Charles Debarge

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Charles Debarge, né le à Harnes (Pas-de-Calais) et mort de ses blessures le à la prison d’Arras (Pas-de-Calais), est l'un des héros de la Résistance communiste dans le Nord-Pas-de-Calais, à la tête d'un groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP) qui ont commis plus d'une vingtaine de sabotages contre les Allemands après avoir participé pour la plupart à la grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais (1941).

Biographie[modifier | modifier le code]

Charles Debarge est né le à Harnes (Pas-de-Calais). Il devient à 26 ans, un militant local du Parti communiste, correspondant des journaux du parti, L'Enchaîné et L'Humanité dans sa commune de Courrières, où il est mineur[1].

Il est mobilisé en puis regagne son foyer en , détaché de son unité militaire pour travailler dans une usine de guerre[1]. Il reconstitue alors une organisation communiste locale et, avec quelques camarades, comme il le raconte dans ses carnets, commence à collecter des armes abandonnées lors de la débâcle[2].

Résistance[modifier | modifier le code]

Il fait partie des organisateurs de la grève des mineurs du Pas-de-Calais de mai 1941[3] et, recherché par la police, il passe dans la clandestinité. Il participe à la constitution des premiers groupes FTP du Bassin minier au moment où démarre un début de guérilla, menée par l'Organisation spéciale (OS), dirigé par Charles Debarge, avec des militants aguerris, souvent passés par les Brigades internationales en Espagne, ou de jeunes mineurs français et polonais[3].

Sa première arrestation a lieu le [4]. Arrêté une seconde fois le par la Feldgendarmerie après la grève des mineurs, il s'évade du centre d’otages de Lille en sautant par la fenêtre, puis en semant ses poursuivants sur un kilomètre, avant d'en parcourir quarante autres[5] pour se cacher et créer un petit groupe armé de résistants, basé à Harnes, dans le Pas-de-Calais[3]. En 1942, après un séjour à Paris, il est chargé par la direction clandestine du PCF du Pas-de-Calais d'un plan de sabotage dans les deux départements du Nord[1].

Après de nombreux sabotages contre l'occupant allemand, visant des voies ferrées, des pylônes électriques, des mairies et dépôts d’explosifs, menés par une vingtaine d’hommes, très jeunes pour la plupart[1], dans la nuit du 26 au 27 mars 1942, son groupe provoque sept déraillements de trains, puis attaque la Gestapo d'Arras en [5]. Sa tête mise à prix pour 100 000 francs et la police le surnomme « l'insaisissable »[5].

Mort en septembre 1942[modifier | modifier le code]

Il est l'un des nombreux membres de ce groupe de FTP à tomber sous les balles de la Gestapo, lors d'un échange de tirs en [3] à Ronchin dans la banlieue de Lille. Transféré à la prison d’Arras, il meurt sans avoir repris connaissance[1].

Les carnets de Debarge[modifier | modifier le code]

Charles Debarge a tenu, durant sa période de résistance, un journal de bord relatant son action, conservé au Musée de la Résistance nationale, à Champigny[6]. Dans ses carnets, il jure de venger ses camarades de combat Alfred Delattre, Marcel Delfy et André Lefèbvre capturés avant lui[7]. Ce dernier, l’un des premiers fusillés dans les fossés de la citadelle d’Arras le , fait parvenir par l’aumônier une dernière lettre à sa femme, ses parents et ses enfants. Le 2 juillet avec Charles Debarge, il avait traversé le canal à la nage de nuit pour tenter sans succès de saboter la centrale électrique de Courrières (Pas-de-Calais).

Publication des carnets[modifier | modifier le code]

En juin 1951, Les Éditions sociales publient Les Carnets de Charles Debarge, avec une préface de Charles Tillon[8], témoignage d'un héros fusillé de la grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais (1941), réécrits et commentés par la résistante et journaliste à L'Humanité, Madeleine Riffaud. En 2001, l'association Gauheria publie à titre de comparaison le texte original et une partie de la transcription de 1951[6].

Madeleine Riffaud entre en possession des carnets par le hasard des rencontres lorsqu'elle couvre la grève des mineurs de 1948 et les publie trois ans plus tard, peu après sa liaison avec Roger Pannequin[9]. Dans son autobiographie Le Partisan, l'ancien résistant Auguste Lecœur considère comme une erreur d’attribuer à Debarge l'incendie des véhicules allemands en 1940 sur la crête de Vimy, au mémorial canadien de la Première guerre mondiale, exécuté selon lui par un groupe de résistants polonais, commandés par un mineur de la fosse no 4 de Lens, du nom de Zimzag, dit Maguette[4]. Pour sa part, dans "Les FTP", publié en 1962, Charles Tillon, ex-commandant en chef des FTP, attribue cette action à l'ancien des Brigades internationales Julien Hapiot.

Littérature[modifier | modifier le code]

  • Le poète communiste Louis Aragon, invité à visiter la région les 18 et 19 mars 1946, descend au puits de mine no 7 de Dourges-Dahomey, où avait commencé la grève des mineurs de mai-juin 1941 contre l'occupant allemand, avec, en projet, le roman qu'il commencera à publier en mai 1949, Les Communistes. Si le roman, s'achevant en juin 1940 et resté inachevé, n'évoque pas la grève de 1941 — à la différence de L'Homme communiste (1946) —, il accorde une place importante à la figure de Charles Debarge[2].
  • Dans L'Homme communiste, Louis Aragon rend hommage au résistant, lequel apparaît au tome 6 de la fresque Les Communistes : « au puits 7 de Dourges, j'ai rencontré des mineurs qui étaient les compagnons de Charles Debarge. Car, dans cette région, plus haut que les constructions minières et les terrils, s'élève désormais la stature d'un homme, d'un héros, dont la France ne parle pas assez, qu'elle ne connaît pas. Un Du Guesclin, un Vercingétorix, le mineur Charles Debarge[10] ».

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Auguste Lecoeur, Le partisan, Paris, Flammarion, , 315 p.

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Le carnet, film de 43 minutes de Jean-Louis Accettone et Frédérique Pol en 2017, à partir du carnet de Charles Debarge, ancien résistant du Pas-de-Calais[11],[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Yves Le Maner, « Notice DEBARGE Charles », sur maitron.fr.
  2. a et b Lucien Wasselin, « Aragon et la grève des mineurs de mai-juin 1941 », dans Faites entrer l'Infini, juin 2011.
  3. a b c et d « 100 000 mineurs en grève contre l'occupant », sur Le Monde, 9 juin 2001.
  4. a et b Auguste Lecœur,« Le Partisan », 1963.
  5. a b et c Gilles Perrault, « Debarge (Charles) », dans Dictionnaire amoureux de la résistance, (lire en ligne).
  6. a et b « Le carnet de Charles Debarge », sur Le Monde, .
  7. Christian Lescureux, « Notice LEFEBVRE André », sur maitron.fr.
  8. Les carnets de Charles Debarge, catalogue de la BNF..
  9. Isabelle Mons, Madeleine Riffaud : L'esprit de résistance, Éditions Payo, 2019.
  10. René Andrieu « Les communistes et la révolution », Julliard, 1968.
  11. Fiche du film dans la revue Traverses « Le carnet », sur film-documentaire.fr.
  12. Voir un extrait du film, sur vimeo.com.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]