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Innocent VIII

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Innocent VIII
Image illustrative de l’article Innocent VIII
Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs (mosaïque du milieu du XIXe siècle).
Biographie
Nom de naissance Giovanni Battista Cybo
Naissance
Gênes, Drapeau de la République de Gênes République de Gênes
Père Aran Cibo, Prefect of Rome (d)
Mère Teodorina de Mari (d)
Décès
Rome,  États pontificaux
Pape de l'Église catholique
Élection au pontificat
Intronisation
Fin du pontificat
(7 ans, 10 mois et 26 jours)

Blason
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Giovanni Battista Cybo-Tomasello, né à Gênes en 1432 et mort à Rome le , est un ecclésiastique catholique génois, qui devint le 213e pape de l’Église catholique le sous le nom d'Innocent VIII (en latin Innocentius VIII, en italien Innocenzo VIII).

Il est connu pour la bulle Summis desiderantes affectibus qui étendit le rôle de l'Inquisition à la chasse aux sorcières et pour son soutien à l'Inquisition espagnole menée par Torquemada.

Biographie

Jeunesse et carrière

Fils d'Arano Cybo (ou Cibo) et d'une patricienne génoise, Giovanni Battista Cybo passe sa jeunesse à la cour de Naples. Il entre ensuite dans les ordres et reçoit l'évêché de Savone des mains de Paul II en 1467. Grâce à la protection du cardinal Giuliano della Rovere, futur Jules II, il entre à la Curie romaine. En 1473, il est élevé à la dignité de cardinal. À la mort de Sixte IV, il est élu pape lors du conclave de 1484, en partie grâce aux intrigues des cardinaux della Rovere (futur Jules II) et Borgia (futur Alexandre VI).

Pontificat

Népotisme

Sous son pontificat, il recule les limites de l'opprobre par une vénalité effrénée des charges. Corruption, vénalité, népotisme, faux privilèges, fausses bulles, intrigues sont des mesures courantes[1]. Il est le premier pape à reconnaître ses enfants illégitimes, cependant nés avant qu'il ne devienne clerc[réf. nécessaire], pour lesquels il organise des noces au Vatican[2]. Son frère Maurizio Cibo est gouverneur de Pérouse, et père du cardinal Lorenzo Cibo.

Affaires italiennes

En Italie, il fait appel à Florence, dirigée par Laurent le Magnifique, pour obtenir des finances. En remerciement, il marie son bâtard Franceschetto à la fille de Laurent, Maddalena, ce qui fait murmurer ses contemporains, et il élève à la dignité de cardinal le fils de Laurent, Giovanni, âgé seulement de 13 ans — le futur Léon X.

Il mène la guerre contre Ferdinand Ier de Naples, qui avait refusé à plusieurs reprises de payer le tribut d'investiture au pape. Une première campagne se solde par une paix mitigée en 1486, qui n'apaise pas l'hostilité entre les deux monarques. En 1489, Innocent VIII excommunie son adversaire et demande l'intervention de Charles VIII de France, lui promettant officiellement le royaume de Naples. Le conflit ne prend fin qu'en 1492.

Islam et chrétiens d'Orient

Djem, frère cadet du sultan Bajazet II, avait dû fuir Constantinople pour échapper à son frère. Après diverses pérégrinations, à Rhodes, à Nice, à Bourganeuf, il est confié au pape à Rome. Le sultan, désireux de tenir éloigné un rival pour son trône, offre au pape la somme de 120 000 ducats pour le retenir prisonnier dans ses États. Par cupidité, Innocent VIII accepte aussitôt la proposition. « C'est ainsi qu'on vit le chef de la chrétienté protéger le trône du chef de l'islam en hébergeant au Vatican le fils du conquérant de Constantinople »[3].

Paradoxalement Innocent VIII tente, à l'instar de ses prédécesseurs, de lancer une croisade contre les Turcs. Mais ce pragmatique est peu convaincu du succès de celle-ci. Il finit par nouer des relations diplomatiques lucratives avec le sultan Bayezid II, qui, en gage d'amitié, lui remet la Sainte Lance, censée avoir transpercé Jésus-Christ. Pour les chrétiens d'Orient, abandonnés aux Turcs, tout espoir d'un quelconque soutien par l'Église de Rome est désormais enterré.

Il reconnaît Henri VII comme monarque légitime au sortir de la guerre des Deux-Roses.

Durcissement de l'Inquisition

Ce pape superstitieux a attaché son nom à la chasse aux magiciens et sorcières. Il publie la bulle Summis desiderantes affectibus (), autorisant l'Inquisition à agir en matière de sorcellerie, pratiquée à la fois par les hommes et les femmes. Plus précisément, elle autorise Henri Institoris et Jacques Sprenger à instruire le procès de deux sorcières présumées en Allemagne. À leur retour, les deux dominicains publient le fameux Malleus Maleficarum (Le Marteau des sorcières) en 1486 avec le soutien d'Innocent VIII, mais qui en raison de ses excès et de ses aberrations, est peu après interdit par l'Église elle-même en 1490.[réf. nécessaire]

Il approuve la très dure répression menée par l'Inquisition espagnole dirigée par Torquemada contre les marranes, juifs convertis et soupçonnés de continuer à pratiquer leur religion originelle. Il le confirme dans ses fonctions de Grand Inquisiteur et supprime la possibilité pour les accusés de faire appel auprès de l'évêque de Séville[4].

Il accorde le titre de « Rois catholiques » à Ferdinand II d'Aragon et Isabelle de Castille et leur confère le droit de nommer les successeurs du grand Inquisiteur.

Lorsque l'humaniste Pic de la Mirandole suggère de réunir à ses propres frais un congrès de philosophes pour instituer un projet de paix universelle où il se propose de prononcer un discours sur la dignité de la personne humaine, le pape s'y oppose et les thèses de Pic de la Mirandole sont condamnées.

Mécénat

Il restaure plusieurs églises romaines. Il fait bâtir le palais du Belvédère. Il fait travailler Antonio Pollaiolo, le Pinturicchio, Andrea Mantegna ou encore le Pérugin.

Mort

Innocent VIII meurt à Rome le . Son corps repose à Rome dans la basilique Saint-Pierre.

Le Pape agonisant aurait bénéficié de la première tentative de transfusion recensée dans l'Histoire : un médecin juif, Giacomo di San Genesio, aurait tenté de lui injecter le sang de trois enfants, ce qui aurait provoqué leur mort[5]. Cependant, selon le médecin et essayiste Gérard Tobelem, « aucun récit historique fiable ne permet d'authentifier » l'événement[6].

Descendance

Innocent VIII (alias Giovanni Battista Cybo) a eu sept enfants dont deux nés avant son entrée dans le clergé[7],[8].

Sceau

Matrice en amande en bronze (49 mm), prise diamétrale à double ressaut percé. Deux saints religieux, l'un tenant un livre, l'autre les mains levées paumes vers les fidèles, dans une double niche sommée de deux blasons aux clefs croisées ; dans la partie inférieure le blason : « bande échiquetée, chef chargé d'une croix », timbré de la tiare à double fanon crucifère dont la légende est : « Scti coffessores XPI orate p nobis »[9].

Notes et références

  1. « L'Histoire du christianisme », Le Temps [lire en ligne].
  2. L'obligation de célibat.
  3. Jean Mathieu-Rosay, La véritable histoire des papes, Paris, Grancher, 1991.
  4. Joseph Pérez, Brève histoire de l'Inquisition en Espagne, Fayard, , p. 19.
  5. Denis Varaschin, Risques et prises de risques dans les sociétés industrielles, Peter Lang, , p. 171.
  6. Gérard Tobelem, Histoires du sang, Plon, .
  7. (en) Nicholas Weber, « Pope Innocent VIII », The Catholic Encyclopedia, vol. 8, New York, Robert Appleton Company, 1910 (consulté sur newadvent.org le ).
  8. (en) « La famille Cibo (Cybo), p. 57-58 », sur Généalogie papale : familles et descendance des papes, par George L. Williams, chez McFarland & Company, à Jefferson (Caroline du Nord), 1998
  9. Matrice décrite par René Grandilhon, « Inventaire des sceaux-matrices antérieurs à 1789, conservés dans les collections publiques et privées du département du Cher », Mémoires de la Société historique, littéraire et scientifique du Cher, 4e série, vol. XLII, 1936, p. 17.

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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