Chevauchée du Prince Noir (1356)

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Seconde chevauchée du Prince noir
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Informations générales
Date
Lieu Bergeracois, Périgord, Nontronnais, Confolentais, Limousin, Marche, Boischaut, Champagne berrichonne, Berry, Sologne, Touraine Poitou.
Issue Victoire anglaise décisive
Belligérants
Royaume de France Royaume d'Angleterre
Commandants
Jean le Bon
Amaury de Craon
Boucicaut
Le Prince Noir
Bernard d'Albret
Jean de Grailly
Jean Chandos

Guerre de Cent Ans

Batailles


La chevauchée du Prince noir en 1356, qui commence le 4 août 1356, par le départ des troupes anglaises de Bordeaux et se termine par la bataille de Poitiers le 19 septembre 1356 est un raid dévastateur du Prince de Galles, plus connu sous le nom de Prince noir, fils aîné du roi d'Angleterre sur le sol français.
Cette seconde expédition du Prince noir[1] dévaste une grande partie du Bergeracois, du Périgord, du Nontronnais, du Confolentais, du Nord-Ouest du Limousin, de la Marche, du Boischaut, de la Champagne berrichonne, du Berry, de la Sologne, du sud de la Touraine et du Poitou.

Le contexte

Au printemps de 1356, le Prince noir fait assembler à La Réole une force d'environ 9 000 hommes[2].
Les Français en déduisent que le Prince de Galles, se prépare à rééditer la chevauchée de l'automne 1355. Le roi de France, alors au siège de Breteuil, envoya des renforts afin de renforcer l’armée de Charles alors comte de Poitiers positionnée à Bourges afin de l’envoyer rapidement dans le sud de la France soutenir les possessions et villes du Languedoc.

Traversée du Périgord

  • 6 juillet 1356 :
  • 8 ou 9 juillet 1356 :
    • le Prince noir arrive à La Réole ou est réunie une armée forte d’environ 9 000 hommes, en passant logiquement le long de la Garonne, par Saint-Macaire.
    • Le roi Jean apprenant ce rassemblement envoye des renforts afin de renforcer l’armée du comte de Poitiers positionnée à Bourges qu'il puisse rapidement rejoindre le Languedoc et soutenir les villes.
  • Vers le 22 juillet 1356[3] :
  • 23 juillet au 3 août 1356 :
    • La route précise prise par l'armée anglaise n'est pas connue. Il est toutefois supposé[4] qu'il soit passé, entre autres, par Monségur, une bastide devenue anglaise en 1345, Duras dirigée par Gailhard de Durfort et Puyguilhem et que les contrées traversées furent pillées, ravagées et rançonnées comme il en était de coutume à cette époque. La toupe anglaise mis donc 12 jours pour parcourir les 65 km entre les 2 villes. On peut imaginer dans quel état ils laissèrent le pays.
  • 4 août 1356[5] :
    • Les troupes du Prince noir arrivent à Bergerac[6] A Bergerac, le Prince noir divise son armée en deux parties qui prennent des directions différentes :
      L’avant-garde et le corps central, d'environ 6 000 soldats soit environ 10 000 hommes en incluant le personnel non combattant, avec un grand nombre de chariots, qu'il commande prend un itinéraire qui est connu et détaillé grâce à l'Elogium et qui est détaillé ci-dessous.
      L’arrière garde composée des troupes anglaises et gasconne, d'environ 2 000 hommes commandée par le sénéchal qui traversera, pillera et mettra à feu et à sang vraisemblablement[7] l’Agenais, le Quercy, le Rouergue, le sud du Limousin, l'Auvergne et le Berry. On retrouvera ce corps à Saint-Amand-Montrond, Nevers, Bourges, Aubigny-sur-Nère d'où il rejoint le corps du Prince noir à Romorantin.
  • 6 août 1356 :
  • 7 août 1356 :
  • 9 août 1356 :
  • 10 août 1356[11] :
    • Le prince traverse à gué, une rivière[12], près d'un moulin qui précédait un château[13] et une ville fortifiée[14] qui est appelé Quisser[15]
  • 11 août 1356 :
    • Edouard passe un endroit appelé Merdan[16] où il trouve à acheter une grande quantité de poisson[17] et y passe une nuit paisible.
Le château de Ramefort ou dormit le Prince noir dans la nuit du 8 au 9 août 1356

Traversée du Limousin et de la Marche

Traversée du Berry, Boischaut et Champagne berrichonne

Carte du Berry et situation du Boischaut et de la Champagne berrichonne.

Par la suite il arrive à Lury, une vieille ville fortifiée dont on pense qu'elle subit également pillage et incendie.
Il traverse ensuite le Cher, qui marquait la frontière avec le royaume de France, et passe la nuit dans la ville de Virizon[42] qui semble avoir été mis en état de siège depuis 3 jours par le captal de Buch, Jean de Grailly, qui brûle l'abbaye.
Ce même jour, les capitaines de l'arrière-garde anglaise Jean Chandos et James Audley pillent et brûlent Aubigny. L'auteur indique qu'un groupe français de 80 lances commandés par Gris Motoun[43] est défait par 10 lances anglaises de Chandos.

  • 29 août 1356 :
    • Vraisemblablement informé que les passages de Loire étaient gardés ou coupés, le Prince noir dirige son armée vers l'Ouest par la vallée du Cher[44] ou ils font prisonniers 8 soldats d'un détachement d'Amaury de Craon et de Boucicaut[45]. Les prisonniers indiquèrent que le roi de France cherchait à le rencontrer, pour lui livrer bataille[46].
      Le prince envoi alors des troupes en reconnaissance, en direction de Salbris, La Ferté-Imbault et Mennetou. Les anglais prennent les villes et les château, les pillent et les détruisent[47]. La Ferte-Imbault ne sera reconstruite que sous la Renaissance[48],[49].
      Le moine de Malmesbury indique que les anglais arrivent « ad unam villam quae vocatur Frank sita super amnem quae dividit regnum Franciae et ducatum. » La ville de Frank est, selon les historiens, Villefranche-sur-Cher.

Traversée de la Sologne et de la Touraine

Traversé du Poitou et bataille de Poitiers

Course poursuite entre la chevauchée du Prince noir et l'Ost royal.
  • 14 septembre[58] :
  • 17 septembre[59] :
    • Au matin, le prince Noir fonce, avec 200 hommes d'armes, à travers la forêt de Moulière et débouche sur la route de Poitiers à Chauvigny ou il tombe par surprise sur l'arrière garde de l'armée Française forte 700 hommes d'armes et chevaliers à la Chaboterie au Breuil l'Abbesse. Les français totalement décontenancés, s'enfuirent dans la forêt, perdant 240 hommes dont le comte de Joigny, Jean II de Chalon comte d'Auxerre et Jean II de Châtillon qui seront libérés après rançon. Quand le roi Jean apprend que ses ennemis étaient derrière et non devant, il fait retourner sa troupe. Au soir, les deux armées campent l'une en face de l'autre.
  • 18 septembre
    • Les deux camps se préparent à la bataille. Les troupes françaises sont positionnées en 3 batailles[60] de 16 000 hommes chacune :
      • 1re bataille commandée par Philippe duc d'Orléans est composée de 36 bannières et environ 72 pennons dont le connétable de France Gautier VI de Brienne.
      • La 2e bataille est sous les ordres de Charles duc de Normandie et de ses deux frères Louis et Jean ainsi que les seigneur de Saint-Venant, Jean de Landas, Thibaut de Voudenay…
      • La 3e bataille est commandée par le roi de France Jean entouré de 19 chevaliers de l'Étoile.
        Les troupes anglaises sont positionnées également en 3 batailles :
      • la première bataille composée de 2 000 hommes d'armes, 4 000 archers et 1 500 brigands sont positionnés en un lieu très fort situé le long d'un chemin fortifié de haies et de buissons.
      • La grosse bataille du prince de Galles, avec sa cavalerie et l'élite des barons anglais et gascons se tenait un peu en arrière de la première bataille.
      • la 3e bataille était placéé plus loin à droite de la position de Maupertuis, sur une colline, sous le commandement de William Montagu, comte de Salisbury avec 300 hommes d'armes et 300 archers.
        Le roi allait donner le signal d'attaque lorsque deux légats pontificaux accourus en toute hâte de Poitiers vinrent parler de trève et de négociations pacifiques. Malgré le bon vouloir du Prince Galles, qui manquait de vivres, on ne put s'entendre et l'armistice consenti par le roi fut rompu le lendemain matin.
  • 19 septembre :
    • à 6 heures du matin, la bataille de Poitiers s'engage, elle se termine à midi.
      Les Français perdent 13 comtes, 1 archevêque, 66 barons et bannerets et 2 000 hommes d'armes.3 000 hommes d'armes sont tués dans la poursuite sans compter les comtes, vicomtes, barons, bannerets… Les Français laissèrent sur le champ de bataille 8 000 hommes d'armes.
      Les Anglais ne perdent que 1 900 hommes d'armes et 1 500 archers.
      En outre, le roi de France Jean le Bon est fait prisonnier par Denis de Morbecque. Jean le Bon est le 2e souverain français à être capturé sur un champ de bataille[61].
      Édouard III exige une énorme rançon de quatre millions d'écus d'or pour sa libération. Son prestige est au plus haut contrairement à celui de la noblesse française. Le roi étant captif, le royaume va sombrer dans la guerre civile.

Retour à Bordeaux

Bilan

Angleterre

La chevauchée du Prince noir en 1356 est une très grande victoire pour l’Angleterre, plus grande encore que celle d’Édouard III en 1346.

France

D'un point de vue militaire, la défaite de Poitiers est plus humiliante que celle de Crécy. En effet ces deux batailles sont identiques, avec des stratégies identiques et des échecs identiques.

En 10 ans, les Français n’avaient pas su faire évoluer leur technique militaire. Comme en 1346, l’armée française comptait encore presque exclusivement sur sa cavalerie et n’avaient pas d’archers dans ses rangs. La conception de guerre n'avait pas évoluée, les Français se battaient, très courageusement, en un engagement ou de chevaliers se ruaient les uns sur les autres, stratégie militaire du XIIIe siècle totalement dépassée.

La bataille de Poitiers, n'avait été livrée que contre un corps expéditionnaire, valeureux certes, mais bien loin de l'expérience et la force des troupes royales.

À Crécy, Philippe VI, en constatant son échec, avait quitté le champ de bataille. Jean le Bon décide que l’affrontement avait été un échec. Jean, quant à lui, décide de rester. Ce comportement, chevaleresque, héroïque, mais inutile causa de grands troubles dans le royaume de France.

Après la convocation des États généraux, le gouvernement du royaume est confié au dauphin Charles. Cette régence s'annonce difficile. En décembre 1356, le dauphin publie une ordonnance donnant cours à une nouvelle monnaie. Des échauffourées éclatent et Étienne Marcel parvient à faire révoquer l’ordonnance. En 1357, Étienne Marcel, tente d'imposer un contrôle sur la monarchie française. Les traités de Londres instaurent, l'insécurité et la guerre civile s'installe.

Articles connexes

Bibliographie

Notes et références

  1. La première expédition du Prince noir eut lieu en 1355 le menant jusqu'à Béziers et Narbonne
  2. Les chiffres donnés le plus souvent sont de 8 000 à 10 000
  3. La date exacte n'est pas connue
  4. Dans les traces du Prince noir; le chemin vers Poitiers 1355-1356 de Peter Hoskins
  5. L’Eulogium Historiarum sive Temporis indique qu'il s'agit d'un jeudi
  6. Écrit Brigrake dans l'Elogium, ou Brygerake. Bri-ge-rake → Bergerac
  7. On ne trouve aucun écrit concernant cette colonne et son itinéraire. On sait seulement la colonne, autre que celle du Prince noir à suivie une route beaucoup plus à l'Est
  8. Ibi dominus Bartholomeus de Borowasch cum suis duas magnas villas muratas conquisivit quas dominus de Marsan ad usum domini principi custovidit qui quidem villas praedictas ad magnum damnum inimicorum viriliter et robuste usque ad adventum principis custovidit.
  9. Roland Delachenal dans Histoire de Charles V et Tourneur-Aumont dans la bataille de Poitiers
  10. La chevauchée du Prince noir à La Chapelle-Faucher
  11. Le 10 août est un mercredi mercurii jour de la Saint Laurent in die Sancti Laurentii
  12. Peut-être la Dronne
  13. Peut-être le Château de Vaugoubert du Moyen Âge.
  14. unum castellum fortissimum et una villa quae nominatur (vocatur) Quisser
  15. On suppose que le nom de ce village est Quinsac mais ce n'est pas une certitude
  16. On suppose que le nom de ce village est soit Nontron soit Saint-Martin-le-Pin soit à Badeix commune de Saint-Estèphe ou se trouvait un prieuré de l'Ordre de Grandmont
  17. Les moines ont creusé de très grands étangs
  18. Vraisemblablement vers le Port
  19. Manot-Présentation de la commune-Historique 4e ligne
  20. En passant selon toute vraisemblance par Saint-Maurice-des-Lions
  21. Assumptionis Beatae Mariae
  22. Circuit du Prince Noir - Bussière-Boffy
  23. Le Prince Noir à Bussière-Boffy
  24. Bussière-Boffy au Moyen Âge : l’enclos paroissial
  25. chateau-du-fraisse 2e strophe
  26. L'ancienne demeure de Rochelidou
  27. Elle est sa seconde épouse. Marie de Saint-Pol est la fille de Guy de Châtillon, comte de Saint-Pol. Elle est connue pour avoir fondé le Pembroke College de l'Université de Cambridge.
  28. Die martis sequenti venit princeps ad villam de Belelak quae fuit comitissae de Penbroke, pro cujus amore villa fuit salvata ab incendio
  29. Le nom de la ville n'est pas cité, mais Jacobo Burboun (Jacques Ier de Bourbon-La Marche) était propriétaire du château de Le Dorat
  30. Le 19 août 1356 est un vendredi
  31. villam quae vocae Luchank
  32. Tombe d'un chevalier du Prince noir à Lussac-les-Églises
  33. Il veut faire payer aux Anglais une dette de l'an 1356 sur RTL
  34. Il veut faire payer aux Anglais une dette de l'an 1356
  35. Le butin enviable du Prince noir
  36. Le 22 août est un lundi
  37. Crozant
  38. Histoire de Déols et Chateauroux T1 p. 277 par le Docteur Victor-Albans Fauconneau-Dufresne
  39. André de Chauvigny fils de Louis de Chevigny
  40. Il s'agit du château de La Ferté sur la commune de Reuilly (Indre) et pas du château de La Ferté-Imbault qui subira le même sort mais quelques jours plus tard lors de l'attaque contre Salbris
  41. vicecomitis de Todard
  42. Postea transivit unam aquam quae dividit ducatum et regnum Franciae et vocatur Cheri et pernoctavit in villa de Virizon.
  43. Philippe de Chambly dit Gris Mouton
  44. Le siège de Romorantin par le Prince de Galles par R Crozet
  45. Domini de Cron et de Bursigaud.
  46. Eodem die nova venerunt principi quod rex Franciae voluit congredi cum eo, unde multum laetatus est.
  47. Le Château de la Ferté Imbault
  48. Histoire de La Ferté-Imbault
  49. La Ferte-Imbault
  50. Fuit enim ibi aliud castrum juxta illud fortissimum valde quantum ad jactus saggittae quod vocabatur le Doungoun, illud autum magnum damnum ingessit hominibus principis.
  51. Bernardet était un jeune bachelier de la Maison d'Albret. Il fut tué par une pierre lancée par un mangonneau.
  52. Vies des grands capitaines français du Moyen Âge Par Alexandre Mazas p. 166
  53. Die veneris et die sabbati submiserunt ignem ad turrim ita quod inclusi non possent bene ignem extingue cum vini et aqua, quod in parva quantitate habedant intra se.
  54. Die lunae sequenti venit princeps ad terram quae fuit de dominio comitis de Bisser et Burgilloun. Les historiens indiquent Bisser et Burgilloun sont selon toute vraisemblance les comtés d'Auxerre et de Bourgogne sans indiquer de noms de villes ou de villages.
  55. Die Martis venit princeps ad unum castrum de comitatu de Bloys, quod est situm super amnen de Cher. Le nom n'est pas cité, toutefois à la lecture d'une carte, il semble très probable qu'il s'agisse du château de Montrichard
  56. …ad Aumounk Super Leir juxta Tours nobilis civitas et perpulchra…
  57. Le 12 septembre est un lundi
  58. Le 14 septembre est un mercredi
  59. Le 17 septembre est un samedi
  60. Bataille au sens corps de combat
  61. Le premier était Saint Louis à la Bataille de Mansourah puis viendront François Ier à la bataille de Pavie et Napoléon III à la bataille de Sedan
  62. Le 20 septembre est un mardi
  63. unam villam vocatam le Roche
  64. Die Sabbati transivit aquam de Charente et venit ad villam de Bertile sed jacuit ad villam de Mortoun
  65. Il s'agit d'Aimeri III de La Rochefoucauld

Sources

  • Cet article utilise comme support principal L'Elogium Historiarum écrit en latin. Une relecture apporterait des éléments complémentaires ou/et correctifs.
  • Les sources secondaires sont citées en bibliographie