André Green

Naissance | à Le Caire |
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Décès | (à 84 ans) à Paris |
Nationalité | Français |
Profession | Psychanalyste et psychiatre |
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Œuvres principales |
Narcissisme de vie, Narcissisme de mort (1983) Le travail du négatif (1993) La pensée clinique (2002) |
Distinctions | Sigourney Award (d) () |
Influencé par | Wilfred Bion Jacques Lacan Donald Winnicott |
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André Green, né le au Caire et mort le (à 84 ans) à Paris[1], est un psychiatre et psychanalyste français.
Sommaire
Biographie[modifier | modifier le code]
Quatrième et dernier de sa fratrie, il naît entre les deux guerres mondiales, à l'époque coloniale. Sa première langue est le français, l'anglais sa seconde et il parle arabe dans les rapports quotidiens. Élève du Lycée français du Caire[2], il suit un double cursus scolaire, philosophie et sciences. Ses bacs obtenus, il s'oriente vers des études médicales et prépare un certificat d'études supérieures propédeutiques en médecine PCB. En 1945, il quitte l'Égypte et poursuit ses études à Paris[2].
Devenir psychiatre était une solution pour conjuger son intérêt pour la philosophie et les sciences naturelles "les rapports entre corps et âme, les relations du cerveau et du psychisme... tous les grands problèmes de la vie de l'esprit" un noyau central qu'il a suivi tout au long de sa vie[3]. Il fait ses années d'internat, principalement, à l'hôpital psychiatrique Sainte-Anne[2]. Cette expérience lui permet d'être en contact à la fois avec la réalité hospitalière et avec la maladie mentale. Alors qu'il est interne, il rencontre Henri Ey, figure marquante de la psychiatrie française des années 1950[2] et de l'hôpital Sainte-Anne où Ey dirige un séminaire "le mercredi de Sainte-Anne"[4]. Il participe aux « Journées de Bonneval », qu'Henri Ey organise à l’hôpital psychiatrique dont il est médecin-directeur à Bonneval.
En 1955, il rencontre à l'hôpital Sainte-Anne Jacques Lacan[2]. À partir de 1961, il assiste à ses séminaires[5], puis discute les théorisations psychanalytiques lacaniennes lors des conférences qu'il donne, dans le cadre des séminaires de Roland Barthes, à l'École pratique des hautes études (1962-1963). Il s'opposera progressivement à Lacan, sur le plan de la pratique analytique et rompt définitivement avec lui en 1967[2]. Il s'opposera également, plus tard au lacanisme défendu par Jacques-Alain Miller.
En 1956-1960, il fait une première analyse avec Maurice Bouvet[5], puis reprendra deux tranches, d'abord avec Jean Mallet, puis avec Catherine Parat[6].
En 1957, il rencontre Donald Winnicott[5] et Wilfred Bion[2], lors du 20e congrès de l'Association psychanalytique internationale, à Paris. À leur suite et grâce à leurs contributions, il enrichit la notion d'état-limite[2],[7].
Sa mort, le 22 janvier 2012, donne lieu à de nombreux hommages[8],[9],[10].
Responsabilités institutionnelles et titres[modifier | modifier le code]
En 1965, il est reçu membre titulaire de la Société psychanalytique de Paris. En 1966, il tient un séminaire à l'Institut de psychanalyse de Paris où il invite Jacques Derrida, Marcel Detienne, Girard, Michel Serres, Denis Vernant. Entre 1970 et 1975, il dirige l'Institut de psychanalyse de Paris.
Il est vice-président de l’Association psychanalytique internationale (1975-1977), professeur à la Freud Memorial Chair de l’University College London et président de la Société psychanalytique de Paris[11] (1986-1989).
- Professeur de la faculté de psychologie de Buenos-Aires.
- Membre de l'Académie des sciences humaines de Moscou.
- Membre d'honneur de la British psychoanalytic society.
- Chevalier de la légion d'honneur.
Notions et apports théoriques[modifier | modifier le code]
État-limite[modifier | modifier le code]
Tout comme l'hystérie pour Freud, les états limites pour Green ont été le mode d'entrée dans la nosographie psychiatrique, son point de départ. Il s'était inscrit dans ce contexte nosographique afin d'aborder l'activité de la pensée et l'économie libidinale du territoire psychique des états limites, organisation, nommée parfois non-organisation, ayant son propre fonctionnement et des mécanismes de pensée spécifiques, un cours du travail analytique particulier, des symptômes distincts et une psychopathologie du comportement précise, faisant ressortir sa ligne de force : la " stabilité de l’instabilité" [12].
En cette époque, dans le vaste continent de la psychanalyse deux tendances se dégagent, une qui aborde les états limites selon la théorie anglo-saxonne de la relation d'objet, et une autre qui s'écarte de la théorie classique considérant les états-limites inanalysables. Dans ce débat, Green opta pour reprendre la théorie freudienne et y faire travailler les nouvelles données cliniques des états-limites et les centrer sur leur économie spécifique dégagée dans les processus d'investissement/désinvestissement, d'investissement narcissique/objectal, de liaison/déliaison. Il a précisé leur topique autour de la non-articulation des processus primaires/secondaires, du clivage et du conflit moi/ça. Du point de vue dynamique il a décrit les forces en conflit sur l'intrication/désintrication pulsionnelle et la prévalence de la Pulsion de Mort. Dans les états limites, les angoisses qui envahissent le moi, entravant sa continuité et son intégrité, sont fondées et par la suite traitées par le clivage et le désinvestissement, alors que dans la névrose ces processus sont assurés par la fonction des limites (1976) et plus précisément des limites dedans/dehors, conscient/inconscient (la double limite 1982).
Son étude sur l'état limite le conduit à proposer un nouveau cadre de travail différent du cadre classique de la psychanalyse (divan) et plus proche de celui de la psychothérapie (face à face)[13]. Par ailleurs, il crée les concepts de Psychose blanche (avec J.L. Donnet) dans L'Enfant de ça[14] ainsi que celui de "Mère morte", notamment dans son livre La folie privée, psychanalyse des cas-limites[15].
Le travail du négatif[modifier | modifier le code]
La problématique du narcissisme ( Narcissisme de vie, Narcissisme de mort") articulée à celle des états limites conduira Green à l'élaboration du négatif. Chemin faisant dans sa clinique, Green développe le concept du narcissisme négatif dans ses livres Narcissisme de vie, narcissisme de mort et Le travail du négatif[16],[17]. Il formule l'oscillation du patient ayant un fonctionnement état limite « entre l'obligation de survivre et l’impossibilité de faire face à son aspiration de vivre »[18].
Publications[modifier | modifier le code]
- 1964 : Névrose obsessionnelle et hystérie, leurs relations chez Freud et depuis. Étude clinique, critique et structurale, Revue française de psychanalyse, nos 5-6, 1964, p. 679-716, [lire en ligne].
- 1969 : Un œil en trop. Le complexe d'Œdipe dans la tragédie, Paris, Minuit.
- 1973 : L'enfant de ça. Pour introduire la psychose blanche, avec Jean-Luc Donnet, Paris, Minuit, (ISBN 2-7073-0399-2).
- 1974 : L'expérience antipsychiatrique, avec Philippe Paumelle et Colette Chiland, in Colette Chiland et Paul Béquart (dir.), p. 183-199, Traitement au long cours des états psychotiques, Toulouse, Privat, réédité en 1988, (ISBN 2-7089-2298-X).
- 1983 : Narcissisme de vie, Narcissisme de mort, Paris, Éditions de Minuit ; éd. poche, Paris, Éditions de Minuit, 2007, (ISBN 2-7073-2013-7).
- 1984 : Le langage dans la psychanalyse, Langages, Paris, Les Belles-Lettres, (ISBN 2251334262)
- 1990 : La folie privée, psychanalyse des cas-limites, Paris, Éditions de Minuit, rééd. Paris, Gallimard coll. « Folio essais », 2003, (ISBN 2-07-042831-1)
- 1990 : Le complexe de castration, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », (ISBN 2-13-056017-2).
- 1992 : La déliaison, Paris, Les Belles-Lettres, (ISBN 978-2-251-33449-3).
- 1992 : Le discours vivant : la conception psychanalytique de l'affect, Paris, PUF, réédité en 2004.
- 1992 : Révélations de l'inachèvement. À propos du carton de Londres de Léonard de Vinci, Paris, Flammarion.
- 1993 : Le travail du négatif, Paris, Éditions de Minuit, (ISBN 2-7073-1459-5).
- 1994 : Un psychanalyste engagé. Conversations avec Manuel Marcias, Calmann-Lévy.
- 1995 : La causalité psychique, Paris, Odile Jacob, (ISBN 2738103022).
- 1995 : Propédeutique. La métapsychologie revisitée, Paris, Champ Vallon, coll. « L'Or d'Atalante », (ISBN 2876732149).
- 1997 : Les Chaînes d'Éros : actualité du sexuel, Paris, Odile Jacob, (ISBN 2738104436).
- 2000 : La Diachronie en psychanalyse, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Critique », (ISBN 2707317063).
- 2000 : Le temps éclaté, Paris, Éditions de Minuit, (ISBN 2-7073-1705-5)
- 2002 : Méconnaissance et reconnaissance de l'inconscient. Idées directrices pour une psychanalyse contemporaine, Paris, PUF, (ISBN 2-13-053212-8).
- 2002 : La Pensée clinique, Paris, Odile Jacob, coll. « Sciences Humaines », (ISBN 2738111300).
- 2003 : Hamlet et Hamlet : une interprétation psychanalytique de la représentation, Paris, Bayard, (ISBN 2-227-47136-0).
- 2004 : La lettre et la mort. Promenade d'un psychanalyste à travers la littérature : Proust, Shakespeare, Conrad, Borges… Entretiens avec Dominique Eddé, Paris, Denoël, coll. « L'Espace analytique ».
- 2005 : Sortilèges de la séduction : lectures critiques du Songe d'une nuit d'été ; Antoine et Cléopâtre ; La Tempête ; Le Phénix et la Colombe de William Shakespeare, Paris, Odile Jacob, (ISBN 273811573X).
- 2007 : Pourquoi les pulsions de destruction ou de mort ?, Paris, Éditions du Panama, coll. « Cyclo », (ISBN 2755701447) ; nouvelle édition revue, Paris, Ithaque, réédité en 2010, (ISBN 978-2-916120-201), Éditions In-Press.
- 2008 : Joseph Conrad : le premier commandement, Paris, Éditions In-Press, (ISBN 2848351462).
- 2009 : L'aventure négative, Paris, Éditions Hermann, (ISBN 9782705669157).
- 2010 : Illusions et désillusions du travail psychanalytique, Paris, Éditions Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-2468-5).
- 2011 : Du signe au discours. Psychanalyse et théories du langage, Paris, Ithaque, (ISBN 978-2-916120-23-2)
- 2012 : La clinique psychanalytique contemporaine, Paris, Ithaque.
- 2013 : Penser la psychanalyse avec Bion, Lacan, Winnicott, Laplanche, Aulagnier, Anzieu, Rosolato, Paris, Éditions Ithaque.
Références[modifier | modifier le code]
- « André Green (1927-2012) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le 16 juin 2017)
- « http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/48348/Hermes%20_2012_63_223.pdf;sequence=1 »
- Green A., Un psychanalyste engagé, Conversations avec Manuel Marcias, Calmann-Levy, 1994, p. 30-31.
- http://psydoc-fr.broca.inserm.fr/ey/biographie.htm
- Thierry Bokanowski, « André Green : Un psychanalyste engagé. Conversations avec Manuel Macias., Abstract », Revue française de psychanalyse, vol. no 60, no 2, , p. 551–560 (ISSN 0035-2942, lire en ligne)
- André Green, Un psychanalyste engagé. Conversations avec Manuel Marcias., Paris, Calmann-Lévy, , p. 75-78.
- André Green, « Les cas limite. De la folie privée aux pulsions de destruction et de mort, Borderline cases. From private madness to the destructive and death drives, Zusammenfassung, Riassunto, Resumen », Revue française de psychanalyse, vol. 75, no 2, , p. 375–390 (ISSN 0035-2942, DOI 10.3917/rfp.752.0375, lire en ligne)
- Sarah Chiche, « André Green est décédé », Le Cercle Psy, le magazine de toutes les psychologies, (lire en ligne)
- « http://www.santementale.fr/inc/ddldoc.php?file=medias/pdf/sm167_agreen.pdf. »
- « Décès du psychanalyste André Green », Libération.fr, (lire en ligne)
- PMB Group, « Catalogue en ligne Bibliothèque Sigmund Freud », sur bsf.spp.asso.fr (consulté le 10 mai 2017)
- Green A., Pour une nosographie psychanalytique freudienne, Monographies et débats de psychanalyse, PUF, 2011, p. 24.
- « André Green: la pensée clinique - Handy-Psy », sur did.asso.fr (consulté le 20 mai 2017)
- Green André avec Jean-Luc Donnet : L'Enfant de ça, Éditions de Minuit, 1973.
- « Formation psychanalyste, devenir Psychanalyste, », sur www.formation-psychanalyste.fr (consulté le 27 septembre 2017)
- PMB Group, « Catalogue en ligne Bibliothèque Sigmund Freud », sur bsf.spp.asso.fr (consulté le 20 mai 2017)
- « https://uottawa.scholarsportal.info/ojs/index.php/revue-analyses/article/viewFile/1248/1190 »
- Green, Le travail du négatif, Les éditions du Minuit, 199, p. 168.
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- François Duparc, André Green, Paris, PUF, 1997, coll. « Psychanalystes d'aujourd'hui », 2e édition, (ISBN 2-13-047772-0).
- César Botella (sous la dir.), Penser les limites : écrits en l'honneur d'André Green, Paris, Delachaux et Niestlé, 2002, (ISBN 2-603-01306-8).
- François Richard et al. (préf. d'André Green), Le travail du psychanalyste en psychothérapie, Dunod, 2002 (ISBN 2100065742)
- Maurice Corcos, Alejandro Rojas-Urrego, Associations (presque) libres d'un psychanalyste (A.Green), Paris, Albin Michel, 2006, (ISBN 2-226-17096-0).
- Dominique Cupa (sous la dir.), Image du père dans la culture contemporaine. Hommage à André Green, Paris, PUF, 2008, (ISBN 2-13-056580-8).
- G. Kohon (sous la dir.), Essais sur la Mère morte et l'œuvre d'André Green, Paris, Ithaque, 2009, extrait du livre, EAN 9782916120072.
- Dominique Cupa, Gérard Pirlot, A. Green. Les grands concepts psychanalytiques, Paris, PUF, 2012.
- Fernando Urribarri, Dialogue avec A. Green. La psychanalyse contemporaine, chemin faisant, Paris, Ithaque, 2013
Articles connexes[modifier | modifier le code]
- Concept de limite (psychanalyse)
- Trouble de la personnalité borderline
- Psychothérapie psychanalytique
Liens externes[modifier | modifier le code]
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- Portrait photographique sur le site de Mélanie Gribinski