Jacques le Juste

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Jacques le Juste.

Jacques surnommé le Juste par Hégésippe et Clément d'Alexandrie (hé: Ya'akov haTsadik יעקב הצדיק ), frère du Seigneur par Paul et frère de Jésus appelé Christ par Flavius Josèphe, mort en 61/62, est un Juif de Galilée, et l'un des quatre « frères » de Jésus cités dans les Évangiles (cf. Mt 13, 55). C'est probablement le même que Jacques frère de Jude (cf. Ju 1, 1 et Mt 13, 55), appelé « Juda le Zélote » et lui aussi qualifié de « frère » de Jésus, dans de nombreux textes chrétiens jusqu'au VIe siècle. Ils sont tous deux donnés comme frères de Simon le Zélote. Tous trois sont peut-être mentionnés comme membres du groupe des douze apôtres dans les traditions orientales et environ jusqu'au Ve siècle dans les traditions occidentales. Ils figurent d'ailleurs dans cet ordre dans les listes des douze mentionnés dans les Évangiles synoptiques et dans des textes qualifiés d'apocryphes. Toutefois, la qualité d'apôtre est contestée à Jacques par certains historiens, qui estiment qu'il faut le distinguer de Jacques Alphée. Cette qualité est aussi contestée pour ses frères Jude et Simon.

Jacques le Juste a vraisemblablement été le premier dirigeant du mouvement créé par Jésus et le premier « évêque » de Jérusalem comme l'indiquent toutes les sources.

Son personnage a été quelque peu occulté par la tradition chrétienne, notamment dans l'Église latine d'occident, parce que son état de frère de Jésus devenait incompatible avec la doctrine de la virginité perpétuelle de Marie, la mère de Jésus. Il a alors été considéré comme un demi-frère (par Joseph) ou un cousin germain de Jésus.

À la fin du IVe siècle, après le concile de Nicée, saint Jérôme a proposé d'en faire le fils de Marie de Clopas (ou Cléophas) et de ce même Clopas. Marie de Clopas étant une demi-sœur de la vierge Marie, elle aussi appelée Marie que Anne aurait eu avec un autre mari que Joachim, le père de la vierge Marie. Il est donc souvent identifié à Jacques le Mineur. Cette proposition de Jérôme de Stridon n'a été adoptée par l'Église catholique que par la suite et n'a jamais été adoptée par les églises orientales.

L'oubli dans lequel il est tombé en Occident a été favorisé par la promotion de l'autre apôtre Jacques, « le Majeur », fils de Zébédée, dont le pèlerinage à Compostelle s'est développé à partir du Xe siècle et a connu une grande vogue durant tout le Moyen Âge.

La Tradition lui attribue la première épître « catholique » (c'est-à-dire qui ne s'adresse pas à une personne ou une communauté particulière) du Nouveau Testament. Dans celle-ci, il exalte les pauvres (ebyon en hébreu) et annonce que « les riches vont trembler ».

Sources

De très nombreux documents chrétiens parlent de Jacques le Juste. En premier lieu des lettres de saint Paul. Il est aussi mentionné dans l'épître de Jude. Une lettre qui lui est attribuée figure dans le canon du Nouveau Testament. Les évangiles synoptiques parlent aussi de lui dans les listes de frères de Jésus et probablement dans d'autres passages. Toutefois, il y a débat chez les historiens pour savoir quel Jacques des évangiles désigne Jacques le Juste[1]. Il est en revanche parfaitement identifié dans l'évangile selon Thomas[2]. Les Actes des Apôtres parlent trois fois de Jacques (12, 37 ; 15 ; 13 ; 21, 18)[3].

L'exécution de « Jacques, frère de Jésus, appelé Christ » est mentionnée dans les Antiquités judaïques par Flavius Josèphe[S 1], mais aussi par les sources chrétiennes transmises par Eusèbe de Césarée[S 2] (Hégésippe et Clément d'Alexandrie) ou indépendantes de lui, notamment les Ascensions de Jacques, texte de provenance ébionite transmis dans les Reconnaissances pseudo-clémentines[S 3],[4].

Outre sa relation de la mort de Jacques, Hégésippe, un chrétien, peut-être d'origine juive qui vivait dans la deuxième moitié du IIe siècle, a rassemblé dans ses Mémoires plusieurs traditions le concernant[5]. Origène et Eusèbe de Césarée transmettent aussi des traditions indépendantes d'Hégésippe et Clément d'Alexandrie[5].

Il est un des personnages principaux de l'Épître apocryphe de Jacques, un texte du IIe siècle, présentant des traits gnostiques[2], ainsi que dans la Lettre de Clément à Jacques, la Lettre de Pierre à Jacques, l'évangile des Hébreux[6]. Il en est de même dans les deux Apocalypses de Jacques du codex V retrouvé à Nag Hammadi[2].

Il est mentionné comme premier « évêque[N 1] » de Jérusalem dans toutes les listes ecclésiastiques[7],[8].

Épiphane de Salamine parle de Jacques dans son traité sur les hérésies (Panarion)[5]. Jérôme de Stridon lui consacre la deuxième notice, après celle de Simon-Pierre, dans son recueil sur les « Hommes illustres » (De viris illustribus)[5]. « La notice de Jacques est la plus longue, après celle de Paul[5]. »

Premier chef de l'Église

Jacques le Juste (icône russe du XVIe siècle).

Si l'on en croit les plus anciennes sources chrétiennes, l'épître aux Galates (1, 19) de Paul de Tarse (saint Paul), les Actes des Apôtres (12, 17 ; 15, 13 ; 21, 18), Jacques a été le premier dirigeant du mouvement créé par Jésus. Il est d'ailleurs donné comme premier « évêque[N 1] » de Jérusalem dans toutes les listes ecclésiastiques à commencer par celle fournie par Eusèbe de Césarée[9]. L'une d'entre elles contient des indications chronologiques qui semblent avoir été ajoutées par Jérôme de Stridon (saint Jérôme), elle situe le début du ministère de Jacques en 32[8]. Dans les lettres de Paul ou les Actes des Apôtres, Jacques joue de façon évidente un rôle prééminent. « Dans la version du Concile de Jérusalem donnée dans les Actes des Apôtres, Jacques préside la réunion et prend la décision finale (15, 6-29)[3]. »

La littérature pseudo-clémentine, composée au IVe siècle, mais incorporant des sources judéo-chrétiennes datant du IIe siècle, met en avant la primauté de Jacques, qualifié d'évêque des évêques[10]. Pour Pierre-Antoine Bernheim, « anachronisme mis à part[10] », cela le désigne comme « premier pape[10]. » Le récit de Flavius Josèphe qui indique que l'exécution de « Jacques, frère de Jésus que l'on appelle Christ » provoque le renvoi du grand-prêtre à la demande du procurateur romain Lucceius Albinus, confirme l'importance de Jacques qui s'étend même à la société juive et à la région Palestine.

Cyrille de Jérusalem dans une de ses catéchèses au Ve siècle déclare encore: « [Jésus] est apparu à Jacques son propre frère et le premier évêque de cette paroisse (Catéchèse 14, 21 ; PG 32, 923 ; In 1 Co 15, 7 ; PG 33, 852)[11]. » Par la suite, Jacques est encore le premier « évêque » de Jérusalem dans les écrits du cycle sur l'invention de la sainte croix[12].

Toutefois, cette primauté de Jacques heurte la tradition catholique pour qui c'est à l'apôtre Pierre que Jésus aurait confié « l'Église ». Elle se fonde pour cela sur une interprétation de l'évangile attribué à Matthieu, dans lequel Jésus dit à Pierre: « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église[N 2] (Mt 16, 18) ». Celui-ci aurait dirigé l'Église apostolique pendant toute sa vie et l'aurait transmise à ses successeurs comme évêque de Rome[13]. C'est sur cette primauté de Pierre que se fonde la suprématie du Pape, évêque de Rome[13]. Cette tradition développée dans la partie occidentale de l'empire sera la source de conflits avec l'Orient chrétien puis, plus tard, en Occident même au point de générer plusieurs schismes[14]. Ce schéma est toujours défendu par certains exégètes[15].

Un autre schéma est beaucoup plus fréquemment proposé[15]. Après la mort de Jésus, Pierre, Jacques et l'apôtre Jean auraient exercé une direction collégiale sous la suprématie de Pierre, jusqu'à l'arrestation de ce dernier[16]. Après son évasion, Pierre « s'étant mis en route vers une autre destination (Ac 12, 17) »[16], Jacques l'aurait remplacé « non seulement comme chef de la communauté de Jérusalem, mais aussi comme autorité suprême du mouvement chrétien[17] »[18]. Cela n'explique pas pourquoi toutes les sources désignent Jacques comme premier « évêque » de Jérusalem. Pierre-Antoine Bernheim fait remarquer qu'une note de « Bible de Jérusalem[19] » indique tout de même que lors du Concile de Jérusalem qui se tient en présence de Pierre, « Jacques dirige le débat, et la lettre apostolique ne fera que reprendre les termes de sa déclaration[20] ». Dans l'épître aux Galates et la relation que Paul fait de l'incident d'Antioche, « nous voyons des gens de l'entourage de Jacques imposer leurs vues à Pierre[21]. » Ces représentants de Jacques possédaient une autorité suffisante pour que Pierre et Barnabé adoptent leur position[21].

Au IIe siècle, indépendamment d'Hégésippe, Clément d'Alexandrie indique que « après l'ascension du Sauveur » Pierre, Jacques et Jean « ne se disputèrent pas pour cet honneur mais qu'ils choisirent Jacques le Juste comme premier évêque de Jérusalem[22]. » « Eusèbe écrivant plus d'un siècle après Hégésippe et Clément, considérait également que Jacques avait été le premier évêque de Jérusalem[22]. » « Plusieurs traditions provenant de mouvements chrétiens forts différents présentent Jacques comme le premier chef de l'Église de Jérusalem[23]. » Il en est de même dans toutes les listes ecclésiastiques. Les deux Apocalypses de Jacques retrouvées à Nag Hammadi[24], l'Évangile selon Thomas et celui des Hébreux font de Jacques le successeur que Jésus désigne lui-même[23].

Oublié, malgré son prestige dans l'Église primitive

« Pendant les deux ou trois premiers siècles de l'Église chrétienne, Jacques a joui d'une réputation considérable, quasi mythique[10]. » Les traditions transmises par Hégésippe « soulignent la très grande piété de Jacques et sa prééminence dans l'Église primitive[5]. » Selon lui, il « aurait été sanctifié dès le sein de sa mère[5] » et il le présente comme un nazir à vie, assurant les fonctions de grand prêtre puisqu'il entrait seul dans le saint des saints et passant ses jours dans le Temple à intercéder pour son peuple[11]. Toutefois, la critique estime en général qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre ces descriptions édifiantes[25], en se rappelant toutefois « que par sa mère Marie, cousine d'Élisabeth et de Zacharie, Jacques est de famille sacerdotale, c'est donc un prêtre (un cohen Lc 1, 31-36)[25]. » « La figure de Jacques a été diversement exploitée, aussi bien par les chrétiens d'origine juive que d'origine païenne. On la retrouve dans des écrits nazaréens ou ébionites, mais aussi dans des écrits gnostiques de Nag Hammadi — ce qui montre son emploi polysémique[26]. »

Jacques, le frère du Seigneur reste pourtant largement inconnu du grand public et « de la plupart des chrétiens[27]. » L'égal de Pierre voire son supérieur « est aujourd'hui doublement éclipsé par celui que les catholiques considèrent comme le premier pape[27] » et par Paul de Tarse « unanimement qualifié de prince des théologiens[27] » par ses homologues modernes.

Identifié à Jacques le Mineur, il est même nettement distancé dans la dévotion des chrétiens par son homonyme, Jacques fils de Zébédée, « rehaussé du qualificatif de Majeur[27]. » L'occultation de son personnage en Occident a été favorisée par la promotion de l'autre apôtre Jacques, « le Majeur », dont le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle s'est développé à partir du Xe siècle et a connu une grande vogue durant tout le Moyen Âge. Même l'appellation de « Mineur », par opposition à celle de Jacques le Majeur vise à minorer son rôle, alors que dans les évangiles le fils de Marie la femme de Clopas est appelé « Jacques le petit » — et pas Jacques le Mineur — ce qui devait simplement indiquer qu'il était plus jeune que les autres Jacques des évangiles[réf. nécessaire].

L'extrême pauvreté de son iconographie est le meilleur indice de l'oubli dans lequel est tombé ce personnage si célèbre dans les premiers siècles du christianisme[27]. Pour le théologien chrétien Burnett Hillman Streeter « c'est une des ironies de l'histoire que son nom n'apparaisse pas dans le calendrier des saints de l'Église d'Occident, du fait de son identification erronée avec Jacques le Mineur[28]. » Cette identification n'a toutefois jamais été acceptée par les Églises orientales qui distinguent Jacques le Mineur et Jacques frère du Seigneur et les fêtent séparément[2].

Pierre-Antoine Bernheim estime que de nombreuses questions se posent lorsque l'on compare les sources antiques qui parlent de Jacques et ce que la tradition chrétienne d'aujourd'hui en dit. Pour lui, la principale d'entre-elle est: « comment expliquer l'oubli dans lequel est tombé Jacques dans la tradition chrétienne[29] ? »

« Inconnu du grand public, parfois confondu avec le fils de Zébédée, le frère du Seigneur, n'est certainement pas ignoré des exégètes et historiens[27] » qu'ils soient chrétiens ou non. Depuis les années 1960, « Jacques et les Judéo-chrétiens suscitent un engouement croissant dans les milieux académiques[27]. » Cela participe du mouvement qui vise à mieux rendre compte de la totale intégration de Jésus et du mouvement qu'il a créé dans le judaïsme de son temps, comme il en est des douze apôtres, des septante disciples et même de Paul de Tarse.

Jacques et la communauté de Jérusalem

« Jacques fut le représentant le plus éminent d'une Église primitive profondément enracinée dans la tradition juive[30]. » « Presque tous les textes chrétiens datant des trois dernières décennies du Ier siècle et une bonne partie de ceux composés au début du IIe siècle montrent l'influence massive des concepts et du mode de pensée juifs[31]. » Jacques « considérait son frère Jésus comme l'agent eschatologique choisi par YHWH pour annoncer l'arrivée imminente du Royaume de Dieu, et demander le repentir des fils d'Israël[30]. » Il attendait le retour de Jésus, « exalté à la droite de Dieu après sa résurrection[30] » qui « signalerait la résurrection des morts, le jugement de Dieu et l'instauration de son royaume[30]. » Connu pour son observance fidèle de la Torah, il ne pouvait concevoir que le rôle et l'importance de la Loi aient pu changer, comme le clamait Paul de Tarse[30]. Il s'opposa à ce dernier et à son message qui impliquait une redéfinition de l'identité d'Israël et du rôle de la Loi[32]. Il avait quelques attentions pour les Gentils qui cherchaient Dieu, mais son mot d'ordre restait « pas de confusion entre les Juifs et les Gentils »[33]. Étienne Nodet, enseignant à l'École biblique de Jérusalem, estime que Jacques n'a jamais été un chrétien, dans la mesure où d'après lui, Jacques n'a pas reconnu Jésus comme Messie et qu'il ne pouvait le faire que lorsque celui-ci serait revenu et aurait vaincu pour restaurer le royaume d'Israël[33]. Si cette attente est indéniable dans la communauté nazaréenne, les historiens estiment en général que Jacques et les nazôréens reconnaissaient Jésus comme Messie.

Pour François Blanchetière, le proto-nazaréisme, en Palestine principalement, est composé de prêtre (Ac 6, 7) à qui aurait pu être adressé l'Épître aux Hébreux, de lévites comme Barnabé (Ac 4, 36) et surtout du peuple d'Israël selon la triple division de la société juive[34]. Elle semble être constituée de personnes aisées tout comme de personnes de condition modeste pour lesquels on n'hésite pas à mettre tout en commun[34]. Les spécialistes notent que certaines idées et certaines pratiques esséniennes ressemblent à celles de la communauté primitive de Jérusalem telle qu'elle est décrite dans les Actes des Apôtres[35]. La plus marquante de ces similarités concerne la communauté des biens pratiquée selon les Actes (2,44-45 ; 4, 32-35 et 36-37 ; 5, 1-11) par l'Église primitive de Jérusalem et celle qui caractérisait le mouvement essénien[35]. Il existe beaucoup d'autres parallèles entre les esséniens[36] — ou la communauté du Yahad qui est souvent assimilée aux esséniens ou qui est assimilé à l'une de leurs quatre tendances — Certains sont pertinents à souligner dans la mesure où ils ne concernent pas des croyances ou des pratiques largement répandues à l'époque[36]. Ainsi, les esséniens, tout comme les nazôréens méprisaient-ils les richesses et valorisaient la pauvreté. L'appellation les pauvres ('ebyônîm) qui désignaient parfois les membres du Yahad, était peut-être utilisée dans la communauté de Jérusalem[36].

Le mouvement dirigé par Jacques était le principal parmi les nombreux groupes catégorisés péjorativement comme minim (hérétiques, sectaires min = mauvaise espèce) dans le Talmud[37].

Un personnage embarrassant ?

« L'image et le prestige de Jacques ont, dans une large mesure, suivi les vicissitudes du judéo-christianisme[38]. » Dans les Homélies clémentines, Pierre reconnaît la suprématie de Jacques qu'il appelle « le seigneur et évêque de la sainte Église »[38]. Il conclut une lettre contenant ses recommandations par la phrase: « Je viens de te signaler clairement ce qui m'a paru bon : pour moi, mon seigneur, prends, comme il convient, les mesures que tu jugeras opportunes »[38]. Il proclame que tout enseignement devra être approuvé par Jacques et que « tout apôtre, docteur ou prophète » doit auparavant soumettre « exactement sa prédication à Jacques, le frère de mon Seigneur »[38]. Jacques a aussi été l'objet d'une grande vénération dans certaines communautés gnostiques[38].

Selon certains historiens, le rôle de Jacques dans l'Église primitive aurait ainsi remis en cause pour la Grande Église le schéma suivant lequel c'est à Pierre que Jésus avait transmis la responsabilité de l'Église, et contredirait aussi la primauté qu'elle lui accorde[39]. Défendre la primauté de Jacques n'aurait pu « que déplaire à l'Église de Rome[39] » qui justifiait sa prééminence sur les autres églises « par celle de Pierre, son fondateur présumé[39]. » Arnold Ehrhardt a prétendu que cela aurait eu lieu dès la deuxième partie du IIe siècle, comme en témoigne l’œuvre d'Irénée de Lyon qui écarte les traditions sur la primauté de Jacques, transmise notamment par Hégésippe[40].

En dernier lieu, Jacques partisan dans une certaine mesure du maintien de l'observance des règles de la Loi (la Torah) et de la séparation entre chrétiens d'origine juive et pagano-chrétiens, « ne pouvait guère plaire à une Église d'origine surtout païenne et détachée de la Loi[41]. »

Pour Pierre-Antoine Bernheim, « l'ingénieux Jérôme trouva une solution qui régla le « problème Jacques » pendant plus de quinze siècles[41]. » Il supposa que Jacques n'était qu'un cousin germain de Jésus et il l'identifia avec Jacques le Mineur dont on ne sait à peu près rien. Il résolut ainsi non seulement le « problème » de Jacques, mais aussi celui de ses frères Jude et Simon le Zélote qui eux aussi devinrent des fils de Clopas, souvent appelé Alphée.

Éléments biographiques

Nous ne savons rien de Jacques avant qu'il ne surgisse comme l'un des dirigeants de l'Église primitive[42]. Les Actes des apôtres et les épîtres de Paul, « même s'ils le présentent comme un personnage clé, placé au centre des conflits fondamentaux[43] » de l'église primitive, ne nous fournissent guère d'informations sur lui[43]. « Ils nous font davantage percevoir une présence, sorte de statue du Commandeur, qu'un être de chair et de sang[43]. » Paul indiquant que les frères de Jésus effectuaient leurs voyages missionnaires en compagnie de leur femme, nous pouvons supposer que Jacques était marié[42]. Dans la liste d'évêques de Jérusalem des Constitutions apostoliques (VII, 46, 1), il est toutefois rapporté que l'évêque qui succède à Siméon fils de Clopas est Judas (Justus), le fils de « Jacques frère du Seigneur », premier « évêque[N 1] » de la liste[44]. Il est donc possible que Judas (Justus) soit le fils de Jacques[44]. Par ailleurs, les accusations de davidique qui seront le motif de la crucifixion de son cousin germain Siméon fils de Clopas et de l'arrestation des petit-fils de son frère Jude[45] convergent avec l'insistance des évangiles synoptiques pour présenter Jésus comme un descendant de David[46]. La succession de type dynastique qui depuis Jean le Baptiste voit se succéder à la tête du mouvement des cousins, des frères ou des fils, renforce l'idée d'une « appartenance à une lignée davidique » qui expliquerait « la position prééminente des membres de la famille de Jésus[45] » dans l'Église primitive. Par sa mère Marie, Jacques est de famille sacerdotale, c'est donc un prêtre (un cohen)[25].

La réunion de Jérusalem

« Le conflit d'Antioche et la réunion de Jérusalem, que l'on date des années 48-50, peuvent être considérés comme les deux premiers épisodes connus de la longue saga de l'opposition, qui s'est développée à l'intérieur même du mouvement des disciples de Jésus, entre deux tendances : l'une défendant une certaine observance de la Torah par les païens, avec Jacques et Pierre comme figures principales, et l'autre la valeur de la croyance au Messie, avec Paul essentiellement – les autres péripéties ont été conservées dans les lettres de Paul en Ph 3 et en 2Co 10-13[47]. »

Paul rapporte de façon assez détaillée, mais naturellement de son point de vue, ce conflit et la réunion de Jérusalem dans une lettre écrite aux communautés de Galatie, probablement la communauté d'Éphèse, dans les années 54-55[48] », alors que le « document paulinien » qui a servi à rédiger la partie relative à cet épisode dans les Actes des Apôtres daterait d'une trentaine d'années après les faits.

Reconstitution de la ville de Jérusalem à l'époque de Jésus. Vue de l'enceinte fortifiée dans le secteur de l'Ophel.

Le conflit d'Antioche, ne vient pas à proprement parler de divergences avec ce que l'on peut appeler la théologie de saint Paul, qui semble se développer ultérieurement, mais d'un phénomène nouveau, qui est l'apparition d'adeptes du mouvement de Jésus venant directement du paganisme et donc appelés « païens[N 3] » dans les lettres de Paul et les Actes des Apôtres. Il est facile de comprendre que l'observance de la Torah par ces chrétiens d'origine polythéiste et notamment la question de la circoncision, déjà problématique médicalement pour un adulte à l'époque, mais en plus interdite pour un non-juif dans la société romaine puisque considérée comme une mutilation, soit devenue une question épineuse.

Lors de la réunion de Jérusalem, l'observance de la Torah par les chrétiens d'origine polythéiste est examinée[48]. Selon Simon Claude Mimouni, « la question de la circoncision, notamment, est posée par des pharisiens devenus chrétiens. Elle est examinée par les apôtres et les anciens (presbytres) en présence de la communauté. Elle est résolue par Pierre qui adopte le principe suivant : Dieu ayant purifié le cœur des païens par la croyance en la messianité de Jésus, il ne faut plus leur imposer le « joug » de la Torah. Jacques accepte la proposition de Pierre[49],[S 4]. »

Toutefois, Jacques est inquiété par des problèmes pratiques, qui naîtront dans les communautés[49] comportant à la fois des « adeptes de la Voie » (« juifs ») et ce que l'on pourrait appeler des « adeptes de Chrestos » d'origine polythéiste[N 3], souvent appelées « communautés mixtes » par les spécialistes.

Pour respecter l'obligatoire « pureté » exigée par l'orthopraxie juive, « il ne faut pas que les chrétiens d'origine juive aient à craindre de souillure légale lorsqu'ils fréquentent les chrétiens d'origine polythéiste[N 3]. Il propose par conséquent sa décision à l'assemblée de la communauté et enjoint de la notifier aux chrétiens d'origine païenne par lettre : il faut que ces derniers observent un minimum de préceptes en s'abstenant des souillures de l’idolâtrie, de l'immoralité, de la viande étouffée et du sang[49]. »

La dernière rencontre de Jacques le Juste et de Paul à Jérusalem

Dans les Actes des Apôtres[S 5], il est rapporté que, lors de son dernier séjour à Jérusalem, Paul a été accueilli très froidement par Jacques le Juste, le chef de la communauté, et les anciens. Ceux-ci lui font savoir que, selon des rumeurs, il a enseigné aux juifs de la diaspora l'« apostasie » vis-à-vis de Moïse, c'est-à-dire l'abandon des coutumes ancestrales[50] et notamment de la circoncision de leurs enfants. Une « rumeur » confirmée par le contenu de ses épîtres, telles qu'elles figurent dans le Nouveau Testament. Jacques et les anciens suggèrent à Paul un expédient qui doit montrer aux fidèles son attachement à la Loi, puis lui citent les clauses du « décret apostolique » émis pour les chrétiens d'origine païenne, que Paul n'a pas remplies[51].

Un mouvement de contestation houleux, soulevé par des juifs d'Asie, entraîne l'arrestation de Paul alors qu'il se trouve dans le Temple[S 6],[4]. « Apparemment, Jacques et les anciens ne font rien pour lui venir en aide, ni pour lui éviter son transfert à Césarée puis à Rome[4]. » Cet incident montre un certain durcissement du groupe de Jacques le Juste en matière d'observance[4], probablement lié à la crise provoquée par les zélotes, qui aboutira, en 66, « à une révolte armée des Juifs contre les Romains[4] ».

L'exécution de Jacques le Juste

Martyr de Jacques le Juste dans le Ménologe de Basile II, un manuscrit daté de la fin du Xe, ou du début du XIe siècle.

Jacques a été exécuté par lapidation en 61/62[44] sur ordre du grand prêtre Ananius ben Anân (le beau-frère de Joseph Caïphe) « pendant la période d'anarchie qui a régné à Jérusalem après la mort du procurateur romain Festus (60 – 62) et avant l'arrivée de son successeur Albinus (62 – 64)[4]. » Elle intervient, alors que depuis plusieurs années, « la Palestine s'enfonçait inexorablement dans le chaos et l'anarchie[52]. »

L'exécution de « Jacques, frère de Jésus, appelé Christ » est mentionnée « par Flavius Josèphe[S 7], mais aussi par de nombreuses sources chrétiennes transmises par Eusèbe de Césarée[S 8] ou indépendantes de lui, notamment les Ascensions de Jacques — texte de provenance ébionite transmis dans les Reconnaissances[S 9] — , où Paul, désigné par l'expression « homme ennemi », joue un rôle important dans la mort de Jacques[4]. » Pour Pierre-Antoine Bernheim,« Il est possible que Jacques, en tant qu'autorité suprême de l'Église, ait été tenu pour responsable des transgressions de la Loi dont Paul fut accusé[53]. »

« Ananius, qui appartient au courant sadducéen, a sans doute pensé rendre service à Rome en supprimant Jacques, car il a dû estimer qu'il est alors sous influence des Zélotes — son initiative a été mal appréciée, et lui a valu d'être destitué de sa charge de grand prêtre[26] » à la demande du nouveau procurateur romain sitôt entré en fonction[26]. Pierre-Antoine Bernheim se pose la question: « Qui était donc Jacques », dans la société de Jérusalem ? En effet, si cette exécution provoque le renvoi du Grand-Prêtre aussi puissant qu'Anan, appartenant à une famille qui compta huit Grands prêtres en 60 ans et qui venait à peine d'être nommé, cela ne signifie-t-il pas que Jacques était un personnage important, bénéficiant d'alliés puissants à Jérusalem[54] ?

« L'exécution de Jacques montre l'influence du mouvement nazaréen à cette époque, et sa perception comme un danger par les autorités du Temple de Jérusalem qui sont saducéennes[26]. » Robert H. Eisenman note qu'Agrippa II a profité du vide provoqué par la mort du procurateur Porcius Festus avant l'arrivée de son remplaçant Albinus pour démettre Joseph Cabi et nommer Ananius ben Anân comme grand-prêtre. Celui-ci a immédiatement arrêté Jacques et quelques-uns de ses partisans. Il en conclut qu'Agrippa a probablement « saisi la première opportunité après l'affaire du mur du Temple pour se débarrasser de Jacques[55]. »

Un texte tronqué

Il est possible que Flavius Josèphe ait lui-même fourni davantage d'informations sur Jacques ou sur sa mort[56]. En effet, selon Origène, Flavius Josèphe aurait considéré la chute de Jérusalem et de la ruine du Temple « comme le châtiment mérité des Juifs pour la mort injuste de Jacques[56] : »

« Et le même auteur, bien que ne considérant pas que Jésus fut le Christ, cherche la cause de la chute de Jérusalem et de la ruine du Temple. Il aurait dû dire que l'attentat contre Jésus avait été la cause de ces malheurs pour le peuple, parce qu'on avait mis à mort le Christ annoncé par les prophètes. Mais, comme malgré lui, il n'est pas loin de la vérité quand il affirme que ces catastrophes arrivèrent aux juifs pour venger Jacques le Juste, le frère de Jésus appelé le Christ, parce qu'ils l'avaient tué en dépit de son éclatante justice[57]. »

À deux autres reprises, Origène se réfère à ce jugement de Flavius Josèphe, une fois à nouveau dans Contre Celse (2, 13) et une fois dans son Commentaire sur Matthieu (10, 17)[56]. Eusèbe de Césarée et Jérôme de Stridon (Sur les hommes illustres 2) semblaient lire le même passage dans la Guerre des Juifs[58]. « Étrangement, le passage cité par Origène ne se rencontre plus dans les versions de Flavius Josèphe à notre disposition[56]. »

Cela pose deux questions difficiles: « pourquoi Flavius Josèphe qui n'était pas chrétien, a-t-il attribué la chute de Jérusalem au châtiment de Dieu pour la mort d'un homme aussi juste que Jacques ? Ensuite, pourquoi un copiste probablement chrétien a-t-il ultérieurement supprimé une référence aussi flatteuse pour Jacques[59] ? »

« Frère » de Jésus

De très nombreux documents chrétiens attestent de l'appellation « frère du Seigneur » ou « frère de Jésus » donnée à Jacques et Flavius Josèphe parle de « Jacques, frère de Jésus, appelé Christ », lorsqu'il relate son exécution[4]. Évidemment, cela pose problème puisque non seulement Jésus n'a pas de frère dans la tradition chrétienne, mais sa mère Marie est une vierge perpétuelle, ce qui peut difficilement être compatible avec le fait d'avoir eu plusieurs enfants[60]. De plus, l'affirmation de sa virginité perpétuelle — qui apparaît pour la première fois en 374 — a été faite dans des déclarations solennelles, lors de plusieurs conciles à partir du VIe siècle, ce qui lui confère une très haute autorité[60]. La question de savoir si Jacques était frère de Jésus est intimement liée à la question de savoir si Jésus avait des frères.

Dans son épître aux Galates (1, 19), saint Paul[61] appelle Jacques « le frère du Seigneur »[62]. Dans la première épître aux Corinthiens (9, 4-5), il mentionne d'autres frères du Seigneur qui ont le droit d'emmener leur femme pendant leur mission apostolique[62]. Il apparaît clairement dans la formulation de Paul qui compare ses droits avec « les autres apôtres, et les frères du Seigneur et Céphas (c'est-à-dire l'apôtre Pierre) » qu'il n'attribue le qualificatif de frère du Seigneur qu'à quelques individus spécifiques. Il ne s'agit absolument pas d'un synonyme de disciple[63]. Pierre-Antoine Bernheim fait remarquer que de plus « Paul ne qualifie jamais Pierre ou Jean de frère du Seigneur[63]. »

Tous les évangiles qu'ils soient canoniques ou apocryphes font aussi référence aux frères et parfois aussi aux sœurs de Jésus[63]. Les trois évangiles synoptiques donnent une liste des frères de Jésus: « Jacques, Joseph (parfois appelé du diminutif Joset[64]), Jude et Simon » dans lesquelles Jacques est toujours cité en premier. Ils mentionnent aussi à plusieurs reprises que Marie était accompagnée des frères de Jésus. Outre la liste de frères, les évangiles synoptiques mentionnent les frères (et sœurs) de Jésus à l'occasion de deux épisodes[63]. Dans chacun des deux, ses frères sont associés à Marie, la mère de Jésus[63]. Ils apparaissent aussi à deux reprises dans l'évangile attribué à Jean. Dans une des deux mentions, ils sont associés à la mère de Jésus[65]. Dans les Actes des Apôtres (1, 14), Marie et les frères de Jésus sont « assidus à la prière » avec les autres disciples juste après la résurrection[65].

Hégésippe indique que « Le frère du Seigneur, Jacques reçut [l'administration de] l'Église avec les apôtres »[5]. Les nombreuses listes ecclésiastiques mentionnent en général que Jacques est le frère du Seigneur[66]. Cyrille de Jérusalem dans une de ses catéchèses au Ve siècle déclare encore: « [Jésus] est apparu à Jacques son propre frère (τω εαυτου μεν αδελπηω) et le premier évêque de cette paroisse[11]. »

« Il apparaît clairement que le mot « frère » ne peut avoir le sens figuré de compagnon ou de coreligionnaire puisque, dans certains passages, les frères de Jésus sont explicitement opposés à ses disciples, c'est-à-dire à sa famille spirituelle[65]. » Les Constitutions apostoliques (VIII, 35, 1) parlent même de « frère du Christ selon la chair[66]. » « En second lieu, dans la plupart des références provenant des Évangiles et des Actes des Apôtres (8/9), les frères de Jésus sont associés avec Marie, sa mère[65]. » Si l'on admet que ces « frères » de Jésus étaient en fait des cousins, on ne comprend pas pourquoi ces neveux étaient toujours avec leur tante, alors que leur mère est vivante puisqu'elle est présente lors de la crucifixion[67].

« La très grande majorité des exégètes et des historiens estiment que Jacques était le fils de Joseph avec Marie[68]. »

Toutefois, dans la tradition des Églises orientales ceux qui sont appelés des frères, sont en fait des demi-frères, issus d'un premier mariage de Joseph, reprenant ainsi des traditions qui figurent dans le Protévangile de Jacques. Dans la tradition catholique, à la suite de la proposition de Jérôme de Stridon à la fin du IVe siècle, les frères de Jésus — Joset, Jude, Simon — sont des cousins germains de Jésus, fils d'une sœur de Marie appelée Marie Jacobé et marié avec Clopas. Il en est de même de « Jacques le frère du Seigneur » qui est donc identifié à Jacques le Mineur : une identification rejetée par les historiens et par les Églises orientales qui fêtent les deux personnages séparément[2].

Identification

Cette qualité de frères, de demi-frères ou de cousins de Jésus induit un sérieux problème d'identification, toujours non résolu, malgré les nombreux historiens qui se sont penchés sur la question. Elle affecte Jacques le Juste qui pour certains critiques est l'apôtre Jacques Alphée, alors que cette identification est rejetée par d'autres. Pour la tradition chrétienne occidentale les frères de Jésus mentionnés notamment dans le Nouveau Testament sont en fait des cousins de Jésus, fils de Clopas, souvent appelé Alphée considéré comme un autre nom pour Clopas. Le problème d'identification affecte donc aussi les autres « frères » de Jésus et donc de Jacques. Ainsi, l'apôtre Simon le Zélote est parfois identifié avec Siméon, le deuxième « évêque[N 1] » de Jérusalem, car celui-ci est un fils de Clopas et qu'il semble aussi avoir été surnommé le Zélote. La question de savoir si le frère de Jacques appelé Jude est le même que l'apôtre Jude est aussi en débat. Des problèmes d'identification se posent aussi à propos du dernier frère Joseph.

Dans les premiers siècles

Comme rapporté ci-dessus dans le chapitre « Frère » de Jésus, les textes chrétiens qui appellent Jacques « frère du Seigneur » ou « frère de Jésus » sont extrêmement nombreux dans les tous premiers siècles de notre ère. Flavius Josèphe un auteur juif qui écrit vers 93-94[69] pour un public romain dit lui aussi que Jacques est le frère de Jésus. Il est même qualifié de « frère du Christ selon la chair » dans un écrit chrétien. Les historiens ont donc peu de doute sur le fait que Jacques était bien le frère de Jésus. Cette position est par exemple celle d'Hégésippe (IIe siècle), Tertullien (mort en 225) et Bonose (mort vers 400)[70]. « À partir du Ve siècle, cette conception, devenue hérétique, n'a plus guère était soutenue, jusqu'à l'apparition, il y a deux siècles, des études critiques du Nouveau testament[70]. »

Au milieu du IIe siècle, dans le Protévangile de Jacques, apparaît toutefois pour la première fois une tradition dans laquelle Jacques et ses frères étaient issus d'un premier mariage de Joseph[71], Jésus étant né de sa mère Marie alors que celle-ci était vierge[72]. Le fait que Joseph ait eu plusieurs femmes n'est nullement impossible dans la société juive de l'époque qui pratiquait la polygamie. Joseph y est présenté comme un vieillard de façon à rendre improbable toute relation sexuelle avec sa jeune femme[72], ce qui conforte l'idée d'une naissance miraculeuse. Ce grand âge suggérait peut-être la virginité perpétuelle de Marie[72]. C'est en tout cas ainsi que vont l'interpréter certains Pères de l'Église. Cette théorie a été qualifiée d'épiphanienne, car elle a été défendue par Épiphane de Salamine. Elle devint très populaire « en raison de la valorisation croissante de la chasteté dans la piété chrétienne[72]. » Origène (IIIe siècle), un de ses plus célèbres partisans, admet que « son succès est dû davantage à des considérations idéologiques qu'à des traditions historiques solides[72]. Il écrit ainsi: « Ceux qui professent cette opinion [appelée épiphanienne par la suite] désirent préserver l'honneur de Marie pour ce qui concerne sa virginité [...]. Et je pense qu'il est raisonnable, de même que Jésus donna le premier exemple de chasteté chez les hommes, Marie le fit chez les femmes »[72]. »

La grande majorité des exégètes actuels considèrent la théorie épiphanienne avec scepticisme[73]. Elle apparaît pour la première fois dans le Protévangile de Jacques « qui traduit une méconnaissance flagrante de la géographie de la Palestine et des coutumes juives[73] » et qui comme les autres récits de l'enfance de Jésus contient de nombreux éléments légendaires[73]. Elle « rend difficile à comprendre l'insistance de Luc (2, 7 et 2, 22-24) sur la primogéniture de Jésus, car si Joseph avait eu d'autres fils plus âgés, le fait que Jésus ait été le premier fils de Marie ne lui aurait donné aucune prééminence familiale en ce qui concerne l'héritage du royaume de David[73], » dont Joseph est le descendant.

Ces deux traditions cohabitent, lorsqu'à la fin du IVe siècle Jérôme de Stridon va proposer de voir chez ceux qui sont appelés « frères de Jésus » dans les textes chrétiens, non pas des frères, mais des cousins de Jésus.

La proposition de saint Jérôme

Jacques le Juste, Icône réalisée dans l'Empire russe (1809).

Vers 380, un certain Helvidius publie un livre dans lequel il soutient, preuves scripturaires à l'appui, que Jacques et ses frères étaient des fils de Joseph et de Marie[72]. Pour réfuter cet avis Jérôme de Stridon lui répond quelques années plus tard[74]. Nous ne connaissons que cette réponse, le texte d'Helvidius étant perdu. Pour Jérôme, le Christ venu, d'après lui, enseigner la virginité, ne pouvait avoir été élevé que par des vierges. Il propose donc à cette occasion une nouvelle théorie qui préservait la virginité de Joseph, en faisant de Jacques et de ses frères des cousins germains de Jésus. « Pour comprendre la théorie élaborée par Jérôme, il faut se rappeler que les évangiles mentionnent de nombreux Jacques et Marie[74]. » Rien d'étonnant à cela puisqu'il s'agit de noms très répandus à l'époque en Palestine[74]. Pour ce faire, il se saisit d'une des affirmations d'Helvidius qui, visiblement embarrassé par le fait que les évangiles synoptiques ne mentionnent pas la mère de Jésus parmi les trois Marie qui se trouvaient au pied de la croix de Jésus, semblait l'identifier à la femme appelée « Marie la mère de Jacques le Mineur et de Joset ». Dans sa réponse, Jérôme affirme que cette Marie n'est pas la mère de Jésus, mais une de ses demi-sœurs mariées non avec Joseph, mais avec son frère appelé Clopas[75]. En revanche, il suit Helvidius et identifie Jacques le Mineur avec « Jacques le frère du Seigneur ». Pour ce faire, il propose de voir dans le mot Alphée qui suit le nom de Jacques dans la liste des apôtres, un autre nom pour Clopas. Il semble qu'une telle proposition n'avait jamais été faite avant cet échange d'arguments. « Jacques frère du Seigneur » n'est nulle part qualifié de Petit ou de Mineur, ni dans le Nouveau Testament, ni dans les textes déclarés apocryphes, ni dans les traditions les plus anciennes[67] et pendant plusieurs siècles. De plus, le témoignage d'Hégésippe exclut la possibilité que Clopas ait été le père de Jacques, puisqu'il indique explicitement que celui qui succède à Jacques est « le fils de son oncle, Siméon, fils de Clopas[N 4] »[67].

Pierre-Antoine Bernheim note toutefois que Jérôme « ne défend pas avec acharnement l'identification de Marie de Clopas avec Marie, la mère de Jacques et de Joset. L'important selon lui, est de distinguer cette Marie de la mère de Jésus[76]. » D'ailleurs, trente ans plus tard, dans sa Lettre à Hebidia, « Jérôme admettra que Marie de Clopas et la mère de Jacques et de Joset sont deux personnes différentes, bien que, écrit-il certains les identifient[76]. »

Les exégètes ultérieurs n'ont plus les mêmes doutes, c'est avec enthousiasme qu'ils adoptent son interprétation, « trop content de trouver une solution apparente[76] » au problème épineux que posait ces « frères » de Jésus[76] au regard de la croyance de la virginité perpétuelle de Marie[77]. Celle-ci était devenue fondamentale dans l'Église catholique romaine depuis 374, dans le Symbole d'Epiphane qui développe le Symbole de Nicée[60] (réaffirmée au Deuxième concile de Constantinople en 553)[77]. Des variantes sont toutefois proposées afin de tenter de résoudre certaines contradictions, sans remettre en cause la proposition qui dit que Jacques et ses frères étaient en réalité des cousins de Jésus[76]. De plus, beaucoup d'auteurs ont abandonné dans les siècles suivants l'identification entre « Jacques Alphée » et le « frère du Seigneur »[76]. Déjà fortement minoré, Jacques a alors perdu sa qualité d'apôtre, membre du groupe des douze.

Les Jacques des évangiles canoniques

Dans les évangiles synoptiques figurent plusieurs personnages appelés Jacques, qui tous sont des disciples ou des frères de Jésus. Certains d'entre-eux ne posent aucun problème d'identification.

  • Jacques, fils de Zébédée, un des douze apôtres[74] : apparaît à plusieurs reprises dans les évangiles synoptiques parmi les apôtres les plus proches de Jésus[74],[78]. La tradition chrétienne l'a surnommé plus tard « Jacques le Majeur » par opposition à un autre Jacques qui dans les évangiles est appelé Jacques le Petit (traduit aussi par le Mineur). Son identification dans les évangiles est facilitée par le fait qu'il est souvent associé à son frère Jean et qu'ils agissent souvent ensemble[N 5]. Il est clairement distinct de « Jacques le frère du Seigneur » puisque ce dernier est tué par lapidation en 61-62[44] à la suite de l'action du grand prêtre Anan, alors que selon la tradition chrétienne et les Actes des apôtres Jacques de Zébédée est exécuté[4] « par l'épée[S 10] », plus de dix ans auparavant, sur l'ordre « d'Hérode » — c'est-à-dire probablement un des deux rois Agrippa[N 6] — Selon la tradition chrétienne, il aurait évangélisé des régions d'Espagne avant de revenir en Palestine, après un bref passage à Rome, alors que le « frère du Seigneur » est resté en Palestine pour diriger l'église de Jérusalem et le mouvement tout entier. Il est le fils d'une autre demi-sœur de la mère de Jésus, elle aussi appelée Marie : Marie Salomé (souvent appelée seulement Salomé pour la distinguer de ses deux autres demi-sœurs) mariée avec Zébédée.
  • Il y a naturellement un consensus chez les historiens pour considérer que « Jacques frère du Seigneur » sujet de cet article est le même que celui qui est cité en tête des listes de frères de Jésus des évangiles synoptiques, dont voici la version de l'évangile attribué à Matthieu : « N'est-ce pas le fils du charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? et ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ? »[S 11]. Il y a aussi consensus chez les historiens pour considérer qu'il est le Jacques qui dans la liste des douze apôtres de l'évangile attribué à Luc[S 12] et les Actes des apôtres[S 13] est appelé Jude de Jacques, que Jude soit frère de Jacques et donc le frère de Jésus appelé Jude ou qu'il soit le fils de Jacques. « Jacques frère du Seigneur » est aussi considéré comme le frère de l'auteur de l'épître de Jude dont celui-ci se réclame au début de sa lettre[S 14].

Comme cela a déjà été dit il y a consensus chez les historiens pour considérer que le frère de Jésus n'est pas Jacques le Mineur mentionné dans le seul évangile attribué à Marc[S 15] comme un des fils de Marie la femme de Clopas. Il demeure une seule question « Jacques le frère du Seigneur » est-il l'apôtre mentionné sous le nom de Jacques Alphée[S 16] dans les listes d'apôtres ?

L'apôtre Jacques Alphée

Pour savoir si Jacques le frère du Seigneur est l'apôtre Jacques Alphée le débat se concentre sur une phrase que Paul de Tarse écrit dans son épître aux Galates (1, 19)[79]. Paul nous apprend, que lors de sa première visite à Jérusalem il passa quinze jours avec Pierre et qu'il ne vit « pas d'autres apôtres si ce n'est/seulement Jacques le frère du Seigneur[S 17],[80]. » Les historiens qui pensent que « le frère du Seigneur » et l'apôtre Jacques Alphée sont le même personnage estiment que cette phrase montre que Jacques le Juste était un des douze apôtres[81]. Ceux qui ont l'opinion contraire privilégient la seconde traduction. Surtout, ils font remarquer que ce « passage est fort ambigu[81] », Paul de Tarse parlant souvent d'apôtre au sens large, attribuant ce titre à Barnabé et le revendiquant pour lui-même, alors que cela semble lui être contesté. Ils estiment donc qu'on ne peut rien conclure à l'aide de cette phrase.

Les historiens qui pensent que Jacques le Juste est l'apôtre Jacques d'Alphée souligne que Clément d'Alexandrie lui donne le titre d'apôtre en le citant le premier avec Jean et Pierre en les distinguant des autres « apôtres » membre du groupe des soixante-dix disciples dont Barnabé aurait été membre sans être un membre du groupe des douze[82]. Ils font aussi remarquer que dans les nombreux textes chrétiens qui relatent comment les pays à évangéliser ont été répartis entre les douze apôtres, tous reçoivent des pays éloignés, seul Jacques Alphée reçoit le territoire de la région Palestine. Or cela correspond à la fonction et à l'action de Jacques le Juste, « évêque[N 1] » de Jérusalem, qui n'est jamais décrit comme exerçant une mission d'évangélisation à l'étranger. Alphée pourrait alors simplement signifier que bien que cité en neuvième position — ce qui devait refléter à peu près l'ordre d'appel de ses disciples par Jésus — il est en fait le premier, le chef du groupe. Ce point de vue ne fait toutefois pas consensus et bon nombre d'exégètes considèrent que Jacques Alphée veut en fait dire Jacques [fils d']Alphée qui serait un synonyme de Clopas, comme le soutenait Jérôme de Stridon. Dans ces conditions, le frère de Jésus appelé Jude n'est pas non plus l'apôtre Jude et l'apôtre Simon le Zélote n'est pas un réel frère de Jésus, mais lui aussi est un fils de Clopas, ce qui conduit certains auteurs chrétiens à l'identifier avec Siméon de Clopas, le deuxième « évêque » de Jérusalem.

Pour certains historiens, ce sont les trois « frères » de Jésus appelé Jacques, Jude et Simon qui étaient membres du groupe des douze apôtres et sont mentionnés souvent dans cet ordre[N 7] dans les listes d'apôtres à partir de la neuvième place[83]. De nombreuses sources chrétiennes indiquent en effet que Simon le Zélote était un « frère » de Jésus, que celui-ci soit considéré comme un demi-frère ou un cousin[83]. D'autre part, l'apôtre Judas de Jacques (qu'il faut alors comprendre comme Judas [frère] de Jacques), appelé Judas Thaddée dans de nombreuses sources, est aussi donné comme un frère de Simon le Zélote[83]. C'est d'ailleurs ce que professent les Églises chrétiennes orientales, pour qui simplement ces « frères » sont des demi-frères de Jésus, mais sont bien les apôtres, Simon le Zélote et Judas Thaddée. Pour Robert Eisenman, c'est en raison du caractère embarrassant de ces personnages que leur appartenance au groupe des douze apôtres a été peu à peu oublié[83]. Aux raisons classiquement invoqués, il en ajoute une : ils étaient des Zélotes. En effet, le frère de Jésus, auteur de l'épître de Jude est lui aussi surnommé Jude (ou Judas) le Zélote, dans plusieurs sources chrétiennes[83].

Selon la Conférence des évêques de France

Voici ce que dit à son propos le sanctoral de la Conférence des évêques de France : « Les exégètes distinguent plusieurs Jacques autour du Seigneur. Jacques le Majeur, fils de Zébédée et frère de Jean. Jacques fils d'Alphée dont on sait seulement qu'il fut apôtre, et celui-ci, Jacques, frère du Seigneur, de sa parenté et originaire de Nazareth. » La notion de frère devrait être comprise au sens large sans doute utilisé à l'époque. Celle-ci pouvait signifier une parenté plus éloignée, comme celle de cousin germain, ou bien indiquer une double parenté (des deux souches).

Une affaire de famille

C'est Siméon de Clopas, un cousin germain de Jésus qui succède à Jacques le Juste à la tête de la communauté de Jérusalem vers 73 et c'est, semble-t-il, un fils de Jacques, appelé Judas, mais plus connu sous le nom de Justus (le Juste) qui en est le troisième « évêque[N 1] »[44]. Le mouvement de Jésus était né dans la mouvance de celui d'un autre de ses cousins Jean le Baptiste. Jacques a été le premier dirigeant de l'Église dès l'année 32 si on en croit les indications chronologiques qui ont probablement été ajoutées par Jérôme de Stridon[8]. Même si la qualité d'apôtres est débattue pour ce qui concerne Jude, de même que l'identification avec Simon le Zélote comme quatrième frère de Jésus, les épîtres de Paul de Tarse témoignent que les frères de Jésus était « des personnages influents exerçant une activité missionnaire majeure[84] » et qu'ils disposaient d'un statut élevé dans le mouvement, puisque comme l'apôtre Pierre, ils avaient le droit d'emmener leur femme avec eux[62] (I Corinthiens 9,7). Les apôtres Jacques et Jean de Zébédée étaient aussi des cousins germains de Jésus, puisque leur mère, Marie Salomé, était une demi-sœur de la mère de Jésus. Un extrait d'Hégésippe cité par Eusèbe de Césarée témoigne que les petit-fils du frère de Jésus appelé Jude « dirigèrent les Églises à la fois comme martyr et comme parents du Sauveur » à l'époque de Domitien[45] (81-96). Aussi bien Siméon de Clopas que les petits-fils de Jude sont traduits devant la justice romaine « en raison de leur ascendance davidique[45]. »

L'important rôle joué par de nombreux membres de la famille de Jésus et surtout la succession de différents frères, cousins, fils et petit-fils à des postes de direction du mouvement et à sa tête, a conduit certains critiques à parler d'une sorte de « Califat » ou de succession dynastique[85]. Une telle succession, « dans une société où le principe dynastique était si profondément implanté n'a rien de surprenant[84]. » François Blanchetière estime qu'on « pourrait comparer cette succession sur la base de l'appartenance à la parenté avec le Seigneur, à la qualité de « Davidique » dans la famille de Hillel fondant la transmission de la charge de Nassi-chef du judaïsme palestinien au sein de cette même famille jusqu'à son extinction en 425[46]. » On retrouve aussi une forme de succession quasi dynastiques chez les Grands prêtres, dans les écoles pharisiennes et rabbiniques, dans les familles royales hasmonéenne et hérodienne « et même chez les rebelles zélotes avec la famille de Judas le Galiléen[84]. » Pour Pierre-Antoine Bernheim, « outre la parenté avec Jésus, l'appartenance à une lignée davidique explique la position prééminente des membres de la famille de Jésus qui jouèrent un rôle significatif dans les Églises de Palestine et des régions voisines longtemps après sa mort[45]. »

L'épître de Jacques

L'auteur de cette épître faisant partie du Nouveau Testament se présente comme « Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus Christ »[86]. Elle est traditionnellement attribuée à Jacques le Juste, bien qu'il soit difficile de savoir si cette lettre est de lui ou si elle a été écrite par un de ses disciples. Une partie non négligeable de la critique estime que ce texte est pseudépigraphe[87] et pourrait être antérieure aux années 90[88]. Ces questions sont débattues[89]. Tout comme son frère Jude dans son épître, Jacques se présente comme « serviteur du Seigneur Jésus Christ » sans revendiquer être son frère. Il s'agit probablement de bien marquer la différence de statut avec Jésus qui lui est « Fils de Dieu ». Toutefois, malgré sa modestie apparente, l'expression « Jacques, serviteur de Dieu » désigne dans la Bible hébraïque, des personnages considérables[86]. L'épître s'adresse « aux douze tribus de la dispersion », ce qui lui vaut le classement parmi les épîtres catholiques (épîtres universelles), c'est-à-dire une épître qui ne s'adresse pas à une personne ou une communauté particulière.

« L'épître de Jacques est rédigée dans un grec de bonne qualité, le meilleur du Nouveau Testament avec celui de l'épître aux Hébreux. Le vocabulaire est riche, la syntaxe correcte et le style élégant[90]. » Un des aspect les plus surprenant de l'épître est sa christologie très rudimentaire[91]. Jésus n'y est mentionné que deux fois[91]. Certains critiques « estiment que la christologie très peu développée de l'épître indique un écrit composé peu de temps après la mort de Jésus[91]. »

Cette épître est « probablement l'écrit néo-testamentaire où les pauvres sont les plus exaltés et les riches le plus sévèrement condamnés[92]. » L'auteur y écrit notamment :

« Eh bien, maintenant, les riches ! Pleurez, hurlez sur les malheurs qui vont vous arriver. Votre richesse est pourrie, vos vêtements sont rongés par les vers. Votre or et votre argent sont rouillés, et leur rouille témoignera contre vous : elle dévorera vos chairs ; c'est un feu que vous avez thésaurisé dans les derniers jours[93] ! »

La condamnation des riches est extrême et sans appel[94]. Les riches sont par définition des pécheurs dont la condamnation est certaine[94]. Pourtant « dans la Bible hébraïque, pauvreté n'est généralement pas vertu, ni richesse vice. La prospérité matérielle est supposée récompenser une vie vertueuse[95]. » Une tendance à identifier piété et pauvreté et à exalter les pauvres existe cependant dans certains textes plus tardifs de la Bible ou dans des écrits non inclus dans le canon biblique[95]. C'est par exemple le cas dans certains psaumes et aussi dans certains textes des Manuscrits de la mer Morte retrouvés à Qumrân[96] et attribués au mouvement du Yahad souvent identifié aux Esséniens.

Jacob l'hérétique

Dans le Talmud un personnage appelé Jacob le min (Jacques l'hérétique) ou Jacob de Kfar Sikhnaya est identifié par plusieurs auteurs, dont Robert Eisenman, comme étant Jacques le Juste[97],[98]. Il est tour à tour présenté comme un guérisseur et un missionnaire qui agit au nom de Jésus de Nazareth[99], mais aussi comme un polémiste[100]. « Dans un cas comme dans l'autre, il ne fait que se conduire comme un missionnaire chrétien utilisant toutes ses capacités[100]. » Le fait que Jésus a donné autorité à ses disciples pour soigner les maladies et que ses premiers disciples ont guéri des malades en son nom est en effet bien connu[101]. Mis à part Jacob de Kfar Sikhnaya, les personnages qui s'affrontent dans ces passages parallèles du Talmud « sont assez connus: rabbi Elazar ben Dama est le neveu de rabbi Ishmaël, un contemporain de rabbi Aqiba[102]. » Rabbi Eliézer ben Hyrcanos « est un personnage très connu dans la littérature rabbinique[103]. » C'est un élève de rabbi Yoḥanan ben Zakkaï (mort vers 75), il aurait donc pu connaître Jacques « frère du Seigneur » (mort en 61-62[44]), « puisqu'il était encore jeune lors de la révolte de 66-73[104]. » Sa comparution devant la justice romaine pourrait s'être déroulée sous le règne de Trajan[104] ou lors de la répression ayant eu lieu sous Domitien[105] (vers 95). Toutefois Simon Claude Mimouni, tout comme François Blanchetière, estiment qu'on « doit se résoudre à laisser [Jacob l'hérétique] dans un certain anonymat[106] » car « l'identifier à « Jacques frère du Seigneur » est sans doute trop déduire de prémices imprécises[107]. »

L’affaire de l'ossuaire

En octobre 2002, l'épigraphiste français André Lemaire rend public l'existence d’un ossuaire en calcaire du premier siècle de notre ère, qui selon lui, avait probablement contenu les ossements de Jacques[108]. L’ossuaire est une petite urne de pierre, couramment utilisée par les Juifs de l'époque pour conserver les ossements d’un défunt, un an après sa mort, lorsque les chairs ont disparu, et que les os ont été purifiés par la terre d'Israël. De tels ossuaires ont été utilisés du Ier siècle av. J.-C. au IIe siècle. Celui-ci comporte une inscription en araméen, la langue courante de la Palestine à l'époque de Jésus[108]:

« Ya'akiv bar Yosef akhui di Yeshua » ce qui signifie « Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus ».

Même si les noms de Jacques, Joseph et Jésus étaient très courants à l'époque, selon les calculs d'André Lemaire, pendant les sept premières décennies du Ier siècle, Jérusalem ne devait pas avoir compté plus de vingt individus appelés Jacques et simultanément fils d'un Joseph et frère d'un Jésus[109]. En revanche, il était très inhabituel de mentionner le nom d'un frère sur un ossuaire après celui du père (il n’existe qu’un seul autre cas de cette pratique), ce qui suggère que ce frère était un personnage important[109].
Le propriétaire de l'ossuaire, l'antiquaire Oded Golan, fournit plusieurs versions des conditions de son acquisition[109]. Selon la dernière, c'est en 1975 qu'un marchand de la vieille ville de Jérusalem lui aurait vendu l'ossuaire qui provenait des environs de Silwan[110], ce qui est compatible avec le témoignage d'Hégésippe qui indique que Jacques a été enterré à l'endroit même où il est mort, après avoir été précipité du pinacle du Temple. Malgré quelques objections et même l'avis de certains experts pour qui la première partie de l'inscription datait probablement du Ier siècle, mais la seconde (frère de Jésus) avait été gravée par une autre personne, un ou deux siècles plus tard, un grand nombre d'historiens et d'exégètes ont rapidement été convaincus de son authenticité[111].

En juin 2003, le département des antiquités israéliennes, à la suite du travail d'une commission d'experts et d'une analyse au microscope électronique, publie les résultats de trois mois de travail[111]. La sous-commission des épigraphistes ne put se mettre d'accord sur l'authenticité de l'inscription[111]. En revanche, les conclusions de l'autre sous-commission ont été adoptées à l'unanimité[111]. « Ces experts ont conclu que l'ossuaire était ancien et provenait de la région de Jérusalem. Cependant, ils ont constaté que la patine recouvrant l'inscription était différente de celle recouvrant le reste de l'ossuaire et ne pouvait avoir été produite par un vieillissement naturel dans les conditions climatiques de la Judée[112]. » Pour Pierre-Antoine Bernheim, un faussaire a probablement gravé l'inscription longtemps après la formation de la patine, puis a recouvert cette inscription d'une patine artificielle[68]. Toutefois André Lemaire maintient son identification et estime que l’inscription est authentique[113]. Il s'appuie pour cela sur les conclusions du professeur Yuval Goren pour qui « l'inscription a été faite ou nettoyée dans la période moderne[113]. » Le 14 mars 2012, après cinq ans de procès, la justice israélienne relaxe le collectionneur israélien Oded Golan et le vendeur d’antiquités Robert Deutsch et se déclare incapable de dire si l'ossuaire est un faux ou non[114].

Écrits chrétiens

Culte

Bibliographie

  • Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, (ISBN 2-226-14269-X)
  • François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien,
  • Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006.
  • Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004.
  • Paul-Hubert Poirier, Jacques, le frère de Jésus, dans trois livres récents, in Laval théologique et philosophique, vol.56, no 3, 2000, p. 531-541 en ligne;
  • Jeffrey J. Butz, Le Frère de Jésus et les enseignements perdus du christianisme. Éditions Exclusif, 2006, (OCLC 145849082).
  • Jonathan Bourgel, "Jacques le Juste, un Oblias parmi d'autres", New Testament Studies 59 (2013), pp. 222-246.
  • André Lemaire, Jacques et les chrétiens de Jérusalem in Les premiers temps de l'Église, Folio histoire, Gallimard, 2004
  • Wilhelm Pratscher, Der Herrenbruder Jakobus und die Jakobustraditionen: FRLANT 139 (Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 1987).
  • Richard Bauckham: The relatives of Jesus ; James: Wisdom of James, disciple of Jesus the sage. New Testament Readings (London/New York: Routledge, 1999)
  • Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, 1997
  • John Painter, Just James. Columbia: University of South Carolina, 1997 Hershel Shanks and Ben Witherington, The Brother of Jesus. New York: HarperSanFrancisco, 2003.

Notes et références

Notes

  1. a b c d e et f Il n'y a pas lieu de donner au terme episkopos (surveillant), utilisé dans les listes ecclésiastiques, un sens trop précis pour l'époque considérée. Sa compréhension avec le sens d'évêque est anachronique. Il faut le comprendre avec le sens qu'il a dans certaines lettres de Paul de Tarse (1 Tm 3, 2; Tt 1,7) ; « c'est donc l'intendant d'une communauté agissant seul ou en collège. » La critique estime généralement que la charge d'episkopos dans les communautés chrétiennes a dû correspondre à celle du mebaqer (inspecteur) pour le mouvement du Yahad — souvent identifié aux Esséniens — décrit dans certains Manuscrits de la mer Morte. Celui-ci « veille aussi par des inspections périodiques à la réalisation de l'idéal communautaire. » cf. Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 454-455.
  2. épi tautê tê pétra oikodomêsô mou tên ekklêsian
  3. a b et c Selon François Blanchetière, « Païen est un terme qui n'apparaît dans le sens qui lui est resté aujourd'hui qu'au IVe siècle, il est donc anachronique pour parler des origines du mouvement chrétien ; c'est de plus un terme typiquement chrétien. Il conduit en conséquence et subrepticement à adopter un point de vue christiano-centrique, à la différence du terme plus objectif et neutre polythéiste. » , cf. Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 150.
  4. Hégésippe écrit: « Après que Jacques le Juste eut rendu son témoignage [mourut] comme le Seigneur et pour la même doctrine, le fils de son oncle, Siméon, fils de Clopas, fut établi évêque : tous le préférèrent comme deuxième [évêque] parce qu'il était cousin du Seigneur. », cité dans l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée IV, 22, 4.
  5. Dans les évangiles, les frères Jacques et Jean fils de Zébédée sont souvent associés et agissent souvent ensemble, ce qui facilite l'identification de Jacques de Zébédée. Il est en général admis que c'est de lui dans différents épisodes évangéliques: quand Jésus rassemble ses disciples (Mc 1. 19-20 et ses parallèles Mt 4. 21-22 et Lc 5. 10) ; lors de la résurrection de la fille de Jaïre (Mc 5. 37 et Lc 8. 51-60) ; de la Transfiguration (Mc 9. 1-13, parallèles Mt 17. 1-13) et Lc 9. 28-36). Il demande avec son frère Jean à siéger à la droite et à la gauche du seigneur (Mc 10. 35-45 et Mt 20. 23), et propose à Jésus de faire tomber le feu du ciel sur des Samaritains qui refusent de les accueillir (Lc 9. 51-56). Avec Pierre, sur le mont des oliviers, ils demandent à Jésus quels seront les signes de la fin des temps (Mc 13. 3-4), et ils s'endorment pendant que Jésus fait sa dernière prière (Mc 13. 33-43).
  6. L'exécution de Jacques de Zébédée est souvent située en 43-44, dernière année du règne du roi Hérode Agrippa Ier (cf. Paul-Hubert Poirier, Jacques, le frère de Jésus, dans trois livres récents, in Laval théologique et philosophique, vol.56, n°3, 2000, p. 531-541 en ligne). Il convient d'être prudent sur cette datation, car cette partie des Actes des apôtres est particulièrement confuse et contient des épisodes qui semblent racontés deux fois. De plus, au moins un passage a été déplacé. Enfin, le discours de Gamaliel l'Ancien situé dans le récit bien avant la mort d'Agrippa Ier, raconte la mort de Theudas qui a eu lieu alors que le procurateur de Judée est Cuspius Fadus, c'est-à-dire en 44-46.
  7. La liste d'apôtres de l'évangile attribué à Luc intervertit Simon et Jude et écrit donc : « Jacques d'Alphée, Simon appelé le Zélote, Judas de Jacques (Lc 6:15-16) ».

Sources antiques

  1. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques XX, § 197-203.
  2. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, II, 1, 4-5 et II, 23, 4-18.
  3. Ascensions de Jacques, Littérature pseudo-clémentine, Reconnaissances pseudo-clémentines, I, 70, 1-8 ; 71, 1.
  4. Ac 15. 13-21 Ac 15. 13-21
  5. Ac 21. 17-26
  6. Ac 21. 27-36
  7. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques XX, § 197-203.
  8. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, II, 1, 4-5 ; [témoignage originaire de Clément d'Alexandrie ; II, 23, 4-18 [témoignage originaire d'Hégésippe]
  9. Ascensions de Jacques, Littérature pseudo-clémentine, Reconnaissances, I, 70, 1-8 ; 71, 1.
  10. Actes des apôtres, Ac 12. 1-2
  11. Mt 13. 55 et Mc 6. 3)
  12. Lc 6. 16.
  13. Ac 1. 13.
  14. Ju 1. 1.
  15. Mc 15. 40-41.
  16. (Mc 3. 16-19 et ses parallèles Mt 10. 2-4 et Lc 6. 13-16.
  17. Nouveau Testament, Ga 1. 19.

Références

  1. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 23-46.
  2. a b c d e f et g Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 17.
  3. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 14.
  4. a b c d e f g h i et j Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 137 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Mimouni137 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  5. a b c d e f g et h Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 16.
  6. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 197.
  7. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 257.
  8. a b et c Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 448. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Mimouni_Évêques_448 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  9. Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem], in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 448-451.
  10. a b c et d Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 15.
  11. a b et c François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, 2001, Paris, p. 195.
  12. Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem], in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 451.
  13. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 251.
  14. Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le Christianisme des origines à Constantin, éd. P.U.F/Nouvelle Clio, 2006, p. 184.
  15. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 252.
  16. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, 2001, Paris, p. 196.
  17. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 253.
  18. Ce schéma a été défendu par de nombreux savants protestants dont Oscar Cullmann, Maurice Goguel, Étienne Trocmé, Martin Hengel et Christian Grappe, cf. Pierre-Antoine Bernheim, op. cit., p. 253.
  19. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 254.
  20. Note de la Bible de Jérusalem se rapportant aux Actes des Apôtres (15, 19), cité par Pierre-Antoine Bernheim, op. cit., p. 253
  21. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 264.
  22. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 287.
  23. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 286.
  24. Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, éd. GDP, Nashville, 2012, p. 385.
  25. a b et c François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, 2001, Paris, p. 195-196.
  26. a b c et d Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 138.
  27. a b c d e f et g Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 18.
  28. Burnett Hillman Streeter, The Primitive Church, Londres, Mac-Millan, 1929, p. 39, cité par Pierre-Antoine Bernheim, op. cit., p. 18.
  29. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 20.
  30. a b c d et e Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 339.
  31. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 341.
  32. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 340.
  33. a et b Étienne Nodet, (en) James was never a christian, in Le judéo-christianisme dans tous ses états - Actes du colloque de Jérusalem - 6-10 juillet 1998, Dir. Simon Claude Mimouni, Paris, éd. Cerf, 2001, p. 80.
  34. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 187.
  35. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 275.
  36. a b et c Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 276.
  37. Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, éd. GDP, Nashville, 2012, p. 2.
  38. a b c d et e Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 353.
  39. a b et c Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Bernheim_p354
  40. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 354-355.
  41. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 355.
  42. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 105.
  43. a b et c Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 19.
  44. a b c d e et f Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 455. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Mimouni_Évêques_455 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  45. a b c d et e Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 285.
  46. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 205.
  47. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 133-134.
  48. a et b Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 134.
  49. a b et c Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 134-135.
  50. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 336.
  51. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 2004, p. 136.
  52. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 324.
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  54. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 13.
  55. (en) en:Robert H. Eisenman, James the Just in the Habakkuk Pesher, p. 14, note n° 32.
  56. a b c et d Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 328.
  57. Origène, Contre Celse, (I, 47), cité par Pierre-Antoine Bernheim, op. cit., p. 328.
  58. Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, Grave Distraction Publications I, Nashville (Tenesse), 1997, p. 135.
  59. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 329.
  60. a b et c Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 23-24.
  61. Dans le début des années 50, Paul de Tarse écrtit « je n'ai pas vu d'autres apôtres, si ce n'est Jacques le frère du Seigneur », Nouveau Testament, épître aux Galates 1, 19.
  62. a b et c Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 24.
  63. a b c d et e Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 25.
  64. Marc 6, 1-6.
  65. a b c et d Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 26.
  66. a et b Simon Claude Mimouni, La tradition des évêques chrétiens d'origine juive de Jérusalem, in Studia patristica vol. XL, publié par Frances Margaret Young, Mark J. Edwards, Paul M. Parvis, éd. Peeters, Louvain, 2006, p. 450.
  67. a b et c Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 43.
  68. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 10.
  69. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 137.
  70. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 27.
  71. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 28.
  72. a b c d e f et g Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 34.
  73. a b c et d Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 33.
  74. a b c d et e Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 35.
  75. cf. Eusèbe de Césarée (Hist. eccl. 3, 11) qui cite Hégésippe : « Tous, d'une seule pensée, décidèrent que Siméon, fils de Clopas, qui est mentionné dans le livre de l'Évangile, était digne du siège de cette Église : il était, dit-on, cousin du Sauveur. Hégésippe raconte en effet que Clopas était le frère de Joseph. »
  76. a b c d e et f Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 38.
  77. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 23.
  78. André Benoit, « Les personnages de l'Évangile nommé Jacques » in Aux origines du christianisme, textes présentés par Pierre Geoltrain, Gallimard et Le Monde de la Bible, coll. Folio/Histoire, 2000, pp. 246-250
  79. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 36.
  80. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 36 et 39.
  81. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 39.
  82. Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, éd. GDP, Nashville, 2012, p. 66.
  83. a b c d et e Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, éd. GDP, Nashville, 2012, p. 376-388.
  84. a b et c Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 284.
  85. En particulier Von Campenhausen, cité par François Blanchetière, op. cit., p. 204-205.
  86. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 293.
  87. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 294.
  88. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 296.
  89. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 293-297.
  90. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 298.
  91. a b et c Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 299.
  92. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 300.
  93. Nouveau Testament, épître de Jacques, 5, 1-5, cité par Pierre-Antoine Bernheim, op. cit., p. 301.
  94. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 302.
  95. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 301.
  96. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 301-302.
  97. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 199.
  98. Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, éd. GDP, Nashville, 2012, p. 77-79 ; ainsi que plusieurs autres passages.
  99. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 117.
  100. a et b Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 103.
  101. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 107.
  102. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 105.
  103. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 114-115.
  104. a et b François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 200.
  105. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 115.
  106. Simon Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 102.
  107. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 201.
  108. a et b Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 7.
  109. a b et c Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 8.
  110. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 8-9.
  111. a b c et d Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 9.
  112. Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus,  éd. Albin Michel, 2003, p. 9-10.
  113. a et b André Lemaire, The inscription and the ossuary are authentic, Paris-Sorbonne, avril 2004, p. 4-5.
  114. Le Monde de la Bible, Le « procès en faux du siècle » accouche d’une souris, 1 novembre 2013, paru une première fois dans Le Monde de la Bible no 201, « Aux origines du Coran » (juin-juillet août 2012).
  115. Enrico Norelli, Marie des apocryphes: Enquête sur la mère de Jésus dans le christianisme antique, éd. Labor & Fides, 2009, p. 47-48.

Liens externes

Articles connexes