Utilisateur:Jolek/Archivage Lacan relecture 30 05 2015

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Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse (1901-1925)[modifier | modifier le code]

Minorité (1901-1923)[modifier | modifier le code]

Jacques Marie Émile Lacan naît le 13 avril 1901 et est le premier enfant[1] d'une famille de cette moyenne bourgeoisie qui prospère durant la phase de grand progrès technique qu'est la Belle Époque. Son grand père paternel Émile Lacan était un placier[2] qui avait épousé Marie Julie Dessaux la sœur de son patron[2], vinaigrier à Orléans[3],[note 1]. Jacques Lacan grandit, en compagnie d'une gouvernante, dans l'appartement parisien de ses grands-parents, avec lesquels habitent ses parents, situation à l'origine, d'une rupture entre père et grand-père[4]. C'est un milieu marqué, selon Roudinesco, par le « cléricalisme et [l'] hostilité aux valeurs de la République et de la laïcité »[5]. Sa mère surtout, Émilie Baudry (1876-1948), fille de rentier enrichi dans l'écachage d'or est très pieuse[6] tandis que son père, Alfred (1873-1960), se consacre à son travail en tant que responsable financier des mêmes vinaigres Dessaux à Paris. Son puiné naît en 1902 et meurt d'une hépatite en 1904[7]. Sa sœur Madeleine Marie Emmanuelle, qui se mariera avec un cousin, Jacques Houlon, et vivra longtemps en Indochine[8], naît en 1903[7]. Marc Marie, son cadet de sept ans, se fera moine bénédictin sous le nom de François[9].

Jacques Lacan fera sa scolarité au collège Stanislas[10],[11] établissement d'enseignement privé catholique[note 2], où il suit brillamment[13] à partir de 1907 le cursus primaire puis secondaire malgré une complexion maladive et de nombreuses absences[14],[note 3]. À quatorze ans, il découvre l' Éthique de Spinoza[14],[note 4] à partir duquel devenu étudiant en médecine, il fondera selon Bertrand Ogilivie, son rejet d'une explication des délires par la lésion d'un organe[16],[note 5]. À une époque où le fou continue bien souvent d'être vu comme un dégénéré et est enfermé comme un criminel, c'est encore sur l'Éthique[note 6] qu'il appuiera sa démarche de considérer la folie raisonnante[note 7], selon Bertrand Ogilvie, non comme une altération de la raison mais comme l'expression d'un désir obéissant à une logique propre[19], différente du sens commun mais pas moins digne.

Vers la fin de la Grande guerre Lacan rompt avec son milieu[20],[11]. En classe de philosophie, durant l'année 1917-1918, il reçoit avec un intérêt vif l'enseignement de Jean Baruzi (avec lequel il nouera plus tard des liens d’amitié)[14],[21], auteur d'une thèse sur Jean de la Croix, ayant une conception de l'étude des religions orientée vers l’étude scientifique, historique et comparative[note 8], Baruzi s'intéresse également à Leibniz, Saint Paul et Angelus Silesius. Saint Paul sera une référence importante dans la réflexion ultérieure de Lacan sur le désir et la loi[23] et Angelus Silesius sera cité lui aussi à plusieurs reprises[24].

Son père, rentré du front, n'est plus le même, le père aimant de son enfance. Le fils renonce à la foi[25], fréquente la librairie d’Adrienne Monnier[note 9] et y découvre Dada[20],[11] et le premier surréalisme avec la revue Littérature[20]. Il rencontre André Breton et Philippe Soupault[20] qui expérimentent l'écriture automatique (dans Les Champs magnétiques par exemple), sorte d'association libre à visée littéraire simulant le petit automatisme mental des fous. Aussi est ce contre l'avis de son père qu'il débute des études de médecine à la rentrée 1919.

Étudiant dans le quartier latin des années folles, il assiste à la première lecture d'Ulysse de James Joyce à la librairie Shakespeare & Co.[20],[11], donnée par Sylvia Beach le 7 décembre 1922. En 1923, il entend parler pour la première fois de Sigmund Freud[20]. La même année, il est exempté du service militaire du fait de sa faible constitution. Germaniste accompli, il lit Nietzsche en allemand et scandalise son ancien lycée et sa famille en proposant à son petit frère de lire pour la fête de la Saint Charlemagne de l'année 1925 l'éloge qu'il a rédigé de l'auteur de Par delà le bien et le mal[26].

Incertitudes maurrassiennes (1923-1925)[modifier | modifier le code]

Dès 1923, il s'intéresse aux idées de Charles Maurras, sans pour autant adhérer au principe de l’antisémitisme[20]. En 1924, au terme de l'externat, d'après une lettre à Charles Maurras, Jacques Lacan interrompt ses études de médecine et envisage de s'installer au Sénégal[27]. Introduit auprès de Maxime Weygand, c'est en monarchiste nouvellement converti qu'il se présente à Léon Daudet, ex-étudiant en médecine qui accompagna son aîné Sigmund Freud en 1886 au cours de Jean-Martin Charcot. Il sollicite avant son départ un appui, un rendez vous avec Charles Maurras[27],[note 10], peut être pour faire de la politique[38]. L'entrevue dure cinq minutes, en suite de quoi il participe à des réunions de l’Action française[20],[31].

Selon Bertrand Ogilvie, la sociologie positiviste de Maurras, qui présente le sujet comme un produit de son milieu[39], partant de sa culture, a pu créer un malentendu avec une conception qu'Édouard Pichon poussera jusqu'à l'absurde d'un inconscient national. Le jeune Lacan s'inspire[40] pour sa part de la thèse de l'éthologue Jakob von Uexküll[41] sur le rôle déterminant de l'environnement non pas seulement sur l'évolution des espèces mais sur l'élaboration d'un langage. Il se montre en cela fidèle au projet spinozien d'une anthropologie déterministe[42], de ce déterminisme qui réduit l'illusion cartésienne du libre-arbitre[43] à l'inconscience de ses déterminations[44], en particulier de ses déterminations sociales. En cela, il préfigure[16] la conception de Claude Lévi-Strauss qui identifie le développement du psychisme individuel à un jeu dans la structure sociale à laquelle appartient cet individu[45].

Interne des asiles (1926-1932)[modifier | modifier le code]

L'entrée dans la langue des fous (1926-1927)[modifier | modifier le code]

Le départ pour les colonies n'aura finalement pas lieu et l'étudiant reprend son cursus à la Faculté de médecine de Paris en neurologie, la spécialité psychiatrie n'existant pas à l'époque.

Parce qu'il a perdu la foi pendant son adolescence et qu'il se sent une responsabilité d'ainé, il vit comme un échec personnel l'ordination sacerdotale de son frère à l'abbaye d'Hautecombe en 1926[8]. Le 4 novembre[note 11], il fait sa première présentation de malade sous la direction du neurologue Théophile Alajouanine[note 12] à la Société neurologique de Paris[46],[47],[note 13]. Il réussit le concours qui lui permet de commencer en 1927 son internat dans le service « Clinique des Maladies mentales et de l’Encéphale » que dirige Henri Claude et qui fut l'un des maîtres de Lacan[48] à Sainte Anne (et dans lequel il restera jusqu'en 1931)[46] lui permettant de passer ainsi de la neurologie à la psychiatrie[46].

Il s'initie pour les besoins de ses observations à la linguistique structuraliste de Ferdinand de Saussure— dont il fera deux décennies plus tard un usage particulièrement « fécond »[49] — à travers un ouvrage[50] d'Henri Delacroix[49], ancien élève d'Henri Bergson, auquel il faisait référence pour la clinique d’un cas de psychose, qu'il présentera la 11 décembre 1931 à Société médicopsychologique, où le délire s'exprime par une forme de langage écrit[51],[note 14]. C'est qu'il découvre à l'asile, l'hôpital psychiatrique de l'époque, que, contrairement à ce qui est enseigné mais dans la ligne de ce que Jules Seglas[52] a repéré en 1888[53] et publié en 1913 de la « mélancolie anxieuse », le déficit de la pensée des patients n'est pas antérieur mais consécutif à leurs hallucinations et qu'il arrive même que leurs délires, construits par négation (analgésie, hypocondrie, idée d'immortalité, mégalomanie, etc.), s'expriment, avant de conduire à la vésanie, avec force et vivacité dans un discours à la structure grammaticale singulière mais riche, notamment par des écrits plus ou moins poétiques[54]. Ce qu'il lui est donné d'observer, ce sont des cas Schreber in vivo.

L'école française des aliénistes (1928-1930)[modifier | modifier le code]

À Sainte-Anne, l'interne Lacan est au cœur de l'école de la clinique des formes les plus inexplicables de la psychose, celles de la paranoïa délirante, telles que les y a décrites de la manière la plus fine jusqu'à quelques décennies plus tôt Valentin Magnan[55], telles que continuent de les enseigner Henri Claude. Toutefois dans la très grande majorité des cas le patient reste traité en rebut et l'étiologie toujours attribuée à une supposée dégénérescence physique. Lacan bénéficie d'échanges de vues avec les aliénistes les plus brillants, du partage des cas les plus remarquables, et du soutien du cercle de recherche que constitue la revue L'Évolution psychiatrique[56] animé par Angelo Hesnard, René Laforgue, Henri Codet, Adrien Borel et Eugène Minkowski.

C'est auprès du chef du service de l'asile de Maison Blanche et ami[57] Marc Trénel[58], élève de Paul Sérieux et spécialiste de la psychiatrie légale[59], qu'il apprend la clinique des troubles du langage[60]. Le 2 novembre 1928, il présente à la Société neurologique de Paris[61] un cas diagnostiqué comme étant de pithiatisme[62],[63] résistant à la « psychothérapie »[63] dont il diagnostique la nature psychonévrotique en l'absence de lésion organique[63].

Il exerce son année d'internat 1928-1929 à infirmerie spéciale des aliénés de la préfecture de police de Paris[46],[note 15] sous la direction de Gaëtan Gatian de Clérambault. Lacan dira que c'est auprès de l'inventeur de l'automatisme mental et de l'érotomanie qu'il apprend à observer les néologismes « idéogéniques » par lesquels Paul Guiraud caractérise les langues psychotiques[64]. En dépit de son opposition au point de vue mécaniste et organiciste de Clérambault[65] et selon Paul Bercherie des jalousies sourcilleuses de celui ci[66],[note 16], il reconnaitra en lui[58], non sans une ingratitude provocatrice à l'endroit des nombreux professeurs brillants dont il aura reçu l'enseignement[67] et Sigmund Freud, ni une ironie douce contre ceux qui se targuent d'une position supérieure, son « seul maître en psychiatrie »[68]. Par ailleurs, il qualifiera l'automatisme mental de Clérambault de « conception élémentaire »[54].

Relations triangulaires et surréalisme ou la folie faite art (1928-1930)[modifier | modifier le code]

Παντα ῥει[69]
Choses que coule en vous la sueur ou la sève,
Formes, que vous naissiez de la forge ou du sang,
Votre torrent n’est pas plus dense que mon rêve ,
Et si je ne vous bats d’un désir incessant,
Je traverse votre eau, je tombe vers la grève
Où m’attire le poids de mon démon pensant ;
Seul il heurte au sol dur sur quoi l’être s’élève,
Le mal aveugle et sourd, le dieu privé de sens.
Mais, sitôt que tout verbe a péri dans ma gorge,
Choses qui jaillissez du sang ou de la forge,
Nature –, je me perds au flux d’un élément :
Celui qui couve en moi, le même vous soulève,
Formes que coule en vous la sueur ou la sève,
C’est le feu qui me fait votre immortel amant.
Melancholiae Tibi Bellae[note 17]. Hardelot. 6 août 1929
Sonnet de Jacques Lacan dans une phase surréaliste[note 18]
intitulé Hiatus irrationnalis et adressé à Ferdinand Alquié,
publié en 1933 aux côtés de Arp, Goll, Asturias et Queneau[70].

Pendant la période de l’internat, Lacan habite un modeste meublé, rue de la Pompe[note 19] et était l’amant à cette époque de Marie-Thérèse de Bergerot, de quinze ans son aînée puis il tombe amoureux vers 1929 d'Olesia Seinkiewicz, deuxième femme de son ami Pierre Drieu la Rochelle qui venait de la délaisser pour Victoria Ocampo[72]. La liaison avec Olesia durera jusqu'en 1933 et demeurera secrète[71]. Elle dactylographiera sa thèse[56] tandis que Marie-Thèrèse en financera l’impression[71].

Selon Victoria Ocampo, il fréquente le cercle décadent de la comtesse Isabel Dato[73] où il se lie avec Georges Bataille, qu'il ne suivra cependant pas dans le mouvement anti mussolinien du Cercle communiste démocratique, et avec Pierre Drieu la Rochelle, qui a quitté sa femme en 1929 pour complaire à la jalouse Victoria Ocampo. Celle-ci, de passage à Paris pour organiser une exposition Tagore, promet à l'écrivain d'entrer au comité de rédaction de sa future revue Sur.

En juillet 1930, la lecture de L’Âne pourri de Salvador Dalí[74] dans la revue Surréalisme au service de la révolution, allait lui permettre de « rompre avec la doctrine des constitutions et de passer à une nouvelle appréhension du langage dans le domaine des psychoses »[75],[note 20] à travers une conception particulière de Dalí nommée la méthode paranoïaque-critique[75]. Lacan contacte le peintre et vient l'écouter dans sa chambre d'hôtel disserter sur des rapports entre création artistique et paranoïa qui permettraient de surpasser la passivité de l'écriture automatique. À partir de décembre, il retrouve au Cyrano de la place Blanche le directeur de la revue, André Breton, ancien infirmier psychiatrique sensible au rôle de suppléance joué par le délire et adepte de Freud qui est allé rencontrer celui-ci à Vienne en 1922.

L'école allemande du Burghölzli et le concept de personnalité paranoïaque (1930-1931)[modifier | modifier le code]

En août et septembre 1930, il accomplit, peut être grâce à l'entremise d'Eugène Minkowski, un stage à la Polyclinique du Burghölzli, qui en est le service de psychiatrie ambulatoire, sous la direction de l'ex assistant de Carl Gustav Jung et successeur d'Eugène Bleuler, Hans Maier (de)[57]. Il poursuit l'expérience de soins sans enfermement systématique de 1931 à 1933 à l’hôpital qu'Henri Rousselle a ouvert en 1922[77] dans les locaux du service des admissions et de l'infirmerie de l'hôpital Sainte-Anne. Établissement autonome dirigé par Édouard Toulouse, c'est le premier service ouvert[77]. Avec son dispensaire et son service social[77], il préfigure, non sans insuffisances, la politique de secteur qui se mettra en place en 1960 à partir de l'impulsion donnée par Georges Daumezon.

C'est au cours de cet internat dans l'établissement Henri Rousselle[57], établissement le plus avancé de la recherche psychiatrique[57] à Sainte-Anne qu'il obtient un diplôme de médecin légiste[57] et surtout qu'il peut faire l'observation de la genèse de la paranoïa et du développement du délire à partir de ses propres prises en charge et les théorise, en suivant la voie de la phénoménologie de Eugène Minkowski[78],[79],[note 21], vu en 1931 dans « Structures des psychoses paranoïaques »[80] « premier texte doctrinal »[81] où la paranoïa est vue comme un effet de « structure » au sens phénoménologique et sous l’influence de Clérambault[81]. Avec le chef de clinique Henri Ey, il applique la leçon de Hans Maier (de) de rapporter les symptômes, au-delà de leur description détaillée, à la personnalité propre du patient[82], conception empruntée[83] à Karl Jaspers[84]. Pour faire valider sa formation, il se contraint à un discours conformiste sur l'hérédodégénérescence mais s'efforce d'y apporter toutes les nuances possibles[85]. Du côté du freudisme, ce ne sont que déchirements teintés de chauvinisme entre partisans et opposants de l'analyse profane, au spectacle duquel il assiste les 30 et 31 octobre 1931 avec son collègue Henri Ey lors de la sixième Conférence des psychanalystes de langue française.

C'est cependant dans le service voisin d'Henri Claude — qui défendait la psychanalyse en psychiatrie[note 22]  — qu'il perfectionne en compagnie d'Henri Ey[86] et Pierre Mâle la clinique. C'est là que Georges Dumas, titulaire de la chaire en psychopathologie de la Sorbonne, opposé à Henri Claude et à la psychanalyse et qui fut un maître pour Lacan[87], a fondé selon Michel Caire le célèbre Laboratoire de psychologie[77], lieu de tous les débats. C'est là que Georges Heuyer, successeur intérimaire d'Ernest Dupré en 1921, a introduit la psychanalyse dans l'institution hospitalière en confiant le poste de psychologue à Eugénie Sokolnicka. S'il est un tenant de l'hérédodégénérescence, Georges Heuyer est sensible à l'efficacité d'une écoute du patient, qu'il assimile à un soin psychologique, et reste ouvert à la psychanalyse, à condition que son exercice soit réservé de préférence à des femmes non médecins. Parce qu'Henri Claude en prenant ses fonctions en 1922 a révoqué celle-ci au motif que la psychanalyse devrait être réservée aux médecins, Georges Heuyer, qui a donc besoin d'une preuve médicale de l'efficacité de la psychanalyse, encourage l'interne Lacan à accomplir le saut épistémologique qui est de donner une étiologie psychanalytique au délire[56]. C'est ainsi que le 18 juin 1931, à la section féminine, lui est confié l'examen d'une érotomane criminelle, suivie par Joseph Lévy-Valensi[88] et Daniel Lagache, qui relève de sa spécialité, la médecine légale.

L’année 1931 est une année charnière pour Lacan, celle où il débute une synthèse, en partant de la paranoïa, de « trois domaines du savoir : la clinique psychiatrique, la doctrine freudienne et le deuxième surréalisme »[89]. Cela le conduira, en s’appuyant sur une « brillante connaissance de la philosophie »[89],[note 23] et après le « cas Aimée », à rédiger sa thèse qui « fera de lui un chef d'école »[89].

Aimée ou la psychanalyse sortant du puits de la médecine (1932)[modifier | modifier le code]

Le cas Aimée lui donne les arguments de sa thèse de doctorat, intitulée De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité[90],[91]. Soutenue en novembre 1932 devant un jury présidé par Henri Claude[71]. Elle lui confère le diplôme de docteur en médecine, spécialité médecine légale, ainsi que le titre d'assistant des hôpitaux.

Sa thèse est, selon Robert Misrahi[92] « placée sous le signe »[93] et l'« esprit »[93] de Spinoza, cité à la première page et en fin de l’ouvrage, notamment à travers la notion de parallélisme, réponse au problème de l’union de l'âme et du corps[note 24] et au problème posé dans la psychiatrie par les théories de l’hérédité-dégénérescence[94]. Selon Bertrand Ogilvie, Jacques Lacan, par un renversement d'une morale qui fustige l'illusion[95] réitère la leçon spinozienne qu'au contraire la vie psychique de chacun est d'agir pour la satisfaction de ses différences[96], et invite à reconnaître que chez le paranoiaque « les illusions n’ont pas moins de consistance et d’intérêt que les vérités »[97], c'est-à-dire qu'il a une personnalité propre, éventuellement productive et poétique, et non pas seulement altérée. Il s'agit de substituer à la tentative de dialogue normative une analyse des mécanismes de ces illusions au sein du monologue du psychotique pris au sérieux[98]. Cette conception « situe la paranoïa — et la folie en général —, non plus comme un phénomène déficitaire relvant d'une anomalie, mais comme une différence ou une discordance par rapport à une personnalité normale »[99],[note 25]. Lacan rapproche le concept spinozien de discordance avec celui de clivage du moi de Freud[100],[note 26].

La définition et la causalité de la paranoïa selon Jacques Lacan s'inscrit dans une perspective dynamique et non plus organique, remettant en cause le fait que la psychose pourrait avoir une origine unique, et avancant au contraire l'idée de détermination multiple[101],[note 27]. Ainsi « Lacan inaugurait, à la manière de Freud, un mode de pensée topique, qui se retrouvera tout au long de son trajet intellectuel »[102]. Lacan, à travers le cas Aimée quittait la psychiatrie pour la psychanalyse et « c'est à Freud et à ses disciples qu'il empruntait des concepts cliniques [...] il abordait le continent de la folie à partir de la révolution freudienne et du primat de l'inconscient »[103],[note 28]. Dès lors, la paranoïa, et la psychose, étaient elles comprises comme étant curables et Lacan invitait la psychiatrie a quitter tout organicisme et à abandonner la position répressive pour adopter les principes de tolérance, de prophylaxie et de la cure psychanalytique[106].

Si la thèse occupe une place particulière dans l’itinéraire de Lacan dans la mesure où « elle est encore une oeuvre de psychiatrie tout en étant déjà un texte de psychanalytique »[93], il se démarque de la première génération psychiatrico-psychanalytique française qui avait intégré le freudisme à une refonte de la théorie de l’hérédité-dégénérescence, Lacan au contraire montre son refus « d'intégrer la psychanalyse à la psychiatrie » et la « nécessité absolue de faire primer l’inconscient freudien dans toute élaboration nosographique issue de la psychiatre »[107] ; ajoutant à cela une valorisation des conceptions philosophiques et psychiatriques allemandes au détriment des conceptions françaises, dites « latines »[note 29], Lacan rejoignait les surréalistes[108]. En cela « était-il le premier penseur de la deuxième génération psychiatrico-psychanalytique à opérer une synthèse entre les deux grandes voies de pénétration du freudisme »[108] en France, entre la voie psychiatrique et la voie surréaliste. Lacan regretta de n’avoir pu mener une cure psychanalytique avec Aimée comme il le note dans sa thèse[note 30],[93].

La thèse resta cependant ignorée par la première génération de psychanalystes français[109],[note 31]. En psychiatrie, c'est son camarade Henri Ey qui rédigea un compte-rendu élogieux dans L'Encéphale[109]. Ce sont des personnalités du milieu artistique et littéraire[109], Paul Nizan, René Crevel[note 32], Salvador Dalí[note 33], Jean Bernier[note 34] — tous traversés à des degrés divers par un engagement marxiste[109] —, qui concoururent à faire de Lacan un « maître à penser pour le futur mouvement psychanalytique français »[109] en tant que « chantre d'une doctrine matérialiste dans le domaine des maladies de l’âme »[109]. Cela conduira Lacan a abandonner sa théorie de la personnalité d’influence spinoziste et la phénoménologie psychiatrique pour se tourner un matérialisme hégéliano-marxiste, ce qui le mènera quatre ans plus tard à s'initier à La Phénoménologie de l’esprit et à la pensée heideggerienne à travers Kojève et Koyré[110],[note 35].

Médecin des asiles (1933-1953)[modifier | modifier le code]

Un clinicien parmi les profanes (1933-1934)[modifier | modifier le code]

Lacan traduit en 1932 pour la Revue française de psychanalyse un texte de Freud paru en 1922 et intitulé « De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité » dont le thème se rapportait à une nouvelle conception de la paranoïa[76],[note 36].

Lacan a entamé en juin, quelques mois avant la soutenance de sa thèse, une psychanalyse auprès de Rudolph Loewenstein[113], médecin zurichois installé à Paris en 1926 et amant de Marie Bonaparte. Celle-ci, unique analysante de Sigmund Freud en France avec Eugénie Sokolnicka, est la mécène de la SPP. Cette analyse commencée à la trentaine n'est en rien une formalité. Elle coïncide en effet avec la fin des aventures féminines qui le conduira au mariage et avec une distanciation des surréalistes qui l'inscrit dans la carrière médicale. En octobre 1933, il est invité par son professeur Hans Maier (de) à écouter Ferdinand de Saussure lors de la conférence annuelle de la Société suisse de psychiatrie[82].

Quelques semaines plus tard, Man Ray et Paul Éluard[114], le sollicite au sujet du procès des sœurs Papin. Celui-ci a pris une tournure politique, les partisans de l'ordre espérant une condamnation à mort[115]. L'assassinat de la patronne des deux domestiques est vu comme l'expression d'une révolte de classe. Jacques Lacan intervient[116] pour appuyer son collègue le Docteur Logre et les journalistes Jean et Jérôme Tharaud dans leur contestation des trois experts[117] qui ont conclu à la responsabilité pénale. Le cas lui est l'occasion de reprendre la conception des crimes passionnels formulée dans sa thèse à savoir que le passage à l'acte est la satisfaction d'un désir, une auto punition[118], résolvant un délire soudain. Il exclut de cette façon la préméditation. Il précise que l'énucléation à vif répond à une image, à réaliser donc, de soi au miroir de l'autre comme le corps morcelé qu'est le sujet hors construction œdipienne. Il s'appuiera sur le cas Papin pour réviser sa théorie des psychoses jusqu'en 1950[119].

Le 29 janvier 1934, il épouse Marie-Louise Blondin, dite Malou, sœur rencontrée quelques mois plus tôt de son ami Sylvain Blondin, chirurgien des hôpitaux. Presque simultanément à l'obtention du titre de médecin des asiles, sa demande d'adhésion à la SPP est agréée le 20 novembre 1934, trois jours après le suicide de son ancien professeur Gaëtan Gatian de Clérambault.

Danse intellectuelle sur un volcan (1935-1937)[modifier | modifier le code]

En février 1935, Marie Bonaparte lui présente Michel Leiris. Les années trente sont celles de sa participation au séminaire qu'Alexandre Kojève, ruiné par la Grande Dépression, donne sur la phénoménologie hégélienne à l'École pratique des hautes études. C'est un lieu d'échange entre des personnalités très différentes Raymond Aron, Jean Hyppolite, Georges Bataille... Le cours, transcrit par Raymond Queneau, se prolonge dans un café de la place de la Sorbonne autour de Maurice Merleau-Ponty, Pierre Klossowski, Alexandre Koyré. Pour Lacan, c'est un moment de formation intellectuelle important[120]. Dans le discours de Kojève, il retrouve formulé en système ce que la clinique lui donne à observer, la conception spinozienne[121] du désir humain comme désir de désir, la dimension, primordiale pour Lacan comme pour Kojève, de la reconnaissance, voire l'affirmation de la nature imaginaire du moi[122].

En 1936, il déménage 97 boulevard Malesherbes, où il ouvre une consultation de psychanalyse. C'est là qu'en la présence silencieuse du psychiatre se tiennent les comités de rédaction de L'Acéphale, antithèse de la revue « scientifique » L'Encéphale. La revue prolonge dans le champ littéraire le combat politique du mouvement Contre attaque[123], dissous en mars 1936 à la suite de la rupture entre Georges Bataille et André Breton. Ce mouvement, soutenu par la revue La Critique sociale dans son opposition au stalinisme, était lui-même une dissidence fondée le 7 octobre 1935 en réponse à l'exclusion du Parti communiste des surréalistes, accusés par Ilya Ehrenbourg de « pédérastie », et en réaction au suicide de René Crevel.

En août, Jacques Lacan participe pour la première fois au congrès de l’IPA, qui se tient cette année à Marienbad. Il est invité le 31 juillet[124] à y prononcer une communication brève sur le stade du miroir, dont le texte est perdu[124], mais le président Ernest Jones, connu pour être peu complaisant, ne le laisse pas terminer au-delà des dix minutes imparties[125]. C'est la première fois qu'on ose ne pas se contenter de paraphraser Sigmund Freud, de se référer à des savants non psychanalystes, en l'occurrence Henri Wallon, de proposer un concept original. La réception est plutôt chaleureuse[126].

Le 8 janvier 1937 nait son premier enfant, Caroline[127], future mère de Fabrice Roger-Lacan. « Malou » aura deux autres enfants de lui, Thibault, né en 1939, et Sibylle, née en 1940.

Ruptures (1938-1940).[modifier | modifier le code]

En 1938, l'Encyclopédie française fait appel au Docteur Lacan pour rédiger l'article Famille mais la reconnaissance par ses pairs, en fait Rudolph Loewenstein, de sa pratique de psychanalyste tarde, alors que son confrère Daniel Lagache, universitaire agrégé, est titularisé par la SPP dès 1937. De simple membre, il n'en devient lui-même membre titulaire que le 20 décembre 1938 après un exposé clinique illustrant la rénovation de la psychiatrie par la psychanalyse, en l'occurrence le concept d'impulsion et plus généralement la pratique de l'écoute des patients[128]. À la recherche d'une structure préœdipienne correspondant à un stade du moi morcelé, il en appelle à cette occasion à une notion de Réel, lieu d'une « pulsion à l'état pur » se manifestant par une « béatitude passive » face à l'horreur. Loewenstein a conditionné son soutien à cette candidature, qu'il continue sa psychanalyse avec lui. À peine titulaire, Lacan met fin à son analyse[note 37]. « L'analyste ne s'autorise que de lui même. »[129].

Le 1er avril, il reçoit à Sainte Anne Antonin Artaud[130], qui avait été arrêté à Dublin pour scandale sur la voie publique. La prise en charge dure onze mois, jusqu'au transfert du patient à Ville Évrard dans l'ancien service de son professeur Marc Trénel[note 38]. Il diagnostique une graphorrhée[131], c'est-à-dire, contrairement à l'avis de son collègue Nodet, un salut possible dans l'écriture à l'instar de James Joyce.

Au cours de cette année 1939, l'année de la mort de Sigmund Freud, il déménage au 3 rue de Lille et noue une liaison avec l'actrice cinématographique Sylvia Bataille, née Maklès. Elle est mariée à son ami Georges Bataille mais une vie de fête, de débauche et d'alcool les ont séparés depuis 1933[132]. Il est mobilisé et affecté à l'hôpital militaire des Franciscains à Pau[133].

Le 13 juin 1940, la veille de l'entrée des allemands dans Paris, sa consœur Sophie Morgenstern se suicide. Jacques Lacan, démobilisé des services de santé des armées, rejoint en famille Marseille, principale ville de la Zone libre, où il retrouve André Malraux, à court d'argent. Il prend en location la maison que ce dernier possède à Roquebrune pour abriter sa maîtresse enceinte. La mère de Judith Bataille s'étant imprudemment déclarée avec sa fille comme « juives » au commissariat de Cagnes, son futur gendre s'introduit subrepticement dans la salle où sont rangés leurs dossiers et les dérobe sur une étagère. Il retrouve la sœur de Sylvia Bataille et le beau frère de celle ci, André Masson à Montredon chez la Comtesse Pastré, dont l'association Pour que vive l'esprit cache des artistes, telle Youra Guller, sous le coup de la loi contre les « juifs » et sert d'antenne légale au réseau du Centre américain de secours.

Le silence de la guerre (1941-1945)[modifier | modifier le code]

En 1941, alors qu'ils sont tous deux encore mariés, nait leur enfant, Judith Bataille, à laquelle la loi confère le nom du mari de sa mère. Le choix du prénom d'une héroïne juive et castratrice est en soi un programme et dans la circonstance un défi. L'épouse légitime demande alors le divorce qui sera prononcé après guerre[87].

Plaque au 5, rue de Lille.

À court d'argent, incapable de donner le secours financier qu'André Malraux lui a réclamé pour faire libérer son frère, il revient à Paris prendre son poste dans le service désormais dirigé par Henri Ey à Sainte-Anne. Les patients, arrivant déjà dénutris, meurent de faim et de froid en nombre[134]. Placée comme gouvernante chez le père de Jacques Lacan, Aimée échappe à ce sort.

Une partie de l'hôpital est réquisitionnée par l'occupant pour servir d'hôpital militaire, une autre abrite le réseau communiste Front national sanitaire, que dirige Lucien Bonnafé[77]. Le trafic de faux certificats y fleurit. Jacques Lacan y propose son aide à un confrère, Jacques Biézin[135], menacé par les lois antisémites, mais il reste en retrait de l'engagement de ses collègues résistants, Julian de Ajuriaguerra, Jean Talairach, Pierre Deniker, René Suttel, Henri Cénac-Thaly, qui est arrêté en 1943, le capitaine Delcourt, Virginie Olivier alias Charlotte, qui meurt à Ravensbrück.

Durant toute l'Occupation, il s'interdit de publier ou d'enseigner mais, comme John Leuba et Françoise Dolto, poursuit en privé une activité de psychanalyste, qu'il transfère dans un nouvel appartement de l'immeuble voisin, 5 rue de Lille. Parmi ses patients, René Diatkine, un camarade de Julian de Ajuriaguerra. C'est durant ces années de silence qu'il s'initie[136] auprès de Paul Demiéville au chinois, langue « idéographique » qui interroge moins la vérité du signifiant que le rapport du signifié au signe.

Le 19 mars 1944, il est avec entre autres Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Raymond Queneau, Pierre Reverdy, Dora Maar, qui interprète le rôle de l'Angoisse, Brassaï, Valentine Hugo, Zanie Campan, Maria Casarès du cercle qui assiste à la lecture que fait Albert Camus dans l'appartement de Michel Leiris du Diable attrapé par la queue écrit par Pablo Picasso[note 39].

Dora Maar, jalouse de la jeune Françoise Gilot, n'éprouve alors plus que du dépit pour Picasso. Quelques mois plus tard, elle sombre dans la rancune et est hospitalisée sous contrainte à Sainte-Anne en mars 1945 à la suite d'un scandale sur la voie publique. Le médecin chef Jean Delay[137] laisse prescrire la sismothérapie expérimentale[138] mise en place en 1943. Celui ci, opposé aux méthodes médicales nazies et promoteur d'une sismothérapie respectueuse de la personne et attentive à la douleur[139], a été nommé par intérim à la suite de l'exclusion professionnelle consécutive à la loi du 16 août 1940 de son ami Joseph Lévy-Valensi, déporté en dépit de ses efforts pour le protéger. Détenteur du seul traitement efficace dans les cas de délires aigus, il est désormais distant avec la psychanalyse de ses maîtres qui faisait la spécificité du service au temps d'Henri Claude. Alerté par André Breton, le praticien hospitalier Lacan échoue le 15 mars 1945 à évacuer la patiente en urgence sous un faux certificat[140] mais finit par obtenir la signature de Jean Delay, après l'avoir giflé, autorisant le transfert[141] vers l'hôpital de Bonneval que dirige son ami Henri Ey depuis 1938. Il la soignera lui-même et réussira à l'orienter vers une vie vivable, dans la religion et l'art.

Il reçoit un premier récit détaillé des camps de la femme de Georges Duthuit, qui en est revenue[142].

De la Société psychanalytique de Paris à la Société française de psychanalyse (1946-1953).[modifier | modifier le code]

Des mouvements comme celui du linguiste Édouard Pichon, théorisant un inconscient national dépendant de la langue, passent à l'arrière-plan du fait des expériences récentes. L'exil de Loewenstein, amant de Marie Bonaparte, fervent défenseur du biologisme et ayant l'autorité morale des pionniers de la psychanalyse, amène un changement des rapports de forces[Lesquels ?]. Dans cet après-guerre à peine commencé, la figure de Lacan prend une importance, ne serait-ce que par effet d'aspiration : il fait partie des quelques titulaires d'avant-guerre n'ayant pas eu à choisir l'exil[87].

En 1949, il devient le contrôle de Moustapha Safouan.

Il participe aux réunions que l'Ordre des médecins organisent en 1951 et 1952 au sujet de la liberté d'exercice de la psychanalyse par les non médecins à l'occasion de l'affaire Margaret Clark-Williams. Il s'y prononce en faveur de l'analyse profane pour une raison clinique, la nécessité pour le psychiatre d'analyser la personnalité[143], et une raison pratique, l'insuffisance du nombre de médecins[144]. Il précise que les psychanalystes ont l'expertise qui manquent aux psychiatres au sortir de leur formation[145],[note 40]. Avec Georges Heuyer, il se range dans le camp de Daniel Lagache. Suivi par André Berge, Georges Parcheminey, Juliette Favez-Boutonier entre autres, celui-ci s'oppose, notamment dans la conception de l'enseignement universitaire de la psychologie[146], au monopole des médecins représenté par Jean Delay, Sacha Nacht[147] et Jean-Robert Debray, qui tâche de contrôler une pratique rémunératrice et le développement d'une psychanalyse concurrente du Largactil mis sur le marché en 1952 par Pierre Deniker[note 41].

C'est à la fin des années 1940 et au début des années 1950 que le sujet des « séances courtes » commence à être traité par Lacan. Il s'agit en fait à l'époque davantage de séances de longueur variable que de séances véritablement courtes – comme vers la fin de sa vie où il donne des séances de quelques minutes à peine[148]. Ce sujet devient le vase de Soissons de la psychanalyse française. Lacan reçoit un premier avertissement concernant ces séances en 1951[réf. souhaitée]. À la suite de la rébellion des élèves psychanalystes en 1953, due à l'obscurité du fonctionnement et à un certain autocratisme de l'institut qui est chargé de leur enseignement, une crise institutionnelle secoue la SPP. Cette crise mélange à la fois les problèmes de répartition des pouvoirs entre la Société de psychanalyse et l'institut, le poids respectif des différents courants et les pratiques – désapprouvées par presque tous à l'époque – de Lacan[réf. nécessaire]. Celui-ci est démis de son titre de président de la SPP. Daniel Lagache quitte la SPP et décide de fonder un institut d'inspiration universitaire, la Société française de psychanalyse, suivi par Françoise Dolto et Juliette Favez-Boutonier. Lacan les suit, tout au moins pour un temps[87]. Il est donc une des causes, mais non le fomenteur, de cette première scission. L'International Psychoanalytical Association décide que la nouvelle société ne pourra être affiliée qu'après enquête sur ses méthodes d'enseignement et d'analyse – ce qui vise implicitement Lacan[réf. souhaitée].

Le théoricien du retour à Freud (1954-1981)[modifier | modifier le code]

De la Société française de psychanalyse à l'École française de psychanalyse (1954-1963).[modifier | modifier le code]

Lacan, collectionneur (Balthus, Renoir, Masson, Derain, Monet, Giacometti, dessins de Picasso, statuettes alexandrines et gréco-romaines, 5 147 livres)[149], acquiert L'Origine du monde en 1955.

Vers 1953-1954, Lacan opère un virage qui le fait abandonner momentanément ses références à Hegel (hégélianisme à la mode de Kojève) pour le structuralisme[150]. Quand Lacan a abordé la fonction du symbolique et la nécessité d'un pacte entre le moi et le petit autre, c'est là qu'il a pris ses appuis dans la notion de structure, qui est strictement équivalente à celle de langage. C'est dans son grand texte inaugural « Fonction et champ de la parole et du langage », qu'il se réfère aux études de Claude Lévi-Strauss, pour y énoncer, à sa suite, cette grande loi primordiale des échanges et de la parenté.

Il introduit par ailleurs en 1953 des concepts qui deviendront fondamentaux dans son œuvre, les trois registres : Réel, Symbolique, Imaginaire. Il commence à travailler à une théorie du signifiant en redécouvrant Ferdinand de Saussure et en s'appuyant sur Roman Jakobson[note 42]. C'est aussi là qu'il commence à citer régulièrement la thèse de Claude Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté[note 43].

En 1960, Henri Ey organise un colloque à l'abbaye Saint-Florentin de Bonneval sur le thème de l'inconscient : il y réunit des psychanalystes de la jeune génération, des philosophes comme Gilles Deleuze, Merleau-Ponty et Jean Hyppolite. Presque tous les débats se rapporteront de près ou de loin[évasif] à la théorie lacanienne de l'inconscient, désormais formée dans ses grandes lignes et résumée par le mot d'ordre lacanien par excellence : « l'inconscient est structuré comme un langage ». Dès cette époque, en France, la psychanalyse semble se résumer à ce positionnement : être avec ou contre Lacan. Il a acquis une position centrale et cristallise les débats.

Le 15 octobre, son père meurt.

Les douze ans qui s'écouleront entre la fondation de la SFP et sa dissolution en 1965 sont une période de grands changements dans le paysage psychanalytique français. D'un point de vue institutionnel, il s'agira de dix ans de négociations pour que les psychanalystes ayant fait scission en 1953 soient reconnus par l'IPA. L'enquête de l'IPA se concentrera progressivement sur Lacan et ses séances dites courtes – en fait à l'époque de durée variable, cette durée étant toujours inférieure à la norme de l'IPA. L'enquête conclura en 1963 que la SFP pourra recevoir l'agrément si elle retire à Lacan (et à Françoise Dolto) son titre de didacticien, c'est-à-dire qu'elle lui enlève le droit de former des psychanalystes et de continuer son enseignement. Cela provoqua l'éclatement de la société fondée par Daniel Lagache, tous ceux ne pratiquant pas et ne soutenant pas la technique de Lacan se voyant condamnés à l'exclusion des instances internationales s'ils continuent à protéger Lacan. Ainsi naîtra en 1964 l'Association psychanalytique de France, sous les auspices de Daniel Lagache, Jean-Bertrand Pontalis, Didier Anzieu, Jean Laplanche et Juliette Favez-Boutonier. Pour les lacaniens, il s'agira de l'École française de psychanalyse, bientôt renommée École freudienne de Paris.

Lacan, chef d'école (1964-1979)[modifier | modifier le code]

En 1964, sa fille Judith Bataille obtient enfin le changement de son nom en Judith Lacan.

À soixante-trois ans, Lacan fonde sa propre « école ». Les statuts de cette École freudienne de Paris supprime toute hiérarchie. Favorisant par là l'émergence de jeunes talents, cette structure utopiste, grosse de ses échecs futurs, s'est vue reprocher a posteriori et paradoxalement de placer le fondateur en position de maître. Les organes décisionnels sont effectivement composés par lui et n'outrepasseront jamais ses avis.

Le phénoménologiste François Wahl organise l'édition des Écrits, qui sont publiés au Seuil en 1966. L'ouvrage donne son assise structuraliste à la psychanalyse et, coup de génie de François Wahl[151], change en un éclair le paysage intellectuel. Lacan fait dorénavant partie des ténors du structuralisme et son nom est cité à côté de ceux de Claude Lévi-Strauss, Roland Barthes, Michel Foucault. Cette célébrité tardive provoque un afflux important de jeunes à l'EFP, en même temps que, dérive inévitable, le phénomène de groupie. On imite son dandysme daliesque, son style de discours à la scansion si singuière, mais, témoignage de l'efficacité de la parole provocatrice, on le moque aussi. La langue française s'en trouve marquée irréversiblement et des tournures lacaniennes finiront inconsciemment par entrer dans le langage des journalistes puis de la langue courante. Non sans un certain malentendu, Mai 1968 accentue le phénomène de mode Lacan, lequel se voit assailli d'admirateurs maoïstes, lui qui vote De Gaulle[152].

Lacan introduit en 1969 une pratique expérimentale pour habiliter un psychanalyste comme psychanalyste de l'école, « la passe », qui se révèlera à la fois être un facteur de dissension et un échec selon l'aveu même de Lacan. Facteur de dissension parce que l'adoption de cette procédure provoque immédiatement une scission : plusieurs membres historiques dont François Perrier, Piera Aulagnier et Jean-Paul Valabréga démissionnent de l'EFP et fondent le quatrième groupe. Un échec, parce que cette procédure, faite pour éviter les pièges de l'idéalisation et de la bureaucratisation, va avoir l'effet inverse de celui souhaité. En onze ans, seulement dix-sept personnes « passeront » avec succès[réf. souhaitée].

Peu après la fondation de son école, Lacan opère un nouveau tournant dans son enseignement, qu'on appellera la « relève logiciste »[réf. souhaitée]. À la suite des interventions du tout jeune Jacques-Alain Miller, Lacan se tourne vers Frege, Gödel et la topologie. Son but est d'assurer que la réception de son enseignement ne soit pas sujette aux dérives qui ont marqué selon lui la réception de Freud. Les nœuds, les formes impossibles, les mathèmes vont désormais envahir les séminaires du maître et les rendre encore plus difficiles d'accès. Lacan espère ainsi sortir définitivement du caractère encore trop descriptif de ce qu'il qualifiera désormais de linguisterie[réf. souhaitée].

Après avoir suturé[pas clair] temporairement le sort de la psychanalyse à celui des sciences sociales, c'est l'échappée vers les sciences exactes : « Seule demeurait, unique aliment de l'ermite au désert, la mathématique[153]. » Il peut aussi bien demander à une personne de venir trois fois pour trois séances éclairs de quelques minutes dans la même journée et la garder une heure entière la semaine d'après. Il pouvait se lever, manger, écrire pendant les séances. Il reçoit à son cabinet tout le jour durant un flot ininterrompu de personnes. Les choses en sont à ce point que souvent on ne prend même pas rendez-vous.

Profitant de la réforme des universités consécutive aux événements de mai 1968, Lacan, d'abord assisté de Serge Leclaire, tente de s'implanter dans l'université par le biais d'un département de psychanalyse à Vincennes (Paris VIII). Malgré la proposition du président du département, il n'y occupera aucun poste, mais le département sera une sorte de bastion lacanien. Cette dernière expérience cristallisera les oppositions déjà existantes entre différents courants au sein de l'EFP. La reprise en main du département au nom de Lacan par Jacques-Alain Miller en 1974, marquée par le remplacement de plusieurs chargés de cours, provoqua une vive polémique à l'intérieur et à l'extérieur de la faculté, chez les psychanalystes et les non-psychanalystes[154].

Quelques années plus tard, le suicide d'une psychanalyste ayant échoué à la procédure de la « passe » sert de révélateur aux dissensions d'une école dont beaucoup doutent qu'elle soit encore dirigée par le maître et non par son entourage proche.[réf. souhaitée] En effet, Lacan a des absences[réf. souhaitée], se montre de plus en plus fatigué et délègue de plus en plus la gestion des affaires à son gendre Jacques-Alain Miller. Il décide de dissoudre l'EFP[note 44]. Après quelques années de crise perpétuelle, l'EFP, seule école fondée par Lacan, est dissoute le 5 janvier 1980.

Dissolution (1980-1981)[modifier | modifier le code]

Souffrant d'une cancer du colon dont il a tardé à se faire opérer, déjà très diminué depuis un accident de voiture survenu en 1978, Lacan réduit sans les cesser ses activités à partir de février 1980. Le 15 mars, il choisit, non sans humour, l'hôtel Pullmann Saint Jacques pour prononcer d'une voix claire et forte, debout pendant plus d'une heure devant un parterre de huit cent personnes une conférence intitulée Dissolution, qui est un programme de refondation de la « Cause freudienne ». Sa dernière intervention publique est donnée à la conférence internationale qui se tient à Caracas du 12 au 15 juillet 1980.

Le 16 novembre, il est très affecté par le passage à l'acte de Louis Althusser, qu'il se reproche de ne pas avoir pris en charge lui-même. Durant ses derniers mois, il se remet d'une aphasie, conséquence d'un AVC, au domicile de sa fille Judith Lacan et son gendre Jacques Alain Miller[155], où la chambre de son petit fils, polytechnicien, est disponible. Alors que son carnet de rendez vous est rempli[156], il meurt le 9 septembre 1981 à la clinique Hartmann à Neuilly sur Seine, d'une insuffisance rénale[87] consécutive à l'ablation en urgence de sa tumeur : « Je suis obstiné... Je disparais. »[149](décédé en son domicile, 74, rue d'Assas le à vingt-trois heures quarante-cinq minutes dans le 6e arrondissement de Paris, selon son acte de décès, n°262)[157].

Le 10 septembre son frère Marc François, silencieux bénédictin, lui rend hommage en l'église Saint Pierre du Gros Caillou[158] : « Jacques Lacan a parlé ». Le corps est enterré par toute la famille, réunie physiquement mais pas moralement[159], dans le cimetière de Guitrancourt, près de La Prévoté, sa maison de campagne[155]. Le gendre est l'exécuteur testamentaire du défunt, chargé d'éditer et faire publier les vingt volumes posthumes des vingt-cinq du Séminaire[note 45].

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  2. a et b Roudinesco, 1993, p. 1518
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  17. B. de Spinoza, « Tant qu'on considère les choses comme des modes devant être pensés, nous ne devons expliquer l'ordre de la nature entière, c'est-à-dire l'assemblage des causes, que par l'attribut de la Pensée et en tant qu'on les considère comme des modes de l'Etendue, l'ordre de la nature entière ne doit être expliqué que par l'attribut de l'Etendue. », Éthique, II, 7, scolie.
  18. B. de Spinoza, « L'ordre et assemblage des idées est le même que l'ordre et assemblage des choses. », Éthique, II, 7.
  19. B. Ogilvie, Lacan, la formation du concept de sujet (1932-1949), p. 64, Collect° "Philosophies", PUF, Paris, décembre 1993 (1re édition août 1987) (ISBN 2-13-042118-0).
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