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* {{fr}} Sigmund Freud, [http://classiques.uqac.ca/classiques/freud_sigmund/freud.html Textes] sur le site ''Les classiques des sciences sociales''
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* {{fr}} {{pdf}} Jacques Bénesteau et Jacques Corraze , [http://www.douance.org/psycho/psycha-realites.pdf Critique de ''Freud et la psychanalyse''] (conférences données en 2001)
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* [http://freud.pribor.cz/ Sigmund Freud - birthplace Pribor - Czech republic]


=== Filmographie et multimédia ===
=== Filmographie et multimédia ===

Version du 31 octobre 2010 à 07:55

Modèle:Infobox Psychologue

Sigmund Freud (prononciation allemande : ˈsiːkmʊnt ˈfʁɔʏt), né Sigismund Schlomo Freud le à Freiberg, Moravie (Autriche, aujourd'hui Příbor en République tchèque) et mort le à Londres (Royaume-Uni), est un médecin neurologue et psychiatre autrichien, fondateur de la psychanalyse.

Médecin viennois d'appartenance juive, Freud fait la rencontre de plusieurs personnalités importantes pour le développement de la psychanalyse, dont il sera le principal théoricien. Son amitié avec Wilhelm Fliess, sa collaboration avec Joseph Breuer, l'influence de son maître Jean-Martin Charcot et des théories sur l'hypnose de l'École de la Salpêtrière vont le conduire peu à peu à penser autrement les processus et instances psychiques , et en premier lieu l'inconscient, le rêve et la névrose le tout se traduisant en une technique de thérapie psychique originale, la cure psychanalytique.

D'abord seul, Freud regroupe ensuite autour de lui une nouvelle génération de psychothérapeutes, qui peu à peu élaborent ce que sera la psychanalyse, d'abord en Autriche, en Suisse, à Berlin, puis à Paris, Londres et aux États-Unis. En dépit des scissions internes et des critiques émanant de la psychiatrie académique notamment, et malgré les années de guerre, la psychanalyse s'installe comme une nouvelle discipline des sciences humaines dès 1920. Freud, menacé par le régime nazi, quitte ensuite Vienne, pour s'exiler à Londres, où il meurt en 1939.

Le sociologue Norbert Elias tout en se distanciant du mouvement des psychanalystes, reconnaîtra sa dette envers Freud qui avait proposé selon lui « le modèle le plus clair et le plus avancé de la personne humaine »[1]. Le philosophe Paul Ricœur le situe aux côtés de Karl Marx et de Friedrich Nietzsche comme étant l'un des trois grands « maîtres du soupçon »[2], de ceux qui ont induit le doute dans la conception philosophique classique du sujet. La « psychanalyse », dont le terme apparaît en 1896, repose sur plusieurs hypothèses et concepts élaborés par Freud. D'abord, l'hypothèse de l'inconscient révolutionne la représentation du psychisme. La technique de la cure, dès 1898 et d'abord sous la forme de la méthode cathartique avec Joseph Breuer puis le développement de la cure type, est le principal apport de la psychanalyse. Des concepts, comme ceux de refoulement, de censure, de narcissisme, de moi et d'idéal du moi, ou davantage métapsychologiques comme les pulsions, la première topique et la seconde topique, le complexe d'Œdipe ou le complexe de castration entre autres, vont peu à peu développer et complexifier la théorie psychanalytique, à la fois « science de l'inconscient » selon Paul-Laurent Assoun[G 1] et savoir sur les processus psychiques et thérapeutiques.

Biographie

Les biographes de Freud

L'histoire de la vie de Freud et celle, concomitante, de la création de la psychanalyse[Freud 1], a fait l'objet de centaines d'articles et de quelques dizaines de biographies, dont la plus connue est la monumentale biographie consacrée par Ernest Jones, proche contemporain de Freud, qui est devenue une référence incontournable bien que critiquée pour ses aspects hagiographiques[3]. Le premier biographe fut cependant Fritz Wittels, qui publie en 1924 Freud. L'homme, la doctrine, l'école. L'écrivain Stefan Zweig a lui aussi écrit une biographie enthousiaste de son ami Freud[F 1]. Selon Elisabeth Roudinesco, historienne lacanienne de la psychanalyse, c'est sans doute Stefan Zweig qui brosse le portrait de Freud le plus réaliste[4]. Le médecin de Freud, Max Schur, a également narré le rapport de Freud à la mort et à la maladie qui devait l'emporter en 1939[5]. De nombreux contemporains de Freud lui ont également consacré une biographie, souvent hagiographique tels Lou Andreas-Salomé, Thomas Mann, Siegfried Bernfield, Ola Andersson, Kurt Robert Eissler, Carl Schorske. Didier Anzieu a, lui, publié une biographie très détaillée de l'auto-analyse de Freud et du processus créatif qui en a découlé[6]. Marthe Robert est l'auteur d'une biographie davantage littéraire[7]. Plus récemment, c'est Henri F. Ellenberger qui a consacré une partie de son livre à Freud en enquêtant notamment sur le devenir de certains des patients de Joseph Breuer et de Freud dans Histoire de la découverte de l'inconscient. Ellenberger est sans doute le premier à avoir insisté sur de nombreuses pages sur le caractère sans précédent des légendes associées à l'histoire de la psychanalyse, arguant même sur le fait qu'il faudrait, selon lui, développer une "étude scientifique des légendes"[8] Frank Sulloway de son côté a développé une thèse qui soutient qu'avec la psychanalyse, Freud a produit un modèle « cryptobiologique »[9], dans le but de masquer ses inspirations biologiques reconnues comme déjà obsolètes à son époque par certains de ses partisans comme Ernst Kris, pour mieux se présenter, de façon révolutionnaire, en pur psychologue de la psyché.

Ces dernières années des ouvrages, parfois sous forme de réquisitoires historiographiques ont été édités, notamment celui de Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, ou de Jacques Bénesteau entre autres. Alain de Mijolla, enfin, a publié un écrit sur Freud et la France[10] qui analyse les relations complexes entre Freud, la psychanalyse et la France jusqu'en 1945.

Enfance et études (1856-1882)

Sigmund Freud naît le à Freiberg en Moravie, dans l'Empire austro-hongrois. Les antécédents familiaux des Freud, famille originaire de Galicie[B 1] sont cependant peu connus[D 1]. Troisième fils de Kalamon Jakob Freud, modeste négociant, certainement marchand de laine[D 2] et d'Amalia Nathanson (1836-1931), il est le premier enfant de son dernier mariage[Notes 1]. Freud est l'aîné de sa fratrie, composée de cinq sœurs (Anna, Rosa, Mitzi, Dolfi et Paula) et d'un frère, Alexander[B 2].

La maison natale de Freud, à Příbor.

Selon Henri F. Ellenberger, « la vie de Freud offre l'exemple d'une ascension sociale progressive depuis la classe moyenne inférieure jusqu'à la plus haute bourgeoisie »[D 3]. La famille Freud suit ainsi la tendance à l'assimilation qui est celle de la plupart des Juifs de Vienne[D 4] ; en effet le jeune Sigmund n'est pas élevé dans le strict respect de l'orthodoxie juive. Bien que circoncis à la naissance, son éducation n'est pas traditionaliste et est ouverte à la philosophie des Lumières. Il ne parle que l'allemand et un dialecte mêlé d'hébreu alors couramment employé dans la communauté sépharade de Vienne[D 5] mais la langue sacrée du Judaïsme lui demeure inconnue.

Il passe à Freiberg ses trois premières années puis les Freud s'installent à Leipzig pour s'établir définitivement en février 1860 ensuite dans le quartier juif de Vienne, ancien ghetto de la capitale autrichienne. Freud y réside jusqu'à son exil forcé, après l'invasion nazie de 1938[D 6]. De 1860 à 1865, son père change toutefois à plusieurs reprises d'appartements, pour s'installer enfin dans la Pfeffergasse, dans le quartier juif de Leopoldstadt[D 7].

Le jeune Sigmund fréquente les écoles élémentaires juives du voisinage, puis, de 1866 à 1873, l'école secondaire. Brillant élève, il est le premier de sa classe pendant ses sept dernières années de scolarité secondaire au lycée communal (Sperlgymnasium). Il a pour professeurs le naturaliste Alois Pokorny, l'historien Annaka et le politicien Victor von Kraus[D 8]. À l'âge de 8 ans, Freud lit Shakespeare, Homère, Schiller ou Goethe[B 3],[A 1]. Il apprend également l'espagnol, certainement aux côtés d'Eduard Silberstein, son ami d'enfance, et avec qui il entretient par la suite une riche correspondance. Freud quitte le lycée en été 1873 et il se montre intéressé par la carrière de zoologue. C'est en effet la lecture par Carl Brühl d'un poème intitulé Nature, attribué à Goethe, lors d'une conférence publique[D 9] qui le fait opter pour cette carrière. Cependant, il choisit la médecine[B 4] et commence ses études à la rentrée d'hiver 1873. Il se passionne pour la biologie darwinienne qui sert de modèle à tous ses travaux[11].

Il obtient son diplôme le 31 mars 1881, soit huit années après son entrée à l'université, au lieu des cinq attendues. La raison est que le jeune Freud profite de sa liberté académique en tant qu'étudiant de l'Université de Vienne pour effectuer deux séjours durant l'année 1876 dans la station de zoologie marine expérimentale de Trieste, sous la responsabilité de Carl Claus[C 1], puis pour travailler de 1876 à 1882 auprès d'Ernst Wilhelm von Brücke[B 5], dont les théories rigoureusement physiologiques l'influencent beaucoup[D 10]. À l'institut de Brücke (le Physiologisches Institut), où il entre en octobre 1876, en qualité de jeune physiologiste-assistant, Freud fait la connaissance des docteurs Sigmund Exner et de Fleischl von Marxow, et surtout du docteur Joseph Breuer, « collègue stimulant » pour lui et qui aiguise sa curiosité avec le cas d'une jeune hystérique connue plus tard sous le pseudonyme d'Anna O.[D 11]. Chez Ernst Brücke, Freud concentre ses travaux sur deux domaines à l'importance reconnue peu après : les neurones (dont certaines assertions sont reprises dans « Esquisse d'une psychologie scientifique »)[C 2] et la cocaïne[B 6]. Selon Alain de Mijolla, Freud découvre à ce moment les théories positivistes d'Emil du Bois-Reymond, dont il devient un adepte, et qui expliquent la biologie par des forces physico-chimiques dont les effets sont liés à un déterminisme rigoureux.

Son service militaire, de 1879 à 1880, retarde également la fin de son cursus universitaire. Il en profite pour traduire les Collected Works du philosophe John Stuart Mill[B 7]. Il s'intéresse aussi très tôt aux théories de Charles Darwin[B 8]. Il assiste aux cours de Franz Brentano et lit avec avidité Les Penseurs de la Grèce de Theordor Gomperz et surtout les volumes de l’Histoire de la civilisation grecque de Jacob Burckhardt. Il passe ensuite ses deux premiers rigorosa en juin 1880 et le troisième en mars 1881 et obtient son diplôme le 31 mars 1881. Il est alors à titre temporaire préparateur dans le laboratoire de Brücke puis travaille deux semestres dans le laboratoire de chimie du professeur Ludwig. Parallèlement, il poursuit ses recherches histologiques[D 12].

En juin 1882, Freud quitte le laboratoire d'Ernst Brücke pour embrasser une carrière de médecin praticien, sans grand enthousiasme toutefois[D 13]. Deux explications existent sur ce point. Selon Freud lui-même, Brücke lui a conseillé de commencer à pratiquer en hôpital pour se faire une situation alors que pour Siegfried Bernfeld et Ernest Jones, ses biographes, c'est son projet de mariage qui l'oblige à renoncer au plaisir de la recherche en laboratoire. Sigmund Freud a en effet rencontré Martha Bernays (1861-1951), de famille juive et commerçante, en juin 1882[B 9], et, très tôt les conventions familiales alors en vigueur obligent les deux fiancés à se marier, d'autant plus que Freud est dans une situation financière très précaire[D 14]. Néanmoins, le jeune couple ne se marie qu'en 1886, Freud ayant conditionné son alliance avec Martha Bernays à l'obtention de son cabinet de consultation. En octobre 1882, Freud entre donc dans le service de chirurgie du célèbre hôpital de Vienne, alors un des centres les plus réputés du monde[D 15], puis, après deux mois, il travaille comme aspirant, sous la responsabilité du médecin Nothnagel et ce jusqu'en avril 1883. Il est nommé le 1er mai 1883 sekundararzt au service de psychiatrie de Theodor Meynert dans lequel il poursuit des études histologiques sur la moelle épinière, jusqu'en 1886[D 16].

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De l'hystérie à la méthode cathartique (1883-1893)

Après avoir passé cinq années dans le service de Meynert, Freud entre en septembre 1883 dans la quatrième division du docteur Scholtz. Il y acquiert une expérience clinique auprès de malades nerveux. En décembre de la même année, suite à la lecture d'un article du docteur Aschenbrandt, il se livre à des expériences sur la cocaïne et en déduit qu'elle a une efficacité sur la fatigue et les symptômes de la neurasthénie. Dans son article de juillet 1884, « Über Coca »[Freud 2], il conseille son usage pour de multiples troubles[D 17]. Bien qu'il l'ait nié publiquement à de nombreuses reprises, il en fut lui-même un grand consommateur entre 1884 et 1887, comme en atteste sa correspondance. Il travaille sur sa découverte avec Carl Köller, qui mène alors des recherches sur un moyen d'anesthésier l'œil en vue de pratiquer des opérations peu invasives. Celui-ci informe ensuite Leopold Königstein qui applique cette méthode à la chirurgie. Tous deux communiquent leur découverte lors de la Société des médecins de Vienne en 1884, sans mentionner la primauté des travaux de Freud[D 18],[C 3].

Le jeune médecin est ensuite affecté au service d'ophtalmologie de mars à mai 1884, puis dans celui de dermatologie. Il y rédige un article sur le nerf auditif[Freud 3] qui reçoit un accueil favorable ; en juin, il passe l'examen oral pour le poste de Privatdozent, et y présente son dernier article. Il est nommé le 18 juillet 1885 et, voyant sa demande de bourse de voyage acceptée, décide d'aller étudier à Paris, auprès de Jean-Martin Charcot. Après six semaines de vacances auprès de sa fiancée, Freud s'installe donc dans cette ville. Admirateur du neurologue français, qu'il rencontre la première fois le 20 octobre 1885, il se propose de traduire ses écrits en langue allemande. Dès lors, le Français le remarque et l'invite à ses somptueuses soirées du faubourg Saint-Germain[B 10]. Cependant, il semble que Freud n'ait pas passé autant de temps qu'il le dit auprès de Charcot, puisqu'il quitte Paris le 28 février 1886[C 4] ; il en retire néanmoins toujours de la fierté et fait de ce séjour à Paris un moment clé de son existence[D 19]. Il reste en outre en contact épistolaire avec le Français.

La demeure de Freud, à Vienne.

En mars 1886 Freud étudie la pédiatrie à Berlin, avec Baginsky, et revient finalement à Vienne en avril. Il rédige son rapport sur l'hypnotisme tel qu'il est pratiqué à la Salpêtrière devant les membres du Club de physiologie et devant ceux de la Société de psychiatrie, tout en organisant les préparatifs de son mariage. Un article d'Albrecht Erlenmeyer le critique vivement quant aux dangers de l'usage de la cocaïne. Freud, pour se constituer un peu plus de pécule, finit de traduire un volume des leçons de Charcot, qui paraît en juillet 1896, avec une préface de sa main. Après quelques mois de service militaire à Olmütz comme médecin de bataillon, Freud épouse Martha Bernays le , à Wandsbek ; ils passent leur voyage de noce sur la mer Baltique. Dès son retour à Vienne, Freud aménage son cabinet dans le kaiserliches Stiftunghaus et travaille parallèlement avec l'Institut Kassowitz, un hôpital pédiatrique privé où il est affecté au service neurologique.

Le 15 octobre 1886, devant la Société des médecins de Vienne[D 20], Freud fait une allocution concernant l'hystérie masculine, discours demeuré célèbre dans la littérature psychanalytique sous le titre de Beiträge zur kasuistik der Hysterie I. Ce sujet était alors polémique, d'autant plus que la conception classique de Charcot opposait l'hystérie post-traumatique à une hystérie dite simulée. S'appuyant sur la distinction entre « grande hystérie » (caractérisée par des convulsions et une hémianesthésie) et la « petite hystérie », et sur un cas pratique examiné à la Salpêtrière, Freud explique que l'hystérie masculine est plus fréquente que ce que les spécialistes observent habituellement[D 21]. Pour Freud, la névrose traumatique appartient au champ de l'hystérie masculine. La Société s'insurge contre cette opinion qui est, de plus, déjà connue des neurologues viennois. Selon Ellenberger, l'idéalisme de Freud pour Charcot lui vaut l'irritation de la Société, agacée par son attitude hautaine[D 22]. Blessé, Freud présente alors à la Société un cas d'hystérie masculine afin d'étayer sa théorie. La Société l'entend de nouveau mais l’éconduit. Contrairement à une certaine légende autour de cet événement[D 23], Freud ne se retire pas de la Société ; il en devient même membre le 18 mars 1887.

Cette année-là, il fait la rencontre de Wilhelm Fliess, un médecin de Berlin qui poursuit de vastes recherches sur la physiologie et la bisexualité, avec lequel il entretient une abondante correspondance scientifique et amicale[D 24],[B 11],[C 5]. Par ailleurs, la famille Freud accumule les dettes, le cabinet médical n'attirant pas en effet une abondante clientèle. De plus, Meynert se brouille avec Freud en 1889, à propos de la théorie de Charcot défendue par Freud. Dès 1889, celui-ci est très seul ; il ne peut communiquer réellement qu'avec son ami Josef Breuer. Ainsi il écrit « J'étais totalement isolé. À Vienne on m'évitait, à l'étranger on ne s'intéressait pas à moi »[12] . Sa famille, nombreuse, l'aide également à surmonter cette période d'isolement professionnel[B 12]. Dès cette année, la pensée de Freud évolue. D'abord son intérêt pour Hippolyte Bernheim (dont il traduit le principal ouvrage De la suggestion et des applications thérapeutiques) lui fait aborder la technique de l'hypnose. Il se rend à Nancy, à l'école de Bernheim et Ambroise-Auguste Liébeault en 1889 pour confirmer son opinion sur l'hypnose. Il y apprend que les hystériques conservent une forme de lucidité envers leurs symptômes, savoir qui peut être mobilisé par l'intervention d'un tiers, idée qu'il reprend ultérieurement dans sa conception de l'inconscient[B 13] mais il conclut que l'hypnose n'a que peu d'efficacité dans le traitement général des cas pathologiques. Freud pressent que le passé du patient doit jouer un rôle dans la compréhension des symptômes. Il décide de préférer à l’hypnose la « cure par la parole » de son ami Breuer[C 6],[E 1]. Après cette visite, il participe, en juillet, au Congrès international de psychologie de Paris.

Jean Martin Charcot.

En 1891, Freud publie son travail sur les paralysies cérébrales unilatérales chez les enfants, en collaboration avec Oscar Rie[Notes 2], puis son étude critique des théories sur l'aphasie Contribution à la conception des aphasies. Sa distance avec la pensée de Charcot y est maximale ; il y esquisse un « appareil de langage » (sprachtapparat) permettant de rendre compte des troubles de la fonction langagière. Ce modèle préfigure l'« appareil psychique » de sa première topique. Freud lie ainsi l'inconscient au langage[B 14]. En 1892, il édite sa traduction de l'ouvrage de Bernheim sous le titre Neue Studien über Hypnotismus, Suggestion und Psychotherapie. La même année, il expose devant le Club médical viennois une conception proche du Français[Freud 4].

En 1893, Freud publie plusieurs articles sur l'hystérie en collaboration avec Joseph Breuer et en particulier l'essai « Le Mécanisme psychique des phénomènes hystériques » (« Uber den psychischen Mechanismus hysterichen Phänomene »). Il y défend la conception névrotique de l'hystérie, tout en proposant « une méthode thérapeutique fondée sur les notions de catharsis et d'abréaction »[D 25]. En 1894, avec son article « Névro-psychoses de défense » (« Die Abwehr-Neuropsychosen », Freud se focalise sur la phobie. Il souffre par ailleurs de symptômes cardiaques et cesse de fumer. S'occupant de l'hystérie d'une patiente, Emma, Freud, influencé par la théorie de la bisexualité de Fliess[B 15], demande à cet ami d’opérer Emma du nez, car il pense que sa névrose y est liée. Mais Fliess commet une erreur médicale en oubliant la gaze iodoformée dans le nez de la patiente. Freud fait ensuite un rêve marquant (le rêve dit de l'« injection faite à Irma ») dans la nuit du 23 au 24 juillet 1895 sur cet accident et entreprend d'en analyser le sens au moyen de la méthode des associations libres ; « cette étude devait devenir, [note Ellenberger], le prototype de toute analyse des rêves »[D 26],[Notes 3].

L'invention de la psychanalyse (1893-1905) : de l'hypnose, la suggestion à la cure psychanalytique

En 1895, Breuer et Freud publient leur Études sur l'hystérie qui regroupent les cas traités depuis 1893, dont celui d'Anna O. (de son vrai nom Bertha Pappenheim). Anna O. est la patiente de Breuer, qui est présentée comme un exemple type de cure cathartique[B 16]. Avant de devenir la cure psychanalytique au sens strict, Freud a en effet dû abandonner la suggestion et l'hypnose, puis la méthode cathartique de Breuer, et prendre en compte le transfert, c'est-à-dire les sentiments du patients projetés sur l'analyste[B 17]. C'est en effet le transfert qui met Freud sur la voie d'une nouvelle approche, cette projection informant sur la nature du conflit psychique dans lequel le patient est pris. En 1896, considérant que sa théorie a droit de cité en psychologie, Freud la baptise du nom de « psychanalyse »[D 27], mais le facteur sexuel n'est pas encore prédominant dans celle-ci[B 18]. Composé du grec ana (qui désigne la remontée vers l'originaire, l'élémentaire), et de lysis (la dissolution, l'analyse), le terme désigne dès le départ la recherche des souvenirs archaïques en lien avec les symptômes[B 19]. Dès lors Freud rompt avec Breuer, demeuré fidèle à la cure cathartique, et rédige un essai laissé inédit : « Esquisse d'une psychologie scientifique ». C'est pourtant dans un autre article « L'hérédité et l'étiologie des névroses »[Freud 5], de 1896, que Freud explicite sa nouvelle conception pour la première fois.

Après la mort de son père, le 23 octobre 1896, Freud est abattu par la douleur physique. Il s'intéresse alors exclusivement à l'analyse de ses rêves et se livre à un « travail de fouille dans son passé »[A 2]. Nourrissant de la culpabilité pour son père décédé, il entreprend une auto-analyse qui l'absorbe de plus en plus. Il dit tenter d'analyser sa « petite hystérie » et ambitionne de percer à jour la nature de l'appareil psychologique et de la névrose[D 28]. Lors de cette auto-analyse[B 20], et après avoir abandonné sa théorie de l'hystérie, ses souvenirs d'enfance affluent. Sa nourrice lui permet de développer la notion de « souvenir écran » par exemple alors qu'il voit dans les sentiments amoureux pour sa mère et dans sa jalousie pour son père une structure universelle qu'il rattache à l'histoire d'Œdipe et d'Hamlet[D 29]. Ses analyses de patients lui apportent également des arguments dans l'édification d'une nouvelle conception, qui lui permet de revoir et l'hystérie et les obsessions. Seule la correspondance avec Fliess témoigne de cette évolution de sa pensée ; c'est notamment dans une lettre du 15 octobre 1897 que Freud évoque pour la première fois le complexe d'Œdipe[Freud 6]. Le neurologue viennois explique ainsi : « J’ai trouvé en moi comme partout ailleurs des sentiments d’amour envers ma mère et de jalousie envers mon père, sentiments qui sont, je pense, communs à tous les jeunes enfants »[B 21].

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Le 2 mai 1896, devant la Société de psychiatrie, présidée par Hermann Nothnagel et Krafft-Ebing, sa conception ne soulève guère d'enthousiasme, même si on lui délivre le titre d’Extraordinarius[Notes 4],[B 22]. Lors du Congrès international de psychologie à Munich en août 1896, le nom de Freud est cité parmi les autorités les plus compétentes dans le domaine alors qu'en 1897 Van Renterghem le cite comme l'une des figures de l'École de Nancy[D 30].
En novembre de la même année, Freud se préoccupe des phases infantiles à dominante sexuelle. Il annonce à Fliess, au début de l'année 1898, qu'il compte publier un ouvrage sur l'analyse des rêves, et, après une période de dépression brutale, il édite en 1899 L'Interprétation des rêves (Traumdeutung)[D 31],[C 7]. Il s'agit d'un ouvrage autobiographique dans la mesure où il se base sur le matériel de ses propres rêves. Cette période d'auto-analyse mêlée de névrose est, selon Henri F. Ellenberger, caractéristique de la « maladie créatrice », phase de dépression et de travail intense qui a permis à Freud d'élaborer la psychanalyse en dépassant ses problèmes personnels[D 32].

Sa situation, tant sociale que financière, s'améliore. De 1899 à 1900, il exerce les fonctions d'assesseur de l'Association impériale-royale pour la psychiatrie et la neurologie (Jahrbuch für Psychiatrie und Neurologie). Par ailleurs, il travaille intensément à ses recherches et se dépeint comme un « conquistador »[C 8]. Il jouit en effet d'une clientèle lucrative et est reconnu par la société viennoise. En septembre 1901, il se sent capable de visiter Rome, en compagnie de son frère Alexander. La « Ville Éternelle » l'a toujours fasciné et Freud, en raison de sa phobie des voyages[B 23],[A 3], a toujours remis à plus tard sa visite de l'Italie[B 24]. À Rome, il est surtout impressionné par la statue du Moïse de Michel-Ange[B 25]. Quelques années après, en 1914, Freud publie anonymement, dans la revue Imago, un essai intitulé « Le Moïse de Michel-Ange », dans lequel il oppose les deux figures, celle historique et celle mythique, du libérateur du peuple juif.

Lors d'un passage à Dubrovnik (alors Raguse), Freud a l'intuition du mécanisme psychique du lapsus comme révélateur d'un complexe inconscient[B 26]. La même année, deux psychiatres suisses, Carl Gustav Jung et Ludwig Binswanger de Zurich, se rallient à la psychanalyse naissante et, grâce à l'« école de Zurich », le mouvement s'amplifie en Europe et aux États-Unis[E 2]. Auparavant, en 1901, Eugen Bleuler (avec qui Freud commence une correspondance), extrêmement impressionné par L'Interprétation des rêves de Freud, a en effet demandé à son second, Jung, de présenter l'ouvrage à l'équipe psychiatrique du Burghölzi. La Suisse devient ainsi un allié de poids dans le développement du mouvement psychanalytique.

De retour à Vienne, se sentant davantage autonome par rapport à Fliess, Freud rompt tout échange avec ce dernier en 1902. Puis, il présente ses opinions scientifiques au cours de plusieurs conférences, devant le Doktorenkollegium de Vienne, puis devant le B'nai B'rith (un cercle de juifs laïcs) ; elles sont bien accueillies.

En automne 1902, sur l’initiative de Stekel, Freud réunit autour de lui un petit groupe d'intéressés, qui prend le nom de Psychologische Mittwoch Gesellschaft (« Société psychologique du mercredi ») et qui, chaque mercredi, discute de psychanalyse[Notes 5],[13]. Selon Ellenberger, à partir de cette date, la vie de Freud se confond avec l'histoire du mouvement psychanalytique[D 33],[E 3]. Les travaux de Freud sont mentionnés lors du Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de Grenoble la même année.

En 1904, il publie Psychopathologie de la vie quotidienne. En septembre, il se rapproche d'Eugen Bleuler, de Zurich, et commence une correspondance scientifique avec lui. Les thérapies engagées par Freud sur la base de ces hypothèses le conduisent alors à découvrir que tous ses patients n’ont pas subi de réels traumatismes sexuels dans leurs enfances : ils évoquent des fantasmes et racontent un « roman familial », auxquels ils croient. Simultanément, il découvre que certains patients ne souhaitent pas vraiment guérir. Ils résistent et transposent des sentiments anciens vers leur thérapeute : c’est ce que Freud appelle le transfert.

En septembre 1909, lors de la série de conférences faites à la Clark University, à Worcester, Massachusetts. De gauche à droite, au premier rang Sigmund Freud, Stanley Hall, C. G. Jung ; au second : Abraham A. Brill, Ernest Jones, Sandor Ferenczi[14].

Freud parle de la psychanalyse pour la première fois publiquement en 1904[B 27], lors d'une série de conférences à l'université Clark à Worcester, Massachusetts, invité par son président Stanley Hall[15], en compagnie de Carl Gustav Jung, Ernest Jones et Sandor Ferenczi. Freud et Jung se voient honorés du titre de LL. D. (docteur des deux droits)[E 4]. C'est à ce moment qu'il désigne explicitement Jung comme son « successeur et prince héritier »[Freud 7]. En témoignage de reconnaissance, il y déclare que le mérite de l'invention de la psychanalyse revient à Joseph Breuer. Plus tard, il précise que, bien qu'il soit lui-même réellement l'inventeur de la psychanalyse, il considère que le « procédé cathartique » de Breuer constitue une phase préliminaire à son invention.

L'institution psychanalytique (1905-1920)

En 1905, paraissent trois ouvrages : Trois essais sur la théorie sexuelle, qui rassemble les hypothèses de Freud sur la place de la sexualité et son devenir dans le développement de la personnalité[E 5], Le Mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient et Fragment d'une analyse d'hystérie : Dora[Freud 8]. Ce dernier est le compte-rendu du cas d'Ida Bauer, qui illustre le concept de transfert psychanalytique. Ce transfert, par lequel le patient crée une névrose (la « névrose de transfert ») dans la relation établie avec son thérapeute, en quelque sorte « expérimentale », est en effet à analyser dans le cadre de la cure car il en détermine l'issue. Contrairement à une idée largement répandue, l'œuvre de Freud ne soulève pas de vives critiques et des indignations de la part de la communauté médicale, au contraire, soulignent Ilse Bry et Alfred H. Rifkin[16]. Le succès de la psychanalyse est d'ailleurs immédiat dès les années 1900 et les premières traductions, russes, datent de 1905[B 28]. Les premiers travaux des disciples de Freud apparaissent ; Otto Rank, âgé de 21 ans, lui remet en effet le manuscrit d'un essai psychanalytique qui s'intitule « L'artiste »[13].

En 1906, Freud s'intéresse à une nouvelle de l'écrivain allemand Wilhelm Jensen, La Gradiva qu'il analyse au moyen de sa méthode d'investigation. L'analogie de la remontée des souvenirs avec l'archéologie est au centre de son étude[B 29] ; il en tire un ouvrage, Le Délire et les rêves dans la Gradiva de Wilhelm Jensen. Par ailleurs Freud se brouille définitivement avec son ami, Wilhelm Fliess, qui rédige par la suite un pamphlet, Pour ma propre cause, dans lequel il accuse Freud de vol d'idées[13].

En mars 1907, l'isolement de Freud cesse définitivement[D 34]. Le groupe naissant de psychanalystes tente de créer une collection intitulée les « Schriften zür angewandten Seelenkunde » (« Écrits de psychologie appliquée ») aux éditions Deuticke[Notes 6]. Directeur de la publication, Freud y publie le premier La Gradiva. En 1908, le petit groupe autour de Freud devient la Société viennoise de psychanalyse et, en août Karl Abraham fonde la société psychanalytique de Berlin. L'année suivante, la première revue psychanalytique est fondée (le Jahrbuch für psychoanalytische und psychopathologische Forschungen ou Annales de recherches psychanalytiques et psychopathologiques), avec Bleuler et Freud comme directeurs et Jung comme rédacteur en chef. Freud inaugure cette revue avec la publication du cas du petit Hans.

Le 26 avril, le premier Congrès international de psychanalyse à Salzbourg réunit 42 membres de six pays (Autriche, Allemagne, Hongrie, Suisse, Angleterre et États-Unis). Freud y présente ses « Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle »[13]. En 1909 parait les Cinq leçons sur la psychanalyse. Freud s'interroge par la suite sur la nature de la pratique psychanalytique dans un essai, À propos de la psychanalyse dite sauvage.

L'année 1910 marque un sommet dans l'histoire de la psychanalyse et dans la vie de Freud. Lors du second Congrès international à Nuremberg organisé par Jung, les 30 et 31 mars, est créée l'Association Internationale de Psychanalyse (« IPA ») (International Psychoanalytical Association|Internationale Psychoanalytische Vereinigung), dont le premier président est Carl Gustav Jung, ainsi qu'une deuxième revue, la Zentralblatt für Psychoanalyse, Medizinische Monatsschrift für Seelenkunde[Notes 7]. L'IPA rassemble sous son égide les groupes locaux (Ortsgruppen), ceux de Zurich (qui en est le siège), Vienne et Berlin[E 6]. Une patiente de Jung avec qui il était passé à l'acte, Sabina Spielrein, le met sur la voie de la théorisation du transfert amoureux envers l'analyste, qu'il nomme le contre-transfert[C 8].

Lors de ses vacances aux Pays-Bas, Freud analyse le compositeur Gustav Mahler, lors d'un après-midi de promenade à travers la ville. Freud voyage ensuite à Paris, Rome et Naples, en compagnie de Ferenczi. La psychanalyse naissante se heurte à sa première opposition d'importance. En octobre 1910, répondant à l'appel d'Oppenheim, lors du Congrès de neurologie de Berlin, les médecins allemands d'Hambourg mettent à l'index la pratique psychanalytique au sein des sanatoriums locaux[13].

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Alors que Freud publie Un Souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, dans lequel apparaissent pour la première fois les concepts de narcissisme, de sublimation et de la créativité, la psychanalyse reçoit de nouvelles critiques émanant de certains milieux médicaux. Par ailleurs, les premiers schismes en son sein se font jour. Son opposition théorique à la théorie de Jung, qui deviendra en 1914, la « psychologie analytique », l'occupe en effet ces années-là[B 30].

En 1911, Freud écrit un texte connu sous le titre de Président Schreber mais originairement intitulé Remarques psychanalytiques sur un cas de paranoïa (Dementia paranoïdes) décrit sous forme autobiographique. Freud y retrace l'analyse du juriste et homme politique Daniel Paul Schreber. Il publie aussi un court texte métapsychologique : « Formulations sur les deux principes du cours des événements psychiques » dans lequel il décrit le principe de plaisir et le principe de réalité. L'année suivante, il complète sa théorie en ajoutant deux types de pulsions : la pulsion de vie (l'Éros) et la pulsion de mort (qu'il se retiendra toujours de nommer Thanatos)[B 31].

La direction des revues[Notes 8] et des travaux théoriques de l'International Psychoanalytical Association, celle des séminaires, occupent considérablement Freud à cette période, d’autant que parmi ceux qui travaillent avec lui, des rivalités se font jour ainsi que des dissensions théoriques qu'il combat lorsqu'elles remettent notamment en question les rôles de la sexualité infantile et du complexe d'Œdipe comme le font celles, toujours plus intenses, de Jung, Adler, Rank, et d’autres. Il va intégrer, en cohérence avec ses théories, certaines d’entre elles dans ses hypothèses, des années après. Ainsi, il refuse la mise en avant de l’agressivité par Alfred Adler, car il considère que cette introduction se fait au prix de la réduction de l’importance de la sexualité. Il refuse également la mise en avant de l’inconscient collectif au détriment des pulsions du moi et de l’inconscient individuel, et la non-exclusivité des pulsions sexuelles dans la libido que propose Carl Gustav Jung. En juin 1911, Alfred Adler quitte Freud le premier, pour fonder sa propre technique et sa théorie. L'année suivante c'est au tour de Wilhelm Stekel, alors qu'en 1913, en septembre, Freud se brouille avec Carl Gustav Jung[17].

Le congrès international de psychanalyse de 1911, à Nuremberg
Photographie de groupe lors du congrès international de psychanalyse de 1911 organisé à Nuremberg.
(Cliquer sur l'image pour identifier les membres)

En 1913, Totem et tabou permet à Freud de démontrer la portée sociale de la psychanalyse[D 35],[B 32]. Secrètement, depuis 1912, sur l'idée d'Ernest Jones, Freud a réuni autour de lui un petit comité de fidèles partisans (Karl Abraham, Hans Sachs, Otto Rank, Sandor Ferenczi, Ernest Jones, Anton von Freund et Max Eitingon) sous le nom de Die Sache (la « Cause ») et ce jusqu'en 1929, afin de sauver la psychanalyse de ses différents schismes. Chaque membre reçoit de Freud une intaille grecque de sa collection privée, qu'il porte sur un anneau d'or[B 33].

Pendant la guerre, Freud n'exerce que peu. Il est surtout concentré sur la rédaction de ses cours universitaires, rassemblés sous le titre de Cours d'introduction à la psychanalyse édité en français sous le titre Introduction à la psychanalyse en 1916. Le sort de ses fils le préoccupe sans cesse. La guerre paralyse par ailleurs l'extension du mouvement psychanalytique ; en effet le congrès de Dresde, prévu en 1914 n'a pas lieu[B 34]. En 1915, il se lance dans la rédaction d’une nouvelle description de l’appareil psychique dont il ne conserve cependant que quelques chapitres. Ce qu’il prépare est en fait une nouvelle conception de la topique psychique. Il est par ailleurs proposé au Prix Nobel par le médecin viennois Robert Barany. Il publie Deuil et Mélancolie en 1917 et, en janvier 1920, il est nommé professeur ordinaire. Les années suivantes, alors que le contexte politique et économique s'améliore, Freud publie tour à tour : Au-delà du principe du plaisir qui introduit les pulsions agressives, nécessaires pour expliquer certains conflits intra-psychiques, et Psychologie collective et analyse du moi. Freud est en effet concentré, durant ces années de guerre, sur la constitution d'une métapsychologie qui lui permette de décrire les processus inconscients sous un triple angle, à la fois dynamique (dans leurs relations entre eux), topique (dans leurs fonctions au sein de la psyché) et économique (dans leurs utilisations de la libido)[B 35].

Sigmund Freud entouré de ses plus proches partisans (Sandor Ferenczi, Hanns Sachs (debout), Otto Rank, Karl Abraham, Max Eitingon, et Ernest Jones).

Dès 1920, Freud élabore une seconde topique de l'appareil psychique composée du Moi, du Ça et du Surmoi. La seconde topique se superpose à la première (inconscient, préconscient, conscient). Le développement de la personnalité et la dynamique des conflits sont alors interprétés en tant que défenses du Moi contre des pulsions et des affects, plutôt que comme conflits de pulsions (les pulsions en cause sont les pulsions de mort). L’ambivalence et la rage étaient perçues dans la première topique comme consécutives de la frustration et subordonnées à la sexualité. Cette nouvelle conception évoque la lutte active qui se déroule entre les pulsions de vie (sexualité, libido, éros) et les pulsions de mort et d’agression (que d'autres analystes ont appelé thanatos). Plus fondamentales que les pulsions de vie, les pulsions de mort tendent à la réduction des tensions (retour à l’inorganique, répétition qui atténue la tension) et ne sont perceptibles que par leur projection au-dehors (paranoïa), leur intrication avec les pulsions libidinales (sadisme, masochisme) ou leur retournement contre le Moi (mélancolie). Freud défend une vision double de l'esprit[B 36] selon Ernest Jones : « la plupart de ceux qui ont étudié Freud ont été impressionnés par ce que l'on pourrait appeler son dualisme insistant. S'il avait été philosophe, il n'aurait certainement pas été moniste, pas plus qu'il n'aurait partagé l'univers pluraliste de William James ». Après la Première Guerre mondiale, en 1924, le mouvement psychanalytique voit le départ d'Otto Rank et en 1929 celui de Sandor Ferenczi.

Extension de la psychanalyse et dernières années (1920-1939)

En octobre 1920, le professeur de médecine légale Alexander Löffler invite Freud à témoigner par un exposé devant une commission médico-légale sur les névroses de guerre. Il s'opposa à Julius Wagner-Jauregg qui prétendait lui que les patients atteints de névrose de guerre étaient des simulateurs. Puis, du 8 au 11 septembre, se tient à La Haye le 5e congrès de l'IPA, présidé par Ernest Jones. Freud y intervient en lisant « Suppléments à la théorie des rêves ». D'autre part, la création d'un comité secret y est décidée, avec Jones comme coordinateur. La psychanalyse se développe de manière importante en Grande-Bretagne et en Allemagne. Max Eitingon et Ernst Simmel créent en effet à Berlin une policlinique psychanalytique alors que Hugh Crichton-Miller fonde la Tavistock Clinic à Londres[13].


Freud et sa fille Anna en 1913.
La famille Freud
Mathilde Freud, mariée à Robert Hollitscher (1887-1978) sans enfant
Jean-Martin Freud, marié à Esti Drucker (1889-1967) 2 enfants (Walter Freud : 1921-2004 et Sophie Freud : né en 1924)
Oliver Freud, marié à Henny Fuchs (1891-1969) 1 enfant (Eva Freud : 1924-1944)
Ernst Freud, marié à Lucie Brasch (1892-1970) 3 enfants (Stephen Freud : né en 1921, Lucian Freud : né en 1922 et Clement Freud : 1924-2009)
Sophie Freud, mariée à Max Halberstadt (1893-1920) 1 enfant (Heinz Halberstadt : 1918-1923)
Anna Freud (1895-1982) sans enfant

La première traduction d’un texte de Freud en France, Introduction à la psychanalyse, par Serge Jankélévitch, est publiée en 1922. Le mouvement psychanalytique acquiert une clinique psychanalytique à Vienne, l’ambulatorium, consacré aux psychoses et dirigé par trois élèves de Freud (qui n'y participe que très peu) : Helene Deutsch, Paul Federn et Edouard Hitschmann. En 1923, Freud apprend qu'il est atteint d'un cancer de la mâchoire, qui le fera souffrir tout le restant de sa vie. Il écrit « Le moi et le ça » à un moment où le mouvement psychanalytique atteint une réputation internationale, notamment en Angleterre et aux États-Unis[D 36]. Il songe à constituer une édition complète des ses écrits, le Gesammelte Schriften (« Écrits réunis »).

Le Congrès de Salzbourg, en 1924, se déroule en l’absence de Freud. La même année, Otto Rank quitte le mouvement. En Angleterre, les membres de la Société britannique de psychanalyse, fondée en 1919, créent l’Institute of Psychoanalysis[13]. En 1925, Freud écrit Inhibition, symptôme et angoisse ainsi qu'une esquisse autobiographique. Le 9e congrès de l’IPA à Bad-Homburg, en Allemagne, se tient du 2 au 5 septembre. Anna Freud y lit le texte de son père : « Quelques conséquences psychiques de la différence des sexes au niveau anatomique ». Freud ne peut en effet plus voyager, en raison de sa maladie. Il rencontre en 1925 la Française Marie Bonaparte, qui devient son amie. Freud la prend en analyse. Dans un article, « L'analyse pratiquée par les non-médecins » de 1926, il invite les non-praticiens à utiliser la psychanalyse. À ce sujet, Freud parle de psychanalyse « laïque » ou « profane ». Il revient aussi sur l'évolution de sa pensée, dans un essai intitulé : « Présentation de moi-même ».

Dans les dernières années de sa vie, Freud essaye d’extrapoler les concepts psychanalytiques à la compréhension de l’anthropologie et de la culture. Sa vision pessimiste de la race humaine s'exacerbe, notamment après la dissolution du comité secret formé par Ernest Jones, suite à des querelles d'héritage, des jalousies et des rivalités internes[C 9]. Il rédige donc un certain nombre de textes dans ce sens, en particulier sur la religion comme illusion ou névrose. En 1927, il publie L'Avenir d'une illusion, qui porte sur la religion d'un point de vue psychanalytique et matérialiste. En 1930, il publie Malaise dans la civilisation dans lequel Freud décrit un processus de civilisation qui est une reproduction à plus large échelle du processus d'évolution psychique individuel. Sa fille, Anna, publie Introduction à la psychologie des enfants[B 37].

Ne se considérant pas comme un écrivain[B 38], il obtient, avec surprise, le prix Goethe, de la ville de Francfort, en août 1930[A 4]. Puis, il retourne l'année suivante dans sa ville natale de Freiberg pour une cérémonie en sa faveur. Dans une lettre du 3 janvier, l'écrivain Thomas Mann s'excuse auprès de Freud pour avoir mis du temps à comprendre l'intérêt de la psychanalyse[B 39]. En 1932, Freud travaille à un ouvrage de synthèse, présentant des conférences devant un public imaginaire, Nouvelle introduction à la psychanalyse. En 1932, il publie, en collaboration avec le physicien Albert Einstein, leur pensée sur la guerre et la civilisation, issue de leur correspondance, dans un essai intitulé « Pourquoi la guerre ? »[18].

En mai 1933, les ouvrages de Freud sont brûlés en Allemagne lors des autodafés nazis[C 10] mais l’auteur refuse de s'exiler jusqu'en mars 1938, lorsque les Allemands entrent à Vienne. La Société psychanalytique de Vienne décide que chaque analyste juif doit quitter le pays, et que le siège de l'organisation soit transféré là où résidera Freud[A 5]. Il décide finalement de s'exiler lorsque sa fille Anna est arrêtée une journée par la Gestapo. Grâce à l'intervention de l'ambassadeur américain William Bullitt et à une rançon versée par Marie Bonaparte[19], Freud, sa femme, sa fille Anna et la domestique Paula Fichti peuvent quitter Vienne par l’Orient Express, le 4 juin. Au moment de partir, il est contraint de signer une déclaration : « Je soussigné, Professeur Freud déclare par la présente que depuis l’annexion de l’Autriche par le Reich allemand, j’ai été traité avec tout le respect et la considération dus à ma réputation de scientiste par les autorités allemandes et en particulier par la Gestapo et que j’ai pu vivre et travailler jouissant d’une pleine liberté ; j’ai pu également poursuivre l’exercice de mes activités de la manière que je désirais et qu’à cet effet j’ai rencontré le plein appui des personnes intéressées, je n’ai aucun lieu d’émettre la plus petite plainte ». Il demanda à ce que fût ajoutée la phrase « Je puis cordialement recommander la Gestapo à tous ».

Ils rejoignent ainsi Londres, où ils sont reçus avec tous les honneurs, notamment par l'ambassadeur américain William Bullit, que Freud connaît depuis quelques années déjà[B 40]. Les deux hommes ont en effet travaillé ensemble à une étude sur le président américain Woodrow Wilson intitulée Woodrow Wilson : a psychological study, publiée en 1966. Freud et sa petite famille s'installent dans une belle maison du 20 Maresfield Gardens. Il rédige son dernier ouvrage Moïse et le monothéisme. Il est nommé membre de la Société royale de médecine. Freud reçoit la nomination chez lui, ne pouvant se déplacer, abattu par son cancer et par trente-deux opérations et traitements successifs. À Vienne, Thomas Mann, prononce le 8 mai 1936 un éloge et un soutien publiques à Freud, expliquant : « Freud rend sa pensée en artiste, comme Schopenhauer ; il est comme lui un écrivain européen »[A 6].

Freud meurt dans sa maison de Londres le , à 3 heures du matin, d’un carcinome verruqueux d’Ackerman, à l'âge de 83 ans. Il ne connaîtra jamais le sort réservé par les nazis à ses quatre sœurs, exterminées dans les camps de concentration[20]. À sa demande, et avec l’accord d’Anna Freud, Max Schur, son médecin personnel, lui a injecté une dose mortelle de morphine[13]. Son corps est incinéré au cimetière de Golders Green et les derniers hommages sont remis par le docteur Ernest Jones au nom de l'Association internationale de psychanalyse et par l'écrivain Stefan Zweig[D 37], le 26 septembre. Le récit de sa longue maladie est fait dans le détail par Max Schur. Après la mort d'Anna Freud, en 1982, la maison qui avait accueilli la famille en exil devient le Freud Museum[B 6].

Son Œuvre : la psychanalyse

Le mouvement psychanalytique

La théorie psychanalytique : la « science de l'inconscient »

La psychanalyse — dont l'idée a évoluée depuis ses débuts, en 1896, aux derniers exposés de la plume de Freud, en 1930 — regroupe trois acceptions selon Paul-Laurent Assoun. Le terme désigne en effet d'abord une certaine méthode d'investigation du psychisme inconscient, mais aussi une méthode de traitement (la cure psychanalytique), et, plus généralement une conception psychologique globale touchant à la conception même de l'homme[G 2]. « Par la triple voie du personnel, du pathologique et du culturel, c'est de l'insu de l'âme humaine qu'il cherche à devenir l'interprète »[A 7]. De manière davantage exhaustive, le mouvement psychanalytique représente le corpus de théories issues de l'expérience analytique, participant à la conceptualisation de l'appareil psychique. Cette théorie psychanalytique (qui est dite d'orientation psychodynamique au sein de la discipline psychologique), et en dépit de la diversité des approches, se fonde en premier lieu sur l'initiative de Freud[G 3] et sur la reconnaissance de concepts majeurs tels que : l'inconscient, le transfert, la répétition et la pulsion. Du point de vue de sa méthode d'approche, son objet étant l'inconscient, la psychanalyse est une discipline centrée sur l'observation et non sur l'expérimentation ; elle est donc une « science phénoménale »[G 4] rattachée à la médecine et à la psychiatrie[G 5] mais possédant auprès de celles-ci une autonomie toute relative[G 6].

Depuis ses premiers écrits fondateurs, Freud considère que la scientificité de la psychanalyse repose sur son objet : l'inconscient. Or, la plupart des critiques envers la psychanalyse lui contestent cette qualification de scientificité. Mais elle est, selon Laurent Assoun, une collection de connaissances et de recherches ayant atteint un degré suffisant d'unité et de généralité capable de fonder « un consensus sur des relations objectives découvertes graduellement et confirmées par des méthodes de vérifications définies »[G 7]. Elle est donc considérée par les freudiens comme une science de la nature car elle repose tout entière sur des concepts fondamentaux, notamment celui de pulsion (Trieb)[G 8]. Enfin, la psychanalyse récuse toute métaphysique[G 9].

Développement et influence du mouvement psychanalytique

Plaque de l'Institut à la Potsdamer Straße au Tiergarten de Berlin

Avec sa conception novatrice de l'inconscient, Freud a permis une nouvelle compréhension des névroses et, au-delà, de la psyché. Les travaux historiques d'Ernest Jones et, plus récemment, d'Henri F. Ellenberger rappellent que le concept d'inconscient est antérieur à Freud, mais précisent que ce dernier est un précurseur par sa manière de théoriser l'inconscient, dans sa première topique puis dans la seconde[F 2]. Le mouvement psychanalytique s'est développé d'abord en référence à Freud et à ses proches partisans, puis en opposition à ses détracteurs, tant internes (Jung, Adler, Rank parmi les principaux) qu'externes (le milieu psychiatrique et médical notamment). Les modalités de formation des psychanalystes se sont formalisées notamment avec son pilier central: l'analyse didactique instaurée pour la première fois à l'Institut psychanalytique de Berlin.

Il y eut ainsi plusieurs générations de psychanalystes et, en 1967, ceux dits de la « troisième génération » établissent un retour historique et épistémologique sur ce mouvement. Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis isolent ainsi par exemple environ quatre-vingt-dix concepts strictement freudiens à l'intérieur d'un vocabulaire psychanalytique contemporain composé de quatre cent trente termes alors qu'Alain de Mijolla en dresse lui un panorama chronologique précis. Le travail de pionnier de Freud a eu un impact sur de nombreuses autres disciplines ; sur la psychologie en premier lieu, mais aussi sur la nosographie des troubles mentaux, sur la psychopathologie, sur la relation d'aide, la psychiatrie, l'éducation, la sociologie, la neurologie. À un niveau plus général, Freud est également considéré par certains comme ayant été celui qui a délivré la parole sur la sexualité et notamment la sexualité féminine, sujets jusqu'alors méprisés par beaucoup de médecins.

Les continuateurs de Freud

Nébuleuse marginaleJacques LacanEgo-psychologyMélanie Klein
[21]

Après la mort de Freud, son héritage est partagé entre plusieurs écoles, qui entretiennent entre elles des rapports souvent polémiques, dépendant des postulats retenus et des spécificités nationales[G 10]. Deux types de courants peuvent être distingués : ceux dits « orthodoxes », proches du freudisme, et ceux s'en écartant sur des points fondateurs, les courants « hétérodoxes ». Pendant la Seconde Guerre mondiale se développe la question de l'analyse groupale, avec des analystes comme Wilfried Bion. En France, il n'y a aucune activité psychanalytique pendant l'Occupation d'autre part et la British Psychoanalytical Society demeure même le seul bastion de la psychanalyse en Europe à cette époque. C'est en Angleterre que se déroulent, à partir de 1942, les oppositions entre Melanie Klein, Anna Freud et le Middle Group. Des associations psychanalytiques voient cependant le jour dans différents pays, toutes sous l'égide de l’International Psychoanalytical Association. En France, La Société psychanalytique de Paris relaye la psychanalyse freudienne. Le courant de lacanien s'en écarte jusqu'à la rupture dans les années cinquante, notamment à propos l'axiome lacanien comme quoi l'inconscient serait structuré comme un langage et surtout sur les modalités de formation des psychanalystes qui, pour Lacan et ses adeptes, diffèrent radicalement de celles de l'I.P.A. et des associations affiliées. Avec l'immigration de nombreux psychanalystes d'Europe avant, pendant et après la guerre, la psychanalyse prend beaucoup d'importance aux USA, avec l’American Psychoanalytic Association (« A.Ps.A.A. ») ou la Self-psychology. L'ego-psychology s'y développe beaucoup mais aussi les autres courants (freudiens, kleiniens, etc.). De nombreux psychanalystes développent et propagent leur vision des conceptions freudiennes, peu ou prou : Juliette Favez-Boutonnier, Daniel Lagache, Françoise Dolto, Jacques Lacan.

Influence de la psychanalyse

La psychanalyse a eu une profonde influence sur la plupart des sciences humaines : sur l'ethnologie (avec Géza Róheim et l'ethnopsychanalyse), l'anthropologie et les sciences juridiques (avec le juriste Pierre Legendre), le marxisme (par les tentatives de freudo-marxisme et avec Herbert Marcuse), les sciences politiques, la philosophie (avec Gilles Deleuze et Jacques Derrida), et même sur l'Art (le surréalisme d'André Breton[22] ou de Salvador Dali s'en est largement inspiré). L'influence est également importante dans le champ de l'interprétation artistique ou littéraire. La notion de sublimation et plus généralement la théorie freudienne en art a été reprise par Deleuze et Guattari, René Girard, Jean-François Lyotard, ainsi qu'en esthétique, en histoire de l'art[23] et dans les cultural studies.

La notion de psychosomatique a également une importance dans le milieu médical, avec par exemple Pierre Marty, Michel Fain et Michel de M'Uzan. Michael Balint met en place les Groupes Balint en Angleterre, groupe d'échanges et de réflexion entre psychanalystes et médecins sur leurs pratiques respectives à partir d'études de cas. En France, la pédiatrie dans son rapport à l'enfant est particulièrement influencée par la psychanalyse. La philosophie y voit également un nouveau paradigme ainsi que l'explique Paul-Laurent Assoun dans Freud, la philosophie et les philosophes, à travers des personnalités de la pensée comme Jean-Paul Sartre ou Gilles Deleuze.

Principaux concepts freudiens

L'inconscient

Freud introduit une conception tout à fait neuve de l'inconscient. En effet, depuis longtemps, il avait été remarqué que certains phénomènes échappent à la conscience. Leibniz[F 3] observe déjà que lorsque l'on passe quelque temps près d'une cascade, on est d'abord gêné par le bruit pour l'oublier ensuite tout à fait. Arthur Schopenhauer décrit l'inconscient avec sa notion de « volonté aveugle ». Novalis est le premier à se servir du mot « inconscient » et les thèses post-romantiques de Karl Robert Eduard von Hartmann avec Philosophie des Unbewussten (Philosophie de l'inconscient) en 1869 mais surtout de Carl Gustav Carus (Psyche, 1851), qui se représente un « inconscient absolu » et un « inconscient relatif », sont souvent citées par les historiens de la psychologie comme étant à la base des travaux de Freud. Freud doit beaucoup à la psychologie expérimentale, et notamment à l'approche de l'hystérie. Les phénomènes d'ivresse ou de transe donnent en effet des exemples d'abolition de la conscience. L'inconscient qu'introduit Freud n'est pas simplement ce qui ne relève pas de la conscience. Par inconscient, Freud entend à la fois un certain nombre de données, d'informations, d'injonctions tenues hors de la conscience, mais il entend aussi l'ensemble des processus qui empêchent certaines données de parvenir à la conscience, et permettent aux autres d'y accéder, comme le refoulement, le principe de réalité, le principe de plaisir, la pulsion de mort. Ainsi, Freud pose l'inconscient comme origine de la plupart des phénomènes conscients eux-mêmes.

Schéma de l'appareil psychique, représenté par un iceberg, selon les deux topiques freudiennes.

L'inconscient est donc la « thèse inaugurale de la psychanalyse »[G 11]. Dans Quelques remarques sur le concept d'inconscient en psychanalyse (1912), Freud se propose de décrire la spécificité du concept. On y trouve une présentation hiérarchique de la notion qui désigne d'abord le caractère ou l'aptitude d'une représentation ou d'un élément psychique quelconque présent à la conscience de manière intermittente et qui semble n'en pas dépendre[G 12]. Par ailleurs, la notion regroupe la constatation d'une dynamique propre à cette représentation inconsciente, et dont l'exemple historique est l'hystérie. La notion acquiert dès lors son qualificatif de psychique. Un troisième niveau vient ensuite compléter la notion, telle qu'elle est acceptée en psychanalyse : le niveau systémique par lequel l'inconscient manifeste les propriétés d'un système (que Freud désigne par l'abrégé Ubw, « Ics » en français). Les premiers psychanalystes ont pu parler à ce sujet de subconscient, terme vite écarté par Freud comme étant imprécis à expliquer un système existant sui generis[G 13]. Cette dernière thèse est celle qui a fait acquérir à la psychanalyse sa véritable spécificité.

Les trois instances de l’appareil psychique

Dans sa première topique, c'est-à-dire dans le second modèle théorique de représentation du fonctionnement psychique proposé en 1920, Freud distingue trois instances : l'inconscient, le préconscient et le conscient[A 8]. Dans la seconde, la topique comprend le ça, le moi et le surmoi, trois instances supplémentaires fondatrices de la psychanalyse[G 14]. Le Ça (Es) est présent dès la naissance, il s’agit de manifestations somatiques. Si le Ça est inaccessible à la conscience, les symptômes de maladie psychique et les rêves permettent d’en avoir un aperçu. Le Ça obéit au principe de plaisir et recherche la satisfaction immédiate. Le moi (Ich) est en grande partie conscient, il est le reflet de ce que nous sommes en société, il cherche à éviter les tensions trop fortes du monde extérieur, à éviter les souffrances, grâce, notamment, aux mécanismes de défense (refoulement, régression, rationalisation, etc.) se trouvant dans la partie inconsciente de cette instance. Le Moi est l’entité qui rend la vie sociale possible. Il suit le principe de réalité. Le Surmoi (Uber-Ich) existe depuis la naissance et jusqu'à cinq ans l’enfant hérite de l’instance parentale, groupale et sociale, et emmagasine quantité de règles de savoir-vivre à respecter. Le Surmoi se développe lorsque le complexe d'Œdipe est résolu. Du fait des pressions sociales, en intériorisant les règles morales ou culturelles de ses parents et du groupe, l’enfant, puis l'adulte pratiquent le refoulement. En effet, le Surmoi punit le moi pour ses écarts par le truchement du remords et de la culpabilité.

La libido et la sexualité infantile

Les pulsions sexuelles sont conçues par Freud comme une énergie, qu'il nomme « libido » (« le désir » en latin). Ces pulsions sont susceptibles de maintes transformations et adaptations selon la personnalité et l'environnement[G 15]. La libido est en effet essentiellement plastique et son refoulement est le plus souvent à l'origine des troubles psychiques alors que sa sublimation explique les productions culturelles, intellectuelles et artistiques de l’humanité. La doctrine freudienne de la libido a souvent été critiquée comme étant un « pansexualisme » matérialiste[24]. Constituant le socle de la métapsychologie freudienne, le concept de libido, décrit dans Trois essais sur la théorie sexuelle (1920) est corrélatif à celui de pulsion. « La théorie de la libido permet [en effet] de prendre la mesure de la complexité de la sexualité humaine, dont le caractère biphasique interdit de la réduire à une fonction biologique », et ce, même si la prise en compte de la fonction de procréation est à considérer. En effet, sa nature est prégénitale et symbolique, et sa fixation conditionne la formation de la névrose[G 16].

Freud est le premier à élaborer une théorie d'une sexualité infantile avec, d'abord, la théorie de la séduction. L'idée de sexualité infantile est surtout formalisée en 1905 dans l'ouvrage Trois essais sur la théorie sexuelle, mais elle se fait sur la base des travaux précédents, en particulier de la théorie de la séduction, abandonnée en 1897, et par laquelle il démontre la sexualité infantile à travers son aspect pulsionnel[G 17]. Il y décrit l'existence d'une opposition radicale entre sexualité primaire et adulte, marquée par le primat du génital, et sexualité infantile, où les buts sexuels sont multiples et les zones érogènes nombreuses, à tel point que Freud est souvent considéré comme le découvreur de la sexualité de l'enfant[G 18]. Progressivement, entre 1913 et 1923, cette thèse se trouve remaniée par l'introduction de la notion de « stades prégénitaux », précédant l'instauration du stade génital proprement dit, et qui sont le stade oral, le stade anal et le stade phallique. Freud propose ainsi d'expliquer l'évolution de l'enfant à travers des caractères pulsionnels d'ordre sexuel qui vont évoluer au travers de plusieurs stades psycho-affectifs, pour aboutir ensuite à la sexualité génitale adulte. C'est aujourd'hui une base théorique importante en psychologie ou en psychiatrie.

Les rêves

Selon Freud, l'« interprétation des rêves est la voie royale qui mène à l'inconscient ». Les rêves sont, dans le modèle psychanalytique, des représentations de désirs refoulés dans l’inconscient par la censure interne (le surmoi). Les désirs se manifestent dans le rêve de manière moins réprimée qu'à l'état de veille. Le contenu manifeste du rêve est le résultat d'un travail intrapsychique qui vise à masquer le contenu latent, par exemple un désir œdipien. En cure de psychanalyse, le travail repose sur l'interprétation à partir du récit (contenu manifeste) du rêve. Les associations du patient sur son rêve permettent de révéler son contenu latent. Le travail du rêve repose sur quatre procédés[25]. Tout d'abord, le rêve condense, comme s'il obéissait à un principe d'économie. En une seule représentation sont concentrées plusieurs idées, plusieurs images, parfois des désirs contradictoires. Deuxièmement, le rêve est décentré et le désir déformé est fixé sur un autre objet que celui qu'il vise, ou sur de multiples objets jusqu'à l'éparpillement. Il y a un déplacement de l'accent affectif. Par ailleurs, le rêve est une illustration (« figurabilité ») du désir en ce qu'il ne l'exprime, ni en mots, ni en actes, mais en images ; ici joue le symbole : la représentation substitutive de l'objet et du but du désir est parfois typique et d'usage universel[G 19]. Enfin, le rêve est aussi le produit d'une activité également inconsciente, mais très proche de l'activité vigile en ce qu'elle s'efforce de lui donner une apparence de vraisemblance, d'organisation, de logique interne (ou « élaboration secondaire »).

Paul Gauguin, Le Rêve, 1892.

Au niveau épistémologique, le geste de Freud consiste à réintroduire la production onirique dans la psychologie[G 20]. Il rompt avec l'idée romantique d'un rêve contenant une clé ou un secret et seul le travail du rêve en explique la nature : la production à la fois complexe et immanente de la psyché qui s'apparente à un rébus. Cette théorie des rêves (Traumlehre) est selon Freud ce par quoi la psychanalyse a pu s'élever de simple thérapeutique à une métapsychologie générale du psychisme. En effet, la science du rêve en psychanalyse fonde tout le reste de son édifice théorique : « Le rêve prend sa signification paradoxale en ce qu'il montre l'inconscient à l'œuvre chez tout sujet et que, comme prototype normal, il éclaire sur cette autre formation jumelle qu'est le symptôme névrotique »[G 21].

Les pulsions et le refoulement

« Concept fondamental de la métapsychologie » freudienne, la pulsion (Trieb) a cependant une définition polysémique[G 22]. À la fois excitation pour le psychique, concept-frontière entre psychique et somatique, elle se définit par une poussée (Drang), un but (Ziel), un objet (Objekt) et une source (Quelle). Elle conditionne la représentation ainsi que l'affect[G 23]. Les pulsions prennent leur source dans une excitation corporelle et, en cela, elles sont proches de l'instinct. Au contraire d'un stimulus, la pulsion ne peut être évitée ou fuie. Elle demande à être déchargée dans le conscient. Il existe plusieurs moyens de décharger une pulsion : le rêve, le fantasme et la sublimation. Freud distingue d'abord deux groupes de pulsions : celles du moi ou d'auto-conservation et les pulsions sexuelles. Par la suite, et dans ses écrits les plus tardifs, il distingue deux autres principaux types de pulsions : la pulsion de vie (l'« éros ») et la pulsion de mort (le « thanatos »)[G 24]. Éros représente l’amour, le désir et la relation, tandis que Thanatos représente la mort, les pulsions destructrices et agressives. Thanatos tend à détruire tout ce qu’Éros construit (la perpétuation de l’espèce par exemple). Le masochisme en est un exemple typique[G 25].

Le refoulement (Grundpfeiler), « pierre d'angle » de la psychanalyse[G 26], est aussi le concept le plus ancien de la théorie freudienne. Dès 1896, Freud repère un mécanisme de défense primaire, qu'il assimile ensuite à la censure et qui structure a priori le moi et, de manière générale, le psychisme. Le refoulement est à la fois refus d'une pulsion et action psychique de maintien de cet écart. Frontière entre le conscient et l'inconscient, la « clause de censure » atteste aussi que l'inconscient est bien « travail » et processus, et non principe seul[G 27].

Le complexe d’Œdipe

« Le complexe d'Œdipe est sans doute le mot le plus célèbre du vocabulaire psychanalytique, celui qui sert le plus sûrement à désigner le freudisme »[G 28]. Issu de l'expérience pratique, Freud théorise le complexe d'Œdipe dans sa première topique. Celui-ci est défini comme le désir inconscient d'entretenir un rapport sexuel avec le parent du sexe opposé (inceste) et celui d'éliminer le parent rival du même sexe (parricide). Ainsi, le fait qu'un garçon tombe amoureux de sa mère et désire tuer son père répond à l'impératif du complexe d'Œdipe[26]. C'est dans la lettre à Wilhelm Fliess du 15 octobre 1897 que Freud évoque le complexe. Pour Freud, la structure de la personnalité se crée en rapport avec le complexe d’Œdipe et la fonction paternelle. Le complexe d’Œdipe intervient au moment du stade dit « phallique ». Cette période se termine par l’association entre la recherche du plaisir et une personne extérieure, la mère. Le père devient le rival de l’enfant ; ce dernier craint d’être puni, en conséquence de son désir pour la mère, par la castration par le père. L’enfant refoule donc ses désirs et alimente son Surmoi, avec la naissance en lui de la culpabilité et de la pudeur, entre autres et au moyen du complexe de castration[G 29].

Les cinq stades du développement psycho-affectif

Selon Freud, tel qu'il le décrit dans son essai « L'Organisation génitale infantile » (1923), l'élaboration du complexe d'Œdipe représente une étape constitutive du développement psychique des enfants. Le désir envers la mère trouve en effet son origine dès les premiers jours de la vie et conditionne toute sa psychogenèse. La mère est, d'une part, la « nourricière », et, d'autre part, celle qui procure du plaisir sensuel, via le contact avec le sein et à travers les soins corporels. L'enfant, qu'il soit fille ou garçon, en fait donc le premier objet d'amour qui restera déterminant pour toute la vie amoureuse. Cette relation objectale est ainsi investie de sexualité. Cet amour d'objet se déploie donc en cinq « phases » libidinales[C 11] qui trouvent aussi leur origine dans la constitution de la part de l'enfant de la scène primitive. La notion de « phase » ou de « stade » n'est pas à prendre au sens littéral. Elle signale la primauté d'une zone érogène particulière mais n'implique pas que le processus se déroule de manière mécanique et linéaire. Tout au plus peut-on admettre qu'une phase succède à l'autre dans l'ordre décrit. Le complexe d'Œdipe se déploie donc à travers ces phases en fonction de leurs propriétés propres qui s'enchevêtrent pour constituer un agrégat de pulsions, nommé « complexe » d'Œdipe qui, pour les freudiens, trouve son apogée vers l'âge de 5 ans. Freud aboutit à cette déduction en étudiant le cas dit du « petit Hans »[Freud 9]. Le schéma des stades psycho-affectifs suit donc une progression déterminée :

Stade oral Stade anal
(+ oral)
Stade phallique
(+oral, +anal)
Période de latence
(+oral, +anal, +phallique)
Stade génital
Jusqu'à 18 mois De 18 mois à 3 ans De 3 ans à 7 ans
Situation œdipienne
Dès 7-8 ans Adolescence

La « phase orale » constitue l'organisation psychique du premier lien. La nourriture qui passe par la bouche est en effet la première origine de sensualité. Le plaisir produit par les zones érogènes s'étaye sur ce lien vital puis s'en éloigne, par exemple lors des préliminaires sexuels des adultes. On différencie la « phase orale de succion » de la « phase orale de morsure » qui inaugure une manifestation d'agressivité reposant sur l'ambivalence inhérente à la relation d'objet. Pour les kleiniens, le complexe d'Œdipe se manifeste déjà à cette phase orale et son déclin intervient lors de l'avènement de la position dépressive. Ensuite, la « phase anale », allant de 1 à 3 ans environ, est liée au plaisir de contrôler ses voies d’excrétion. La « phase phallique » (ou « génitale infantile »), de 3 à 6 ans environ, est liée à la masturbation. Elle connaît l'émergence puis le conflit œdipien dans sa phase la plus aiguë. La « phase de latence » s'étale ensuite de 6 ans à la pré-adolescence, et correspond au déclin du complexe d'Œdipe par le refoulement des pulsions sexuelles qui sont mises au service de la connaissance (ou « épistémophilie ») qui dure jusqu'à l'adolescence et qui est permise par le processus de sublimation. Là encore, il faut considérer que ce déclin, cette « latence », est toute relative et peut varier selon les individus, les circonstances et les moments du développement.

La cure psychanalytique

L'éthique et le cadre thérapeutiques

La cure psychanalytique, communément nommée « psychanalyse », ou encore « cure type », désigne la pratique psychothérapeutique élaborée par Sigmund Freud puis par ses successeurs et inspirée de la talking cure de Joseph Breuer. La praxis psychanalytique a été peu à peu distinguée par Freud de la méthode cathartique et de l'hypnose[G 30]. Ce vocable s'applique plus largement à toute une série de traitements plus ou moins dérivés de la psychanalyse au point que Jean Bergeret parle d'abus de langage fait par certains de la qualité de « psychanalyste ». Vers la fin de sa vie, Freud lui-même revient sur l'efficacité de la cure, rappelant que la psychanalyse est avant tout savoir[G 31]. De nature transférentielle, elle repose sur les associations libres et part du symptôme (dont la névrose est la manifestation générale) pour arriver à sa source, la pulsion refoulée. Ce contenu censuré doit parvenir à la conscience du malade.

Fichier:Freud Sofa.JPG
Le divan, 20 Maresfield Gardens, Londres.

La psychothérapie psychanalytique met en œuvre tous les concepts dégagés par Freud, et en particulier ceux de « libre association » et de neutralité (l'analyste doit laisser les idées spontanées du patient s'exprimer, il doit écouter sans rien dire - et encore moins faire - qui ne perturbe les associations de l'analysant) et d'« attention flottante » (l'attention de l'analyste de doit pas se focaliser sur un élément ou un autre du discours de l'analysant mais rester attentif aux éléments inconscients qui pourraient surgir)[G 32]. Par ailleurs, le cadre éthique repose sur la sincérité du patient ainsi que sur l'engagement du psychanalyste à la neutralité et à la bienveillance[G 33]. L’unique but de l’analyse est donc, par le travail élaboratif du patient, le travail interprétatif du psychanalyste de supprimer le refoulement qui crée la répétition ; mais l'analysé ne peut prendre conscience du refoulement que si, auparavant, a été supprimée la résistance qui le maintient[Freud 10].

Les cinq cas fondateurs

Freud réalise sa première analyse avec Dora, de son vrai nom Ida Bauer. C'est par l'analyse de deux de ses rêves qu'il peut dénouer le drame familial, Dora nourrissant des fantasmes sexuels handicapants[B 41]. Mais, en raison du transfert qui s'opère sur sa personne, Freud échoue à guérir durablement Dora. Il ne reconnaît que plus tard, dans un post-scriptum[B 42], qu'il n'a pas su se rendre compte qu'il était l'objet transfériel de sa patiente amoureuse. Le cas Dora est écrit de décembre 1900 à janvier 1901 mais Freud ne publie son Fragment d'une analyse d'hystérie que quatre ans plus tard. Freud accueille ensuite en analyse Ernst Lanzer, surnommé « l'homme aux rats ». Cette cure lui fournit un matériel clinique inégalé, notamment dans l'étude de la névrose obsessionnelle. Le patient entretient en effet une culpabilité suite à une punition paternelle pour s'être masturbé[B 43].

Sergueï Pankejeff en 1910.

Un troisième cas fondateur de la pratique psychanalytique est celui d'Herbert Graf, surnommé « le petit Hans ». Ce dernier n'a cependant pas été analysé par Freud[B 44]. L'enfant souffre d'une phobie du cheval, lié à un figement psychoaffectif au niveau du complexe d'Œdipe. Grâce à la compréhension de ce schéma psychique, Hans est guéri de ses fantasmes. Un quatrième cas est célèbre en littérature psychanalytique : celui de Sergueï Pankejeff, dit « l'homme aux loups »[B 45]. Enfin, avec le président Schreber, Freud examine les délires psychotiques et paranoïdes présents dans Mémoires d’un névropathe du magistrat[Freud 11].

Les conceptions de Freud

La question de l'homosexualité

Freud renonce progressivement à faire de l'homosexualité une disposition biologique ou culturelle(contesté par Eytan Dery) en , mais en fait plutôt un choix psychique inconscient[27]. En 1905, dans Trois essais sur la théorie sexuelle, il parle d'« inversion », mais en 1910 avec Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, il renonce à ce terme pour choisir celui d'« homosexualité ». Dans une célèbre lettre datant de 1919, Freud est encore plus explicite : « l'homosexualité n'est ni une maladie, ni une déviance, ni une perversion » explique-t-il. Cependant des contradictions existent dans l'ensemble de l'œuvre freudienne et l'homosexualité adulte y est présentée tantôt comme immature par blocage de la libido au stade anal, tantôt comme repli narcissique ou encore comme identification à la mère. Freud a pu également affirmer que l'homosexualité résulte d'un « arrêt du développement sexuel »[Freud 12]. Elle ne nécessite cependant ni cure, ni traitement pour les homosexuels conscients de leur spécificité. Elle est toutefois intriquée avec la névrose du sujet. Les homosexuels qui, au contraire, culpabilisent peuvent être guéris de la souffrance qu'ils ressentent en général, au même titre que les hétérosexuels[Freud 13]. Enfin, dans une note de 1915 aux Trois essais sur la théorie sexuelle il explique également que « la recherche psychanalytique s’oppose avec la plus grande détermination à la tentative de séparer les homosexuels des autres êtres humains en tant que groupe particularisé. […] elle apprend que tous les êtres humains sont capables d’un choix d’objet homosexuel et qu’ils ont effectivement fait ce choix dans l’inconscient »[Freud 14],[28]. « Ni Sigmund Freud, ni ses disciples, ni ses héritiers ne firent de l'homosexualité un concept ou une notion propre à la psychanalyse »[29]. La question de l'homosexualité a divisé les psychanalystes.Elle a même pu devenir tabou au sein de certaines institutions psychanalytiques. Selon le critique Didier Eribon, la raison est que les psychanalystes partagent un « inconscient homophobe »[30] ; pour Daniel Borrillo, Freud et certains psychanalystes feraient œuvre d'homophobie en classant l'homosexualité parmi les "inversions"[F 4]; ils oublient que Freud avait utilisé l'expression de "variante de l'organisation génitale de la libido" pour la caractériser.

Culture et nature

Charles Darwin dont Freud admirait les théories.

Pour Freud, la culture désigne l'ensemble des institutions qui éloignent l'individu de l'état animal[C 12]. Elle désigne les pensées, la raison, le langage, les sciences, les religions, les arts, tout ce qui a été créé par l'être humain. La nature correspond aux émotions, aux instincts, pulsions et besoins. L’être humain lutte en permanence contre sa nature instinctuelle et ses pulsions, qu'il tente de réfréner afin de vivre en société, sans quoi l’égoïsme universel amènerait le chaos. Pourtant, Freud opère une confusion constante dans ses écrits entre la civilisation d'une part et la culture (Kultur) d'autre part[C 13]. Son processus de développement s'assimile à celui de la psychogenèse. Ainsi, plus le niveau de la société est élevé, plus les sacrifices de ses individus sont importants. En imposant la frustration sexuelle surtout, la civilisation a une action directe sur la genèse des névroses individuelles. L'homme occidental en particulier n'est pas heureux et le texte de 1929, Malaise dans la civilisation, soutient la thèse que la culture est la cause principale de névrose et de dysfonctionnements psychiques[31]. Par les règles claires qu’elle lui impose, la culture protège l'individu, même si elle exige des renoncements pulsionnels conséquents. Ces contraintes peut expliquer qu’il existe une rage et un rejet – souvent inconscients – vis-à-vis de la culture. En contrepartie, la culture offre des dédommagements aux contraintes et sacrifices qu'elle impose, à travers la consommation, le divertissement, le patriotisme ou la religion[C 14].

Dans l'essai « Une difficulté de la psychanalyse » publié en 1917[Freud 15], et dans ses conférences d'introduction à la psychanalyse, écrites pendant la Première Guerre mondiale, Freud explique que l'humanité, au cours de son histoire, a déjà subi « deux grandes vexations infligées par la science à son amour propre »[C 15]. La première, explique-t-il, date du moment où Nicolas Copernic établit que « notre Terre n'est pas le centre de l'univers, mais une parcelle infime d'un système du monde à peine représentable dans son immensité ». La deuxième, selon lui, a lieu quand la biologie moderne – et Darwin au premier chef – « renvoya l'homme à sa descendance du règne animal et au caractère ineffaçable de sa nature bestiale ». Il ajoute : « La troisième vexation, et la plus cuisante, la mégalomanie humaine doit la subir de la part de la recherches psychologique d'aujourd'hui, qui veut prouver au Moi qu'il n'est même pas maître dans sa propre maison, mais qu'il en est réduit à des informations parcimonieuses sur ce qui se joue inconsciemment dans sa vie psychique »[32].

La religion et la parapsychologie

Se disant « incroyant », en dépit de sa culture juive, Freud est critique vis-à-vis de la religion et estime que l’être humain y perd plus qu’il n’y gagne par la fuite qu’elle propose. Selon lui, l’humanité doit accepter que la religion n’est qu’une illusion pour quitter son état d’infantilisme, et rapproche ce phénomène de l’enfant qui doit résoudre son complexe d’Œdipe : « ces idées [religieuses], qui professent d’être des dogmes, ne sont pas le résidu de l’expérience ou le résultat final de la réflexion : elles sont des illusions, la réalisation des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus pressants de l’humanité ; le secret de leur force est la force de ces désirs. Nous le savons déjà : l’impression terrifiante de la détresse infantile avait éveillé le besoin d’être protégé – protégé en étant aimé – besoin auquel le père a satisfait »[Freud 16]. S'appuyant sur les thèses de Charles Darwin, en 1912, dans Totem et Tabou, Freud explique que l'origine de l'humanité se fonde sur le fantasme d'une « scène primitive » dans laquelle a lieu le meurtre primitif du père comme acte fondateur de la société. Les hommes vivaient ainsi en hordes grégaires, sous la domination d'un mâle tout-puissant, qui s'appropriait les femmes du groupe et en excluait les autres mâles. Ces derniers commettent alors le meurtre du « Père primitif », meurtre qui explique ensuite le tabou de l'inceste comme élément constitutif des sociétés. Thomas Mann fait l'éloge de Totem et Tabou, il écrit : « [ce livre] nous incite plus qu'à une simple méditation sur l'effroyable origine psychique du phénomène religieux et sur la nature profondément conservatrice de toute réforme[33] ». Dans Malaise dans la civilisation, Freud décompose ainsi l'évolution de l'humanité en trois phases : une phase animiste caractérisée par un narcissisme et un totémisme primaires, une phase religieuse marquée par la névrose collective et enfin une phase scientifique dans laquelle prédomine la sublimation.

L'occultisme et la parapsychologie n'ont guère intéressé Freud. Positiviste, il y voit une régression à l'état animiste. Dans Considérations actuelles sur la guerre et la mort (1915), Freud explique ainsi que la croyance dans les esprits est une réaction devant la mort. Cependant, plusieurs événements vont relativiser son opinion. Au début de sa rencontre avec Carl Gustav Jung, le 25 mars 1909, les deux hommes se retrouvent seuls pour évoquer l'intérêt des phénomènes para-psychologiques en psychanalyse. Freud refuse d'y voir des matériaux à exploiter, méprisant cet intérêt de Jung. Il y a alors des craquements soudains dans la bibliothèque de Jung, qui, peu surpris, annonce à Freud qu'il s'en produira de nouveau. En effet, peu de temps après, un nouveau craquement se fait entendre ; Jung note que Freud en est alors particulièrement effrayé, et depuis ce moment il nourrit une profonde méfiance envers le psychiatre suisse. L'étude de Christian Moreau[F 5] revient sur des textes de Freud dans lesquels il témoigne d'une certaine perplexité pour les phénomènes limites et notamment pour la télépathie.

Freud face à l'antisémitisme

L'antisémitisme ne pèse pas d'une manière égale durant la vie de Freud, et fluctue au gré des changements politiques de l'Autriche et l'Allemagne au début du XXe siècle[34], [35]. L'antisémitisme joue un rôle déterminant à la fin de la vie du père de la psychanalyse, qui doit fuir l'Autriche devant la menace nazie. En effet, en 1933, les œuvres de Freud sont brûlées par les nazis qui y voient une « science juive » contraire à l'« esprit allemand »[36]. Avec l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne, de nombreux psychanalystes ont dû cesser leur pratique ou émigrer quand ils n'ont pas été tués ou envoyés dans des camps de concentration parce qu'ils étaient juifs. La ségrégation s'est d'abord développée en Hongrie[37], notamment sous le régime de Miklós Horthy[38]. Puis, elle s'est propagée en Allemagne dès les années vingt et en Autriche, sans parler des pogroms dans la Russie tsariste. Dès lors, la plupart de ceux qui ont survécu ont émigré en Grande-Bretagne, en France, en Amérique du Sud et aux États-Unis. D'autres comme Max Eitingon sont partis pour la Palestine bien avant la création de l'État d'Israël.

Les ouvrages de Freud furent brûlés par les nazis qui décrétèrent la psychanalyse « science juive ».

Dans sa conférence sur l'antisémitisme de mai 1937[39], Thomas Mann écrit, à propos de Freud, qui s'identifie souvent au personnage biblique de Joseph : « [qu'il] est un artiste, et aussi un produit tardif, un petit-fils, un « cas » compliqué, un homme du stade où les traits de l'affinement et de la dégénérescence se confondent de façon troublante[40]. », le dernier ouvrage de Freud, L'Homme Moïse et la religion monothéiste « invente une tradition juive du libéralisme et de l'esprit scientifique »[35]. Médecin et historien autodidacte proche de Carl Gustav Jung, Henri Ellenberger a fait une étude consciencieuse sur la situation des Juifs dans l'ensemble de la région et a pu affirmer que Freud aurait exagéré l'impact de l'antisémitisme dans sa non-nomination à un poste universitaire de professeur extraordinaire. Il argumente sa thèse de manière documentée[B 46] mais d'autres historiens — bien qu'Ellenberger n'ait jamais été soupçonné ou accusé d'antisémitisme (à la différence de Jung) — considèrent qu'il a minimisé le phénomène à Vienne[41].

Régulièrement, en effet, la psychanalyse a été accusée d'être une « science juive ». Ainsi, le professeur Martin Staemmler de Chemnitz écrit, dans un texte de 1933[42] : « La psychanalyse freudienne constitue un exemple typique de la dysharmonie interne de la vie de l'âme entre Juifs et Allemands. [...] Et lorsqu'on va encore plus loin et que l'on fait entrer dans la sphère sexuelle chaque mouvement de l'esprit et chaque inconduite de l'enfant [...], lorsque [...] l'être humain n'est plus rien d'autre qu'un organe sexuel autour duquel le corps végète, alors nous devons avoir le courage de refuser ces interprétations de l'âme allemande et de dire à ces Messieurs de l'entourage de Freud qu'ils n'ont qu'à faire leurs expérimentations psychologiques sur un matériel humain qui appartienne à leur race »[38]. Pour Lydia Flem, Freud et Theodor Herzl, chacun à leur manière, répondent à la crise identitaire juive, le premier en imaginant une topique psychique, le second en rêvant d'un pays géographique pour le peuple juif[A 9].

Freud et la cocaïne

La découverte de l'alcaloïde de la plante de coca est contemporaine des recherches de Freud, quant aux applications thérapeutiques possibles. En 1884, les laboratoires Merck confient à Freud la charge de mener des expérimentations sur la substance. Avant de créer la psychanalyse, Freud a étudié ce produit et a pensé pouvoir lui prêter toutes sortes d'indications médicales — notamment dans le traitement de la neurasthénie[43] — avant que la cocaïne ne se révèle être la dangereuse drogue dont on connaît les ravages aujourd'hui. Freud travaille sur les propriétés anesthésiantes de la cocaïne avec deux collègues, Carl Köller et Leopold Königstein dès 1884. Cependant, alors qu'il pressent pourtant son intérêt pour la médecine, il n'a pas le temps de tester son pouvoir narcotique et doit s'absenter de Vienne. Ses collègues poursuivent les expérimentations, notamment dans le cadre de la chirurgie oculaire. Ils finissent par présenter leur découverte devant la Société médical de médecine de Vienne[44],[45]. Freud revient sur cet épisode plusieurs fois dans ses ouvrages, notamment dans L'Interprétation des rêves.

Freud a par ailleurs consommé épisodiquement de la cocaïne[46]. Il en a usée entre 1884 et 1887 et il rédige un texte Über Coca[Freud 17],[F 6]. Il se détourne ensuite totalement de son étude après avoir suggéré à son ami Ernest von Fleischl-Marxrow de l'utiliser pour guérir de sa morphinomanie. Ce dernier avait utilisé l'opiacé pour soulager ses souffrances dues à une amputation du pouce, Freud pensant bien faire lui propose de remplacer la morphine par de la cocaïne en ignorant totalement les effets toxiques de cette dernière. Une toxicomanie en remplace ainsi une autre et, finalement après une agonie et des souffrances sans fin, von Fleischl se suicide.

Les toxicomanies à la cocaïne se déclarent dans d'autres pays, en Europe d'abord, notamment en Allemagne où le Dr Wallé, en vante sans prudence les mérites. Dans un article datant de 1886, le Dr Albrecht Erlenmeyer met enfin en garde la communauté médicale en termes précis, qualifiant même la cocaïne de « troisième fléau de l'humanité »[47]. Face aux critiques de plus en plus nombreuses, le Dr Johann Schnitzler défend Freud[48]. Freud défend l'usage de la cocaïne jusqu'en 1887 et affirme que c'est le sujet qui est prédisposé et pas la drogue qui entraîne la toxicomanie et continue d'en consommer épisodiquement et d'en prescrire en application nasale jusqu'en 1895, lorsqu'il entame l’auto-analyse[43].

Critiques de la théorie freudienne

Plaque commémorative de Sigmund Freud.

Critiques internes au mouvement psychanalytique

Les principales querelles aboutissent, au cours du développement du mouvement psychanalytique, à des scissions majeures, d'abord celle d'Alfred Adler (qui fonde ensuite la psychologie individuelle), puis celle de Carl Gustav Jung (initiateur de la psychologie analytique). Si les points théoriques de désaccord sont nombreux, liés à la libido, au complexe d'Œdipe ou encore à l'importance de la sexualité dans le psychisme, les raisons sont parfois aussi liés à des conflits de personnes pour des luttes de pouvoir autour du mouvement psychanalytique. Ces controverses se situent dès les années 1907 et 1911. Nommés les « apostats » par Freud, Adler, le premier, puis Jung ensuite, s'opposent à la conception de la libido comme essentiellement d'origine sexuelle et qu'ils voient plutôt comme une « pulsion de vie » au sens large et dans une acception moniste. Freud craint par dessus tout que les dissidents ne détournent la théorie et la pratique psychanalytique. Paul-Laurent Assoun souligne en effet que tous deux disent vouloir remettre la psychanalyse dans la bonne direction, et la sauver du culte de la personnalité formé autour de Freud[G 34]. La concurrence entre les diverses écoles, principalement entre le cercle viennois et l'école de Zurich de Jung, porte le coup le plus intense au jeune mouvement psychanalytique, et ce dès 1913, avec la défection de Jung.

Les autres divergences internes se rapportent par exemple à la précocité du Surmoi telle que la décrit Melanie Klein ou Donald Winnicott[G 35], [G 36]. L'opposition avec Wilhelm Reich porte elle essentiellement sur des différences foncières entre la pratique de la cure telle que la pratiquait l'un et l'autre, notamment à propos de la règle d'abstinence. Le post-freudisme commence ainsi avec cette nouvelle génération de psychanalystes qui s'émancipent en partie de l'héritage freudien tout en intégrant ses apports principaux, et dont les critiques portent essentiellement sur l'interprétation des textes fondateurs ou sur les concepts clés de l'édifice épistémologique freudien.

Critiques externes

La critique de l'hagiographie de Freud, les « Freud Wars »

La plupart des controverses autour de la pertinence scientifique des conceptions psychanalytiques sont appelées les « Freud Wars », expression venant des États-Unis. Des contemporains de Freud, comme Karl Kraus et Egon Friedell, portèrent diverses critiques ; Kraus récuse l'interprétation sexuelle psychanalytique en littérature alors Friedell qualifie la psychanalyse de « pseudo-religion juive » et de « secte »[49]. Paul Roazen publie une étude sur les rapports de Freud avec Victor Tausk qui pose la question des responsabilités de Freud et d'Helene Deutsch dans le suicide de ce brillant élève[50] Beaucoup d'autres critiques accréditées par des documents historiques existent[C 16]. De nombreux documents sur la vie et l'œuvre de Freud, comme certains déposés à la Bibliothèque du Congrès à Washington, sont un certain temps restés délibérément inaccessibles et donc inexploitables, et la plupart des pièces les plus significatives le demeurent encore pour longtemps : initialement certains documents du container "ZR" étaient bloqués jusqu'en l'an 2113, mais ce blocage a été récemment ramené à l'an 2052[51]. Longtemps, la plupart des ouvrages parlant de Freud se référeaient presque exclusivement à la biographie de Freud par Ernest Jones, critiquée pour des aspects hagiographiques. Après les critiques de Janet, celles du philosophe Popper, puis les nouvelles recherches historiques initiées par Henri Ellenberger et relayées par d'autres auteurs qui ont édifié des critiques souvent érudites telles celles de Mikkel Borch-Jacobsen[52], Jacques Van Rillaer[F 7] ou Jacques Bénesteau[53], ont finalement conduit à revoir l'histoire et la portée de l'œuvre de Freud.

La critique qualifiée de polémique[54], en raison du nombre et la spécialité des intervenants, semble atteindre son apogée lors de la publication d'un ouvrage collectif et multi-disciplinaire : Le Livre noir de la psychanalyse, corpus d'articles publié sous la direction de Catherine Meyer. La plupart des points critiques sont abordés, de la scientificité de la psychanalyse à la personnalité de Freud, en passant par la fabrication suspectée de cas psychopathologiques[F 8]. Cet ouvrage a suscité de vives réactions dans divers milieux psychiatriques, thérapeutiques et psychanalytiques, relançant ainsi des conflits d'intérêts sous-jacents. Michel Onfray, philosophe publie au mois d'avril 2010 un livre critique sur Freud intitulé Le Crépuscule d'une idole : L'affabulation freudienne dans lequel il reproche à Freud d'avoir généralisé son cas personnel, d'avoir signé une dédicace à Benito Mussolini, et aussi d'avoir écrit "L'homme, Moïse et le monothéisme" en plein essor du nazisme et de l'antisémitisme. Onfray reprend les habituelles critiques déjà connues et développées avant lui, en utilisant une grille d'interprétation d'inspiration nietzchéenne.

Critiques émanant de la sphère idéologique et politique

Avant la Révolution de 1917, la Russie est le pays où Freud est le plus traduit. Après l'arrivée au pouvoir des bolchéviks, il y eut des rapprochements entre la pensée de Freud et celle de Marx en 1920. Freud était très réservé sur le bolchévisme, et s'était notamment demandé: « que feront-ils quand ils auront tué leur dernier bourgeois »[E 7]. « Mais quand Trotski, qui était très favorable à la psychanalyse, fut condamné à l'exil en 1927, la psychanalyse fut associée au trotskisme et officiellement interdite » explique Eli Zaretsky[55].

En 1949, Guy Leclerc publie dans L'Humanité l'article « La psychanalyse, idéologie de basse police et d'espionnage »[56]. Dès lors, après en avoir accepté l'importance (avec le freudo-marxisme), le Parti communiste français commence sa campagne contre la psychanalyse, et plus largement contre la psychanalyse en France. En 1952, le pape Pie XII prononce un discours devant les participants du Ve Congrès international de psychothérapie et de psychologie clinique reconnaissant la psychanalyse mais en relativisant le pouvoir descriptif de ses concepts. Ainsi, si la psychanalyse décrit ce qui advient dans l'âme, elle ne peut prétendre décrire et expliquer ce qu'elle est pour autant[57]. Ludwig Wittgenstein critique quant à lui l'herméneutique psychanalytique : « Freud a rendu un mauvais service avec ses pseudo-explications fantastiques. N’importe quel âne a maintenant ces images sous la main pour expliquer, grâce à elles, des phénomènes pathologiques »[58].

Cependant, Jacques Bouveresse écrit : « Que Wittgenstein ait été un admirateur de Freud n'est pas surprenant, puisque Freud possédait au plus haut point une qualité que Wittgenstein considérait comme fondamentale en philosophie, à savoir l'aptitude à proposer des analogies nouvelles et éclairantes pour la compréhension de faits qui sont à la fois familiers et énigmatiques. Ce que fait Freud consiste pour lui essentiellement à proposer d'excellentes comparaisons, comme par exemple la comparaison d'un rêve et d'un rébus. »[59]

Critiques de la scientificité de la psychanalyse

Pour Karl Popper, la psychanalyse est une pseudo-science.

Une partie des critiques envers Freud et la psychanalyse se porte sur la question de sa scientificité[60]. Les critiques de Freud, à son époque et aujourd'hui, mettent en effet en cause tantôt la scientificité de sa démarche, sa méthodologie (le faible nombre de cas, l'interprétation littéraire, etc.), son aspect hautement spéculatif également, son incohérence théorique, l'absence de validation expérimentale ou d'études cliniques rigoureuses (contrôlées et reproductibles), des manipulations de données et de résultats cliniques et thérapeutiques[61].

Par exemple, dans La Psychanalyse à l'épreuve (1992) Adolf Grünbaum explique que Freud ne démontre rien sur le plan scientifique : « le caractère rétrospectif du test propre au cadre psychanalytique est incapable d'authentifier de manière fiable ne serait-ce que l'existence de l'expérience d'enfance rétrodictée (...), et encore moins son rôle pathogène »[62]. Bien que critique envers la psychanalyse, Grünbaum s'oppose par ailleurs à un autre détracteur des travaux de Freud : Karl Popper. Le critère de sa falsifiabilité (sa « réfutabilité » en d'autres termes) occupe l'essentiel de leur débat. Contrairement à Popper qui regarde la psychanalyse comme pseudo-scientifique et donc non-réfutable, Grünbaum pense que certaines assertions psychanalytiques peuvent être testées comme par exemple le lien supposé par Freud entre paranoïa et homosexualité. A l'opposé, il existe des tentatives de rapprochements entre neurosciences et théories freudiennes, notamment celles de François Ansermet et Pierre Magistretti[F 9], celle de G. William Domhoff[63] ou du psychiatre Eric Kandel qui pense que neurosciences et psychanalyse peuvent s'éclairer mutuellement[64], sont souvent attaquées comme des théories ne reposant que sur des intuitions. nombre de cliniciens et de penseurs rationalistes refusent par conséquent à la psychanalyse son statut de discipline scientifique.[réf. nécessaire] Récemment, les travaux de Lionel Naccache sur les phénomènes d'amorçage sémantique inconscient ont démontré l'existence d'un inconscient cognitif qui ne saurait être assimilé à l'inconscient freudien[65]. La théorie freudienne du rêve centrée sur la satisfaction hallucinatoire du désir dissimulé grâce aux mécanismes de déplacement, condensation et dramatisation a aussi été critiquée[F 10]. Enfin, l'idée selon laquelle l'association libre permet d'accéder au contenu latent du rêve s'est vue infirmée par des travaux expérimentaux qui ont conclu au caractère arbitraire de cette méthode[F 11].

Chronologie rapide

  • 1856 : naissance à Freiberg en Moravie, actuelle République tchèque.
  • 1860 : la famille Freud s'installe à Vienne.
  • 1881 : Freud obtient son diplôme de médecine à l'université de Vienne.
  • 1883 : Freud étudie le cas Anna O. porté à sa connaissance par son ami Joseph Breuer.
  • 1885 : Freud se rend à Paris pour rencontrer le grand neurologue parisien Jean-Martin Charcot
  • 1886 : Freud s'établit comme médecin à Vienne et épouse Martha Bernays.
  • 1895 : Freud commence son auto-analyse et théorise le complexe d'Œdipe.
  • 1899 : publication de L'Interprétation des rêves.
  • 1905 : parution de Trois essais sur la théorie sexuelle
  • 1908 : Freud et ses disciples fondent la Société viennoise de psychanalyse
  • 1920 : Freud élabore la seconde topique de l'appareil psychique
  • 1938 : après l'arrivé des nazis en Autriche, la famille de Sigmund Freud doit s'exiler en Angleterre.
  • 1939 : Freud meurt à l'âge de 83 ans, à Maresfield Gardens, Londres.

Œuvres

En français, les traductions sont éparpillées entre plusieurs éditeurs ; Payot, Gallimard, PUF, Alcan. Depuis 1988, les Presses universitaires de France publient la traduction, œuvre collective sous la direction scientifique de Jean Laplanche, des Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse[66], seize volumes publiés à ce jour. Cette traduction est controversée, du fait de ce que Laplanche définit comme « une exigence de fidélité au texte allemand », mais que ses contradicteurs voient comme un exercice formaliste, comportant des néologismes qui rendent la compréhension difficile[67]. Le volume Traduire Freud (1989) tente d'expliquer et de justifier les principes auxquels se réfère cette grande entreprise d'une nouvelle traduction des Œuvres complètes de Freud en France.

En allemand, dix-sept volumes sont parus entre 1942 et 1952, intitulés Gesammelte Werke. En anglais, vingt-quatre volumes paraissent entre 1953 et 1974 sous le titre de Standard Edition. Toutes deux font actuellement autorité.

En 2010, la situation des traductions des œuvres change radicalement puisque ses écrits sont tombés dans le domaine public.

Les principaux écrits de Freud traduits en français sont présentés ci-dessous, avec la première année de publication en langue allemande entre parenthèses :

L'Interprétation des rêves (1900)
Totem et tabou (1913)
Malaise dans la culture (1930)
  • Œuvres complètes de Freud, vol.  I à XVIII, Presses Universitaires de France, 1998
  • De la cocaïne, Bruxelles, Éditions Complexe, 1976, comprend, outre sa correspondance à ce propos, « Écrits sur la cocaïne », (1884), ainsi que « Contribution à la connaissance des effets de la coca », (1885), ce dernier réédité in Un peu de cocaïne pour me délier la langue, Max Milo Éditions, 2005 (ISBN 2914388764)
  • Contribution à la conception des aphasies : une étude critique (1891), PUF, 1996 (ISBN 2130415474)
  • Études sur l'hystérie (en collaboration avec Joseph Breuer) (1895), PUF, 2002 (ISBN 2130530699)
  • Lettres à Wilhelm Fliess 1887-1904, PUF, 2006 (ISBN 2130549950)
  • L'Interprétation des rêves (1900), PUF, 2005 (ISBN 213052950X)
  • Sur le rêve (1900), Gallimard, coll. « Folio », 1990 (ISBN 2070325547)
  • Psychopathologie de la vie quotidienne (1904), Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004 (ISBN 2228894028)
  • Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Gallimard, coll. « Folio », 1989 (ISBN 2070325393)
  • Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient (1905), Gallimard, Folio, 1992 (ISBN 978-2070327218)
  • Le délire et les rêves dans la Gradiva de Wilhelm Jensen (1906), PUF, 2007 (ISBN 2130548253)
  • La psychanalyse et l’établissement des faits en matière judiciaire par une méthode diagnostique (1906)
  • Analyse d'une phobie d'un petit garçon de cinq ans : Le Petit Hans (1909), PUF, 2006, 2010 PUF - Quadrige (ISBN 2130584632)
  • Dora. Fragment d'une analyse d'hystérie (1905), Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2010 (ISBN 2228904961)
  • L'Homme aux rats : Journal d'une analyse (1909), PUF, 2000 (ISBN 2130511228)
  • Cinq leçons sur la psychanalyse (1909), Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004 (ISBN 2228894087)
  • À propos de la psychanalyse dite « sauvage » (1910) réédité sous le titre : La question de l'analyse profane, Gallimard-poche, 1998 (ISBN 2-07-040490-0)
  • Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci (1910), Gallimard, Folio Bilingue, 2003 (ISBN 2070706656)
  • Le Président Schreber (1911), PUF, 2004 (ISBN 2130548288)
  • Cinq Psychanalyses (Dora, L'homme aux Loup, L'homme aux rats, le petit Hans, Président Schreber), traduction révisée, PUF Quadrige, 2008 (ISBN 2-13-056198-5)
  • Le Maniement de l'interprétation des rêves en psychanalyse, (1911) in La technique psychanalytique, Presses Universitaires de France, 2007, coll. « Quadrige Grands textes » (ISBN 2-13-056314-7)
  • La Dynamique du transfert (1912) in La technique psychanalytique, Presses Universitaires de France, 2007, coll. « Quadrige Grands textes » (ISBN 2-13-056314-7)
  • Conseils aux médecins sur le traitement psychanalytique (1912) in La technique psychanalytique, Presses Universitaires de France, 2007, coll. « Quadrige Grands textes » (ISBN 2-13-056314-7)
  • Totem et Tabou (1913), Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004 (ISBN 2228894079)
  • Le Début du traitement (1913) in La technique psychanalytique, Presses Universitaires de France, 2007, coll. « Quadrige Grands textes » (ISBN 2-13-056314-7)
  • La prédisposition à la névrose obsessionnelle (1913)
  • Pour introduire le narcissisme (1914)
  • Névrose, psychose et perversion, PUF, 1999 (ISBN 2-13-045208-6)
  • Remémoration, répétition, et élaboration (1914) in La technique psychanalytique, Presses Universitaires de France, 2007, coll. « Quadrige Grands textes » (ISBN 2-13-056314-7)
  • Le Moïse de Michel-Ange (1914) in O.C.F. vol. XII; Ed.: Presses Universitaires de France, ISBN 2-13-052517-2
  • L'Homme aux loups (1914), PUF, 1990, Ed.: PUF -Qadrige, Grands textes, (ISBN 2130570259)
  • Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique (1914) in Œuvres complètes, vol. 12 (1913-1914), Presses Universitaires de France, 2005 (ISBN 2-13-052517-2)
  • Métapsychologie, Presses Universitaires de France, 2010 (ISBN 2-13-057957-4)
  • Vue d'ensemble des névroses de transfert : un essai métapsychologique (1915), Gallimard, 1985 (ISBN 2-07-070685-0)
  • Considérations actuelles sur la guerre et la mort (1915)
  • Introduction à la psychanalyse (1917), Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004 (ISBN 2-228-89405-2)
  • Deuil et mélancolie (1917) (1917) In : Oeuvres Complètes de Freud/Psychanalyse vol 13. Paris : PUF, 1988. (ISBN 2130550096)
  • Complément métapsychologique à la doctrine de rêves (1917)
  • L'inquiétante étrangeté et autres essais (1919), Gallimard Folio, 1988 (ISBN 2-07-032467-2)
  • On bat un enfant (1919)
  • Psychogenèse d'un cas d'homosexualité féminine (1920)
  • Au-delà du principe de plaisir (1920) in Essais de psychanalyse, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2004 (ISBN 2-228-89399-4)
  • Psychologie des masses et analyse du moi (1921), Ed.: PUF - Quadrige Grands textes, 2010, ISBN 2-13-058500-0
  • De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l'homosexualité (1922)
  • Le Moi et le Ça (1923), Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2010
  • Le problème économique du masochisme (1924) in Œuvres complètes, tome XVII, 1923-1925, PUF (ISBN 2-13-044302-8)
  • Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes (1925)
  • La négation (1925)
  • Inhibition, symptôme et angoisse (1926), PUF, 2005 (ISBN 2-13-054980-2)
  • L'avenir d'une illusion (1927), PUF, 2004 (ISBN 2-13-054702-8)
  • La question de l'analyse profane (1927), Folio - Gallimard, 1998 (ISBN 2-07-040490-0)
  • Malaise dans la civilisation (1929) in Le Malaise dans la Culture, PUF, 2004 (ISBN 2-13-054701-X)
  • Nouvelles conférences sur la psychanalyse (1932) in Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse, Gallimard, 1989 (ISBN 2-07-032518-0)
  • Pourquoi la guerre ? (1933) en collaboration avec Albert Einstein, Rivages, 2005 (ISBN 2-7436-1364-5), en ligne[PDF]
  • Abrégé de psychanalyse (1938), PUF, 2001 (ISBN 2-13-044442-3)
  • Analyse terminée et analyse interminable (1937) in Oeuvres complètes - psychanalyse : volume 20 : 1937-1939, (OCF) Ed.: Presses Universitaires de France, 2010, (ISBN 2130565948)
  • Résultats, idées, problèmes, tome I (1890-1920), PUF, 1987 (ISBN 2-13-038595-8) ou in Oeuvres complètes - psychanalyse : volume 20 : 1937-1939, (OCF) Ed.: Presses Universitaires de France, 2010, (ISBN 2130565948)
  • Résultats, idées, problèmes, tome II (1921-1938), PUF, 2001 (ISBN 2-13-039973-8) ou in Oeuvres complètes - psychanalyse : volume 20 : 1937-1939, (OCF) Ed.: Presses Universitaires de France, 2010, (ISBN 2130565948)
  • Un mot à propos de l’antisémitisme (1938) in Oeuvres complètes - psychanalyse : volume 20 : 1937-1939, (OCF) Ed.: Presses Universitaires de France, 2010, (ISBN 2130565948)
  • Moïse et le monothéisme (1939) in L'homme Moïse et la religion monothéiste, Gallimard, 1993, (ISBN 2-07-032741-8) ou in Oeuvres complètes - psychanalyse : volume 20 : 1937-1939, (OCF) Ed.: Presses Universitaires de France, 2010, (ISBN 2130565948)
  • Mémoire, souvenirs, oublis, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2010

Correspondances

Notes et références

Sources utilisées pour la rédaction de cet article

  • (fr) (de) Œuvres de Sigmund Freud
  1. Le procédé cathartique de Breuer constitue une phase préliminaire de la psychanalyse. Freud ajoute qu'il repousse définitivement l'hypnose par la méthode de la libre association, p. 70.
  2. p. 24 : « J'ai souvent proclamé avec reconnaissance les grands mérites que s'est acquis l'école psychiatrique de Zurich, et plus particulièrement Bleuler et Jung, par leur contribution à la diffusion de la psychanalyse ».
  3. Freud explique qu'il a travaillé à développer la psychanalyse seul pendant 10 ans, solitude qui ne cessa véritablement qu'en 1904, p. 69.
  4. p. 101-102.
  5. La sexualité infantile constitue l'innovation majeure de la psychanalyse. Freud explique qu'il combattait alors pour « une idée neuve et originale », p. 76.
  6. « J'avais jugé nécessaire d'adopter la forme d'une association officielle, afin de prévenir les abus qui pourraient se commettre au nom de la psychanalyse, une fois qu'elle serait devenue populaire », p. 119.
  7. Sigmund Freud, Le Malaise dans la civilisation, Points essais, 2010, (ISBN 2757802151) (traduction Bernard Lortholary).
  • Autres œuvres de Freud
  1. Parlant de son autobiographie, Freud confirme ainsi ce lien plus qu'étroit entre sa vie et la psychanalyse : « Ma Présentation de moi-même montre comment la psychanalyse devient le contenu de ma vie, et se conforme ensuite à ce principe justifié que rien de ce qui m'arrive personnellement ne mérite d'intéresser au regard de mes relations avec la science », in Sigmund Freud présenté par lui-même, Gallimard, 1991, p. 121-122.
  2. « Über Coca », in Centralblatt für die Gesamte Therapie, II, 1884, p. 289-314.
  3. « Über den Ursprung des Nervus acusticus », in Monatsschrift für Ohrenheilkunde, Neue Folge, XX, 1886, p. 245-282.
  4. « Über Hypnose und Suggestion », in Internationale Klinische Rundschau, VI, 1892, p. 814-818.
  5. « L'hérédité et l'étiologie des névroses », in La Revue neurologique III, repris in Névrose, psychose et perversion, PUF, 1973.
  6. Lettre à Wilhelm Fliess du 15 octobre 1897 intitulée « L'abandon de la Neurotica », dans Lettres à Wilhelm Fliess 1887-1904, PUF, coll. « Bibliothèque de psychanalyse », 2006 (ISBN 978-2-13-056279-5).
  7. Lettre à Jung du 16 avril 1909, in Correspondance S. Freud-C. G. Jung, Taurus, 1978.
  8. Fragment d'une analyse d'hystérie : Dora, in Cinq psychanalyses, Presses Universitaires de France, 2001, coll. « Bibliothèque de psychanalyse » (ISBN 978-2130456209).
  9. Analyse d'une phobie d'un petit garçon de cinq ans : Le Petit Hans, 1909, PUF, 2006 (ISBN 2130516874).
  10. Introduction à la psychanalyse, Petite Bibliothèque Payot, 1970, p. 414.
  11. « Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa : Le président Schreber», 1911.
  12. Correspondance de Freud 1873-1939, Gallimard, 1967, p. 461.
  13. Correspondance, Paris, Gallimard, 1979, p. 461-462.
  14. Trois essais sur la théorie sexuelle, Gallimard, 1987, p. 44.
  15. Texte repris dans Introduction à la psychanalyse, Payot, coll. « Petite Bibliothèque », 1975, IIe partie, chapitre 18, p. 266-267.
  16. L’Avenir d’une illusion, PUF, 1973, p. 23.
  17. Anthologie de textes de Sigmund Freud, préface de Charles Melman et de Jean-Louis Chassaing, Un peu de cocaïne pour me délier la langue, Max Milo Editions, 2005, coll. « Essais et documents » (ISBN 2914388764).
  • (fr) Lydia Flem, L'Homme Freud : une biographie intellectuelle, Seuil, coll. « La librairie du XXe siècle », , 278 p. (ISBN 2020133083)
  1. Lors de la visite de l'écrivain italien Giovanni Papini en 1934, Freud confie nourrir une vocation d'homme de Lettres, p. 131.
  2. « En réaction au décès de son père (...) Freud se livre à un intense travail de fouille dans son passé, il s'efforce de ramener à la lumière de sa mémoire les fragments refoulés de son enfance », p. 46.
  3. « La crainte d'un accident de chemin de fer le poursuivit toute sa vie », p. 27.
  4. Au même moment paraît un texte de l'historien de la littérature, Walter Muschg, Freud écrivain, qui salue « une plume de maître », p. 140.
  5. p. 96.
  6. p. 141.
  7. p. 15.
  8. Les représentations de Freud du système psychique utilisent des analogies récurrentes, comme celles renvoyant à l'archéologie ou à la maison, p. 36-37 et 48.
  9. Freud fait parvenir à Herzl un exemplaire de L'Interprétation des rêves, p. 98-101.
  • (fr) René Major et Chantal Talagrand, Freud, Gallimard, coll. « Folio biographies », (ISBN 2070320901)
  1. p. 44.
  2. Pour une présentation rapide des biographies des cinq sœurs de Freud, lire la p. 47.
  3. p. 55.
  4. Le poème de Goethe aurait au contraire contribué à son choix pour la médecine, p. 58.
  5. p. 64.
  6. a et b p. 74.
  7. Freud ne traduit cependant que l'essai de Mill sur l'émancipation des femmes, p. 80.
  8. p. 58.
  9. Origines et condition de leur rencontre, p. 150.
  10. « [...] aucun autre homme n'a jamais eu autant d'influence sur moi » avoue Freud, cité p. 80.
  11. De 1887 à 1904, les deux hommes échangent plus de 300 lettres ; celles de Fliess à Freud ont été perdues, p. 38.
  12. Freud et Martha ont six enfants : Mathilde (1887-1978), Jean-Martin (1889-1967), Oliver (1891-1969), Ernst (1892-1970), Sophie (1893-1920) et Anna (1895-1982), p. 68-70.
  13. p. 83
  14. « L'étude des troubles du langage allait lui permettre de se dégager radicalement des conceptions du maître de la Salpêtrière », p. 85.
  15. Freud a été influencé, notamment dans ses Trois essais sur la théorie sexuelle de 1905, par la conception bisexuelle de Fliess, p. 39.
  16. Freud attribue la paternité de la méthode cathartique à Joseph Breuer, p. 92.
  17. Freud ne conserve de l'hypnose que la position du patient, allongé et soustrait à la vue de l'analyste, p. 90 et 97.
  18. p. 94.
  19. p. 76.
  20. Elle consiste, notent R. Major et C. Talagrand, en une analyse de ses propres rêves et de ses souvenirs d'enfance, p. 46. Cette auto-analyse est à l'origine des « objectivités proprement analytiques » de la psychanalyse, que Freud découvre en établissant des rapports et des analogies entre ses souvenirs et fantasmes et la littérature mondiale, p. 51.
  21. Freud a très tôt une peur profonde : celle de mourir avant sa mère, p. 45
  22. p. 110.
  23. Sur les origines de sa phobie des voyages, voir la p. 116.
  24. Il ne peut se rendre à Rome qu'après la mort de son père, p. 107.
  25. p. 117.
  26. p. 121.
  27. p. 180.
  28. « Le bolchévisme croyait pouvoir l'utiliser pour détruire l'autorité du père », p. 147.
  29. p. 102-104.
  30. « Le chercheur rigoureux et minutieux devait se doubler d'un homme politique avisé et maître de lui-même », p. 120.
  31. p. 226.
  32. Il établit avec cet ouvrage une « anthropologie psychanalytique », en réaction à l'étude des symboliques mondiales de C. G. Jung, p. 234.
  33. p. 186.
  34. La plupart des psychanalystes sont en effet envoyés au front, p. 229.
  35. Plusieurs manuscrits attestant son travail à décrire une métapsychologie furent cependant perdus, p. 237.
  36. La conception des pulsions partielles est constituée sur des couples d'opposés, p. 145.
  37. Anna Freud est la seule des enfants de Freud à avoir été psychanalyste aux côtés de son père ; elle a contribué à développer la psychanalyse en Angleterre en fondant une école rivale à celle de Melanie Klein, p. 72-74.
  38. p. 57.
  39. p. 34.
  40. p. 193 et 279-280.
  41. p. 197-200.
  42. p. 199.
  43. p. 200-203.
  44. p. 204-206.
  45. p. 207-210.
  46. p. 377-379.
  1. Ses dissections confirment l'existence de testicules chez l'anguille mâle. Ses travaux sont publiés en 1877 devant l'Académie des sciences de Vienne, p. 655.
  2. Alain de Mijolla explique que son travail porte plus précisément sur les fibres nerveuses postérieures du petromyzon, p. 655.
  3. Après ce revers, Freud abandonne ses recherches sur la cocaïne mais continue à en user, notamment pour accroître sa capacité de travail et vaincre sa timidité, p. 656.
  4. Ce séjour à Paris aurait commencé le 13 octobre 1885 et se serait terminé le 23 février 1886, p. 656.
  5. C’est un véritable « dialogue de sourds » entre les deux hommes, dans le sens où Fliess se méprend sur les intentions de Freud alors que ce dernier surestime la compréhension de ses thèses par son correspondant, p. 656.
  6. « Après avoir un temps utilisé la suggestion hypnotique, Freud conclut à son peu d'efficacité », p. 656.
  7. Le succès éditorial de cet ouvrage est cependant faible : Freud ne vend en effet que 420 exemplaires en 6 ans, p. 657.
  8. a et b p. 657.
  9. p. 659.
  10. p. 660.
  11. Roger Perron, in entrée « Complexe d'Œdipe » précise que ces phases sont appelées plus volontiers « organisations » par les successeurs de Freud, p. 335.
  12. Entrée « Civilisation (Kulture) », p. 309.
  13. Entrée « Civilisation (Kulture) », p. 310.
  14. Entrée « Civilisation (Kulture) », p. 310-311.
  15. Il s'agit en premier lieu d'un concept permettant de décrire le traumatisme portant sur l'intégrité de l'ego chez un patient, entrée « Blessure narcissique », p. 215.
  16. p. 661.
  1. p. 443.
  2. p. 444.
  3. p. 438.
  4. p. 445.
  5. p. 445.
  6. p. 437.
  7. p. 448.
  8. p. 449.
  9. p. 450.
  10. p. 451.
  11. p. 452.
  12. p. 453.
  13. p. 453.
  14. p. 454.
  15. p. 454.
  16. p. 455.
  17. Freud utilise notamment sa découverte sur la cocaïne pour traiter un ami morphinomane, Fleischl, mais l'expérience tourne mal et ce dernier se suicide, p. 455.
  18. p. 456.
  19. « La relation de Freud avec Charcot est une sorte de « rencontre » existentielle plutôt qu'une relation classique entre disciple et maître » explique Ellenberger, p. 456-457.
  20. La Société des médecins de Vienne (ou Kaiserliche Gesellschaft der Aertzte zu Wien) est l'une des plus célèbres sociétés médicales d'Europe, p. 458
  21. Pour un exposé complet et détaillé, se référer aux p. 459-462.
  22. « Freud semblait prendre les neurologues de la Société pour des ignorants », p. 463.
  23. p. 464.
  24. Selon Ellenberger, sa rencontre avec Wilhelm Fliess est l'un des quatre événements fondateurs de la psychanalyse, p. 467. Sa première lettre date du 24 novembre 1887, elle concerne le diagnostic d'un malade.
  25. p. 466.
  26. p. 468.
  27. p. 467.
  28. p. 468.
  29. p. 468.
  30. p. 473.
  31. « La publication de L'Interprétation des rêves marque la fin de sa névrose », p. 469.
  32. p. 470.
  33. p. 473.
  34. p. 479.
  35. p. 480.
  36. p. 480.
  37. p. 481.
  1. p. 36.
  2. p. 36.
  3. p. 43.
  4. p. 49.
  5. p. 54.
  6. L'autonomie de la psychanalyse se retrouve surtout dans la question de la surmédicalisation et dans la perception de ce qu'est le symptôme, p. 61-62.
  7. Assoun énonce trois thèses épistémologiques majeures constitutives de la psychanalyse, p. 64.
  8. p. 67.
  9. « Dire que la psychanalyse est bien une science, c'est donc signifier a contrario qu'elle récuse un mode de penser métaphysique », p. 36.
  10. Assoun parle d'une véritable « généalogie des innovations postfreudiennes », p. 643.
  11. p. 86.
  12. Sur ce point descriptif de la notion, Freud se réfère à la théorie de Bernheim quant à l'expérience suggestive et à l'hypnose, p. 88-89.
  13. « Le terme subconscience est donc au mieux flou (...) au pire falsifiant : car la psychanalyse récuse radicalement l'idée d'une deuxième conscience qui doublerait l'autre », p. 90.
  14. p. 377-380.
  15. La conception de la libido freudienne est « évolutionniste » ; elle permet en effet à Freud de commencer par décrire les perversions, p. 270.
  16. p. 277-278.
  17. Se reporter aux p. 130-131 pour l'origine du passage, chez Freud, de la théorie de la séduction à celle de la libido.
  18. p. 285.
  19. « (...) l'expression symbolique constitue en quelque sorte la logique propre du rêve qui permet d'en saisir l'analogie avec d'autres formations inconscientes », p. 148-149.
  20. p. 148.
  21. p. 149.
  22. Récapitulation des définitions de la notion de « pulsion », p. 389.
  23. p. 391.
  24. L'introduction de la pulsion de mort surtout s'apparente à un « ultime séisme » dans l'édifice psychanalytique de Freud, p. 437-444.
  25. p. 396.
  26. p. 407.
  27. p. 410.
  28. p. 217.
  29. p. 239.
  30. p. 464.
  31. p. 463.
  32. « Au fond, cette double règle introduit à la fois un strict déterminisme et une liberté radicale de la parole et de l'écoute », p. 469-470.
  33. p. 479.
  34. p. 248-249.
  35. p. 708.
  36. « C'est ainsi que dès le début des années 1920, Freud consacre une bonne partie de ses textes à réagir à ce mouvement d'évolution interne », p. 706.

Autres sources utilisées

  1. Norbert Elias: Au-delà de Freud : Sociologie, psychologie, psychanalyse, Ed.: Editions La Découverte, 2010, Coll.: Textes à l'appui, (ISBN 2707157600)
  2. Paul Ricœur, 1965
  3. Ernest Jones, 2006
  4. Zweig dépeint ainsi Freud : « On ne pouvait pas imaginer un être plus intrépide d'esprit. Freud osait à chaque instant exprimer ce qu'il pensait, même quand il savait qu'il inquiétait et troublait par ses déclarations claires et inexorables ; jamais il ne cherchait à rendre sa position moins difficile par la moindre concession, même de pure forme. Je suis persuadé que Freud aurait pu exposer sans rencontrer de résistance du côté de l'université les quatre cinquièmes de ses théories, s'il avait été prêt à les draper prudemment, à dire « érotique » au lieu de « sexualité », « Eros » au lieu de « libido », et à ne pas toujours aller au fond des choses, mais se borner à les suggérer. Mais dès qu'il s'agissait de son enseignement et de la vérité, il restait intransigeant ; plus ferme était la résistance, plus il s'affermissait dans sa résolution », cité dans Roudinesco et Plon, p. 369.
  5. Max Schur, 1982
  6. Didier Anzieu, 1998
  7. Marthe Robert, 2002
  8. Henri Ellenberger. "Histoire de la découverte de l'inconscient". Edition Fayard, 1970 ; 1994. Page 587. "(...)La seconde difficulté, plus grave encore, vient de ce que la psychanalyse, dès ses origines, s'est développée dans une atmosphère de légende, si bien qu'une appréciation objective ne sera guère possible avant que l'on ait pu dégager les données authentiquement historiques de cette brume de légendes. Il serait d'un intérêt inestimable de découvrir le point de départ de la légende freudienne et d'analyser les facteurs qui ont permis son développement. Malheureusement l'étude scientifique des légendes, de leur structure thématique, de leur développement et de leurs causes reste l'une des provinces les moins explorées de la science".
  9. Frank Sulloway, 1998
  10. Alain de Mijolla, 2010
  11. Roudinesco et Plon, p. 369.
  12. Essai autobiographique rédigé dans les années 1920, Entretien avec Eli Zaretsky Vie et Destin de la Psychanalyse, Hors Série Le Monde, p. 70
  13. a b c d e f g et h Olivier Douville, Chronologie : Situation de la Psychanalyse dans le Monde, du temps de la vie de Freud (2006), disponible sur le site hal.archives-ouvertes.fr, en [PDF]. Consulté le 14 mars 2010..
  14. [image] Source : freud-museum.at. Consulté le 12 novembre 2009.
  15. (en) « The Sigmund Freud and Carl Jung lectures at Clark University » (archives) sur le site de l'Université Clark. Consulté le 14 mars 2010.
  16. (en) Ilse Bry et Alfred H. Rifkin, Freud and the History of Ideas : Primary Sources, 1886-1910, in Science and Psychoanalysis, vol. V, 1962, p. 6-36.
  17. Selon Linda Donn, « Freud et Jung essaieraient ensemble de dévoiler les mystères de la psyché et défieraient l'ordre psychiatrique établi ». En effet, « ils étaient des révolutionnaires engagés sur une voie audacieuse et imaginative et leur personnalité était à la hauteur de la tâche », in Freud et Jung. De l'amitié à la rupture, Presses universitaires de France, Paris, 1995 (ISBN 2-13045559X), p. 8.
  18. extraits en ligne [PDF] sur le site documents.irevues.inist.fr. Consulté le 14 mars 2010.
  19. Roudinesco et Plon, p. 375.
  20. Roudinesco et Plon, p. 375.
  21. Bercherie, Épistémologie de l'héritage freudien (suite et fin), in revue Ornicar ?, septembre 1984, no 30, p. 94-125.
  22. Jean-Bertrand Pontalis, « Les vases non-communicants. Le malentendu André Breton - Freud », in Sigmund Freud House Bulletin, vol. 2, no 1, Vienne, 1978 (texte déjà paru dans Nouvelle Revue Française après une conférence du 24 novembre 1977, disponible en ligne. Consulté le 19 mars 2010.
  23. Anne D'Alleva, « Histoire de l'art et psychanalyse », in Méthodes et théories de l'histoire de l'art, 2006, p. 88-108 (ISBN 2-35278-006-3).
  24. Elisabeth Roudinesco, « La bataille de cent ans », tome 1 d'Histoire de la psychanalyse en France, Fayard, 1998, p. 56.
  25. Françoise Parot, L'Homme qui rêve, Presses Universitaires de France, coll. « Premier cycle », 1995 (ISBN 978-2-13-046815-8), p. 69.
  26. Erich Fromm, Grandeur et limites de la pensée freudienne, Laffont, Paris, 1980, p. 51-52.
  27. « L’argumentation de Freud, dans ses très nombreux travaux théoriques et cliniques, depuis le Manuscrit H (adressé à Fliess) jusqu’à l’Abrégé en 1938, vise à montrer qu’il s’agit d’une orientation sexuelle, un choix d’objet parmi d’autres », in Ruth Menahem, « Désorientations sexuelles. Freud et l’homosexualité », Revue française de psychanalyse, 2003/1, vol. 67, (ISBN 2130535623), pp. 11-25.
  28. Roudinesco et Plon, p. 471.
  29. Roudinesco et Plon, p. 468
  30. Didier Eribon, numéro spécial « Psychanalyse : que reste-t-il de nos amours? » (sous la direction de Francis Martens), in Revue de l'université de Bruxelles, 1999/2, éditions Complexe, 2000.
  31. Claire Pagès, Freud pas à pas, Ellipses, 2008 (ISBN 978-2-7298-4099-0), p. 308-309.
  32. Thomas Wieder, « Avant-Propos », in L'Explorateur de l'âme, à propos de Sigmund Freud. La révolution de l'intime, in Hors-Série Le Monde, une vie, une œuvre, p. 3.
  33. Dictionnaire de la psychanalyse, Roudisneco et Plon, p. 661.
  34. Max Schur, La Mort dans la vie de Freud, Gallimard, coll. « Tel », 1982 (ISBN 978-2070257942), p. 41-46.
  35. a et b Jacques Le Rider, Modernité viennoise et crises de l'identité, Presses Universitaires de France - Quadrige; 2e éd. rev. et augm., (ISBN 213050602X)
  36. « Dans l'Allemagne de 1933, après qu'on ait brûlé les œuvres de Freud, il était devenu évident que le régime dirigé par les nazis, qui venaient d'obtenir le pouvoir, ne laissait plus aucune place à la psychanalyse » explique Alain De Mijolla, dans « Ici, la vie continue d'une manière fort surprenante... », dans Contribution à l'Histoire de la psychanalyse en Allemagne, éditions Association internationale d'histoire de la psychanalyse, 1987 (ISBN 2854801539), p. 82.
  37. Miklós Molnar, Histoire de la Hongrie, Perrin, 2004 (ISBN 978-2-262-02238-9).
  38. a et b « À partir du milieu des années 30, l'histoire du mouvement psychanalytique hongrois se sépare de celle des associations allemandes et autrichiennes. [...] En Hongrie, c'est en 1922 qu'a commencé la discrimination légale entre les Juifs et les membres de la « bonne société » hongroise. C'est alors qu'on a introduit à l'Université ce qui s'appelait le numerus clausus », Alain De Mijolla, dans « Ici, la vie continue d'une manière fort surprenante... », dans Contribution à l'histoire de la psychanalyse en Allemagne, éditions Association internationale d'histoire de la psychanalyse, 1987 (ISBN 2854801539), p. 82-83.
  39. Sigmund Freud: Un mot à propos de l’antisémitisme (1938) in "Oeuvres complètes - psychanalyse : volume 20 : 1937-1939", (OCF) Ed.: Presses Universitaires de France, 2010, (ISBN 2130565948)
  40. Jacques Le Rider, « Joseph et Moïse égyptiens : Sigmund Freud et Thomas Mann », in Savoirs et clinique, 1/2005, no 6, p. 59-66, disponible sur le site Cairn. info Consulté le 04 avril 2010
  41. Collectif, « Antijudaïsme et antisémitisme en Autriche du 17e au 20e siècle », dans Austriaca, no 57, décembre 2003, éditions PU Rouen, 2005 (ISBN 2877753832).
  42. (de) Martin Staemmler de Chemnitz, « Das Judentum in der Medissin », Revue de sexologie (original en allemand). Consulté le 19 mars 2010.
  43. a et b Françoise Coblence, Freud et la cocaïne, in Revue française de psychanalyse, 2002/2, vol. 66 (ISBN 2130526497), p. 371-389, consultable en ligne sur le site cairn.info. Consulté le 30 mars 2010.
  44. Carl Köller, « Ueber die Verwendung des Cocaïn zur Anästhesirung am Auge », Wiener Medizinische Wochenschrift, 1884, no 43, p. 1276-1278. L'article a été traduit par L. Leplat sous le titre : « De l'emploi de la cocaïne comme anesthésique en ophtalmologie », in Le Progrès Médical, 1884, vol. 12, no 47, p. 984-987.
  45. La thèse d'Elisha Ben-Zur, (de) Die Geschichte der Lokalanästhesie unter besonderer Berücksichtigung der Entdeckung des Kokains, Juris-Verlag Zürich, 1960 prouve que Freud est le premier à réfléchir à un usage anesthésiant de la cocaïne.
  46. (de) « Freud un das kokain », sur sgipt.org (consulté le ).
  47. Albrecht Erlenmeyer, « Ueber Cocainsucht », in Deutsche Medizinal-Zeitung, Jg. 7, no 44, 31 mai 1886, p. 483-484, cité par Françoise Coblence, in « Freud et la cocaïne », Revue française de psychanalyse, 2002/2, vol. 66 (ISBN 2130526497), p. 372, consultable en ligne sur le site cairn.info. Consulté le 21 mars 2010.
  48. (de) Johann Schnitzler, in Internationale Klinische Rundschau, 1887, vol. III, p. 23.
  49. Gerald Stieg et Jean-François Laplénie, « Karl Kraus contre l'école de Freud ou comment délégitimer l'interprétation psychanalytique de la littérature », Savoirs et clinique, no 6,‎ , p. 53-58 (lire en ligne).
  50. « Pour Roazen, Tausk aurait commis le suicide dans le cadre d’une manipulation, à dessein punitif, de la part de Freud, qui se serait exprimée dans les attitudes de rejet de ce dernier vis-à-vis de Tausk » explique German Arce Ross in « Le suicide maniaque de Victor Tausk », Cliniques méditerranéennes, 2/2002, no 66, p. 155-174, consultable en ligne sur cairn.info.
  51. Mikkel Borch Jacobsen. "Folies à Plusieurs". Edition "Les empêcheurs de penser en rond". Jacques Bénesteau. "Mensonges freudiens. Histoire d'une désinformation séculaire". Edition Mardaga
  52. Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani (analyste jungien) , 2006
  53. Jacques Bénesteau, 2002
  54. La sortie de l'ouvrage, et les polémiques qui en ont suivi, ont été relayées par de nombreux journaux, notamment Le Point, Le Nouvel Observateur, Le Monde ou encore Libération pour la France, mais également des journaux étrangers : Frankfurter Allgemeine Zeitung (Allemagne), Le Temps (Suisse), The Observer (Grande-Bretagne), NRC Hangelsblad (Amsterdam). En réponse à ces critiques, la psychanalyste Élisabeth Roudinesco a dirigé un ouvrage : Pourquoi tant de haine ? Anatomie du Livre noir de la psychanalyse, Navarin Éditeur, 2005 (ISBN 2-95191-699-X). Voir notamment Les arguments des détracteurs du « Livre noir de la psychanalyse », artidle de Jean-Paul Krivine, in Science et pseudo-sciences, no 271, mars 2006, p. 17–23.
  55. Entretien d'Eli Zaretsky à propos de Sigmund Freud. La révolution de l'intime, in Hors-Série Le Monde, une vie, une œuvre, p. 72.
  56. Guy Leclerc, « La psychanalyse, idéologie de basse police et d'espionnage », in L'Humanité, jeudi 27 janvier 1949.
  57. Article « La psychanalyse dans la société française » sur le site de la Société Psychanalytique de Paris. Consulté le 17 mars 2010.
  58. (en) Ludwig Wittgenstein, Lecture and Conversations on Aesthetics, Psychology and Religious Belief, Cyril Balett et H. Blackwell, Oxford, 1966, p. 41.
  59. Jacques Bouveresse, Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud, Éditions de l'Éclat, 1991.
  60. Pour un panorama des différentes critiques, notamment sur l'ouvrage synthétique de Freud, lire Introduction à la psychanalyse. Analyse critique de Michel Haar, Agrégé de philosophie, disponible en [PDF] sur le site lycée de Sèvres (académie de Versailles). Consulté le 18 mars 2010.
  61. Popper explique ainsi que « ces observations cliniques, qui sont naïvement considérées par les psychanalystes comme des confirmations de leur théorie, ne sont pas plus probantes que les confirmations quotidiennes que les astrologues trouvent dans leur pratique. Quant à l'épopée freudienne du moi, du surmoi et du ça, elle ne peut pas plus sérieusement prétendre à un statut scientifique que les histoires qu'Homère a collectées sur l'Olympe. Ces théories décrivent certains faits, mais à la façon des mythes. Elles contiennent des énoncés psychologiques des plus intéressants, mais qu'on ne peut soumettre à vérification », in Conjectures and refutations, Routledge, 1963, p. 37-38.
  62. Adolf Grünbaum, La Psychanalyse à l'épreuve, éditions de l’éclat, 1993 (ISBN 9782905372765), p. 71.
  63. (en) G. William Domhoff, « The scientific study of dreams. Neural Networks, Cognitive Development and Content Analysis », in American Psychological Association Washington DC, 2007, p. 136-143.
  64. Kandel définit ainsi sept concepts de la psychanalyse (conscience, inconscient, mémoire, émotion, développement, désir, pulsion) prenant sens avec les données biologiques les plus récentes, in (en) « Biology and the future of psychoanalysis: a new intellectual framework for psychiatry revisited », in American Journal of Psychiatry, no 156, p. 505-524.
  65. Jacques Galinier, « Lionel Naccache, Le Nouvel Inconscient. Freud, Christophe Colomb des neurosciences », in L’Homme, 187-188, 2008, disponible en ligne sur le site lhomme.revues.org. Consulté le 18 mars 2010.
  66. Page des Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse sur le site des Presses Universitaires Françaises. Consulté le 11 mars 2010.
  67. Patricia Cotti, Théo Leydenbach et Bertrand Vichyn, « Quelle traduction pour la Traumdeutung ? » dans Le Champ Psychosomatique, 2003, no 31, p. 25-45.

Ouvrages cités mais non-utilisés

  1. Stefan Zweig, La Guérison par l'esprit, Lgf, coll. « Biblio-essai », 2003 (ISBN 225394338X).
  2. Marcel Gauchet, L'Inconscient cérébral, Seuil, 1999, coll. « Librairie du XXIe siècle » (ISBN 2-02-013548-5).
  3. Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain, Paris, Flammarion, 1982, 1990, 441 p. (ISBN 2080705822).
  4. Daniel Borrillo, L’homosexualité de Platon à Foucault. Anthologie critique, avec D. Colas, Plon, 2005.
  5. Christian Moreau, Freud et l’occultisme, Éditions Privat, 1976 (ISBN 2708928120).
  6. Jean-Louis Chassaing, Jacques Beraud, Olivier Bezy et Paul Claveirole, Cocaïne, Aphasies. Études des textes préanalytiques de Freud, Erès, 2006, coll. « Les dossiers du JFP » (ISBN 2749206685).
  7. Jacques van Rillaer, Les Illusions de la psychanalyse, Mardaga, 1995 (ISBN 2870091281).
  8. Le Livre noir de la psychanalyse, dossier sur le site de l'éditeur. Consulté le 19 mars 2010.
  9. François Ansermet et Pierre Magistretti, Neuroscience et psychanalyse. Une rencontre autour de la singularité, Odile Jacob, coll. « Collège de France », 2010 (ISBN 2738124151).
  10. (en) J. Allan Hobson, Dreaming. A very short introduction, Oxford, 2002.
  11. (en) Foulkes D., A gramar of dreams, Basic Books, 1998 et Domhoff G.W., « The scientific study of dreams », in American Psychological Association, 2007.

Notes complémentaires

  1. Il n'est pas sûr qu'il s'agisse du deuxième ou troisième mariage du père de Freud. Il était courant à cette époque de se remarier rapidement après un veuvage.
  2. Oscar Rie est un pédiatre viennois, ami intime et médecin de la famille Freud.
  3. Une plaque commémorative (« c'est dans cette maison que le 24 juillet 1895 le mystère du rêve fut révélé au Dr Sigmund Freud ») qui figure actuellement devant le 19 Berggasse à Vienne rappelle que le rêve dit de l'« injection faite à Irma » est le prototype de l'interprétation des rêves selon la psychanalyse.
  4. Le titre d’Extraordinarius correspond au premier grade universitaire, c’est-à-dire professeur sans chaire. La lettre qui promeut Freud est signée de l’empereur François-Joseph lui-même.
  5. La Société psychologique du mercredi est la première société psychanalytique au monde, elle réunit notamment : Rudolf Rietler (1865-1917), Max Kahane, Ludwig Jekels (1861-1954), Wilhelm Stekel (1868-1940), Hugo Heller (1870-1923), Alfred Adler (1870-1937), Paul Federn (1871-1950), Eduard Hitschmann (1871-1957), Max Graf (1875-1958), Hanns Sachs (1881-1947) et Otto Rank.
  6. Les Schriften zür angewandten Seelenkunde publient des travaux de Freud, Franz Riklin, C. G. Jung, Karl Abraham, Sadger, Pfister, M. Graf, Ernest Jones, Sorfer, Keilholz et von Hug-Hellmuth. La collection s’arrête en 1913, peu de temps après la parution d’Imago. Voir Brigitte Lemérer et alii, « Freud et l'activité éditoriale », in Essaim, 1/2001, no 7, p. 59-81.
  7. Cette « Feuille centrale de psychanalyse ou mensuel médical de psychologie » a Alfred Adler et Wilhelm Stekel comme premiers rédacteurs en chef et Freud comme directeur de rédaction.
  8. Une nouvelle revue, Imago, existe depuis le printemps 1912. Le premier numéro contient notamment un essai de Freud, « La crainte de l’inceste », qui deviendra la première partie de Totem et tabou.

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