Bataille de la production

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La fosse no 2 des mines de Marles, fermée en 1974.
Le billet de 10 francs Mineur de 1941.

La Bataille du charbon est l'épisode central de la reconstruction de la France après la Seconde Guerre mondiale car destiné à pallier les graves pénuries d'électricité qui contribuent aux difficultés alimentaires vécues par tous les Français, l'industrie et les transports tournant au ralenti, faute de combustible, qui fait aussi défaut aux principaux fournisseurs de la France avant-guerre : la production allemande a été divisée par cinq et l'Angleterre est devenue importatrice.

Lancée après la libération du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais au début septembre 1944, dans le sillage du prestige de la grève patriotique des cent mille mineurs du Nord-Pas-de-Calais en mai-juin 1941, la bataille du charbon concerne en 1946 toutes les mines françaises, sous la direction du communiste Auguste Lecoeur, qui obtient en échange ce portefeuille au gouvernement mais aussi la nationalisation des mines et un statut du mineur de fond en France reconnaissant les maladies professionnelles. Il faut notamment pallier le départ de 62000 Polonais de France rentrés en Pologne, pour participer à sa reconstruction, principalement vers le bassin minier et les industries de Basse-Silésie[1], dont 5000 à 6000 mineurs de fond issus de l'Immigration polonaise dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, dans ce qui a été appelée Reemigracja une vaste migration d'abord spontanée puis organisée[2], effectuée entre 1945 et 1949.

Ce combat est magnifié par les journalistes, peintres, cinéastes et écrivains, qui font l'éloge des « gueules noires » du charbon, nouveaux héros de la France du travail qui « sauvent le pays »[3], et de l'économie qui reprend ses droits, à une époque où le pétrole est encore peu disponible et le nucléaire inexistant. Leurs exploits sont racontés dans les journaux[3].

Les destructions de guerre[4], aggravées par le manque de matériel ferroviaire, détruit par les bombardements[4], avaient fait chuter la production française, de 48 millions de tonnes en 1938 à seulement 30 millions en 1944[5], mais elle remonte à 48 millions dès 1946, les mineurs l'augmentant ensuite « considérablement jusqu’en 1947 au détriment de leur santé »[4].

L'effort cesse fin novembre 1947, annonçant la grève des mineurs de 1948, puis elle monte à 51 millions en 1949 et 59 millions de tonnes en 1959[3], dont les deux tiers dans le Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, qui employait aussi deux-tiers de l'effectif depuis 1945[3], tentant de pallier, malgré le départ des mineurs polonais et des prisonniers allemands, la perte d'une grande partie des riches charbons lorrains causée par la guerre.

Difficultés économiques

L'électricité consomme deux fois plus de charbon qu'en 1938

Après-guerre, les prix de vente du charbon sont maintenus bas par les gouvernements européens[6], afin de faciliter la reprise de la production électrique, nécessaire s'ils veulent pouvoir opérer la reconstruction sans les retards qui avaient eu lieu après la guerre de 14-18.

Mais ces prix bas du charbon font que la pénurie sur le marché mondial ne se résorbera que peu à peu par l'appel au charbon américain[6], tandis que la demande d'électricité flambe, dépassant rapidement le niveau de consommation du temps de paix[6].

Les barrages hydrauliques souffrent eux aussi de problèmes dus à l'Occupation. Du coup, la consommation de charbon français pour l'électricité représente en 1947 le double de celle de 1938[6].

Les petits clients, qui passent après EDF, font le plus souvent les frais du fait que l'extraction française a baissé aussi en qualité : ils récupèrent les mauvais charbons, peu caloriques.

Le charbon représente 95% de l'énergie

En 1945, la France n'a pas d'énergie nucléaire. Le gaz, le pétrole, et l'énergie hydraulique sont encore peu développés. Le charbon représente 95 % de l'énergie. Cent kilos de plus par mineur et par jour « nous permettraient de pousser notre production sidérurgique à 75 % de son niveau d'avant guerre. Nos industries textiles retrouveraient leur activité d'antan » souligne Maurice Thorez, du PCF en , au congrès des mineurs[7],[8]. Et à l'été 1945, le niveau des stocks de charbon « semblait fort inquiétant »[9] : 5 jours d'activité seulement à la SNCF[9], 6 jours dans les usines à gaz de Paris, tandis que les centrales électriques devaient prélever sur les réserves censées être prévues pour le prochain hiver[9].

Les cimenteries et les verreries n'avaient que le sixième de leur charbon en temps de paix[9], dans les cuirs et fabriques de chaussures c'était seulement 15%[9] et dans la sidérurgie, secteur pourtant prioritaire pour la reconstruction, 20%[9]. Pour les foyers domestiques, les distributions, qui s’étalaient sur six à sept mois, était toujours à zéro alors qu'elles auraient dû débuter en mai[9], provoquant des problèmes sanitaires et aggravant le taux de mortalité des nouveau-nés[9].

Destructions de guerre

Au début de l'année 1946, malgré l'énorme effort pour augmenter la production depuis un an et demi, un problème demeure : « même si les statistiques semblent montrer que la production nationale de charbon a dépassé le niveau de 1938, l’énergie disponible est demeurée encore très inférieure » car les destructions de guerre privent toujours la France de ses charbons les plus riches en énergie.

L'héritage de l'Occupation

Les pénuries de charbon sont criantes dès la fin de la guerre, après l'avoir été sous l'Occupation, car « une des formes essentielles de la Résistance » était de ralentir l'extraction du charbon. Résistants ou pas, pour les mineurs "pas question de se tuer à la tâche pour la machine de guerre allemande"[10], se souvient Achille Blondeau ancien résistant et syndicaliste CGT des mineurs[11].

Année 1871 1880 1890 1900 1913 1929 1938 1941 1944 1945 1949 1952
Production française de charbon (millions de tonnes) 13,2 19,3 26 33 40 49[12] 46 41 26,5 33[13] 51,2 55,4

La grande grève de mineurs du Nord-Pas-de-Calais en mai-juin 1941 et l'autre arrêt de travail de très grande ampleur en 1944 dans les mines de la région[6], au moment où l'occupant allemand a du fuir[6] ne furent pas les seules causes de la baisse de production.

Les mineurs polonais et français, ont fait tout le long de la seconde guerre mondiale leur maximum pour réduire le plus possible l'extraction du charbon, à la fois par la grève du zèle, toutes sortes de sabotages des installations et « en multipliant » les freins à la production « sous les prétextes les plus divers »[14]. Les Allemands espéraient l'accroître de 35%, elle a au contraire baissé de près de 30% en six ans[14]. Les mineurs polonais, majoritaires au fond, y ont fortement contribué[14].

L'extraction journalière des mines du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, calculée, en kilos, par mineur de fond entre 1938 et 1944[14] :

1938 1941 1942 1943 1944
1136 1015 982 901 797

Selon les statistiques de l'Abewher allemande, les actes de sabotages dans la région ont touché des mines, des centrales électriques à charbon, des cokeries et des pylônes à haute tension.

Dégâts dans les mines les plus riches, en Lorraine

Nationalisées comme tout le charbon français après la guerre, les Houillères de Lorraine produisaient avant guerre un charbon de très bonne qualité, mais qui est devenu en grande partie indisponible en raison des destructions survenues pendant la guerre[9] : d’après le rapport sur la situation de la production de charbon d'avril 1946[9], elles livraient environ 130 000 tonnes de moins chaque mois qu’en 1938[9], soit plus de 1,5 million de tonnes manquante par an, déficit d'autant plus problématique qu'il fallait le remplacer par des charbons dont la qualité se révélait sensiblement inférieure[9], procurant en moyenne beaucoup moins d'énergie. Pour trouver ce pauvre substitut, il a fallu rouvrir de nombreuses petites mines abandonnées[9], aux charbons pauvres en énergie, dans les bassins du Centre et du Midi[9].

Problèmes de cendres dans les petites tailles rouvertes

Un autre phénomène, particulièrement préoccupant dans la Loire, dans le Nord et le Pas-de-Calais[9], était la teneur moyenne en cendres, très nettement supérieure en 1946 à celle de 1938 à cause d'une exploitation intensive de toutes les veines[9], résultat en partie de la nécessité de suppléer à la Lorraine, où des mines sont détruites. La faible capacité de lavage des charbons, par suite des destructions de guerre[9] mais aussi du report des investissements suspendus en raison de l'incertitude, aggravait le problème de l'excès de cendres[9]. Les hésitations des compagnies minières à investir s'expliquaient aussi par la « crainte d’une nationalisation », apparue avant la fin de la guerre[9].

Fin des importations de charbon d'avant-guerre

La France importait un tiers de son charbon

Avant-guerre, la France était déjà la plus grosse importatrice de charbon en Europe, se procurant le tiers de sa consommation à l’étranger[9]. Mais en 1945, ce flux s'effondre : elle ne parvient à importer que 23,4% des tonnages qu'elle obtenait en 1938, avec 532,6 milliers de tonnes contre 2,272 millions[9].

La production s'est en effet effondrée dans de nombreux pays d'Europe, notamment les trois premiers fournisseurs de la France : Allemagne, Grande-Bretagne et Belgique.

La chute de production en France est moins forte qu'en Allemagne, car de seulement un tiers : de 48 millions de tonnes en 1938, elle était tombée en 1944 à 30 millions[5]. Le bassin du Nord-Pas-de-Calais est le plus touché de France car lui aussi abîmé par les destructions de guerre : il ne produisait plus que 18 millions de tonnes en 1944, contre 28,2 millions de tonnes en 1938[5] et l'objectif principal du gouvernement est de retrouver la même production charbonnière qu'en 1938[11].

La production allemande baisse des quatre-cinquièmes

En Allemagne, le désordre politique et les dégâts de guerre sur les infrastructures de transports ont contribué à l’effondrement de la production charbonnière[9] : 36,7 millions de tonnes contre 186,1 millions en 1938, soit seulement un cinquième.

La Grande-Bretagne et la Belgique deviennent importatrices

En Grande-Bretagne, la production de charbon de 1945 reste inférieure de 19,6% à celle 1938 (182,4 millions de tonnes contre 227 millions[9]) et tout au long de l’année 1946 ce pays décide de retirer presque totalement ses charbons du marché international[9], contribuant à la pénurie de charbon car c'était jusque là le deuxième exportateur d'Europe[9].

Grosse exportatrice grâce au bassin minier wallon, la Belgique voit ses exportations chuter de 90% et surtout l'Allemagne n'état plus autorisée à livrer à la France, à partir de novembre 1946, que la moitié de ce qu'elle lui exportait les mois précédent

De plus, le programme de répartition du charbon allemand était contrôle par European Coal Organisation (ECO)[9], répartiteur des alliés, où la Grande-Bretagne et les États-Unis accordaient une importance particulière à la reconstruction économique de l’Allemagne[9]. Et le marché était imprévisible : durant l’hiver 1945-1946, l’économie française fut fortement pénalisée par la baisse de ses allocations de charbon allemand par rapport aux prévisions Byrnes-Truman de juillet 1945[9].

Charbon américain, cher et mauvais, mais peu à peu disponible

Alors qu'après la seconde guerre mondiale la production a fortement chuté dans les trois premiers pays producteurs européens de charbon, les États-Unis sont appelés à la rescousse et vont devenir le plus important exportateur vers l'Europe occidentale. Ce pays a cependant connu lui aussi en début d'année 1946 une grève massive des mineurs de charbon.

La seconde guerre mondiale a créé de la demande et assuré la prospérité de l'industrie américaine, la production de charbon de ce pays s'est même accrue, mais coûte beaucoup plus cher que les européens, à cause des frets, et du fait qu'elle est payée en dollars. Mais les Américains livraient, en majeure partie, des charbons plus ou moins oxydés et à forte teneur en soufre.

Contexte politique

Les vainqueurs de la guerre se déchirent sur le charbon

Sur le marché charbonnier, les pays qui ont gagné la guerre sont divisés[6]. L'Angleterre veut donner le plus de charbon possible à l’industrie allemande pour faciliter ses ventes à l’étranger de produits industriels qui permettront en retour des achats de denrées alimentaires et de matières premières[15],[5].

Au gouvernement, le charbon est géré à partir de janvier 1946 par le communiste Auguste Lecoeur, qui multiplie les visites à l'étranger pour tenter de trouver des solutions techniques. Il souligne que la baisse des rendements est générale en Europe[6] et que la France, qui importe normalement 20 à 30% de sa consommation de charbon[6] est moins touchée grâce au rebond de 1946, permis par un gros effort de production des mineurs français

Mais l'Angleterre devenant importatrice, la Belgique voyant ses exportations chuter de 90% et surtout l'Allemagne n'état plus autorisée à livrer à la France, à partir de novembre 1946, que la moitié de ce qu'elle lui exportait les mois précédents, la situation devient tendue. Finalement plus de la moitié des importations françaises, à la fin 1947 devront fournies par les États-Unis[6].

Résistance spécifique dans le Nord-Pas-de-Calais

Nouvelle presse issue de la Résistance

La presse issue de la Résistance, dans plusieurs régions charbonnières de France, a des tirages importants. Elle participe largement à la propagande en faveur de la reprise économique et de la bataille du charbon. Les mineurs « ne veulent pas que leurs efforts servent les barons du sous-sol qui hier les firent crever à la tâche », estime le quotidien régional du PCF Liberté dès le mois de décembre 1944[16].

L'idée de "bataille du charbon" reste alors combinée à celle de lutte des classes et elle est présentée comme un recours face aux trahisons de la bourgeoisie : « si les trusts sabotent, c’est que notre intérêt est de produire », explique encore Liberté l'année suivante, en juillet 1945[17].

Nouvelles contraintes techniques et humaines

Pas de haveuses disponibles

L'équipement des houillères ne permet pas d'augmenter la productivité rapidement, faute de matériel adapté. La haveuse est seulement utilisée en Lorraine[18] : le marteau-piqueur mis en place dans les années 1920 assure toujours 90 % de l'abattage et quasiment la totalité dans le Nord-Pas-de-Calais[18]. Mais comme l'électricité manque le plus souvent, et partie des mineurs subit le retour au travail au pic, plus fatigant.

Dans un rapport, la commission du plan déplore que la France ne dispose « d'aucun véritable constructeur de matériel des mines », alors que parmi plus d'une centaine de petits industriels français du secteur « aucun n'a les moyens d'aborder la fabrication en série d'un matériel puissant et moderne »[6].

En mai 1945, Victorin Duguet et Henri Martel, deux dirigeants de la Fédération CGT, sont associés à la préparation d'un plan quinquennal de modernisation des houillères[18], qui sont cependant à court de ressources financières car les clients publics exigent des prix de vente du charbon trop bas[18], le gouvernement espérant ainsi contenir l'inflation[18].

Les projets sont reportés[6], et il faudra attendre septembre 1947 pour que les houillères du Nord dépensent plus d'un milliard de francs par mois dans de nouveaux équipements : deux grands puits foncés, quatre batteries à coke terminées, achat de compresseurs, de locomotives, d'étançons, de câbles électriques et de poulies modernes[6].

Les Américains réclament les prisonniers de guerre allemands

La ressource en main-d'euvre subit de son côté plusieurs ponctions conjoncturelles mais importantes. Dans les mines du Nord, le travail est effectué en grande partie par des prisonniers de guerre[19], avec près de 54.000 prisonniers de guerre allemands[18], peu productifs, même si cela permet d'afficher des effectifs supérieurs à ceux de 1930[18], mais des accords ont été signés avec les États-Unis, rapidement après la guerre pour leur libération[19]. Leur départ risquant de causer une chute de production pouvant aller jusqu'à près de 20%[19], le gouvernement propose une libération plus rapide à ceux qui acceptent de signer un contrat de travail d'un an[19], et finance le voyage de leurs familles[19].

Départ de milliers de mineurs Yougoslaves et Polonais

Le retour au pays de milliers de mineurs Yougoslaves et de Polonais[18] qui travaillaient dans le Nord-Pas-de-Calais pose un autre problème. Parmi eux, les 2 800 hommes des 9 détachements de résistants FTP polonai[20] intégrés dans la 1re Armée du Général De Lattre-de-Tassigny[20] qui ont poursuivi les Allemands jusqu'au bassin supérieur du Danube[20] et dont la plupart se sont installés en Pologne[20]. Pour les remplacer, les mines font un appel à des volontaires en février 1945, ce qui échoue, « malgré la promesse de multiples avantages »[18]. En mars 1945, un accord franco-italien prévoit des avantages financiers à ceux qui acceptent de venir dans les mines[19]. Mais il est prévu qu'ils ne doivent pas avoir été militants fascistes[19].

Au total, quelques 62000 Polonais de France sont rentrés en Pologne, pour participer à sa reconstruction, principalement vers le bassin minier et les industries de Basse-Silésie[1], dont 5000 à 6000 mineurs de fond issus de l'Immigration polonaise dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, dans ce qui a été appelée Reemigracja une vaste migration d'abord spontanée puis organisée[2], effectuée entre 1945 et 1949. Une partie d'entre eux sont des Résistants polonais en France durant la seconde guerre mondiale qui ont participé à la libération au cours de l'été 1944.

Parmi eux, environ 6000 mineurs du Nord-Pas-de-Calais[21], sensibles à l'appel de leur pays, qu'il fallait repeupler et reconstruire[2].

La plupart de ces Polonais qui rentrent au pays partent de convois ferroviaires au départ du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Le bassin minier de Silésie où est produit le charbon dont a besoin la Pologne pour se reconstruire[21], souffre alors de pénuries d'énergie et d'électricité comme le reste de l'Europe[22].

Un appel à relancer la production charbonnière, « pain de l’industrie », est envoyé dès l’été 1945 par les nouvelles autorités en Pologne. Il s'adresse en particulier à la France et à ses départements les plus « polonisés ». Des départs « sauvages » de main-d’œuvre à fortes aptitudes professionnelles ont lieu dès 1945[21] et inquiètent les autorités françaises, qui préfèrent prendre les devants[21].

Le 20 février 1946, une première convention de rapatriement associe France et Pologne[21] : elle prévoit le retour en Pologne de 5000 travailleurs, cette année-là[21]. Les mineurs de charbon du Nord-Pas-de-Calais veulent les pionniers de cette reconstruction et « polonisation »[21].

En échange, la Pologne s’engage à lui livrer du charbon, dont la France a énormément besoin[21], via 4 accords franco-polonais sur la période « 1946 – 1948 », prévoyant le rapatriement de 40000 Polonais de France[21], à qui sont proposés assurance d'un logement et d’un travail en Pologne[21], avec voyage payé, passeports collectifs, et possibilité de partir en famille avec meubles et cheptel[21].

Le premier convoi ferroviaire quitte Lens le 15 mai 1946, devant 10000 personnes[21], avec un vibrant discours de l'ambassadeur de Pologne en France, et le voyage prend cinq jours[21]. Des convois partiront aussi de Bruay-en-Artois, Arras, Douai et Valenciennes[21], avec des wagons pavoisés aux couleurs de la Pologne[21], et parfois les locomotives ornées du portrait de Staline[21].

La marche vers la nationalisation

Novembre 1944 : décès de l'industriel Aimé Lepercq

L'ingénieur et industriel Aimé Lepercq fut en 1943 le premier commandant FFI de Paris, puis ministre des Finances dans le 1er gouvernement « de Gaulle » . Dès le , il est chargé du dossier des mine de charbon, opérées par une trentaine de sociétés privées, dont 23 pour la région du Nord[23], via "l'emprunt de la Libération"[23] mais il décède d'un accident de voiture dans le canal de la Deûle, à Estevelles, le . Cette mauvaise nouvelle oblige à remettre en chantier les projets élaborés pendant la guerre par les compagnies minières et créé de l'incertitude.

Début 1945 : ravitaillement du Nord-Pas-de-Calais perturbé

Dans ses mémoires publiées en 1980[24], Francis-Louis Closon, Commissaire de la République régional de 1944 à 1946, évoque les graves problèmes de ravitaillement spécifiques au Nord-Pas-de-Calais[25] : excédentaire en pommes de terre, légumes secs, sucre, blé[25], la région les envoie au reste de la France, mais la viande et le beurre, victimes du marché noir auquel ces denrées se prêtent plus facilement, n'arrivent pas des autres régions[25], également parce que les échanges interrégionaux fonctionnent mal, selon le jeune commissaire[25], qui reconnait avoir du « mal à apaiser »[25] la « colère des gens du Nord » dès 1945 dans ce domaine[25].

Après avoir souffert de la faim, « tout le monde s’attendait, une fois la libération acquise, que l’on revienne à la normale. Mais la pénurie alimentaire reste majeure dans le Nord - Pas-de-Calais, plus encore peut-être qu’ailleurs, pendant près de deux ans », a souligné l'historien Yves Le Manner, selon qui la population de la région fut « révulsée de voir que le marché noir continue et l’inflation déstabilise » créant un sentiment très clair « que la libération n’a pas rétabli un état normal dans le domaine alimentaire »[4]. Dans de nombreuses villes, les difficultés alimentaires vécues par tous les Français se traduisent par les émeutes de la faim de 1947.

Les mineurs les plus productifs reçoivent des chaussures et des vélos[26] car la période de la bataille du charbon est marquée par des pénuries très larges.

Printemps 1945 : pénurie d'électricité, travail au pic, baisse des rendements

La première année de la "Bataille du charbon" bute sur des diffultés techniques, comme dans les autres pays : faute de matériel et d'électricité, il faut souvent travailler à l'ancienne, au pic, donc travailler beaucoup plus : en décembre 1945, le rendement minier par personne reste plus bas qu'en 1913 (956 kilos de charbon contre 978)[18]. Ce travail plus dur génère un absentéisme pire que pendant la guerre : il restera supérieur à 20 % jusqu'en 1946, alors qu'il était de seulement 8 à 9,5% en 1938[18] et la pénurie extrême demeure.

Dans certaines mines du Nord, le salaire aux pièces avait été introduit dès janvier 1945[26], seulement trois mois après que son interdiction fut réclamée en septembre 1944 par syndicat des mineurs du Pas-de-Calais, présidé par Auguste Lecoeur[26]. Ce mode de rémunération permettait, depuis la guerre, à certains, affectés aux meilleures tailles, de doubler ou tripler leur salaire de base, au cours de certaines « grosses quinzaines »[27].

Mai 1945 : le rapport Closon écarte l'épuration des cadres miniers

Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais

Les mineurs sont aux yeux de l’opinion publique, à la Libération, « le symbole de l’adhésion ouvrière à la Résistance »[26]. Les compagnies minières sont au contraire accusées d’avoir profité de l’Occupation, pour aggraver l’exploitation des salariés en effaçant le Front populaire[26]. Alors que de nombreux mineurs espéraient « une très large épuration des porions et des ingénieurs les plus brutaux »[26], l’attitude des nouvelles autorités les surprend : elles veulent plutôt « limiter les mises à l’écart pour redémarrer au plus vite l’extraction »[26], ce qui « scandalise et écœure la base ouvrière, nourrissant ainsi le sentiment d’une épuration bâclée »[26].

La colère débute par un rapport de Francis-Louis Closon rédigé en mai 1945[28] a contribué au fait que « les mineurs confondent dans une même animosité les authentiques partisans de l’occupant ou de Vichy et les serviteurs zélés de l’ordre productif »[29], selon l'historien Philippe Roger, car il montre que « les nouvelles autorités républicaines entendent plutôt limiter les mises à l’écart pour redémarrer au plus vite l’extraction houillère »[29].

C'est le cas dans les mines du Nord-Pas-de-Calais, les plus importantes économiquement, qui avaient connu une grande grève en mai-juin 1941 : sur 800 dossiers examinés, il y a eu seulement 2 licenciements, 18 suspensions, 11 déplacements et 11 rétrogradations[29]. Tous les directeurs ont été reclassés, sauf trois mis en retraite[29] et seulement 40 ingénieurs ont subi une suspension provisoire, pour être ensuite recasés, notamment en Sarre allemande, ce qui « scandalise et écœure la base ouvrière, nourrissant ainsi le sentiment d’une épuration bâclée »[29].

Entre août 1943 et mai 1944, le Général de Gaulle avait chargé Francis-Louis Closon, Croix de guerre 1939- 1945[30], de former des comités de Libération, en prenant contact avec la Résistance et les partis politiques dans la plupart des grandes villes de France[30], notamment à Paris, Rouen, Lille, Dijon, Marseille et Toulon. Sensibilisé au manque de données fiables pour l'économie, Francis-Louis Closon a fondé l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) en 1946 et restera son directeur général jusqu'en 1961[30]. La première décision de Francis-Louis Closon fut d'envoyer en prison un grand nombre de gens accusés de collaboration pour les faire jugera tempéré l'historien Yves Le Maner[4]. Avec 43 exécutions légales et 46 sauvages pour faits de collaboration sur trois millions d'habitants[4], la région a mieux freiné que d'autres les ressentiments, mais en même temps, selon l'historien Étienne Dejonghe, l'épuration ratée a joué un rôle dans la colère qui s'exprimer plus tard lors des grèves de 1947 et 1948 : « On aurait voulu ensanglanter le bassin qu’on n’aurait pas agi autrement »[26] car il y avait « une énorme attente de nettoyage juridique »[4], en grande partie déçue[4], et le bassin minier fut « l'endroit où la frustration est la plus grande »[4], les mineurs espérant « voir l’encadrement sanctionné pour avoir profité de l’Occupation pour établir une discipline très dure du travail »[4].

Les problèmes d'épuration[25] ont été soulignés très tôt par l'affaire de Maubeuge, « marquée par le faux enlèvement du maire provisoire dont on accuse les fascistes afin d'enflammer les populations », selon Francis-Louis Closon[25], d'autant que nombre de résistants communistes ne baissent pas les bras, même si « après de nombreuses protestations, les milices patriotiques finissent par rendre leurs armes »[25], l'émotion causée par cette affaire y ayant contribué.

Juin 1945 : rétablissement du chronométrage

Début 1945, le chronométrage du travail avait à nouveau été supprimé[31] comme sous le Front populaire en 1936.

Mais face à trois difficultés, industrielles, humaines et financières, le gouvernement accélére en juin 1945 : la production et les rendements qui baissaient depuis avril venaient d'atteindre leur niveau le plus bas[6] car les petites mines rouvertes dans le midi s'épuisent très vite. Le 21 juin 1945, Joseph Vial, ingénieur civil et directeur adjoint des charbonnages dans le nord, lance un vaste plan de communication pour orchestrer cette "Bataille du charbon", avec l'appui de la CGT, pourtant méfiante envers un cadre qui avait organisé sous l'Occupation le rétablissement du "système Bedeaux"[18], un mécanisme de chronométrage du travail, avec un système de points individuels attribués à chaque mineur en fonction du temps accompli pour chaque tâche.

Très impopulaire, il fut inventé par l'ingénieur Charles Bedaux, spécialiste de l'organisation scientifique du travai, qui avait abouti à diminuer globalement le salaire de base du mineur[32]. Introduit dans les mines du Nord au début des années 1930[32], il avait été aboli au moment des grèves de 1936[32] avant de déclencher la grève des cent mille mineurs du Nord-Pas-de-Calais contre les compagnies et l'occupant allemand en mai 1941 lors de son rétablissement[32].

Juillet 1945 : Maurice Thorez contesté après ses discours

"Produire, encore produire, c'est votre devoir de classe", lance alors le numéro un du PCF Maurice Thorez le 21 juillet 1945 lors d'un meeting réunissant 1200 délégués près de Douai, à Waziers[33], en dénonçant violemment absentéisme. Thorez réitère peu après son propos à Valenciennes, Bruay et Montceau-les-Mines[26] car il peine à se faire entendre[26]. Selon Roger Pannequin, il s'agit, entre autres, d'un avertissement lancé à Auguste Lecoeur[34], ancien mineur et leader du PCF dans la région Nord-Pas-de-Calais, qui a fait remonter l'incrédulité des militants locaux[34]. Beaucoup de syndicalistes et résistants ne comprennent pas que Thorez prône la journée de dix heures, montrent aussi les rapports des Renseignements généraux[35], ou voudraient au moins que soient d'abord écartés les ingénieurs des mines ayant collaboré avec les Allemands pendant la guerre[18].

Lecoeur venait de s’affronter durement à Francis-Louis Closon[34], qui après la défaite de 1940 avait rejoint les gaullistes à Londres avant d'être nommé en juillet 1944 Commissaire de la République pour le Nord et le Pas-de-Calais, dans les faits le vrai patron des Houillères régionales[34], poste qu'il conservera jusqu’en 1946. Le différent concerne la révocation de deux mineurs CGT qui venaient de se heurter à un agent de maitrise[34], considéré comme un collaborateur des Allemands pendant la guerre[34]. Dans les colonnes de Liberté, Auguste Lecoeur a de plus soutenu l'action revendicatrice[34], pour les salaires et les conditions de travail, mais aussi pour dénoncer la faiblesse de l’épuration chez les ingénieurs.[34] Ces actions sont soupçonnées d'être la cause de la baisse des rendements[34].

Au lendemain du discours de Waziers, deux articles paraissent dans Liberté contre Francis-Louis Closon[34]. Ils valent à Lecoeur une réprimande immédiate du Bureau politique du PCF. Deux mois et demi après, la divergence Thorez-Lecoeur s'aggrave[34]. Le 3 novembre 1945, à Issy-les-Moulineaux, Lecœur fait à nouveau remonter le sentiment des mineurs sur deux points[34] : l'épuration dans les mines n'a pas vraiment eu lieu[34] et les militants, qui à 80% n'étaient pas là en 1940, se posent des questions sur ce que faisait leur nouveau parti au début de la seconde guerre mondiale[34]. Maurice Thorez l'oblige alors à l'interrompre son intervention et l'apostrophe violemment, devant tout le comité central élargi[34].

Lecoeur maintient un temps sa position puis s'incline[36] car quelques mois après il obtient le portefeuille du charbon au gouverment et un nouveau statut du mineur de fond en France, au terme d'une discussion qui le voit l'emporter sur son ministre de tutelle, Marcel Paul, qui aurait préféré un statut commun avec celui d'EDF/GDF[36]. « Dans le bassin minier, de nombreux militants communistes disparurent des cellules en cette année 1945 […] pour ne réapparaître qu’après le départ des ministres communistes du gouvernement et pendant les grandes grèves de 1947 », a cependant regretté Auguste Lecoeur. Les chiffres officiels du PCF confirment ces départs de militants en 1945, en partie revenus en 1947, mais selon d'autres sources, sur les neuf derniers mois de 1945, le PCF du Pas-de-Calais gagne 15000 nouveaux adhérents[37]

En fin d'année, un compromis s'est dessine rapidement. Le PCF demande en échange de cette "Bataille du charbon" un renforcement de sa participation au pouvoir, les avantages protecteurs de ce statut du mineur de fond en France, permis par la nationalisation des houillères, qui le précède d'un mois en mai 1946. La concrétisation est facilité par un meeting qui réunit 50 000 personnes la veille de Noël 1945, mais cette fois à Valenciennes, selon Liberté[37]. Maurice Thorez, s'y fait accompagner par le ministre Marcel Paul, artisan de la nationalisation d'EDF, et du numéro un de la CGT Benoit Frachon, pour reprendre et clarifier l'explication de Waziers[37]. Quelques jours après Maurice Thorez est devenu numéro deux du gouvernement, où Lecoeur a obtenu le portefeuille du charbon.

En raison des réactions très mitigées des mineurs à l'été 1945, De Gaulle avait compris « qu’il devait faire à Thorez une place dans son gouvernement, il y gagnerait la tranquillité et des centaines de milliers de tonnes de charbon », racontera Roger Pannequin dans son livre de souvenirs de 1977[5]. Auguste Lecoeur accepte alors des descentes dans les puits avec Thorez[34] et se lance dans une politique de félicitations officielles aux fosses les plus performantes[34]. Il se souvient alors aussi que dans son discours de Waziers cinq mois plus tôt, Thorez avait certes lancé : « on ne peut pas épurer pendant 107 ans » en expliquant que les porions ne sont pas les principaux responsables et les ingénieurs non plus, mais pour dire qu'il faut frapper plus haut : « nous demandons de véritables nationalisations et la confiscation des biens des traîtres »[37]. À Waziers, Thorez avait aussi déploré l'indemnisation considérable des anciens actionnaires, alors en préparation et que des leviers de commande aient été laissés à ceux « qui ont intérêt à faire échouer ce premier essai timide » de nationalisation[37] et passé plus d'une heure à envisager les possibilités d'amélioration technique dans une dizaine de fosses[37].

Automne 1945 : rivalités entre socialistes et communistes

Les congés annuels de douze joursn gagnés en 1936, sont rétablis, mais ramenés en cours d'année 1945 à six jours d'affilée, à prendre entre deux dimanches, car les graves pénuries d'électricité obligent à revenir au travail au pic, et les mineurs polonais et Yougoslaves sont repartis

Les communistes soutiennent certains de ces efforts, au nom du pouvoir d'achat et des pénuries. Le journal de la fédération socialiste du Pas-de-Calais, L'Espoir, ironise : bientôt ils vont faire dormir les mineurs au fond[27], son, rival communiste Liberté ayant titré un article « Pour le travail du dimanche »[27].

Peu après le plan de juillet 1945 rétablissant le chronométrage, une grève importante éclate à Béthune. La CGT dénonce alors des "groupuscules fascistes" et de soi-disant "communistes de gauche"[6]. Du coup, plutôt qu'Auguste Lecoeur, élu maire de Lens en avril 1945, les délégués de Lens choisissent ensuite l'ancien maire socialiste, pour porter leurs revendications à Paris[6].

Une tentative de fusion entre les fédérations socialistes et communistes du Pas-de-Calais, amorcée en décembre 1944[37], avait échoué, les cadres de la première s'estimant à nouveau « menacés par la ligne de front national des communistes »[37], comme en septembre 1936 lors du choix de non-intervention en Espagne par la SFIO[37]. Pour compenser, leur programme social affiche un intégrisme jugé parfois guesdiste[37], qui permet au maire d'Arras, Guy Mollet, de battre le futur maire de lille Augustin Laurent, ex-président du Comité départemental de libération du Nord[37] au Congrès régional SFIO de septembre 1946. Alors que le ministre socialiste de la production industrielle, Robert Lacoste, « adjurait les mineurs de produire »[37], le quotidien socialiste du bassin minier Nord Matin allait dans l'autre sens[37], et encore plus loin ensuite, lors de l'accès aux « responsabilités économiques essentielles » de ministres communistes à partir du novembre 1945[37].

Nationalisation et statut du mineur

Hiver 1945-1946 : huit portefeuilles communistes sur 22 au lieu de 2

Après leur forte progression aux élections législatives constituantes d' (26,2 % des voix et 160 sièges), les communistes revendiquent la direction du gouvernement. Lors du remaniement ministériel du 21 novembre 1945, ils obtiennent la vice présidence et 5 ministères sur 20, au lieu de 2 en 1944, mais surtout l'accès aux « responsabilités économiques essentielles ». Marcel Paul succéde à Robert Lacost comme ministre de la production industrielle et Ambroise Croizat est nommé ministre du Travail, chargé aussi de la Sécurité sociale à partir du 26 janvier et jusqu'au 16 décembre 1946. Il est chargé d'une des plus importantes réformes de l'après-guerre, tandis que Marcel Paul a la mission de créer EDF en nationalisant les compagnies de production d'électricité, qui ne parviennent pas à faire face à la demande. Le numéro un des résistants FTP, Charles Tillon, qui était ministre de l'Air du gouvernement Charles de Gaulle (1) depuis le 10 septembre 1944, est nommé le 21 novembre 1945 à un poste plus opérationnel et étendu : il devient ministre de l'Armement du gouvernement Charles de Gaulle (2). Il était en 1944 le seul ministre communiste, avec le marseillais François Billoux, nommé mnistre des Affaires sociales et de la Santé. Maurice Thorez est pour sa part ministre de la Fonction publique. Quelques semaines après, le PCF obtient un 6e portefeuille, celui du charbon, confié à Auguste Lecoeur, les anciens combattants et le travail, soit 8 sur 22.

Le est votée la nationalisation des banques, Banque de France inclue, et le proposée celle de l'énergie, créant EDF-GDF, votée le , avec un statut du personnel[38]. Cette nouvelle société nationale est chargée de créer de brands barrages hydroélectriques.

La loi du 14 février 1946 porte « reconnaissance par la Nation du métier de mineur et de son importance pour la vie économique du pays »[39] via un décret avant le 15 mars 1946, échéance repoussée au 14 juin 1946, pour cause de consultations[39]. Il précède ceux d'EDF (22 juin 1946) et de la Fonction Publique (19 octobre 1946)[39]. Il crée le premier des commissions paritaires de discipline et de conciliation[39].

Mai-juin 1946 : nationalisation et statut du mineur

Préparée depuis des mois, la nationalisation de toutes les compagnies minières et le statut du mineur de fond en France entrent en vigueur en mai-juin 1946, exactement cinq ans après la grande grève patriotique de 1941.

C'est aussi près d'un an et demi après le discours annonçant les nationalisations, le 1er octobre 1944, par le Général de Gaulle, qui avait choisi Lille pour le prononcer[25].

Les actionnaires ont reçu 24 milliards de francs d'indemnisation[40]. La nouvelle entreprise a 358 000 salariés[23] et un président "politique" : le communiste Victorin Duguet[23]. Neuf filiales gèrent les différents "bassins" et sept d'entre elles fusionneront en 1969 pour créer les "Houillères des bassins du centre et du Midi"[23].

Le Nord-Pas-de-Calais pèse 60% du charbon français[23], 40% pour le Pas-de-Calais et 20% pour le Nord. Dans cette région, Maurice Thorez place deux proches, le président Henri Thiébault[23], maire de Liévin[41] et Léon Delfosse, adjoint chargé du personnel et des œuvres sociales, du directeur Michel Duhameaux (1899-1980)[23] qui fut inspecteur de la production industrielle à Lille sous l'Occupation[23]. Il y a 3 autres adjoints[42]. Jean Armanet, leader du SNIM-CGT (syndicat national des ingénieurs des mines) lui succédera dès 1946[23].

Léon Delfosse récupère le Château de la Napoule sur la côte d'Azur, et celui de Berck-sur-Mer, pour les vacances des ouvriers[31]. Les Houillères transforment aussi en 1946 le château Mercier de Mazingarbe en une maternité[43].

Racheté par les Houillères en 1945, le chateau de Félix-Lambrecht a été transformé en centre de formation. Au sous-sol, une menuiserie appelée le club des loisirs animé par Gérard Buf, permettait aux mineurs de fabriquer leur propre mobilier[44].

Les ingénieurs reçoivent aussi congés payés, avancement[31], confirmation de leur autorité et de la hiérarchie des salaires[31].

Le statut du mineur de fond en France créé des garanties de rémunération, avec une majoration importante pour les plus exposés aux maladies et accidents professionnels, car ils travaillent au fond : 12% de plus que la métallurgie parisienne pour les salariés au jour et 30% pour ceux au fond[45], faisant des mineurs la corporation la mieux payée[46].

Le statut du mineur prévoit aussi la garantie d'emploi et rend obligatoire pour tous les mineurs « la gratuité du logement et du charbon », le départ en retraite à 55 ans, un jour par mois de plus que le congé légal[46] mais aussi une « généreux calcul des congés avec souvent quatre semaines par an »[26] et au moins 24 jours à partir de 10 ans d’ancienneté[46]. La durée du travail est plafonnée à 38 heures 40 au fond et 40 h au jour[40]. Le repos dominical est payé double si non récupéré et l'augmentation à l'ancienneté est rendue obligatoir[40].

Les règles de sécurité et leur application sont désormais l'apanage des délégués élus par les mineurs : leur avis n'est plus seulement consultatif. Les médecins du travail doivent être indépendants, via l'embauche de personnel qualifié : « la médecine au Carnet se transforme en médecine salariée »[40] : jusque-là, « les patients mineurs n'étant pas les plus lucratifs, les examens étaient expédiés, les soins mal assurés »[40].

La presse syndicale y voit un progrès considérable[46]. La Tribune des mineurs, journal de la CGT, parle alors d'une « ère nouvelle » dès son numéro du 23 janvier, et de la clairvoyance du « discours historique de Waziers »[6].

La nationalisation « a entraîné de nombreuses améliorations des conditions de vie des familles des mineurs (…) les écoles des Houillères, d’enseignement catholique, deviennent alors publiques et laïques » selon Josiane Lorthios, présidente de l’association du Comité Historique de Mazingarbe[47]. La montée en technicité favorisera les reconversions dans l'automobile une quinzaine d'années plus tard[3].

Ce statut du mineur de fond en France vise à rassurer les mineurs déçus du manque de réformes depuis 1945 mais arrive tard. Entre-temps, « dans le bassin minier, de nombreux militants communistes disparurent des cellules en cette année 1945 […] pour ne réapparaître qu’après le départ des ministres communistes du gouvernement et pendant les grandes grèves de 1947 », selon Auguste Lecœur[26],[48].

Le communiste Léon Delfosse, directeur chargé du personnel et de l’organisation sociale pour tous les bassins miniers[26] avait promu l'accès aux vacances, avec des sites sur le Côte d'azur, le démantèlement des écoles privées remplacées par la création d'un CAP de mineur et d'un centre pour la rééducation des blessés à Oignies[26]. Son éviction à la mi-novembre 1947 est à l'origine de la grève dans les mines.

Juillet 1946, la silicose reconnue maladie professionnelle

Parmi les réformes importantes, en juillet 1946, la silicose est reconnue comme maladie professionnelle[31]. C'est en effet l'époque où la profession minière découvre les dégâts causés par la course à la productivité, relancée quand ont été importées du Canada les premières pelles chargeuses[27] qui pour être rentabilisées nécessitaient d’utiliser des amorces à retard, afin d'augmenter le flux de matière en forant une volée de plusieurs mines à la fois[27].

Utilisée dans les mines du Nord à partir de 1938[27], cette technique nécessitait de mettre plusieurs marteaux-perforateurs à la fois, sans bénéficier encore de la technologie de l'injection d’eau[27], d'où de gros dégagements de poussière à silicose. Après quatre ou cinq années de ces travaux de rochers, la plupart des mineurs affectés à ce type de travail étaient malades ou invalides[27], et les affectations à ces travaux faisaient l'objet de critiques. Vers 1947 sont apparus les premiers marteaux à injection d’eau fonctionnant convenablement, les Atlas[27], les années précédentes étant celles de l'absentéisme et des pertes humaines.

La loi du 2 août 1945 avait entre-temps fait de la France le dernier pays au monde — avec l’Iran — à reconnaître la silicose comme maladie professionnelle[27], mais avec une prévention encore pratiquement inexistante[27]. Le nombre de tués et invalides permanents en 1946 est 23% plus élevé qu’en 1938, s'inquiète, dans une étude officielle Auguste Lecœur[49],[27].

Eté 1946 : tensions entre syndicats

À l'été 1946 la production de charbon français a retrouvé son niveau d'avant-guerre et elle va continuer à monter tout au long de l'année. Mais des tensions sociales apparaissent, sous forme de différents entre les syndicats.

Depuis le 5 mars 1946, syndicaliste CGT Léon Delfosse est directeur-adjoint des Houillères du Nord[6] via un décrêt d'Auguste Lecoeur et Marcel Paul, après avoir consulté le syndicat des ingénieurs CGC et le PDG Michel Duhameaux. Un représentant des ingénieurs a aussi été nommé.

Mais tous deux doivent démissionner juste après, car les deux consultés avaient changé d'avis. La nationalisation des houillères, contestée, a été votée deux mois plus tard, le 17 mai 1946.

Le 3 octobre 1946, c'est le candidat d'Auguste Lecoeur à la direction qui était refusé par des administrateurs et Delfosse finalement nommé administrateur. À ce poste, il crée une "revue des Houillères", baptisée Mineurs, qui « s'efforçait de donner à l'ouvrier une culture technique lui permettant de mieux comprendre le pourquoi de ses dures conditions de travail ».

Les syndicalistes chrétiens jugent, eux, cette pédagogie déplacée car il en va selon eux du sacrifice la dignité humaine. Ils la dénoncent parfois très vigoureusement. Joseph Sauty, leader emblématique de la CFTC-Mineurs affirme par exemple au cours du congrès du 28 mai 1946, que Lecoeur, lui aurait dit « Même s'il faut que cent mineurs meurent à la tâche, l'essentiel c'est que la bataille du charbon soit gagnée »[6], déclenchant une plainte en diffamation de ce dernier.

Novembre 1946 : la part française des charbons de la Ruhr divisée par deux

Dans ce débat, les aléas climatiques et sociaux vont mettre de l'huile sur le feu. La part française des charbons de la Ruhr est divisée par deux, tombant de 89.000 à 40,000 tonnes en novembre 1946[6], la production hydraulique est alors mise à forte contribution.

Hiver 1946-1947 : coupures de courant électrique

Mais en février 1947[6], une grève affecte la production de l'important bassin minier allemand westphalien, la principale source de charbon d'Europe continentale, ce qui contribue aux coupures de courant de l'hiver 1946-1947, qui ont marqué les mémoires[6]. Ces coupures d'électricité sont d'autant plus choquantes et incompréhensibles que la bataille du charbon en France a généré un très gros effort et des résultats inespérés.

Au premier trimestre 1947, la production de charbon en France est le double de ce qu'elle était en 1944[6], sur tout le pays, et bien sûr dans le premier des bassins miniers, le Nord-Pas-de-Calais[6]. L'effort de production en volume suppléé à une progression des rendements insuffisantes, l'indice de rendement étant supérieur de seulement un dixième à son niveau de 1944[6].

Durant tout l’été 1947, les coupures de courant ont été fréquentes et l'électricité devient rationnée : 48 kilowatts pour qui cuisine à l’électricité, 3 fois moins qui a gaz et charbon[50]. L'eau des barrages est alors au plus bas[50], alors que la bataille du charbon, principale source de l'électricité en 1947, n'a pas atteint tous ses objectifs. Au printemps 1947, les salariés d’EDF et GDF avaient mené plusieurs grèves victorieuses pour l’augmentation de leurs salaires : 8% en 1946, 11% en 1947[50].

Le 12 novembre, La Vie ouvrière, organe de la CGT, s'insurge contre « le scandale d’un gouvernement à la solde de Wall Street » qui selon ce journal syndical « prive la population de lumière par des coupures de courant quasi journalières »[50], en observant que l'Allemagne, plus riche en charbon et contrôlée par les États-Unis, a réduit ses envois de 4 millions de kilowattheures par jour à 1,2 million[50] et que le plan Marshall prévoit la construction de barrages en Suisse et en Italie, dont l'électricité serait conditionnée à la soumission française[50].

Fin de la bataille et conséquences

La "Bataille du charbon" finit par buter sur des obstacles et difficultés politiques[31] tels qu'elle est remplacée par les grèves de 1947 en France, d'abord dans d'autres secteurs au printemps et à l'été, puis chez les mineurs à la mi-novembre, et ensuite par la grève des mineurs de 1948[31].

La question de l'épuration, qui n'avait pas été réglée, revient alors sur le devant de la scène. Du 7 au 10 juillet, une grève touche six villes pour protester contre la réintégration de deux porions, les femmes de mineurs menaçant de le promener nu en ville s'il persiste à vouloir retravailler[31]. Lors d'un discours de Maurice Thorez à ce sujet, seuls les 4 ou 5 premiers rangs applaudissaient et au fond de la salle les militants faisaient semblant[31], alors qu'il s'agissait d'un public de cadres du parti, soigneusement sélectionnés[31].

De plus, dès l'hiver 1946-1947, la question indochinose commence à être utilisée à l'intérieur du PCF pour contester sa participation au gouvernement, mais de façon minoritaire, et Thorez obtient en janvier 1947 la vice-présidence du conseil des ministres[31].

Plusieurs facteurs se sont conjugués ensuite : « exaspération devant la hausse des prix »[31] et « problèmes de ravitaillement »[31]. Dès la fondation du RPF en avril 1947 par le général Charles De Gaulle, se dessine la future défaite aux municipales d'octobre du PCF, qui malgré sa stabilité en voix, perd de nombreuses mairies, « à cause des alliances systématiques des socialistes avec les formations du centre et de la droite » « le plus souvent, la décision de la grève est prise à mains levées »[31].

Dans les mines, le conflit est fin novembre très tendu, avec des dizaines de sasotages dans toutes les régions mais « ce déchainement retombe, malgré tout rapidement, et au début du mois de décembre s'achève pour plusieurs raisons »[31] : la population semble divisée, armée et CRS occupent le bassin du Nord[31] et le PCF prend peur de certains débordements. Il hésite à s'engager dans ce qu'il considère comme une aventure[31], plusieurs dirigeants commençant à « prodiguer des conseils de modération »[31]. Même si les sanctions sont moins nombreuses et moins sévères que lors de la grève des mineurs de 1948, il y a cent révocations, un demi-millier de déplacements, et un millier de suspensions[31].

Arts et littérature

À l'automne 1945, la "Bataille du charbon est le thème choisi par le jeune André Stil, futur écrivain et rédacteur en chef de l'Humanité dès l'âge de 29 ans[51], qui a grandi au pays minier. Il écrit son premier texte de prose[11] : « Le soleil, l’air, l’eau, les rêves et les dimanches entrent dans la bataille du charbon »[11], pour saluer le discours de Waziers du 21 juillet 1945[52] dans lequel Maurice Thorez, numéro un du PCF, demande aux mineurs de travailler plus, suscitant l'incompréhension de résistants qui ne comprenne pas que Thorez prône la journée de dix heures[35] ou voudraient que soient d'abord écartés les ingénieurs des mines ayant collaboré pendant la guerre[53].

André Stil envoie ce texte à Louis Aragon, qui le fait publier dans la revue Europe de février 1946[11]. André Stil, qui est responsable pour le Nord de l'Union Nationale des Intellectuels née de la fédération en 1945 des différentes organisations catégorielles d’intellectuels (écrivains, médecins, musiciens, etc.), a aussi invité Aragon à visiter sa région[54] et l'écrivain accepte immédiatement, les 18 et 19 mars 1946[54] pour descendra au Puits de mine no 7 de Dourges-Dahomey[54], où avait commencé la prestigieuse grève des mineurs de mai-juin 1941 contre l'occupant allemand[54], avec en projet le roman qu'il commencera à publier en mai 1949, Les communistes. Finalement, aucun des fascicules de ce roman ne parlera de la grève de mai-juin 1941 mais le tome V, écrit début 1950 et paru en mai 1951 évoque la période précédente, l'année 1940, en mettant en scène un héros de la Résistance, le mineur Charles Debarge, sous un nom d'emprunt.

Filmographie

  • La bataille du charbon, un film de Frédéric Brunnquell diffusé sur France 3 le et le .

Notes et références

  1. a et b "Pologne. La mémoire de la Résistance piétinée" le 8 Juillet dans L'Humanité 2017 [1]
  2. a b et c "Les communistes résistants du bassin minier, soudain enjeu politico-urbain en Pologne" dans L'Humanité le 4 Août 2017 [2]
  3. a b c d et e Anna Morello, « Il y a trente ans, Oignies se jouait le dernier acte de l'extraction miniere », sur La Voix du Nord, .
  4. a b c d e f g h i et j Article le 8 mai 2015 dans La Voix du Nord avec l'historien Yves Le Maner, directeur de la mission Histoire, mémoire et commémorations au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais [3]
  5. a b c d et e "La foi des charbonniers" par Evelyne Desbois, Yves Jeanneau et Bruno Mattéi [4].
  6. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x et y Etienne Dejonghe, « Les houillères à l'épreuve : 1944-1947 », Revue du Nord, no 227,‎ (lire en ligne).
  7. "Ne ratez pas : "La Bataille du charbon"" par Arnaud Sagnard, critique dans L'Obs du 3 mai 2017 [5]
  8. Le Monde du 19 février 1946
  9. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa et ab "Du Plan Monnet au Plan Bettencourt : comment ont évolué la politique charbonnière et la politique énergétique dans les Trente glorieuses ?", thèse présentée en 2016 par Keisuke Mamehara à l'Université de Paris IV Sorbonne [6]
  10. Fiche de lecture de la biographe d'Achille Blondeau, par Laurence Mauriaucourt, dans L'Humanité, 2014 [7]
  11. a b c d et e Biographie Le Maitron d'Achille Blondeau [8]
  12. « 1930 La grande époque », site de Charbonnages de France « [https://web.archive.org/web/20190430024112/http://www.charbonnagesdefrance.fr/dArticle.php?id_rubrique=126&id_article=337 Copie archivée » (version du sur Internet Archive)].
  13. L'Information géographique.
  14. a b c et d "La participation des polonais à la Résistance dans le Pas-de-Calais et le Nord (1940-1944)" par J. Zamojski dans la Revue du Nord en 1975 [9]
  15. Revue Nord industriel et charbonnier 13 juillet 1946
  16. Liberté du 7 décembre 1944, cité dans "La foi des charbonniers : Les mineurs dans la Bataille du charbon 1945-1947'" par Bruno Mattéi, Evelyne Desbois, et Yves Jeanneau
  17. Liberté, cité dans "La foi des charbonniers : Les mineurs dans la Bataille du charbon 1945-1947'" par Bruno Mattéi, Evelyne Desbois, et Yves Jeanneau
  18. a b c d e f g h i j k l et m "La France ouvrière (2) : 1920-1968" par Claude Willard - 1995 -
  19. a b c d e f et g « La France manque de bras », article d'Isabelle Gravillon, dans « 1947 : la France désenchantée », supplément à CFJ-Info, sous la direction de l’historien Jean-Pierre Azéma aux Éditions du CFJ-CPJ en décembre 1988
  20. a b c et d "Ami, entends-tu… La Résistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais" par Jacques Estager, en 1986 aux Éditions Messidor [10]
  21. a b c d e f g h i j k l m n o et p "A la Libération : les Polonais du Nord, bâtisseurs de la Pologne populaire" par Jacques Kmiecak, dans Investigaction [11]
  22. Dépêche de l'AFP le 4/08/2017 France Télévisions édition Hauts de France [12]
  23. a b c d e f g h i et j "Dictionnaire historique des patrons français" par Alain Chatriot, Danièle Fraboulet, Patrick Fridenson, et Hervé Joly, 2010 Flammarion [13]
  24. "Francis-Louis Closon, Commissaire de la République du Général de Gaulle, Lille septembre 1944- mars 1946", mémoires
  25. a b c d e f g h i et j "Francis-Louis Closon, Commissaire de la République du Général de Gaulle, Lille septembre 1944- mars 1946", mémoires publiées en 1980, compte-rendu de lecture par Yves-Marie Hilaire, dans la Revue du Nord en 1980 [14]
  26. a b c d e f g h i j k l m n et o "La grève des mineurs de l'automne 1948 en France" par Marion Fontaine et Xavier Vigna, dans la revue Vingtième Siècle en 2014 [15]
  27. a b c d e f g h i j k et l "La silicose : un malheureux concours de circonstances" par Evelyne Desbois, dans "La Foi des charbonniers : Les mineurs dans la bataille du charbon, 1945-1947", ouvrage collectif de Bruno Mattéi, Evelyne Desbois et Yves Jeanneau, 1986 [16]
  28.  : « Mai 1945 : étude sur le problème social des mines dans le Nord et le Pas-de-Calais »
  29. a b c d et e "Les grèves de 1947 et 1948 dans le Pas-de-Calais, déroulement, violence et maintien de l'ordre" par Philippe Roger, dans la Revue du Nord en 2011 [17]
  30. a b et c "Francis Louis Closon" par Jacques Isnard, le 18 décembre 1998, dans Le Monde [18]
  31. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s "Les communistes, le charbon et la reconstruction (1944-1947)" par Serge Curinier, dans l'ouvrage collectif "Reconstruire le Nord – Pas-de-Calais après la Seconde Guerre mondiale" aux Presses Universitaires du Septentrion, [19]
  32. a b c et d Yves Jeanneau et Simon Boucher, « Auguste Lecœur et la grève des mineurs de 1941 », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  33. Verbatim du discours, rappelé par Frédéric Gimello-Mesplomb, de l'Université d´Avignon et des Pays du Vaucluse [20]
  34. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Biographie Le Maitron d'Auguste Lecoeur par l'historien Yves Le Maner, le 3 mai 2009 [21]
  35. a et b Xavier Daumalin (dir.), Sylvie Daviet (dir.) et Philippe Mioche (dir.), Territoires européens du charbon : Des origines aux reconversions, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, , 282 p. (ISBN 978-2-8218-8279-9, lire en ligne).
  36. a et b « La mort d'auguste Lecoeur, l'un des derniers grands du communisme français », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  37. a b c d e f g h i j k l m et n "Remarques sur les communistes du Nord et du Pas-de-Calais de la Libération aux grèves de novembre 1947", par l'historin Jean-Pierre Hirsch, dans la Revue du Nord en 1975 [22]
  38. Journal officiel de la République française, « Loi n°46-628 du 8 avril 1946 sur la nationalisation de l'électricité et du gaz », sur gallica.bnf.fr, (consulté le ), p. 2951-2957.
  39. a b c et d Le Statut du mineur a 70 ans, par l'ANGDM, juin 2016 [23]
  40. a b c d et e Synthèse de Jean-Louis HUOT pour l'APPHIM, d'après "Le statut social des mineurs de charbon dans le monde", 2011, Colloque CHM [24]
  41. "La foi des charbonniers : Les mineurs dans la Bataille du charbon 1945-1947'" par Bruno Mattéi, Evelyne Desbois, et Yves Jeanneau
  42. Maxime Bucher, Joseph Vial et Robert Laffite-Laplace
  43. Article le 20/07/2012 dans La Voix du Nord [25]
  44. Article de Nello Benedetti le21/09/2021 dans La Voix du Nord [26]
  45. « Les héros du charbon sont fatigués », article de Nicolas Thiéry, dans « 1947 : la France désenchantée », supplément à CFJ-Info, sous la direction de l’historien Jean-Pierre Azéma aux Éditions du CFJ-CPJ en décembre 1988
  46. a b c et d " Conflit social ou affrontement politique ? La grève des mineurs en France en 1948 sous les angles de la solidarité et de la répression", par Jean-Louis Vivens, Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne 2016 [27]
  47. Article du 19/06/2015 dans La Voix du Nord [28]
  48. Biographie Le Maitron d'Auguste Lecœur [29]
  49. A. Lecœur Étude sur les accidents du travail dans les mines de houille et de lignite 1947. Centre historique minier de Lewarde.
  50. a b c d e et f "GRÈVES DE 1947 : DE L’ÉTINCELLE MARSEILLAISE AU BRASIER NATIONAL", par Nicolas Chevassus-au-Louis, le 13 novembre 2017 dans le journal des CCAS d'EDF [30]
  51. « André Stil », sur Maitron.
  52. « Waziers, la chance de ma vie », écrivit Stil cinq ans plus tard, dans un hommage vibrant à Thorez [31]
  53. "La France ouvrière (2) : 1920-1968" par Claude Willard - 1995
  54. a b c et d "Aragon et la grève des mineurs de mai-juin 1941" par Lucien Wasselin, dans Faites entrer l'Infini de juin 2011 [32]

Voir aussi

Articles connexes

Sources

  • "Les grèves de 1947 et 1948 dans le Pas-de-Calais, déroulement, violence et maintien de l'ordre" par Philippe Roger, dans la Revue du Nord en 2011 [33]