Territoires du royaume de France

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Les anciens gouvernements de France (1789).

En France, sous l'Ancien Régime, les provinces étaient les différents territoires dont était composé le royaume, jusqu'à leur démantèlement par l'Assemblée nationale et la création des divisions administratives départementales en 1790.

Aujourd'hui, le terme province reste utilisé pour désigner les ensembles géographiques régionaux qui en sont issus, et qui conservent une identité culturelle et linguistique.

Emprunté aux institutions de l'Empire romain, le mot est apparu au XVe siècle et n'a cessé de se diffuser tant dans les actes officiels que dans l'usage populaire ou commun. Quel que soit le siècle ou le dictionnaire consulté, la définition du mot reste souvent floue, en raison de la coexistence de plusieurs systèmes de découpages territoriaux sous l'Ancien Régime. Certains géographes, même parmi les plus célèbres comme Onésime Reclus, ont largement critiqué l'idée de provinces et d'identité provinciale, niant parfois que le mot recouvre quelque réalité tangible. De fait, les multiples listes et cartes dénombrant les provinces de France ne sont ni parfaitement superposables ni exactement comparables. Il n'en demeure pas moins que la toponymie d'un bon nombre de subdivisions territoriales de l'Ancien régime renvoie aux civitates gauloises.

Essais de définition : il s’agit d’un territoire, en général de grande étendue, dont les habitants se reconnaissent des origines, des mœurs, des usages, des langues et des institutions communes, qui se sont traduites par des statuts, coutumes et des privilèges particuliers, en général différents des provinces voisines. La province est en général formée de la réunion de différents pays plus petits, comprend souvent plusieurs grandes villes et sa division la plus commune se fait en « haute » et « basse », selon son éloignement du centre politique du royaume de France.

Avant la Révolution, la France était constituée de circonscriptions territoriales issues de l'histoire, de la géographie et du peuplement qui étaient différentes selon les différents pouvoirs qui s'y exerçaient, avec des catégories différentes comme métropoles, provinces, diocèses, duchés, baronnies, gouvernements, États, élections, généralités, intendances, parlements, pays, bailliages, sénéchausséesetc. suivis d'un nom de région qui était souvent le même, sans recouvrir la même étendue géographique. Ainsi, le ressort du parlement d'Artois ne correspondait pas au même territoire que le gouvernement d'Artois ou que l'intendance d'Artois.

L'Assemblée constituante de 1789, après avoir aboli au cours de la nuit du 4 août tous les droits et les usages particuliers aux différentes régions (que l'on nommait aussi privilèges comme ceux des classes, noblesse et clergé), décida d'instituer un découpage uniforme du territoire, les départements, et que ce découpage serait le même pour les différentes fonctions de l'État : militaire, religieuse, fiscale, administrative, universitaire, judiciaire, etc. La ville choisie comme chef-lieu de chaque département aurait dû concentrer les sièges de chacune de ces fonctions et posséder à la fois une préfecture, un tribunal, une université, une place militaire, un évêché, une bourse, une foire, un hôpital, etc. Les protestations des villes qui remplissaient depuis toujours l'une de ces fonctions et qui se voyaient ainsi dépouillées, qui de leur cour d'appel, qui de leur arsenal, qui de leur université, qui de leur foire, empêchèrent d'exécuter complètement ce plan.[réf. nécessaire]

Cités des peuples gaulois : la notion la plus ancienne

Les différentes parties de la Gaule (58 av. J.-C.).

« Il est digne de remarquer que les vieux états gaulois ont conservé jusqu'à une époque très voisine de nous, leur nom, leurs limites et une sorte d'existence morale dans les souvenirs et les affections des hommes. Ni les Romains, ni les Germains, ni la féodalité, ni la monarchie n'ont détruit ces unités vivaces ; on les retrouve encore dans les provinces et les pays de la France actuelle[1]. »

— Fustel de Coulanges

La Gaule était occupée par cinquante-quatre peuples principaux, plus d'une centaine de peuples particuliers (300 pour Flavius Josèphe), parfois très différents de mœurs. Jules César appelle chacun de ces états indépendants civitas (cité, sans que le mot dans ce cas ne se réfère à l'idée de ville ou de bourg), certains étant subdivisés en pagi. De nombreux petits peuples gaulois étaient clients de leurs voisins, donc sous leur dépendance, leur payant parfois tribut. Ces confédérations, dont les plus connues sont celles des Arvernes, des Éduens, des Armoricains, forment en quelque sorte des provinces avant la réorganisation romaine. Les cités gauloises, avec leur territoire et leur nom qui a été donné à leur chef-lieu, sont devenues sous le Bas Empire les diocèses ; leur statut de main-morte les ayant fait échapper au partage des domaines patrimoniaux explique leur conservation presque intactes jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Ces circonscriptions ont par la suite été reprises et en partie regroupées pour constituer les généralités, puis les départements, mais en remplaçant leurs anciens noms ethniques (par exemple le Poitou = pays des Pictons, l'Auvergne = pays des Arvernes, le Rouergue = pays des Ruthènes, Périgord = pays des Pétrocores, etc.) par un nom de géographie physique (donnant respectivement les départements de la Vienne, du Puy-de-Dôme, de l'Aveyron, de la Dordogne, etc.).

Provinces romaines : l'organisation de la conquête

L'étymologie latine du terme provinci nous renseigne sur son sens premier : pro vincere, terroir conquis. Chaque province romaine de la Gaule ou provincia avait une définition juridique précise, des limites clairement définies et des structures administratives codifiées. Le nombre de ces provinces, leurs organisations et leurs limites ont largement varié en cinq siècles ; chacune était dirigée par un proconsul ou un propréteur. César, outre la Provincia (Provence), déjà romaine, divisa la Gaule en trois provinces : l'Aquitaine, la Belgique et la Celtique. En quatre siècles de domination romaine, leur nombre passa de trois à onze, augmentation due à la fois à l'expansion de l'empire et à la diminution de taille avec démembrement des entités initiales : 1re et 2e Germanie, 1re, 2e, 3e et 4e Lyonnaise, 1re et 2e Aquitaine, 1re et 2e Belgique, 1re et 2e Narbonnaise, la Novempopulanie, la Séquanaise, la Viennoise, les Alpes cottiennes, les Alpes maritimes, les Alpes grées et les Alpes pennines. Ces provinces se subdivisaient en cités (civitas ou civitates au pluriel) dont le nombre est passé de 33 à 113.

Provinces ecclésiastiques : des diocèses calqués sur les cités gauloises

Les métropoles sont les territoires sous la juridiction d'un archevêque métropolitain, appelées aussi provinces parce qu'elles sont issues des provinces romaines dont les premiers évêques ont assuré l'administration lors de la chute de l'Empire romain.

Elles sont constituées des diocèses qui ont, selon le même processus, succédé aux anciennes civitas ou cités gauloises romanisées, et qui en ont presque toujours conservé le nom d'un ancien peuple gaulois, donné aussi au chef-lieu du diocèse. Les diocèses étaient composés des paroisses, ensembles d'habitants pouvant s'assembler dans une même église, dont les noms et les limites ont été conservées dans les 36 000 communes françaises.

Les circonscriptions ecclésiastiques, en raison de leur statut de main-morte, sont les plus anciennes circonscriptions territoriales et les plus stables, depuis l'Antiquité tardive jusqu'à la refonte générale de 1802. Ces quelque 130 circonscriptions subsistent actuellement regroupées dans les 90 départements et dans leurs chefs-lieux, bien que leurs ethnonymes aient été remplacés par des noms de géographie physique : fleuves, rivières, montagnes, côtes.

Provinces judiciaires : les parlements, les bailliages et sénéchaussées

En fonction de leur droit et de leurs coutumes, de leurs langues, le territoire du royaume se divise d'une part en pays de droit écrit (situés grosso modo au sud d'une ligne la Rochelle-Genève) et d'autre part en pays de droits coutumiers (au nord de cette même ligne).

Chacun de ces ensembles comprend plusieurs parlements qui sont des juridictions d'appel dont les ressorts forment autant de provinces judiciaires et auxquels ressortissent toutes les juridictions royales, bailliages et sénéchaussées. Elles sont composées de plusieurs pays correspondant chacun à une coutumes générale, voire particulière correspondant à d'anciens vici ayant conservé des usages locaux. Ainsi, la sénéchaussée de Quercy est-elle composée de cinq bailliages secondaires, correspondant à cinq anciennes vigueries.

Provinces fiscales : pays d'États, élections, généralités et intendances

Quelques auteurs tentent d'assimiler le concept de province à celui de généralité. Sans doute les concepts coïncident-ils occasionnellement lorsque, précisément, l'étendue d'une généralité recoupe peu ou prou celui d'une entité territoriale plus ancienne. Mais on ne saurait y voir synonymie : personne n'utilisera le terme de « province » pour désigner la généralité d'Auch ou la généralité de Soissons.

Provinces militaires : des grands fiefs aux 36 gouvernements

Les départements français (1791) et les limites des anciennes provinces, par Vidal-Lablache.

Ce sont les fiefs dépendant directement de la couronne (duchés, comtés et marches) et qui lui doivent une aide militaire.

En plus du duché de France qui est devenu le domaine royal, les six premiers grands fiefs ont le titre de pairie :

Leurs titulaires sont considérés comme les électeurs du roi de France, avec les six autres pairs ecclésiastiques :

Dos muet de la carte.

Le nombre des grands fiefs varie avec l'histoire (héritages, confiscations, conquêtes, pertes, traités) et augmente avec le rattachement définitif des comté de Provence, duché d'Anjou, duché de Bourgogne, duché de Bretagne, duché de Lorraine, etc. Certaines de ces provinces sont le simple retour à la couronne d'un ancien fief comme le duché de Bourgogne dont le frère d'Hugues Capet avait été titulaire. D'autres sont de véritables acquisitions comme le duché de Savoie, la Corse, le Comtat-Vénessin ou le comté de Nice qui relevaient de l'Empire ou du Saint-Siège.

Contrairement aux provinces ecclésiastiques, leur étendue varie au cours de l'histoire en fonction des possessions de leur titulaires, ou de remaniements politiques. Ainsi, le duché de Gascogne disparaît au XIIe siècle ; le duché de Normandie est divisé en deux gouvernements militaires.

Les « trente-six gouvernements » correspondent à l'époque moderne aux provinces dont dépendent tous les fiefs et arrière-fiefs qui sont autant de circonscriptions territoriales pour la défense et la maréchaussée, la levée des hommes d'armes, la construction des places, des arsenaux et des châteaux, les juges d'armes, et donc aussi toutes les questions de noblesse, d'armoriaux, etc.

À la fin de l'Ancien Régime, sans compter les territoires d'outre-mer comme les Îles françaises d'Amérique, Pondichéry, l'Île Maurice ou la Nouvelle-France, il existe trente-six régions dotées d'un gouverneur chargé de la défense et appelées gouvernements. Chacune d'elles avait sa propre noblesse.

Ces trente-six gouvernements correspondent, avec les régions rattachées à la France depuis 1791, à ce qu'on appelle aujourd'hui les « anciennes provinces de France ».

Liste des anciennes provinces de France

Provinces de France avant 1789 et territoires aujourd'hui français ne faisant pas partie du royaume en 1789.

Provinces, c'est-à-dire circonscriptions militaires[2] de la France avant la Révolution (1 à 34), appelées gouvernements avec le nom de leurs capitales indiqués entre parenthèses, ainsi que la date de leur union avec le royaume de France (notées RF) ou de la réunion de leur titre au domaine royal (notées DR) et régions rattachées après la Révolution (35 à 40) :

Numéro (carte) Carte Blason Dénomination Noms locaux Statut Chef-lieu de province Informations
1 Île-de-France Île-de-France Île-de-France Île-de-France, Francie, France Province Paris Cette province trouve son origine dans le domaine royal franc, c'est-à-dire le domaine relevant directement de l'autorité du roi de France.
2 Berry Berry Berry Berry Province Bourges Cette province trouve son origine dans la vicomté de Bourges (DR : 1101).
3 Orléanais Orléanais Orléanais Orléanois Province Orléans Cette province trouve son origine dans le comté d'Orléans. (DR : 1498).
4 Normandie Normandie Duché de Normandie Normandie, Normaundie Duché Rouen Duché carolingien de Normandie créé en 911 pour Rollon (DR : 1204). Le duc de Normandie avait eu pour fiefs la Petite Bretagne brièvement au cours du xe siècle, puis la Grande-Bretagne de 1066 à 1201.
5 Languedoc Languedoc Languedoc Lengadòc Province Toulouse Ancien comté réuni au royaume de France au viiie siècle, le comté de Toulouse est conquis après la bataille de Vouillé (comme l’Aquitaine : RF 506) puis annexé au domaine royal suite à la Croisade contre les albigeois (DR : 1271).
6 Lyonnais Lyonnais Lyonnais Lyonnois, Liyonês Province Lyon Cette province trouve son origine dans le comté de Lyon (RF : 1313)
7 Dauphiné Dauphiné Dauphiné Dôfenât, Delfinat Province Grenoble Cette province trouve son origine dans le Dauphiné de Viennois (RF : 1349).
8 Champagne Champagne Champagne Chaimpaigne Province Troyes Comté carolingien réuni par alliance (DR : 1361).
9 Aunis Dauphiné Aunis Aunis Province La Rochelle Fief d'Aquitaine (1371).
10 Saintonge Saintonge Comté de Saintonge Santonge Comté Saintes Fief d'Aquitaine (1371).
11 Poitou PoitouPoitou Poitou Poetou Province Poitiers Fief d'Aquitaine (1416).
12 Aquitaine Aquitaine Duché d'Aquitaine Aquitania Province puis duché Bordeaux Province conquis par Clovis à la bataille de Vouillé avec le Languedoc (RF : 506) royaume, puis duché mérovingien ; mouvance incertaine de 1362 à 1372 (RF : 1453). Duché de Guyenne et de Gascogne en 1789.
13 Bourgogne Bourgogne Duché de Bourgogne Borgoigne, Borgoègne, Bregogne Duché Dijon Duché capétien (1477).
14 Picardie Picardie Picardie Picardie Province Amiens (1482)
15 Anjou Anjou Duché d'Anjou Anjou Duché Angers (1482)
16 Provence Provence Comté de Provence Provença, Prouvenço Comté Aix (1482)
17 Angoumois Angoumois Comté d'Angoumois Angoumois Comté Angoulême Fief d'Aquitaine (1514).
18 Bourbonnais Bourbonnais Bourbonnais Borbonnois, Bourbonnois, Borbonés Province Moulins Cette province trouve son origine dans le duché de Bourbon (DR : 1527).
19 Marche Marche Comté de la Marche Marche, Marcha Comté Guéret Cette province trouve son origine dans le comté de la Marche (DR : 1527).
20 Bretagne Bretagne Bretagne Breiz,

Breih, Bèrtaegn

Province Rennes Armorique jusqu'au VIIIe siècle, comté carolingien puis le Royaume de Bretagne et enfin duché indépendant jusqu'au XVIe siècle, réuni au Royaume de France par mariage de l'héritière Anne de Bretagne avec le roi de France (DR : 1532).
21 Maine Maine

Perche

Comté du Maine-et-Perche Maine, Perche Comté Le Mans Réunion des comtés du Maine et du Perche (DR : 1584).
22 Touraine Touraine Touraine Toraine Province Tours (1204)
23 Limousin Liousin Limousin Limosin Province Limoges (1589)
24 Comté de Foix Comté de Foix Comté de Foix Comtat de Fois Comté Foix (1607)
25 Auvergne Auvergne Comté d'Auvergne Auvèrnha Comté Clermont-Ferrand Comté mérovingien mouvant du duché d'Aquitaine, comté carolingien (DR : 1457).
26 Béarn Béarn Béarn Bearn, Biarn Province Pau Cette province trouve son origine dans la vicomté de Béarn (DR : 1620).
27 Alsace Alsace Alsace Elsass Province Strasbourg Cette province trouve son origine dans le landgraviat de Haute-Alsace (RF : 1648).
28 Artois Artois Comté d'Artois Artoés Comté Arras L’Artois faisait auparavant partie, tout comme la Flandre depuis 1526, des Pays-Bas espagnols aux mains des Habsbourg (1659).
29 Roussillon Roussillon Roussillon Rosselló Province Perpignan (1659)
30 Flandre Flandre Flandre française Fransche Vlaenderen Province Lille Cette province depuis son origine faisait partie du royaume de France et le resta jusqu'au Traité de Madrid (1526) où elle fut détachée du royaume de France pour entrer dans le Saint-Empire et faire partie des Pays-Bas espagnols. Sous Louis XIV la partie sud du comté de Flandre, retourna au royaume de France et forma la Flandre française (RF : 1668).
31 Franche-Comté Franche-Comté Franche-Comté Frainche-Comtai Comté Besançon Cette province trouve son origine dans le comté de Bourgogne (RF : 1678).
32 Lorraine-et-Barrois Lorraine-et-Barrois Grand-gouvernement de Lorraine-et-Barrois Lothringen, Barrois Grand-gouvernement Metz, Nancy Réunion de l'ancienne province des Trois-Évêchés (Metz) : (RF : 1648) et des duchés de Lorraine et de Bar (Nancy) : partie de l’ancienne Lotharingie, duché carolingien de Haute-Lorraine pour doter la fille de Charles le Simple (935), possession viagère de Stanislas Ier de Pologne (DR : 1766]).
33 Corse Corse Corse Corsica Province insulaire Bastia Ancienne possession de la République de Gênes devenue indépendante de facto depuis 1755, symboliquement cédée par Gênes en 1768 lors du traité de Versailles puis conquise militairement après la bataille de Ponte-Novo (RF : 1769).
34 Nivernais Nivernais Duché de Nivernais Nivarnois Duché Nevers Le Nivernais, bien que dépendant du royaume de France, n'avait pas été rattaché au domaine royal en 1789.

Territoires de la France métropolitaine actuelle n'ayant pas fait partie du Royaume de France :

Numéro (carte) Carte Blason Dénomination Noms locaux Statut Chef-lieu Informations
35 Comtat Venaissin Comtat Venaissin Comtat Venaissin Comtat Venaicin, Coumtat Venessin fief du pape Carpentras fief du pape (1791). Plus ville d'Avignon, également fief pontifical. La principauté d'Orange avait quant à elle été rattachée à la France en 1713.
36 République de Mulhouse République de Mulhouse République de Mulhouse Stadtrepublik Mülhausen République Mulhouse alliée aux cantons suisses (1798).
37 Duché de Savoie Duché de Savoie Duché de Savoie Savouè Duché Chambéry État des États de Savoie (1860).
38 Comté de Nice Comté de Nice Comté de Nice Countea de Nissa/Niça Comté Nice territoire des États de Savoie (1860).
39 Principauté de Montbéliard Principauté de Montbéliard Principauté de Montbéliard Grafschaft Mömpelgard Principauté Montbéliard (1793)
40 Villes libres de Menton et Roquebrune Villes libres de Menton et Roquebrune Villes libres de Menton et Roquebrune Città libere di Mentone e Roccabruna Ville libre Menton, Roquebrune (1861)

Territoires ayant cessé de relever du royaume de France :

Numéro (carte) Carte Blason Dénomination Noms locaux Statut Chef-lieu de province Informations
A Catalogne Catalogne Catalogne Comté de Barcelone, Comtat de Barcelona Comté Barcelone Ancien comté carolingien dont les titulaires devenus rois d'Aragon ont été libérés par le traité signé avec Louis IX en 1258 de leur hommage au roi de France.
B Flandre Flandre Flandre Flandre, Vlaenderen Comté Bruges, Gand Ancien pagus carolingien, puis l'une des principautés du royaume de France, fut détachée au seizième siècle par les traités de Madrid et de Cambrai. Une partie la Flandre française (Lille) redeviendra française en 1668.

Circonscriptions administratives de la France à la Révolution : des diocèses aux départements

Les provinces réputées étrangères en 1732.

Les hommes de l'Ancien Régime étaient pragmatiques, ils ne réformaient que par petites touches, et il leur paraissait naturel que des domaines de compétences séparés et aussi différents que le religieux, le militaire, le fiscal, l'universitaire, le judiciaire, le commerce, aient des circonscriptions territoriales et des organisations particulières et distinctes, tenant compte des particularités de l'histoire, de la géographie, du peuplement. Il s'ensuivait que certaines villes étaient des capitales judiciaires, d'autres des capitales religieuses, d'autres des capitales commerciales dirigées par les marchands, d'autres encore des capitales militaires avec un gouverneur et une garnison. Les hommes de la Révolution, les jacobins, animés par un esprit de rationalité, de normalisation et de centralisation qu'on trouve déjà dans le joséphisme, ont voulu tout de suite que les différents domaines d'activités soient soumis à un seul régime territorial et d'organisation uniforme, avec des chefs-lieux qui regrouperaient le commandement militaire, les tribunaux, l'évêché, tous les services administratifs, les foires, les marchés, les bourses, les messageries, l'université, les hôpitaux. L'abbé Sieyès avait même poussé cet esprit normalisateur jusqu'à proposer que la France soit divisée en départements carrés de 100 km de côté, en cantons de 10 km de côté et en communes de 1 km de côté. Les débats à la Constituante ont été âpres et violents, chaque député voulant arracher aux villes voisines toutes ses activités, pour les concentrer dans la sienne en en faisant le chef-lieu. Finalement, ce sont les diocèses, déjà repris pour faire les circonscriptions fiscales des généralités, qui ont servi à faire la carte des départements, en regroupant certains diocèses trop petits, et surtout en leur supprimant leur nom traditionnel qui rappelait trop que la France est composée de plusieurs peuples, de plusieurs coutumes, de plusieurs langues, et de plusieurs traditions historiques, et en les remplaçant par des désignations neutres de la géographie physique. Seule exception, les anciens gouvernements militaires, devenus armées, prenant le nom des points cardinaux (Armée du Nord, de l'Ouest) ou des montagnes (Armée des Pyrénées, des Alpes). Il n'y avait évidemment aucune circonscription administrative intermédiaire entre le département et le pouvoir central parisien.

Les lettres patentes royales publiées le 4 mars 1790, faisant suite aux décrets pris, « après avoir entendu les députés des toutes les provinces », par l'Assemblée nationale les 15 janvier, 16 et 26 février, ordonnant la division de la France en quatre-vingt-trois départements dresse la liste des anciennes « provinces » qui allaient donner naissance à ces circonscriptions d'un nouveau genre à l'aube de l'ère contemporaine[3].

Pour autant, l'ordonnance précise que la division ne vaut encore que pour l'exercice du pouvoir administratif, les anciennes divisions relatives à la perception des impôts et au pouvoir judiciaire subsistant jusqu'à nouvel ordre. Il s'agit par conséquent de la liste, non pas des « provinces » qui sont au nombre de trente-deux (gouvernements militaires), ni de celle des diocèses ou des ressorts des parlements, mais de celle des circonscriptions fiscales ou celle des pays de coutumes (bailliages et sénéchaussées)[3].

Les lettres-patentes donnent l'impression qu'il s'agit d'une division du royaume en « provinces » qui seraient au nombre de quatre-vingt-neuf.

Les provinces, et les pays des coutumes et des droits écrits

Cette liste a suscité des critiques d'universitaires actuels (cf. Romanet, Berlet), en particulier qu'il serait illusoire de vouloir intégrer toutes les « provinces » dans un ensemble cohérent, rationnel, systématique, structuré et surtout parfaitement juxtaposé :

« On demeure confondu quand on voit avec quelle assurance les géographes-historiens enseignent, depuis un siècle, que la France était divisée en un nombre fixé de provinces méthodiquement classées et délimitées »

— Armand Brette, « Le mot “Province” »[4]

.

Territoires extérieurs à la France en 1789

N'étaient pas rattachés à la France, en 1789 les territoires suivants (année de la réunion à la France entre parenthèses) :

Notes et références

  1. Fustel de Coulanges, Histoire des institutions politiques de l'ancienne France, Paris, Hachette, 1875, Première partie, p.7
  2. Les provinces, "pro-vincia", étaient chez les Romains les territoires des peuples vaincus.
  3. a et b « Lettres-patentes du roi du 26 février 1790 » dans Lois, et actes du gouvernement. Tome Ier, août 1789 — septembre 1790, Paris, Imprimerie nationale, 1806, New York Public Library (numérisation), 16 septembre 2009]
  4. Armand Brette, « Le mot “Province” »
  5. a b c d e f g et h Parmi les territoires cités, le Bordelais, le Bazadais et l'Agenais sont partagés entre la Gascogne et l'ancienne province de Guyenne, le Languedoc, le Comté de Foix et le Béarn sont extérieurs à la Gascogne et seules la Soule et le Labourd parmi les « Basques » sont en Gascogne, à laquelle Jean-Joseph Expilly adjoint en outre le Tursan et une partie de l'Albret (« Gascogne » dans Jean-Joseph Expilly Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, tome 3, Paris, Desaint et Saillant, 1764, Bibliothèque municipale de Lyon (numérisation) 2012 (ISBN 3-262-00045-0) Notice BnF no 36979851). Ce n'est donc pas la Gascogne proprement dite, laquelle, au sein du gouvernement militaire de Guyenne et Gascogne, n'a pas en soi de réalité administrative, qui est prise en considération dans ce découpage, mais les « provinces » qui la constituent et qui sont parfois à cheval sur d'autres territoires.
  6. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Notice communale », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  7. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Notice communale », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  8. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Notice communale », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  9. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Notice communale », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  10. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Notice communale », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  11. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale : Notice communale », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

  • Almanach royal, annuaire administratif paraissant chaque année et donnant l'état des divisions administratives, ecclésiastiques, militaires, universitaires, judiciaires, fiscales, etc. du royaume de France jusqu'en 1789 avec le nom des chefs de toutes ces circonscriptions et juridictions.
  • Les divisions administratives de la France en 1789, par Armand Brette, disponible sur le web.
  • Les Provinces de la France par le Vicomte Olivier de Romanet, la Nouvelle Librairie Nationale, 1913.
  • Les Provinces au XVIIIe siècle et leur division en départements de la France par Charles Berlet, Bloud, deuxième édition, 1913.
  • Provinces et Pays de France par l’Abbé Eugène Jarry, (trois premiers tomes seulement avec une carte au 1/800 000e), Charles Poisson, 1943.
  • Les circonscriptions administratives de la France par Jean Bancal, Recueil Sirey, 1945.
  • Marie-Laure Legay, « La fin du pouvoir provincial (4 août 1789-21 septembre 1791) », Annales historiques de la Révolution française, 332 | avril-juin 2003, mis en ligne le 20 avril 2004.

Articles connexes