauffement tend à exacerber les violences et la criminalité (agressions, meurtres, viols, violences domestiques), tant individuelles que collectives et ce, dans toutes les grandes régions du monde. En moyenne, pour chaque augmentation d'un écart type en direction d'un climat plus chaud (ou de précipitations plus extrêmes), les estimations médianes montrent une augmentation de 4 % de la violence interpersonnelle et une augmentation de 14 % des violences collectives ; or dans les régions habitées du monde, l'écart type devrait doubler voire quadrupler d'ici 2050[169]. « Avec un réchauffement attendu de 2 à 4 °C d'ici 2050, les conflits humains pourraient donc constituer un effet grave voire critique du changement climatique anthropique » concluent-ils. Cette tendance n'est pas encore expliquée, mais pourrait faire notamment intervenir les effets du manque d'eau potable et de nourriture dans certaines zones de sécheresse ou de désastre climatique, la chaleur pouvant également avoir des effets psychosociologiques et physiologiques rendant les individus plus irritables, en favorisant donc les conflits[169].
Déstabilisation géopolitique mondiale
Risques accrus de guerres et autres conflits armés
En 2003 un rapport commandé par le département de la Défense des États-Unis[170] puis en 2007 un rapport du programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP) concluent que le réchauffement climatique pourrait entraîner une déstabilisation géopolitique mondiale, bouleverseraient les rapports géopolitiques entre les États, et augmenteraient les risques de guerre civile[171].
Le réchauffement climatique et son influence sur les changements environnementaux, couplés à des facteurs politiques, comportementaux ou économiques, sont pris en compte dans la seconde étude[172],[173] d'éventuelles migrations forcées de population.
Le , les Nations unies ont adopté une résolution sur « Les Changements climatiques et leurs répercussions éventuelles sur la sécurité »[174].
Les militaires occidentaux s’intéressent aux conséquences des changements climatiques. C'est l'un des secteurs dont le champ de vision stratégique est de trente à cinquante ans. À leurs yeux, la crise écologique et climatique aggravera les tensions et des catastrophes. Des institutions en seront fragilisées, surtout dans les pays en développement. Certains États déjà faibles ne pourront assurer la stabilité sociale et économique. Les réseaux « terroristes » pourront profiter du vide du pouvoir et du désespoir des populations pour y prospérer. L’Union européenne sera amenée à intervenir militairement dans son environnement proche (bassin méditerranéen) ou dans des zones d’intérêt stratégique telles que le Proche et Moyen-Orient ou l’Arctique[175].
Barack Obama affirmait en mai 2015 : « Le changement climatique augmente les risques d’instabilité et de conflits. Aucune nation n’est épargnée. ». Le changement climatique fait entre 20 et 30 millions de déplacés ou réfugiés chaque année. Pour l’amiral David Titley (Conseiller sur le climat des Agences de sécurité américaines), la menace climatique pèse autant, si ce n’est plus, sur la sécurité intérieure des États-Unis que la menace terroriste. Les modifications pluviométriques et les sécheresses saisonnières au Sahel, combinées à d’autres facteurs socioéconomiques et politiques, ont poussé les peuples pastoraux à se mettre à l’agriculture ou à migrer vers le sud ou les côtes, accroissant la compétition pour l’eau et les terres arables avec les communautés de fermiers ou de pêcheurs. La guerre civile au Darfour (ouest du Soudan) ou la prolifération du mouvement terroriste Boko Haram au Nigeria ont été exacerbées par les conséquences du changement climatique sur l’accès aux ressources. De 2006 à 2011, la Syrie a connu la pire sécheresse de son histoire, attribuée au changement climatique ; 85 % du cheptel est mort et la production agricole s’est effondrée, affectant des millions d’habitants, qui ont dû quitter les campagnes pour vivre misérablement dans les villes et leurs périphéries, déstabilisant des zones déjà sous tension, d’où ont précisément débuté, en mars 2011, les premières manifestations contre le régime de Bachar el-Assad[176].
D'autres comme Bruno Tertrais (politologue) pensent que la thèse d'un réchauffement source de guerres est mal démontrée : selon lui, aujourd'hui les états ne se battraient plus pour l'accès aux ressources, qu'il juge devenues en général abondantes, mais pour leur gestion ; même pour l'eau et la guerre en Syrie, par exemple, cette guerre a commencé alors que la Syrie connaissait des excédents de blé, facilement distribuables à ceux qui en auraient eu besoin : ce ne serait donc pas la rareté de la ressource qui suscite la guerre, mais la gestion d'une ressource en fait disponible[177].
La question de savoir si un monde plus chaud va générer des conflits armés est cruciale pour l'évaluation des coûts socioéconomique du dérèglement climatique. Dans les années 2010, cette question reste controversée. En 2019, un collectif de onze centres d’expertise de diverses spécialités (économie, sciences politiques, géographie et sciences de l’environnement) a été réuni trois jours selon les principes de la « conférence de consensus », pour tenter, non pas d’y répondre définitivement, mais de quantifier l'incertitude et de mettre en évidence les zones de chevauchement[178],[179].
Les experts concluent que des points de convergence ou signaux faibles émergent de sources de données diverses voire opposées :
- le climat a affecté les conflits armés organisés au sein des pays[179] ;
- le climat a déjà augmenté le risque de conflit armé, mais avec un effet jugé encore faible par rapport à d'autres facteurs tels qu’un faible développement socio-économique, les faibles capacités de l'État, des événements économiques inattendus ou la raréfaction de la nourriture et d’autres ressources naturelles[179] ;
- l'intensification des changements climatiques devraient accroître les risques futurs de conflits « au-delà des tendances historiques »[179] ;
- les problèmes sociaux les plus pressants sont épineux, multidisciplinaires et posent des défis nouveaux, alors que les mécanismes de liens climat-conflit constituent encore une incertitude essentielle. L’adaptation au changement climatique, la paix dans le monde, la capacité des États et des collectivités à agir et à être résilients, la solidarité et une gouvernance internationale intégrant mieux le risque climatique, la diversification économique et la résilience sont des facteurs importants. Le besoin de faciliter les migrations adaptatives et les relocalisations via une nouvelle institution a été discuté (niveau de preuve classé « limité » et degré d’accord « faible »)[179].
Des conflits inter-étatiques
En , John Kerry, devenu depuis lors secrétaire d'État, a tenu un long discours au Sénat sur les risques de conflits liés au changement climatique. Face à des conservateurs républicains niant la réalité scientifique du réchauffement climatique, John Kerry démontrait que la diminution du débit du fleuve Indus pouvait amener le gouvernement indien à préserver ses ressources en eau par la construction de barrages. Son voisin, le Pakistan se verrait ainsi privé d’un important accès à l’eau ; John Kerry estime qu'au vu de l’état de ses forces armées traditionnelles, le Pakistan ne se risquerait pas à un conflit conventionnel pour préserver ses ressources en eau, mais opterait sans doute pour la menace nucléaire et, le cas échéant, passerait à l'acte. La perspective de guerres liées au changement climatique a également été évoquée par les agences nationales, en particulier la CIA, et par le Pentagone qui, dans son rapport 2010 sur la Défense, identifie le changement climatique comme une des causes essentielles dans la possible multiplication des conflits[180].
Interactions avec la crise de 2008-2009
En 2009, l'agence internationale de l'énergie (AIE) constate[181],[182] - en raison de la crise - une baisse de la consommation d'énergie, mais aussi une baisse des investissements en économies d'énergie (un cinquième en moins en 2009), L'AIE redoute une nouvelle hausse induite par une éventuelle reprise de l'économie. Il faudrait selon cette agence investir 10 500 milliards de dollars d'ici 2030 pour « décarboner » l'économie afin de limiter l'impact sur le climat (c'est le scénario 450 ppm de CO2 à ne pas dépasser pour que le réchauffement ne dépasse pas 2 °C en 2100). Avec la poursuite du scénario tendanciel (+1,5 % par an de consommation d'énergie de 2007 à 2030, soit +40 % au total), c'est une hausse moyenne de 6 °C qui pourrait être observée à la fin du XXIe siècle[181].
Observations liées au réchauffement climatique actuel
De nombreuses observations dans le monde ont conduit à la conclusion de l'existence d'un réchauffement climatique planétaire provoqué par les activités humaines, dû aux rejets de gaz à effet de serre.
Le Global Humanitarian Forum, groupe de réflexion de Kofi Annan, estime dans la première étude sur l'impact sur l'humain du réchauffement climatique en 2009, à 300 000 morts par an le nombre de victimes liées au réchauffement climatique qui affecte déjà 300 millions de personnes dans le monde. Le chiffre pourrait monter à 500 000 morts par an en 2030, avec un coût de 600 milliards de dollars par an. Ces chiffres ont été revus par les dix plus grands experts sur le réchauffement climatique, lesquels admettent une marge d'incertitude, le nombre de morts pouvant être plus faible ou plus élevé[183].
En Europe, la dernière évaluation (2012, par l'AEE)[184],[185] a conclu à l'imminence de nouveaux impacts négatifs, dont économiques ; comme prévu par la plupart des modèles, les températures moyennes ont augmenté en Europe, et les précipitations ont diminué au sud et augmenté au Nord. Les glaces arctiques et groenlandaises ont continué à régresser, de même que de nombreux glaciers européens (les glaciers alpins ont presque perdu deux tiers de leur masse de 1850 à 2010), alors que le permafrost s'est réchauffé et que le manteau neigeux tend à diminuer[184]. Les crises climatiques (pics et vagues de chaleur, inondations, sécheresses) sont de plus en plus coûteuses en Europe, et inégalement réparties (notamment car les activités humaines sont croissantes dans les zones à risque ; zones qui devraient s'agrandir avec le dérèglement climatique)[184]. Sans dispositifs d'adaptation, les coûts générés par des événements extrêmes attendus (plus intenses et plus fréquents) devraient régulièrement augmenter et aggraver certaines inégalités. Selon Jacqueline McGlade, directrice de l'AEE[186], tous les acteurs de l’économie, dont les ménages, doivent s’adapter et réduire leurs émissions.
Des dizaines de milliers de morts sont attribuées aux vagues de chaleur (plus fréquentes, plus longues)[184]. Le nombre de morts de froid en Europe devrait en revanche diminuer[184]. Les inondations devraient augmenter au nord et les sécheresses au sud. L'Arctique se réchauffe plus vite que les autres régions européennes, entraînant un doublement de la fonte de la calotte groenlandaise de 1990 à 2010 (250 milliards de tonnes de glace perdues/an de 2005 à 2009). La mer a monté en Europe d'environ 1,7 mm/an au cours du XXe siècle, avec une accélération (3 mm/an) au cours des dernières décennies, avec des variations isostatiques locales[184]. Des impacts sont attendus sur la flore (floraison plus précoce et/ou tardive, maladies des arbres), mais aussi sur la faune (zoonoses, changement d'aire de répartition). Les maladies (tiques, certains moustiques et phlébotomes) remontent plus au nord et en altitude. La saison pollinique est en 2012 plus longue d'environ dix jours qu'en 1960[184]. Le plancton se modifie et — hors milieux marins — la vitesse de migration/adaptation de beaucoup d'espèces est insuffisante par rapport à la rapidité des dérèglements bio-géoclimatiques, ce qui aggrave les risques de disparition. Les rendements agricoles devraient diminuer au sud et, peut-être, augmenter au nord[184]. Une stratégie d'adaptation européenne est en préparation Modèle:Prévision[187]. Un site internet Climate-ADAPT offre de l'information et des conseils sur l'adaptation au changement climatique.
Selon Greenpeace, le réchauffement se traduit par un dérèglement climatique général déjà perceptible. Les événements météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents, de plus en plus intenses : canicules, sécheresses, inondations dues à des crues exceptionnelles, tempêtes, etc[188].
En France, un observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC), créé en 2001, compile les observations[189].
Évolution des phénomènes atmosphériques
Précipitations
Selon le quatrième rapport du GIEC, la répartition des précipitations s'est modifiée au cours du XXe siècle. En particulier, les précipitations auraient fortement augmenté dans l'est de l’Amérique du Nord et du Sud, dans le nord de l'Europe et dans le nord et le centre de l'Asie, tandis qu'elles diminuaient au Sahel, en Méditerranée, en Afrique australe et dans une partie de l'Asie du Sud[a 5]. D'autres experts estiment toutefois les données actuelles trop rares et incomplètes pour qu'une tendance à la hausse ou à la baisse des précipitations puisse se dégager sur des zones de cette ampleur[190]. On observe également depuis 1988 une diminution notable de la couverture neigeuse printanière aux latitudes moyennes de l'hémisphère nord. Cette diminution est préoccupante car cette couverture neigeuse contribue à l'humidité des sols et aux ressources en eau[43].
Inondations
L'évolution de la fréquence et de l'amplitude des inondations est liée à celle des précipitations, mais aussi directement à l'augmentation de la teneur de l'air en CO2. Les plantes à feuilles caduques réagissent à cette augmentation en réduisant le nombre de leurs stomates, ce qui en retour diminue leur transpiration donc leur absorption d'eau du sol (qui équilibre la transpiration), avec pour effet d'augmenter le ruissellement. Dans le bassin du Mississippi par exemple, où la température et les précipitations n'ont pas beaucoup varié, l'amplitude des inondations a augmenté en relation directe avec la transpiration végétale, qui a baissé de 29 % entre 1829 et 2015[191].
Cyclones tropicaux
Le consensus scientifique dans le rapport de 2007 du GIEC est que l'intensité des cyclones tropicaux devrait probablement augmenter (avec une probabilité supérieure à 66 %).
Une étude publiée en 2005, remise en question depuis par une seconde étude, indiquait une augmentation globale de l'intensité des cyclones entre 1970 et 2004, le nombre total de cyclones étant en diminution pendant la même période[192],[193],[194]. Le nombre de cyclone d'intensité 4 et 5 a presque doublé en nombre et en proportion entre 1970 et 2004[195]. Selon cette étude, il est possible que cette augmentation d'intensité soit liée au réchauffement climatique, mais la période d'observation était trop courte et le rôle des cyclones dans les flux atmosphériques et océaniques n'était pas suffisamment connu pour que cette relation puisse être établie avec certitude. La seconde étude publiée un an plus tard ne montrait pas d'augmentation significative de l'intensité des cyclones depuis 1986[196],[197]. Ryan Maue, de l'université de Floride, dans un article intitulé Northern Hemisphere tropical cyclone activity, observait pour sa part une baisse marquée de l'activité cyclonique depuis 2006 dans l'hémisphère nord par rapport aux trente dernières années[198]. Il ajoutait que la baisse était probablement plus marquée, les mesures datant de trente ans ne détectant pas les activités les plus faibles, ce que permettent les mesures d'aujourd'hui. Pour Maue, c'était possiblement un plus bas depuis cinquante ans que l'on observe en termes d'activité cyclonique.
Par ailleurs, les simulations informatiques ne permettent pas dans l'état actuel des connaissances de prévoir d'évolution significative du nombre de cyclones lié à un réchauffement climatique[d 4]. Toutefois, une simulation américaine de 2014[199] montre que le nombre et l'intensité des cyclones devraient croître à l'avenir dans les zones tropicales sur tous les océans du globe sauf dans le sud-ouest du Pacifique.
Fonte des glaces
Fonte de la banquise
Plusieurs études indiquent que les banquises se réduisent. La surface des glaces de mer en fin d'été a connu une décroissance très rapide, passant de 8,5 millions de km2 pendant la période 1950-1975 à 5,5 millions de km2 en 2010[44]. Le satellite spécialisé CryoSat-2 fut mis en orbite en [201] après l'échec du premier satellite CryoSat en 2005. Il doit fournir des informations plus précises sur les quantités de glace polaire[202].[Passage problématique]
En Arctique
Les observations satellitaires montrent que les banquises perdent le plus de superficie dans l'océan Arctique[203]. Par ailleurs, un amincissement de ces banquises, en particulier autour du pôle nord, a été observé[204],[200].
L'âge moyen des glaces, sur la période 1988-2005, est passé de plus de six ans à moins de trois ans[205]. La réduction de l'étendue moyenne de la banquise arctique depuis 1978 est de l'ordre de 2,7 % par décennie (plus ou moins 0,6 %), son étendue minimale en fin d'été diminuant de 7,4 % par décennie (plus ou moins 2,4 %)[43].
Le réchauffement de l'Arctique est de l'ordre de 2,5 °C[206] (au lieu de 0,7 °C en moyenne sur la planète), et l'épaisseur moyenne des glaces a perdu 40 % de sa valeur entre les périodes 1958-1976 et 1993-1997[207].
2007 marque un minimum de la banquise en été[réf. nécessaire],[208]. Cette année-là, les observations satellitaires montrent une accélération de la fonte de la banquise arctique, avec une perte de 20 % de la surface de la banquise d'été en un an[209].
Les observations menées pendant l'expédition Tara, une initiative privée sous l'égide du programme européen Damoclès (de l'anglais Developping Arctic Modelling and Observing Capabillities for Long-term Environmental Studies)[210] de à , indiquent que les modifications entamées dans l'océan Arctique sont profondes et irréversibles[211].
Une étude datant de 2010 montre une anti-corrélation et un basculement bipolaire entre les températures des pôles durant le XXe siècle : quand un pôle se réchauffe, l'autre se refroidit, et les phases de réchauffement/refroidissement se succèdent par cycles de quelques dizaines d'années[212]. Le lien entre les deux pôles serait l'océan Atlantique. Selon les auteurs, « l'accélération récente du réchauffement de l'Arctique résulte d'un renforcement positif de la tendance au réchauffement (due à l'accroissement des gaz à effet de serre et autres forçages possibles) par la phase de réchauffement due à la variabilité climatique multidécennale (due aux fluctuations de la circulation de l'océan Atlantique) ».
La disparition de la banquise en été diminue l'albédo de l'Arctique, renforçant le réchauffement de l'Océan Arctique pendant cette saison. Une partie de la chaleur accumulée est transmise à l'atmosphère pendant l'hiver, modifiant la circulation des vents polaires. Ces changements entraîneraient des incursions d'air arctique aux latitudes moyennes expliquant les épisodes hivernaux rudes ayant touché les États-Unis ou l'Europe pendant les hivers 2010 à 2012. Cependant, les statistiques sur ces phénomènes récents sont encore trop peu nombreuses pour tirer une conclusion définitive[213],[214].
Dans le Guardian, du , Peter Wadhams, directeur du département de physique de l'océan polaire à l'université de Cambridge, en Angleterre, affirmait que la banquise arctique pourrait avoir totalement disparu en été d'ici 2016[215]. Les observations de 2016-2017 confirment que l'Arctique est la zone qui se réchauffe le plus dans le monde, pour des raisons maintenant manifestement anthropiques[200].
En 2017, la température terrestre dans l'Arctique a surpassé de 1,6 °C la moyenne de la période 1981-2010, sans atteindre toutefois le niveau de 2016. L’étendue maximale de la glace dans l'Océan Arctique, au début du mois de mars, a été la plus faible depuis le début des observations satellitaires en 1980. Son étendue minimale, en septembre, était inférieure de 25 % à la moyenne de la période de référence[40].
En 2019, les données scientifiques disponibles montrent que tous les records de fonte ont été battus au Groenland[216], avec 530 milliards de tonnes de glace perdues en mer[217] (le record précédent était d'environ 460 milliards de tonne, en 2012). La perte de glace en 2019 atteint presque le double de la moyenne annuelle pour le Groenland de 2003 à 2019 et les spécialistes font remarquer que « près de la moitié de la fonte de 2019 a eu lieu en un seul mois, en juillet, lors d'une vague de chaleur sans précédent »[218] (masse d'air chaud venue d'Europe du Nord)[219]. Début septembre 2020, selon la revue Science, 2020 semble avoir été moins chaud dans cette région du monde[217].
En Antarctique
En Antarctique, les photos satellitaires civiles disponibles (depuis 1979) ne montraient pas, en 2006, de diminution totale de surface[réf. nécessaire], contrairement à la banquise Arctique[220]. Cependant (notamment grâce à des véhicules et robots sous-marins[221]), on observe de vastes zones d'amincissement et un certain nombre de phénomènes exceptionnels. Ainsi, 3 500 km2 de la banquise Larsen B, (l'équivalent en surface des deux tiers d'un département français), se sont fragmentés en , les premières crevasses étant apparues en 1987, et 5 800 km2 de la banquise Larsen C se sont détachés du continent en [222]. Cette banquise contribue à maintenir en place les glaces continentales, et sa dislocation peut induire une augmentation du flux de ces glaces vers la mer. En 2016, deux études montrent que l'Antarctique perd en réalité de la glace depuis plus longtemps qu'on ne le pensait, grâce notamment à des images satellitaires récemment déclassifiées (faites par des satellite-espions nord-américains)[223].
Cette banquise était considérée comme stable depuis 10 000 ans[224].
Au mois d’, la plaque Wilkins, dont la superficie était naguère de 16 000 km2, s'est également détachée[225]. D'une manière générale, la superficie de la banquise entourant le continent antarctique augmente de manière régulière depuis trente ans[226],[227].
Les scientifiques se sont interrogés sur les raisons de l'apparente extension de ces glaces antarctiques. Parmi les explications proposées, selon une étude néerlandaise, la fonte des glaces qui recouvrent le continent pourrait être à l'origine de cette extension[228]. En effet, l'eau de fonte provoquerait un refroidissement de la mer en surface, ce qui favoriserait la formation de glace de mer.
En 2013, le GIEC estimait prudemment que la fonte de l'Antarctique (70 % des réserves d'eau douce disponible planétaire) serait modérée (contrairement à celle de l'arctique) et ne contribuerait que pour quelques centimètres à l'élévation du niveau de la mer en 2100[229].
En 2014, une étude de la NASA et de l'Université de Californie à Irvine publiée en dans les revues Science et Geophysical Research Letters conclut qu'une partie de l'Inlandsis Ouest-Antarctique, fondant rapidement, semble être dans un état de déclin irréversible, rien ne pouvant stopper les glaciers ; quarante ans d'observation du comportement des six plus grands glaciers de cette région de la mer d'Amundsen dans l'Antarctique occidental (Pine Island, Thwaites, Haynes, Smith, Pope et Kohler) indiquent que ces glaciers « ont passé le point de non-retour » ; ils contribuent déjà de façon significative à l'élévation du niveau de la mer, relâchant annuellement presque autant de glace dans l'océan que l'inlandsis du Groenland entier ; ils contiennent assez de glace pour élever le niveau général des océans de 4 pieds (1,2 mètre) et fondent plus vite qu'attendu par la plupart des scientifiques ; pour l'auteur principal (Eric Rignot), ces découvertes impliquent une révision à la hausse des prévisions actuelles d'élévation du niveau de la mer[230].
La paléoclimatologie cherche à mieux comprendre ce qui s'est passé lors des déglaciations précédentes, notamment après le dernier maximum glaciaire (survenu il y a −26 000 à −19 000 ans[231]). On sait que le pôle nord a irrégulièrement perdu ou gagné d'importantes quantités de glace, mais jusque vers 2010 peu d'information était disponible pour le pôle sud. Ce que l'on connaissait de la réaction de la calotte antarctique face au dernier réchauffement postglaciaire était essentiellement basé sur des chrono-séquences issues d'analyses isotopiques. Ces analyses provenaient d'une part de quelques carottes de glace et d'autre part de carottages de sédiments marins[232], temporellement assez peu précises et géographiquement limitées à quelques zones terrestres, ou bien marines et peu profondes[233],[234].
Depuis peu l'étude de dépôts marins de couches de débris massivement transportés par les icebergs (dits « BIRD » pour iceberg-rafted debris) a permis de reconstituer la dynamique de fonte de l'Antarctique dans les millénaires précédents et de la comparer avec des données similaires déjà disponibles et utilisées pour l'Atlantique Nord[235]. En 2014, huit événements étaient documentés de flux accru d'export d'icebergs à partir de diverses parties de la calotte antarctique entre 20 000 ans avant nos jours et 9 000 ans. Ceci corrige les scénarios précédents selon lesquels le principal retrait glaciaire aurait été lancé par une fonte des glaces[233],[236],[237],[238] continue jusqu'à la fin de l'Holocène.
Le flux de grands icebergs largués par la banquise antarctique a été maximal il y a environ 14 600 ans, c'est la première preuve directe d'une contribution de l'Antarctique à une brutale montée du niveau océanique. Selon Weber & al (2014), les modèles de simulations climatiques intégrant ce type de forçage font envisager des rétroactions positives, et suggèrent que de petites perturbations de la calotte glaciaire pourraient contribuer à un mécanisme possible d'élévation rapide du niveau de la mer[239].
De 2015 à 2016, plusieurs nouvelles études confirment qu'une région considérée comme stable depuis au moins 10 000 ans fond[240], qu'une stabilité apparente des étendues gelées a caché des pertes d'épaisseur de glace[241] ; travaux qui éclairent le sujet d'une manière nouvelle et invitent à conclure qu'en intégrant mieux l'atmosphère et les courants océaniques dans les modèles, la stabilité de la calotte antarctique serait moindre qu'on ne le pensait[242].
Dans Nature d'octobre 2015 Nick Golledge, modélisateur spécialiste des inlandsis[243] et ses collègues suggèrent qu'un réchauffement de plus de 1,5 à 2 °C en 2100 pourrait, via la fonte de glace antarctique, faire monter la mer 39 cm de plus avant 2100, et 3 mètres en 2300... avec des effets qui se mesureront en siècles ou millénaires[244].
Une autre étude (dans Nature, en décembre 2015) suggérait un apport équivalent à +30 cm en 2100 pour le niveau marin moyen, en raison de la fonte de la banquise, mais les auteurs reconnaissaient n'avoir pas pris en compte les phénomènes complexes de fusion de surface et d'effondrement des falaises de glace qui - estiment-ils - pourraient aggraver la perte de glace.
Enfin mars 2016, Pollard & DeConto[245] cherchent à prendre en compte ces phénomènes. Ils concluent qu'à cause d'eux, si le seuil des 2 °C est dépassé, alors la situation sera bien plus grave que précédemment estimée par le GIEC[229] avec une fonte inéluctable de la calotte Antarctique, qui élèvera la mer de plus d'un mètre d'ici 2100 et de plus de 15 mètres en 2500[245] ; ce qui « recartographiera » littéralement les pays et les terres émergées[242].
Leur nouveau modèle climatique intègre la perte de glace induite par le réchauffement des courants océaniques (qui peuvent ronger la glace par-dessous pendant que l’atmosphère l’affine par-dessus)[245]. Il tient mieux compte du fait que les lacs et étangs d’eau de fonte de surface tendent à s'infiltrer dans la couche de glace (en la réchauffant) et en y creusant des canaux, en élargissant des failles, ce qui peut entretenir une réaction en chaîne aboutissant au délitement de morceaux du plateau de glace et à des effondrements accélérés de falaises de glace. Ce modèle se montre rétrospectivement capable de mieux expliquer qu’on ne l’a fait jusqu’ici plusieurs périodes géologiques clés qui ont longtemps intrigué les scientifiques. Ainsi, avant le début de la dernière glaciation il y a environ 130 000 - 115 000 ans, la mer était plus haute de 6 à 9 mètres qu'aujourd'hui avec pourtant un taux de CO2 environ 30 % plus bas. Et il y a 3 millions d'années, avec un taux de CO2 comparable au nôtre, l’océan a été 10 à 30 mètres plus haut[242]. Ce modèle a été testé et calé sur la base des données décrivant le passé afin de le rendre plus prédictif de l'élévation future du niveau marin[242]. Nick Golledge estime que l’évaluation nouvelle (de 2016) est crédible même si la méthode de calcul est selon lui encore un peu spéculative étant donné la complexité des phénomènes en jeu.
Une étude publiée le 22 janvier 2019 dans les PNAS[246] conclut que la fonte des glaces en Antarctique s'accélère rapidement : le rythme de cette fonte a été sextuplé en 40 ans (252 milliards de tonnes par an entre 2009 et 2017 contre 40 milliards de tonnes par an entre 1979 et 1990), et qu'elle est responsable d'une montée de 1,4 centimètre du niveau des océans de la planète entre 1979 et 2017[247].
Calottes polaires
Le bilan de masse des calottes polaires de l'Antarctique et du Groenland est négatif depuis l'an 2000 environ, même si certaines régions de l'Antarctique s’épaississent par suite de précipitations neigeuses accrues. La perte de masse s'effectue dans les zones côtières en raison de l'écoulement rapide de certains glaciers vers l'océan[44].
Le Groenland a vu ses glaciers se réduire de 230 à 80 milliards de tonnes par an de 2003 à 2005, ce qui contribuerait à 10 % des 3 mm actuels d'élévation annuelle du niveau des mers[248]. Le glacier groenlandais Jakobshavn Isbræ est l'un de ceux qui avancent le plus vite vers la mer (15 kilomètres par an) et est, en 2019, l'un des plus gros contributeurs à l'élévation du niveau de la mer par fonte de glace. En Antarctique, le glacier Thwaites est particulièrement étudié, car, s'il subissait une évolution comparable à celle du Jakobshavn, le niveau de la mer pourrait s'élever de trois mètres en un siècle[249]. Entre 2006 et 2015, le GIEC estime que la fonte des calottes polaires et des glaciers a contribué pour plus de la moitié à l'élévation du niveau de la mer, le reste étant dû à la dilatation thermique des océans[250].
Les chercheurs ont donc exploré des scénarios d’effondrement des calottes : lorsqu'ils supposent la fonte accélérée du Groenland, l’Atlantique nord et l’Europe sont plus froids qu’aujourd’hui vers 2100. Si les deux calottes sont déstabilisées simultanément, une Terre de contrastes extrêmes apparaît, avec des latitudes élevées et moyennes plus froides qu’aujourd’hui, tandis que les régions tropicales seraient plus chaudes, configuration dramatique, en particulier pour l'agriculture. Les chercheurs reconnaissent ne pas avoir de preuves, mais insistent sur la nécessité d'étudier un tel scénario[251].
Recul des glaciers de montagne
À quelques exceptions près[N 6], la plupart des glaciers montagnards étudiés sont en phase de recul. Le recul des glaciers continentaux est observé de façon quasi généralisée depuis les années 1970 à 1980, avec une nette augmentation depuis les années 1990[44].
De nombreux travaux[N 7] documentent ce recul et cherchent à l'expliquer. Un tel recul semble tout à fait cohérent avec un réchauffement du climat, cependant cette hypothèse n'est pas certaine, certains glaciers ayant commencé à reculer au milieu du XIXe siècle[b 3], après la fin du petit âge glaciaire. L'avancée ou le recul des glaciers sont récurrents et liés à de nombreux facteurs, parmi lesquels les précipitations ou le phénomène El Niño jouent un rôle important. Par exemple le recul actuel de la mer de Glace à Chamonix découvre des vestiges humains du Moyen Âge[253], preuve que le glacier a déjà reculé davantage que de nos jours à une période historiquement proche.
Le recul des glaciers de montagne, notamment à l'ouest de l'Amérique du Nord, en Asie, dans les Alpes, en Indonésie, en Afrique (dont le Kilimandjaro), et dans des régions tropicales et subtropicales d'Amérique du Sud, a été utilisé comme preuve qualitative de l'élévation des températures globales depuis la fin du XIXe siècle par le GIEC dans son rapport de 2001[254],[255].
Les causes du recul du glacier du Kilimandjaro en Afrique sont débattues et sont un bon exemple de la complexité du réchauffement climatique et de la circonspection nécessaire dans l'analyse des données. Pour certains climatologues, ce recul est dû à une diminution des chutes de neige depuis le XIXe siècle[256]. Pour d'autres, le réchauffement climatique est en cause, du fait que les glaciers tropicaux sont en phase de régression partout sur la planète et que les glaces du Kilimandjaro ont résisté à une longue sécheresse il y a 4 000 ans[257].
En ce qui concerne les glaciers himalayens, une étude de 2006 observe qu'une augmentation du ruissellement saisonnier des glaciers de l'Himalaya a entraîné une augmentation de la production agricole en Inde du nord au cours du XXe siècle[258], mais des données fiables n'existaient en 2007 que pour 50 glaciers indiens, sur plus de 9 500[259].
Selon un rapport de 2009 du ministère Indien de l'environnement, les glaciers de l'Himalaya qui constituent les sources des plus grandes rivières d'Asie — Gange, Indus, Brahmapoutre, Yangtze, Mékong, Salween et fleuve Jaune — sont en recul. Cependant ce rapport restait prudent dans ces conclusions[260]. Dans les Andes, le glacier du Chacaltaya, qui abritait la plus haute station de ski, a totalement disparu en 2009.
En 2016, deux glaciers de la région d'Aru au Tibet se sont brutalement effondrés, le seul cas documenté analogue connu étant l'effondrement du glacier de Kolka, dans le Caucase en 2002[261]. Un événement analogue a eu lieu en Inde en 2021[262].
En 2019, une étude envisage la disparition de 30 à 60% des glaciers himalayens d'ici la fin du siècle[263],[264].
D'une façon générale, les glaciers andins tropicaux ont diminué de 30 à 50 % en 30 ans[265]. Du fait de cette diminution, l'alimentation en eau de La Paz, capitale de la Bolivie pourrait devenir problématique[266].
Le glacier islandais Okjökull a totalement disparu en 2019, alors qu'il couvrait une superficie de 16 km2 à la fin du XIXe[267].
Dégel du pergélisol
On observe un réchauffement et un dégel partiel du pergélisol arctique. Entre un tiers et la moitié du pergélisol de l'Alaska n'est plus qu'à un degré de la température de dégel. En Sibérie, des lacs issus du dégel du pergélisol se forment, provoquant des dégagements importants de méthane de l'ordre de 14 à 35 millions de tonnes par an sur l'ensemble des lacs arctiques. L'analyse au carbone 14 de ce méthane prouve que celui-ci était gelé depuis des milliers d'années[268].
Évolution des océans
Réchauffement des océans et élévation du niveau de la mer
On observe un réchauffement des océans, qui diminue avec la profondeur. L'élévation de température depuis 1960 est estimée à 0,6 °C pour les eaux de surface, et à 0,04 °C pour l'océan dans son ensemble[128].
On estime que les océans ont absorbé à ce jour plus de 90 % de la chaleur ajoutée au système climatique entre 1971 et 2010, contre environ 1 % dans l'atmosphère[269],[43],[128],[270]. Sur la période 1993-2018, ce réchauffement contribue pour 42 % à une montée du niveau de la mer par dilatation thermique des océans, 21 % de cette montée étant due à la fonte des glaciers, 15 % à la fonte de l'inlandsis du Groenland et 8 % à la fonte de l'inlandsis de l'Antarctique[271]. Les données proviennent des marégraphes mis en place depuis le milieu du XIXe siècle, secondés à partir des années 1990 par des satellites altimétriques[272]. Leur analyse suggère que le niveau de la mer s'est élevé au cours du XXe siècle de quelques dizaines de centimètres, et qu'il continue à s'élever régulièrement. On estime que le niveau de la mer s'est élevé de 1,8 mm/an entre 1961 et 2003[a 6],[273] et de 3,4 mm/an depuis 1993[128],[44]. Cette élévation du niveau de la mer peut aussi être observée indirectement par ses conséquences sur l'environnement, comme c'est le cas au Nouveau-Brunswick[274].
Dans le cadre du système ARGO, 3 000 balises automatiques sont réparties dans tous les océans et permettent de suivre la température et la salinité des océans jusqu'à 2 000 mètres de profondeur. En Atlantique Nord, des chercheurs de l'Ifremer de Brest ont confirmé les tendances au réchauffement dans les couches de surface[275].
La courbe de la quantité de chaleur estimée dans les océans est mise à jour régulièrement par l'organisme américain de météorologie NOAA[276].
L'élévation de température est également détectable dans les fleuves et les lacs. Ainsi, entre 1977 et 2006, la température moyenne annuelle du Rhône a augmenté de 1,5 °C, et les températures moyennes estivales de la Loire de 1,5 °C à 2 °C. Les eaux profondes du lac Léman se sont réchauffées de 1 °C en quarante ans[277].
Acidification des océans
Le taux d'acidité des océans a augmenté de 26 % en raison de la forte hausse des émissions de dioxyde de carbone. Les eaux des océans en absorbent près du tiers des quantités relâchées dans l’atmosphère en s'acidifiant ; cette acidité contribue à la chute de la biodiversité[278].
Effets géophysiques et sismiques
La fonte rapide d'une partie de la cryosphère (glaciers de haute-montagne, mais surtout calotte glaciaire) a des effets géophysiques ; la fonte de tout masse importante de glace s'accompagne de déplacements de la gravité[279] et par suite d'une déformation de la Terre considérée comme viscoélastique[280] (mesurable par les mesures GPS, inclinométriques (aussi utilisée pour mesurer des déformations du sol induites par l'eau de barrages ou d'aquifères[281]) et gravimétriques près des zones affectées[282],[279]. L'ampleur de ces effets est plus marquée dans les régions polaires et sub-polaires[283].
Dans la suite du rebond post-glaciaire, qu'elle pourrait exacerber, cette fonte induit une nouvelle répartition des masses d'eau (volumes de glaces peu mobiles transformés en masse d'eau liquide et très mobile contribuant à une rapide redistribution spatio-temporelle de masse) que l'on commence à pouvoir mieux mesurer[284] et qui pourrait modifier la forme du géoïde[285],[286]. Les Océans s'alourdissent alors que des mers intérieurs se vident par évaporation (Mer Caspienne par exemple qui a perdu 1,5 mètre en 20 ans[287].
D'après les données[288] collectées par le satellite européen GOCE (Gravity field and steady-state Ocean Circulation Explorer)[289], de 2009 à 2012 et par son prédécesseur Grace[290],[291],[292] (moins précis), la fonte d'une partie des glaces de l'Antarctique occidental a significativement modifié le champ de gravité[293] d'une région où depuis 2009, la perte annuelle de glace a été multipliée par trois (de 2011 et 2014, le volume global de la calotte glaciaire australe a diminué en moyenne de quelque 125 km3 par an, ce que confirme le radioaltimètre du satellite CryoSat.
Par des jeux de rééquilibrages ou « ajustements isostatiques glaciaires » (ou GIA pour « glacial-isostatic adjustment »)[291],[294],[295], certaines failles et systèmes volcaniques pourraient être réactivés (des corrélations entre fonte massive de calottes et évènements sismiques ont été évoquées puis confirmées en 2009 pour des périodes géologiques récentes ; entre 12 000 et 7 000 ans où le volcanisme semble avoir été six fois plus intense, et en Islande plus de trente fois ce qu’il est de nos jours). En plus de l'allègement des pôles, il faut aussi tenir compte du poids supplémentaire de l'océan mondial lié à la montée des océans[296].
Enfin, le dégel déstabilisateur du pergélisol (dit aussi « permafrost »)[297],[298],[299] de montagne et de l'eau qui cimente certains massifs rocheux d'altitude (Alpes par exemple[300],[301],[302]) se traduisent par des déplacements de masses et des effondrements de blocs de montagnes[303] (150 écroulements recensés en 2015 dans le massif du Mont-Blanc ; essentiellement « entre 3 100 et 3 500 mètres d'altitude »), sources de matériaux supplémentaires qui seront charriés par les torrents. Les écroulements surviennent en hiver après que la chaleur de l'été ait pénétré l'intérieur des montagnes et quand le froid revient selon Ludovic Ravanel[304].
Effets sur la faune, la flore, la fonge et la biodiversité
Changements d'aires de répartition
En mer, de nombreuses espèces de poissons remontent vers les pôles[305],[306]. Sur Terre, on observe aussi une modification de l'aire de répartition de différentes espèces animales et végétales[305]. Cette modification est complexe et hétérogène.
Dans certains cas, les espèces et écosystèmes reculent face à la désertification ou à la salinisation. Certaines limites d'aire de répartition montent ainsi plus haut en altitude, en particulier quand l'aire de l'espèce se déplace vers le nord (ou le sud dans l'hémisphère sud), ce qui ne doit pas cacher le fait qu'en réalité, localement au moins, l'optimum pour une espèce a pu fortement descendre en altitude (là où les milieux sont plus humides, par exemple à la suite d'une fonte accrue des glaciers). Par exemple en Californie, pour 64 espèces végétales dont l'aire de répartition a été suivie de 1930 à 2010, la zone d'optimum climatique de ces plantes a diminué de 80 mètres d'altitude en moyenne[307]. Un suivi effectué dans treize États européens montre que les plantes de montagne « grimpent » en altitude, mais sont alors confrontées à une concurrence accrue[308]. Certains forestiers pensaient que le réchauffement doperait la croissance des arbres d'Alaska, mais en réalité elle diminue, sans doute à cause du stress des sècheresses estivales[309]. En 2012, une étude comparant l'étagement de la végétation le long du volcan Chimborazo en Équateur et celui recensé deux cents ans plus tôt par une expédition de Alexander von Humboldt et Aimé Bonpland a constaté que la végétation avait monté en altitude de 250 à 500 mètres[310].
Les effets locaux du réchauffement climatique peuvent paradoxalement se traduire par des refroidissements, comme les courants froids résultant de la fonte accélérée de la calotte glaciaire. Ainsi, au début de , 1 600 tortues vertes (espèce en danger) engourdies par une eau inhabituellement froide se sont échouées sur et autour de South Padre Island (Texas)[311]. Elles sont alors plus vulnérables aux collisions avec les bateaux, à leurs prédateurs et aux échouages[311]. Le phénomène, qui se produit régulièrement, atteint dans les années 2010 des proportions jamais vues depuis 1980, première année de décompte (plus de 4 600 tortues échouées en Floride en , 3 500 en 2018 au Texas[312]), et peut menacer jusqu'au tiers de la population locale de l'espèce[313].
Ceci vaut aussi pour la faune terrestre. Par exemple, l'aire de répartition de la chenille processionnaire du pin est en phase d'expansion, pour atteindre Orléans en 1992 et Fontainebleau en 2005. La colonisation de l'espèce pourrait atteindre Paris en 2025. Selon l'INRA, cette expansion est emblématique de la propagation des bioagresseurs des espèces forestières grâce au réchauffement climatique[314].
Le Muséum national d'histoire naturelle a mis en place depuis plusieurs années des systèmes de suivi des espèces. Le suivi temporel des oiseaux communs (STOC)[315] montre par exemple qu'en vingt ans, les communautés d'oiseaux en France se sont globalement déplacées de 100 km vers le nord[316]. On a constaté, en 2019, qu'environ 40 000 cigognes passaient l'hiver en Espagne, alors que toutes les cigognes migraient en Afrique il y a 40 ans. Celles qui migrent, généralement les plus jeunes, ont retardé leur date de migration de 20 jours en 20 ans. Par ailleurs, des espèces d'oiseaux nord-africaines nichent désormais en Espagne, comme le martinet cafre, la buse féroce ou la tourterelle mailléee[317].
Changements physiologiques des organismes
Chez de nombreuses espèces, l'insularisation écologique augmente lors des glaciations (phénomène des refuges glaciaires), mais aussi en cas de réchauffement sur les littoraux, à cause de la montée des océans[318], des modifications des précipitations ou de la saisonnalité[319]. Par ailleurs, le réchauffement de l'aire de répartition d'une espèce animale peut conduire à une diminution de la taille de l'organisme[320] (on parle alors de « nanisme adaptatif »)[321].
Selon le paléontologue Philip Gingerich et ses collègues, si la tendance au réchauffement devait se poursuivre sur le long terme, une diminution de taille, voire un véritable nanisme de certains animaux sauvages (mammifères tels que primates, chevaux et cervidés notamment) pourraient réapparaitre en adaptation aux climats chauds. Un tel phénomène a déjà eu lieu lors du maximum thermique du passage Paléocène-Eocène (ou PETM, pour Paleocene-Eocene Thermal Maximum) survenu il y a environ 56 millions d'années et ayant duré environ 160 000 ans avec une hausse des températures mondiales atteignant −12,8 °C à −10 °C à son apogée. De même, lors d'un autre réchauffement global de moindre ampleur (+−15 °C au maximum) et moins long (80 000 à 100 000 ans), l'ETM2 (Eocene Thermal Maximum 2), survenu environ 2 millions d'années après le PETM (soit il y a 53 millions d'années). Lors de ces deux réchauffements globaux, la taille des ancêtres de nos chevaux (Hyracotherium avait alors la taille d'un chien) avait respectivement diminué de 30 et 19 % lors du PETM puis de l'ETM2[322].
Ce phénomène concerne aussi la faune du sol[323] et ceux vivant dans l'eau[324] où l'augmentation de la température entraine une chute du taux d'oxygène, une augmentation du CO2 et une acidification (qui modifie la biodisponibilité du fer pour le phytoplancton marin[325], et augmente partout celle de nombreux métaux toxiques). La sécheresse ou l'augmentation du métabolisme des ectothermes semble défavoriser les grands individus par rapport aux petits, et une majorité des organismes évolués semble s'adapter avec une croissance moindre, par un effet de rétrécissement en cascade (des producteurs primaires aux consommateurs) à la suite de la baisse des ressources alimentaires de la chaîne alimentaire.
Par ailleurs, le réchauffement climatique affecte la survie des espèces d'une grande variété de façon. Les ours polaires, par exemple, sont menacés en raison de la plus grande présence de trous dans la banquise, permettant aux phoques de respirer hors d'atteinte de ce prédateur[326]. Le polyphénisme de couleur affectant un grand nombre d'espèces arctiques, tel que le renard polaire qui devient blanc en hiver, est très souvent dépendant de la durée du jour, induisant ainsi des hiatus de plus en plus fréquent (un pelage blanc alors qu'il n'y a pas encore de neige)[327].
Extinctions d'espèces, disparition d'habitats
Selon les scénarios et méthodologies retenues, les études publiées entre les années 1990 et 2015 concluaient à des résultats variés : certaines concluant à des changements minimes et d'autres à la disparition de jusqu'à 54 % des espèces en raison du changement climatique[328].
En 2015, une méta-analyse a porté sur 131 études, ayant toutes porté sur le risque de disparition de plus d'une espèce en raison des modifications du climat. Cette méta-analyse a conclu à la probabilité que « jusqu'à un sixième des espèces sur la Terre pourraient disparaître si le changement climatique reste sur sa trajectoire actuelle » (des années 2010-2015). Mais localement, dans les territoires en situation plus critique, les taux d'extinction pourront être plus élevés[328].
Les facteurs d'extinction sont par exemple une lenteur naturelle de dispersion, ou l'existence d'obstacles aux migrations vers des zones plus clémentes. Ces obstacles sont par exemple les chaînes de montagnes, la déforestation, l'agriculture intensive ou le développement urbain. Dans d'autres cas, l'habitat disparaîtra entièrement, ou l'aire vitale deviendra trop petite pour assurer la survie de l'espèce[328]. Pour formuler ce scénario prospectif en évitant les biais liés à des extrapolations faites à partir d'études portant sur peu d'espèces ou un territoire peu étendu, les auteurs ont choisi de surpondérer la valeur des travaux concernant un grand nombre d'espèces. Les auteurs considèrent qu'en 2015, environ 2,8 % des espèces sur la Terre sont déjà en danger d'extinction pour des raisons climatiques. Le réchauffement (probable) de 2 °C en 2100 devrait conduire 5,2 autres pourcents des espèces à la disparition probable[328].
En raison de la complexité des phénomènes écosystémiques, ces chiffres doivent cependant être pris avec circonspection. Sax reconnait que « Nous ne sommes que juste au début de l'évaluation de ces risques »[328].
Enjeux prospectifs et de gestion du patrimoine naturel
Outre les risques d'extinction d'espèces, les éléments décrits ci-dessus peuvent avoir une grande importance pour les stratégies d'adaptation au changement climatique de protection et restauration de la biodiversité et des trames vertes et bleues nécessaires à leurs déplacements (dont des corridors climatiques le cas échéant). Ainsi, les parcs nationaux surtout positionnés en montagne pourraient ne pas assez tenir compte d'un discret mais important phénomène de descente des « optimums » de certains végétaux[329] qui vont souvent s'étendre sur des zones urbanisées et agricoles. Des pays comme l'Australie ont créé des corridors climatiques pour faciliter les migrations « climatiques » de faune. Les études prospectives pourraient aussi aider les scientifiques et les décideurs à mieux choisir les aires protégées et à faire évoluer leurs périmètres selon les contraintes climatiques (« Une zone mise en réserve naturelle pour préserver les espèces dans un écosystème contemporain peut devenir écologiquement inadaptée quelques décennies. »). Ceci vaut pour le milieu marin : la NOAA et d'autres appellent à la création de sanctuaires marins et de réseaux d'autres habitats protégés pour créer des corridors climatiques de migration pour aider la vie marine à s'adapter au changement climatique[328].
Effets sur les pratiques agricoles
Le climat, et en particulier les températures, ont un effet sur la date des récoltes agricoles. Une anticipation des dates clefs du développement végétal (bourgeonnement, floraison, récolte) a été observée pour l'ensemble des cultures, sous les climats tempérés et méditerranéens. Ainsi, pour le blé, la sortie des épis a lieu 8 à 10 jours plus tôt qu'il y a vingt ans[149]. Dans de nombreux cas, les dates de vendanges sont régulièrement avancées, comme en Bourgogne[330],[331],[332]. De plus ces phénomènes peuvent être décrits sur plusieurs décennies car ces dates de vendanges ont été consignées dans le passé et archivées. De tels documents sont utilisés pour déterminer les températures à des périodes où les thermomètres n'existaient pas ou manquaient de précision. Un réchauffement climatique depuis le XXe siècle est clairement établi par l'étude de ces archives (ainsi, la date de début des vendanges à Châteauneuf-du-Pape a avancé de trois semaines en cinquante ans[149]).
Réponses face à la menace climatique
La réalité du risque et du phénomène fait maintenant presque consensus. L'auteur du rapport Stern, Nicholas Stern, en 2006, reconnaissait lui-même avoir sous-estimé l’ampleur du problème[333],[334] : « La croissance des émissions de CO2 est beaucoup plus forte que prévu, les capacités d’absorption de la Planète se réduisent et la vitesse des changements climatiques est plus rapide qu’envisagé. »
Face au problème, trois approches se complètent : lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (mitigation), puits de carbone dont le développement massif pourrait donner lieu a une restauration du climat, et adaptation.
L'effort international a d'abord visé à réduire le CO2 (gaz à longue durée de vie), alors qu'une action urgente sur les polluants à courte durée (dont le méthane, l'ozone troposphérique et le carbone noir) pourrait mieux réduire le réchauffement de l'Arctique[335]. La réduction du CO2 est importante également, mais ses effets se feront sentir à plus long terme (après 2100).
L'Observatoire mondial de l'action climatique non-étatique publie un rapport annuel qui fait le point sur les actions par secteur et par territoires. L'édition 2018 se concentre sur « l'implication des acteurs de la finance (investissement, banque et assurance) »[336].
La prospective éclaire les gouvernements, entreprises et individus, qui, grâce à la connaissance des tendances générales, peuvent prendre des décisions politiques et stratégiques plus pertinentes pour limiter les impacts du changement climatique. Les rapports du GIEC sont la principale base d'information et de discussions, notamment dans le cadre du protocole de Kyoto et de ses suites (Bali, , etc.). L'augmentation prévue de 1,5 à 7 °C pour le siècle à venir pourrait être moindre si des mesures environnementales sévères étaient prises ou qu'un réel compétiteur aux énergies fossiles émergeait. En dépit des succès dans le secteur des énergies renouvelables, du nucléaire et surtout d'un changement de mode de vie et de consommation, la recherche n'a pas encore offert d'alternative à court terme aux carburants fossiles. Énergie éolienne, énergie hydroélectrique, énergie géothermique, énergie solaire, méthanisation, énergie hydrolienne, pile à combustible, énergie nucléaire, stockage géologique du dioxyde de carbone sont néanmoins en rapide développement. En outre, le gisement d'économies d'énergie — les négawatts — est encore considérable. Pour certains scientifiques, il n'est pas possible de répondre aux objectifs de réduction des émissions de CO2 sans développer l'énergie nucléaire[337],[338].
Le réchauffement climatique pourrait se traduire par une météo plus instable (vagues de chaleur ou de froid, inondations ou sécheresse, tempêtes et cyclones tropicaux)[339]. De plus, d'après le GIEC, la capacité à s'adapter naturellement de nombreux écosystèmes sera probablement dépassée, causant une extinction des espèces, par la combinaison[340] sans précédent de :
- changements climatiques provoquant : incendies de forêts, augmentation probable de l'intensité des cyclones tropicaux, acidification des océans, déplacement des espèces, fonte des glaciers et calottes polaires, impacts économiques et géopolitiques majeurs ;
- la pression humaine amplifiée par la surpopulation : régression et dégradation des sols (déforestation, barrages, nouvelles cultures et organismes génétiquement modifiés), pollution, surexploitation des ressources.
En raison de l'inertie thermique du système, et des rétroactions positives, même si l'on arrêtait d'émettre des gaz à effet de serre, les températures continueraient d'augmenter, et le niveau des océans de s'élever au cours des siècles prochains[341].
Protocole de Kyoto
La convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques est signée en 1992 lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Elle entre en vigueur le . Les signataires de cette convention se fixent comme objectif de stabiliser la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à « un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du climat »[342]. Les pays développés ont comme objectif de ramener leurs émissions de gaz à effet de serre en 2010 au niveau de 1990[343], cet objectif n'étant pas légalement contraignant[344].
En 1997, les signataires de la convention cadre adoptent le protocole de Kyoto, dont la nouveauté consiste à établir des engagements de réduction contraignants pour les pays dits de l'annexe B (pays industrialisés et en transition) et à mettre en place des mécanismes dits « de flexibilité » (marché de permis, mise en œuvre conjointe et mécanisme de développement propre) pour remplir cet engagement[345]. Le protocole de Kyoto entre en vigueur le à la suite de sa ratification par la Russie[346].
En , le protocole de Kyoto est ratifié par 156 États[347]. Les États-Unis et l'Australie (voir ci-dessous) n'en sont pas signataires. Les États-Unis sont pourtant le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, pour 20 %[348]. Les pays de l'annexe B se sont engagés à réduire leurs émissions de six gaz à effet de serre (CO2, CH4, N2O, SF6, HFC, PFC) de 5,2 % en 2008-2012 par rapport au niveau de 1990.
En Australie, après la victoire des travaillistes aux élections législatives du , le nouveau premier ministre Kevin Rudd annonce avoir ratifié le protocole de Kyoto[349].
Union européenne
L'Union européenne a lancé en 2005 le système communautaire d'échange de quotas d'émission, 1er marché de « permis contraignant » au niveau mondial.
En , le Comité économique et social européen (CESE) active son Observatoire du développement durable (ODD)[350]. La Commission européenne publie le un « Livre vert » sur l'adaptation au changement climatique de l'Union européenne[351]. Il prône à la fois l'adaptation et l'atténuation, l'amélioration des connaissances (y compris sur les besoins et coûts d’adaptation (voir le 7e programme-cadre de recherche de l’UE, 2007-2013), l’élaboration de stratégies et d’échanges de bonnes pratiques entre pays, de nouveaux produits assurantiels (« dérivés climatiques », « obligations catastrophe », l’adaptation des marchés européens des assurances (voir directive « Solvabilité II ») et des fonds « catastrophes naturelles » ainsi que des politiques agriculture et pêche, avec le développement d’une solidarité interne à l’UE et avec les pays extérieurs touchés. Cinquante millions d'euros sont réservés par la Commission pour 2007-2010, pour favoriser le dialogue et l’aide à des mesures d’atténuation et d’adaptation ciblées, dans les pays pauvres.
L'UE disposait en 2006 de 66 % de la puissance mondiale installée en éolien terrestre et en mer, devant les États-Unis (16 %), l’Inde (8 %) et le Japon (2 %), et d'un tiers[352][réf. incomplète] du parc nucléaire mondial. Cela la rend moins dépendante des énergies fossiles que la Chine et les États-Unis. L'UE encourage aussi tous les acteurs à préparer leur adaptation au changement climatique[353].
La France a publié une « Stratégie nationale d’adaptation au changement climatique » en [N 8][réf. incomplète] et envisageait une gouvernance adaptée[354], notamment dans le cadre du Grenelle Environnement. En , la France a publié le premier « Plan national d’adaptation au changement climatique ». Il prévoit 80 actions débouchant sur 230 mesures concrètes dont le coût est estimé à 171 millions d'euros[355]. L'Institut national de la recherche agronomique a créé un métaprogramme d'adaptation au changement climatique de l'agriculture et de la forêt (ACCAF)[356].
La Directive sur le système européen d'échange de droits d'émission devait être modifiée en 2008, pour inclure notamment les émissions de l'aviation. Cela a été refusé par le Conseil mais devrait être tout de même inclus d'ici 2012[357].
En 2008, la proposition sur les limites d'émission des voitures (130 g de CO2 par km[358]) a été validée par le Parlement européen au second semestre 2008[359]. De nouvelles mesures doivent être prises afin de ramener ce taux d'émission à 120 g de CO2 par km[réf. nécessaire].
Régions et collectivités d'Europe et des États-Unis pourraient coopérer pour le climat. Ainsi Mercedes Bresso, présidente du Comité européen des régions, et Elisabeth B. Kautz, présidente de la Conférence des maires américains (organisation officielle des maires des quelque 1 200 villes de plus de 30 000 habitants que comptent les États-Unis, qui est une sorte d'équivalent de la Convention des maires européenne, laquelle rassemble en 2010 100 régions et 2 000 villes, dont 25 capitales), ont signé le un « Mémorandum d'entente et de coopération » pour lutter contre le changement climatique[360][réf. incomplète].
Engagements conjoints des États-Unis et de la Chine en 2014
Pour la première fois, les États-Unis et la Chine ont annoncé le , en marge du Forum Asie-Pacifique (APEC), s’être fixé des objectifs concernant leurs émissions de gaz à effet de serre. Dans la perspective de la réunion de Paris, qui devait permettre à la communauté internationale de trouver en 2015 un terrain d’entente afin de limiter le réchauffement climatique à une hausse de 2 °C, Pékin s’est engagé à atteindre son pic d’émissions de gaz à effet de serre « autour de 2030 », ajoutant qu’elle « essaierait » d’y arriver plus tôt. C’est la première fois que la deuxième puissance économique mondiale, qui est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, se fixe un objectif relatif à son pic d’émissions. Les États-Unis s’engagent de leur côté à réduire de 26 à 28 % leurs émissions en 2025 par rapport au niveau de 2005. De fait, aucun accord mondial sur le climat ne pourra se faire sans ces deux pays, dont les émissions représentent 45 % du total planétaire[361].
Accord de Paris sur le climat en 2015
L'accord de Paris sur le climat, approuvé par l'ensemble des 195 délégations le et entré en vigueur le , est le premier accord mondial sur le climat. Il se veut empreint de pragmatisme à l'anglo-saxonne : c'est une déclaration d'intention, sans aucune mesure coercitive - ni amendes ni mesure de rétorsion (le protocole de Kyoto en prévoyait, mais sans succès[réf. nécessaire]). Pour être efficace, l’accord tente le pari de la transparence. Plus qu’un devoir, il établit une obligation à laquelle chaque pays aura à se plier en soumettant régulièrement ses objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre à des grilles de renseignements et d’analyses communément partagées et compréhensibles par tous[362]. L'accord prévoit de contenir d'ici à 2100 le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et si possible de viser à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C »[363].
Accord mondial pour l'élimination des hydrofluorocarbures en 2016
L'accord mondial pour l'élimination des hydrofluorocarbures (HFC), signé à Kigali le par les 197 pays qui sont partie prenante au protocole de Montréal de 1987 sur la protection de la couche d'ozone, fixe un calendrier pour l'élimination progressive des utilisations de ce gaz dont le pouvoir réchauffant est 14 000 fois supérieur à celle du CO2, si bien que 9 à 19 % des émissions de GES (en équivalent CO2) pourraient lui être imputées d'ici à 2050. Leur élimination progressive permettrait d'éviter jusqu'à 0,1 °C de réchauffement des températures d'ici à cette date et 0,5 °C d'ici à 2100.
Cet accord est plus contraignant que l'accord de Paris sur le climat, puisqu'il prévoit des sanctions en cas de non-respect des engagements :
- les pays développés doivent réduire leur consommation de 10 % d'ici à 2019 par rapport aux niveaux de 2011-2013, puis atteindre 85 % de baisse d'ici à 2036 ;
- les pays en voie de développement, dont la Chine, premier producteur mondial de HFC, et les pays africains, entameront leur transition, un peu plus tard, en 2024 et réduiront leur consommation de 80 % d'ici à 2045 ;
- un troisième groupe de pays comportant l'Inde, le Pakistan, l'Iran, l'Irak et les pays du Golfe commencera à s'exécuter en 2028 pour atteindre 85 % de baisse en 2047[364],[365].
Déclarations reconnaissant l'urgence climatique
En septembre 2019, répondant à la perception de plus en plus partagée dans le monde que l'humanité et les autres espèces sont crucialement confrontées à une grave crise climatique, neuf pays (dont le Royaume-Uni, la France et l'Argentine) ont fait une déclaration nationale sur l'urgence climatique[Laquelle ?][réf. nécessaire] (déclaration déjà faite dans 983 juridictions et administrations locales de 18 pays couvrant 212 millions de citoyens)[366],[367].
Juste avant l'ouverture, le 23 septembre, du sommet des Nations unies sur le climat (qui coïncide avec une semaine de grève mondiale organisée par des militants du climat), de grands organes de presse annoncent lancer l'initiative « Covering Climate Now » (« Couvrons le Climat maintenant »), avec comme slogan « Agissez maintenant et évitez une crise climatique ». Ils constatent que comme pour la biodiversité, les scientifiques n'arrivent pas à se faire entendre des décideurs et semblent condamnés à contempler l'effondrement des écosystèmes et le réchauffement du climat[368]. « L'histoire des politiciens et du changement climatique est en partie celle de décideurs qui repoussent des choix difficiles. Mais cela ne peut plus durer », commente la revue Nature, qui, avec d’autres publications scientifiques, a rejoint l’initiative « Covering Climate Now »[369]. Mi-septembre, plus de 250 grands médias mondiaux (audience combinée : plus d'un milliard de personnes) décident de collaborer, durant une semaine, pour attirer l’attention sur la nécessité d’une action urgente pour le climat[368].
États-Unis
Deuxième pays pollueur derrière la Chine[370], les États-Unis, via l’administration de George W. Bush, refusent de présenter de nouveau en le traité[Lequel ?] pour ratification, considérant celui-ci comme un frein pour l’économie nationale et le fait que le combat contre le réchauffement climatique doit se faire non pas avec une simple réduction des gaz à effet de serre, mais par une meilleure gestion de leur émission. De grandes entreprises pétrolières comme Exxon semblent avoir influencé significativement cette non adhésion des États-Unis[371].
De nombreux États, telle la Californie, ont néanmoins pris des mesures fédérales de restriction sur les gaz à effet de serre[réf. nécessaire].
Stratégies de lutte contre le réchauffement climatique
Une note publiée en 2015 par la Banque mondiale synthétise les grandes lignes des choix stratégiques nécessaires, à partir des travaux du GIEC, en soulignant que pour atteindre l'objectif de limitation du réchauffement climatique au-dessous de 2 °C, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites à zéro avant 2100 ; tant que nous émettrons plus que nous capturerons ou compenserons par des puits de carbone tels que les forêts, la concentration de CO2 augmentera et la température s'élèvera. Les trajectoires techniquement réalisables pour atteindre la neutralité carbone reposent sur quatre piliers[372] :
- ramener l'intensité carbone de la production mondiale d'électricité à un niveau proche de zéro dès 2050, en particulier dans les pays à hauts revenus et dans les pays émergents, en remplaçant les énergies fossiles par les énergies renouvelables et le nucléaire ou en neutralisant leurs émissions par la capture et séquestration du CO2 (CCS) ; la biomasse couplée avec la CCS permettent même d'obtenir des émissions nettes négatives ; la séquestration massive du carbone est proposée par les promoteurs de la restauration climatique ;
- basculer des énergies fossiles vers l'électricité à bas carbone pour réduire massivement les émissions dans les secteurs à forte intensité énergétique : transports, bâtiments, industrie ; les véhicules électriques ou hybrides rechargeables, les pompes à chaleur, les fours et chaudières électriques ont une efficacité énergétique bien supérieure à celle de leurs homologues à énergies fossiles et sont un moyen efficace pour abaisser rapidement les émissions ;
- améliorer l'efficacité énergétique permet de réduire les émissions, faciliter le basculement vers l'électricité et réduire les coûts énergétiques, y compris dans l'agriculture (réduction des déchets par leur utilisation énergétique, utilisation du bois dans le bâtiment, etc.) et l'alimentation (basculement vers des produits à bas carbone, libération de terres) ;
- mieux gérer les sols : les secteurs agricole et forestier devraient atteindre la neutralité carbone dès 2030, en développant les puits de carbone par la reforestation et en évoluant vers des pratiques moins émissives.
Les auteurs mettent en garde contre les choix fondés seulement sur les coûts et sur les bénéfices à court terme, qui peuvent mener à des impasses coûteuses à long terme ; par exemple, l'expansion urbaine à faible densité non planifiée, la destruction de forêts ou le choix de remplacer le charbon par le gaz plutôt que par les énergies renouvelables.
Mesures individuelles de lutte contre le réchauffement climatique
En dehors de mesures collectives, des personnalités ont esquissé les gestes quotidiens à mettre en œuvre, dès aujourd'hui, pour limiter le réchauffement climatique comme Jean-Marc Jancovici[373] ou Al Gore[374].
Quelques mesures relèvent des économies d'énergie, en particulier des énergies fossiles (voir efficacité énergétique dans les transports) :
- éviter de prendre l'avion[375]. Un kilomètre en avion long-courrier émet 60 g d'équivalent carbone par personne[376] ; un voyage intercontinental représente près des 500 kg d'équivalent carbone. A fortiori, pour les voyages court-courrier (100 g d'équivalent carbone par kilomètre et par personne), préférer le train ;
- utiliser le moins possible les véhicules automobiles (préférer la bicyclette ou les transports en commun chaque fois que possible). Une voiture émet entre 100 et 250 g d'équivalent CO2 par km parcouru, soit entre 30 et 70 g d'équivalent carbone. 20 000 km/an représentent entre 600 et 1 400 kg d'équivalent carbone. Si une automobile est nécessaire, choisir le modèle le moins polluant et le plus efficace possible[377] ;
- atteindre une isolation optimale des bâtiments, au mieux par le recours à l'architecture bioclimatique qui réduit au maximum les besoins de chauffage (15 kWh/m2/an, les anciennes maisons étant à 450 kWh/m2/an) et supprime le besoin de climatisation active, tout en améliorant le confort de vie.
Politiques de développement durable
La résolution du problème du réchauffement climatique implique de prendre en considération non seulement les paramètres qui interviennent directement dans le réchauffement, à savoir les émissions de gaz à effet de serre, mais également l'ensemble des informations environnementales, ainsi que des indicateurs sociaux et économiques, selon les principes élaborés au sommet de la Terre de Rio de Janeiro en , qui a identifié trois piliers dans le développement durable : environnement, social, et économique.
La réponse des États se fait donc aujourd'hui au travers de stratégies nationales de développement durable, celles des collectivités au travers d'agenda 21, et celles des entreprises au travers de la responsabilité sociétale des entreprises.
Le développement durable relève de programmes transversaux dans les organisations[378]. Chaque domaine est appelé à apporter une contribution à l'effort commun. L'informatique par exemple, loin d'être virtuelle ou immatérielle, apparaît comme un secteur émetteur de gaz à effet de serre[N 9]. Selon Jean-Marc Jancovici, la dématérialisation n'a pas apporté jusqu'à présent de solution au problème du réchauffement climatique, puisqu'on constate une corrélation entre les flux d'information et les flux physiques[379]. Il est donc nécessaire que le secteur de l'informatique se fixe des objectifs en matière de développement durable. C'est ce qui a été fait avec la création en 2007, par Google et le WWF de la Climate Savers Computing Initiative, initiative commune à plusieurs constructeurs informatiques pour réduire de moitié la consommation d'énergie des ordinateurs d'ici 2010.
Mouvements religieux
Prenant acte de ce que le réchauffement climatique fait l'objet d'un consensus scientifique, le pape François a publié en mai 2015, en vue de la Conférence de Paris sur le climat, l'encyclique Laudato si'. Considérant le climat comme un « bien commun », il affirme que « l'humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui le provoquent ou l’accentuent ». Il souligne que « le changement climatique est un problème global aux graves répercussions environnementales, sociales, économiques, distributives ainsi que politiques, et constitue l’un des principaux défis actuels pour l’humanité. Les pires conséquences retomberont probablement au cours des prochaines décennies sur les pays en développement ». Cela pose des problèmes de justice environnementale, du fait que « beaucoup de pauvres vivent dans des endroits particulièrement affectés par des phénomènes liés au réchauffement »[380]. Loin de se limiter au problème du réchauffement climatique, l'encyclique aborde les dimensions environnementales, sociales et économiques dans leur ensemble, considérant la « sauvegarde de la Création » comme une problématique planétaire.
Le , lors d'une conférence au monastère d’Utstein, en Norvège, le patriarche Bartholomée Ier de Constantinople a attiré l’attention sur les « racines éthiques et spirituelles des problèmes environnementaux qui demandent que nous trouvions des solutions non seulement grâce à la technique, mais encore à travers un changement de la part de l’être humain, parce qu’autrement nous affronterions uniquement les symptômes »[381].
Les chrétiens sont invités à prier pour la sauvegarde de la Création. C'est le cas pour les orthodoxes, à l'instigation du patriarche Dimitrios Ier de Constantinople depuis 1989, puis pour les catholiques, le pape François ayant institué une journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création en 2015, choisissant la date du déjà retenue par les orthodoxes. Les protestants se joignent également à ces initiatives, dans le cadre du « Temps de la Création », période allant du 1er septembre au 4 octobre[382].
Étant donné la dimension œcuménique et même inter-religieuse du problème, le Conseil œcuménique des Églises appelle les chrétiens et les fidèles d'autres religions à jeûner pour le climat le premier jour de chaque mois[383].
Consensus scientifique et société
Consensus scientifique
Il existe un très large consensus scientifique sur le fait que les températures à la surface du globe ont augmenté au cours des dernières décennies et que cette tendance est principalement causée par les émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine, 90 à 100 % (selon la question exacte, le moment et la méthode d'échantillonnage) des climatologues publiés étant d'accord[385],[386]. Le consensus est passé à 100 % parmi les chercheurs scientifiques sur le réchauffement climatique anthropique en 2019[387]. Aucun organisme scientifique national ou international n'est en désaccord avec ce point de vue[388],[389],[390]. Le consensus s'est également développé sur le fait qu'une certaine forme d'action devrait être prise pour protéger les gens contre les impacts du changement climatique, et les académies nationales des sciences ont appelé les dirigeants mondiaux à réduire les émissions mondiales[391].
La discussion scientifique a lieu dans des articles de journaux qui sont examinés par des pairs, que les scientifiques soumettent à une évaluation tous les deux ans dans les rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)[392]. En 2013, le cinquième rapport d'évaluation du GIEC déclare : « il est extrêmement probable que l'influence humaine a été la cause dominante du réchauffement observé depuis le milieu du 20e siècle »[393]. Leur rapport de 2018 exprime le consensus scientifique comme suit : « l'influence humaine sur le climat est la cause dominante du réchauffement observé depuis le milieu du 20e siècle »[394]. Les scientifiques ont émis deux avertissements à l'humanité, en 2017 et 2019, exprimant leur inquiétude quant à la trajectoire actuelle d'un changement climatique potentiellement catastrophique, et aux souffrances humaines innombrables qui en découleraient[395],[396],[397].
Opinion publique
Le changement climatique attire l'attention du public international dès la fin des années 1980[398]. En raison d'une couverture médiatique confuse au début des années 1990, la compréhension du réchauffement climatique a souvent été brouillée avec d'autres problèmes environnementaux comme la destruction de la couche d'ozone[399],[400]. Dans la culture populaire (en), le premier film à toucher un public de masse sur le sujet a été Le jour d'après en 2004, suivi quelques années plus tard par le documentaire d'Al Gore Une vérité qui dérange. Les livres, récits et films sur le changement climatique relèvent du genre de la climate fiction[398].
Des différences régionales significatives existent à la fois dans la préoccupation du public et dans sa compréhension du changement climatique. En 2015, une médiane de 54 % des personnes interrogées considéraient qu'il s'agissait d'un « problème très grave », mais les Américains et les Chinois (dont les économies sont responsables des plus grandes émissions annuelles de CO2) étaient parmi les moins préoccupés[401]. Une enquête de 2018 a révélé une préoccupation accrue à l'échelle mondiale sur la question par rapport à 2013 dans la plupart des pays. Les personnes plus instruites et, dans certains pays, les femmes et les jeunes seraient plus susceptibles à considérer le changement climatique comme une menace sérieuse[402].
Déni et désinformation
Le débat public sur le changement climatique est fortement affecté par le déni du réchauffement climatique et la désinformation, qui ont pris naissance aux États-Unis et se sont depuis répandus dans d'autres pays, notamment au Canada et en Australie. Les acteurs à l'origine du déni du changement climatique forment une coalition bien financée et relativement coordonnée de sociétés de combustibles fossiles, de groupes industriels, de groupes de réflexion conservateurs et de scientifiques anticonformistes[404],[405]. Comme l'industrie du tabac avant eux (en), la principale stratégie de ces groupes a été de semer le doute sur les données et les résultats scientifiques[406],[405]. Beaucoup de ceux qui nient, rejettent ou ont des doutes injustifiés sur le consensus scientifique sur le changement climatique anthropique sont étiquetés comme « sceptiques du changement climatique » ou « climatosceptiques », ce qui, selon plusieurs scientifiques, est une erreur d'appellation[405].
Il existe différentes variantes du déni climatique : certains nient tout réchauffement, d'autres reconnaissent le réchauffement mais l'attribuent à des influences naturelles, et d'autres encore minimisent les impacts négatifs du changement climatique[405]. La fabrication de l'incertitude sur la science s'est ensuite transformée en une controverse fabriquée : créer la croyance qu'il existe une incertitude significative sur le changement climatique au sein de la communauté scientifique afin de retarder les changements de politique[407]. Les stratégies visant à promouvoir ces idées comprennent la critique des institutions scientifiques[408] et la remise en question des motivations des scientifiques individuels[405]. Une chambre d'écho de blogs et de médias négationnistes renforce encore l'incompréhension du changement climatique[409].
Protestations et litiges
Les protestations contre le changement climatique ont gagné en popularité dans les années 2010 sous la forme de manifestations publiques[410], de désinvestissement des énergies fossiles et de poursuites judiciaires[411]. Dans le cadre de la grève étudiante pour le climat, des jeunes du monde entier ont protesté en séchant les cours, inspirés par l'adolescente suédoise Greta Thunberg[412],[413]. Des actions de désobéissance civile de masse menées par des groupes comme Extinction Rebellion ont protesté en provoquant des perturbations[414]. Les litiges sont de plus en plus utilisés comme outil pour renforcer l'action climatique, avec de nombreuses poursuites visant les gouvernements pour exiger qu'ils prennent des mesures ambitieuses ou qu'ils appliquent les lois existantes concernant le changement climatique[415]. Les poursuites contre les entreprises de combustibles fossiles, de la part de militants, d'actionnaires et d'investisseurs, visent généralement à obtenir une compensation pour les pertes et les dommages causés par le réchauffement climatique[416].
Découverte
Pour expliquer pourquoi la température de la Terre était plus élevée que prévu en ne considérant que le rayonnement solaire entrant, Joseph Fourier propose l'existence d'un effet de serre. L'énergie solaire atteint la surface car l'atmosphère est transparente au rayonnement solaire. La surface réchauffée émet un rayonnement infrarouge, mais l'atmosphère est relativement opaque aux infrarouges et ralentit l'émission d'énergie, ce qui réchauffe la planète[417]. Dès 1859[418], John Tyndall établit que l'azote et l'oxygène (99 % de l'air sec) sont transparents aux infrarouges, mais que la vapeur d'eau et les traces de certains gaz (notamment le méthane et le dioxyde de carbone) absorbent les infrarouges et, lorsqu'ils sont réchauffés, émettent un rayonnement infrarouge. La modification des concentrations de ces gaz pourrait avoir provoqué « toutes les mutations du climat que les recherches des géologues révèlent », y compris les périodes glaciaires[419],[420],[N 10].
Svante August Arrhenius remarque que la vapeur d'eau dans l'air varie continuellement, mais que le taux de dioxyde de carbone (CO2) est déterminé par des processus géologiques sur le long terme. À la fin d'une période glaciaire, le réchauffement dû à l'augmentation du CO2 augmenterait ainsi la quantité de vapeur d'eau, amplifiant son effet dans un processus rétroactif. En 1896, il publie le premier modèle climatique de ce type, montrant qu'une réduction de moitié du CO2 aurait pu provoquer la chute de température à l'origine de la période glaciaire. Arrhenius a calculé que l'augmentation de température attendue d'un doublement du CO2 d'environ 5 à 6 °C[422]. D'autres scientifiques sont initialement sceptiques et pensent que l'effet de serre était saturé et que l'ajout de CO2 ne ferait aucune différence. Ils pensent alors que le climat s'autorégulerait[423],[424]. À partir de 1938, Guy Stewart Callendar publie des preuves que le climat se réchauffe et que les niveaux de CO2 augmentent[425],[426], mais ses calculs rencontrent les mêmes objections[423],[424].
Dans les années 1950, Gilbert Plass crée un modèle informatique détaillé qui inclue différentes couches atmosphériques et le spectre infrarouge et constate que l'augmentation des niveaux de CO2 entraînerait un réchauffement. Au cours de la même décennie, Hans Suess trouve des preuves que les niveaux de CO2 a augmenté, Roger Revelle montre que les océans n'absorberaient pas cette augmentation et, ensemble, ils aident Charles David Keeling à établir un historique de l'augmentation continue, appelé la courbe de Keeling[423],[424]. Le public est dès lors alerté[427], et les dangers sont soulignés lors du témoignage de James Hansen au Congrès en 1988[428]. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat est créé en 1988 pour fournir des conseils officiels aux gouvernements du monde entier et donner une impulsion à la recherche interdisciplinaire[429].
Annexes
Articles connexes
Notions générales
- Accord de Paris sur le climat (2015)
- Adaptation au changement climatique
- Anthropocène
- Appels pour le Climat
- Atténuation du changement climatique
- Attribution du changement climatique récent
- Bilan carbone, Bilan carbone personnel
- Bilan des émissions de gaz à effet de serre
- Bilan radiatif de la Terre
- Biosphère
- Changement climatique
- Climat
- Climatologie
- Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques
- Controverses sur le réchauffement climatique
- Crise écologique
- Cycle du carbone
- Décroissance
- Déni du réchauffement climatique
- Développement durable
- Écosystème
- Effets du réchauffement climatique sur les océans
- Empreinte carbone
- Énergie et effet de serre
- Énergie renouvelable
- Enjeux du réchauffement climatique
- Environnement
- Évolution en réponse aux changements climatiques
- Forçage radiatif
- Gaz à effet de serre
- Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)
- Horloge de la fin du monde
- Insolation
- Limites planétaires
- Niveau de la mer
- Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique
- Protection de l'environnement
- Protocole de Kyoto
- Réchauffement climatique en France
- Réchauffement climatique dans l'Arctique
- Relargage du méthane de l'Arctique
- Risque naturel
- Taxe carbone
- Risques d'effondrements environnementaux et sociétaux
- Transgression marine
- Transition écologique
- Transition énergétique
Événements liés au dérèglement climatique
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
En français
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Liens externes
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- Rapports de référence sur les changements climatiques, Réseau Action Climat
Institutions ou organisations françaises
- L'ampleur des changements climatiques, de leurs causes et de leur impact possible sur la géographie de la France à l'horizon 2005, 2050 et 2100 (Tome 1 : Rapport), Sénat, février 2002.
- Le site du CNRS sur le climat.
- L'Institut des géosciences de l'environnement.
- Le site de l'INRA sur le changement climatique.
- Le site de Météo France sur le changement climatique.
- Le site « climat en questions » de l'IPSL
- Le premier observatoire francophone du changement climatique Un site d'Universcience destiné à tous celles et ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance et leur compréhension du changement climatique en cours : vous y trouverez les dernières observations, projections, ainsi que l'explication des mécanismes de base.
- L'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique
Groupes et associations
- Manicore.com, le site de Jean-Marc Jancovici, l'un des plus détaillés sur le réchauffement climatique et les gaz à effet de serre
- Dossier Greenpeace pour les non-spécialistes
- Médiaterre Climat, portail d'actualité francophone sur le climat
Glossaire des acronymes anglophones de ce domaine
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Notes et références
Notes
- Parfois dénommé « réchauffement global »[1], par faux sens sur le faux-ami anglais global dans la locution global warming.
- L’U.S. Global Change Research Program, l'Académie nationale des sciences et le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ont tous conclu indépendamment que le réchauffement du système climatique au cours des dernières décennies est « sans équivoque ». Cette conclusion n'est pas tirée d'une seule source de données, mais repose sur de multiples sources de preuves, notamment trois ensembles de données sur les températures mondiales montrant des tendances au réchauffement presque identiques, ainsi que de nombreux autres indicateurs indépendants du réchauffement climatique (par exemple, l'élévation du niveau de la mer ou la diminution de la glace de mer arctique).
- La température moyenne terrestre est de 14 °C.
- 1998 Année la plus chaude pour Met Office et 2005 pour le GISSTEMP.
- Les points de basculement représentent des seuils au-delà desquels certains impacts ne peuvent plus être évités même si les températures sont réduites
- Le glacier Perito Moreno en Argentine, par exemple, est un des rares glaciers en avancée. Les glaciers de Scandinavie et de Nouvelle-Zélande, soumis à d'importantes précipitations neigeuses hivernales, sont également en expansion[d 5].
- Par exemple dans les Alpes [1] ou dans les Pyrénées [2].
- Stratégie publiée par l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique.
- Voir l'article informatique verte.
- En 1856, Eunice Newton Foote fait des expériences en utilisant des cylindres de verre remplis de différents gaz chauffés par la lumière du soleil, mais son appareil ne pouvait pas distinguer l'effet de serre infrarouge. Elle a constaté que l'air humide se réchauffait plus que l'air sec et que le CO2 se réchauffait le plus. Elle en a donc conclu que des niveaux plus élevés de ce gaz dans le passé auraient fait augmenter les températures[421].
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- 4e rapport de synthèse du GIEC, en français : « Changements climatiques 2007: Rapport de synthèse » [PDF], Giec, (les n° de page sont ceux du format pdf)
- p. 49 : « L’essentiel de l’élévation de la température moyenne du globe observée depuis le milieu du XXe siècle est très probablement attribuable à la hausse des concentrations de GES anthropiques. » Le rapport précédent employait encore le mot « probablement ». Le même texte, p. 37, précise les termes utilisés pour indiquer le degré de certitude estimé, selon les experts, d’une donnée ou d’un résultat : « pratiquement certain (probabilité supérieure à 99 %) ; extrêmement probable (probabilité supérieure à 95 %) ; très probable (probabilité supérieure à 90 %) ; probable (probabilité supérieure à 66 %) ; plus probable qu’improbable (probabilité supérieure à 50 %) ; à peu près aussi probable qu’improbable (probabilité de 33 à 66 %) ; improbable (probabilité inférieure à 33 %) ; très improbable (probabilité inférieure à 10 %) ; extrêmement improbable (probabilité inférieure à 5 %) ; exceptionnellement improbable (probabilité inférieure à 1 %). » Ainsi, l’évaluation de la part des activités humaines dans le changement climatique a augmenté entre 2001 et 2007, puisque dans le rapport de 2001, ce rôle n’était qualifié que de « probable » (likely). Voir le troisième rapport d'évaluation du GIEC.
- p. 3 et 5.
- Rapport rédigé par le groupe de travail no 1 du GIEC, publié en 2007 (4e rapport) (les n° de page sont ceux du format pdf)
- Chapitre 2, lire en ligne), p. 139 :
« Thus, as shown in Prentice et al. (2001), when CO2 from fossil fuel combustion enters the atmosphere, the 13C/12C isotopic ratio in atmospheric CO2 decreases at a predictable rate consistent with emissions of CO2 from fossil origin. Note that changes in the 13C/12C ratio of atmospheric CO2 are also caused by other sources and sinks, but the changing isotopic signal due to CO2 from fossil fuel combustion can be resolved from the other components (Francey et al., 1995). These changes can easily be measured using modern isotope ratio mass spectrometry, which has the capability of measuring 13C/12C in atmospheric CO2 to better than 1 part in 105 (Ferretti et al., 2000). Data presented in Figure 2.3 for the 13C/12C ratio of atmospheric CO2 at Mauna Loa show a decreasing ratio, consistent with trends in both fossil fuel CO2 emissions and atmospheric CO2 mixing ratios (Andres et al.,2000; Keeling et al., 2005). »
- Chapitre 7, lire en ligne), Frequently Asked Question 7.1, p. 512 Are the Increases in Atmospheric Carbon Dioxide and Other Greenhouse Gases During the Industrial Era Caused by Human Activities? Yes, the increases in atmospheric carbon dioxide (CO2) and other greenhouse gases during the industrial era are caused by human activities.
- Frédéric Denhez, Atlas du réchauffement climatique, et son supplément : La France en 2100 (voir dans la bibliographie)
- p. 52-53.
- p. 60-61.
- p. 40-41.
- « Climat, comment éviter la surchauffe ? » (dossier), Pour la Science,
- Jérôme Weiss, « Recul des banquises et réchauffement climatique », p. 26-27.
- Paul Epstein, « Les risques de prolifération des maladies », p. 40-45.
- Besancenot J.P, « Chaud devant, nos organismes soumis au réchauffement », p. 46-47.
- Fabrice Chauvin et Jean-François Royer, « L'intensité des cyclones augmente-t-elle ? », p. 35-38.
- Christian Vincent et Delphine Six, « Les glaciers de montagne sont-ils menacés ? », p. 28-29.
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Projection climatique » (voir la liste des auteurs).