« Les Nuits d'été » : différence entre les versions
m →Ouvrages généraux : +1 : Mahler, les ''Nuits d'été" et les mezzo-sopranos |
m →Ouvrages généraux : +1, analyse pas mal |
||
Ligne 276 : | Ligne 276 : | ||
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Paul Dukas]]|titre=Les écrits de Paul Dukas sur la musique|collection=Musique et musiciens|éditeur=Société d'Éditions Françaises et Internationales (SEFI)|lieu=Paris|année=1948|pages=696|id=Dukas1948}} Avant-propos de [[Gustave Samazeuilh]] |
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Paul Dukas]]|titre=Les écrits de Paul Dukas sur la musique|collection=Musique et musiciens|éditeur=Société d'Éditions Françaises et Internationales (SEFI)|lieu=Paris|année=1948|pages=696|id=Dukas1948}} Avant-propos de [[Gustave Samazeuilh]] |
||
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur1=Michel Fauré|auteur2=[[Vincent Vivès]]|titre=Histoire et poétique de la mélodie française|éditeur=[[CNRS Éditions]]|lieu=Paris|année=2000|isbn=978-2-271-05805-8|pages=396|id=Fauré & Vivès2000}} |
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur1=Michel Fauré|auteur2=[[Vincent Vivès]]|titre=Histoire et poétique de la mélodie française|éditeur=[[CNRS Éditions]]|lieu=Paris|année=2000|isbn=978-2-271-05805-8|pages=396|id=Fauré & Vivès2000}} |
||
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr| |
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur=[[Antoine Goléa]]|titre=La Musique, de la nuit des temps aux aurores nouvelles|sous-titre=''« Paradoxes et malentendus autour du romantisme »''|volume=1|éditeur=Alphonse Leduc et Cie|lieu=Paris|année=1977|isbn=2-856-89001-6|pages=464|passage=302–342|id=Goléa1977}} |
||
* {{fr}} {{Chapitre|langue=fr|auteur=J. Vincent-Caillet|auteur ouvrage=[[Marc Honegger]] et Paul Prévost (dir.)|titre ouvrage=Dictionnaire des œuvres de la musique vocale|éditeur=[[Éditions Bordas|Bordas]]|lieu=Paris|année=1992|format=3 tomes|ISBN=2040153950|oclc=25239400|bnf=34335596|pages totales=2367|titre chapitre=''Les Nuits d'été''|passage=1457–1461|id=Vincent-Caillet1992|plume=oui}} |
* {{fr}} {{Chapitre|langue=fr|auteur=J. Vincent-Caillet|auteur ouvrage=[[Marc Honegger]] et Paul Prévost (dir.)|titre ouvrage=Dictionnaire des œuvres de la musique vocale|éditeur=[[Éditions Bordas|Bordas]]|lieu=Paris|année=1992|format=3 tomes|ISBN=2040153950|oclc=25239400|bnf=34335596|pages totales=2367|titre chapitre=''Les Nuits d'été''|passage=1457–1461|id=Vincent-Caillet1992|plume=oui}} |
||
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur=[[Charles Koechlin]]|titre=Traité de l'harmonie|éditeur=[[Éditions Durand-Salabert-Eschig|Éditions Max Eschig]]|lieu=Paris|année=1926|volume=2|pages=272|id=Koechlin1926}} |
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur=[[Charles Koechlin]]|titre=Traité de l'harmonie|éditeur=[[Éditions Durand-Salabert-Eschig|Éditions Max Eschig]]|lieu=Paris|année=1926|volume=2|pages=272|id=Koechlin1926}} |
||
Ligne 282 : | Ligne 282 : | ||
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur=Charles Koechlin|titre=Traité de l'orchestration|éditeur=Éditions Max Eschig|volume=2|année=1955|pages=443|lieu=Paris|id=Koechlin1955|plume=oui}} |
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur=Charles Koechlin|titre=Traité de l'orchestration|éditeur=Éditions Max Eschig|volume=2|année=1955|pages=443|lieu=Paris|id=Koechlin1955|plume=oui}} |
||
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur=Charles Koechlin|titre=Traité de l'orchestration|éditeur=Éditions Max Eschig|volume=4|année=1959|pages=411|lieu=Paris|id=Koechlin1959|plume=oui}} |
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur=Charles Koechlin|titre=Traité de l'orchestration|éditeur=Éditions Max Eschig|volume=4|année=1959|pages=411|lieu=Paris|id=Koechlin1959|plume=oui}} |
||
* {{ouvrage|langue=en|auteur=[[Charles Osborne (écrivain)|Charles Osborne]]|titre=The Concert Song Companion|sous-titre=A Guide to the Classical Repertoire|éditeur=[[Springer Science+Business Media]]|lieu=Berlin|année=2012|isbn=978-1-475-70049-7|pages=285|id=Osborne2012}} |
|||
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur=Gérard Pernon|titre=Dictionnaire de la musique|éditeur=[[Éditions Jean-Paul Gisserot]]|année=2007|pages=320|isbn=978-2-877-47918-9|lieu=Paris|id=Pernon2007}} |
* {{fr}} {{ouvrage|langue=fr|auteur=Gérard Pernon|titre=Dictionnaire de la musique|éditeur=[[Éditions Jean-Paul Gisserot]]|année=2007|pages=320|isbn=978-2-877-47918-9|lieu=Paris|id=Pernon2007}} |
||
Version du 27 juillet 2017 à 17:10
Les Nuits d'été op. 7 (H81) | |
Page de titre de l'éditionoriginale pour chant et piano (1841) | |
Genre | Mélodies |
---|---|
Musique | Hector Berlioz |
Texte | poèmes de Théophile Gautier |
Langue originale | Français |
Effectif | mezzo-soprano ou ténor et piano,également baryton et orchestre de musique de chambre |
Dates de composition | de 1834 à 1840, orchestration de 1843 à 1856 |
Dédicataire | Louise Bertin, pour la version initiale avec piano (1841) Six chanteurs de cours grand-ducales allemandes, pour la version définitive avec ensemble instrumental (1856) |
Création | Absence, le , avec piano Weimar ( Grand-duché de Saxe-Weimar-Eisenach) |
Interprètes | Marie Recio (mezzo-soprano). |
Versions successives | |
|
|
modifier |
Les Nuits d'été (op. 7) sont un cycle de six mélodies composées par Hector Berlioz sur des poèmes de Théophile Gautier, tirés d'un recueil paru en 1838, La comédie de la mort. Écrites entre 1834 et 1840 et publiées en septembre 1841, ces mélodies, d'abord accompagnées au piano, étaient composées pour une seule voix de ténor ou de mezzo-soprano.
Ultérieurement, en 1856 (dès 1843 pour Absence), Berlioz orchestra la partie instrumentale et confia chaque mélodie à une voix différente, ce qui l'obligea à effectuer une transposition des airs. Toutefois les interprétations modernes sont en général confiées à une même voix.
Contexte
Dans ses Mémoires, rédigés à partir de 1848, le compositeur résume son activité en peu de mots pour le début des années 1840. Après une importante tournée de concerts en Allemagne, de 1842 à 1843[1],[2], « mon existence ne présente aucun événement musical digne d'être cité[3] ». En commentaire de cette déclaration, Pierre Citron admet que, « si Berlioz donna fréquemment des concerts, il ne composa guère d'œuvres importantes entre la Symphonie funèbre et triomphale de 1840 et La Damnation de Faust de 1846 : seulement les mélodies des Nuits d'été (chant et piano) et les ouvertures du Carnaval romain (tirée de thèmes de Benvenuto Cellini) et de La Tour de Nice[4] ».
Composition
Le premier biographe de Berlioz, Adolphe Boschot, en est réduit à parler d'« années mystérieuses[5] » pour la période 1841-1842, dans son Histoire d'un romantique publiée en 1908. Quatre-vingt dix ans plus tard, le musicologue américain Dallas Kern Holoman résume toute l'activité du compositeur de 1840 à 1846 en un mot résolument évasif : « Vagabondages[6] ». En fait, « Berlioz est plus actif que jamais[7] » durant ces années, où Julian Rushton voit surtout une tentative de se relever de l'échec cuisant de Benvenuto Cellini à l'opéra-comique : la « Romance de Teresa », abandonnée dans l'opéra, est reconvertie en concertino pour violon intitulé Rêverie et caprice[7], Le Carnaval romain reprend l'air de Cellini du premier tableau et la scène du carnaval au second tableau de l'acte I[8]. Rêverie et caprice est publiée la même année que Les Nuits d'été, en 1841. Les deux partitions seront retenues par le compositeur comme ses « œuvre 8 » et « œuvre 9 », succédant au cycle de mélodie dans le catalogue de ses œuvres établi en 1852.
Orchestration
De l'ensemble de ses mélodies composées pour chant et piano, Berlioz « détache certaines pages afin de les orchestrer, avec cet art et ce luxe qui n'appartiennent qu'à lui, soit qu'elles jouissent d'une plus grande faveur dans son esprit, soit qu'elles aient été appelées à figurer dans des concerts : Les Nuits d'été, mais aussi trois mélodies d'Irlande (Hélène, La belle Voyageuse et Chant sacré), La Captive, Zaïde, Le Chasseur danois et Le jeune pâtre breton[9] ».
De manière explicite, l'orchestration de la mélodie Absence répond à ces deux exigences : le manuscrit de la version pour mezzo-soprano et orchestre est signé avec précision « Orchestré à Dresde pour M. le et recopié à Brunswick le 12 mars. H.B. à Marie[10] !! »
Publication
L'éditeur Catelin publie les six mélodies pour chant (mezzo-soprano ou ténor) et piano en septembre 1841[11]. Comme à son habitude, le compositeur avait pris soin d'en faire l'annonce dans un article de la Revue et gazette musicale, le 4 juillet[12]. Le musicologue américain Dallas Kern Holoman n'en déplore pas moins une publication « sans fanfare : les mélodies ne furent pas interprétées en public et, en-dehors d'un article de critique, passèrent inaperçues[13] ».
Aperçu
Poésie et musique
Titre et dédicaces
Le titre est une allusion au Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare.
Instrumentation
Dans le recueil des Nuits d'été, « le traitement que Berlioz réserve au piano contredit bien des idées relatives à son peu de science de l'instrument. S'il n'a pas reçu une formation de pianiste et ne compose pas au clavier, il écrit pour le piano comme pour tout autre instrument, privilégiant le timbre avec ce savoir, cette imagination et ce tempérament qui lui sont irréductibles[14] ». À propos de la version initiale des six mélodies, Gérard Condé observe combien, « sans remettre en question l'extraordinaire réussite de la version orchestrale, l'originalité dont fait preuve Berlioz ici dans le traitement du piano ne me paraît pas moins saisissante[14] ».
Dans son Traité de l'orchestration, Charles Koechlin admet que « la couleur tient beaucoup à la musique elle-même et point seulement à l'orchestration proprement dite. Il est certain qu'au piano déjà, Carmen est une œuvre hautement colorée ». Cependant, « cette juste adaptation des moyens orchestraux à l'idée musicale est sans doute un don que tout le monde ne possède pas. Un autre que Berlioz eût-il trouvé l'étonnant (et si simple) début de la Marche au Supplice ? Bizet peut-être, ou Strawinsky. Sûrement pas X ou Y, excellents musiciens, mais qui n'ont pas le génie de l'orchestration[15] ».
L'orchestre est restreint à des proportions de musique de chambre. L'économie de l'écriture est remarquable : en effet, aucune mélodie ne fait intervenir l'ensemble des effectifs. Les cors n'interviennent pas dans la première mélodie, dont l'accompagnement est d'abord confié aux seuls instruments à vent. Les bassons se taisent dans la seconde et la quatrième, le hautbois dans la troisième. Au cimetière n'est accompagné que par les flûtes, les clarinettes et les cordes. Enfin, la harpe n'intervient que pour Le spectre de la rose.
Le tableau suivant donne le détail des variations dans la composition de l'orchestre :
Instrumentation des Nuits d'été | |||||
---|---|---|---|---|---|
Villanelle | Le spectre de la rose | Sur les lagunes | Absence | Au Cimetière | L'île inconnue |
2 flûtes | 2 flûtes | 2 flûtes | 2 flûtes | 2 flûtes | 2 flûtes |
Hautbois | Hautbois | Hautbois | Hautbois | ||
2 clarinettes en La |
2 clarinettes en La |
2 clarinettes en Si |
2 clarinettes en La |
2 clarinettes en La |
2 clarinettes en Si |
Basson soliste |
2 bassons | 2 bassons | |||
2 cors en Mi | Cor en Ut grave Cor en Fa grave |
Cor en La (alto) Cor en Ré |
Cor en Fa Cor en Ut Cor en Si | ||
Harpe | |||||
1ers violons | 1ers violons | 1ers violons | 1ers violons | 1ers violons | 1ers violons |
2nds violons | 2nds violons | 2nds violons | 2nds violons | 2nds violons | 2nds violons |
altos | altos | altos | altos | altos | altos |
violoncelles | violoncelles | violoncelles | violoncelles | violoncelles | violoncelles |
contrebasses | contrebasses | contrebasses | contrebasses | contrebasses | contrebasses |
Parcours des Nuits d'été
Villanelle
Cette mélodie, allegretto en la majeur, respecte la structure en trois strophes du poème de Gautier. D'abord accompagné par les flûtes, les clarinettes et le hautbois, pp très légers et staccato, le chant se développe avec simplicité. Les violoncelles lui répondent, un solo de basson la rejoint. Pour la seconde strophe, les altos et violoncelles jouent en canon la mélodie chantée. Berlioz parvient à éviter la mièvrerie qui menace toujours les poèmes d'inspiration bucolique ou « champêtre ».
Le Spectre de la Rose
Sur ce poème célèbre, qui servit également d'argument en 1911 à la chorégraphie de Michel Fokine pour un ballet du même titre, Berlioz avait composé une mélodie en arpèges, puis en accords et en trémolo brisé au piano, en ré majeur. Transposant la mélodie (en si majeur) pour l'orchestrer, le compositeur ajouta huit mesures de prélude et enrichit les détails d'ornementation dans l'accompagnement, en particulier aux violons. Le timbre de la harpe est réservé pour les vers où Gautier exprime le « léger parfum » qui est « l'âme » de la rose.
Sur les Lagunes (Lamento)
Cette mélodie, d'abord écrite en sol mineur, puis transposée un ton plus bas, est dominée par l'appel du cor en fa, sur une seconde mineure que l'on retrouve dans de nombreuses partitions de Berlioz [16]. Tout le romantisme du « départ » (et même du naufrage) qu'on retrouvera dans Les Troyens est déjà présent dans cette pièce mélancolique aboutissant à un soupir, aux limites du silence, comme dans d'autres œuvres du compositeur.
Absence
Un autre thème majeur de la production musicale et littéraire de Berlioz, ce « mal de l'isolement » dont les Mémoires offrent un douloureux témoignage, constitue l'argument de cette mélodie écrite dans la tonalité, rare, de fa dièse majeur, où la sensible (mi dièse) provoque une dissonance insistante dans le refrain du poème.
Au Cimetière (Clair de lune)
Cette mélodie, un modèle de transparence et de clarté dans l'écriture instrumentale, est en ré majeur. Le chant (noté pour ténor, bien que la majorité des réalisations en concert soient pour voix de femme) entre pp à un quart de voix. Pour l'évocation des fantômes, à la mesure 87, Berlioz a recours aux harmoniques des cordes, qu'il avait déjà employés dans le Scherzo de la reine Mab de Roméo et Juliette (1839).
La ligne vocale, à trois temps, est si limpide qu'on ne s'aperçoit pas des irrégularités métriques du poème de Gautier. L'humour délicatement ironique de la fin du poème trouve son équivalent musical dans le pizz. des violoncelles. Toute la fin est notée ppp perdendo.
Ce poème sera mis également en musique par Duparc en 1883.
L'Île inconnue
Pour achever le cycle, cette mélodie fait intervenir tous les instruments à l'exception de la harpe. Le contraste avec la fin de la mélodie précédente, débutant ici avec un tutti, f allegro spiritoso, renouvelle l'intérêt musical et l'attente de l'auditeur.
L'ironie du poème, plus marquée, se trouve soulignée par des arpèges de clarinettes dans le médium, mes. 96 et suivantes, comme un rire sous les vers répondant à la demande de la bien-aimée, qui souhaite qu'on la mène à « la rive fidèle, où l'on aime toujours » :
Cette rive, ma chère,
On ne la connaît guère
Au pays des Amours.
Carrière
Création et contrariétés
Le , Marie Recio interprète la mélodie Absence pour la première fois, dans un concert donné à Weimar, où Berlioz dirige également la Symphonie fantastique, la « Marche de Pèlerins » d'Harold en Italie, l'ouverture des Francs-juges. Il s'agit de la version alors publiée, pour chant et piano[17].
Cette même mélodie, orchestrée le 12 février à Dresde[18], est présentée lors d'un concert « au bénéfice des pauvres », le 23 février à Leipzig, parmi des extraits de différentes œuvres symphoniques de Berlioz, dont l'« Offertoire » du Requiem. Le concert obtient un grand succès public. Marie Recio est bissée[18]. Robert Schumann, qui avait assisté à une des répétitions, est enthousiasmé — par le Requiem, en particulier, dont il déclare que « cet Offertorium surpasse tout ![19] ».
Par la suite, Marie Recio interprète régulièrement Absence, parmi d'autres mélodies de Berlioz, dans les concerts qui se succèdent à un rythme effréné, le 9 mars à Brunswick[18], le 22 mars à Hambourg[20], le 18 et le 23 avril à Berlin — en présence du roi de Prusse Frédéric-Guillaume IV, qui est revenu de voyage exprès pour ce dernier concert[20] — le 6 mai à Hanovre[20] et le 23 mai à Darmstadt[20] : 14 concerts et 43 répétitions en cinq mois, à travers les différents royaumes et grands-duchés allemands[20].
La première audition parisienne d'Absence a lieu le , lors d'un concert organisé par le compositeur dans la salle du Conservatoire[21]. Il s'agit également de la première audition avec ténor, puisque Berlioz a confié la mélodie à Gilbert Duprez, qui avait créé le rôle-titre de Benvenuto Cellini, cinq ans plus tôt[22]. Le « Trio » du premier tableau de cet opéra est également repris par les interprètes d'origine[21].
À Paris, Marie Recio interprète encore Absence le 3 février 1844, dans un concert où Le Carnaval romain est présenté en première audition et immédiatement bissé[23]. À partir du mois de mai, Berlioz vit en couple avec elle, au 41 rue de Provence[24]. La dernière apparition de la chanteuse en public devait avoir lieu à Marseille, où Absence est présenté au Grand Théâtre le 19 juin 1845[25]. Le public se montre tiède[26]. D'après le critique du Sémaphore, Marie Recio souffre alors d'« un trac insurmontable[26] » et s'abstient de chanter lors du second concert prévu pour le 25 juin[25].
Berlioz lui-même ne revient à cette mélodie que pour un concert au Hanover Square Rooms de Londres, le 29 avril 1852 en matinée, présentant modestement son œuvre au public anglais entre Les Créatures de Prométhée de Beethoven et la « Marche nuptiale » du Songe d'une nuit d'été de Mendelssohn[27].
La première audition du Spectre de la rose, orchestré à Paris en décembre 1855 et janvier 1856[28], a lieu au théâtre ducal de Gotha le avec la contralto Anna-Rose Falconi dans un concert où Berlioz dirige également L'Enfance du Christ, en présence de Liszt[29]. La mélodie ne sera présentée en seconde audition que le 18 août 1857, à Bade, devant un public brillant[30] pour qui le compositeur a emmené lui-même cinquante musiciens en train jusqu'à Karlsruhe afin d'assurer la dernière répétition[31].
Une œuvre passée sous silence
Redécouverte et interprétations
Analyse
Mélodie et harmonie
Structure d'un cycle
Poétique musicale
Postérité
Berlioz et la mélodie française
Avec les Nuits d'été, Berlioz crée un modèle de mélodie française débarrassé de la « romance » de salon (avec piano obligé), de la « cantate » religieuse ou profane, et de la « scène d'opéra ».
Influences musicales
Selon Pierre-René Serna, « Berlioz a été, dans ce domaine aussi, un inventeur : celui du genre de la mélodie avec orchestre, dont on ne relève aucun exemple avant lui[9] ».
-
Richard Wagner
(1813-1883) -
Johannes Brahms
(1833-1897) -
Gustav Mahler
(1860-1911) -
Richard Strauss
(1864-1949)
-
Emmanuel Chabrier
(1841-1894) -
Henri Duparc
(1848-1933) -
Ernest Chausson
(1855-1899) -
Maurice Ravel
(1875-1937) -
Albert Roussel
(1869-1937) -
Edgard Varèse
(1883-1965)
Reconnaissance
Dans un article du Monde paru le 25 juin 1896, Gérard Condé propose l'analyse suivante : « Il y a des idées qui exigent d'être traitées en grand. Elles n'en sont pas moins subtiles pour autant. En dépit des préjugés généreusement répandus, il faut donc compter la délicatesse et le raffinement des détails parmi les aspects essentiels de l'esthétique berliozienne. Sans eux, ses œuvres grandioses sembleraient de plus en plus creuses au fur et à mesure qu'on s'approche pour les examiner, alors que c'est le contraire. Sans eux, il n'aurait jamais pu écrire le cycle des Nuits d'été, dont ses plus violents détracteurs reconnaissent la grâce et l'économie. On ne s'improvise pas miniaturiste. Le véritable sujet d'étonnement serait plutôt qu'un musicien dont l'instrument familier était la guitare ait pu édifier de véritables cathédrales sonores[32] ».
Annexes
Bibliographie
Ouvrages généraux
- (fr) Hector Berlioz, Traité d'instrumentation et d'orchestration, Paris, Henry Lemoine, (1re éd. 1844), 312 p. (ISMN 979-0-2309-4518-9).
- (fr) Roland de Candé, Les chefs-d'œuvre classiques de la musique, Paris, Seuil, , 802 p. (ISBN 2-02-039863-X, OCLC 46473027, BNF 37105991), p. 178–179
- (fr) Gérard Condé, « Les Nuits d'été, op. 7 », dans Brigitte François-Sappey et Gilles Cantagrel (dir.), Guide de la mélodie et du lied, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 916 p. (ISBN 2-213-59210-1, OCLC 417117290, BNF 35723610), p. 49–51.
- (fr) Paul Dukas, Les écrits de Paul Dukas sur la musique, Paris, Société d'Éditions Françaises et Internationales (SEFI), coll. « Musique et musiciens », , 696 p. Avant-propos de Gustave Samazeuilh
- (fr) Michel Fauré et Vincent Vivès, Histoire et poétique de la mélodie française, Paris, CNRS Éditions, , 396 p. (ISBN 978-2-271-05805-8)
- (fr) Antoine Goléa, La Musique, de la nuit des temps aux aurores nouvelles : « Paradoxes et malentendus autour du romantisme », vol. 1, Paris, Alphonse Leduc et Cie, , 464 p. (ISBN 2-856-89001-6), p. 302–342
- (fr) J. Vincent-Caillet, « Les Nuits d'été », dans Marc Honegger et Paul Prévost (dir.), Dictionnaire des œuvres de la musique vocale, Paris, Bordas, , 2367 p., 3 tomes (ISBN 2040153950, OCLC 25239400, BNF 34335596), p. 1457–1461.
- (fr) Charles Koechlin, Traité de l'harmonie, vol. 2, Paris, Éditions Max Eschig, , 272 p.
- (fr) Charles Koechlin, Traité de l'orchestration, vol. 1, Paris, Éditions Max Eschig, , 322 p.
- (fr) Charles Koechlin, Traité de l'orchestration, vol. 2, Paris, Éditions Max Eschig, , 443 p.
- (fr) Charles Koechlin, Traité de l'orchestration, vol. 4, Paris, Éditions Max Eschig, , 411 p.
- (en) Charles Osborne, The Concert Song Companion : A Guide to the Classical Repertoire, Berlin, Springer Science+Business Media, , 285 p. (ISBN 978-1-475-70049-7)
- (fr) Gérard Pernon, Dictionnaire de la musique, Paris, Éditions Jean-Paul Gisserot, , 320 p. (ISBN 978-2-877-47918-9)
Biographies
- (fr) Hector Berlioz, Mémoires : comprenant ses voyages en Italie, en Allemagne, en Russie et en Angleterre. 1803 — 1865, vol. 2, Paris, Calmann-Lévy, (1re éd. 1870), 430 p., in-18 (lire en ligne), chap. LIII.
- (fr) Hector Berlioz, Mémoires, Paris, Flammarion, coll. « Harmoniques », (ISBN 978-2-700-02102-8) présentés et annotés par Pierre Citron
- (fr) Adolphe Boschot, Histoire d'un romantique (vol.2) — Un romantique sous Louis-Philippe : Hector Berlioz, 1831-1842, Plon, , 672 p. (OCLC 4212837)
- (fr) Adolphe Boschot, Une vie romantique : Hector Berlioz, Paris, Plon-Nourrit, , 428 p.
- (en) David Cairns, Hector Berlioz : la formation d'un artiste (1803-1832), Paris, Fayard, , 710 p. (ISBN 2-213-61249-8), traduit de l'anglais par Dennis Collins
- (en) David Cairns, Hector Berlioz : Servitude et Grandeur (1832-1869), Paris, Fayard, , 944 p. (ISBN 2-213-61250-1) traduit de l'anglais par Dennis Collins
- (fr) Pierre Citron, Calendrier Berlioz, Cahiers Berlioz no 4, La Côte-Saint-André, Musée Hector-Berlioz, (ISSN 0243-3559)
Monographies
- (fr) Violaine Anger, « La Captive aux origines de la mélodie française ? », dans Joël-Marie Fauquet, Catherine Massip et Cécile Reynaud (dir.), Berlioz : textes et contextes, Paris, Société française de musicologie, , 326 p. (ISBN 978-2-853-57022-0), p. 133–149.
- (fr) Claude Ballif, Berlioz, Paris, Seuil, coll. « Solfèges », , 192 p. (ISBN 2-02-000249-3).
- (fr) Henry Barraud, Hector Berlioz, Paris, Fayard, , 512 p. (ISBN 978-2-213-02415-8).
- (en) Jacques Barzun, Berlioz and the Romantic Century, vol. 1, Little, Brown & C°, , 573 p.
- (en) Jacques Barzun, Berlioz and the Romantic Century, vol. 2, Little, Brown & C°, , 511 p.
- (en) Ian Bostridge, A Singer's Notebook, Londres, Faber & Faber, , 272 p. (ISBN 978-0-571-25467-5)
- (fr) Dominique Catteau, Hector Berlioz ou La philosophie artiste, vol. 1, Paris, Publibook, , 292 p. (ISBN 2-74-832011-5).
- (fr) Dominique Catteau, Hector Berlioz ou La philosophie artiste, vol. 2, Paris, Publibook, , 258 p. (ISBN 2-74-832398-X).
- (fr) Collectif et Henry Barraud (éd.), Hector Berlioz, Paris, Hachette, coll. « Génies et Réalités », , 272 p.
- Marcel Schneider, Berlioz dans le mouvement romantique, p. 69–87
- Harry Halbreich, Catalogue commenté et discographie critique, p. 241–265
- (en) Collectif et Peter Bloom (éd.), Berlioz, Past, Present, Future, Rochester, Rochester Press, coll. « Eastman Studies in music », (ISBN 1-58046-047-X, ISSN 1071-9989), p. 212
- (en) Hugh Macdonald, Berlioz and the metronome, p. 17–36
- (en) Peter Bloom, In the shadows of Les Nuits d'été, p. 80–111.
- (en) Julian Rushton, Les Nuits d'été : cycle or collection ?, p. 112–135.
- (fr) Collectif, Christian Wasselin (éd.) et Pierre-René Serna (éd.), Cahier Berlioz, Paris, L'Herne (no 77), (ISBN 2-85197-090-9)
- Christian Wasselin et Pierre-René Serna, Chronologie et catalogue sommaire, p. 11–21
- Dallas Kern Holoman, Pour un Nouveau Catalogue Berlioz, p. 22–29
- Jorge Arandas, Mélodies, ballades, romances et autres chansons, p. 105–109
- Gérard Condé, Romance et opéra-comique : l'héritage du XVIIIe siècle, p. 239–257
- Henry-Louis de La Grange, Mahler et Berlioz : du roman musical au chant des sphères, p. 239–257
- Florian Héro, Le retour d'Hermès, p. 312–317
- Collectif, Témoignages, p. 331–354
- (fr) Gérard Denizeau, Richard Wagner, Paris, bleu nuit éditeur, coll. « Horizons » (no 31), , 176 p. (ISBN 978-2-358-84020-0)
- (en) Dallas Kern Holoman, Berlioz, Cambridge (Massachusetts), Harvard University Press, , 687 p. (ISBN 978-0-674-06778-3)
- (fr) Jean-Michel Nectoux, « Nuits d'été, Les », dans Pierre Citron et Cécile Reynaud (dir.), Dictionnaire Berlioz, Paris, Fayard, , 616 p. (ISBN 2-213-61528-4), p. 385–389.
- (fr) Catherine Rudent et Danièle Pistone, Berlioz, hier et aujourd'hui, Paris, Éditions L'Harmattan, coll. « Univers musical », , 238 p. (ISBN 2-7475-4990-9)
- (en) Julian Rushton, The Music of Berlioz, Oxford, Oxford University Press, , 363 p. (ISBN 978-0-198-16738-9)
- (fr) Pierre-René Serna, Berlioz de B à Z, Paris, Van de Velde, , 264 p. (ISBN 2-85868-379-4).
- (fr) Marc Vignal, Mahler, Paris, Seuil, coll. « Solfèges », 1966, réed. 1995 (ISBN 2-020-25671-1)
- (en) Robert F. Waters, Déodat de Séverac : Musical Identity in « Fin de Siècle » France, Londres, Routledge, , 288 p. (ISBN 978-1-351-56980-4)
Articles et analyses
- (fr) Paul-Henri Bourrelier (éd.), La revue blanche : une génération dans l'engagement, Paris, Fayard, , 1199 p. (ISBN 978-2-213-63064-9) (articles parus dans La Revue blanche de 1890 à 1905)
- (fr) Collectif et Albert Richard (éd.), Hector Berlioz, Paris, La Revue musicale, , 148 p.
- Jacques Chailley, Berlioz harmoniste, p. 15–30.
- Evelyn Reuter, Berlioz mélodiste, p. 31–37.
- Claude Laforêt, Hector Berlioz parmi les romantiques, p. 38–54
- Gérard Condé, « Berlioz intime », Le Monde,
- (fr) Théophile Gautier, Histoire du romantisme : Hector Berlioz, Paris, G. Charpentier et Cie, , p. 259–270 (article paru dans le Journal officiel du ) (Texte disponible sur wikisource)
- (fr) Paul-Gilbert Langevin (éd.), Musiciens de France : la génération des grands symphonistes, Paris, Éditions Richard Masse, , 207 p. (BNF 36599375) (articles de La Revue musicale, triple numéro 324-325-326)
Notes discographiques
- (fr + en) Laetitia Chassain, « André Jolivet, Mélodies vol.1 » & « Bref historique de la mélodie française », p. 3–11, Paris, Maguelone (MAG111.135), 2003.
- (en + de + fr) Rémi Jacobs, « Hector Berlioz, Les Nuits d'été », p. 6–9, Londres, Philips (412 493-2), 1979.
- (en) Julian Rushton, « Berlioz, Les Nuits d'été & La Mort de Cléopâtre », p. 2–35, Londres, Linn Records (CKD 421), 2013 (Lire en ligne).
Discographie
Chant et piano
Versions pour chant & piano des Nuits d'été | |||||
---|---|---|---|---|---|
Interprètes | Pianistes | Complément | Label | Référence | Année |
José van Dam, baryton-basse | Jean-Philippe Collard | Mélodies françaises de Gounod, Saint-Saëns, Massenet, Fauré, Ropartz, Ibert et Poulenc | EMI | 5-73314-2 | 1989 |
Marie-Nicole Lemieux, contralto | Daniel Blumenthal | Wagner, Wesendonck-Lieder,Mahler, Rückert-Lieder | Cyprès | CYP8605 | 2000 |
Chant et orchestre
Ce tableau ne mentionne que des versions intégrales.
Au cinéma
Certaines mélodies des Nuits d'été ont été reprises comme musique de film. On trouve ainsi Absence dans la bande-son de La Symphonie fantastique — film biographique de Christian-Jaque (1942) avec Jean-Louis Barrault dans le rôle de Berlioz[41] — Villanelle et Le spectre de la rose dans L'Accompagnatrice de Claude Miller (1992)[42].
Références
- Berlioz, Mémoires 1870, p. 1-135, sous la forme de dix lettres publiées dans le Journal des débats.
- Citron 1991, p. 310. La mention « 1841-1842 » dans l'édition des Mémoires est une erreur. La première lettre paraît le dans le Journal des débats.
- Berlioz, Mémoires 1870, p. 158.
- Citron 1991, p. 418.
- Boschot 1908, p. 323.
- Holoman 1998, p. 271.
- Rushton 2001, p. 47.
- Rushton 2001, p. 47-48.
- Serna 2006, p. 129.
- Holoman 1989, p. 298.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 92.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 91.
- Holoman 1989, p. 275.
- Serna 2006, p. 123.
- Koechlin 1959, p. 409.
- Offertorium du Requiem, Détresse de Joseph et Marie à Saïs dans L'Enfance du Christ, etc.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 101-102.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 102.
- Cairns, II 2002, p. 310.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 103.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 106.
- La première représentation de Benvenuto Cellini a eu lieu le , Calendrier Berlioz 2000, p. 72.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 107-108.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 109.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 114.
- Cairns, II 2002, p. 347.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 152.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 172.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 173.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 181.
- Calendrier Berlioz 2000, p. 180.
- Condé 1986.
- (SUDOC 101869398)
- (SUDOC 172213592)
- (SUDOC 092501958)
- (SUDOC 092514235)
- (SUDOC 014092719)
- (SUDOC 203152840)
- (OCLC 987396643)
- (OCLC 871462958). Karen Cargill apparaît également dans un enregistrement réalisé en vidéo (Digital Theatre Plus/Mezzo/Arte) avec Valery Gergiev et le LSO en novembre 2013 (OCLC 972350556).
- BO de La Symphonie fantastique sur le site Internet Movie Database.
- BO de L'Accompagnatrice sur le site Internet Movie Database.
Liens externes
- Les nuits d'été dans la médiathèque de la Cité de la musique
- « Les Nuits d'été, op.7 » (partition libre de droits), sur le site de l'IMSLP.