Utilisateur:StarGazer/Test2

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Histoire du Québec[modifier | modifier le code]

Les autochtones[modifier | modifier le code]

Les premiers occupants humains — ceux qu'aujourd'hui on nomme Amérindiens ou Premières nations dans la terminologie officielle depuis la fin du XXe siècle — se seraient établis dans ce qu'on appelle aujourd'hui le Québec il y a 10 000 ou 11 000 ans, au terme d'un long périple qui a accompagné la fin de la dernière période glaciaire[1].

Ces nomades, partis de l'Asie il y a 20 000 ans auraient, selon l'hypothèse encore acceptée en ce début de XXIe siècle, traversé le détroit de Béring pour ensuite traverser l'Amérique du Nord pour ensuite se sédentariser dans différentes régions du continent américain[1].

De cette sédentarisation progressive, des groupes ethnoculturels distincts ont émergé pour donner naissance à 11 nations autochtones — 10 nations Amérindiennes et la nation Inuit — reconnues officiellement par le gouvernement du Québec[2]. Il s'agit des Inuits, des Innus, des Micmacs, des Malécites, des Abénaquis, des Atikamekws, des Naskapis, des Algonquins, des Cris, des Hurons-Wendat et des Mohawks.

Il existe plusieurs familles autochtones, mais il faut distinguer les nations dites « nomades » de celles plus « sédentaires », comme les Hurons-Wendat et les Mohawks qui ont une tradition d'organisation sociale plus importantes que les nations, comme les Cris ou les Algonquins qui suivent la migration des troupeaux d'animaux qui leur servent de proie, comme le bison, l'orignal ou le phoque[3].

Un fort esprit individualiste caractérise ces nations de chasseurs. Les Iroquois et les Hurons optent plutôt pour une organisation matriarcale basée sur la « cabane longue » ou « longue maison » (une traduction littérale de l'expression « longhouse »), qui regroupe plusieurs familles sous l'autorité d'une doyenne[4].

Avant l'arrivée des Européens, les nations autochtones du Québec, comme celles du reste de l'Amérique du Nord, ne forment pas un front monolithique. Même lorsque plusieurs nations iroquoiennes sont alliées, comme c'est le cas des Cinq-Nations, la fin des hostilités avec un des membres de la confédération n'interrompt pas nécessairement le conflit avec les autres nations qui auraient pu être partie prenante au conflit[5].

Premiers contacts avec le Nouveau Monde[modifier | modifier le code]

L'Anse-aux-Meadows, à Terre-Neuve témoigne d'une présence viking.
Portrait de Jacques Cartier par Théophile Hamel, vers 1844.

L'historiographie contemporaine rapporte que le premier contact entre les nations autochtones et des explorateurs venus d'Europe remonte au Xe siècle. Il est maintenant admis que les Vikings furent les premiers à entrer en contact avec les Amérindiens et les Inuits, à Terre-Neuve, au Labrador, sur l'Île de Baffin et au Groenland. Cependant, les établissements scandinaves furent éventuellement abandonnés[6].

Il fallut la chute de Constantinople, le , pour pousser les monarchies européennes à considérer des alternatives pouvant faciliter la poursuite du commerce des épices avec l'Orient. La recherche de la route des Indes a autant motivé les Portuguais et Espagnols au sud que les Anglais et les Français au nord. Mandaté par le monarque anglais, Jean Cabot aurait circulé dans le golfe du Saint-Laurent en 1497.

Contrairement aux autres puissances de l'époque, la France tarde à entreprendre un programme d'exploration, d'autant plus que les guerres d'Italie au début du XVIe siècle accaparent l'attention du souverain. Financé par des banquiers italiens de Lyon et avec la permission de François Ier, Giovanni da Verrazano entreprend la quête un passage vers l'ouest entre la Floride et Terre-Neuve en 1524. Il ne trouva pas le passage désiré mais sa reconnaissance de la côte est américaine lui permettra de rapporter des cartes d'une terre alors inconnue.

Parti de Saint-Malo le avec 61 hommes sur deux navires, Jacques Cartier est considéré comme le premier explorateur européen en terre canadienne. Il planta une croix à Gaspé en 1534 et navigua sur le fleuve Saint-Laurent dès son second périple en 1535. Cartier s'aventura jusqu'au village d'Hochelaga (aujourd'hgui Montréal) où l'équipage passa l'hiver : 20 personnes moururent du scorbut avant que Cartier n'obtienne des Iroquoiens du Saint-Laurent une recette (à base de feuilles de cèdre blanc) contre cette maladie.

Décidé à établir une colonie, le Royaume de France donna le commandement d'une nouvelle expédition à Jean-François de la Rocque de Roberval. La nouvelle colonie connut un hiver difficile qui coûta la vie à plus de 50 individus. Ayant d'autres préoccupations, en particulier les guerres européennes, la France cessa de s'intéresser au Canada pendant plus d'un demi-siècle. Cette période est communément appelée les « vaines tentatives ».

La Nouvelle-France[modifier | modifier le code]

Carte géographique de la Nouvelle-France, dessinée par Samuel de Champlain en 1612.

On peut affirmer que les débuts de la Nouvelle-France et par le fait même, du Canada, province de cette colonie, se situent plus précisément en 1600, quand le comptoir de Tadoussac fut fondé par Pierre de Chauvin[7], Sieur de Tonnetuit. Ce village est devenu réputé pour ses baleines, car bien situé au confluent de la rivière Saguenay et du fleuve Saint-Laurent.

En 1603, les colons français, menés par Samuel de Champlain, s'allièrent aux tribus amérindiennes des Hurons-Wendats et des Algonquins contre les Iroquois[8]. À cette époque, on comptait environ 30,000 Wendats et 15,000 Iroquois, mais une série d'épidémies abaissa la population des Wendats à 12,000 tandis que celle des Iroquois demeura inchangée. En 1608, le père de la Nouvelle-France, Samuel de Champlain, fonda la ville de Québec qui était alors utilisée comme simple comptoir de traite. En 1627, la création par Richelieu de la Compagnie de la Nouvelle-France (ou des Cent-Associés) permit à cent actionnaires de développer le Canada.

L'année suivante, la première expédition, qui comptait 400 personnes, tomba entre les mains des Britanniques et ne parvint jamais à destination. À la suite de la capitulation de Québec face aux frères Kirke, les Anglais occupèrent le Québec et l'Acadie, de 1629 à 1632. Samuel de Champlain fut fait prisonnier et il s'ensuivit la faillite de la compagnie des Cent-Associés. À la suite du traité de Saint-Germain-en-Laye, le Royaume de France reprit possession de la colonie en 1632. La ville de Trois-Rivières fut fondée en 1634.

En 1640, la Nouvelle-France ne comptait que 500 personnes. Les guerres iroquoises et les maladies ont été les principales causes de mortalité dans la colonie française. En 1642, Paul de Chomedey de Maisonneuve fonda Ville-Marie (futur Montréal) qui n'était, à l'époque, qu'un fort servant de protection contre les attaques des Iroquois (la première grande guerre iroquoise dura de 1642 à 1667).

De 1627 à 1663, la population passa de 100 habitants à quelque 2,500. En 35 ans, environ 1,250 immigrants français vinrent augmenter la petite population d'origine ; la natalité doubla le contingent. Certaines provinces françaises jouèrent un rôle prépondérant : la Normandie, l'Aunis, le comté du Perche, Paris et l'Île-de-France, le Poitou, le Maine, la Saintonge, l'Anjou et la Bretagne, donc, surtout des provinces du Nord-Ouest, du Centre-Ouest, de l'Île-de-France et du Sud-Ouest. Les régions du Midi et des Alpes françaises ne participèrent que très peu.

Les immigrants provenaient principalement des régions côtières et des villes portuaires, ainsi que de la grande région parisienne.

En 1663, le ministre des finances Jean-Baptiste Colbert mit en place un gouvernement royal en Nouvelle-France. Le territoire devait être administré comme une province française sous l'égide d'un gouverneur. En 1665, le régiment de Carignan-Salières (régiment d'élite) arriva dans la colonie dans le but de vaincre les Iroquois. En 1666, l'intendant de la Nouvelle-France, Jean Talon, organisa un premier recensement qui dénombra 3,215 habitants. Grâce aux politiques d'encouragement des naissances de Talon ainsi qu'à l'envoi par Louis XIV de 900 jeunes filles à marier, les fameuses Filles du Roy, la population de la colonie passa à 6,700 habitants en 1672. En 1684, encouragés par les Britanniques, les Iroquois dirigèrent une seconde série d'attaques contre les établissements français. En 1686, les Français s'emparèrent de trois forts anglais de la baie d'Hudson. Sous la gouvernance de Frontenac, les Français menèrent une série de raids contre les postes de la Nouvelle-Angleterre et chassèrent les Anglais de l'Acadie, de Terre-Neuve et de la baie d'Hudson. Cependant, en 1687, la France et l'Angleterre signèrent le traité de Ryswick qui mit fin à la première guerre intercoloniale. En 1701, la paix fut signée avec les Iroquois. La colonie comptait moins de 15,000 habitants. Avec la signature des traités d'Utrecht, en 1713, la France céda à la Grande-Bretagne l'Acadie (Nouvelle-Écosse), Terre-Neuve et la baie d'Hudson. De toute l'activité économique de la colonie, la traite des fourrures demeura l'activité dominante avec 70 % des exportations contre 20 % pour les produits agricoles.

La guerre de Sept Ans (17561763), entre la Grande-Bretagne et la France, prit un tournant décisif en Amérique du Nord. En effet, les colonies britanniques s'unirent pour en finir avec la Nouvelle-France. En 1755, ils déportèrent plus de 7,000 Acadiens vers la côte américaine[9], le gouverneur de la Nouvelle-Écosse (Lawrence), craignant leur intervention dans le conflit. En 1756, le général Louis-Joseph de Montcalm arriva en Nouvelle-France avec 3,000 hommes. En 1759, le général britannique James Wolfe et son armée assiégèrent pendant dix semaines la ville de Québec qui capitula après une célèbre bataille sur les plaines d'Abraham (durant laquelle Montcalm et Wolfe furent blessés mortellement). Le printemps suivant, en 1760, il y eut une tentative de reconquête, alors que le général Lévis, fort d’une nouvelle armée en provenance de Montréal, attaqua Québec. La dernière bataille[10] ne fut pas décisive (259 hommes tués et 829 blessés du côté anglais, 193 tués et 640 blessés pour les troupes de Lévis)[11]. Les Anglais battirent en retraite vers la ville, laissant derrière eux les blessés. Québec assiégée, Lévis croit que des navires en provenance de la France viendront lui donner du renfort. La flotte française de secours ayant été interceptée à la bataille de la rivière Ristigouche, ces renforts n'arriveront jamais. Ce fut plutôt la flotte anglaise qui arriva avec plus de 18,000 hommes. Lévis leva le siège. Puis les Britanniques s'emparèrent de Montréal : la Nouvelle-France était conquise. La plus grande colonie française comptait alors environ 55,000 habitants. La population amérindienne, quant à elle, représentait alors environ 600,000 individus.

Le régime britannique (1763-1867)[modifier | modifier le code]

Le Bas-Canada après l'Acte constitutionnel de 1791.

Le traité de Paris de 1763 conclut la guerre de Sept Ans et accorde la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne. Les colons reconstruisent leur territoire dévasté par le conflit et accueillent tant bien que mal des milliers de réfugiés Acadiens déportés dans le Grand Dérangement. Les nouveaux maîtres de la «Province of Quebec» imposent une nouvelle constitution, la Proclamation Royale qui révoque les privilèges de l'Église catholique, écartant la population locale de tous les postes de responsabilité. Le but avoué de ces politiques visait l'assimilation rapide des Canadiens à l'ensemble colonial britannique en Amérique du Nord.

Les événements dans les 13 colonies américaines forcent cependant l'occupant britannique à adoucir le régime fait aux Canadiens. Promulgué en 1774, l'Acte de Québec rétablit les privilèges du catholicisme et de la langue française, restaure le droit civil, en plus d'étendre les limites territoriales de la province pour englober les Grands Lacs et une partie du midwest américain, jusqu'à Saint Louis.

Satisfait de la restauration de ses privilèges, le clergé catholique se montre plutôt favorable aux Britanniques et recommande la neutralité aux Canadiens. Les coloniaux américains, menés par les généraux Montgomery et Arnold occupent la région de Montréal, mais échouent dans leur tentative de prendre Québec en 1775[12]. La victoire des révolutionnaires américains provoque un exode des colons restés fidèles à la Couronne britannique; des milliers de Loyalistes immigreront vers le nord. Insatisfaits du régime en vigueur, ils réclameront une réforme politique.

L'Acte constitutionnel de 1791 répond aux voeux des Loyalistes, en divisant le territoire depuis la rivière des Outaouais, créant le Haut-Canada (l'Ontario d'aujourd'hui) et le Bas-Canada (le Québec d'aujourd'hui). Le parlementarisme britannique fut adopté, mais les limites du système colonial furent très vite critiquées et contestées.

Louis-Joseph Papineau vers 1852.

En 1834, les membres du Parti canadien rédigent un programme de revendications inspirés du libéralisme, les 92 résolutions. Ils réclamant notamment un gouvernement responsable et le contrôle des finances publiques, plutôt que la tutelle d'un gouverneur nommé par la métropole. Le gouvernement britannique répond par un refus catégorique et les partisans d'une réforme se trouvent contraints d'engager une révolte armée. La rébellion des Patriotes menée par Louis-Joseph Papineau au Bas-Canada et par William Mackenzie, dans le Haut-Canada, sont écrasés au cours d'une série d'affrontements en 1837 et 1838.

Lord Durham fut envoyé par Londres pour faire enquête. Dans son célèbre rapport (le rapport Durham), il recommanda qu'il fallût procéder à l'assimilation intégrale de la collectivité canadienne-française par une unification des deux Canada et l'adoption d'un gouvernement responsable. L'Acte d'Union de 1840 fut voté à Londres. Il donna au Haut-Canada le même nombre de députés qu'au Bas-Canada et fit de l'anglais la seule langue officielle. Le Canada-Uni comptait alors 500,000 anglophones et 600,000 francophones. Le Haut-Canada anglophone et peu peuplé devenait donc l'égal du Bas-Canada francophone fort peuplé, ce qui satisfaisait les intentions assimilationnistes des Britanniques.

Les troubles politiques continuèrent, atteignant un nouveau paroxysme en 1849, alors que des émeutiers incendièrent le parlement du Canada-Uni situé à Montréal depuis 1843. Le gouvernement avait voté une loi pour rétablir les droits du français et dédommager les victimes innocentes des troubles de 1837-1838, ce qui enragea des extrémistes britanniques. Le parlement migra alors entre Québec et Toronto jusqu'en 1867.

Ce n'est qu'en 1849 que s'établit le gouvernement responsable par le parti réformiste. Les Canadiens (français) n'étant plus majoritaires, le parti réformiste fut alors dirigé par Robert Baldwin dans le Haut-Canada et Louis-Hippolyte Lafontaine dans le Bas-Canada, ces deux divisions territoriales formant le Canada-Uni. Grâce à l'obtention du gouvernement responsable, un certain calme régna pendant 15 ans. En 1864, les élites politiques entamèrent des discussions concernant une potentielle confédération canadienne. Londres donna alors son appui au projet d'union fédérale et fit même pression sur les gouverneurs en poste dans les colonies pour qu'ils l'acceptent.

La fédération canadienne (1867)[modifier | modifier le code]

Suite à un accord de principe conclu entre le parti conservateur de John Alexander MacDonald et le parti libéral de George Brown, appuyé par George-Étienne Cartier, l'Acte de l'Amérique du Nord britannique créa la confédération canadienne qui fut proclamée le et à laquelle se joignirent le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Elle aboutira en une seconde division administrative qui forma les provinces de Québec et de l'Ontario.

Évolution de la population québécoise[13]
Année Habitants
1851 890,261
1861 1,111,566
1871 1,191,516
1881 1,359,027
1891 1,488,535
1901 1,648,898
1911 2,005,776
1921 2,360,510
1931 2,874,662
1941 3,331,882
1951 4,055,681
1956 4,628,378
1961 5,259,211
Année Habitants
1966 5,780,845
1971 6,137,306
1976 6,396,767
1981 6,547,705
1986 6,708,468
1991 7,064,586
1996 7,246,896
2001 7,396,990
2002 7,445,745
2003 7,493,958
2004 7,547,728
2005 7,598,146
2006 7,669,100
Source : Institut de la statistique du Québec

Cet Acte de l'Amérique du Nord britannique (la Loi constitutionnelle de 1867, de son nouveau nom) définit la répartition fondamentale des pouvoirs entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. Les fondateurs du Canada étaient déterminés à créer un gouvernement central fort tout en attribuant d'importants pouvoirs aux assemblées législatives des provinces. Plus précisément, John A. MacDonald avait dû renoncer à ses velléités d'État unitaire entre autres à cause de la détermination de G.-É. Cartier à restaurer un État québécois, provincial certes, mais foyer national où les Canadiens français étaient assurés de conserver la majorité et ainsi une maîtrise de leur destin comme une forme de garantie contre l'assimilation. On attribua au parlement fédéral la responsabilité de la défense et de la politique étrangère, du commerce, des transports, des communications et des terres réservées aux Amérindiens ainsi que des pouvoirs extraordinaires, notamment les pouvoirs résiduaires (la responsabilité de tous les secteurs qui n'ont pas été expressément assignés aux assemblées législatives provinciales), le pouvoir de désaveu (qui lui permettait de désavouer des lois provinciales) ainsi qu'un pouvoir de taxation illimité (ne laissant aux provinces que le pouvoir de percevoir des impôts directs dans les limites du territoire provincial). Les assemblées législatives provinciales reçurent compétence dans les domaines tels que l'éducation, les hôpitaux, la propriété, les droits civils, les ressources naturelles et les « travaux et entreprises d'une nature locale ». Dans deux secteurs, l'immigration et l'agriculture, la compétence fut partagée entre les deux paliers de gouvernement.

La Loi constitutionnelle de 1867 renfermait des dispositions et des clauses spécialement conçues pour préserver et reconnaître le caractère distinct du Québec. Elle consacrait la reconnaissance du Code civil du Québec en ce qui a trait au droit privé comparativement à la Common law britannique en vigueur dans les autres provinces, prévoyait l'utilisation du français et de l'anglais au Parlement ainsi qu'au sein de la Législature et des tribunaux du Québec, et établissait des écoles séparées financées par les fonds publics pour les minorités protestantes et catholiques du Québec et du Canada.

De Chauveau à Duplessis[modifier | modifier le code]

Le , Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, du Parti conservateur, devint Premier ministre. Dès 1868, il créa le ministère de l'Instruction publique dont il devint titulaire. Mais ce ministère fut vite dénoncé par le clergé qui rejetait ainsi l'école neutre, gratuite et obligatoire, qu'il crût une menace maçonnique depuis que le Parti patriote en avait instauré le premier développement, anéanti par les conséquences de l'échec des Rébellions. Boucherville abolit le ministère en 1875 et le système de 1867 fut rétabli. En 1876, un candidat libéral de Charlevoix, qui fut défait aux élections à cause de la pression de l'Église sur les électeurs, réussit, à l'aide d'une nouvelle loi fédérale, à faire annuler l'élection. L'année suivante, le Pape envoya son représentant pour forcer l'Église québécoise à minimiser ses interventions dans le domaine électoral. En effet, en 1887, les religieux représentaient 48 % des instituteurs des écoles catholiques.

Après l'échec politique des réformes du républicain Mercier, qui allaient dans le sens du nationalisme économique et de l'instruction publique, son beau-fils et autre premier ministre, Lomer Gouin, entreprit une série de réformes plus modestes, mais également destinées à résoudre les défis du sous-développement canadien-français. C'est ainsi qu'il imposa la fondation d'une série d'écoles professionnelles sous l'égide de l'État provincial, dont les HEC (1905) fut l'une des plus notables, instrument inestimable au service du nationalisme économique au XXe siècle.

Henri Bourassa

En 1910, le petit-fils de Louis-Joseph Papineau, Henri Bourassa fonda le journal « Le Devoir » qu'il consacra à la défense des Canadiens français. Il s'opposa vigoureusement à l'implication du Canada dans la guerre des Boers (1899) et à la conscription de 1917 qui força les Canadiens à participer à la Première Guerre mondiale. Des 400,000 militaires canadiens envoyés outre-mer, plus de 60,000 Canadiens moururent au combat. La génération Bourassa des nationalistes mit fin à son aventure politique après l'élection de 1911 qui, malgré son succès à renverser Laurier et à faire élire un grand nombre de députés, fut considérée un fiasco puisque la seule alternative était un gouvernement conservateur encore plus impérialiste et anti-français, dirigé par Borden, francophobe et orangiste reconnu. Cependant, elle pouvait mettre quelques réussites à l'actif de son militantisme politique, obtenu non pas à Ottawa, mais lorsque les mêmes, Armand Lavergne et Henri Bourassa notamment, se firent élire à Québec. Lavergne réussit à faire passer une loi en faveur des droits du français dans l'espace public, exigeant notamment des services publics bilingues des compagnies au Québec - à cette époque, le train, le téléphone, etc. ne reconnaissaient pas la langue majoritaire du Québec. Les nationalistes obtinrent également du gouvernement Gouin une loi obligeant à transformer sur place le bois et la pâte à papier du Québec : ce qui multiplia les centres industriels du type Shawinigan. L'espoir étant que le Québec exporterait désormais davantage ses produits finis que sa main d'œuvre aux États-Unis !

Le « successeur » de Bourassa en tant que défenseur des droits de la nation canadienne-française fut l'historien et chanoine Lionel Groulx, considéré par plusieurs comme le père spirituel des indépendantistes québécois. Il n'est pourtant nullement le père de cette aspiration puisqu'elle remonte aux Patriotes (Déclaration d'indépendance de 1838), a été ravivée par le Parti national d'Honoré Mercier au pouvoir de 1886 à 1893. Les préférences de Groulx allaient à l'action politique de LaFontaine et à l'ultramontanisme de Tardivel, dont le roman Pour la Patrie (1895) projetait l'indépendance du Québec en 1950. En 1931, il a obtenu une grande crédibilité en participant à la Première Guerre mondiale et aux négociations qui suivirent, le Canada se vit accorder par le Royaume-Uni une pleine autonomie par le Statut de Westminster (formation du Commonwealth).

En 1936, l'Union nationale, fondée en 1935, prit le pouvoir au Québec. Son chef, Maurice Duplessis, fut au pouvoir jusqu'en 1939, puis de nouveau de 1944 à 1959. Il se voulut autonomiste, protégeant son esprit conservateur sous le couvert du nationalisme. Duplessis maintint le Québec en retard sur le reste du Canada en matière d'éducation, d'économie et dans les lois sociales. Le pouvoir religieux occupa une place prépondérante dans les affaires sociales, économiques et politiques du Québec. En effet, l'Église catholique, en étroite collaboration avec le gouvernement, usa de son influence pour convaincre les citoyens de la nécessité de préservation du gouvernement conservateur de Maurice Duplessis, qui prit, en outre, des mesures contre les réformes sociales et le syndicalisme. Après sa mort, le pouvoir de l'Église s'affaiblit rapidement sous le gouvernement libéral de Jean Lesage. Durant les années 1960, le Québec entra dans une grande phase de modernisation accélérée, grâce notamment à une série de réformes d'ordre économique entreprises par le gouvernement Lesage. D'ailleurs, au cours de son premier mandat, il se dota de plusieurs personnes qui formèrent l'équipe du tonnerre, dont René Lévesque, Paul Gérin-Lajoie et Georges-Émile Lapalme. Cette période est généralement qualifiée par les historiens, sociologues ou politologues de Révolution tranquille.

Modernisation de l'État et agitation sociale (1960 - 1980)[modifier | modifier le code]

La nationalisation de l'électricité en 1962 fut l'un des grands chantiers de la Révolution tranquille. Sur la photo, le barrage Daniel-Johnson.

Après 16 ans de règne de l'Union nationale, les Québécois optent pour un changement de cap lors de l'élection générale du 22 juin 1960. Ils élisent les libéraux de Jean Lesage, qui entament une série de grandes réformes. La création du ministère de l'Éducation, de la Société générale de financement, de la Caisse de dépôt et placement du Québec, l'organisation d'une fonction publique professionnelle et syndiquée et la nationalisation de l'électricité sont les faits saillants de cette « Révolution tranquille »[14].

La modernisation de l'État québécois combinée à l'effervescence des années 1960 ravive l'idée indépendantiste au Québec Plusieurs nouveaux partis proposent cette option — dont le Rassemblement pour l'indépendance nationale et le Ralliement national. La cause indépendantiste reçoit un appui sans équivoque le , lorsque le président français Charles de Gaulle — venu au Québec pour visiter l'Expo 67 —, prononce la phrase « Vive le Québec... libre ! » à la fin d'un discours sur le balcon de l'Hôtel de Ville de Montréal[15].

Plusieurs artisans de la Révolution tranquille se rallient à l'idée d'un Québec souverain, dont René Lévesque. Le , ils fondent le Parti québécois, un parti d'orientation social-démocrate qui propose l'accession du Québec à la souveraineté doublé d'une association économique avec le Canada[réf. nécessaire]. Le nouveau parti rassemble différentes factions indépendantistes et obtient 23,1 % des suffrages et 7 députés à l'élection du 29 avril 1970, remportée par le Parti libéral de Robert Bourassa[16].

La crise sociale et politique atteint son paroxysme en octobre 1970. Des militants extrémistes du Front de libération du Québec kidnappent, à quelques jours d'intervale, le diplomate britannique James Richard Cross et le ministre québécois Pierre Laporte, qui sera assassiné. Invoquant une « insurrection appréhendée », le gouvernement canadien, dirigé par Pierre Elliott Trudeau, réplique en invoquant la Loi des mesures de guerre, qui suspend temporairement l'habeas corpus et dépêche l'armée canadienne pour patrouiller les rues de Montréal. En vertu de cette loi d'exception, plus de 500 leaders d'opinion québécois — intellectuels, syndicalistes, artistes et étudiants — ont été détenus sans qu'aucune accusation ne soit portée contre la plupart d'entre eux. Six mille autres citoyens seront perquisitionnés sans mandat[17].

Fichier:René Lévesque election night Oct 1973.jpg
René Lévesque le soir de l'élection de 1973

La première moitié des années 1970 est caractérisée par la réalisation de grands projets d'infrastructure, dont le projet hydroélectrique de la Baie-James et le chantier du Parc olympique, destiné à accueillir les Jeux Olympiques d'été de 1976 à Montréal. Les relations de travail conflictuelles, les dépassements de coûts des Jeux Olympiques et la situation linguistique enveniment le climat social. Le Parti québécois profite de ces tensions et remporte l'élection générale du 15 novembre 1976 avec 41,37 % des voix et 71 élus sur 110[18].

Le gouvernement de René Lévesque entreprend une série de réformes, « un véritable déferlement de lois »[19], dont l'adoption de la Charte de la langue française en 1977, qui affirme le statut du français comme seule langue officielle du Québec ainsi que des lois modernisant le financement des partis politiques, la protection des terres agricoles, l'assurance-automobile et du Code du travail.

Référendums et impasse constitutionnelle (1980 - aujourd'hui)[modifier | modifier le code]

Le , le gouvernement Lévesque convie les électeurs à se prononcer sur son projet de souveraineté-association. Pierre Elliott Trudeau promet une transformation du régime politique dans le sens d'un renouvellement du fédéralisme canadien. L'électorat québécois rejette le projet souverainiste à 59,4 %[20].

Le premier ministre canadien s'exécute en 1981 en obtenant du Parlement du Royaume-Uni qu'il cède l'autorité qu'il détenait sur la constitution canadienne, malgré l'opposition de huit provinces, dont le Québec. Après plusieurs mois de négociations, le gouvernement d'Ottawa et celui des 9 provinces anglophones arrivent à une entente dans la nuit du 5 au , dans ce qui sera qualifié au Québec de Nuit des longs couteaux. Malgré l'opposition formelle du Québec, qui se poursuit jusqu'à ce jour, la Loi constitutionnelle de 1982 sera proclamée le par la reine Élisabeth II[21].

L'arrivée au pouvoir d'un nouveau gouvernement à Ottawa, dirigé par Brian Mulroney, le 4 septembre 1984 et le retour de Robert Bourassa l'année suivante relance le processus constitutionnel. Une entente est conclue en juin 1987 par le gouvernement fédéral et celui de toutes les provinces « afin de réparer le traitement fait au Québec en 1981-1982 »[22]. L'Accord du Lac Meech répond à cinq revendications du Québec, mais requiert une ratification de toutes les législatures provinciales dans un délai de trois ans. Il échoue le en raison de sa non-ratification par les assemblées législatives du Manitoba et de Terre-Neuve.

Face à cette crise, le gouvernement de Robert Bourassa institue la Commission Bélanger-Campeau qui actualise la liste des revendications québécoises. Une nouvelle ronde de négociations en 1991-1992 aboutit également à un échec, consacré par le rejet de l'Accord de Charlottetown dans deux référendums, tenus simultanément au Québec et dans le reste du Canada, le .

Ce nouvel échec portera un coup fatal au gouvernement progressiste-conservateur, qui sera balayé l'année suivante. L'élection fédérale de 1993 ramène au pouvoir le Parti libéral du Canada de Jean Chrétien et marque l'entrée en scène d'une opposition officielle formée par les souverainistes du Bloc québécois, dirigés par l'ancien ministre conservateur Lucien Bouchard qui remportent 54 des 75 sièges québécois.

Le Parti québécois reprend le pouvoir en 1994 sous la gouverne de Jacques Parizeau et promet de tenir un nouveau référendum sur la souveraineté du Québec. Les Québécois rejettent de peu le projet souverainiste qui est appuyé par 49,4 % des 4 671 008 électeurs le [23].

Jacques Parizeau quitte son poste après cette défaite[24]. Il est suivi par les gouvernements de Lucien Bouchard et Bernard Landry, qui orientent leur action vers l'assainissement des finances publiques, avec un certain succès.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois (2000). Canada-Québec 1534-2000 : synthèse historique. Sillery, Septentrion. p. 11.
  2. Québec. Secrétariat aux affaires autochtones (2001). Les Amérindiens et Inuits du Québec 11 nations contemporaines[PDF]. Page consultée le 18 août 2007.
  3. Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois (2000). op. cit., pp. 13-14.
  4. ibid.
  5. ibid, p. 16.
  6. ibid, p. 19.
  7. Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois (2000). op. cit., p. 32.
  8. Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois (2000). op. cit., p. 43.
  9. Voir: Déportation des Acadiens
  10. Voir: Bataille de Sainte-Foy
  11. Jacques Lacoursière. 1995. Histoire populaire du Québec. Des origines à 1791. Septentrion.
  12. Voir: Invasion du Canada (1775) et Bataille de Québec (1775)
  13. Québec. Institut de la statistique du Québec (2006, 28 septembre). Population, Québec et Canada, 1851-2006. Page consultée le 16 août 2007.
  14. Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois (2000), op. cit., pp. 466-472.
  15. Lacouture, Jean (1986). De Gaulle. tome 3 : le souverain (1959-1970). Paris, Seuil. (ISBN 2-02-012123-9). p. 521.
  16. Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois (2000), op. cit., p. 476.
  17. Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois (2000), op. cit., p. 477.
  18. Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois (2000), op. cit., p. 479-480.
  19. Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois (2000), op. cit., p. 480.
  20. Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois (2000), op. cit., p. 518.
  21. Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois (2000), op. cit., pp. 518-519.
  22. Lacoursière, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois (2000), op. cit., p. 519.
  23. Directeur général des élections du Québec. Référendum du 30 octobre 1995 des . Page consultée le 16 août 2007.
  24. Assemblée nationale du Québec (2004). Jacques Parizeau. Page consultée le 16 août 2007.