Michel Sima

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Michel Sima
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Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 74 ans)
LargentièreVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Michał SmajewskiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Formation
Lieux de travail
Influencé par
Œuvres principales
Picasso à Antibes
21 visages d'artistes

Michel Sima, pseudonyme de Michał Smajewski, né le à Slonim en Pologne (auj. en Biélorussie), mort le à Largentière en Ardèche[Note 1],[1], est un sculpteur, photographe, céramiste et graveur polonais, membre de la nouvelle École de Paris.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Michał Smajewski naît en 1912 à Slonim en Pologne. Très jeune, il veut devenir sculpteur. Issu d’une famille de la bourgeoisie juive libérale, il arrive à Paris en 1929 à l’âge de 17 ans, et est admis à l’académie de la Grande-Chaumière.

En 1933, il rejoint le groupe du peintre Francis Gruber. Il travaille notamment dans les ateliers de Constantin Brâncuși et d'Ossip Zadkine, et gagne également sa vie en photographiant l’actualité pour les journaux.

Il fréquente le cercle de Gertrude Stein et de son frère Leo, et lie de nombreuses amitiés : Jean Cocteau, Francis Picabia, Paul Éluard, Robert Desnos et sa compagne Youki Foujita, Max Ernst, Pierre Tal Coat. Il rencontre Pablo Picasso en 1936. Il participe à plusieurs expositions de groupe à Paris et sur la Côte d’Azur.

Sous le pseudonyme de Michel Sima, il pratique l'art du portrait d’artiste. Il crée son style, qui laisse transparaître le profond attachement pour ses modèles. Et au cours des années suivantes, il réalise le portrait de presque tous les artistes de l’école de Paris.

Déportation[modifier | modifier le code]

Réfugié en zone libre pendant la Seconde Guerre mondiale, Sima est arrêté à Golfe-Juan en 1942 en tant que juif et étranger. Il est déporté à Auschwitz, depuis le camp de Drancy, par le convoi n° 38, puis à Blechhammer, alors même que son exposition commune avec Francis Picabia à Cannes connaît un réel succès[2].

Retour en France[modifier | modifier le code]

De retour en France en 1945 et gravement malade, Michel Sima passe de longs mois de convalescence à Cannes, chez son ami Romuald Dor de la Souchère (sv), et à Grasse. En 1946, il retrouve Picasso à Golfe Juan, qui, par son entremise, obtient de disposer d'un vaste atelier au musée Grimaldi d’Antibes mis à sa disposition par Dor de La Souchère[3],[2]. C’est là que Picasso crée notamment La Joie de Vivre[4] et le Triptyque.

Sur les conseils de Picasso, Sima se tourne vers la photographie. Son état de santé ne lui permet plus une pleine activité de sculpteur, même s’il continue à réaliser de petites pièces, des gravures et à pratiquer la céramique. Il couvre de façon très personnelle et documente le travail de Picasso. Un livre en résulte, publié en 1948, Picasso à Antibes.

C'est à cette époque, en 1946, que Sima qui pratique la céramique à Vallauris y emmène Picasso qui, par la suite, travaillera chez les Ramié à la poterie Madoura, poterie où Sima a réalisé une série de portraits saisissants de Picasso[5],[6]. Françoise Gilot témoigne sur cette période dans le film de Christian Tran, Picasso et Sima, le modeleur d'amitié (2009)[5],[7] :

« Cette année-là malgré tout c’est là où on a aussi vu les Ramier pour la première fois. Les Ramier de la poterie Madoura. Également avec Sima. Sima avait une intuition extraordinaire parce qu’il a quand même prévu que Picasso pourrait peut-être faire de la céramique. C’est assez extraordinaire et ce n’était pas écrit dans les astres vous voyez. »

Au sujet de Sima, Picasso et leur intérêt pour la photographie, F. Gilot déclare :

« Picasso aimait faire des photos lui-même et aimait que les autres fassent des photos. D’autre part, il s’est révélé, parce que Picasso s’y connaissait quand même très bien en photo, il s’est révélé que Michel Sima était un très bon photographe. Alors raison de plus pour en faire davantage, je veux dire, et on voit aussi que certainement il comprenait la forme, ça se sent, on sent ces contrastes entre la lumière et l’ombre, etc. Et ces formes et les ambiances et tout ça…, Michel Sima, moi je le considère comme un très bon photographe. Ce qui plaisait à Picasso c’est que, justement, Picasso aimait à s’entourer avec des personnes qui avaient quelque chose eux-mêmes, en eux-mêmes. »

Un premier livre est publié en 1959 par les éditions Fernand Nathan : 21 visages d’artistes. Mais, profondément déçu par la qualité médiocre de reproduction, Sima décide ne plus publier ses photographies[8].

En 1967, Sima découvre l’Ardèche par l’intermédiaire de son vieil ami, le peintre René Besset, et décide de s’y établir avec sa famille. C'est à Saint-Pons, commune proche d'Alba-la-Romaine, qu'ils vivent de 1967 à 1970.

Tout en conservant son atelier parisien à La Ruche et jusqu’à sa mort le à Largentière en Ardèche, il continue à expérimenter de nouveaux matériaux, et de nouvelles formes en sculpture.

Publications[modifier | modifier le code]

Michel Sima a publié deux ouvrages de son vivant :

  • Le premier, Picasso à Antibes, présente le travail de création de Pablo Picasso au musée d'Antibes en 1946. Les photographies sont commentées par Paul Éluard et Jaume Sabartés rédige l'introduction de cet ouvrage édité par René Drouin à Paris en 1948.
  • Le second ouvrage, 21 visages d’artistes, préfacé par Jean Cocteau, présente les portraits photographiques réalisés par Michel Sima de vingt et un grands maîtres de l'école de Paris. Il est publié aux éditions Fernand Nathan, à Paris, en 1959.

Par ailleurs, les portraits de Picasso ont été publiés par Vogue en 1948[9]. Il semble qu'il s'agisse là des seules publications des portraits d'artistes réalisés par Sima, de son vivant, hormis celles relatives à la promotion de ses ouvrages.

Expositions[modifier | modifier le code]

De son vivant[modifier | modifier le code]

  • « Francis Picabia et Michel Sima », The Lounge Library, Cannes, du au
  • « Francis Picabia - Sima », galerie Colette Allendy, Paris, du au
  • « Sculptures - céramiques », galerie Henriette Niépce, Paris, du au
  • « Hommage de deux amis à Picasso - Michel Sima - Georges Hugnet », atelier Michel Sima, La Ruche, Paris,
  • « Hommage à Picasso », atelier Michel Sima, Tauriers, du 24 au

Posthumes[modifier | modifier le code]

  • « Michel Sima - Sculpteur photographe », galerie Lucie Weill & Seligmann, Paris, au
  • « Michel Sima - Sculpteur photographe », château d'Aubenas en Vivarais, Aubenas, du au Une exposition de ses sculptures, sur pierres et sur bois, et de ses photos organisée par sa femme Odette et son fils Pierre.
  • « Picasso, la Joie de Vivre. 1945-1948 »[4], Palazzo Grassi, Venise, du au
  • « Michel Sima - Artistes en atelier », galerie Fischer, Lucerne, du 7 au et du 7 au
  • « Picasso im Photoporträt », musée Ludwig, Cologne, du au
  • « Michel Sima, La intimidad de los artistas », Sala municipal San Benito, Valladolid, du au
  • « Michel Sima, Genius in the studio and behind the Paris art scene », MAMM, Moscou, 2017 ; Samara, 2017[10] ; musée Erarta, Saint-Pétersbourg, 2018[11]

Collections publiques[modifier | modifier le code]

Les photographies de Michel Sima font partie de plusieurs collections publiques, dont celles du musée Picasso à Antibes, du musée national du Message biblique Marc-Chagall à Nice, du musée Picasso à Barcelone, de la fondation Arp à Clamart[12] , de la fondation Alberto et Annette Giacometti à Paris, du centre de documentation du musée Matisse de Nice et de la collection Würth.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Acte de décès en ma possession, transmis par son fils Pierre

Références[modifier | modifier le code]

  1. Voir notice de personne sur le catalogue général de la BnF.
  2. a et b Erika Billeter, Michel Sima. Ateliers d'artiste, Gand, Snoeck, 2008, p. 201.
  3. Françoise Gilot et Carlton Lake (trad. de l'anglais), Vivre avec Picasso, Paris, Édition 10/18, , 379 p. (ISBN 2-264-04260-5), p. 135-136.
  4. a et b Michel Sima dans : « Picasso, La joie de vivre, 1945-1948 », La collection François Pinault, Palazzo Grassi.
  5. a et b « Picasso et Sima, le modeleur d'amitié », sur film-documentaire.fr, (consulté le ).
  6. Michel Sima, L'Atelier des combles, Paris/Antibes, Hazan, , 151 p. (ISBN 978-2-7541-0338-1, OCLC 313646820, lire en ligne).
  7. Voir catalogue de la BPI.
  8. Erika Billeter, op. cit., p. 203.
  9. Janvier pour l'édition anglaise, mai pour l'édition française.
  10. (en) « Michel Sima Genius in the studio and behind the Paris art scene », sur mamm-mdf.ru, (consulté le ).
  11. « Мишель Сима. Гении в мастерских. Закулисье парижской арт-сцены — Санкт-Петербург 2018 - Музей современного искусства Эрарта », sur erarta.com (consulté le ).
  12. Voir sur fondationarp.org.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Louis Andral, Michel Sima, Anne de Staël, L'Atelier des combles, coédition Musée Picasso (Antibes) / éditions Hazan, Paris, 2008 (ISBN 978-2-7541-0338-1)
  • Maurice Fréchuret, Françoise Gilot, Michel Sima, 1946, Picasso et la Méditerranée retrouvée, Nice, Grégoire Garedette éditions, 1996 (ISBN 2-909767-08-6)
  • (en) Mark Haworth-Booth, « The artist as subject. The photographs of Michel Sima », dans Paul Josefowitz (dir. et éd.), Apollo (magazine), no 428, , London, mensuel (ISSN 0003-6536)

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Christian Tran, Picasso et Sima, le modeleur d'amitié, production Artis, Lyon TV, 2009, 58 min

Liens externes[modifier | modifier le code]