École pratique des hautes études

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École pratique des hautes études
Histoire
Fondation
Décret du
Statut
Type
Forme juridique
Établissement public national à caractère scientifique culturel et professionnel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Président
Membre de
Site web
Chiffres-clés
Étudiants
3 200 (2006)
Enseignants-chercheurs
240 (2006)
Chercheurs
51 laboratoires, UMR CNRS, Inserm, Inra, Muséum national d'histoire naturelle (février 2008)
Localisation
Pays
Campus
Multi-sites
Ville
Carte

L'École pratique des hautes études (EPHE) est un grand établissement français d'enseignement supérieur . Son statut de grand établissement lui permet de procéder à un recrutement sélectif de ses étudiants. La mission statutaire de l'EPHE est, dans les champs scientifiques qu'elle couvre, « le développement de la recherche et la formation par la pratique de la recherche »[1].Elle a rejoint Paris Sciences et Lettres fin 2014[2].

L'EPHE entretient des partenariat pour ses étudiants avec de grandes institutions (84 au total) comme Princeton University, l'Université de Cambridge, Al Azhar ou encore l'Université de Pékin.

Fondée en 1868, l'EPHE est aujourd'hui composée de trois sections (Sciences de la vie et de la terre, Sciences historiques et philologiques, Sciences religieuses) et de trois instituts nationaux (Institut européen en sciences des religions, Institut des récifs coralliens du Pacifique, Institut transdisciplinaire d’étude du vieillissement).

L'ancienne VIe section (Sciences économiques et sociales), dirigée par Fernand Braudel, est devenue en 1975 un établissement indépendant, l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

L'EPHE, qui relève du ministère chargé de l'Enseignement supérieur, est un établissement « hors-murs », dont les activités sont hébergées dans différentes universités, instituts et centres de recherche, principalement à Paris, mais aussi dans d'autres villes (Montpellier, Bordeaux, Marseille, Lyon, Grenoble, Dijon, Dinard et Moorea).

Histoire de l'EPHE

Victor Duruy vers 1875.

Les motifs de la création

En 1864, Ernest Renan publie un article dans la Revue des deux Mondes[3] où il oppose les universités allemandes qui suscitent « le mouvement intellectuel le plus riche, le plus flexible, le plus varié » à l'enseignement supérieur français qui, à l'image de l'enseignement du philosophe Victor Cousin, « est moins celui de la science moderne que celui des rhéteurs du IVe ou du Ve siècle » : Renan déplore ainsi que le niveau de l'enseignement philosophique et scientifique français soit rendu médiocre par l'accent porté sur la rhétorique au détriment de la recherche scientifique et de l'érudition[4].

Victor Duruy (1811-1894), ministre de l'Instruction publique de Napoléon III depuis juin 1863[4], est sensibles aux arguments de Renan ainsi qu'aux idées pédagogiques d'Hippolyte Taine[5]. Soucieux en outre de la position des université françaises par rapport à leurs homologues allemandes[5], il commande à son administration une enquête comparée sur les établissements supérieurs en France, en Angleterre, en Belgique, aux Pays-Bas et évidemment en Allemagne. Cette Statistique de l'enseignement supérieur, publiée en 1868, liste une importante série de carences et de dysfonctionnements divers, parmi lesquels l'insuffisance de tous les moyens de travail, le trop petit nombre de chaires, le délabrement des bâtiments, l'isolement du corps enseignant, la médiocrité des bibliothèques, l'impécuniosité des chercheurs[4]. De plus, les professeurs les plus renommés de la Sorbonne, de l'École Normale ou du Collège de France doivent se contenter de faire un cours magistral faisant une synthèse des connaissances acquises sur le thème de la chaire qu'ils occupent.

Les statuts d'origine

« Victor Duruy décide de renouveler l'enseignement universitaire français, non pas de l'intérieur », car il sait qu'il va rencontrer une opposition invincible, « mais plutôt en ajoutant une création périphérique à la vieille Université, comme on l'avait fait depuis des siècles avec par exemple la création du Collège de France. Pour sa création, Victor Duruy ne cachait pas son ambition, il aurait alors annoncé: « l'École Pratique des Hautes Études est un germe que j'ai déposé dans les murs lézardés de la Vieille Sorbonne; en se développant il le fera crouler ». De fait, il s'agit de promouvoir des enseignements et des manières d'enseigner que l'Université ignore, en s'inspirant des séminaires à l'allemande. L'EPHE doit être une institution d'érudition et de recherche, chargée d'initier par l'exemple des étudiants à des pratiques (d'où son nom). Il lui faudra se consacrer à la production et à la transmission de connaissances, sans égard pour les titres académiques de ses professeurs (qui peuvent être recrutés sans sans être issus du monde académique et qui sont appelés appelés « directeurs d'études »), ni, dans une certaine mesure, de ses étudiants[6]».

L'École Pratique des Hautes Études est créée par le décret daté du dont l'Article 1er stipule : « Il est fondé à Paris, auprès des établissements scientifiques qui relèvent du Ministère de l'Instruction publique, une École pratique des hautes études ayant pour but de placer, à côté de l'enseignement théorique, les exercices qui peuvent le fortifier et l'étendre. ».

L'initiative est conçue comme une entité administrative chargée de dispenser les fonds favorisant la recherche pure et la formation[5]. En 1888, l'EPHE dispose par exemple de 329 600 francs provenant du Ministère pour la formation et la recherche avancée, auxquels s'ajoute une subvention de 36 000 francs de la Ville de Paris pour les bourses d'études[7].

Il s'agit de permettre à des savants qui n'ont pas un cursus académique classique avec une formation à l'École normale supérieure[8] et une thèse d'État de donner des enseignements supérieurs de haut niveau, d'autre part de développer la dimension pratique ou applicable des savoirs universitaires, ainsi que des nouvelles branches de ces savoirs.

Pour permettre de recruter des nouveaux professeurs formant un corps distinct de celui des professeurs d'Université, le titre de docteur d'État (ou actuellement l'Habilitation à diriger des recherches) n'est pas exigé; les enseignant n'y ont pas le titre de « Professeur » mais de « Directeur d'Étude »[5].

D'autres caractéristiques distinguent l'EPHE de l'Université : ceux qui suivent les enseignements sont en principe appelés « Auditeurs »: ils ne sont ni des « élèves » recrutés par concours d'admission, ni des « étudiants » tenus d'avoir un diplôme universitaire (le baccalauréat), dès lors qu'ils justifient d'une formation acquise grâce à d'autres d'expériences, technique, professionnel ou autre. L'école se voulait très ouverte, sans non plus de condition d'âge ou de nationalité. En contrepartie, l'EPHE (et l'EHESS) délivrent un diplôme d'école qui n'était pas reconnu par l'Université, du moins jusqu'à ce qu'entre en vigueur la réforme d'harmonisation des grades universitaires de l'enseignement supérieur, dite Réforme LMD.

Il n'y a pas d'intitulé pour les chaires comme à l'Université ou dans les Grandes écoles: comme au Collège de France, cet intitulé est renouvelé à chaque nouveau recrutement à partir du thème proposé par le candidat élu. Les cours sont publics, avec des sujets et des horaires annoncés par une grande affiche[6].

Actuellement, les élèves sont recrutés dans une section de l'EPHE sur avis préalable d'un directeur d'études ou de laboratoire et après un stage de trois mois. Leur scolarité est d'au maximum trois ans. Ils sont admis aux leçons normales faites par les professeurs dans leurs cours publics, aux conférences particulières faites soit par les professeurs eux-mêmes, soit par des répétiteurs, et aux travaux des laboratoires d'enseignement. Ils sont tenus de fournir des travaux écrits sur des sujets déterminés et des analyses d'ouvrages de science ou d'érudition publiés en France et à l'étranger[9]. Ils sont également tenus d'effectuer, sur des sujets déterminés, des recherches dans les bibliothèques et les musées, et d'en produire les résultats par écrit. Les élèves de la IIIe section prennent part aux excursions scientifiques dirigées par les professeurs, les élèves des Ire et IIe sections prennent part aux visites des usines renommées par leur outillage mécanique ou par leurs procédés de fabrication.

Les débuts

L'EPHE compte initialement (1868) quatre sections, dont trois pour les sciences exactes :

et une quatrième section qui rassemble les

  • Sciences historiques et philologiques (IVe section), sous la direction de.

C'est depuis cette époque que la discipline histoire a en France pour particularité d'être considérée comme une science, et actuellement rangées parmi les sciences sociales[6].

Une cinquième section, sans numéro, est bientôt ajoutée (1869)[10], pour les

  • Sciences économiques et administratives », celle qui doit traiter de la réflexion sur les affaires publiques et sur les instruments de leurs gestions. Elle n'aura pas d'avenir à cause de la guerre, de la chute du Second Empire, et c'est l'École libre des sciences politiques, créée en 1873, qui en reprendra le programme[6].
Le Muséum national d'histoire naturelle accueille dès l'origine des laboratoires de l'EPHE...
...ainsi que la Sorbonne.

Comme elle est dépourvue de locaux spécifiques, un programme d'agrandissement de la Sorbonne, du Muséum et de la Faculté de médecine de Paris est lancé afin de donner de l'espace aux nouveaux laboratoires.

À l'ouverture, 400 personnes postulent pour les cours libres et 264 sont admis (37 en Ire section, 75 en IIe, 94 en IIIe et 68 en IVe).

L'école propose à ses débuts 42 cours puis, dès 1872, 60, dont 15 en province. En 1872, on compte 20 laboratoires de recherche à Paris et 8 en province, 36 « laboratoires d'enseignement »[11] à Paris et 5 en province.

Évolution

En 1886, l'EPHE est dotée d'une nouvelle section : Sciences religieuses (Ve section).

En 1947, la section « Sciences économiques et administratives » est recrée avec comme intitulé « Sciences économiques et sociales (VIe section) »[12], sous la direction de l'historien Fernand Braudel.

Cette section prend par la suite de l'autonomie et finit en 1975 par devenir un grand établissement indépendant, l'École des hautes études en sciences sociales.

En 1986, les Ire et IIe sections sont supprimées et rattachées soit aux universités, soit au CNRS[13].

Situation actuelle

Sections et instituts

L'EPHE comprend donc actuellement trois sections et trois instituts :

Locaux

Les locaux parisiens

Depuis juillet 2013, le siège de l'EPHE, précédemment situé au 46, rue de Lille, est installé aux « Patios Saint-Jacques », nos 4-14 rue Ferrus (14e arrondissement)[15].

La section Sciences de la vie et de la terre est répartie dans l'ensemble des universités accueillant les laboratoires.

Jusqu'en 2010, les sciences humaines étaient enseignées à la Sorbonne. En janvier 2011, ont été inaugurés les nouveaux locaux des sciences humaines au 190-198, avenue de France dans le bâtiment Le France de la ZAC Tolbiac[16].

À terme, l'EPHE devrait intégrer des locaux à construire dans le cadre du projet de Campus Condorcet, à Aubervilliers[réf. nécessaire] ; elle y rejoindrait notamment l'EHESS.

Les locaux polynésiens

En 2009, le laboratoire déjà installé à Moorea (Polynésie française) devient la base de l'Institut des récifs coralliens du Pacifique[17].

Formation

L'école rassemble 240 enseignants-chercheurs (170 directeurs d'études et 70 maîtres de conférences) rattachés à des équipes, ainsi qu'une trentaine d'allocataires de recherche. Conçue comme un lieu privilégié d'initiation et de formation à la pratique de la recherche de haut niveau, l'EPHE s'appuie sur un certain nombre d'Unités mixtes de recherche liées au CNRS, à des universités, ou à de grands organismes spécialisés comme l'INSERM ou l'INRA.

Les enseignements y sont dispensés par des chercheurs de haut niveau. Les cours ou séminaires sont accessibles à tous en tant qu'auditeur libre. À la rentrée 2006, l'EPHE accueillait 3200 étudiants et auditeurs inscrits, dont 32 % d'étudiants étrangers.

Depuis 2004, l'établissement, qui pouvait admettre tous les élèves sur dossier, sans critères de diplôme, et qui attribuait un diplôme particulier (diplôme de l'EPHE), s'est inscrit dans le système LMD. Tout en continuant à délivrer ses diplômes propres, l'EPHE peut attribuer des diplômes universitaires nationaux de deuxième et troisième cycle (master et doctorat), ainsi que l'habilitation à diriger des recherches (HDR).

Liens avec d'autres institutions

L'EPHE entretient des échanges intenses avec des universités et institutions de recherche des différentes parties du monde, en priorité dans le cadre de coopérations avec les pays de la Méditerranée et l'Asie.

Lien avec l'Institut français des sciences administratives

Chaque année l'École pratique des hautes études organise un colloque historique en collaboration avec l'Institut français des sciences administratives (IFSA), association reconnue d’utilité publique et ayant pour but de promouvoir le modèle français de sciences administratives par l’organisation de colloqueS et la participation aux activités de l’Institut international de sciences administratives (IISA).

Personnalités de l'EPHE

Membres actuels

IIIe section, Sciences de la vie et de la terre
IVe section, Sciences historiques et philologiques
Ve section, Sciences religieuses

Anciens membres et personnalités associées

Ire, IIe, et IIIe section
IVe et Ve section
VIe section
Sciences économiques et sociales

Présidents de l'EPHE

Notes et références

  1. Décret n°2005-1444 du 24 novembre 2005 relatif à l’École pratique des hautes études sur www.legifrance.gouv.fr
  2. Décret n°2005-1444 du 24 novembre 2005 relatif à l’École pratique des hautes études sur www.legifrance.gouv.fr
  3. Ernest Renan, « L'instruction supérieure en France : son histoire et son avenir », La Revue des deux Mondes, t. LI,‎ , p. 73-95 (lire en ligne)
  4. a b et c Serge Nicolas, Etudes d'histoire de la psychologie, L'Harmattan, , p. 106-107
  5. a b c et d (en) Clark, Prophets and Patrons : the French University and the Emergence of the Social Sciences, Harvard University Press, , p. 42-45
  6. a b c et d Jacques Revel dir, Une école pour les sciences sociales. De la VIe section de l'EPHE, à l'École pratique des hautes études en sciences sociales, Paris, cerf, 1996, pages 11-12.
  7. (en) Harry W. Paul, From Knowledge to Power, Cambridge University Press, , p. 50
  8. Duruy avait vainement essayé d'obtenir une chaire d'enseignement supérieur à l'entomologiste Jean-Henri Fabre.
  9. De façon générale, ces conditions d'admission et d'étude sont toujours valables de nos jours.
  10. Décret du 30 janvier 1869
  11. Terme générique utilisé également pour les Ire et IVe sections non expérimentales
  12. Décret du 3 novembre 1947.
  13. Décret du 14 mars 1986.
  14. Site officiel de l'Institut transdisciplinaire d'étude du vieillissement.
  15. Déménagement du siège de l'École pratique des hautes études sur le site de l'EPHE
  16. Les enseignements de l’EPHE au France sur le site de l'EPHE.
  17. Arrêté du 21 janvier 2009 portant création à l'École pratique des hautes études de l'Institut des récifs coralliens du Pacifique sur www.legifrance.gouv.fr
  18. Le site Internet de l'EHESS mentionne bien qu'il appartenait à la Ve section, occupant la chaire « Religions comparées des peuples sans écriture »
  19. Denis Pelletier élu président de l'École pratique des hautes études sur le site de l'EPHE.
  20. Hubert Bost, directeur d'études, a été élu président de l'École pratique des hautes études sur le site de l'EPHE.

Annexes

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Liens externes