Mars Sample Return (NASA/ESA)

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Vue d'artiste des engins spatiaux (scénario de 2021) impliqués dans la mission Mars Sample Return : à gauche l'astromobile Perseverance qui collecte les échantillons (sur Mars depuis 2021), à droite le SRL qui se pose sur Mars avec un astromobile chargé d'aller rechercher les échantillons collectés (au milieu) et une petite fusée qui les ramène en orbite et en haut l'orbiteur ERO qui récupère le conteneur en orbite martienne et le ramène sur Terre.
Schéma du déroulement des missions de retour d'échantillons martien (scénario 26-26-31).

Mars Sample Return, désigné également par son acronyme MSR, est une mission de retour d'échantillons de sol martien sur Terre développée par l'agence spatiale américaine, la NASA, en collaboration avec l'Agence spatiale européenne. Ce projet remplit des objectifs scientifiques considérés comme fondamentaux pour la planétologie.

Longtemps différé pour des raisons de coût et de difficultés techniques, le projet MSR a été initié par le développement par la NASA de l'astromobile Mars 2020 qui s'est posé sur Mars début 2021 et qui est chargé de choisir et de collecter des échantillons du sol martien. La mission MSR nécessite l'utilisation de deux autres engins spatiaux : un engin spatial sous maîtrise d’œuvre de la NASA, SRL (Sample Retrieval Lander), doit déposer sur le sol martien à la fois un astromobile chargé d'aller rechercher les échantillons collectés par Mars 2020 et une petite fusée qui doit les ramener en orbite dans un conteneur. Un deuxième engin spatial sous maîtrise d’œuvre de l'Agence spatiale européenne, ERO (Earth Return Orbiter), se place en orbite autour de Mars, réalise en 2028 un rendez-vous avec la fusée ramenant le conteneur, puis revient vers la Terre et largue une capsule contenant le conteneur lors du survol de celle-ci en 2031.

Le feu vert pour le développement de l'ensemble de la mission est donné par la NASA fin 2020 et une ligne budgétaire d'un montant important est inscrite dans son budget pour 2022 et les années suivantes. De son côté l'Agence spatiale européenne passe contrat avec Airbus pour le développement de l'orbiteur ERO. Selon le planning en vigueur courant 2021, les engins spatiaux SRL et ERO seront lancés en 2026 et la capsule contenant les échantillons martiens reviendra en 2031.

Historique du projet

Apport d'une mission de retour d'échantillons

Une mission qui réaliserait le retour d'échantillons du sol martien sur Terre présente de nombreux avantages par rapport aux missions scientifiques utilisant des robots équipés de mini-laboratoires embarqués comme Mars Science Laboratory/Curiosity. En effet :

  • faute de pouvoir miniaturiser les instruments les plus puissants (microscope électronique, etc.), ceux-ci ne sont disponibles que sur Terre ;
  • certaines manipulations ne peuvent être automatisées ;
  • le retour d'échantillons sur Terre permet de recommencer les analyses au fur et à mesure des progrès des outils d'investigation.

Premiers projets de retour d'échantillons de sol martiens

Depuis les années 1980, plusieurs projets spatiaux sont étudiés, principalement aux États-Unis, dont le but est de ramener des échantillons de sol martien sur Terre. Toutes les études butent sur des problématiques de coût et de faisabilité technique. Elles permettent toutefois de définir et affiner un scénario réaliste et adoptent finalement a un découpage en trois missions.

Le scénario de la mission unique, retenu lors des premières études, se heurte d'une part aux contraintes de masse des engins envoyés vers Mars par les lanceurs les plus puissants et d'autre part à la masse maximale qui peut être posée sur Mars avec les techniques maîtrisées (environ une tonne au maximum). Aussi les missions récentes étudiées par la NASA impliquent-elles le lancement de trois sondes spatiales distinctes :

  • un astromobile, qui est déposé sur le sol martien et qui est chargé d'identifier les échantillons de sol intéressants, de les prélever et de les conditionner ;
  • un engin qui transporte à la fois un astromobile et une fusée. L'astromobile va rechercher les échantillons préparés par la mission précédente puis les transporte jusqu'à la fusée qui décolle et se place sur une orbite basse autour de la planète ;
  • un engin de type orbiteur, qui se place sur une orbite basse martienne puis réalise un rendez-vous avec la fusée remontant depuis la surface de Mars. Le conteneur renfermant les échantillons de sol est transféré dans l'orbiteur, puis celui-ci quitte l'orbite martienne et entame son retour sur Terre. Lors du survol de celle-ci, une capsule contenant les échantillons est larguée, qui pénètre dans l'atmosphère terrestre et atterrit en douceur dans une région désertique.

Retour d'échantillons martiens : un projet prioritaire de la communauté scientifique (2011)

Le Rapport décennal sur les sciences planétaires rédigé en 2011 par des représentants de la communauté scientifique et publié par le Conseil national de la recherche des États-Unis définit les objectifs scientifiques prioritaires de l'exploration spatiale du système solaire pour la décennie à venir. Le rapport place au premier rang le retour d'un échantillon de sol martien sur Terre. Il recommande que l'agence spatiale américaine, la NASA, lance avant 2022 la mission réalisant la première étape de ce programme, c'est-à-dire la mission de collecte des échantillons, dans la mesure où son coût peut être maintenu sous la barre des 2,5 milliards de dollars. À l'époque, la NASA a entamé une collaboration avec l'Agence spatiale européenne pour ramener des échantillons sur Terre. La première mission de ce projet, à la charge de la NASA, est baptisée Mars Astrobiology Explorer-Cacher (MAX-C). L'architecture de cette mission repose sur celle de Mars Science Laboratory, qui est sur le point d'être lancée par la NASA[1].

Mission Mars 202/Perseverance : première phase du projet Mars Sample Return (2012)

En 2011 la NASA, pour des raisons budgétaires, décide d'annuler le projet MAX-C. La mission de retour d'échantillons martiens est repoussée à une date indéterminée[2].

À la suite de l'atterrissage réussi de l'astromobile Curiosity (mission Mars Science Laboratory) en , le président des États-Unis Barack Obama décide d'inclure dans le budget de la NASA la réalisation d'un nouveau rover martien. Contrairement à la démarche habituelle, cette décision est prise sans qu'aucun objectif scientifique n'ait été fixé à la future mission. Ce projet est rendu public par la NASA le , au cours d'un congrès de l'Union américaine de géophysique à San Francisco : l'astromobile, qui reprend l'architecture du MSL/Curiosity y compris le système de rentrée atmosphérique et d'atterrissage, doit être lancé vers Mars en 2020. La charge utile de l'astromobile doit être différente de celle de Curiosity. Grâce à la réutilisation des composants du MSL, l'agence spatiale table sur un coût de 1,5 milliard de dollars, autant que pour MSL[3],[4],[5].

En , à la demande de la NASA, un comité issu de la communauté scientifique (la Science Definition Team ou SDT) est constitué pour définir les objectifs de la future mission. Le rapport de plus de 150 pages rendu début fixe comme principal objectif la collecte d'échantillons martiens et leur stockage à la surface de la planète en attendant une mission chargée de les ramener sur Terre. Il lance donc la première phase du projet de retour d'échantillons de sol martien sur Terre régulièrement différé sans toutefois que ne soit planifié ni financées les phases permettant le retour de ceux-ci sur Terre[6],[7].

Les objectifs principaux de la mission sont :

  • explorer un environnement susceptible d'avoir accueilli la vie en analysant son histoire et les processus géologiques qui s'y sont déroulés[8] ;
  • rechercher des indices de signatures d'origine biologique dans une sélection de sites[9] :
    • déterminer l'habitabilité de l'environnement par le passé de la zone explorée,
    • si la zone a pu abriter des formes de vie, rechercher des matériaux qui ont pu préserver des signatures biologiques,
    • recherche des indices potentiels de la vie en utilisant des techniques d'observation permettant de respecter les règles de protection planétaire ;
  • collecter des échantillons de sol martien en connaissant leur contexte géologique précis pour permettre une future mission de retour d'échantillons du sol martien sur Terre[10] :
    • collecter des échantillons sélectionnés scientifiquement avec une description précise du terrain. Ces échantillons devront à la fois être les plus susceptibles de permettre l'identification d'indices de vie et bien représenter la diversité de la région explorée par l'astromobile.

Mars 2020 décolle le 30 juillet 2020 en profitant de la fenêtre de lancement vers Mars qui s'ouvre tous les 24 à 28 mois. L'astromobile atterrit le dans le cratère Jezero. Ce site, emplacement d'un ancien lac permanent qui conserve les traces de plusieurs deltas de rivière, a été retenu parce qu'il a pu constituer un lieu favorable à l'apparition de la vie et parce qu'il présente une grande diversité géologique. Durant son exploration, il est prévu qu'il traverse une partie de celui-ci avant de se diriger vers ce qui pourrait être les rives de l'ancien lac qui remplissait le cratère. Enfin, il doit escalader les rebords du cratère hauts de 600 mètres avant de parcourir les plaines environnantes. Durant sa mission primaire (un peu plus de deux années terrestres), l'astromobile pourrait réaliser à peu près la moitié de l'exploration planifiée.

Collaboration avec l'Agence spatiale européenne (2017)

En 2017 la NASA commence à planifier la suite de la mission Mars 2020 et à raffiner le déroulement du retour d'échantillons. L'Agence spatiale européenne choisit de collaborer au projet. En 2018, la phase de spécification des deux missions démarre dans les deux agences[11]. Elles sont en partie confiées à Airbus Defence and Space en prenant en charge le développement de l'orbiteur et de l'astromobile Sample Fetch Rover chargé de ramener les échantillons jusqu'à la fusée.

Selon le scénario en vigueur en avril 2020, les deux sondes spatiales développées respectivement par la NASA et l'Agence spatiale européenne doivent être lancées en 2026 dans le but de récupérer les échantillons de sol déposés sur Mars par l'astromobile Perseverance et les ramener sur Terre en 2031[12].

Mise en œuvre des deux dernières phases (situation courant 2021)

En août 2020 l'agence spatiale américaine a pratiquement décidé d'implémenter le projet en lançant la phase A du développement des missions SLR et ERO. Toutefois, avant de donner son feu vert, la NASA demande que le projet soit évalué par une commission composée d'experts indépendants, scientifiques et ingénieurs de la NASA ou rattachés à des organisations externes. La commission rend ses conclusions en . Celles-ci sont favorables au projet, mais elles émettent des réserves sur les modalités de sa mise en œuvre[13] :

  • le délai prévu pour le développement des deux engins spatiaux qui doivent être lancés en 2026 ne semble pas réaliste compte tenu des expériences passées. La commission recommande de différer le lancement de SLR à 2028 et de ERO à 2027 (la propulsion électrique permet de disposer d'une plus grande souplesse concernant la fenêtre de lancement). Mais l'arrivée en 2028 coïncide avec la période d'agitation maximale de l'atmosphère martienne. La commission recommande de concevoir le projet dès le début en prévoyant un report éventuel de l'arrivée sur Mars au début des années 2030 ;
  • la commission suggère de scinder SLR en deux missions distinctes, l'une emportant l'astromobile chargé de récupérer les échantillons, l'autre la fusée de retour MAV ;
  • la commission recommande d'étudier également l'emport d'un générateur thermoélectrique à radioisotope (RTG) pour s'assurer qu'on dispose de suffisamment d'énergie pour maintenir la fusée MAV à la température minimale exigée par le propergol solide ;
  • la NASA évalue le coût du projet à 2,9–3,3 milliards US$, auxquels il faut ajouter 1,5 milliards d'euros pris en charge par l'Agence spatiale européenne et 2,4 milliards US$ dépensés pour Mars 2020. Le responsable de la commission estime qu'il faudrait augmenter ce budget de 1 milliard US$ pour prendre en compte en particulier un report du lancement à 2028.

À la suite de ces travaux, la NASA décide de lancer la phase A du projet en . L'application des recommandations de la commission nécessitant un accord du Congrès américain et de son partenaire, l'Agence spatiale européenne, la NASA repousse leur prise en compte à l'issue de cette phase (fin 2021)[13]. Le projet de budget de la NASA pour l'année fiscale 2022 établi début 2021 prévoit d'allouer des sommes en accord avec l'enveloppe et le calendrier officiel. En 2021, 246 millions US$ sont été alloués au projet. Cette somme passe à 653 millions US$ en 2022 puis 772 (2023), 800 (2024), 700 (2025) et 600 (2026)[14],[15],[16].

De son côté, l'Agence spatiale européenne passe contrat avec Airbus en pour le développement de l'orbiteur ERO (Earth Return Orbiter) pour un montant de 491 millions d'euros[17].

Objectifs d'une mission de retour d'échantillons

Le rapport du groupe de travail international réuni en août 2018 à l'initiative du IMEWG (Mars Exploration Working Group) définit de la manière suivante les objectifs d'une mission de retour d'échantillons[18] :

  • interpréter les processus géologiques et l'histoire qui ont abouti aux formations géologiques de Mars avec une emphase sur le rôle de l'eau :
    • caractériser les variations d'une séquence stratigraphique de roches sédimentaires martiennes ;
    • comprendre un ancien système hydrothermal par l'étude des produits de la minéralisation et les apparences morphologiques ;
    • comprendre les roches et minéraux issus de réservoirs d'eau souterrains profonds ;
    • comprendre les interactions entre l'eau, les roches et l'atmosphère qui se produisent en surface et comment ces processus ont évolué dans le temps ;
    • déterminer la pétrogenèse des roches ignées martiennes d'un point de vue à la fois temporel et spatial ;
  • identifier et interpréter l'éventuelle histoire biologique de Mars notamment en identifiant la présence de la vie dans les échantillons de sol ramenés sur Terre :
    • analyser et caractériser les molécules comprenant du carbone dont éventuellement le produit d'une chimie pré-biotique et organique,
    • rechercher la présence de signatures biologiques produits par d'anciens organismes vivants dans des environnements à la fois propices à l'apparition de la vie et ayant préservé ces indices,
    • estimer la possibilité qu'une forme de vie détectée soit encore présente ou l'ait été il y a peu ;
  • déterminer la chronologie de l'évolution de Mars :
    • reconstituer l'histoire de Mars en tant que planète, déterminer les processus ayant affecté ses origines et les modifications de la croute, du manteau et du noyau,
    • déterminer et mesurer les dangers potentiels de l'environnement martien pour les futures missions d'exploration humaine et pour la biosphère terrestre,
    • évaluer la nature et la distribution des ressources qui pourraient être exploitées par les futures missions spatiales.

Scénario de retour d'échantillons de sol martien de 2021

Le retour d'échantillons de sol martien sur Terre nécessite selon le scénario en vigueur en 2021 le recours successif à trois engins spatiaux : un engin chargé de collecter les échantillons de sol martien sur Mars (l'astromobile Perseverance de la mission Mars 2020 qui est sur Mars depuis début 2021), l'atterrisseur SRL qui se pose sur Mars avec un astromobile chargé d'aller rechercher les échantillons collectés (au milieu) et une petite fusée qui les ramène en orbite et enfin l'orbiteur ERO qui récupère le conteneur en orbite martienne et le ramène sur Terre.

Mission Mars 2020/Persevrance

La sonde spatiale Mars 2020 emporte un astromobile (rover), baptisé Perseverance et développé par le centre Jet Propulsion Laboratory (JPL), associé à l'agence spatiale américaine. Ses caractéristiques sont proches du prédécesseur Curiosity de la sonde Mars Science Laboratory mais son principal objectif est l'identification, la collecte d'échantillons du sol martien et la constitution d'un ou de plusieurs dépôts de ces échantillons stockés dans des tubes hermétiques. Mars 2020 doit atterrir début 2021 dans le cratère Jezero. Ce site, emplacement d'un ancien lac permanent qui conserve les traces de plusieurs deltas de rivière, a été retenu parce qu'il a pu constituer un lieu favorable à l'apparition de la vie et parce qu'il présente une grande diversité géologique[12].

Suite de la mission Mars 2020 : le scénario 26-26-31

Proposition de planning de la mission 26-26-31.

Selon le scénario en vigueur en octobre 2021, deux sondes spatiales développées respectivement par la NASA et l'Agence spatiale européenne doivent être lancées en 2026 dans le but de récupérer les échantillons de sol déposés sur Mars par l'astromobile Perseverance et les ramener sur Terre en 2031[12]. En 2018 la phase de spécifications des deux missions démarrent à l'Agence spatiale européenne et à la NASA[19]. Elles sont en partie confiées à Airbus Defence and Space[20]. Des fonds sont mobilisés pour réaliser ces travaux, mais les deux agences n'ont pas le budget pour les réaliser.

Les deux missions chargées de la suite du programme sont d'une part SRL, qui doit aller chercher les échantillons sur le sol martien (rover SFR) et les ramener sur une orbite martienne (fusée MAV), et d'autre part l'orbiteur martien ERO, qui doit assurer le support des opérations au sol (télécommunications) depuis l'orbite martienne, récupérer le contenauur renfermant les échantillons à la suite d'un rendez-vous en orbite martienne puis revenir sur Terre et larguer dans l'atmosphère terrestre la capsule contenant le conteneur. Cette dernière doit se poser en douceur sur un site terrestre sélectionné. La planification du projet constitue un des aspects les plus complexes de ces deux missions[12] :

  • SRL doit éviter l'hiver martien et la saison des tempêtes de poussière car la sonde spatiale une fois sur le sol tire son énergie de panneaux solaires ;
  • l'atterrissage de SRL doit s'effectuer au moment le plus favorable, c'est-à-dire lorsque la densité de l'atmosphère de Mars est la plus élevée. Cela permet de maximiser la masse déposée sur le sol martien ;
  • ERO est conçu pour servir de relais à l'ensemble des engins déposés sur le sol martien participant à la récupération des échantillons de sol : Mars 2020, SRL, SFR et MAV ;
  • SRL et ERO doivent pouvoir être lancés par les fusées existantes et les transits des sondes spatiales doivent être pouvoir être effectués selon le planning proposé.

L'ensemble de ces contraintes aboutit à une campagne 26-26-31, ces trois chiffres correspondant respectivement aux dates de lancement des deux engins (2026) et à l'année de l'arrivée de la capsule d'échantillons sur Terre (2031)[12].

Mission Sample Retrieval Lander (SRL)

La mission Sample Retrieval Lander (SRL) repose sur un engin spatial qui doit se poser sur Mars et dont l'objectif final est de ramener sur l'orbite martienne un container des échantillons de sol. Pour remplir cet objectif la sonde spatiale transporte d'une part un petit rover baptisé SFR (Sample Fetch Rover) qui va chercher les tubes contenant les échantillons de sol là où ils ont été déposés par l'astromobile de Mars 2020 et d'autre part une fusée MAV (Mars Ascent Vehicle) à propergol solide qui doit ramener les échantillons sur une orbite basse martienne. Le déroulement de cette mission est le suivant [12] :

  • la sonde spatiale est lancée durant l'été 2026 et s'insère en orbite martienne deux ans plus tard (été 2028) ;
  • SRL pénètre directement dans l'atmosphère martienne à son arrivée (sans insertion en orbite) et se pose avec une très grande précision (20 mètres) non loin d'un des dépôts des échantillons de sol martien ;
  • le rover SFR se rend sur le ou les sites des dépôts et récupère les tubes un à un. Il revient ensuite près du site d'atterrissage ;
  • les tubes sont transférés par un bras solidaire de l'atterrisseur dans le container situé au sommet du petit lanceur MAV ;
  • l'astromobile Perseverance de la mission Mars 2020, s'il a conservé certains échantillons de sol (les derniers collectés), pourra également les amener sur le site d'atterrissage pour qu'ils soient transférés dans le conteneur ;
  • le conteneur est scellé, le lanceur est mis en température, ses instruments de navigation sont étalonnés et les communications sont vérifiées. Une fois ces opérations effectuées le MAV décolle du sol martien pour réaliser un rendez-vous avec la sonde spatiale de la mission ERO qui se trouve en orbite basse martienne et qui est chargée de ramener les échantillons sur Terre ;
  • l'ensemble de la campagne au sol a duré un an (août 2028 - août 2029).

Mission Earth Return Orbiter (ERO)

Earth Return Orbiter (ERO) est la troisième mission de MRS. L'engin spatial doit se placer sur une orbite basse martienne. Il sert de relais de télécommunications durant les opérations au sol de SRL puis récupère le container amené en orbite par la fusée MAV. Après avoir quitté l'orbite martienne il regagne la Terre. Le contrat industriel de l'ERO d'un montant de 491 millions d'euros a été officialisé par Airbus DS et l'agence spatiale européenne lors de la cyber édition du congrès international d'astronautique de l'IAF le . Arrivé à proximité de celle-ci en 2031, il largue la capsule contenant les échantillons de sol martien qui vient se poser en douceur à la surface de la Terre. Le déroulement détaillé de cette mission est le suivant[12] :

  • la sonde spatiale ERO est lancée vers aout 2026 peu après la mission SRL ;
  • elle s'insère sur une orbite martienne elliptique haute en octobre 2027 puis utilise sa propulsion ionique pour réduire progressivement l'altitude de son apogée. Ce type de propulsion, plus efficace, permet de réduire fortement la masse au lancement de la sonde spatiale et donc son coût mais les manœuvres durent plusieurs mois car la poussée de ces moteurs est très faible. L'insertion sur l'orbite basse visée est effective en  ;
  • de juillet 2028 à aout 2029 ERO relaient les communications entre les engins posés sur le sol martien (MAV, SRL, M2020, SFR) et la Terre ;
  • courant août, la fusée MAV décolle du sol martien en emportant le container d'échantillons. Un rendez-vous orbital est opéré entre la capsule (OS) contenant le container et l'orbiteur ERO. Les deux engins disposent de quatre mois pour réussir cette opération (d'aout à novembre 2029)
  • le conteneur est transféré à bord d'ERO ;
  • en décembre 2029 ERO s'éloigne progressivement de l'orbite basse de Mars à l'aide de sa propulsion ionique en suivant une trajectoire en spirale ;
  • en juillet 2030 ERO échappe à l'attraction de Mars et entame son retour vers la Terre ;
  • en septembre 2031, la sonde spatiale survole la Terre : au passage elle large la capsule (EES) contenant les échantillons qui vient se poser en douceur sur Terre.

Récupération et utilisation des échantillons

Caractéristiques techniques

L'astromobile Perseverance (mission Mars 2020)

L'astromobile Perseverance reprend l'architecture de Curiosity qui explore depuis la surface de Mars depuis 2011. Perseverance est un engin de plus d'une tonne qui dispose d'une palette d'instruments scientifiques (caméras, spectromètres de différents types) qui sont utilisés pour identifier les sites les plus intéressants, fournir le contexte du prélèvement effectué (caractéristiques géologiques, conditions climatiques à la formation) et effectuer une première analyse chimique : ce sont le spectromètre de fluorescence des rayons X PIXL, le spectromètre Raman SHERLOC, le spectromètre imageur SuperCam et la caméra Mastcam-Z. L'astromobile emporte également une station météorologique (MEDA) et un radar destiné à sonder les couches superficielles du sol (RIMFAX). Deux expériences doivent tester sur le terrain des technologies avant leur mise en œuvre de manière opérationnelle dans de prochaines missions : MOXIE produit de l'oxygène à partir de l'atmosphère martienne (ISRU) et MHS (Ingenuity), un petit hélicoptère de moins de deux kilogrammes, va tester les capacités d'un engin aérien dans l'atmosphère très ténue de Mars. Le système de prélèvement de Perseverance dispose d'un système de prélèvement et de conditionnement d'échantillons du sol qui constitue la moitié de la masse de sa charge utile. Il doit prélever une quarantaine de carottes de sol et de roches sur des sites sélectionnés à l'aide des instruments embarqués.

L'atterrisseur martien Sample Retrieval Lander

L'orbiteur Earth Return Orbiter

Les caractéristiques techniques de la sonde spatiale ERO telles qu'elles sont définies en 2020 sont les suivantes. Il s'agit d'un engin de 7 tonnes et de 7 mètres de haut qui doit être lancé par une fusée Ariane 6. Il dispose de panneaux solaires d'une superficie de 144 m² portant son envergure à 40 mètres pour alimenter la propulsion électrique utilisée durant les phases de croisière et de descente en spirale vers l'orbite basse de Mars. La propulsion chimique est utilisée pour l'insertion en orbite autour de Mars. Une fois en orbite autour de Mars, la sonde spatiale fait également office de relais de télécommunications entre le SRL et l'astromobile Perseverance d'une part et la Terre d'autre part. La fabrication de la sonde spatiale est distribuée entre les différents établissements d'Airbus : électronique principale, assemblage et test (France), énergie, propulsion, navigation, système de capture (Allemagne), Module d'insertion en orbite, télécommunications (Italie), propulsion et contrôle d'énergie (Espagne), panneaux solaires (Norvège)[17].

Notes et références

  1. (en) Committee on the Planetary Science Decadal Survey - Space Studies Board - Division on Engineering and Physical Sciences, Vision and Voyages for Planetary Science in the Decade 2013-2022, National Academy of Sciences, , 398 p. (ISBN 978-0-309-22464-2, lire en ligne [PDF]).
  2. (en) « International cooperation called key to planet exploration », .
  3. (en) Jonathan Amos, « Nasa to send new rover to Mars in 2020 », sur BBC News, .
  4. (en) William Harwood, « NASA announces plans for new $1.5 billion Mars rover », sur CNET, .
  5. (es) Daniel Marín, « Perseverance y Curiosity: dos rovers marcianos gemelos con objetivos diferentes », sur Eureka, .
  6. « NASA Discusses Mars 2020 Plans In July 9 Teleconference », sur NASA,
  7. J.F. Mustard et al., op. cit. p. 6.
  8. J.F. Mustard et al., op. cit. p. 17-29.
  9. J.F. Mustard et al., op. cit. p. 30-50.
  10. « Mission > Science > Objectives », sur NASA - mars 2020, (consulté le )
  11. (en) S. Vijendran, J. Huesing, F. Beyer, A. McSweeney, Mars Sample Return – Earth Return Orbiter, European Space Research and Technology Centre (ESTEC), (lire en ligne [PDF]).
  12. a b c d e f et g Austin Nicholas, « MSR Timeline and Concept of Operations » [PDF], sur MEPAG, NASA, .
  13. a et b (en) Jeff Foust, « The multi-decade challenge of Mars Sample Return », .
  14. (en) NASA, FY 2022 budget estimates (NASA), NASA, , 924 p. (lire en ligne [PDF]), p. 502(PS-91).
  15. (en) « NASA's FY 2022 Budget » (consulté le ).
  16. (en) Casey Dreier, « Biden's 2022 NASA Budget Says Yes to Pretty Much Everything », .
  17. a et b (en) « Earth Return Orbiter’s first step to Mars », Airbus, .
  18. (en) International MSR Objectives and Samples Team (iMOST), « The Potential Science and Engineering Value of Samples Delivered to Earth by Mars Sample Return », MEPAG,‎ , p. 1-186 (lire en ligne [PDF]).
  19. (en) S. Vijendran, J. Huesing, F. Beyer, A. McSweeney European Space Research and Technology Centre (ESTEC), MARS SAMPLE RETURN EARTH RETURN ORBITER MISSION OVERVIEW, , pdf.
  20. « Airbus: l'ESA confie 2 études pour des échantillons martiens », VotreArgent.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

  • (en) Commission ad hoc, Mars Sample Return Program : Final Rport of the Independent Review Board, NASA, , 79 p. (lire en ligne) — Rapport de la commission d'évaluation du projet (octobre 2020) et réponses de la NASA.

Scénario de la mission 2020-2031

Mars 2020 /Perseverance

  • (en) J.F. Mustard et al., Report of the Mars 2020 Science Definition Team, (lire en ligne).
    Rapport de l'équipe chargé de la définition du contenu scientifique de la mission Mars 2020.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes