Claire Monis

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Claire Monis
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Vue de la sépulture.

Claire Monis, née le dans le 10e arrondissement de Paris et morte le dans le 16e arrondissement de Paris, est une chanteuse, actrice, résistante et déportée française, membre de l’orchestre des femmes d'Auschwitz.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et enfance[modifier | modifier le code]

Claire Monis naît le dans le 10e arrondissement de Paris[1]. Ses parents, Avroum (alias Albert) Monis, chasseur de théâtre, clarinettiste Klezmer, accordéoniste, et Suzanne Aisenstein, originaires de Russie, ont émigré en France au début du XXe siècle, fuyant les pogroms antisémites en Russie. Ils se sont mariés[2] le dans le 18e arrondissement de Paris et ont obtenu leur naturalisation française en 1928 avec leurs deux filles[a],[4]. Le couple s’installe comme marchand de meubles avec l’enseigne « Aux Galeries Saint-Maur »[b], qui devient un peu plus tard un magasin d'ébénisterie "Les Meubles Monis"[c]. Claire et sa soeur iront à l'école élémentaire du16 rue Vicq d'Azir, Paris 10e[7].

Extrait du papier à en-tête du magasin « Aux Galeries Saint Maur » avec le nom de M. Monis.

Carrière de chanteuse[modifier | modifier le code]

En 1938, Claire est lauréate du « music-hall des jeunes », un concours organisé par la fédération des jeunesses communistes de France, ce qui la conduit à participer avec Pierre Dac au gala de la jeunesse[8].

Elle participe à des concerts radiodiffusés, notamment dans l'émission de Charles Trenet pour la station Radio Cité[9], avec Élyane Célis et André Perchicot[10].

Elle chante également au cinéma où elle joue le rôle de « Clarita » dans le film Je chante, comédie musicale réalisée en 1938 par Christian Stengel avec Charles Trenet[11],[12],[13].

Claire Monis chante dans les cabarets parisiens : avec Jacques Pills au cabaret « Chez Elle »[14], à « La Boîte à Sardines »[15] ; qualifiée de « chanteuse swing », elle anime les soirées du cabaret « Au Normandy »[16]. Elle participe, notamment avec Paul Meurisse et Marguerite Gilbert au grand gala d'ouverture du cabaret « À la Cave de la Cloche »[17]. Elle participe aussi au programme du cabaret « L'Écrin », 19 rue Joubert Paris 9e, avec Léo Marjane, Jacqueline Figus et Jean Solar[18].

Résistance et déportation[modifier | modifier le code]

(extrait rapport police de la brigade mondaine)
Tour de chant de Claire Monis, 1942, Cabaret L'Écrin.

Claire Monis est résistante dans les Forces françaises libres (FFL) et les Forces françaises combattantes (FFC) au sein du réseau Robin-Buckmaster[19] créé par Jacques Weil et dont elle est la secrétaire. Elle utilise son tour de chant (ordre des chansons et changement de mots) pour informer son réseau.

Elle est arrêtée le , 6, place du Combat[d][20] à Paris et envoyée à la prison de Fresnes, puis internée le à la citadelle d’Autun dans le département de Saône-et-Loire.

Elle se déclare non juive et essaie vainement d'obtenir un certificat de baptême catholique, mais le nouveau directeur du statut des personnes juives (dépendant du commissariat général aux questions juives), Emile Boutmy (1913-1998), réclame l’acte de naissance de son père, évidemment impossible à fournir. Claire sera classifiée comme « 100% juive » le [21],[22]. Elle est envoyée au camp de Drancy où elle laissera 100 francs[23] à la caisse des dépôts et consignation avant d’être déportée[24] à Auschwitz par le convoi n° 66 du 20 janvier 1944. Elle a 21 ans. Elle échappe à l'extermination après avoir été recrutée dans l’orchestre des femmes d'Auschwitz en tant que chanteuse[25],[26],[27] dans l’orchestre mené par Alma Rosé. Elle y retrouve d’autres Françaises dont Hélène Rounder et Fanny Ruback qui survivront également. Toutes les survivantes sont transférées le , au camp de Bergen-Belsen, où elles arrivent le . Le camp est libéré le par l'armée britannique. Claire Monis est rapatriée par camion le à Paris. Elle obtient son certificat de la Force Française Combattante avec le grade de lieutenant[28].

Après la guerre[modifier | modifier le code]

Une étude du professeur Susan Eischeid[22] précise les relations entre les survivantes de l'Orchestre, notamment le témoignage tardif de Fania Fenelon, contredit par ceux de Violette Jacquet-Silberstein[29],[30],[e], d’Anita Lasker-Wallfisch ainsi que d'Helena Dunicz-Niwińska[32].

Claire rencontre Charles-Henri Kahn (1915-1999) en 1945 dans une manifestation gaulliste et l'épouse en 1947 à Paris dans le 8e arrondissement. De ce mariage naissent deux enfants dont Philippe Kahn[31],[f]en 1952. Ils se séparent en 1957 et le divorce sera prononcé en 1961. Claire élève seule son fils Philippe. Il obtient le statut de pupille de la Nation à la mort de sa mère.

Claire poursuit sa carrière comme violoniste et chanteuse (classique, klezmer et jazz) et reçoit fréquemment ses amis résistants (comme Jacques Weil) et musiciens autour du piano familial. Elle joue avec Luis Mariano en 1948 dans l'opérette Andalousie de Francis Lopez à la Gaîté-Lyrique[33], et interprète de nouveau le rôle en 1949 et en 1950, à Lyon[34]. Après plusieurs voyages au Canada et aux États-Unis, elle s’oriente ensuite vers la production avec des séries pour la télévision comme L'Inspecteur Leclerc en 1962[35], puis Les Aventures de Robinson Crusoé en 1964-1965[36],[37], le film Trois Chambres à Manhattan de Marcel Carné en 1965[38] mais aussi Le Golem en 1966 avec Jean Kerchbron[35]. Claire Monis est ensuite productrice à l'ORTF puis à Radio France.

Mort[modifier | modifier le code]

Mention "Mort pour la France" apposée sur l'acte de décès de Claire Monis.
Pierre tombale et épitaphe de Claire Monis
Pierre tombale et épitaphe de Claire Monis.

Claire Monis est renversée par une automobile devant le magasin de ses parents au 11 Rue du Faubourg du Temple. Elle meurt quelques jours plus tard des suites de cet accident, le , à son domicile dans le 16e arrondissement de Paris[39]. Elle est inhumée le au cimetière parisien de Bagneux[40]. La mention « Mort pour la France » est apposée sur l’acte de décès en 1977[41][42].

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les deux filles sont Claire, sujet de cet article, et Jeannine ( - )[3].
  2. Le commerce « Aux Galeries Saint-Maur » était situé 217, rue Saint-Maur dans le 10e arrondissement de Paris[5].
  3. Le commerce « Les Meubles Monis » était situé 11, rue Faubourg du Temple dans le 10e arrondissement de Paris[6].
  4. rebaptisée place du Colonel-Fabien.
  5. Susan Eischeid, l'auteur de l'ouvrage, a reçu le "Presidential Excellence Award for Research" pour ses travaux sur ce sujet[31].
  6. Le second enfant est Richard Georges Kahn (09 mars 1951 - 19 mai 1951), qui meurt accidentellement et est inhumé au cimetière parisien de Thiais.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Table décennale 1913-1922 du 10e arrondissement », sur le site des archives de la ville de Paris (consulté le ), p. 3/21.
  2. « acte de mariage no 1668 dans le 18e arrondissement de Monis-Aisenstein », sur le site des archives de la ville de Paris (consulté le ), p. 29/31.
  3. Fichier Insee des décès en France depuis 1970.
  4. Journal officiel de la République française, édition du , p. 7613, [lire en ligne].
  5. Publicité pour le commerce « Aux Galeries Saint-Maur », sis 217, rue Saint-Maur dans le 10e arrondissement de Paris, dans le quotidien Le Matin, édition du , [lire en ligne].
  6. Publicité pour le commerce « Les meubles Monis », sis 11, rue Faubourg du Temple dans le 10e arrondissement de Paris, dans le quotidien L'Intransigeant, édition du , [lire en ligne]. p10 section Meuble
  7. « Registres d’admission d’élèves des écoles maternelles et élémentaires parisiennes », Archives de Paris / Scolarité, sur archives.paris.fr Vignette N°50.
  8. La fédération des jeunesses communistes de France vous invite au gala de la jeunesse - du music-hall : Pierre Dac, le roi des loufoques et Claire Monis, in le quotidien L'Humanité, édition du , [lire en ligne].
  9. Radio-Cité, le poste le plus écouté, vous offre ce soir, in le quotidien L'Intransigeant, édition du , [lire en ligne].
  10. Les principales émissions d'aujourd'hui, in le quotidien l'Excelsior, édition du , [lire en ligne].
  11. « Casting du film Je chante (1938) », sur le site de la société Gaumont (consulté le ).
  12. Distribution du film Je chante, in revue Le Nouveau Film, édition du , [lire en ligne].
  13. « Casting de Je Chante (1938) - SensCritique », sur senscritique.com (consulté le ).
  14. Programme du cabaret « Chez Elle », in Paris-Soir, édition du ,[lire en ligne].
  15. Programme du cabaret « La Boîte à Sardines », in Comœdia, édition du , [lire en ligne].
  16. Programme du cabaret « Au Normandy », in La Petite Gironde, édition du , [lire en ligne].
  17. Annonce du grand gala d'ouverture du cabaret « À la Cave de la Cloche », in Paris-Soir, édition du , [lire en ligne].
  18. Programme du cabaret « L'Ecrin », in Paris-Soir, édition du , [lire en ligne]
  19. « Titres, homologations et services pour faits de résistance », sur le site du ministère des Armées (consulté le ).
  20. Serge Klarsfeld - Jean-Pierre Stroweis, « Le Mֳémorial de la Déportation des Juifs de France - en ligne », sur le site du Mémorial de la déportation des Juifs de France (consulté le ).
  21. Laurent Joly, Vichy dans la "solution finale", Grasset et Fasquelle (ISBN 978-2-24663-841-4).
  22. a et b (en) Susan Eischeid, The Truth about Fania Fénelon and the Women’s Orchestra of Auschwitz-Birkenau" (ISBN 978-3-31931-038-1).
  23. « Archives de la Préfecture de Police de Paris », FRAPP-ID04-004-04.
  24. « Mémorial de la Shoah », sur le site du Mémorial de la Shoah (consulté le ).
  25. « Orchestre des femmes à Auschwitz - Birkenau - Avril 1943 - Octobre 1944 », sur le site http://www.musiques-regenerees.fr de Claude Torres (consulté le ).
  26. « Musique dans les Camps de Concentration (Auschwitz) », sur musiques-regenerees.fr (consulté le ).
  27. « Orchestre des femmes d'Auschwitz », sur le blog www.memoiresdeguerre.com d'un anonyme, (consulté le ).
  28. « Faire une recherche - Mémoire des hommes », Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 426327 - Service historique de la Défense, Vincennes SHD/ GR 28 P 11 78, sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
  29. (en) Susan Eischeid, "The Truth about Fania Fénelon and the Women’s Orchestra of Auschwitz-Birkenau" (ISBN 978-3-31931-038-1), p.43.
  30. Extrait de l'ouvrage de Susan Eischeid.
  31. a et b (en) « Dr. Susan Eischeid Honored with Presidential Excellence Award for Research », (consulté le ).
  32. (en) Helena Dunicz Niwińska, "Ones of the Girls in the Band, Museum Auschwitz Birkenau" (ISBN 978-8-37704-057-7), p.102.
  33. « La radio - samedi 11 septembre. Spectacle donné à la Gaîté-Lyrique », La Gazette provençale, no 1225,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  34. « Memoire Celestins Lyons », sur le site du Théâtre de Lyon (consulté le ).
  35. a et b « Paragraphe: Décès », L'intransigeant,‎ , p. 5 -- section Décès (lire en ligne)
  36. Executive producer : Claire Monis.
  37. (de) Oliver Kellner, Seewolf & Co: Robinson Crusoe, Lederstrumpf, David Balfour, Mathias Sandorf, Tom Sawyer - die grossen Abenteuer-Vierteiler des ZDF, Schwarzkopf und Schwarzkopf, (ISBN 978-3-89602-632-3, lire en ligne Accès libre), p. 8
  38. Trois Chambres à Manhattan.
  39. « Table annuelle 1965-1974 », sur Le site des archives de la ville de Paris (consulté le ), p. 13.
  40. « Cimetière de Bagneux - inhumation de Claire Monis », sur Le site des archives de la ville de Paris (consulté le ), p. 10.
  41. Avis du Secrétariat d'Etat aux anciens combattants, décision N°100.348.99.205.EC du 21 février 1977
  42. « Acte de décès -- Mairie de Paris -- acte #1376 », sur paris.fr.