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* ''[[L'Abbé C.]]'', [[Éditions de Minuit]], 1950. (réédition. 10/18).
* ''[[L'Abbé C.]]'', [[Éditions de Minuit]], 1950. (réédition. 10/18).
* ''L'Amour d'un être mortel'', paru dans ''Botteghe Oscure'', cahier VIII, {{p.|105-115}} (Rome, novembre 1951), republié par Rue des Cascades, 2012.
* ''L'Amour d'un être mortel'', paru dans ''Botteghe Oscure'', cahier VIII, {{p.|105-115}} (Rome, novembre 1951), republié par Rue des Cascades, 2012.
* ''La Peinture préhistorique. Lascaux, ou la Naissance de l'art'', 1955<ref>[http://www.larevuedesressources.org/article.php3?id_article=605 Les réponses érotiques de l’art préhistorique : un éclairage bataillien]</ref>.
* ''La Peinture préhistorique. Lascaux, ou la Naissance de l'art'', Skira, Genève, 1955<ref>[http://www.larevuedesressources.org/article.php3?id_article=605 Les réponses érotiques de l’art préhistorique : un éclairage bataillien]</ref>.
* '' Manet'', Skira, Genève, 1955.
* '' Manet'', Skira, Genève, 1955.
* ''[[Le Bleu du ciel]]'', Jean-Jacques Pauvert, 1957 (écrit en 1935).
* ''[[Le Bleu du ciel]]'', Jean-Jacques Pauvert, 1957 (écrit en 1935).

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Georges Bataille
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Nom de naissance Georges Albert Maurice Victor Bataille
Alias
Pierre Angélique, Lord Auch et Louis Trente
Naissance
Billom (Puy-de-Dôme, Auvergne)
Décès (à 64 ans)
Paris
Nationalité Drapeau de la France France
Activité principale
Bibliothécaire, écrivain, philosophe
Signature de Georges Bataille

Georges Bataille, né le à Billom (Puy-de-Dôme), mort le à Paris, est un écrivain français. Son œuvre, se compose d'ouvrages de littérature, mais aussi d'anthropologie, de philosophie, d'économie, de sociologie et d'histoire de l'art.

Il ne considère jamais l'écriture comme une fin en soi, mais comme un outil qui lui permet de témoigner de ses différentes entreprises. Sa vie et son œuvre se confondent alors dans le champ de ses expérimentations, qui vont du mysticisme à l'érotisme, avec une fascination de la mort qui se retrouve en particulier dans l'un de ses essais, La pratique de la joie devant la mort. Il use parfois de pseudonymes pour signer certains écrits : Lord Auch, Pierre Angélique, Louis Trente et Dianus.

Son engagement politique le conduit à jeter sur Staline et l'Union soviétique un regard critique. Ayant beaucoup côtoyé les surréalistes, il ne fait jamais réellement partie du groupe d'André Breton qui l'excommunie très vite comme « hérétique ». Il fonde alors la revue Documents, point de ralliement de tous les excommuniés de Breton, et qui est une véritable déclaration de guerre au pape du surréalisme. Plus tard, toujours avec le même groupe de fidèles, il fonde la revue Acéphale dont le thème principal est la mort et le but de réunir des hommes et des femmes que rien désormais ne peut séparer.

Persuadé de la perversité du fascisme, ne croyant pas aux mouvements prolétariens, il fonde en 1936, après la victoire du Front populaire de 1935, un mouvement d'intellectuels révolutionnaires « Contre-Attaque » qui se situe contre le capitalisme, contre la bourgeoisie, pour la libre expression sexuelle. Cette révolution est placée sous le triple signe de Sade, Nietzsche et Fourier. Pour cela il se réconcilie avec André Breton et dirige le mouvement avec lui pendant une courte période.

Plus tard, il se détourne de l'action politique pour se consacrer à l'écriture d'ouvrages pratiquement tous à composante autobiographique, dans lesquels il développe sa recherche du sacré et de l'extase, l'horreur de la mort et sa fascination pour celle-ci. Ses références à Sade, Nietzsche et Hegel, souvent détournées, servent le plus souvent à justifier ses recherches très personnelles. De récentes études ont démontré la faible filiation que son œuvre présentait avec les uns et les autres.

Auréolé d'un prestige considérable dans les milieux intellectuels, surtout connu pour ses écrits sur l'érotisme qui ont fait scandale, il reste mal connu du grand public et très peu lu. Il fait cependant l'objet d'un très grand nombre d'études et d'exégèses. Son œuvre est difficile à caractériser, « les catégories traditionnelles, les délimitations qu'elles établissent, se révèlent inappropriées ou encombrantes dès lors qu'on veut rendre compte de l'ensemble de ses écrits[1]. » D'autant plus qu'il s'est évertué à brouiller les pistes, ainsi que le démontre Jean-Louis Corille dans un essai intitulé Bataille le prestidigitateur, ou comment brouiller les cartes[2].

Il est enterré au cimetière de Vézelay dans l'Yonne.

Biographie

Famille et éducation

Georges Bataille, son père et son frère Martial (à gauche)

Le père de Georges, Joseph-Aristide Bataille, a épousé Marie-Antoinette Tournarde alors qu'il avait déjà 35 ans. Successivement économe de collège, employé à la maison centrale de Melun, puis receveur buraliste, il a quarante-deux ans à la naissance de son deuxième fils : Georges. L'aîné de Georges, Martial, est celui qui va s'opposer à son frère lorsqu'en 1961 Bataille déclare dans une entrevue avec Madeleine Chapsal que son père était fou[3]. Joseph-Aristide est atteint de syphilis, maladie qui s'est déclarée entre la naissance de ses deux enfants et qui progresse rapidement. À la naissance de Georges, il est déjà presque aveugle et ses membres sont paralysés.

« Je suis né d'un père P.G., qui m'a conçu déjà aveugle, et qui fut cloué, peu après ma naissance, dans son fauteuil, par sa sinistre maladie[4]. »

Georges n'a que trois ans lorsqu'il est témoin des effets furieux de la maladie de son père : douleurs atroces, troubles des viscères, des sphincters, il « conchiait ses culottes[5] ». Georges aime néanmoins ce père qui avait tout d'une « bête ». Il l'aime jusqu'à ce que son amour se transforme en haine, à l'âge de quatorze ans, au moment où se manifestent les premiers signes de folie que Georges constate vers 1911 alors qu'il a quatorze ans, et qui se développent pendant que Martial part sur le front. Ce qui explique les témoignages opposés des deux frères sur le père : Martial n'a pas assisté aux dernières années de vie de son père. L'aveugle criait des insanités à caractère sexuel au médecin venu le soigner, ainsi qu'à sa femme qui perdit la raison pendant un temps, selon les récits de son enfance que fait Georges Bataille[6].

« Dis donc, docteur, quand tu auras fini de piner ma femme[7] ! »

La famille est alors installée à Reims, sans doute parce que le père y a été muté, à une date imprécise (1898,1899, ou 1900). Toutefois, Marie-Antoinette survit à son époux une quinzaine d'années en compagnie de ses enfants et il n'est plus, ensuite, question de sa folie[6]. De l'enfance de Georges, on sait peu de choses à l'exception des souvenirs qu'il livre de ses parents. Tous se rapportent d'abord à l'affliction du père. Bataille écrit qu'il s'est adonné au plaisir de l'auto-mutilation avec son porte plume « pour s'endurcir contre la douleur » dans Le Bleu du ciel, sans qu'il soit possible de déceler la part autobiographique de ce récit et la part littéraire[8]. Bataille ne l'a jamais écrit ouvertement, mais il a longtemps été convaincu que son père s'était livré sur lui à des attouchements incestueux, pédérastes, il aurait même parlé de viol[9].

Un récit intitulé Le Rêve décrit ce père qu'il revoit

« avec un sourire fielleux et aveugle étendre ses mains obscènes sur lui, souvenir qui lui paraît le plus terrible de tous[10]. »

On a fini par convaincre Bataille que ces scènes n'avaient pas pu avoir lieu à la cave comme il le raconte, puisque son père était paralysé, mais il reste sans doute possible que certains gestes du père aient pu paraître obscènes à l'enfant[9].

Georges étudie au lycée de Reims jusqu'en classe de première, il poursuit ensuite au collège d'Épernay où il est pensionnaire à sa demande, il y obtient son premier baccalauréat en 1914[11].

La foi en Dieu, conversion

Cathédrale Notre-Dame de Reims
Reims détruite (1916) lors de la Première Guerre mondiale

Beaucoup de choses sont difficiles à comprendre, voir inexplicables, dans la démarche de Bataille. Pour quelle raison affirme-t-il en 1914 que « son affaire en ce monde était d'écrire, en particulier d'élaborer une philosophie paradoxale[12]. » Il a dix-sept ans à cette date, et rien n'explique pourquoi il découvre Dieu à ce moment-là : son père était irréligieux, sa mère indifférente. Il se convertit en août 1914 à la cathédrale de Reims où il assiste aux offices du cardinal Luçon[13].

Il semble qu'il y ait désaccord de biographes sur la date du baptême de Georges Bataille. Michel Surya précise qu'il place le baptême de Bataille en août 1914, en s'appuyant sur une déclaration de l'auteur à propos de lui-même : « se convertit régulièrement en août 14[13]. » Toutefois, Jean-François Louette mentionne la date de 1898 dans la chronologie de Georges Bataille, Romans et récits, La Pléiade 2004, p. XCIV, et Frédéric Aribit dans André Breton, Georges Bataille : le vif du sujet indique comme date du baptême 1898[14]. Ce qui laisse supposer que les parents de Georges l'auraient fait baptiser à l'âge de un an alors qu'ils étaient irréligieux ou indifférents à la religion[note 1]. Cependant, Pierre Prévost confirme encore l'âge du baptême de Bataille : 17 ans, et l'année : 1914[15].

Dès le mois de septembre de la même année, après la déclaration de guerre par l'Allemagne, Georges est évacué, avec sa mère et son frère, en même temps que les populations réfugiées à Reims depuis le début du mois d'août. Ils s'établissent Riom-ès-Montagnes dans le Cantal, chez les Tournadre. Le père, incapable de se déplacer, a été laissé sur place, confié aux soins ponctuels d'une femme de ménage[16]. Mais « il est probable même qu'en père de famille attaché au sort des siens, il les enjoignit de partir (Ils partirent à Riom-ès-Montagnes)[16]. » Georges vit ce départ comme un abandon, il en ressent une certaine culpabilité. Il ne reverra pas son père vivant : Joseph-Aristide meurt le 6 novembre 1915[16].

Dans l'esprit de Georges, la mort du père revient, par un cheminement de pensée complexe, à « la mort d'un dieu ». Sa conversion est alors à assimiler à un rapprochement vers un Dieu de consolation. Sa chrétienté n'est pas simple à interpréter. Georges ne fut jamais définitivement athée, « jamais du moins au sens où l'athéisme ne fut pas pour lui une question. » « Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de Dieu, pas davantage parce que Dieu est mort, mais parce qu'il y a plus fort que Dieu, plus fort parce qu'aveugle et fou. À sa façon, Joseph-Aristide était la folie de Dieu[17]. »

À Rioms, Georges mène une vie pieuse dans la maison de ses grands-parents Tournadre. Il passe son temps en promenade et en études, et il prépare son second baccalauréat. Il n'y a que de rares témoignages sur lui à cette époque : il aime chasser, pêcher les truites à mains nues. Entre dix-sept et vingt trois ans, on le présente plutôt comme un jeune homme modèle, déférent. Le premier livre qu'il écrit en 1918 est un livre pieux : Notre-Dame de Reims. Il envisage de devenir prêtre, ce dont son oncle Victor le dissuade. Il passe tout de même une année scolaire, d'octobre 1917 à août 1918 au séminaire de Saint-Flour, qu'il quitte à la fin de la guerre pour entrer à Paris à l'École nationale des chartes où il est admis en novembre 1918. Avant d'entrer au séminaire, il est brièvement mobilisé en 1916 et renvoyé en 1917 pour raisons de santé : des problèmes pulmonaires ont été détectés[18].

Notre-Dame de Reims n'est pas à compter dans l'œuvre littéraire de Bataille : anecdotique, autobiographique, il reste seulement un témoignage précis de la jeunesse de l'auteur. L'image des ruines de Notre-Dame de Reims, encore debout, peut être vue comme le symbole de la foi dressée contre l'irréligion, mais inversement, assimilée à l'image de la mère, ses ruines sont aussi le symbole insconscient du doute et de l'abandon : « Elle a cessé de donner la vie, elle s'étend comme un cadavre[19]. »

À Paris, il se plonge dans Le latin mystique de Remy de Gourmont, qui devient son livre de chevet, et Odon de Cluny. Mais, bien que très pieux et très austère, il ne pousse pas aussi loin le décri de la chair que le préconise Odon de Cluny et Remy de Gourmont[20].

Évolution du jeune homme

British Museum façade Nord-Est
Casa de Velázquez vue du jardin
Léon Chestov, 1927

Bataille a vingt deux ans lorsqu'il tombe amoureux de Marie Delteil, fille de Georges Delteil, médecin de sa mère, et qu'il va demander sa main. Expérience douloureuse pour lui comme pour Marie : la demande est refusée en vertu des craintes du médecin sur l'hérédité de Bataille. Déstabilisé, Georges qui a déjà un penchant pour les femmes[21], écrit à sa cousine Marie-Louise Bataille le 9 août 1919 : « Je ne sais plus ce qu'il m'arrivera à travers la tête car il y a déjà longtemps que ma pauvre tête porte je ne sais quoi qui la promet à toutes les aventures[22]. »

En 1920, le jeune homme hésite entre voyager ou vivre en reclus. Il est attiré par l'Orient, mais son premier voyage a lieu en Angleterre pour un séjour d'étude au British Museum de Londres. À cette occasion, il passe trois jours au monastère de Quarr Abbey dans l'île de Wight, séjour fortuit qui n'a aucune influence sur sa décision : entre l'agitation et la contemplation, c'est l'agitation qui l'emporte semble-t-il[23]. Lors de son séjour à Londres, il rencontre Henri Bergson, et lit Le Rire qui est une grande déception pour lui et qui n'a aucun rapport avec ce que l'on appelle par la suite le rire Bataillien qui est un rire de souffrance[24]. Il donne lui-même le détail de cette rencontre « Mon seul contact avec la philosophie reconnue fut à cette époque (en 1920) la rencontre à Londres, où je faisais des recherches au British Muséum, d'Henri Bergson. Prévenu d'avance, je lus Le rire qui, de même que la personne du philosophe, me déçut (...). Mais le problème du rire me parut sans discussion le fondement. Je n'imaginai pas que rire me dispensât de penser, mais que rire, étant à certains égards préalable à ma pensée, me porterait plus loin que la pensée. Rire et penser me parurent d'abord se compléter. La pensée sans le rire me parut mutilée, le rire sans la pensée était réduit à cette insignifiance qui lui est communément accordée, et que Bergson avait bien pauvrement décrite. Dès lors, dans mon esprit, rire, n'étant plus limité au minable comique de Bergson, équivalait à Dieu sur le plan de l'expérience vécue : bien qu'élevé en dehors de la religion, j'avais alors la foi catholique, et, je dois le dire, de la façon la plus ardente (j'avais même envisagé de me faire moine), mais ma pensée entière se résolut dans cette immense hilarité (je serais incomplet si je n'ajoutais que cette expérience du rire et celle de la sensualité heureuse se trouvèrent mêlées)[25] ». Selon Antoine Berman dans le dictionnaire des auteurs Laffont-Bompiani, il aurait rompu avec le catholicisme lors d’une visite à l’abbaye Notre-Dame de Quarr, sur l’île de Wight, selon Michel Surya l'effondrement de la foi du jeune homme est beaucoup plus difficile à dater « On aurait tort de croire que le rire remplaça sans délai la révélation qu'il avait eu en 1914[26]. » Jean-Jacques Roubine, précise que c'est peu à peu qu'il va découvrir « le rire Nietzschéen[1]. » Il soutient, en 1922 (30, 31 janvier et 1e février) sa thèse sur L'Ordre de la Chevalerie, conte en vers du XIIIe siècle, avec introduction et notes. Reçu deuxième de sa promotion, il est nommé archiviste-paléographe, et comme tel, il est envoyé à l'École des hautes études hispaniques de Madrid actuelle Casa de Velázquez[24].

À Madrid, Bataille, toujours croyant, reste isolé ; il continue de rêver d'Orient qui reste son seul but. Il décrit son projet dans une lettre à Marie-Louise Bataille : aller au Maroc. Il n'a pas encore découvert l'Espagne qu'il verra plus tard « grave et tragique » et son peuple « angoissé[27] ». Enfermé dans sa piété, qu'il efface par la suite en lui superposant l'image d'une danseuse de flamenco, qu'il allait voir chaque soir et dont il dit, en 1946, que c'est « un petit animal propre à mettre le feu dans un lit[28] », Bataille s'ennuie. Deux évènements le sortent de sa torpeur : la prestation d'un chanteur de flamenco à Grenade, et une corrida du 17 mai 1922 à Madrid où le matador Manuel Granero est mutilé par le taureau qui lui défonce l'œil droit. Le torero meurt. Il a à peine vingt ans. Toutefois cette horrible scène ne déclenche pas l'effroi immédiat chez Bataille qui était placé trop loin pour voir. Il va ensuite recréer cet évènement en imagination, d'après les récits qu'on lui fait. Plus tard, dans Histoire de l'œil, il consacre un chapitre à cet épisode sanglant intitulé : L'œil de Granero[29]. À ce moment sans doute, naît en lui ce plaisir mêlé d'angoisse qu'il décrit ainsi

« Jamais dès lors, je n'allai aux courses de taureaux sans que l'angoisse ne me tendit les nerfs intensément. L'angoisse, en aucune mesure, n'atténuait le désir d'aller aux arènes. [...] je commençais à comprendre que le malaise est souvent le secret des plaisirs les plus grands[30]. »

De retour à Paris, en 1923, Bataille se lie d'amitié avec le vaudois Alfred Métraux auquel il expose une forme de morale cynique, (Le Joyeux cynique), acquise par les lectures de Gide, Nietzsche et Dostoïevski. Métraux observe chez son ami une forme de « conversion », un éloignement de toute piété[31]. État d'esprit qui s'amplifie avec la fréquentation de Léon Chestov qui le guide dans sa lecture de Nietzsche et de Platon : « Léon Chestov philosophait à partir de Dostoïevski et de Nietzsche, ce qui me séduisait. (...). Il se scandalisa de mon aversion outrée pour les études philosophiques et je l'écoutai docilement lorsqu'il me guida avec beaucoup de sens dans la lecture de Platon. C'est à lui que je dois la base de connaissances philosophiques qui, sans avoir le caractère de ce qu'il est commun d'attendre sous ce nom, à la longue n'en sont pas moins devenues réelles. Peu après je devais comme toute ma génération m'incliner vers le marxisme. Chestov était un émigré socialiste et je m'éloignai de lui, mais je lui garde une grande reconnaissance, ce qu'il sut me dire de Platon était ce que j'avais besoin d'entendre[32]. »

Ainsi l'ancien idéaliste qui envisageait de se faire représentant de Dieu devient bientôt le plus violent de ses apostats. Chestov lui communique sa philosophie de la tragédie. Bataille étudie toute l'œuvre de Chestov, son intention de publier cette étude ne sera jamais menée à bien. En revanche, il cosigne avec Teresa Beresovski-Chestov la traduction d'un livre de Léon Chestov intitulé L'Idée de Bien chez Tolstoï et Nietzsche, philosophie et prédication qui paraît en 1925 aux Éditions du Siècle. Il est d'ailleurs probable que Bataille s'est surtout chargé de la mise en français, sa connaissance du russe étant très rudimentaire[33]. C'est de cette année que date sa « conversion à rebours  », faisant l'expérience que Nietzsche avait fait avant lui : « Les difficultés que rencontra Nietzsche ; lâchant Dieu et lâchant le bien, toutefois brûlant de l'ardeur de ceux qui pour le bien ou Dieu se firent tuer ; je les rencontrais à mon tour[34] ».

Vers le surréalisme et la débauche

1924 est une année clé dans la carrière et l'évolution politique de Bataille. Cette année-là est celle de la naissance, le 15 octobre, du Premier manifeste surréaliste qui regroupe notamment, autour d'André Breton, André Masson et plus tard, Michel Leiris, Théodore Fraenkel que Bataille rencontre alors. Ces trois derniers ont une influence considérable sur le futur philosophe[note 2] et sur sa prise de conscience politique, un sujet qui ne l'avait jamais intéressé jusque-là. C'est également avec eux qu'il partage, de près ou de loin, le surréalisme[35]. Mais le Manifeste du surréalisme lui a semblé illisible, l'écriture automatique, ennuyeuse, Breton prétentieux et conventionnel, Aragon décevant[36]. Nommé bibliothécaire au Département des Médailles de la Bibliothèque nationale cette même année, il rencontre Michel Leiris peu avant son adhésion au surréalisme. Les deux hommes nouent une profonde amitié. Leiris le décrit comme un « dandy très bourgeoisement vêtu qui n'avait rien d'un bohème »[37], et trouve son rire « sarcastique »[38].

Leiris a laissé ses impressions sur sa première rencontre avec Bataille en 1924 : « J’admirais non seulement sa culture beaucoup plus étendue et diverse que la mienne, mais son esprit non conformiste marqué par ce qu’on n’était pas encore convenu de nommer l’humour noir. J’étais sensible aussi aux dehors mêmes du personnage qui, plutôt maigre et d’allure à la fois dans le siècle et romantique, possédait (en plus juvénile bien sûr et avec une moindre discrétion) l’élégance dont il ne se départirait jamais, lors même que son maintien alourdi lui aurait donné cet air quelque peu paysan que la plupart ont connu, élégance tout en profondeur et qui se manifestait sans aucun vain déploiement de faste vestimentaire. À ses yeux assez rapprochés et enfoncés, riches de tout le bleu du ciel, s’alliait sa curieuse dentition de bête des bois, fréquemment découverte par un rire que (peut-être à tort) je jugeais sarcastique »[39].

Bataille est alors, comme il l'écrit plus tard, dans une période « décousue ». Il trouve Dada « pas assez idiot », l'idée d'entrer dans le surréalisme comme on entre en religion lui déplait déjà. Il aime agiter des idées avec Leiris et Jacques Lavaud. Il envisage de fonder avec ses compagnons un « mouvement qui aurait sur Dada la supériorité d'échapper à ce qu'a de puéril une négation systématiquement provocante[40]. »

Déjà « schismatique en puissance[41] » comme le qualifie André Masson, Bataille n'a que faire de la moralisation de Breton. Le futur « pape du surréalisme » réunissait déjà rue Fontaine un nombre de fidèles[42] . Tandis que Masson et sa joyeuse bande de la rue Blomet, composée notamment de Joan Miró Antonin Artaud, Georges Limbour, Leiris, formait déjà un foyer de dissidence.

Le groupe de la rue Blomet se rallie au printemps 1924 à la rue Fontaine. Mais les surréalistes comptent alors plusieurs chapelles qui ne trouvent pas toutes à s'exprimer[43]. Dès 1925, Bataille, qui juge mal Breton tout en l'admirant, est pratiquement le seul à ne pas lui faire allégeance. Sans le savoir, il dispose déjà d'une influence certaine. Il faut tous les efforts de Michel Leiris pour l'amener à collaborer à la « Révolution surréaliste » à partir d'octobre 1925. Car malgré son admiration pour les surréalistes, Bataille perçoit déjà chez eux un engourdissement dont il craint qu'il ne le gagne lui-même[41]. Et à travers l'attitude hautaine d'Aragon à son égard, Bataille perçoit déjà la supercherie du surréalisme. « Notre malheur commun était de vivre dans un monde devenu vide à nos yeux, et d'avoir, à défaut de profondes vertus, la nécessité de nous satisfaire en prenant l'aspect [...] de ce que nous n'avions pas le courage d'être[44]. »

Depuis son arrivée à Paris, Georges s'est peu à peu lancé dans une débauche qui étonne son ami Leiris. Courant de maison close en maison close, « il a substitué le bordel à l'église[45] ». Dès 1926, il devient le philosophe débauché qui écrit à la première page de L'histoire de l'œil « J'ai été élevé très seul et aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours été angoissé par tout ce qui est sexuel[46]. »

En 1927, il rencontre Sylvia Maklès, juive roumaine née en France, actrice issue de l'académie Charles Dullin, qu'il épouse le 20 mars de l'année suivante Il continue à fréquenter les boîtes et les bordels « avec sa femme ou sans elle ? De toutes les femmes avec lesquelles il vécut, Bataille a fait des complices. Il est douteux que la première qu'on lui connaît ne le fût pas aussi. [...] Non qu'il fût moins amoureux. [...] Bataille le débauché est aussi sentimental. Qui plus est, il ne sera pas le seul que séduira le charme considérable de Sylvia Bataille[47]. » Il quitte l'appartement où il vivait avec sa mère et son frère 85 rue de Rennes. Le couple s'installe avenue de Ségur, et par la suite rue Vauvenargues puis à Boulogne-sur-Seine avant de s'établir à Issy-les-Moulineaux. Ils ont une fille prénommée Laurence dont la naissance a lieu le 10 juin 1930, cinq mois après la mort de sa grand-mère[48]. On sait peu de choses sur la vie privée des deux époux[49], si ce n'est que Georges Bataille n'était pas de nature fidèle[50]. On sait également qu'il souffrit lorsqu'ils se séparèrent en 1934 et qu'il attendit 1946 pour divorcer : «  le Bleu du ciel témoigne de la crise traversée au moment de la séparation avec Sylvia, sans toutefois en être le récit selon Sylvia Bataille »[47]. Il a en effet très peu écrit sur son mariage. Selon Laurence Bataille le personnage d'Edith dans Le Bleu du ciel est sans aucun doute celui de la femme de Bataille[51]. Michel Surya précise : « La seule évocation littéraire de ce mariage n'est donc pas seulement tardive, elle est aussi sans recours, négative comme le furent généralement toutes celles de sa vie privée [...] comme le sera celle de la mort de sa mère en 1930 »[51]. À la mort de sa mère, le 15 janvier 1930, « l'horreur de la mort est réelle, et les pleurs le sont... mais l'agenouillement, les prières ? »[52]. Il avait vécu avec elle jusqu'à l'âge de 31 ans. Bataille dit s'être masturbé dans la chambre de la morte dans Le Bleu du ciel[53] et dans trois autres de ses textes. De l'avis de Michel Surya, « se branler auprès de la dépouille » d'une morte n'en est pas moins un hommage[52].

Bataille, qui est dès lors obsédé par la mort « Ma propre mort m'obsède comme une cochonnerie obscène et par conséquent horriblement désirable[54] », s'éloigne un temps de ses plus proches amis. Un épisode de la vie de l'auteur, qui fait l'objet de deux récits Madame Edwarda et Sainte, court récit publié aux éditions Leo Scheer[55]. Bataille s'était épris d'une prostituée, Violette, qu'il voulait sortir de sa condition, mais il ne la revit plus après plusieurs visites car elle avait été déplacée. Cet épisode secret a été livré dans un entretien de Michel Surya avec Diane Bataille (née Diane de Beauharnais Kotchoubey) qui précise que Georges avait dépensé la presque totalité de l'héritage de sa mère pour faire sortir Violette[56].

L'engagement politique, les revues

La revue Documents

Dans le but d'élargir ses troupes et de pallier les exclusions-défections[note 3] (Roger Vitrac, Antonin Artaud, Max Ernst, Joan Miró entre autres exclus), Breton convoque un symposium auquel Bataille est invité. Invitation qu'il décline avec cette phrase : « Beaucoup trop d'emmerdeurs idéalistes[57]. » L'idéalisme est désormais l'ennemi no 1. En 1929, dans le Second manifeste du surréalisme, Bataille est violemment pris à partie par Breton tout comme Vitrac, Masson, Desnos et l’ensemble du « groupe Bataille »[58], qui réplique, en 1930 par un pamphlet intitulé « Un Cadavre ».

La revue Documents va devenir une machine de guerre en réponse aux attaques de Breton. Bataille en est le secrétaire général, Georges Limbour le secrétaire de rédaction, l'équipe est composée de Michel Leiris et d'autres transfuges dont Vitrac, Robert Desnos. Initialement conçue et créée par Georges Wildenstein, fils du marchand d'art Nathan Wildenstein début 1929 pour concurrencer les Cahiers d'art de Christian Zervos, Documents fait appel à Jean Babelon et Pierre d'Espezel, ex-directeurs de la revue Aréthuse à laquelle Bataille a donné des articles[59]. Toutefois, ce n’est pas par l’intermédiaire de Babelon et Espezel que Bataille et Leiris sont introduits dans la revue, mais par le directeur du musée ethnographique Georges Henri Rivière, qui les présente à Wildenstein. Leiris et Bataille forment rapidement un groupe composé d’André Schaeffner, Robert Desnos, Jacques Baron , Georges Ribemont-Dessaignes, Roger Vitrac, André Masson Jacques-André Boiffard, puis plus tard, Jacques Prévert[60].

La revue est conçue au départ comme une revue scientifique, revue d'art, d'histoire de l'art, et d'ethnographie, dont Carl Einstein est le coordonnateur, donnant à l'ethnographie une place prépondérante qui justifie un des sous-titres de la revue[61] : « Doctrine, archéologie, beaux-arts, ethnographie[62]. » Mais très vite, avec Georges Bataille et son équipe, Documents devient une revue de contre-culture dirigée contre le surréalisme. Tout en utilisant les armes de l’érudition traditionnelle la revue tend à produire une contre-histoire de l’art[58].

Documents se situe alors au croisement de trois réseaux : les conservateurs, les ethnologues, et les dissidents surréalistes. Carl Einstein est en particulier très attaché à l’ethnologie et à l’histoire de l’art. Bataille appartient statutairement au groupe des « conservateurs » qui n'était rattaché que de loin au « surréalisme dissident » et n'avait aucun lien avec le groupe des ethnologues[61], ce qui explique quelques frictions avec Carl Einstein ethnologue avant tout. Il est entouré d'une équipe hétéroclite qui comprend des peintres (Alberto Giacometti, Pablo Picasso, Salvador Dali), de poètes, (Vitrac et Desnos) et des fidèles comme Leiris. Avec eux, Documents se fait le chantre d'une contre-culture incluant les images, le cinéma, en cela encouragé par les apports de Robert Desnos, mais aussi de Marie Elbée qui ouvre la voie, avec son article sur Gustave Courbet, à ce que le peintre appelait « la réhabilitation du laid » : « Courbet lui-même ; socialiste, d'une violence épaisse et joyeuse, se donna comme révolutionnaire et porteur d'un nouvel évangile de la peinture[63]. » Bataille retourne les concepts d’érudition en s’intéressant aussi à la culture de masse : Fantomas et Les Pieds nickelés font partie de sujets traités, interrogeant ainsi sur la nature de l’érudition[64].

Dès le second numéro, les réticences de Carl Einstein semblent avoir fléchi. Il participe activement à l'élaboration d'un « Dictionnaire critique » qui devient une rubrique régulière nourrie par Einstein, puis presque exclusivement par Bataille, Leiris, Desnos, Marcel Griaule et Jacques Baron. Là de trouve amplifié le combat contre l'idéalisme et le surréalisme. Il s'agit de déconstruire le discours officiel de l'histoire de l'art et d'élaborer une forme de marginalité[58]. Dans le numéro 4, le sous-titre « Doctrines, archéologie, beaux-arts et ethnographie » fait aussi l'objet de l'ajout « Variétés, Magazine illustré » et Bataille y écrit trois articles dont le ton revient à nier l'existence d'une nature humaine[65]. Son anti-idéalisme s'y déchaîne. « l'intérêt de la revue de Georges Wildenstein permet de saisir le moment historique où Georges Bataille [...] excède les limites imparties à la revue érudite pour s'attaquer à l'idéalisme funeste[66]. »

Ainsi naît la machine de guerre contre le surréalisme selon l'expression de Michel Leiris, qui est surtout une machine de guerre contre Breton[67]. Mais en quinze numéros, pas une fois le nom de Breton n'est cité[68].

La revue Minotaure

La revue Minotaure est éditée par Albert Skira et dirigée par Tériade. Elle paraît en 12 numéros de juin 1933 à octobre 1938. C'est une revue artistique et littéraire qui entend « exprimer les tendances les plus caractéristiques de l'activité contemporaine » selon la formule de présentation[69], aussi bien dans le domaine des sciences que celui des arts plastiques ou de la poésie[70]. Skira fait appel à Bataille qui a dû renoncer à Documents en 1931. Selon Michel Surya, la revue Minotaure n'appartient pas en propre à ce qu'a fait Bataille[71]. Elle accueille des signatures des surréalistes, alors que, selon André Masson, elle aurait dû être réservée aux seuls dissidents surréalistes, car progressivement, la revue qui se situait du côté des dissidents, est devenue de plus en plus surréaliste sous la pression des surréalistes et de Picasso[72]. L'attitude de Picasso vis-à-vis des surréalistes dans cette revue, a été diversement commentée. Selon Pierre Daix on a chargé l'œuvre du peintre de connotations surréalistes, « voire, surtout aux États-Unis, sexuelles, mais Il semble bien qu'au départ il ne se soit agi que d'un raccourci ou d'une découverte graphique, formelle, et non sentimentale[73]. »[note 4]. Toutefois la revue est très éclectique. Le no 2 est consacré à la mission Dakar-Djibouti à laquelle participent Paul Rivet, Marcel Griaule et Michel Leiris. Le titre de la revue revient tantôt à Bataille, tantôt à André Masson, tantôt à Roger Vitrac selon Jean Starobinski[74]. Le Minotaure appartient « explicitement à ce que Bataille et Masson jouèrent ensemble, au goût qu'ils eurent ensemble, dès 1924, de la Grèce, des mythes et de la tragédie[75]. »

À partir du no 3 de la revue, le « phagocytage » par les surréalistes a commence. Ce sont eux qui lancent une enquête sur la rencontre et les médecins. Claparède étudie « le sommeil réaction de défense » et Lacan développe « les motifs du crime paranoïaque[70]. » Le rapprochement entre les deux camps, que Skira souhaitait dès le départ pour la revue, mais auquel Éluard s'était farouchement opposé dans une lettre à Valentine Hugo le 1er mars 1932 (« Il me paraît impossible que nous collaborions avec des éléments aussi répugnants que Bataille qui compare André à Cocteau (...) L'homme vit avec sa propre mort. Vomissure mystique[76] ») sera très collaboratif par le suite. La revue, bien que dirigée par Bataille, comporte peu d'articles de sa plume. Il faut attendre le no 8 pour trouver un seul de ses textes[71]. Mais malgré l'emprise des surréalistes, c'est tout de même sa méthode (celle appliquée dans Documents) qui marque Minotaure de son empreinte[72]. José Pierre écrit que l'influence de Bataille demeure repérable dans tout ce qui trahit une certaine fascination pour l'horrible, mais également à travers un certain type d'analyse où une apparente rigueur scientifique sert en fait une approche du genre frénétique[77]. « Tout se passe en somme comme si l'on s'inspirait de l'exemple de Georges Bataille pour mieux se passer de lui écrit José Pierre dans la même publication : Regards sur Minotaure[78]. » L'ombre de Bataille qui plane sur la revue et que Breton ne peut cette fois exclure, représente pour Michel Surya le triomphe de Bataille[79].

Malgré cela, certaines encyclopédies présentent Minotaure comme une revue surréaliste[69]. Elle a été publiée en 13 numéros sortis en 11 livraisons, les couvertures illustrées respectivement par Picasso, Derain, Bores, Duchamp, Dalí, Matisse, Magritte, Ernst, Masson[80].

La revue Acéphale

Au début des années 1930, Bataille est membre du Cercle communiste démocratique fondé et dirigé par Boris Souvarine. Il écrit dans la revue La Critique sociale de Souvarine, avec ce que l'on a appelé le groupe Souvarine comprenant Raymond Queneau, Michel Leiris et d'autres transfuges du surréalisme qui allaient aussi former plus tard le groupe Bataille, soutenant Bataille lorsque Souvarine se montrait réservé sur certains sujets de l'auteur. Une autre figure importante de La Critique sociale était Colette Peignot, compagne de Souvarine, qui eut un rôle déterminant dans l'infléchissement politique de la revue. Sous son influence, Souvarine accepta de laisser place aux positions peu homogènes de Bataille[81]. Simone Weil contestait la présence de Bataille dans le Cercle communiste démocratique. Elle attendait pour y entrer qu'on lui explique comment on peut cohabiter quand on entend par révolution des choses différentes. Elle veut parler de Bataille et d'elle-même. Bataille donne à la critique trois articles majeurs dont un sur le cri de mort des émeutes. Souvarine prend soin de dégager la responsabilité de la revue sur cette parution. Bataille reprend le texte en 1949 sous le titre La Part maudite[82]. En janvier 1933 paraît un autre article important de Bataille :La Notion de dépense suivie de La Structure psychologique du fascisme. « Si la notion de dépense s'arrête à la lutte des classes, la structure psychologique du fascisme commence là. La lutte des classes n'est pas la seule réponse au fascisme, il n'y a pas que le communisme pour lui apporter des solutions[82]. » Le fascisme est le problème de l'État, il est à proportion de la dégénérescence du monde bourgeois : « un monde de vieillards au dents qui tombent et d'apparences[83] ». André Thirion le considère La Notion de dépense comme un texte « majeur de ce siècle » lorsqu'il le relit en 1946, alors que jusque-là, il n'avait pas fait grand cas des écrits théoriques de Bataille[84].

Bataille participe à la « pittoresque et inefficace » manifestation du cours de Vincennes le 12 février 1934 avec les membres de ce qu'il appelle son organisation. Cette organisation pourrait être le groupe Masses auquel Bataille aurait adhéré selon Marc Richir dans Texture no 6, hypothèse non confirmée[85]. L'orientation politique de Masses est cependant incertaine bien que située à l'ultra-gauche, et ouverte aussi bien aux marxistes qu'aux non-marxistes. L'adhésion de Bataille à Masses pourrait avoir commencé en octobre 1933 et pris fin en mars 1934[85]. Selon lui, la manifestation du cours de Vincennes est un échec. À ses yeux, le mouvement ouvrier européen se trouve engagé dans une impasse. La suite de l'Histoire lui donnera tort avec l'arrivée du Front populaire, puis raison avec l'arrivée d'Hitler. Masses est dirigée par René Lefeuvre, administrée par Jacques Soustelle, et soutenue par Simone Weil. Il y rencontre Dora Maar[86].

Dans ce contexte, en marge des Ligues et du Front populaire, Bataille fonde le mouvement Contre-Attaque qu'il dirige avec André Breton avec lequel il se réconcilie. Cette réconciliation donne la mesure de l'urgence : « Rien n'est plus possible qu'à condition de se lancer dans la bagarre[87], pour sauver le monde du cauchemar ». Contre-Attaque. Union de lutte des intellectuels révolutionnaires est signé à la fois par Bataille et André Breton[note 5], avant la rupture entre les deux hommes. Contre-Attaque est un mouvement hétéroclite. La première ligne du premier tract indique : « Violemment hostile à toute tendance, quelque forme qu'elle prenne, captant la révolution au bénéfice des idées de nation ou de patrie[88] ». Contre-Attaque pose aussi des problèmes symptomatiquement absents de toute idéologie révolutionnaire pudibonde. Bataille entraîne le groupe avec des appels à la violence. La première réunion publique a lieu le 5 janvier 1936, la première manifestation publique le 17 février 1936. Mais le Front populaire et les dissensions internes à Contre-Attaque auront raison de ce qui avait justifié le mouvement. Contre-Attaque disperse ce que Bataille avait réussi à sauver du groupe Souvarine. Le divorce entre Breton et Bataille devient définitif[89].

En 1936 Bataille fonde la revue Acéphale, dont la couverture du no 1, datée du , a été dessinée par André Masson, et porte le titre Conjuration sacrée. Les articles sont signés de Bataille, Jean Wahl, Jean Rollin, Pierre Klossowski[90]. « Le sens de l'Acéphale est l'invocation de la mort, et autour de cette mort, doivent se réunir des hommes et des femmes pénétrés d'une terreur si profonde que rien désormais ne peut les séparer[91]. » Mais bientôt Bataille n'est plus que chagrin devant la maladie de sa compagne Colette Peignot qu'il surnomme Laure. Il est entouré par quelques rares amis pendant l'agonie de la jeune femme : « La douleur, l'épouvante, les larmes, le délire, l'orgie, la fièvre puis la mort sont le pain quotidien que Laure partagé avec moi, et ce pain me laisse le souvenir d'une douceur redoutable, mais immense[92] ». Bataille a rencontré Laure en 1931 alors qu'elle vivait avec Boris Souvarine. Il en devient le compagnon en 1935 alors qu'il ne reste à la jeune femme, atteinte de tuberculose, que trois années à vivre. « En 1935, la tuberculose était en elle assez forte pour qu'il ne fût pas déjà trop tard, pour que rien ne pût empêcher son progrès. Il reste à Laure trois années à vivre. Trois années qu'ils ont vécu ensemble[93]. » La mort de Laure eut lieu le 7 novembre 1938 à huit heures quinze le matin. Elle a mis en présence deux clans : d'un côté Bataille et ses amis, de l'autre la famille Peignot, très chrétienne, qui espérait un retour des mécréants dans le giron de l'Église. Lors de son agonie, tous se demandent s'il va faire un signe de croix, les uns avec espoir, les autres avec crainte. Leiris fera un signe de croix à peine esquissé, mais Bataille reste ferme sur ses positions agnostiques, et quand il est interrogé sur la possibilité d'une cérémonie religieuse, affirme que « Si jamais on poussait l'audace jusqu'à célébrer une messe, il tirerait sur le prêtre à l'autel[94] ».

Entre 1937 et 1939, Bataille fait partie Collège de sociologie dont la déclaration inaugurale est publiée dans l'Acéphale. C'est une sorte de communauté dont les trois membres du directoire sont Leiris, Bataille, Roger Caillois[88]. S'il n'est défini ni par les études universitaires, ni par la sociologie, que pouvait prétendre être ce Collège de sociologie ? À cette question Roger Caillois répond qu'il s'agit de Sociologie sacrée. Caillois est en compétition avec Bataille qui règne sur l'Acéphale, il entend régner sur le collège de sociologie : « Nous étions décidé à déchaîner des mouvements dangereux[95]. » Leiris dénonce alors Bataille avec lequel il se brouille, et Caillois l'abandonne. De nouveau Bataille est seul[96].

Pendant la guerre et l'après guerre

Bataille est en zone libre dès juillet 1940 mais dès le début août il s’installe de nouveau à Paris au 259 rue Saint Honoré dans un appartement où il habite à part égale avec celui de Denise Rollin, sa nouvelle compagne depuis 1939, et avec laquelle il vivra jusqu’en 1943. Denise habite 3 rue de Lille[97], c’est dans son appartement que vont avoir lieu à partir de 1941 les réunions de la communauté d’amis fondée par Bataille. À cette date, Bataille a écrit Le coupable et Madame Edwarda. La communauté d’amis qu’il tente de fonder avec Pierre Prévost est hétéroclite et se révèle bientôt un échec. Dans l’appartement de Denise Rollin des lectures-débats organisées par Bataille réunissent deux cercles d’assistants. Le premier comprend Queneau, Leiris, Fardoulis-Lagrange, le deuxième Pierre Prévost, Xavier de Lignac, Petitot. Maurice Blanchot fait partie des deux groupes[98]. Ces réunions semblent, selon les témoignages de Fardoulis et de Prévost, avoir consisté pour l’essentiel en des lectures de passages de l’Expérience intérieure[99] et la mise en débats des questions qui se rattacheront à cet ouvrage lors de sa publication en 1943. Les réunions se poursuivent jusqu’en mars 1943[98].

Bataille aura eu le tort de publier l’Expérience intérieure « pendant la guerre ». Jules Monnerot et Patrick Waldberg lui en font l’amical reproche. Mais bien plus virulente est l’attaque lancée dans un pamphlet intitulé Nom de Dieu signé par quelques obscurs surréalistes, qui visent la collaboration de Bataille à la revue Messages[100]. D’autres encore attaquent violemment l’Expérience intérieure : le très chrétien Gabriel Marcel[101]. Le plus virulent est Jean-Paul Sartre qui qualifie l’ouvrage « d’essai-martyre »[102]. Il décèle dans l’ouvrage l’influence de Nietzsche, et de Pascal. Bataille est très affecté par l’agressivité de Sartre. Le différends entre les deux hommes ne s’estompa jamais complètement bien que, par la suite, Sartre allait se montrer plus attentif aux propos de Bataille, et plus amical[103].

En avril 1943, Bataille s'installe à Vézelay avec Denise Rollin et son fils âgé de quatre ans. Michel Fardoulis-Lagrange, qui est alors clandestin, les y rejoint. Jacques Lacan et Sylvia Bataille, pour lesquels il a réservé à quelques pas de chez lui, une grande maison sur la place de la basilique, devaient les y rejoindre, ce qui ne se fit pas. Seule Laurence, fille de Georges et de Sylvia rejoint son père, et habite avec lui. Elle a alors treize ans[104]. La maison est pauvre et vétuste, Bataille y séjourne de mars à octobre 1943. Celle qu'il a réservée pour Lacan et Sylvia est finalement occupée par Diane Kotchoubey de Beauharnais qui s'y installe avec sa fille. Diane vient d'être libérée d'un camp d'internement près de Besançon[note 6]. C'est grâce à une invitation lancée par le mari de Denise Rollin, de passage à Vézelay pour voir son fils, que Bataille et Diane se rencontrent et qu'ainsi Bataille se trouve partagé entre deux relations amoureuses : Diane et Denise[105]. Mais dès octobre, 1943, de retour à Paris, il se sépare de Denise et se trouve de la sorte sans logement. Grâce à Pierre Klossowski, Bataille trouve refuge dans l'atelier du peintre Balthus qui est le frère de Klossowski. Dans cet atelier que Jean Piel qualifie de grenier, il vit caché pour échapper à l'ire du mari de Diane qui, bien décidé à tuer l'amant de sa femme, renonce finalement en apprenant que Bataille est malade (il est tuberculeux). Il n'y eut qu'une brève échauffourée dont Bataille ne fait le récit nulle part[106].

En 1944 Bataille rencontre souvent Sartre chez Michel Leiris. Une sorte d'estime mutuelle a remplacé l'agressivité, sans qu'il y ait réelle amitié entre les deux hommes. Il rencontre aussi Henri-François Rey avec lequel il forme le projet d'écrire un scénario de film pour enfin gagner de l'argent. Selon Henri-François : « il vivait alors dans le plus grand dénuement[107]. »

En avril 1944, Bataille quitte Paris pour s'installer à Samois-sur-Seine, non loin de de la maison de Bois-le-Roi où Diane Kotchouny réside. Cela fait maintenant deux ans qu'il est atteint de tuberculose pulmonaire. Il doit se rendre à Fontainebleau pour y recevoir des soins. Diane l'accompagne parfois, mais Bataille est souvent seul . Il écrit Julie curieux livre qui ne sera publié qu'après sa mort dans les œuvres complètes IV[108], et où la guerre est très présente : « il y a ceux qui échapperont à la guerre et ceux qui n'en reviendront pas[109] ».

Cette même année, Bataille s’engage dans un nouveau projet : un cahier intitulé Actualité, avec Pierre Prévost et Maurice Blanchot. Ce cahier, traitant de politique et en particulier de l’Espagne, ne comporte qu’un seul volume qui est édité en 1946 aux éditions Calmann-Lévy. Il est intitulé l’Espagne libre[110]. Albert Camus déclare dans la préface : « Voici neuf ans que les hommes de ma génération portent en eux l’Espagne comme une mauvaise blessure[111] ». La question de l’Espagne est d’ailleurs une blessure faite à toute l’Europe. Elle met en cause la question démocratique. Et selon Jean Cassou qui laisse éclater sa rage, c’est en Espagne qu’a commencé la tragédie européenne[112].

En 1946, Bataille fonde la revue Critique[113]. Elle porte en sous-titre : Revue générale des publications françaises et étrangères et parait en juin 1946. L'objectif est de publier des études sur tous les livres considérés comme importants en France comme à l'étranger afin de constituer un « condensé de la production imprimée du monde entier[114] » Sous la direction de Bataille, le comité de rédaction comprend Maurice Blanchot, Jules Monnerot, Pierre Josserand, Albert Ollivier et Éric Weil. Critique est une somme, les études proposées étant beaucoup plus longues et complètes que de simples comptes-rendus critiques[114]. Maurice Girodias directeur des Éditions du Chêne a d'abord proposé à Pierre Prévost le création de cette revue. La proposition a rebondi de Prévost à Blanchot et à Bataille qui forme le projet d'une mise en débat des idées. Mais Critiques dont le titre initial donné par Bataille était Critica, ne devait pas être une revue d'idée pure, mais de commentaires critiques de livres d'idées, d'où le titre finalement choisi La notion d'engagement politique est écartée à priori[115].

En 1947, Bataille se trouve au plus près de l'analyse rationnelle de la situation économique. Il soutient le plan Marshall de Truman[note 7]. Dans le numéro 8-9 de janvier-février de Critique, il formule de manière prémonitoire l'ébauche d'un projet d'aide que Marshall rend public le 5 juin 1947[116]. Ainsi le mouvement normal et nécessaire de l'activité américaine devrait aboutir à l'équipement du globe entier, sans contrepartie selon Bataille[117]. Mais tout en encourageant le plan Marshall il « défend » tout à coup l'Union soviétique, cherchant à comprendre la partition du monde en deux blocs. Bataille est désemparé, de nouveau désespéré. Il hait la bourgeoisie. Mais que valent les communistes ? Bataille les définit ainsi : ils offrent « le saut de la mort », mais quiconque ne le fait pas est assimilable à un bourgeois. Bataille lui-même refuse de se rallier à la bourgeoisie, mais refuse aussi de faire le saut de la mort[118]. Il cherche à « comprendre le monde soviétique, lourd, coercitif, monde de servitude où il n’y a d’autre possibilité que le travail[118] ».

Mais il s’insurge contre la plate protestation morale , inefficace avant guerre, inefficace aujourd'hui. Si le Kremlin cherche une domination mondiale, il ne suffit pas de s'en indigner, il faut agir : la paix n’est possible qu’armée. Bataille ne sera jamais pacifiste[119]. « On mesure mal à quel point il est vain de proposer ce monde au repos. Repos, sommeil ne pourraient être à la rigueur que prodromes de la guerre[120], cité par Michel Surya[119]. » C’est finalement une chance pour l’Occident que l’Union soviétique fasse peser sur lui la crainte d’une menace, cela le fait échapper à la paralysie La menace se résume en trois points : la « police secrète » ; le « bâillonnement de la pensée », les « camps de concentration »[121].

À partir de là, Bataille abandonne l’ethnologie et la politique pour se consacrer entièrement à l’économie Il ne demande rien moins que « d’avoir de la croissance une conscience simultanément sacrificielle[122] », cité par Surya 2012[123].

De Vézelay à Orléans

Une des salles de la Bibliothèque Inguimbertine
Lascaux Bison et sorcier ithyphallique
Le cruel face à face entre toro et torero

Si, pendant l'année 1944 l'activité littéraire de Bataille à Samois a été intense (il a écrit de nombreux poèmes dont L'alleluiah, poème d'amour destiné à Diane[124]) à Vézelay, où il s'établit de 1945 à 1949, sa création littéraire est faible. Il écrit beaucoup pour Critique, publie au début 1949 La Scissiparité, réunit Histoire de rats et Orestie sous le titre La Haine de la poésie. Il forme le projet de publier une Théorie de la religion qui est annoncée pour 1949, mais ne paraîtra pas. L'essentiel de son travail consiste à rassembler des livres épars en une somme cohérente pour donner une suite à La Part maudite. C'est ainsi qu'il réunit L'Expérience intérieure, Le Coupable et Sur Nietzsche sous le titre La Somme athéologique[125]. Bataille reste longtemps sans écrire, mais forme un grand nombre de projets dont celui de L'Histoire universelle qu'il a entrepris depuis 1934[125], dont il compte faire une histoire de l'art. De ce projet, paraîtra Lascaux ou la naissance de l'art en 1955 et Les Larmes d'Éros en 1961[126].

Mais pendant toute la période de Vézelay, il est isolé et il se débat dans des problèmes d'argent. Selon Jean-Jacques Pauvert, Georges était au bord de la mendicité[127] ayant brûlé le patrimoine que sa mère lui avait laissé en 1930, ce qui le pousse à reprendre son emploi de bibliothécaire[128].. Chaque fois qu'il parle de cette nouvelle situation, il en souligne le caractère d'obligation, répétant qu'il a dû se faire bibliothécaire, regrettant de ne pouvoir se consacrer à sa revue Critique[129],[130].

En 1949, Bataille reçoit sa nomination de conservateur à la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras où il s'installe de 1950 à 1951. Le chartiste, qui a fait toute sa carrière à la Bibliothèque nationale, est en disponibilité depuis sept ans à cause d’une tuberculose. Il arrive à Carpentras avec Diane Kotchoubey de Beauharnais, qu'il épouse en 1951[note 8]. Là, il invite ses amis Albert Camus et René Char, directeurs de la revue Empédocle, ainsi qu'Albert Béguin, cofondateur de la revue et Jacques Dupin, secrétaire de rédaction, avec lequel il se lie d’amitié. Il y publie Comment dire ?

La période de Carpentras est l'une des plus difficiles dans la vie de Bataille. Ni Diane Kotchoubey ni lui-même ne s'y plaisait vraiment. L'éloignement de Paris et de ses amis lui était pénible bien qu'il assistât aux corridas de Nîmes en compagnie de René Char, Pablo Picasso, Claude Lefort[130], et Michel Leiris qui avait été le témoin de mariage de Georges Bataille avec Sylvia Maklès en 1928[note 9]. Lorsqu'il était de conservateur de la Bibliothèque Inguimbertine, Bataille aurait réunit une importante collection d’ex-votos, en particulier ceux de Saint Gens. Son fonds aurait servi de support au court-métrage du C.N.R.S. intitulé : Saint Gens, patron des fiévreux et fidèle intercesseur de la pluie et du beau temps, tourné par Jean Arlaud à Monteux et au Beaucet[131].

Des lettres de cette période témoignent d'une grande dépression : « Ni Diane ni moi ne nous sommes bien portés à Carpentras[132]. » La solitude de Bataille entre 1949 et 1951 est celle d'un homme contraint de reprendre un emploi à regret, dans une ville qu'il n'aimait pas. La suspension de Critique le jette dans une vacuité intellectuelle. Aussi demande-t-il sa mutation pour Orléans, qu'il obtient à l'été 1951[133].

Au cours de l’année 1950, ses rencontres avec René Char, son voisin de l'Isle-sur-la-Sorgue, débouchent sur une estime et une amitié sincères. Peu après le lancement de la revue Critique que dirige Bataille, le poète lui avait écrit : « Toute une région majeure de l’homme dépend aujourd’hui de vous ».

René Char a posé, en mai de cette année-là, dans sa revue Empédocle, cette question à tous les écrivains : « Y a-t-il des incompatibilités ? » Il s’adresse ainsi à ses « compagnons d’écritures » : « On affirme sous une grande quantité d’angles que certaines fonctions de la conscience, certaine activités contradictoires, peuvent être réunies et tenues par le même individu sans nuire à la vérité pratique et saine que les collectivité humaines s’efforcent d’atteindre. C’est possible, mais ce n’est pas sûr ; la politique, l’économie, le social et quelle morale[134]. ». Bataille, qui lui avait envoyé depuis 1946 une grande quantité d’aphorismes répond à son enquête par une longue lettre, publiée en 2005 avec des dessins de Pierre Alechinsky[135].

Bataille assiste à plusieurs corridas à Nîmes lors de son séjour à Carpentras, mais la tauromachie. n’est pas le sujet le plus important dans son œuvre. L’épisode du matador Manuel Granero et de sa blessure mortelle ont servi de matière première à l’Histoire de l’œil : « Bataille observe la corrida à travers le prisme de ses fantasmes, évoquant la mort de Manuel Granero qu’il trouvait « différent des autres matadors en ce qu’il n’avait nullement l’apparence d’un boucher, mais d’un prince charmant, bien viril, parfaitement élancé »[136] ». Bataille s'y expose avec tous ses fantasmes, depuis la frénésie sexuelle, les références à l'urine, l'orgasme, l'œuf, l'œil, toutes images cristallisant ses fantasmes, dont le seul rapport avec la tauromachie, selon Berman est que Bataille se livre comme le torero au milieu de l'arène[137]. Bataille a en outre écrit un article dans le no 3 de la revue Documents intitulé Soleil Pourri, Hommage à Picasso. Dans ce même article, il fait référence à l’oreille coupée de Van Gogh[138].

Toutefois, la plupart des écrits sur le rôle sacrificiel de la tauromachie et son lien avec les mythes antiques est à mettre au crédit d’une école fondée par Leiris, Montherland et d’autres écrivains aficionados. Cette théorie rattache la tauromachie à l’antiquité grecque en s’inspirant des mythes de Mithra, du Minotaure et du sacrificiel[139]. Sans doute à cause de sa proximité avec Michel Leiris, inventeur de la « révélation d’un culte du taureau » en 1926, en compagnie de Picasso, lors d’une corrida médiocre à Fréjus[140] », on a assimilé Bataille à un fervent amateur de tauromachie[note 10]. Mais sa présence dans les arènes, initiée en Espagne en 1922, ne reprend qu'à partir de 1950, date à laquelle il est muté à Carpentras.

Dans le no 3 de la revue Documents, entièrement consacrée à un hommage à Picasso, en 1930, Bataille évoque le culte mithriaque dans son article Soleil pourri. Il n'y rattache aucunement la corrida au culte du taureau, mais fait un rapprochement entre le soleil, Mithra et Prométhée : « Mythologiquement, le soleil regardé s’identifie avec un homme qui égorge un taureau (Mithra), avec un vautour qui mange le foie (Prométhée) ; celui qui regarde, avec le taureau égorgé ou avec le foie mangé[141]. » Il développe la notion de culte mithriaque en rappelant que dans l'antiquité, ce culte du soleil se faisait dans une fosse. Des hommes s'y tenaient nus, tandis qu'un prêtre sur un clayonnage au-dessus d'eux égorgeait un taureau « [...] le taureau lui-même est aussi pour sa part, une image du soleil, mais égorgé[141] ».

Bataille est nommé conservateur de la Bibliothèque municipale d’Orléans, où il s’installe avec son épouse et leur fille en 1951. Pour ceux qui l'avaient lu, « c'était le diable qui s'installait dans cette ville[142]. » C'est d'ailleurs à Orléans que certains de ses livres les plus « lourds, les plus scandaleux » ont été écrits : Histoire de l'érotisme, La Souveraineté[143].

Les dernières années

À partir de 1954, Bataille ressent de violentes douleurs qui s'amplifient au point qu'en 1955, il consent à consulter l'un de ses plus anciens amis, le docteur Théodore Fraenkel à l'hôpital Lariboisière. Fraenkel diagnostique une artériosclérose cérébrale, Bataille se sait condamné à terme. Il a cinquante huit ans, il lui reste sept années à vivre[144]. En s'enfonçant dans la maladie, l'écrivain connaît des moments à la limite de la folie. Cependant, lui, « l'auteur inavoué de livres clandestins », n'hésite pas à venir témoigner au procès fait à Jean-Jacques Pauvert pour avoir édité quatre livres de Sade : La Philosophie dans le boudoir, La Nouvelle Justine, Juliette, Les Cent Vingt Journées de Sodome[145]. Parmi les témoins cités se trouvaient Cocteau, Breton, et Paulhan. Seuls Bataille et Jean Paulhan viennent témoigner le 15 décembre 1956[145]. Sa déposition est une injonction en philosophe, assez jésuitique, reproduite dans les œuvres complètes XII[146].

Trois livres de Bataille paraissent simultanément chez trois éditeurs différents en 1957 La Littérature et le mal, chez Gallimard, L'Érotisme aux éditions de Minuit, le Bleu du ciel chez Pauvert. L'auteur connaît alors une brève notoriété, ce qui lui vaut un entretien avec Marguerite Duras au cours duquel il fait preuve d'un singulière ironie : à la question « pourrait-il exister une apparence extérieure, » il répond : « la vache dans son pré[147]. » Et lorsque Duras insiste pour lui faire dire qu'il est communiste, Bataille répond seulement « même pas[148] », indiquant ainsi qu'il n'est pas non plus anti-communiste, qu'il ne fait que se soustraire aux exigences d'une idéologie comme il s'est soustrait à toute exigence « engageant quelque responsabilité que ce soit[148]. L'entretien avec Duras est publié dans France observateur du 12 décembre 1957, il est suivi en 1958 d'un entretien télévisé avec Pierre Dumayet[149].

Bataille est cependant très las, mais malgré son état de santé, il se lance pendant un an dans l'élaboration d'un projet que lui propose Maurice Girodias : la création d'une revue érotique. Ce projet avorté portait le titre de Genèse, il devait être bi-mensuel, Bataille travaillait au sommaire avec Patrick Waldberg. Mais les différends entre Bataille et Girodias s'aggravent au cours de l'élaboration du projet, notamment sur les questions de financement, mais aussi parce que Girodias souhaite, dans une lettre à Bataille du 11 août 1958 que Génèse s'adresse davantage au « lecteur moyen[150] ». Auprès de Waldberg, il précise davantage son objectif : que la revue comporte davantage d'« images véhémentes » et séduise « la clientèle des pervers », ce à quoi ni Bataille ni Waldberg ne consentent[151].

Alors qu’il a de plus en plus de difficultés à travailler, il publie en 1959 Le Procès de Gilles de Rais, ouvrage dont se servira son neveu Michel Bataille pour établir une biographie de Gilles de Rais[152]. Souffrant en permanence, il parvient pourtant à finir en 1961 Les Larmes d’Éros, le dernier livre qu’il verra éditer.

En 1961, il accorde une longue interview à Madeleine Chapsal, dans laquelle il fait un bilan de sa vie[note 11]. Alors qu'il a toujours connu des problèmes d'argent, « rien de ce qu'il a écrit jusqu'ici ne lui a donné les moyens de se consacrer à son œuvre », une vente de solidarité est organisée à son profit à l'hôtel Drouot, le 17 mars 1961. Les œuvres d'amis artistes, notamment celles Arp, Ernst, Giacometti, Fautrier, Picasso, Miró sont vendues par Maitre Maurice Rheims, ce qui lui permet d'acheter un appartement à Paris, rue Saint Sulpice[153]. Muté à sa demande à la Bibliothèque nationale, il quitte Orléans, mais ne peut prendre ses fonctions. Il finit intellectuellement isolé et brouillé avec la plupart de ceux avec qui il a partagé des projets communs[note 12].

Il décède à Paris le , il est inhumé civilement à Vézelay[153]. En 1961 est paru aux éditions Gallimard la réédition de Le Coupable augmenté de la version définitive de L'Alleluiah.

L'œuvre et la pensée de Georges Bataille

L'œuvre de Bataille est singulière. « Il est en rupture avec la scène philosophique et anthropologique dominante, et cela lui donne une envolée très sûre comme écrivain[154]. » ; il est celui qui ébranle l'ensemble des discours sur l'expérience mystique, artistique, érotique[154]. Son importance se mesure à la capacité qu'il a eu de penser d'une manière neuve : « en traversant un certain nombre de domaines, et en les ouvrant les uns par les autres au-delà de leurs limites[155]. » Bataille a connu tous les mouvements intellectuels, littéraires et philosophiques de son temps, et il y a pris une part à la fois occulte et active. Sa pensée tout en touchant les domaines les plus divers, de la mystique à l'économie, avait pour centre ce qu'il a appelé en 1943 L'Expérience intérieure, donnant lieu à diverses catégories d'expériences[note 13] : l'excès, la dépense, l'érotisme, la transgression, qui ont exercé une influence considérable après sa mort sur de jeunes penseurs comme Michel Foucault, Philippe Sollers, ou Jacques Derrida[156].

La philosophie de Bataille

Autel consacré à Jean de la Croix dans l'église de Los Descalzos à Écija.

Bataille a écrit « je ne suis pas un philosophe[157] ». Sa pensée est exposée dans une langue claire, classique, dépourvue de pesanteur, ce qui explique son hostilité à Sartre. Car, lui, le non-philosophe, semble faire le tour de ce qui lui paraît impossible dans la philosophie Sartrienne : la lourdeur du faux savoir et l'embarras prétentieux du concept[157]. Toutefois, au début des années 1950, il fait cette déclaration qui contredit la première : « Je préfère dire que je suis un philosophe heureux[158]. » Ceci autorise à s'interroger sur la nature de cette philosophie[note 14]. Bataille ne peut pas ne pas songer à Hegel davantage qu'à Nietzsche[158]. En 1932, il décide de penser à la fois à partir de Hegel tel que présenté par Kojève, à partir de Marx (de la doctrine de la lutte des classes enracinée dans la révolution russe), mais aussi avec « une option matérialiste qui lui permet de publier en compagnie de Queneau Critique des fondements de la dialectique hégélienne dès 1932, et à partir de Freud (...) ou du moins de ce qu'il entend comme constituant la thèse de Freud sur le sexualité[159]. » D'autre part, Bataille se tourne vers la sociologie de Durkheim et vers l'anthropologie de Mauss sur un mode qui implique « le primat d'une théorie du lien social sur toute psychologie[160]. » Enfin, il se réfère à Sade qui vient inscrire « la dimension de la part maudite au cœur même du lien social, dans une crise générale de tous les anciens idéaux[160]. » Bataille, en tant que penseur, s'inscrit dans un espace à cinq pôles. Penseur hérétique, face à la vague surréaliste, il est d'emblée un franc-tireur philosophique et politique, se réclamant d'un matérialisme qui pose violemment la question de l'athéisme plus largement que Sartre ne le fera par la suite[161]. Bien que pour Sartre, ses prétentions philosophiques se bornent à un mysticisme athée : « M.Bataille survit à la mort de Dieu[162] ».

Deux articles de Bataille parus en 1933 dans La Critique sociale précisent ce qui s'énonce philosophiquement comme matérialisme hétérodoxe. Le premier Le problème de l'État, fait état de la crise du mouvement communiste[163] le second : La structure psychologique du fascisme se veut une intervention théorique en même temps que politique. Il vise à combler une lacune de la théorie marxiste[164]. Le matérialisme de Bataille ou hétérologie conçoit d'une part les forces homogènes de stabilité et de liaison (travail argent, capital) et les forces hétérogènes de déliaison parmi lesquelles il compte « le sacré »,« la dépense improductive », la violence, la démesure, le délire, la folie. L'essentiel du raisonnement expose les deux potentialités révolutionnaires opposées de nos sociétés démocratiques[165]. La Structure du fascisme fait écho à La notion de dépense paru quelques mois plus tôt la même année. En 1933, « l'enjeu politique positif à gauche est encore le communisme seule la Critique sociale commence à en douter et l'enjeu négatif : le fascisme[166]. » Pour l'analyser, Bataille reprend les notions d'« utile » et d'« inutile ». La société homogène est la société productive, que l'État bourgeois régule et homogénéise. Bataille souligne l'incapacité de l'analyse marxiste à comprendre comment se forme une superstructure sociale, religieuse ou politique[167]. Tous les phénomènes sociaux caractérisés par la violence sont hétérogènes : « La réalité hétérogène est celle de la force ou du choc[168]. » À ce point de son étude, Bataille compare le monde plat des politiciens démocrates et celui des leaders fascistes : le monde bourgeois, mais veule se trouve confronté à un monde violent, avec des chefs surgis d'un monde hétérogène[168].

En 1934, la recherche de Bataille va du sacré à l’extase et à la quête de l’impossible. Il écrit : « Ma recherche eut un objet double : le sacré, puis l'extase, », et deux ans plus tard il précise que les « états mystiques lui restent fermés[169]. » C'est dans L'Expérience intérieure qu'il développe ce qu'il entend par mystique : il s'agit non pas d'une expérience confessionnelle, mais d'une expérience détachée de tout lien religieux, l'expérience du non savoir. C'est pourquoi il préfère au mot mystique le mot expérience ; l'expérience étant une mise en question qui ne trouve pas de réponse[170]. Le principe de l'Expérience intérieure est qu'on n'atteint l'état d'extase ou de ravissement qu'en dramatisant l'existence, La dramatisation, nécessaire à toute religion (il cite Saint Jean de la Croix) aboutit au non savoir, touche à l’extrême du possible[171]. La différence entre philosophie et mystique réside principalement en ce que dans l'expérience, l'énoncé est rien[172]. Seule l'expérience mène l'être à la limite, dans l'abime de ses possibilités, le précipitant vers un point où le possible est en fait l'impossible-même, ouvrant chaque fois sur Dieu[173]. Faisant appel à Descartes, il réduit la certitude divine à l’argument de Saint Anselme, puis il passe à Hegel[174]. pour aborder le problème de la connaissance. Partant de la dialectique hégélienne, il pose la question de la nature du savoir et de la connaissance directe (l’extase étant l’un des aspects), et de la connaissance indirecte, ce qui l’amène à insérer dans l’ouvrage un autre ouvrage intitulé l’Extase où en vingt pages, il expose plusieurs expériences[175]. Les explications de Bataille sont loin d’être toujours compréhensibles, remarque Pierre Prévost, souvent même contradictoires. Ainsi, lorsqu’en 1937, il commence à écrire Le coupable, il annonce « Je veux décrire une expérience mystique[176] ». Expérience qui se conclut avec le constat que Dieu est absent, Dieu est l’impossible. « mais, en dehors de l’église (qui masque l’impossible), que lui reste-t-il ? Le bordel. Comme la mystique, la débauche le met à nu (...) les bordels ont remplacé les églises[177] ». C’est donc dans les bordels qu’il va chercher l’image de Dieu qui a pour nom Edwarda. Titre de l'ouvrage publié en 1941 : Madame Edwarda[178]. « Edwarda est l'image la plus grimaçante, la plus bouleversante aussi des images qu'il va donner de Dieu[178]. »

La pensée politique

émeutes du 7 février 1934 Place de la Concorde, Paris

La pensée politique de Bataille regroupe un ensemble de positions qui ont été mal interprétées par son entourage, qui lui ont valu des accusations de tout sorte et l'abandon d'un certain nombres d'amis : Michel Leiris, Roger Caillois, Klossowski et Raymond Queneau se détournent de lui à partir de 1937.

Dès 1933, avec La Notion de dépense, il invite à une véritable révolution sur l'économie générale, soulignant l'importance de la dépense improductive[179]. Il entend témoigner d'une possibilité révolutionnaire que les communistes ont trahi par leur mépris du peuple et par une dérive nationaliste. Position dénoncée par Breton et les surréalistes qui ont quitté Contre-attaque dès 1936 : Bataille est accusé de Sur-Fascisme, alors qu'il appelait à la mobilisation ouvrière en dehors de l'appareil communiste et même contre lui[180]. Il a même rédigé seul, en mars 1936, sans l'avis de Breton, un tract intitulé « Travailleurs, vous êtes trahis », y apposant la signature de Breton et des surréalistes, joignant au tract un bulletin de souscription au Comité contre l'Union sacrée ce qui consomme la rupture avec le groupe en avril de la même année[181]. Son ascendant politique sur Breton explique l'agressivité des surréalistes qui l'accusent de Surfascisme souvarinien[182]. C'est d'ailleurs ses écrits sur le fascisme qui ont entraîné le plus de malentendus et d'accusations. Bataille n'est pas seulement le premier à avoir dénoncé le fascisme, mais encore le premier à l'avoir pensé[183].

En 1934, il annonce une analyse dont la précocité retient l'attention : Le fascisme en France. Mais de cette entreprise il ne reste que des pages préparatoires et quelques lignes rédigées[184]: « En janvier 1933, Hitler accédait au pouvoir et réalisait en quelques mois une mise au pas qui avait demandé quatre ans aux Italiens. J'écris en 1934 ce livre sur Le fascisme en France avec la conscience que le monde libéral où nous vivons encore ici est déjà un monde de vieillards aux dents qui tombent et d'apparences » [185]. » En lieu et place de cette étude, Bataille publie dans « un sursaut de rage » Le Bleu du ciel qui célèbre l'envers refoulé de l'optimisme politique[186]. En sociologue qu'il est aussi, Bataille a cette intuition que le fascisme et le communisme sont des religions (...) : « Il observe ceci, de quoi la lecture de leurs théoriciens respectifs ne l’avertissait pas : leur « séduction » est de nature religieuse[187]. »

De 1940 à 1944, Bataille a gardé le silence parce que pour lui la guerre n'est plus la politique, mais sa consumation tragique, qu'à défaut de combattre, on ne peut que regarder. Pourtant, parmi ses plus grands livres de l'après-guerre, on compte La Part maudite et La Souveraineté qui sont essentiellement politiques, d'une politique à différencier de son engagement d'avant-guerre[188]. Mais, de son silence, son entourage déduit une « fascination » pour le fascisme, avec un glissement d'interprétation que Surya qualifie de « demi-savoir [189]. » Et que Raymond Queneau consigne ainsi dans son journal : « Très sceptique Bataille. Plus du tout défense des démocraties[190]. ». Sans être réellement accusatoires, les propos de l'entourage de Bataille sèment le trouble, notamment ceux que rapporte Jean Piel sur sa rencontre avec Bataille en 1941, ou encore la déclaration à double sens de Klossowski tirée d'un entretien avec Jean-Maurice Monnoyer « Pathologiquement engagé comme le fut Sade, la révolution ne l'intéressait qu'à travers le jeu des passions[191] » Et parce que pathologique, il est nécessairement dérouté politiquement, voire douteux. Fardoulis-Lagrange à son tour voit une analogie avec Kojève qui annonçait Staline comme incarnant la fin de l'histoire[189]. Mais le plus virulent accusateur est sans doute Souvarine qui déverse sur l'auteur un monceau d'insultes, l'accusant d'être « détraqué sexuellement », « libidineux », voire intellectuellement pervers, d'avoir prêté à Simone Weil les traits de Lazare dans Le Bleu du ciel parce qu'elle est juive, ajoutant qu'on devine le mot qu'il n'ose pas prononcer, en pensant à la mère de sa fille (Sylvia Bataille est juive). Ainsi le détraqué devient antisémite[189].

Sichère[note 15] a pu voir dans la description du fascisme que donne Bataille une certaine fascination pour le « pouvoir militaire », bien que Bataille « dénonce en même temps le nationalisme allemand fauteur de guerre et la dérive nationaliste des communistes[192]. » Sichère voit aussi, dans la position de Bataille une : « position qu'il me paraît juste de caractériser à la fois comme libertaire et populiste : on ne peut qu'être frappé, dans l'article qu'il écrit sur La Condition humaine, par la constante oscillation entre le lyrisme hugolien (imprécation du peuple ouvrier) et un sur-léninisme (l'appel à une autorité révolutionnaire implacable)[193]. » Poussée libertaire sans doute due à une poussée de romantisme révolutionnaire, dès 1933 avec La Condition humaine de Malraux[193], mais aussi, à partir de 1944, à son engagement dans le cahier Actualité qu'il dirige à partir de 1944 avec Camus et Jean Cassou à ses côtés. Cette thèse, Sichère précise qu'elle « n'a pas la prétention d'être exhaustive (...), elle pose en tout cas qu'il y a à ce moment dans la pensée de Bataille un affrontement décisif à la puissance d'attraction du fascisme qui se distingue radicalement de l'effet de séduction exercé par un aspect de l'imaginaire nazi coupé de ses conséquences comme ce fut le cas, chez Drieu[194]. »

Dans Actualité Bataille écrit deux textes, l’un est un hommage à Picasso, l’autre une invitation à aller prendre une leçon de liberté auprès des espagnols, peuple anarchiste, et dans leur pays : « L’anarchisme est au fond la plus onéreuse expression d’un désir obstiné de l’impossible — Georges Bataille à propos de « Pour qui sonne le glas » de Hemingway[195]. » Populiste parce que Bataille en appelle à la constitution d'un mouvement organique, distinct des formes parlementaires : un mouvement de masse antifasciste, qui appelle à la prise de conscience de ce que les modèles révolutionnaires communistes sont déjà caducs.

« Jamais une démocratie stabilisée n'a été sérieusement menaçée par un milieu ouvrier. Seuls les mouvements fascistes sont venus à bout des régimes démocratiques[196] »

Dès 1937, Denis de Rougemont avait déjà devancé les mésinterprétations de l'enjeu d'Acéphale qu'il considérait comme le signe de l'anti-étatisme radical, c'est à dire du seul anti fascisme digne de ce nom[197]. Mais Bataille reste sur sa difficile position à savoir : il est convaincu que le fascisme a réussi à se hisser à une vérité de parade (séduction) supérieure à la vérité homogène des démocraties[198]. Tous les efforts de Bataille portent alors sur le besoin d'un sacré aussi séduisant que celui des nazis. Plus tard André Masson rappelle que les numéros 4 et 5 d'Acéphale ont été écrits et dessinés en Espagne en pleine guerre civile espagnole. Hans Mayer dira encore, en 1988 « Bataille seul, à mon avis, semblait avoir compris qu'il fallait une « Aufklärung  » sans rivage.(...) Il fallait peut-être renoncer aux frontières de la pensée pour la bonne raison que la réalité fasciste avait renoncé aux tabous et aux valeurs traditionnelles[199] »

À propos de la supposée tentation fasciste de Bataille, évoquée notamment par Klossowski[200], Leiris dit dans sa dernière interview accordée à Bernard-Henri Lévy en 1989, publiée dans Les aventures de la liberté : Une histoire subjective des intellectuels[201]

« Mon sentiment c'est que, vraiment, Bataille n'a jamais été fasciste. Il était, si vous voulez, fasciné par le génie de la propagande qu'avaient les nazis. Son souhait, c'était que que la gauche manifeste un égal génie de la propagande dans le sens opposé. Voilà. Je ne sais plus si le nom de Contre Attaque est de lui. Car c'était vraiment comme cela qu'il voyait les choses. C'était une contre-attaque. Il y avait l'attaque fasciste avec ses moyens massifs de propagande. Et il fallait arriver à trouver des moyens aussi puissants pour la contre-attaque. »

Jusque dans les années 50, Bataille, que Sichère qualifie de « libertaire », a balancé autour de cette formule « Nietzsche ou le communisme » affirmant que la position de Nietzsche est la seule en dehors du communisme[202],[203]. Mais n'a jamais cédé sur ce qui lui paraissait la différence entre le communisme, dont la source est à chercher dans un soulèvement révolutionnaire porteur d'espoir[note 16], et le nazisme[204].

« S'il fallait, en définitive donner une date au relatif désintérêt de Bataille pour la politique ce serait 1953, dix-sept ans plus tard qu'on ne le fait habituellement[205]. »

Du mysticisme à l'impossible, de l'érotisme à la mort

hôpital Santa Caridad de Séville où se déroule la dernière scène de L'Histoire de l'œil
Détail de L'Enfer (volet de droite du triptyque du Jardin des délices)

Histoire de l'œil, [note 17], témoigne de la place importante que l'érotisme tient dans la recherche mystique de Bataille, ainsi qu'il le développe par la suite avec Madame Edwarda qui est le plus marquant de ses livres érotiques (1937)[206]. Histoire de l'œil est un ouvrage sulfureux qui développe une auto-analyse en vue de « se débarrasser de son christianisme et de ses intentions passées de se faire prêtre [206]» C'est aussi un texte composite qui n'est pas seulement érotique, mais aussi politique, constitué de plusieurs couches d'expériences biographiques et de lectures[207], il a fait l'objet de nombreuses études notamment celle de Roland Barthes : La métaphore de l'œil paru en 1963 dans le numéro obituaire de Critique qui propose d'étudier l'œil comme un objet[207]. La frénésie sexuelle qui se déchaîne à partir d'images comme l'urine, l'œuf, l'œil, cristallisent les fantasmes de Bataille, non pour en faire le point de départ de l'œuvre, mais son sujet-même. Dans une post-face intitulée Réminiscences, L'Histoire de l'œil est présentée comme une transposition de certaines images obsessionnelles venues de l'enfance. « Il n'est pas indifférent que ce livre soit né d'une psychanalyse. Il faut voir là une justification de la nécessité qui a conduit l'auteur à s'exposer dans un livre comme un torero s'expose dans l'arène[137]. » L'auteur profane la parole, le livre devient excès, dit alors ce que le mysticisme n'a jamais pu dire et chaque excès de chaque scène est une étape à franchir pour aller vers l'impossible, recherche éternellement recommencée de Bataille[208]. Dans la dernière scène, qui a lieu dans une église de l'hôpital Santa Caridad de Séville sous deux tableaux de Juan de Valdés Leal représentant des cadavres en décomposition[note 18], l'auteur livre un jeune écclésiastique blond aux sévices de Simone « délire sexuel, déchaînement blasphématoire et fureur meurtrière [209] » L'Histoire de l'œil peut-être légitimement regardé comme le premier livre de Bataille : roman d'initiation à la mort pour les raisons-mêmes qui en font un roman érotique.

Toutefois, quelifier l'œuvre de Bataille de littérature érotique, transgressive, perverse, ne doit pas faire oublier la problématique mystique d'un écrivain d'abord lié au christianisme par sa foi, puis par son athéisme paradoxal[210]. Car, dans la rupture se dessine aussi une forme de continuité dont Ernest Renan dit « la foi a ceci de particulier que, disparue, elle survit encore[211]. » Si elle devait survivre dans l'œuvre de Bataille, ce serait dans sa volonté de construire une athéologie, mot constitué de la fusion de théologie accouplée avec un « a » privatif qui pourrait bien souligner un manque[212]. La question mystique n'est certainement pas à bannir, mais s'agit plus d'un détournement : au lieu de tendre vers Dieu, Bataille tendrait vers le Mal[213]. Ainsi, lorsque Sartre le traite de « nouveau mystique » lors de son compte rendu sur L'Expérience intérieure, Bataille considère « qu'il ne l'a pas volé[214] » ,[note 19].

La mystique de Bataille est une posture, une manière de se représenter en tant « qu'écrivain poussé par Dieu[213] ». Il se construit un « je » mystique fondé sur la réinterprétation de figures comme celle l'idiot ou du fou, du martyr ou de l'hérétique [note 20], particulièrement nets dans L'Expérience intérieure

« À moi l'idiot,Dieu parle bouche à bouche: une voix comme du feu vient de l'obscurité et parle - flamme froide, tristesse brûlante- à ... l'homme parapluie[215]. »

Bataille se représente en personnage de mystique ou de martyr, sorte de théâtralisation de l'écrivain[216]. « Il instaure ainsi dans son texte une fiction mystique: celle d'un marginal qui s'ouvre au mal et ouvre le texte au mal[217]. » Michel Surya a publié Sainteté de Bataille[note 21]. Il met en garde, lors de l'entretien avec Madeline Chalon [218] contre toute simplification qui consisterait à « rabattre » Bataille sur le christianisme, même s'il s'est lui-même parfois dépeint comme un saint[219]


En 1950 que Georges Bataille publie L'Abbé C. à partir duquel se sont établis de multiples parallèles bien qu'il « n'y ait jamais lieu de comparer ou de mesurer ensemble deux pensées, comparer ou mesurer a, en l'occurence, la signification de la négation de toute pensée[220]. » Jean-Louis Cornille le rapproche de La Dame de pique, nouvelle fantastique de Pouchkine dans laquelle deux frères, dont l'un, religieux, se prénomme Robert, et dont la publication en français coïncide avec l'écriture de l'Abbé C[221]. L'abbé Robert C. est peut-être aussi une allusion au traître Robert Alesch qui a été fusillé en 1949 pour avoir dénoncé un réseau de résistants dont Samuel Beckett faisait partie[221], tout comme le fait l'abbé C. dans le livre de Bataille, à la différence que l'AbbéC. ne dénonce pas les résistants mais uniquement ceux qu'il aime. Dans une lettre à Georges Lambrichs, Bataille se défend « d'avoir traité des problèmes de ma résistance, d'avoir fait l'apologie de la délation et d'avoir connu un abbé qui ressemblât à l'Abbé C.[222]. »


Bataille reste résolument étranger à ce type de jubilation même si sa notion de sacré n’est pas celle des religions. Selon Christian Limousin, là où le chrétien définit le sacré comme un rapport homogénéisant au divin, Bataille entend crachat, excrément, rupture de l’identité[pas clair] [note 22]. Selon Limousin, le sacré de Bataille s’inscrit dans un mouvement universel de la vie à la mort, un mouvement que le christianisme aimerait refouler. Il se manifeste sur les marges, dans le domaine de l’interdit : c’est en transgressant les tabous que nous expérimentons le sacré et un sentiment d’appartenance au monde. Bataille le cherche et le trouve dans les exhalaisons physiques (sang, sueur, larmes, excrément), les émotions extrêmes (rire, colère, ivresse, extase sexuelle), et dans les activités inutiles (poésie, jeu, crime, érotisme). Chez lui, si le sacré et l’abjection s’épousent, c’est sous une forme de dépassement des antinomies. Cela dit, Bataille sera toujours pour les tabous qui donnent un sens à cet excès. Car le divin ou le sacré sont quelque chose d’ambigu, « à la fois saint et maudit, pur et impur, blanc et noir, fascinans et tremendum » ; « le sacré est le tout autre, séparé, hétérogène », et « cette hétérologie comprend les formes les plus nobles comme les plus basses. Jeu cruel, l’art a le pouvoir d’engendrer une altérité folle, belle, laide ou effrayante »[223].[source insuffisante][source insuffisante] S’il détourne les mots, ouvre des concepts, il disjoint le sacré de la substance transcendante. Il explique dans L’expérience intérieure : « J’entends par expérience intérieure ce que d’habitude on nomme expérience mystique : les états d’extase, de ravissement, au moins d’émotion méditée » et quand, en 1947, Méthode de méditation recherche une définition de l’opération souveraine, « la moins inexacte image » lui semble être « l’extase des saints ». Si pour lui le sacré reste à la fois fascinant et repoussant, c’est qu’il est l’espace où la violence peut et doit se déchaîner. « L'érotisme est perversité au sens étymologique du terme : il tourne le vice en vertu, devinant que ce qui était défendu est en fait délicieux. Et plus le tabou est ressenti comme pesant, plus sa transgression sera délicieuse[224].[source insuffisante] » Pour Bataille « La transgression n'abolit pas l'interdit mais le dépasse en le maintenant. L'érotisme est donc inséparable du sacrilège et ne peut exister hors d'une thématique du bien et du mal ». « Le détour par le péché est essentiel à l'épanouissement de l'érotisme : là où il n'y a pas de gêne, il n'y a vraiment pas de plaisir »[224]

Bataille jeta aussi les bases de son œuvre érotique, de son érotisme qui est une : « ouverture entre les ouvertures pour accéder tant soit peu au vide insaisissable de la mort », a commenté Michel Leiris. L’érotisme de Sade ne lui ressemble en rien. Pierre Klossowski l’a analysé en ces termes : « La persévérance du Divin Marquis, toute sa vie durant, à n’étudier que les formes perverses de la nature humaine prouve qu’une seule chose lui importait : la nécessité de rendre à l’homme tout le mal qu’il est capable de rendre ».

Pour le Divin, la seule attitude face à la mort reste la recherche d’une ultime volupté. C’est du moins les phrases qu’il met dans la bouche du moribond expliquant à son confesseur : « Renonce à l’idée d’un autre monde, il n’y en a pas, mais ne renonce pas au plaisir d’être heureux… Mon ami, la volupté fut toujours le plus cher de mes biens, je l’ai encensé toute ma vie, et j’ai voulu la terminer dans ses bras ».

Bataille, qui toute sa vie s’était « dépensé jusqu’à toucher la mort à force de beuveries, de nuits blanches et de coucheries », était tout à fait hostile à cet ultime type de libertinage. Pour lui la réduction de l’être humain à un corps source de plaisir physique refoulait, à l’instar du christianisme, la dimension spirituelle de l’érotisme. Mais les deux événements sont concomitants. Dès lors Bataille critiqua le christianisme qui fait croire à l’immortalité de l’âme et au report du plaisir jusqu’au paradis. Pour lui ce refoulement de la mort s’accompagne du refoulement de la sexualité et atteint son comble dans le culte de la Vierge Marie, lui qui avait écrit le Rire de Nietzsche, lui dont le rire fêlé passait pour sarcastique, il privilégia avec une ironie noire un dernier éclat de rire, ce rire, disait-il, qui précipite « l’agonie de Dieu dans la nuit noire », persuadé qu’il était que « dans le rire infini la forme divine fond comme du sucre dans l’eau »[225].[source insuffisante]

Réception de son vivant

Critiqué par Breton, puis Sartre

Georges Bataille estimant que le surréalisme, sous la houlette d’André Breton, restait bien trop hégélien et trahissait le réel « dans son immédiateté pour un surréel rêvé sur la base d’une élévation d’esprit[note 23] » avait fondé en 1929 une revue anti-surréaliste, Documents, à laquelle contribuèrent des peintres, des écrivains, des historiens d’art et des ethnologues en quête des « traces d’un refoulé sur lequel se sont édifiées la culture et la rationalité occidentales »[113]. Parmi les collaborateurs de Documents se trouvent des artistes, poètes et intellectuels de l’époque, dont Joan Miró, Picasso, Giacometti, Arp et André Masson, ainsi que des écrivains comme Michel Leiris et Robert Desnos et des photographes comme Jacques-André Boiffard et Karl Blossfeldt.

Allant plus loin encore, Bataille estima que Breton et les surréalistes faisaient de Sade, « ce dépensier de langage », cité par Jacques Lempert, un usage bien futile. Dans son Second manifeste du surréalisme, Breton montra l'exaspération qu'il éprouvait à son égard. Bataille y est présenté comme un malade atteint de « déficit conscient à forme généralisatrice », un « psychasthénique » qui se meut avec délectation dans un univers « souillé, sénile, rance, sordide, égrillard, gâteux ».

Sartre le prend pour cible quinze ans plus tard dans un article au titre ironique, « Un nouveau mystique[note 24] », qui fait suite à la parution du premier ouvrage signé du nom de Bataille, L'Expérience intérieure. Il est successivement qualifié de « passionné », de « paranoïaque » et de « fou ». Le philosophe lui suggérait un traitement à la fin de l'article : « Le reste est affaire de la psychanalyse ».

Salué par Foucault

En 1970, lors de la parution aux Éditions Gallimard du premier volume des œuvres complètes, Michel Foucault a écrit dans sa préface : « On le sait aujourd’hui : Bataille est un des écrivains les plus importants de son siècle »[note 25].

Bibliographie

Principaux écrits

Signature de Georges Bataille
  • Les Monnaies des grands Mogols, Paris, J. Florange éditeur, s. d. (1927).
  • Histoire de l'œil, sous le pseudonyme de Lord Auch, 1928, Rééd. Paris, J.-J. Pauvert, 1967 (Rééd. U.G.E., Coll. 10/18).
  • L'Anus solaire, Éditions de la Galerie Simon, 1931.
  • Le Petit, sous le pseudonyme de Louis Trente. (réédition. J.-J. Pauvert, 1963).
  • La structure psychologique du fascisme in La Critique sociale no 10,1933, republié dans Hermès nos 5-6, 1989 ; ici en pdf.
  • Le Bleu du ciel, 1936. éditions J.-P. Pauvert, 1957 (réédition 10/18).
  • Sacrifices, G.L.M. 1936.
  • Madame Edwarda, sous le pseudonyme de Pierre Angélique, 1937. réédition, J.-J. Pauvert, 1966 (réédition.10/18).
  • L'Expérience intérieure, Gallimard, 1943.
  • Le Coupable, Gallimard, 1944.
  • L'Archangélique', Messages, 1944, réédition sous le titre L'Archangélique et autres poèmes, Gallimard, coll. NRF/Poésie, 2008.
  • Sur Nietzsche, volonté de chance, , Gallimard, 1945.
  • L'Orestie, éditions des Quatre-Vents, 1945
  • Dirty[note 26], coll. L'âge d'or, Fontaine, 1945.
  • L'Alleluiah, catéchisme de Dianus, édtions Blaizot, 1947.
  • Méthode de méditation, éditions Fontaine, 1947.
  • Histoire de rats, journal de Dianus, éditions de Minuit, 1947.
  • La Haine de la poésie, Éditions de Minuit, 1947.
  • Théorie de la religion, Gallimard, 1948, réédition présentée par Thadée Klossowski, Gallimard, 1973, coll. « Idée.
  • La Part maudite, essai d'économie générale, Minuit, 1949. (Rééd. Le Seuil, coll. « Points », 1967).
  • Éponine, Minuit, 1949.
  • L'Abbé C., Éditions de Minuit, 1950. (réédition. 10/18).
  • L'Amour d'un être mortel, paru dans Botteghe Oscure, cahier VIII, p. 105-115 (Rome, novembre 1951), republié par Rue des Cascades, 2012.
  • La Peinture préhistorique. Lascaux, ou la Naissance de l'art, Skira, Genève, 1955[226].
  • Manet, Skira, Genève, 1955.
  • Le Bleu du ciel, Jean-Jacques Pauvert, 1957 (écrit en 1935).
  • L'Érotisme, Minuit, 1957.
  • La Littérature et le Mal, Gallimard, 1957 (réédition coll. « Idées »)
  • Les Larmes d'Éros[note 27], Jean-Jacques Pauvert, 1961.
  • L'Impossible, 1962 (première parution en 1947 sous le titre La haine de la poésie)
  • Le Procès de Gilles de Rais (1965), Paris, Pauvert, 1977.
  • Ma mère, Jean-Jacques Pauvert, 1966 (posthume et inachevé).
  • Le Mort, Jean-Jacques Pauvert, 1967s ».
  • Œuvres complètes. Gallimard, XII volumes, 1970-1988.
  • Romans et récits. Préface de Denis Hollier. Édition publiée sous la direction de Jean-François Louette, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2004.
  • Le Souverain, Fata Morgana, 2010
  • Par-delà la colline ou l'instant, dessins de Claude Stassart-Springer, Vézélay, Éditions de la Goulotte, 2012.
En ligne

Revues

Bataille a joué un rôle majeur au sein des revues suivantes :

  • Documents, (1929-1931), revue d'art, d'archéologie, de beaux-arts, d'ethnographie. La première série en 1929 comprend sept numéros, la seconde 1930, huit numéros, la troisième série, composée d'un seul numéro paraît le , la quatrième série, a un seul numéro paru le [227].
  • Acéphale (1936-1939) revue collective publiée avec Georges Ambrosino et Pierre Klossowski, la couverture est dessinée par André Masson. Le dernier numéro est le numéro 5 de juin 1939. il est entièrement anonyme. Il comprend trois articles : La folie de Nietzsche, La menace de guerre, La pratique de la joie devant la mort[228].
  • Critique, fondée juin 1946, sous la direction de Bataille, intitulée revue générale des publications françaises et étrangères. Le comité de rédaction comprenait Maurice Blanchot, Pierre Josserand, Jules Monnerot, Albert Ollivier et Éric Weil. Parmi les collaborateurs se trouvent Roland Barthes, Antonin Artaud, Michel Foucault, André Pieyre de Mandiargues et Jean Piel qui devient directeur après la mort de Bataille[229].
  • Une revue consacrée à Georges Bataille a été fondée en 2011 éditée par les éditions « Les Cahiers » : les Cahiers Bataille comportent deux parutions : le Cahier no 1 d'octobre 2011[230], le Cahier no 2 d'octobre 2014[231].

Bibliographie de référence

Filmographie

° Georges Bataille à perte de vue, document vidéo par André S. Labarthe

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Mais dans le cas d'un baptême en 1898, pourquoi tant de biographies parlent de sa conversion au catholicisme ? Voir Georges Bataille & André Breton « Contre-Attaque » Union de lutte des intellectuels révolutionnaires, Les Cahiers et les autres documents 1935-1936, préface Michel Surya aperçu en ligne, Les Éditions de Minuit, présentation de la chronologie lire en ligne, Encyclopædia Universalis lire en ligne
  2. Bataille ne se considérait pas comme philosophe
  3. La liste des exclus en 1929 comprend Artaud, accusé de « gloriole », Carrive, « terroriste gascon », Delteil, « ignoble », Gérard, « imbécilité congénitale », Limbour, « scepticisme et coqueterie littéraire », Masson, « mégalomanie et absentéisme », Soupault, « infamie totale », Vitrac, « souillon des idées », Baron, « ignorance crasse », Duchamp, « scepticisme », Ribemont-Dessaignes, « auteur d'odieux petits romans policiers », Picabia, collaboration à Bifur, « tous fumistes, intriguants et révolutionnaires mal intentionnés ». André Breton, Entretiens.152, et Second manifeste du surréalisme, pages 85 à 107
  4. L'œuvre Minotaure comprend cinq séries de 1928 à 1936, (chaque série donnant lieu à plusieurs éditions): Le Minotaure courant, les amours du Minotaure, Pierre Daix p. 590, le Minotaure au javelot, le Minotaure aveugle, La Minotauromachie Daix, p.591, Le Minotaure en déménagement Daix p. 592
  5. livre paru aux éditions Ypsilon en mars 2013.
  6. Son mari Eugène Kotchouby de Beauharnais issu de l'aristocratie russe, vivant en Allemagne est considéré comme réfugié
  7. 16 pays étaient alors réunis à Paris. De cette réunion nait en avril 1948 l'OCDE. D'avril à décembre 1951 les États-Unis ont fourni à l'Europe, de 1948 à 1951, douze milliards de dollars pour 5/6e sous forme de don, et 1/6 sous forme de prêt. Michel Surya p. 657
  8. Née à Victoria, dans l’île de Vancouver, le 4 juin 1918, elle est la fille d’Helen Pearce, et du prince Eugène Kotchoubey de Beauharnais (1894-1951). Elle a épousé en premières noces à Georges Snopko, en 1939, dont elle a eu Catherine. Elle le quitte pour Georges Bataille. De cette nouvelle union naîtra Julie Bataille le 1er décembre 1949. Par sa famille paternelle Diane descendait de Joséphine Tasher de la Pagerie et de son fils Eugène de Beauharnais. De plus sa grand-mère, Daria de Beauharnais, comtesse de Leuchtenburg, était la petite-fille de Maryia Nikolaievna Ramanov, grande-duchesse de Russie, qui avait épousé Maximilien de Beauharnais, troisième duc de Leuchtenburg
  9. Leiris a participé au mouvement surréaliste et cofondé avec Bataille le Collège de Sociologie destiné à étudier les manifestations du sacré dans l’existence sociale. Bataille lui a dédié L’Érotisme, édité en 1957, et Leiris a fait paraître, en 1988, aux éditions Fourbis, À propos de Georges Bataille.
  10. exemple :L’ouvrage de Vanessa Fauchier ‘’La Tauromachie comme expérience dionysiaque chez Georges Bataille et Michel Leiris, 2002
  11. Accordée en février 1961, cette interview est parue dans le no 510 du 23 mars de la même année
  12. À propos de sa dernière tentative de collaboration et rupture, celle avec Maurice Girodias avec qui il a eu le projet de créer la revue Genèse, Surya conclut « il semble décidémment que la solitude n'ait pas été évitable » in Surya 1992, p. 590
  13. « J'appelle expérience un voyage au bout du possible écrit-il dans l'Expérience intérieure Berman p.242 »
  14. La phrase intégrale de l'entretien est la suivante : « Évidemment, ce que j'ai à dire est tel que son expression a plus d'importance pour moi que le contenu. La philosophie est, en général, une question de contenu et je fais, pour ma part, davantage appel à la sensibilité qu'à l'intelligence ; et dès ce moment, c'est l'expression, par son caractère sensible qui compte le plus. D'ailleurs ma philosophie ne pourrait en aucune mesure s'exprimer dans une forme qui ne soit pas sensible ; il n'en resterait absolument rien. C'est seulement à partir du moment où je donne une forme qui pourrait passer pour passionnée, qui peut aussi passer pour noire... mais je préfère dire que je suis un philosophe heureux parce que je ne crois pas être plus noir que Nietzsche lire en ligne section le coupable à Vézelay»
  15. Sichère dans cet ouvrage s'appuie fréquemment sur Michel Surya, édition 1987 cité pp.68,71,81,84,91,98,107 et autres
  16. C'est la première proposition de pensée que Bataille nous lègue, je dis que cette pensée nous est léguées par delà la double pensée courte que la révolution russe comme évènement est annulée par ce qu'on appelle un peu vite l'écroulement du communisme-Sichère p.113
  17. publié en 1928 sous le pseudonyme « Lord Auch », sans le nom de l'éditeur, la première édition signé Georges Bataille n'est parue qu'en 1967, soit quarante ans apès que le livre ait été écrit, Surya p.130
  18. L'un est intitulé Triunfo de la muerte et l'autre Finis gloria mundis, ils pourraient venir en sous-titre d'histoire de l'œil selon Michel Surya p. 126
  19. Quand je fus traité de nouveau mystique je pouvais me sentir victime d'une erreur vraiment folle, mais quelle que fut la légèreté de celui qui la commit, je savais bien, au fond, que je ne l'avais pas volé La Valeur d'usage de D.A.F de Sade OC II, 1976 p. 582
  20. des rôles que Michel de Certeau a analysés dans La Fable mystique XVIe-XVIIe siècle, 1982 ,t.I Gallimard cité par Sarah Lacoste p.47
  21. Michel Surya, Sainteté de Bataille, éditions de l'Éclat, 2012, 220 p, (ISBN 2841622916)
  22. Christian Limousin, professeur de lettres au lycée Romain Rolland de Clamecy, a organisé la manifestation de Vézelay : L’Éros et le Sacré, en 2002, célébrant le quarantième anniversaire de la mort de Bataille Vincent Teixeira, Georges Bataille, La part de l’art (la peinture du non-savoir), 1997.
  23. Vincent Teixeira, Georges Bataille, La part de l’art (la peinture du non-savoir), Éd. L’Harmattan, Paris, 1997.
  24. J.P. Sartre a lancé sa polémique Sur Bataille, Un nouveau mystique en décembre 1943 dans les Cahiers du Sud.
  25. Georges Bataille, Œuvres complètes, T. I. comprenant Premiers écrits, 1922-1940, Histoire de l'œil, L’Anus solaire, Sacrifices et Articles.
  26. Repris dans Le Bleu du ciel.
  27. Où est notamment évoqué le supplice du lingchi ou « cent morceaux » ; les informations sur l'origine des photographies et le degré d'authenticité de leur interprétation sont sujets à caution Bataille et le supplicié chinois : erreurs sur la personne

Références

  1. a et b Jean-Jacques Roubine 1984, p. 178
  2. Collectif Ernst Louette 2013, p. 231
  3. Michel Surya 2012, p. 14
  4. Bataille dans Histoire de l'œil, OC I, p.75 cité par Michel Surya 2012, p. 589
  5. Bataille,OC I p.76 cité par Michel Surya
  6. a et b Bataille dans Histoire de l'œil, épilogue Michel Surya 2012, p. 590
  7. Histoire de l'œil, p. 77 cité dans le Dictionnaire du français non conventionnel par Jacques Cellard et Alain Rey, édition Masson-Hachette, 1980, au mot piner signifiant : posséder une femme
  8. OC III p. 54 cité par Michel Surya 2012, p. 591
  9. a et b Michel Surya 2012, p. 26
  10. Œuvres complètes, OC II, p.10
  11. Michel Surya 2012, p. 27
  12. Michel Surya 2012, p. 28
  13. a et b Michel Surya 2012, p. 591
  14. lire en ligne la note p. 36
  15. Georges Bataille, René Guénon : l’expérience souveraine, éditions Jean-Michel Place, 1992, 182 pages, (ISBN 978-2858931569) p. 38
  16. a b et c Michel Surya 2012, p. 30
  17. Michel Surya 2012, p. 32
  18. Michel Surya 2012, p. 35-36
  19. Michel Surya 2012, p. 39
  20. Michel Surya 2012, p. 45
  21. Michel Surya 2012, p. 48
  22. Michel Surya 2012, p. 594.
  23. Michel Surya 2012, p. 51.
  24. a et b Berman, Laffont- Bompiani 1990, p. 242
  25. OC VIII p.562
  26. Michel Surya 2012, p. 51-53.
  27. œuvres complètes, T.5 p. 131
  28. Michel Surya 2012, p. 59.
  29. œuvres complètes, T.1 p. 56
  30. Michel Surya 2012, p. 596.
  31. Michel Surya 2012, p. 75.
  32. OC VIII p.563
  33. Michel Surya 2012, p. 601.
  34. OC VI p.13 cité par Surya p.599
  35. Michel Surya 2012, p. 91.
  36. Dan Franck Le Temps des bohèmes livre non paginée
  37. Michel Surya 2012, p. 602.
  38. Michel Leiris « De Bataille l'impossible à l'impossible », dans Critique no 195-196, aout-septembre 1963 p. 685
  39. Michel Leiris, À propos de Georges Bataille sur les cahiers Bataille.
  40. Michel Leiris « De Bataille l'impossible à l'impossible », dans Critique no 195-196, aout-septembre 1963 p. 684
  41. a et b Michel Surya 2012, p. 98.
  42. Berman, Laffont- Bompiani 1990, p. 241
  43. Janover 1995, p. 94.
  44. Georges bataille, œuvre complète T.VIII, p.174
  45. Michel Surya 2012, p. 109.
  46. Œuvres complètes, T I, Histoire de l'œil p. 13.
  47. a et b Michel Surya 2012, p. 177.
  48. Surya
  49. Michel Surya 2012, p. 176.
  50. Michel Surya 2012, p. 463.
  51. a et b Michel Surya 2012, p. 178.
  52. a et b Michel Surya 2012, p. 180.
  53. OC IV p. 434
  54. Œuvres complètes,T.II.p.87
  55. présentation de Sainte avec Charlotte d'Ingerville
  56. Michel Surya 2012, p. 614.
  57. Michel Surya 2012, p. 139
  58. a b et c Laurent Ferri, Christophe Gauthier et 2006 p.65
  59. Laurent Ferri, Christophe Gauthier et 2006 p.58
  60. Laurent Ferri, Christophe Gauthier et 2006 p.59
  61. a et b Laurent Ferri, Christophe Gauthier et 2006 p.60
  62. présentation sur Gallica
  63. Mairie Elbée, Documents 1930 n°4, p.227 à 233
  64. Laurent Ferri, Christophe Gauthier et 2006 p.66
  65. Michel Surya 2012, p. 143
  66. Laurent Ferri, Christophe Gauthier et 2006 p.68
  67. Laurent Ferri, Christophe Gauthier et 2006 p.64
  68. Michel Surya 2012, p. 143-147
  69. a et b Larousse 1986, p. 1059.
  70. a et b Laffont Bompiani 1990, p. 570
  71. a et b Michel Surya 2012, p. 225.
  72. a et b Michel Surya 2012, p. 226.
  73. (Dictionnaire Picasso, Pierre Daix, Robert Laffont, collection Bouquins, (ISBN 2-221-07443-2) p.590
  74. Regards sur le Minotaure, La Revue à Tête de bête, édition du Musée d'art et d'histoire de Genève, 1988 (ISBN 9782830600407), p. 30
  75. Michel Surya 2012, p. 224.
  76. Lionel Follet Aurélien, le fantasme, et l'histoire, Les Belles Lettres, 1988, p. 137
  77. José Pierre, André Breton et/ou Minotaure, dans Regards sur Minotaure, p.95 à 120 cité par Surya p. 621
  78. José Pierre, André Breton et/ou Minotaure, dans Regards sur Minotaure, p.105, cité par Surya p. 622
  79. Michel Surya 2012, p. 227.
  80. liste des collaborateurs sur le site de la Bibliothèque Kandinsky
  81. Michel Surya 2012, p. 193-195
  82. a et b Michel Surya 2012, p. 202-205
  83. OC VI, p.154
  84. André Thirion 1972, p. 551.
  85. a et b Michel Surya 2012, p. 619
  86. Mary Ann Caws, Les Vies de Dora Maar, Thames & Hudson, Paris, 2000, p. 47.
  87. Michel Surya 2012, p. 252
  88. a et b Michel Surya 2012, p. 255
  89. Michel Surya 2012, p. 257-262
  90. Antoine Berman 1990, p. 241
  91. Michel Surya 2012, p. 294.
  92. Œuvres complètes, tome V, p.525, chapitre Le Coupable
  93. Michel Surya 2012, p. 298.
  94. Marcel Moré,La mort de Laure cité par Michel Surya p.301
  95. Michel Surya 2012, p. 633.
  96. Michel Surya 2012, p. 305.
  97. Michel Surya 2012, p. 346.
  98. a et b Michel Surya 2012, p. 365.
  99. Michel Surya 2012, p. 644.
  100. Michel Surya 2012, p. 380.
  101. Michel Surya 2012, p. 381.
  102. Michel Surya 2012, p. 383.
  103. Michel Surya 2012, p. 387.
  104. Michel Surya 2012, p. 399
  105. Michel Surya 2012, p. 400
  106. Michel Surya 2012, p. 551.
  107. Magazine littéraire n° de janvier 1979, p.58
  108. Michel Surya 2012, p. 552.
  109. Michel Surya 2012, p. 405.
  110. Michel Surya 2012, p. 421.
  111. Albert Camus, préface du volume cité par Surya 2012 p.422
  112. Michel Surya 2012, p. 422.
  113. a et b André Masson, Nécrologie sur le Bulletin des Bibliothèques de France, no 9-10, 1962
  114. a et b Laffont Bompiani 1990, p. 159
  115. Michel Surya 2012, p. 426.
  116. Michel Surya 2012, p. 435.
  117. Michel Surya 2012, p. 657.
  118. a et b Michel Surya 2012, p. 436.
  119. a et b Michel Surya 2012, p. 437.
  120. Bataille,La Part maudite in O.C., Tome VII, p.152
  121. Michel Surya 2012, p. 438.
  122. Bataille O.C., Tome VII, p. 178
  123. Michel Surya 2012, p. 65!.
  124. Michel Surya 2012, p. 407.
  125. a et b Michel Surya 2012, p. 480.
  126. Michel Surya 2012, p. 532.
  127. entretien avec Pauvert, 1986Michel Surya 2012, p. 662.
  128. Michel Surya 2012, p. 462
  129. Surya 1992, p. 483-490
  130. a et b Michel Surya 2012, p. 463
  131. lire en fin de page l'allusion à la collection de Bataille
  132. Michel Surya 2012, p. 663.
  133. Michel Surya 2012, p. 465.
  134. René Char,Marie-Claude Char 1999, p. 615.
  135. voir l'ouvrage
  136. Robert Bérard, Histoire et dictionnaire de la Tauromachie Bouquins Laffont, 2003, (ISBN 9782221092460), p.598
  137. a et b Laffont Bompiani 1990, p. 482
  138. OC I p .173-174
  139. Frédéric Saumade Tauromachie mythes et réalités’’. Collectif , éditions du Félin 1995 (ISBN 2-86645-1996) p. 65.
  140. Robert Bérard, ‘’Histoire et dictionnaire de la Tauromachie’’ Bouquins Laffont, 2003, (ISBN 9782221092460), p. 585
  141. a et b Georges Bataille, Soleil pourri Document N° 3, p.174
  142. Hélène Cadou, entretien avec Surya en 1986 cité par Surya p. 670
  143. Michel Surya 2012, p. 516.
  144. Michel Surya 2012, p. 546.
  145. a et b Michel Surya 2012, p. 676.
  146. OC XII p|453-456
  147. Michel Surya 2012, p. 554.
  148. a et b Michel Surya 2012, p. 467.
  149. Michel Surya 2012, p. 555.
  150. Michel Surya 2012, p. 557.
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  187. Michel Surya, entretien avec Madeline Chalon dans le Portique revue de philosophie et de sciences humaines à propos de son nouveau livre Sainteté de Bataille lire en ligne l'intégralité de l'entretien
  188. Michel Surya 2012, p. 419.
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  190. Queneau, Journal 1939-1940 suivi de Philosophes et voyous, Gallimard 1986 (ISBN 9782070706624), p.140
  191. Le peintre et son démon, entretien avec Pierre Klossowski, p.189, cité par Surya p.637
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  206. a et b Pierre Prévost 1992, p. 63.
  207. a et b Patrick Ffrench dans Collectif Ernst Louette 2013, p. 191
  208. Laffont Bompiani 1990, p. 483
  209. Michel Leiris, Du temps de Lord Auch, , l'Arc, n° 44, cité par Surya p. 607
  210. Sarah Lacoste dans Collectif Ernst Louette 2013, p. 43
  211. Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, tome I, Gallimard folio 1983, p 18
  212. Sarah Lacoste dans Collectif Ernst Louette 2013, p. 44
  213. a et b Sarah Lacoste dans Collectif Ernst Louette 2013, p. 46
  214. Sarah Lacoste dans Collectif Ernst Louette 2013, p. 45
  215. OC V p.48
  216. Sarah Lacoste dans Collectif Ernst Louette 2013, p. 49
  217. Sarah Lacoste dans Collectif Ernst Louette 2013, p. 50
  218. Le Portique, Michel Surya, « Un philosophe ou un saint  ? », Le Portique
  219. Le Portique, Michel Surya, « Un philosophe ou un saint  ? », Le Portique
  220. Sichère 2006, p. 119
  221. a et b Cornille dans Collectif Ernst Louette 2013, p. 243
  222. Michel Surya 2012, p. 454.
  223. Christian Limousin, Bataille, Éditions Universitaires, 1974
  224. a et b Jacques Lempert, Georges Bataille étude dans le chapitre Érotisme, La Grande Encyclopédie, Paris, Éditions Larousse, 1973
  225. Cf. Georges Bataille, La pratique de la joie devant la mort, texte établi par Bernard Noël, Mercure de France, 1967.
  226. Les réponses érotiques de l’art préhistorique : un éclairage bataillien
  227. Laffont-Bompiani 1990, p. 427.
  228. Laffont-Bompiani 1990, p. 159.
  229. Laffont-Bompiani 1990, p. 14.
  230. cahier 1
  231. cahier no 2

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